Chapitre 16 : Roigada VII (Le Bouquet Final 2/5)
"Qui combat jusqu'à la mort, Combat pour le Doublon."Verset Second du Code des Chevaliers du Doublon.
Armée de son sabre courbe étincelant, Joliflor tailladait à une vitesse incroyable. Elle pouvait sentir les vibrations de l'Union du Diamant courir dans ses veines. Un Machoc armé d'une épée se présenta à lui, épée à la main.
A la vitesse de l'éclair, le Sabre Feuille fila, fendant le corps de l'ennemi en deux. Tout en se battant elle avançait, pas à pas, un peu à la manière d'une danse. Chaque mouvement était calculé au millimètre près, son œil entraîné pouvait percevoir tous les mouvements, même les plus rapides. Joliflor pouvait ainsi anticiper chaque geste, gardant en permanence un coup d'avance sur la force ennemie.
De tous les Chevaliers, elle est la seule à avoir du surmonter sa peur du sang et son dégoût envers la violence, ce qui faisait d'elle la plus brave. Portée par son sens de la justice et par l'exaltation de la musique, elle s'engouffra dans leur cœur de la bataille.
Mélodelfe n'avait pas peur d'encaisser les coups. Elle dansait, elle aussi, au rythme de la musique. Mais elle ne cherchait pas à esquiver les attaques. Son sabre, un peu plus large que la moyenne brillait d'un éclat vert intense. Sa spécialité était la parade suivie de la contre-attaque. Les mouvements de sa lame n'étaient pas très rapides, mais leur puissance et leur ampleur suffisait aisément à compenser. Sa garde large ainsi que ses mouvements réfléchis, lui permettait tenir tête à un grand groupe d'ennemis.
Un premier Machoc, du haut d'un rocher, décocha une flèche qui fila dans la direction de Mélodelfe. Mais il lui suffit d'interposer son sabre avec précision et minutage pour que le projectile soit dévié. Pendant cet assaut qui s'était avéré être une diversion, quatre autres Machocs chargèrent en même temps de tous les côtés. Même encerclée, Mélodelfe ne se laissa pas impressionner. Grâce à sa vigilance naturelle, aucun mouvement ne lui échapperait et ce même dans son dos.
Un premier assaillant tenta une approche, bondissant sur le côté droit. Sabre prêt à frapper, elle se décala très légèrement offrant son pied afin de faire trébucher son ennemi. Le Machocs se fit empaler par le large Sabre Feuille, entraîné par la force de sa chute. Pendant cette habile manœuvre, trois autres Machocs s'étaient ajoutés au combat. Mélodelfe inspira profondément, et se prépara à affronter cette grande bataille, corps et âme.
Fragilady était de tous les Chevalier le membre le plus vulnérable. Douce, frêle et sensible, elle supportait très mal la douleur et pouvait se blesser très facilement. Mais malgré ces handicaps, elle avait su se distinguer tant au niveau combat qu'au domaine musical. Fragilady avait une voix exceptionnelle et un jeu d'archet digne des plus grands violonistes du monde.
Sa fragilité naturelle l'a poussé à développer son talent pour l'esquive ainsi que pour la science de l'escrime. En effet, elle ne pouvait pas mener un combat bien longtemps, en raison de sa faible endurance. Ainsi, elle faisait pencher la balance de son côté grâce à son art de la danse et par sa capacité à pouvoir terminer les combats lors des premières passes d'armes.
Sa spécialité était l'esquive et l'estoc. Son sabre plus fin et plus pointu que les autres, était d'une légèreté égale à une plume d'Altaria et était bien plus perforant qu'un bec de Dodrio. Avant même qu'un Machoc ne puisse se mettre en garde, le Sabre Feuille de Fragilady se retrouva planté dans son cœur. Le retirant à la vitesse de l'éclair, l'aura bleu ciel de la lame alla perforer un second ennemi. Combat serait frénétique, mais rien n'était plus rapide que le poignet de Fragilady.
