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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 04/01/2012 à 10:11
» Dernière mise à jour le 01/02/2018 à 23:30

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 81 : Mise à prix - [Arc IV : Pokemon Méchas]



L'Agent Beladonis, des Forces de Police Internationale, se présenta à l'accueil du siège du gouvernement, à Safrania. Près d'un mois s'était écoulé depuis la fin de la guerre contre l'Empire de Vriff. Les Dignitaires, qui s'étaient alors réfugiés à Johto pendant la durée des combats, avaient mis un certain temps à revenir au bercail. Leur fuite était passée assez inaperçue aux yeux de sa population, trop occupée à sauver sa vie face à ces sauvages de vriffiens. Et puis, le peuple de Kanto regardait plus en direction du général Peter Lance en temps de crise que vers le Conseil des Dignitaires.

Mais il y a cinq jours, les Dignitaires étaient revenus, et avaient fait mander l'Agent Beladonis. Ce dernier avait dû abandonner sa mission d'espionnage en cours pour revenir à Safrania. Ça ne lui plaisait pas, mais faire attendre les Dignitaires était impensable pour tous ceux qui accordaient un peu d'importance à leur carrière. Cela étant, Beladonis ignorait la raison de cette convocation. Peut-être avaient-ils une mission particulière à lui confier, mais, en général, ils passaient par la direction d'Interpol quand c'était le cas.

Un des gardes du corps des Dignitaires l'accompagna jusqu'à l'ascenseur une fois ses papiers vérifiés. Ils montèrent jusqu'au dernier étage de l'immeuble. Les Dignitaires se plaisaient à regarder de haut les citoyens qu'ils dirigeaient, et dans les deux sens du termes. La cabine s'ouvrit sur un hall éclairait, avec une fontaine au centre, et deux escaliers qui se rejoignaient jusqu'à la salle du conseil. Le garde du corps, un type silencieux en costume noir et lunettes de soleil, lui fit signe de le suivre, mais Beladonis secoua la tête.

- Je ne vais pas me perdre maintenant, merci, fit-il, agacé. Je m'annoncerai tout seul.

Il dépassa le garde du corps d'un pas pressé. Ce dernier resta en arrière, mais Beladonis soupira d'agacement à en voyant deux autres du même acabit garder la porte du conseil. Beladonis prit sur lui de les ignorer et s'apprêtait à frapper à la porte, quand l'un des gardes interrompit son geste.

- Votre arme, monsieur, exigea-t-il en tendant la main. Il vous sera rendu dès que vous sortirez.

Levant les yeux au ciel, Beladonis empoigna son revolver et le remit au garde. Ce dernier ne lui demanda pas s'il avait des Pokeball. C'était inutile, car tout le bâtiment était équipé d'ondes qui brouillait leur fonctionnement, de telle sorte qu'aucun Pokemon ne pouvait sortir. Il était bien connu que la paranoïa des Dignitaires atteignait des sommets que même un Roucarnage n'aurait pu atteindre. Beladonis frappa, et attendit qu'on l'invite à entrer. Il avança avec une humilité feinte vers les dix hommes assis en cercle autour de cette vaste salle hautement décorée.

- Agent Beladonis, des Forces de Police Internationale, au rapport selon les ordres, dit-il d'un ton mécanique.

Techniquement parlant, aucun agent des FPI n'étaient aux ordres des Dignitaires, Interpol étant une organisation internationale et indépendante. Mais dans les faits, Beladonis était obligé de jouer les laquais du gouvernement, car Johkan était l'une des régions qui finançait le plus les FPI.

- Ah, monsieur Beladonis ! Redressez-vous, redressez-vous. Oublions toutes ces agaçantes manières un moment. Prenez-donc un siège.

Beladonis trouva très inquiétante la chaleur dans la voix de Balthazar Igeus. Cet homme, fort distingué, aux cheveux argentés, qui était un peu le chef officieux des Dignitaires, était rarement content, et encore plus rarement aimable. Mais Beladonis obéit, et prit soin de bien remercier Igeus.

- Nous vous avons fait venir pour une raison tout à fait informelle, Beladonis, commença Erevard Regeldy, sous sa moustache noire proéminente et son air de ténor. Ce qui sera donc dit dans cette pièce ne devra en aucun cas la quitter. Est-ce clair ?

