Chapitre 9 : Long
Je savais que je m'étais réveillé, donc pendant une durée j'ai été inconscient. Enfin j'avais senti mais vu aussi. Maintenant j'avais un sac sur la tête à dessein que je ne vois pas, on m'avait aussi enchaîné. Je sentais sur mes poignets et mes jambes l'acier froid m'interdisant ma liberté de mouvements. Heureusement je n'avais rien sur la bouche et cela me permit de parler avec Lisa, qui se rappelait de tout à l'inverse de moi.
Mais au bout de quelques mots échangés un homme nous ordonna de nous taire et ouïr ces propos :
- Nous vous emmenons au bagne d'Autequatia. Autrement dit le plus sévère, ça a été décidé ainsi au lieu de vous tuer. Vous avez énormément de chance. Remerciez Arceus.
Trahison de la part des pirates ?
- Excusez-moi, monsieur, mais est-ce les pirates…
- Oui, ils vont ont trahi évidemment vous croyez quoi franchement ? Dit-il d'un ton railleur à Lisa.
Nous ne rajoutâmes rien mais pour ma part je n'en pensai pas moins. J'essayai de remuer mais ne pus. Les chaînes me retenaient parfaitement.
- Arrête, Den, ça n'en vaut pas la peine attendons plutôt la fin du voyage sagement. A vrai dire je n'ai pas tellement envie de me recevoir des coups de bâtons.
- Ta copine est intelligente, je t'invite à suivre son conseil pour un meilleur séjour, intervint l'autre pour notre grande surprise.
Les pas s'éloignèrent.
*
*
*
On nous retira enfin les sacs sur la tête pour voir une salle aux lumières tamisées. C'était parfait pour nous, bien que je m'accommodai difficilement à ce regain de lumières si soudainement. Je me relevai difficilement les muscles engourdis, nous étions donc restés un certain temps dans une position inconfortable. Ce fut une rude épreuve de bouger ou voir. Néanmoins ce qui me motivait était qu'il y aurait sûrement une faille dans leur transfert, et puis je ne voulais pas passer pour un faible. Par conséquent j'ignorai mon état de fatigue et mit les pieds l'un devant l'autre, en puisant de la force dans le regard de Lisa qui marchait dignement. Et comme moi, sûrement, elle avait ce teint pâle qui témoignait de sa fragilité.
Je ne lui dis rien ; nos regards étaient amplement éloquents. Joie et inquiétude mélangées.
Pour l'instant nous ne faisions que monter les marches des escaliers. Nous étions encadrés par six personnes armées de pokéball, et bien évidemment nous n'avions pas les nôtres.
Quand nous fûmes à la surface sur les quais je reconnus notre ancien bateau sur lequel déjà des personnes s'affairaient. Ces personnes nous regardèrent un moment puis partirent à l'intérieur.
Étrange comportement…
- Ce sont tous des anciens Admins reconvertis ne croyez pas qu'ils soient étranges. Ils peuvent vous tuer ou vous battre, ils en ont le droit, dit un des plus costauds. Pour faire simple tout le personnel est apte à vous tuer, pour eux c'est une défense légitime en cas d'attaque ou comportement provoquant.
Je levai le regard et vis une ville… Pour la première fois de ma vie j'en voyais une réellement et non à travers une image. Il y avait ces maisons en bois entretenue et reluisante. Elles étaient d'un bois noir. Ces maisons n'avaient que peu de fenêtres et elles étaient à l'ombre des montagnes. Il n'y avait qu'un immeuble de trois étages, un immeuble dont la fonction était assez explicite. C'était le quartier général des Aqua. Sur le toit il y avait diverses antennes plus ou moins grandes.
Du moins je voyais ça assez loin puisqu'il y avait un chemin à faire. Une pancarte indiquait une grotte.
Un homme arriva sur un Laggron qui marchait tranquillement. L'homme était vêtu en citoyen, avait un chapeau de paille e une paille dans la bouche. Il avait aussi cet air bourru mais semblait sympas. Bon enfin, cet homme était du gouvernement donc il serait forcément diabolique.
- Enlevez-moi ces chaînes, bandes d'idiots. Ils n'ont pas été maltraités au moins ? Demanda-t-il avec un brin d'inquiétude. À leur mine je devine qu'ils n'ont rien mangé et bu depuis hier.
- Écoutez, si à chaque fois on ne fait rien pour les entraver tous les prisonniers essaieront de s'enfuir. De toute manière ils sont sous votre garde maintenant c'est vous le responsable.
Ils nous enlevèrent les chaînes et s'en allèrent aussitôt sans rien demander.
L'inconnu les regarda partir d'un mauvais œil et il ne bougea pas. Une véritable statue vivante.
- Maudits gardes-côtes, maugréa-t-il à voix basse. Allez-y, les enfants, le premier qui s'écarte ou tombe Laggron le tuera. Compris ?