***
Flagadoss brisa son épée contre le crâne d'un Machoc qui fonçait vers lui dans un cri de rage. Il était fatigué, exténué, épuisé. Malgré la fraîcheur revigorante de la pluie, il ne parvenait pas à contenir la masse d'ennemis qui revenaient à chaque fois plus nombreux. En réalité, ce qui lui coûtait le plus d'effort n'était pas le combat en lui-même, mais le fait de devoir conserver sa forme et ce, malgré la lassitude. Il savait qu'il était maladroit depuis son plus jeune âge.
Quand il adoptait une forme durant un moment trop important, il pouvait la perdre accidentellement, et plus le temps passait et plus le risque devenait grand. Quand il s'était lancé dans ce projet fou de prendre l'apparence et l'identité du chef du village, il ne s'attendait pas à devoir les conserver autant de temps. A plusieurs reprises, il faillit perdre le contrôle et réintégrer sa forme d'origine, mais il ne pouvait pas laisser cela arriver.
Car si les Ramoloss et le Pskyokwak qui combattaient à ses côtés découvraient que la personne qu'ils prenaient pour leur chef n'était qu'un usurpateur. Cela risquerait de tout compromettre. Il ramassa une nouvelle épée au sol, et se mit en garde. S'il prenait ne serait-ce que le moindre coup, la douleur lui ferait perdre sa couverture. Il allait donc se battre autant pour sa propre vie que pour celle du village. Car les deux étaient à présent liées.
***-FERME-LA ! Cria Alakazam pour la dixième fois depuis que Roigada s'était enfermé dans sa bulle psychique.
-Je ne me tairais pas tant que tu n'auras pas répondu à mes questions, décida le Roi confortablement installé dans l'herbe.
-Je ne te dois rien ! Cracha son frère. Laisse-moi tranquille, d'accord ?!
-Tu es quand même parti du jour au lendemain, sans même adresser un regard à ta fille.
-Je t'interdis de me faire la morale ! Gronda Alakazam. Tu n'es qu'un menteur doublé d'un traître ! Que sais-tu de la morale ?
Nost tenta de contenir sa haine. Car la défouler sur le bouclier invisible ne servirait qu'à le fatiguer d'avantage. Bien que ce ne fût pas chose facile, car le comportement de ce stupide Roigada était intolérable. Il l'avait trahi, remplacé et oublié. Et maintenant il lui reprochait d'être parti.
-Tu m'as exclu de ta vie ! Le jour où tu m'as envoyé à l'autre bout du pays.
Il éclata d'un rire amer.
-Moi qui ai été assez naïf pour croire en tes douces paroles ! Moi qui ai été assez stupide pour ne pas voir la vérité ! Cette stupide mission n'était qu'un prétexte pour m'éloigner de toi, pour pouvoir prendre la couronne pour toi tout seul !
Roigada, qui écoutait docilement et attentivement Alakazam leva un doigt.
-Nost, tu te trom...
-RHAAA !!! Explosa l'interessé. Ne prononce plus jamais ce nom tu m'entends ! Je coyais pourtant avoir été clair, tu n'es plus mon frère ! Je ne suis pas idiot, donc ne me fais pas croire que je me trompe ! Mes yeux ne mentent pas ! ! Quand je suis revenu de cette prétendue mission, fier d'avoir accompli mon devoir et heureux de revoir mon frère que j'aimais tant...
Un semblant de sanglot semblait murmurer au fond de sa gorge.
-Je t'ai vu, toi et ce stupide Dracolosse ! Il était à tes côtés quand ton père t'a remis la Roche Royale ! Je l'ai vu à ton regard ! Tu m'avais exclu ! Oublié ! Rejeté et Remplacé ! Et tu oses me demander pourquoi je suis parti ? Alors que c'est toi qui l'a voulu ? Je te hais !
A la vitesse de l'éclair, Alakzam se retourna. Il resta dos à son frère ne disant mot. La pluie tombait sur son front et ruisselait le long de ses joues. Parmi cette multitude de goutte d'eau se mêla de chaudes larmes. La plaie de son cœur suppurait de haine, de tristesse et de souffrance.