Le cerveau de Beladonis se mit à tourner à cent à l'heure pour essayer de deviner ce qu'ils allaient lui dire de si dérangeant. Car en dépit de leur paranoïa et de leur gout du secret, les Dignitaires aimaient bien que chacun sache ce qu'ils voulaient et ce qu'ils pensaient.

- Bien monsieur.

- Cher Beladonis, commença Artelus Crayns, nous aimerions que vous nous parliez un peu de ce qui s'est passé contre cette organisation nommée la Team Cisaille, et de votre collaboration avec une unité spéciale de la Team Rocket.

Beladonis cligna deux fois des yeux avant de répondre.

- J'ai déjà fourni un rapport circonstancié sur ces évènements, monsieur.

- Oui. Mais nous craignons que votre rapport ait été... égaré, dit Edgar Cummens.

Beladonis se retint de sourire. Égaré ? Plutôt déchiré en petits morceaux et jeté à la cheminée, oui ! Les Dignitaires n'auraient jamais voulu admettre qu'un ennemi du gouvernement, à savoir la Team Cisaille, ait été vaincu par la Team Rocket. Et pour cela, ils faisaient comme si rien ne s'était passé du tout. C'était étonnant qu'ils voulaient en savoir plus maintenant. Beladonis se lança alors dans son récit, qui commença avec la rencontre de deux membres de la X-Squad près de la ville de Flocombe dans la région d'Unys, puis l'infiltration et la bataille dans la base des Cisaille. Il conclut par son arrivée dans le petit village de Surocal, et le rôle déterminant qu'avaient eus les membres de la X-Squad dans cette bataille.

- Cette unité X-Squad, fit Igeus quand il eut fini. Parlez-nous plus d'eux. Quelle est votre analyse en tant qu'Agent d'Interpol sur eux.

Les Dignitaires s'intéressaient donc à la X-Squad ? Pas étonnant, quand on sait que ce sont une nouvelle fois ces gamins Rocket qui ont, pratiquement à eux tout seul, fait chuter l'Empire de Vriff.

- C'est une unité d'élite apparemment très secrète et très récente, messieurs. Lors de la bataille de Surocal, elle ne comprenait que cinq membres, dont leur chef, le colonel Tuno. Il m'a semblé que l'unité elle-même était placée sous les directives du général Tender, le commandant suprême de l'ensemble des forces Rocket à Kanto.

Le Dignitaire Silvestre Wasdens prit un papier dans ses mains.

- Selon le rapport du général Lance à leur sujet lors de la dernière bataille contre les vriffiens, il semblerait que deux d'entre eux, ainsi nommé Mercutio et Galatea Crust, possèderaient des pouvoirs incroyables.

- Si cela est vrai, je n'ai rien remarqué à Surocal, monsieur, admit Beladonis. Cela voudrait-il dire que ce sont des G-Man, comme le général ?

- Lance affirme que non, répondit Jeremy Cowens, le PDG de la Sylphe SARL. Il l'aurait senti, a-t-il dit. Le fait est que ces deux jeunes gens sont parvenus à terrasser la dirigeante ennemie alors que Lance lui-même, avec ses pouvoirs de G-Man et son expérience, n'y était pas parvenu. Nous trouvons la situation assez sérieuse pour y remédier.

Beladonis fronça les sourcils.

- Y remédier, monsieur ? Sauf votre respect, la X-Squad nous a sauvé la mise deux fois. Contre la Team Cisaille, et contre l'Empire de Vriff. Sans eux, Kanto aurait été intégralement envahi, et nous mangerions tous des Pokemon, à l'heure qu'il est.

- C'est possible, et c'est pour cela que c'est inquiétant, fit Crayns. La Team Rocket ne doit pas être autorisée à triompher encore et encore. Elle et son unité X-Squad est en train de ridiculiser le gouvernement légal.

Beladonis savait au fond de lui-même que les Dignitaires étaient assez pourris pour préférer que le monde s'écroule plutôt que la Team Rocket le sauve. Mais il ne put s'empêcher d'être indigné tout de même.

