Pokémon Asylum de Auraman

Le ferry s'arrêta à Carmin-sur-Mer à 7h du matin. Le voyage avait été confortable, Chris n'avait en tout cas pas à se plaindre. Il avait passé une bonne nuit dans le bateau, bien qu'un peu secoué par les vagues mais il était maintenant dans l'un des ports les plus célèbres du monde. Carmin-sur-Mer était une très jolie ville portuaire, bien différente de Cap Pointe. Autant le port de Niocle était vide et petit, autant celui de Kanto était grand et rempli de gens qui circulaient précipitamment dans les dédales de rues, allant au travail ou à un rendez-vous important. Des personnes âgées jouaient aux boules sur un terrain aménagé pour qui se trouvait à côté des quais. Des familles se promenaient sur les quais, regardant les bateaux. Un peu plus loin des dresseurs livraient un match Pokémon. Chris n'était venu qu'une fois à Kanto et il fut ravi de revoir Carmin-sur-Mer. Il se souvenait un peu du chemin qui menait au Bourg-Palette et il décida de partir dès qu'il aurait passé un coup de fil important. Il se mit donc en quête de trouver une cabine téléphonique, qu'il trouva près d'un terrain plat où un vieil homme et son Machoc travaillaient dur pour construire une maison, sans doute. Le jeune homme composa rapidement un numéro et attendit que l'autre décroche.

-Allô ? Fit la voix de l'inspecteur-chef Nirvan.
-Bonjour inspecteur, c'est moi, Chris Zackarias.
-Ah c'est vous...Que puis-je faire pour vous ?
-Je voulais vous dire quelque chose. Avant de partir de Cap Pointe, j'ai croisé un certain Mangriff...
-Un...Mangriff ?
-Ecoutez, j'ai trouvé le Pokémon qui a tué Frank Biblot. Il a essayé de me faire la peau à moi-aussi.
-Mais...Pour quelle raison ? Que faisait-il à Cap Pointe ?
-Non, ce n'est pas ça la question, c'est « que faisait-il dans le phare de Cap Pointe », car c'est là que je l'ai rencontré. J'ai eu une petite dispute avec lui, d'ailleurs...
-Vous l'avez capturé ?
-Non, il a fait une mauvaise chute. Je voulais juste vous dire que nous ne nous étions pas trompé sur ce point. C'est bien un Mangriff qui a tué notre victime.
-Très bien, je note. Je vais faire passer un avis de recherche sur ce Mangriff, merci d'avoir appelé et...
-Attendez ! Le coupa Chris. Je voulais aussi vous dire qu'il a laissé tomber un autre petit cristal, dans ce phare.
-Tiens donc...
-Avez-vous fait analyser les autres petites pierres ?
-Eh bien, je les ai envoyées, et on m'a demandé un peu de temps. J'irai voir tout à l'heure ce qu'il en est. Merci d'avoir appelé et à bientôt !

L'inspecteur-chef raccrocha. Ils s'étaient tout dit. Chris raccrocha à son tour le téléphone et décida de prendre la route, le portrait-robot dans sa poche. Il alla juste acheter de quoi manger afin de ne pas mourir de faim sur la route. Après avoir tout mis dans son petit sac, le jeune homme quitta Carmin-sur-Mer en se promettant de revenir visiter la ville un jour où il n'aurait pas de travail à effectuer.

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Le Bourg-Palette était une petite ville très agréable à vivre. Bien sûr, il n'y avait pas grand chose à voir, trois ou quatre maisons ; cependant le village abritait un endroit très connu : le laboratoire du Professeur Chen, le plus grand spécialiste Pokémon qui existe. C'était un vieux bonhomme très sympathique qui avait un petit fils presque aussi connu que lui, à savoir Régis Chen. Chris n'avait vu le village qu'une seule fois et il constata que rien n'avait changé. Le laboratoire était toujours en place, les maisons aussi. Aucun magasin n'avait été construit, c'était le seul inconvénient et les habitants devaient donc faire le chemin jusqu'à Jadielle afin de pouvoir acheter à manger et à boire. Le jeune homme grimpa la colline où le laboratoire du professeur Chen avait été construit et qui rappelait beaucoup un moulin, à cause de l'hélice caractéristique des moulins à vents qui se trouvait là et qui alimentait probablement le laboratoire en électricité (du moins, c'est comme cela que Chris imaginait les choses). Il sonna à la porte et attendit que l'on vienne lui ouvrir. C'est Jacky, l'assistant du professeur, qui vint lui ouvrir.

-Non, écoutez, on ne donne pas de Pokémon aujourd'hui, le professeur a très mal au dos, alors allez jouer ailleurs ! S'écria t-il en ouvrant la porte.

Quand il s'aperçut de son erreur, il mit sa main devant sa bouche et bredouilla un « pardon... ».

