Chapitre 12 : Roigada VII (Bataille pour Ecorcia 4/5)
Sans que personne ne s'en rende compte, une armée de volumineux nuages noirs avaient investi tout l'espace du ciel. Désormais, seules les maisons en feu permettaient de voir dans cette obscurité nocturne. Les grandes flammes rougeoyantes projetaient des ombres dansantes, transformant le champ de bataille en une vision macabre. Des silhouettes inertes gisaient au sol un peu partout. Des Machocs et des Ramoloss tombés au combat baignait dans une immense mare de sang.
Groudon observait la désolante et funèbre scène qui se présentait à lui. Assis sur un iridescent trône à sa mesure, le Seigneur de la Terre pouvait ressentir tout ce que la planète lui disait. D'un regard, il pouvait alimenter le sol et par ce même regard l'assécher. D'un geste, il pouvait réveiller un volcan et par ce même geste l'endormir. Son plus grand plaisir était d'entendre chanter la terre. En effet, Groudon savait que la terre était en vie, puisqu'il en était l'âme. Il connaissait le nom de chaque fleur, de chaque rocher et de chaque être vivant qui foulait son sol. Au fin fond de la planète s'étend un océan de lave, sur lequel repose les continents.
La terre est en perpétuel mouvement, et Groudon pouvait percevoir le moindre son que provoquaient ces mouvements. La moindre pierre qui se déplace, la moindre goutte d'eau qui tombe sur la terre, et le moindre rayon de soleil qui réchauffe le sol. Tous les sons de la planète formaient une musique. Le rythme et la mélodie ne restaient jamais les mêmes longtemps.
La symphonie était en constante évolution. Groudon pouvait rester des années et même des siècles à rester assis et écouter cet orchestre emprunt de nature de d'harmonie. Et c'est d'ailleurs ce qu'il faisait. Mais ce jour là, la mélodie qu'il écoutait le plongea dans une grande mélancolie. Les rythmes étaient irréguliers et la mélodie dissonante. La terre lançait sa plus triste lamentation. Groudon ferma les yeux et tenta de traduire ce qu'il entendait, afin de connaître la raison de cette vague ce chagrin.
Ce qu'il vit ne lui plaisait pas du tout. Il comprenait à présent pourquoi la terre pleurait et sanglotait. Le sang la souillait.
La planète souffrait, et avait mal. Comme si tout ce sang l'infectait. Le chant reprit de plus belle. Groudon ne pouvait plus le supporter, la Terre ne devrait pas souffrir ainsi.
Alors que son compagnon Kyogre passait par là, planant de ses immenses ailes au dessus du trône, Le Seigneur de la Terre se prenait la tête dans les mains, souffrant d'une migraine que seul un être comme lui pouvait ressentir.
-Qu'y-a-t-il ? Demanda Kyogre d'une voix soucieuse.
-La Terre souffre, mon ami. Regarde.
En tendant sa main vers le Seigneur des Mers, Groudon put transmettre sa vision. Son compagnon se crispa.
-Atroce, n'est-ce pas ? Pourrais-tu faire quelque chose ?
Kyogre réfléchit durant un long moment.
-Je peux laver la terre de tout ce sang. Mais je ne sais pas si sera bien utile. Car tu sais comme moi qu'il n'a pas fini de couler en ce jour tragique.
Groudon ressentit encore la tristesse ainsi que la douleur que ressentait la Terre, elle le suppliait de faire n'importe quoi qui puisse la soulager de cette infinie peine. Il ouvrit les yeux, tourna son immense visage en direction de son ami le Roi des Océans.
-Fais-le, s'il te plait. Soulage la planète de ce mal affreux. Après tout, cela fait aussi partie de notre devoir.