- De plus, continua le comte Chumfort, que la Team Rocket puisse disposer de soldats ayant le pouvoir de faire s'écrouler des empires, c'est fort inquiétant.

- C'est pourquoi nous avons décidé de mettre les têtes des membres de la X-Squad à prix, conclut Igeus.

Beladonis haussa les épaules.

- Mais monsieur... qui peut être assez puissant pour arrêter des gens aux si grands pouvoirs ?

- Qui a parlé d'arrêter ? S'étonna Cowen. Il s'agit de meurtre dont nous parlons, Beladonis.

- Quand bien même...

- La Shaters, dit Crayns.

Beladonis, choqué, resta sans voix un moment. Puis :

- C'est de la folie ! Je pensais que ces gars ne travaillaient plus pour le gouvernement ! Comment peut-on espérer être un modèle de justice et de droit si on doit collaborer avec de tels individus qui ignorent les lois ?!

- Pour combattre le mal, il faut utiliser le mal, Agent Beladonis, dit Edgar Cummens. La Shaters est un mal nécessaire.

- Ils sont totalement incontrôlables, insista Beladonis.

- Bien sûr qu'on peut les contrôler. Ils obéissent à l'odeur de l'argent.

Désemparé, Beladonis secoua la tête.

- En tant qu'officier d'Interpol, je ne peux approuver cela. Les Shadow Hunters sont des criminels de la pire espèce, pires même que la Team Rocket. Ils n'ont aucun autre but dans la vie que le meurtre et l'enlèvement. La plupart d'entre eux sont des malades, quand ce ne sont pas de vrais psychopathes se délectant de la souffrance. Si nous accordons trop de crédit à de telles crapules, cela nous retombera dessus un jour.

- Vos objections sont dument notées, Agent Beladonis, dit Igeus. Et nous nous souviendrons de votre conseil. Mais nous avons pris notre décision, et notre entrevue est terminée.

Beladonis se leva, salua sèchement, et sortit. Comme promis, le garde à l'entrée qui lui avait pris son pistolet le lui rendit. Beladonis songea qu'avec les Shadow Hunters en activité, tout le monde devrait en avoir un à portée.


***


La nuit était tombée à Céladopole et la ville prenait son autre visage. On parlait souvent de Céladopole comme d'une ville paisible, belle, fleurie, où il faisait bon vivre. C'était vrai. En journée seulement. Mais dès que le soleil se couchait, elle devenait une ville rongée par le crime, le marché noir, les drogués et les alcooliques, qui déambulaient dans les rues en beuglant des phrases sans queue ni tête. Dès la tombée de la nuit, seuls les dresseurs les plus forts et les plus confiants osaient se promener en ville, qui était devenue le territoire des gangsters, qui, la journée, faisaient de la piste cyclable reliant Céladopole à Parmanie leur demeure. Il n'était pas rare que le matin, un habitant, exaspéré, découvre un cadavre dans le caniveau. Ce soir, il y en aurait un de plus. Car la Shaters était sur une affaire. Et dans 99% des cas, les affaires de la Shaters se soldaient par un ou plusieurs corps sans vie, plus ou moins entiers.

Trefens faisait partie des Shadow Hunters. Un membre de la Shaters, donc, qui reprenait la première et la dernière syllabe de "Shadow Hunters". Son métier, et celui de ses collègues, était très simple. Il devait tuer. C'était un meurtrier, comme quelqu'un était docteur ou boulanger. Ses clients payaient la Shaters pour tuer quelqu'un, et les Shadow Hunters s'en occupaient. Trefens ne comptait plus le nombre de gens qu'il avait tués. Ôter la vie ne le dérangeait pas. Ça ne lui faisait pas non plus plaisir. Il le faisait, car il ne savait faire que ça, depuis toujours.

Trefens entendait la respiration sifflante et affolée de sa cible, qui courrait désespérément entre les petites rues. Trefens, lui, ne courait pas. Il n'était pas pressé. De toute façon, le sort de Mulic Cornas avait été scellé dès que le gang de trafiquants de drogue qui l'avait engagé avait signé un contrat sur sa tête avec la Shaters. Apparemment, ce Cornas avait escroqué ses employeurs en stockant petit à petit des quantités de drogue à leur insu, pour les revendre ensuite pour son compte. Il n'était pas bien malin. On ne dupait pas ainsi les caïds de la drogue de Céladopole. Donc, quand ils avaient découvert le petit manège de leur employé, l'organisation, qui ne manquait pas de moyens, avait appelé la Shaters pour faire un exemple.