-Ce n'est pas grave, répondit Chris. Je suis Chris Zackarias, on a dû vous prévenir de mon arrivée.
-Oui en effet, vous venez pour que l'on identifie un Pokémon, c'est cela ?
-Tout à fait. Je peux entrer ?
-Allez-y, passez. Je vais vous conduire au professeur. Je vous préviens, il a très mal au dos alors il ne pourra pas bouger.

Jacky le laissa passer et l'emmena à travers le laboratoire jusque dans le salon, où le professeur était assis dans un fauteuil et lisait un livre sur les Pokémon. Il était habillé de son éternelle blouse blanche. Quand il vit le jeune homme entrer, il posa le livre tant bien que mal.

-Bonjour, jeune homme ! Dit-il de sa voix enjouée. Alors, quel Pokémon te ferait plaisir, hein ? Bulbizarre, Carapuce ou Salamèche ? Tu es un peu grand dis-moi pour recevoir ton premier Pokémon, tu ne crois pas ?
-Euh, en fait, je m'appelle Chris Zackarias et je viens pour que vous m'aidiez à identifier un Pokémon...
-Hahaha !

Le professeur éclata de rire puis reprit la parole.

-Oui, je me souviens, on m'a prévenu que tu avais besoin de mon aide. Alors, fais-moi voir ce dessin...
-Tenez, le voilà. Il est tombé dans l'eau, alors il n'est plus très net...Cela ne vous dérange pas j'espère ?
-Non, non...Voyons voir...Il est de couleur mauve...Il a trois doigts, bipède...Hmmm...Tiens, tiens...Vous êtes sûr que c'est de ce Pokémon dont il s'agit ?
-Selon les témoins, oui, c'est lui...Pourquoi ? Il y a un problème ?
-Plutôt, oui. Ce Pokémon est un Mewtwo.
-Un...Mewtwo ? Qu'est-ce que c'est ? Questionna Jacky.
-Je n'en sais pas grand chose...Ce Pokémon est unique, vous savez ? Et ce n'est pas un Pokémon comme les autres. Il a été créé par des humains.
-Un Pokémon...Créé par des humains ?!! s'écrièrent Jacky et Chris en choeur.
-D'après mes sources, oui, c'est bien cela. Je ne pense pas me tromper. Vous avez eu affaire à un Mewtwo. Du reste, je ne pense pas pouvoir vous apprendre grand-chose sur ce Pokémon. Comme je vous l'ai dit, il est unique et son existence est tenue secrète. Je n'ai jamais eu l'occasion d'en étudier un, alors je ne pourrais pas vous dire quelles sont ses spécificités ; en revanche, je connais quelqu'un qui pourrait vous renseigner. Du moins, j'en ai entendu parler. Le créateur de ce Pokémon est toujours en vie, d'après moi. Mais il a disparu du monde depuis quelques années. Personne ne sait où il est allé. Je suis désolé de vous dire cela comme ça. Néanmoins, si cela peut vous aider, j'ai des renseignements sur cet homme. Il s'appelle Giovanni. C'était le champion de l'arène de Jadielle mais aussi et surtout un criminel terrible. Vous avez entendu parler de la Team Rocket ?
-Cette organisation criminelle qui vole des Pokémon ? S'écria Jacky.
-Celle-là même. Il s'est avéré que ce Giovanni était le commandant de la Team Rocket. Quand cela a été découvert, il a disparu du jour au lendemain. Tout simplement. Personne ne l'a plus jamais vu, et personne n'a pu dire si il était vivant. Mais personne n'a pu dire non plus si il était mort. Alors il est probable qu'il soit encore en vie, quelque part. Mais où, ça, je ne saurais le dire...C'est à vous de le découvrir. Je pense que je vous ai tout dit. Cela ne vous aidera sans doute pas beaucoup...
-Au contraire, vous m'avez déjà grandement aidé, professeur. Je sais ce que je dois faire pour avoir plus d'information sur ce Mewtwo. Je dois trouver Giovanni. Merci professeur !
-Oh, une dernière chose ! Avant que tu ne partes, le rappela le professeur. Il y a encore quelqu'un qui peut t'aider à retrouver Giovanni. Son fils, Silver. Je sais qu'il habite à Kanto. Ce n'est pas un criminel, mais il est un peu...Comment dire...Déliquant sur les bords. Lui pourra t'aider.
-Je vous remercie professeur ! Je vous remercie beaucoup !