Nous hochâmes la tête d'un coup refroidi par ses propos, néanmoins moi j'étais sûr de pouvoir marcher jusqu'à la fin sans m'étaler. Je doutai un peu plus pour Lisa qui paraissait plus faible.
Le Laggron se retourna et commença à marcher doucement d'une manière assez humoristique en faisant un demi-cercle extérieur avant de reposer ses pattes. Manière humoristique, certes, seulement vu les menaces de l'autre je ne doutai pas un instant que le pokémon nous tuerait si on ne respectait pas.
- Première règle que vous devez connaître par cœur : appelez-moi Monsieur. C'est ainsi que tout le monde m'appelle. Seconde règle : je suis la loi et vous devez vous y plier. Troisième règle : toujours connaître la deuxième règle avant de parler ou agir, dans certains cas ça vous permet de vivre plus longtemps. Sinon le fonctionnement de la ville c'est moi qui gère tout quasiment. Je décide quand vous mangez, quand vous vous lavez, quand vous rigolez, quand vous vous reposez et quand vous vous couchez. Et dernière remarque, ces derniers temps tout se passe bien doc je relâche la pression, mais si vous me prenez pour un demeuré je deviendrai un con. Et bienvenue à Autequatia.
Quand il eut fini son discours je me contentai d'observer le paysage rocailleux, comme ils disaient dans les livres. C'est vrai que le chemin n'était composé que de terre battue et sur le bord des cailloux, puis plus loin des arbres çà et là. Je n'en avais jamais trop vus mis à part sur des images ou photographies dans les livres. Je les trouvais drôlement moins vert et plus et plus imposant que sur les images. Et à me yeux ils n'avaient plus ce caractère sacrés, dès lors ils étaient devenus banals.
- Dites-moi, Monsieur, pourquoi il y a autant de grandes vallées dans le paysage et pourquoi il y a ce cratère ?
- Les vallées ne sont pas là, nous sommes sur un plateau de la montagne, dans les hauteurs. Les vallées sont en bas. Et ce cratère était le Mont Chimné, un ancien volcan. Atalanpolis repose sous un volcan sous-marin.
- Alors pourquoi les vallées n'ont pas été submergé comme Nouvelle-Algatia ou encore Nouvelle-Nenucrick ?
- Car leur de terre était inférieure au niveau de la me, et les digues ont servi à rien, me répondit Lisa pour mon grand étonnement.
- Cette petite a été à la bonne école, rigola-t-il gentiment. Allez, Laggron, dépêche-toi un peu sinon on y est encore pour demain.
Le pokémon lâcha un cri et augmenta l'allure soudainement. J'avais un mal fou aux jambes mais je réussis à suivre. Quant à Lisa telle une somnambule elle avançait en souffrant beaucoup. Je restais près d'elle au cas où.
Finalement nous arrivâmes bien au bagne avec toutes ses maisons et le seul immeuble. Je fus plutôt fasciné par l'architecture et m'imaginais dans une de ces maisons avec Lisa, une maison pas collées aux autres. Jusqu'à présent j'avais toujours vu les maisons mitoyennes et je savais qu'avant l'Avènement cela n'était pas comme ça.
Lisa malgré sa faiblesse fut étonnée en voyant les maisons séparées et balbutia :
- Mais de loin il semblait y avoir des fenêtres…
Je remarquai alors ce fait important, de loin moi aussi j'y avais cru… Monsieur ne répondit pas.
Le Laggron avança jusqu'à une des maisons, nous ne rencontrâmes âme qui vive. Étrange, ils devaient être à la grotte.
- Voici où vous allez vivre tous les deux, dit-il en ouvrant la porte. Il y a un salon, une chambre, une cuisine, une salle de bain et des chiottes. Eau courante, gaz et électricité. Tâchez de vous débrouiller à survivre en attendant.
Nous étions entrés à l'intérieur, il avait refermé la porte à clé. Ce misérable être.
J'allumai les lumières pour voir les pièces éclairées parfaitement mais un air vicié régnait chatouillant mes narines. Je m'avançai un peu plus pour contempler là où nous allions passer un certain temps, apparemment. C'était simple sans décoration, juste des objets pour survivre ou vivre. C'est vrai que nous avions quand même la télévision ou le canapé.
Lisa partit directement vers le canapé pour se laisser tomber dessus telle une épave s'échouant sur le sable, ne faisant aucune attention à son maintien. Une bretelle de sa robe était tombée.
- Den, dans la cuisine il doit y avoir des bols, des cuillers, du lait et des céréales ; il faut qu'on mange un truc.
- Oui, et quelque chose de rapide, complétai-je sans joie me sentant défaillir.
Je tentai une pièce qui s'avéra être la bonne. Sans chercher à trop regarder je réunis les ingrédients, pour répondre aux lamentations de mon ventre. Avec hâte je préparai le tout et l'amenai au salon.
Repas frugal mais ô combien restaurant.
Une fatigue me berça et je m'allongeai au côté de Lisa qui céda une place, pour m'enlacer.
Je fermai les yeux.