Ce n'était pas les chasseurs de prime qui manquaient, mais la Shaters, autrefois une institution semi-gouvernementale secrète, était la meilleure dans son travail. Pour ainsi dire, les Shadow Hunters n'avaient jamais échoué dans une seule mission. C'était pour cela qu'ils coutaient cher, très cher. Peu avaient les moyens de se payer leurs services. Généralement, les clients de la Shaters étaient soit le gouvernement, soit la Team Rocket. Et le plus souvent, c'était pour assassiner quelqu'un de l'autre camps.

Trefens n'avait aucun scrupule à travailler avec des gens qu'il risquait de devoir assassiner plus tard. Il se fichait du conflit opposant les Dignitaires à Giovanni. La politique, ce n'était pas le truc de la Shaters. En fait, elle n'avait aucun principe, si ce n'était celui-ci : quand un contrat était passé, il fallait le respecter, jusqu'à la fin. La Shaters ne donnait pas sa parole à la légère, et non sans une généreuse contribution financière. Mais quand elle le faisait, c'était comme si elle signait l'arrêt de mort de la personne visée.

Il y avait encore deux ans, la Shaters travaillait exclusivement pour le gouvernement. En fait, la Shaters avait été fondée par le gouvernement, sous la demande des Dignitaires, qui voulaient avoir leurs agents spéciaux d'élites pour accomplir leur salle besogne. La Shaters, bien qu'agissant dans la plus stricte illégalité pour ses missions, bénéficiait de l'immunité du gouvernement et de toute l'aide requise. Mais au fil du temps, l'agent que les Dignitaire avait choisi pour créer cette unité spéciale, Dazen, avait fini par se lasser du pouvoir offert, et avait commencé à exposer ses propres conditions aux Dignitaires. Lorsqu'il avait commencé à devenir trop embarrassant pour le gouvernement, les Dignitaires avaient cessé de financer et soutenir la Shaters, qui depuis travaillait pour elle-même, avec les clients qu'elle voulait. Ceci dit, les Dignitaires étaient encore un des clients réguliers de la Shaters.

Trefens sentait qu'il s'approchait peu à peu de Cornas, même si ce dernier courrait à toute allure. Peu importe, il ne pouvait pas s'enfuir. Les trois équipiers de Trefens présents bloquaient toutes les issues, et inévitablement, amenaient Cornas vers un cul-de-sac. Quand il fut apparemment bloqué, Cornas lança d'une voix désespérée :

- Quoi qu'ils vous paient pour moi, je paierai le double !

Trefens secoua la tête tout en continuant à avancer. Ils disaient tout le temps ça. Déjà, Cornas bluffait ; il n'avait tout simplement pas les moyens de payer ne serait-ce que le quart de ce que le gang de drogue avait payé à la Shaters pour sa tête. Et puis même si Cornas leur payait le triple, ça changerait rien. Un contrat était un contrat.

- J'ai mes Pokemon avec moi ! Je vais les utiliser ! Je vous jure !

- Tant mieux pour toi, fit Trefens tandis qu'il avançait vers la petite rue sans issue ou Cornas se terrait au fond. La ville est un endroit dangereux.

Pourquoi tenaient-ils tout le temps à faire la conversation ? Cela dépassait Trefens. En tous cas, Cornas mit bel et bien sa menace à exécution, en envoyant trois Pokemon sur son poursuivant. Un Machopeur, un Grahyena et un Judrokrak. Rien de bien inquiétant. Trefens ne prit même pas la peine de sortir son arme favorite, son katana. Il sauta sur le bras du Judokrak quand ce dernier voulut lui asséner un coup de poing, et se servit de la hauteur pour recevoir le Machopeur à la tête avec son pied. Trefens était un homme de taille et de poids normal, pourtant, le Machopeur fut propulsé comme s'il venait de recevoir l'attaque d'un Titank. Ensuite, Trefens fit un saut périlleux arrière pour éviter la morsure du Grahyena, et atterrit à nouveau sur le Judokrak, cette fois sur sa tête. Il se servit de ses jambes pour lui briser le cou. Puis quand Grahyena fondit sur lui, un seul regard de Trefens suffit à ce que le Pokemon s'arrête, totalement terrifié.