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-Un Mewtwo ?! S'écria l'inspecteur Nirvan au bout du téléphone.
-Il semblerait, oui, répondit Chris. Je n'ai pas vraiment d'autre information sur lui pour le moment, mais je vais mener ma petite enquête. Je vous donnerai plus d'informations très bientôt. Avez-vous des choses à m'apprendre, de votre côté ?
-Eh bien, non. Je n'ai pas eu le temps d'aller au laboratoire. Mais eux n'ont pas encore commencé, alors je sens que je vais leur rendre une petite visite et il vont le regretter amèrement.
-Je n'en doute pas. A bientôt, inspecteur.
-C'est ça ! A plus tard !

L'inspecteur-chef raccrocha le téléphone et attrapa son imper qui trônait sur le porte-manteau. Il quitta son bureau et croisa le Directeur Penson dans le couloir du commissariat.

-Alors ? Comment avancent les choses ? Demanda le directeur.
-Nous connaissons le nom de ce Pokémon. C'est un Mewtwo. Nous savons donc de qui il s'agit et nous allons pouvoir donner des ordres un peu plus clairs à nos hommes.
-Vous êtes sûr qu'il s'agit d'un...Mewtwo ?
-Archisûr. Pourquoi ? Il y a un souci avec ce Pokémon ? Ah, suis-je bête. Bien sûr qu'il y en a un. Il a libéré les Pokémon de l'Asile.
-Non, pour rien. C'était juste une question.

L'inspecteur salua Penson et quitta le commissariat pour se rendre comme prévu au laboratoire d'analyse. Ca allait barder ! Il emprunta un taxi et se rendit au « Laboratoire d'Analyses et de Recherches Expérimentales Criminelles ». Il se présenta à l'accueil, montra son badge et on le fit monter dans le bureau d'un des responsables du laboratoire. A peine entré, Nirvan frappa sur le bureau et se mit à crier :

-Dites, vous croyez pas que vous vous foutez de moi ?! S'écria t-il. Je vous ai demandé d'analyser ces cristaux y'a deux jours, vous allez le faire quand, hein ?!
-Oui bon alors écoutez, répondit calmement le responsable d'une voix traînante et efféminée. On a pas mal de boulot ici, alors vous comprenez que...
-J'en ai rien à faire !!! le coupa net l'inspecteur. Vous allez analyser ces cristaux devant moi, ou je vous colle au trou ! Pigé ?
-Oui, d'accord, d'accord...répondit l'autre d'une toute petite voix.

Ils quittèrent le bureau et en passant devant divers laboratoires, le responsable ordonna à deux ou trois scientifiques de l'accompagner pour qu'ils l'aident à analyser les cristaux. Ils montèrent tous dans l'ascenseur et se rendirent à l'étage supérieur afin de prendre un laboratoire libre où avaient été rangés les cristaux en question. Une vitre séparait simplement le couloir et le laboratoire.

-Bien, nous allons entrer ici pour faire notre expérience. Vous, restez derrière cette vitre, on ne sait jamais. Ca peut être dangereux.
-Ouais, ben je vous surveille !

Les scientifiques entrèrent dans la pièce et se mirent tout de suite au travail, sous le regard inquisiteur de l'inspecteur-chef Nirvan. Ils employèrent leur matériel afin de dénicher le plus d'informations possible sur ces mystérieux cristaux rouge. Pendant quinze minutes, ils essayèrent diverses techniques qui ne leur apprirent rien du tout.

-Bon, on va essayer les lasers...il ne reste que cela, conclut le responsable.

Bien sûr, de dehors, Nirvan n'entendait rien de ce qui se disait dans la pièce. Mais il vit bien l'un des scientifiques abaisser une manette. Et à ce moment là, des rayons de couleur bleue furent envoyés sur les petites pierres. L'instant d'après, les scientifiques parurent se tordre de douleur. Ils se tenaient la tête de leurs mains et bougeaient dans tous les sens.

-Qu'est-ce que c'est que ce...

L'inspecteur Nirvan maugréait en observant la scène incroyable qui se déroulait sous ses yeux. Les scientifiques se trouvaient par terre, à présent. Ils se tordaient dans tous les sens, tels des Aspicots, les yeux exorbités. Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais apparemment, ces lasers avaient provoqué une crise chez chaque scientifique. Il fallait les arrêter, c'était sans doute la seule solution. Et pour cela, il fallait abaisser la manette. Il se rua dans la pièce sans réfléchir et sentit aussitôt que quelque chose lui perforait la tête. Il avait un mal de crâne épouvantable mais il parvint jusqu'à la manette rapidement, du moins avant d'être dans le même état que les autres, et il l'abaissa. Aussitôt, la douleur disparut et l'inspecteur se sentit mieux. Il se pencha sur le responsable. Celui-ci n'était pas mort. Mais il tremblait comme s'il pleurait. Nirvan le retourna et resta bouche bée. Le scientifique ne pleurait pas. Il riait. Il riait d'un rire sardonique qui résonnait encore dans le bâtiment quand l'ambulance vint le chercher, lui et son équipe.