Chapitre 11 : Roigada VII (Bataille pour Ecorcia 3/5)
L'ennemi arrivait toujours plus nombreux. Le cercle défensif autour de la fontaine du village de rétrécissait toujours un peu plus. Horn avait les membres en feu, mais il ne pouvait pas s'arrêter. Une seconde d'inattention et c'était la fin. Les Machocs pressaient de tous les côtés, encerclant les derniers défenseurs, dos à dos se battant pour leur survie.
En voulant envoyer son épée pour trancher la tête d'un des envahisseurs, Horn exposa son flanc droit. Un Machoc le vit et en profita pour tenter de lui enfoncer sa lame dans les côtes. A la dernière seconde, l'attaquant fut projeté en arrière par une vague psychique. Cela faisait maintenant la dixième fois que le chef Flagadoss lui sauvait la vie. Horn lui adressa un rapide regard reconnaissant avant de se replonger dans la bataille.
***
Nous sommes perdus, désespéra Métamorph.
Toujours derrière l'apparence du chef du village, il se battait comme un beau diable. Il fallait à tout prix protéger la fontaine. Si l'ennemi parvenait à y accéder, ce serait un véritable carnage, une boucherie. Tout en percutant les épées adverses avec la sienne, il observa le cercle défensif qu'il avait mis en place. Il ne restait plus que huit défenseurs.
Quand il passa son regard sur le grand Pskykokwak, son cœur s'emplit d'admiration. Il n'était pas un Ramoloss, il a vécu dans ce village pendant plus de dix ans, supportant le regard suspicieux de ses voisins. Rien ne l'avait obligé à rester, il aurait pu en toute légitimité fuir avant la bataille, d'autant que sa famille a été la seule au courant de l'attaque.
Et pourtant, il était là. Avec une simple épée de fer, il accomplissait bien plus qu'aucun autre habitant. En dépit de tout, il se battait corps et âme, il s'opposait à l'envahisseur avec courage et bravoure. Métamorph menaça de perdre son épée à plusieurs reprises, de même que sa forme. Mais si cela arrivait, s'en serait fini.
Personne ne devait découvrir qu'il avait usurpé l'identité du chef Flagadoss. Du moins, pas tant que la bataille ne serait pas terminée. La fatigue le gagnait. Puis il regarda à nouveau le Psykokwak. Il n'avait pas le droit de faiblir. Après avoir inspiré un grand bol d'air, il raffermit la poigne sur son épée et l'envoya s'interposer contre une autre, sur le point de s'empaler dans le corps du Ramoloss à côté de lui.
Papa, tiens-toi prêt.
***
Le Général Mackogneur était content. Du haut d'une colline il pouvait contempler à loisir le carnage qui se déroulait sous ses yeux. Son armée de Machocs avait investi tout le village, et chaque maison ressemblait à une torche géante. Cependant, malgré cette domination écrasante, quelques hommes semblaient tenir tête à l'invasion. Mackogneur avait envie de se joindre à la bataille, il avait besoin d'étancher sa soif de sang. Ses mains lui démangeaient terriblement, il posa son regard à sa ceinture. A laquelle pendaient quatre épées gainées par de magnifiques fourreaux en cuir noir. Il en sortit une, rien que pour pouvoir la contempler. Il adorait les épées.
Celle-ci était parfaitement huilée et brillante. Et il n'avait pas besoin de la toucher pour savoir qu'elle était aussi tranchante qu'un rasoir. Son sang bouillonnait, mais il devait se contenir. Les ordres étaient clairs. Il ne devait intervenir que si la situation s'aggravait. Car selon le Seigneur Alakazam, ce serait courir un risque inutile.
Mackogneur jura.
Quelle idiotie ! Pensa-t-il. Ces pêcheurs ahuris n'ont aucune chance face à moi !
Le général était partagé. Il avait envie de faire couler le sang, il avait un intense besoin de la sensation que procure le bruit que font les os en se brisant au contact d'une épée. Mais il devait suivre les instructions, car il ne voulait surtout pas subir le châtiment de son Seigneur. Il décida donc de prendre son mal en patience, en espérant secrètement que la situation se retourne, pour qu'il puisse intégrer le champ de bataille. Mais vu la tournure que prenait les choses, il y avait peu de chance que cela n'arrive.
***
-Vite ! Dépêchez-vous ! Nous n'avons pas une seconde à perdre !
-Ah...Attends ! Ne cours pas si vite ! Je...je suis essoufflée !
-Oui...Moi aussi ! J'ai un...point de c...côté !
-Mais qu'est-ce que vous croyez ?? Moi non plus, je n'en peux plus de courir ! Mais vous avez entendu comme moi ! La corne à sonné trois fois ! Notre Roi à besoin de nous !
***
Le Sabre Feuille d'Alakazam percuta de plein fouet celui de Roigada, déchaînant une énergie explosive.
-Tu m'as trahi !
Son manteau d'énergie noire vira au rouge foncé.
-Tu m'as menti !
Il envoya une série de coups rapides et puissants, la pointe de la lame laissait une trainée de lumière rouge sang.
-Tu as trompé ma confiance ! Je te hais !
Roigada se défendait tant bien que mal. Contenir une telle manifestation de haine lui réclamait toute sa concentration, et en même temps il réfléchissait. Il ne comprenait pas. Car aussi loin qu'il se souvenait, il a toujours été honnête avec son frère, il était même son unique confident. Roigada lui avouait des choses qu'il n'osait avouer à personne d'autre. Alakazam et lui entretenaient une fraternité sans limites. Ils se seraient tués pour se protéger mutuellement. Et aujourd'hui, il venait de le retrouver, après douze ans de disparition.
Ses réflexions furent stoppées par un fulgurant assaut qu'il se devait de parer avec toute sa concentration. Il savait son frère puissant, mais pas à ce point.
-Qu'ais-je fais, Nost ? Pour que tu me haïsses à ce point ?
Un cri de rage éclata, Alakazam frappa de toutes ses forces. Les deux lames se croisèrent jusqu'à la garde.
-Ne joue pas à l'ignorant avec moi ! Tu as rompu NOTRE promesse ! Et tu l'as fais dans mon DOS ! Rha !!!!
La lame se planta dans l'épaule de Roigada, l'énergie rouge sang investit son corps, lui arrachant un effroyable cri de douleur.
-Vas-y ! Crie ! Souffre ! Sache que cette douleur est une caresse ! Une douce caresse en comparaison de ce que tu as fait subir à mon âme et à mon cœur !