- Dégage, dit le Shadow Hunters.

Le Pokemon ne demanda rien de plus, et fila aussi vite que ses pattes pouvaient le porter. Trefens n'était même pas essoufflé quand il revint vers Cornas, lequel était sur le point de fondre en larme.

- Je vous paierai des millions ! Et mes actions à Loyau SA !

Comme Trefens ne ralentit pas sa marche, Cornas lança :

- Pitié, j'ai une fille ! Elle est très belle, et...

Là, Trefens ne laissa pas passer. Pour la première fois, il était en colère. Il donna un coup de poing à Cornas, qui dut lui briser le nez, la mâchoire et toutes ses dents, et l'agrippa par le col de son manteaux.

- N'utilise jamais tes enfants, salopard. Jamais !

- Allons, Trefi, fit une voix dans l'ombre. N'abîme pas notre prime.

Une jeune femme émergea des ténèbres. Elle portait elle aussi le costume noir des Shadow Hunters. Elle avait de longs cheveux verts en queue de cheval, et tenait dans ses bras un assez grand ours en peluche, dépareillé par endroit.

- Tu n'avais pas besoin de venir, Lilura, dit Trefens. J'en avais presque fini.

- Oh, mais Beebear voulait voir la mise à mort, dit Lilura d'un ton hargneux. Hein Beebear ?

Lilura fit hocher la tête de sa peluche, comme s'il acquiesçait. Cornas frémit aux mots « mise à mort ». Trefens aimait bien Lilura, si tant est que ce genre d'amitié était possible au sein de la Shaters. Cette fille ne s'embarrassait pas de l'ombre d'un sentiment pour quiconque, si ce n'était pour son ours en peluche, Beebear. Elle avait un lourd passé derrière elle, que Trefens connaissait en partie. Mais au final, seul le chef Dazen connaissait les passés respectifs de tous les Shadow Hunters.

- Une mise à mort... Quelle vision idyllique qui fend mon cœur monotone d'une joie ô combien transcendante ! Tout ceci est d'une telle beauté !

Celui qui venait de parler était Od, un autre Shadow Hunters. C'était un jeune homme aux cheveux blonds qui tombaient en boucles sur son front. Il avait l'agaçante particularité de parler comme s'il écrivait un poème lyrique, et il était narcissique à souhait. Et c'était aussi le fils unique du chef Dazen. Trefens ne comprenait pas bien pourquoi le chef avait engagé son propre fils dans la Shaters. Trefens était père lui aussi, et n'irait jamais envisager que le futur métier de sa fille serait le meurtre. Mais le chef Dazen faisait ce qu'il voulait.

Trefens entendit ensuite un ricanement dans l'ombre, un son particulier qui avait le don de le faire frissonner, même lui, qui avait tué des centaines de gens. C'était le rire sadique du dernier Shadow Hunters qui avait participé à la traque de Cornas, et celui que Trefens appréciait le moins. Il avait des cheveux violets, des yeux et un sourire de fou, et au moins une dizaine d'armes blanches de toutes sortes accrochées à son uniforme. Trefens ne l'aimait pas, car, d'une, ce type était cinglé, et deux, il était un psychopathe, même sur l'échelle de valeur de gens dont le métier était le meurtre. Sa seule réputation pouvait vider la vessie des hommes les plus courageux dans leur pantalon.

- Tu es là toi aussi, Kenda ?

- Qu'est-ce que tu crois ? Rétorqua-t-il. J'ai pas participé à cette traque ennuyeuse pour te laisser la partie marrante.

Kenda, son sourire encore plus élargi, sortit une lame de son costume et s'approcha de Cornas. Ce dernier tremblait de peur, bien sûr, mais pas au point qui indiquerait qu'il connaissait Kenda.

- Tes Pokemon étaient fous de mourir pour toi, dit Kenda. La prime est sur ta tête seule.

- C'est bon ! Je me rends. Alors vous... vous m'amenez ?

- Pas vraiment. Comme je l'ai dit, la prime est sur ta tête.. seule.

Il y eut un cri et un bruit horrible quand Kenda se servit de sa lame. Trefens ne détourna même pas les yeux. Tout cela ne lui faisait plus rien, même quand c'était Kenda qui s'en chargeait. Était-il devenu un monstre ? Peut-être bien... Kenda mit son trophée dans un sac tandis que le corps sans tête s'écroula. Puis il lança le sac et son horrible contenu à Trefens.

- C'est toi qui amène la prime aux clients, par contre. J'aime pas voir des gens que je n'ai pas le droit de tuer.

- Pfffiouuuu, qu'on s'est ennuyé, par vrai Beebear ? Demanda Lilura à sa peluche.

- Je ne vous ai pas obligé à venir, rétorqua Trefens. J'aurais pu me charger de ce type seul même si j'avais eu 40 de fièvre et un bras en moins.

- Un petit ennui vaut mieux qu'un grand ennui. Hein Beebear ?

- En effet, notre cœur aurait été submergé par la maléfique dépression qui nous guette si nous étions restés à la base pendant que tu t'amusais un peu, acquiesça Od.

- On a de moins en moins de missions intéressantes, se plaignit Kenda. Que des petites frappes.

- C'est ta faute, dit Lilura. Tu nous fais une mauvaise publicité, Kenda. Même les clients ont peur de t'approcher. Pas vrai Beebear ?

- Je ne vois pas pourquoi ! Je ne tue jamais les clients tant qu'ils sont des clients. Après c'est une autre affaire, bien sûr...

- Il faudrait en parler à mon illustre paternel, dont le cœur est si empreint de noirceur, proposa Od. La fatalité de la vie est l'inaction, pas la finitude. Oh... cette phrase est d'une telle beauté !

Trefens s'apprêtait à dire quelque chose quand son communicateur sonna. C'était un tout petit ordinateur, qui s'activait que pour les messages du chef ou un nouveau contrat. Là, en l'occurrence, c'était pour une mission.

- Quelque chose d'intéressant ? Demanda Kenda.

Trefens parcourut le résumé du regard, le nom du client et les images des cibles. Puis il sourit.

- Vous vouliez de l'action les gars ? Vous allez être servis. Mission de la plus haute importance pour le gouvernement. Les cibles sont les cinq membres d'une unité de la Team Rocket connue sous le nom de X-Squad, agents de terrain spécialisés dans toutes les situations. Meurtre requis, mais si possible, en capturer vivants pour un procès public. Attention : personnes extrêmement dangereuses.

Kenda, enthousiaste, s'approcha pour lire lui-même l'écran. Son sourire s'élargit quand il vit les images des cibles.

- Miam. Y a des gamins. Dont deux filles ! J'adore me charger des jeunes filles...

Trefens le regarda avec dégout en songeant de ne jamais lui présenter la sienne. La mention « extrêmement dangereux » s'appliquait au cinq, mais il y avait une ligne de plus en dessous de l'image des dénommés Mercutio et Galatea Crust : « N.I. »

- La vache ! On a deux N.I. ! S'exclama Kenda.

- Ciel, on dirait que le divin exhausse nos souhaits avec un enthousiasme débordant, dit Od. Un peu trop, même. Quelle beauté...

- Beebear va encore être abimé, se plaignit Lilura.

Trefens regarda les visages de ces deux adolescents. N.I. Nature Indéterminée. Ça voulait dire que ces personnes n'étaient pas des humains normaux. En général, tous les N.I. que la Shaters avait eue pour cible étaient des gars qui savaient tirer des lasers de leurs propres mains ou ce genre de choses. Des gars très difficiles à avoir. Lors du dernier N.I., un Shadow Hunters avait perdu la vie.

- On rentre, ordonna Trefens. On va étudier ça avec le chef. Si y a des N.I., il nous faudra être tous là. Od, contacte Furen, Ujianie et Two-Goldguns. On dirait que les affaires reprennent...