2.9 - Raisonner avec l'ennemi
- Un énorme boulet de canon !
Patty frappa la tête de Moosh. Chocolat chaud, café et muffin au restaurant de l'hôtel.
- Non mais N'IMPORTE QUOI !!
- Aïe ! Je suis sûr que ça se peut !
- Mais NON ! Comment veux-tu… On n'a même pas de canon ! Et puis quand bien même, on ne va pas détruire son palais ! Comment l'a-t-il fait construire, d'ailleurs ?
- Et si on demandait l'aide d'autres ligues ? D'autres candidats, je veux dire. Comme Clemens !
- Je doute que Clemens soit aussi fou que toi, et il est déjà parti ! Il n'a pas l'air du genre à chercher des crosses à qui que ce soit pour le seul plaisir de chercher des crosses.
- C'est pas pour le seul plaisir, c'est parce que cet homme est mauvais, il veut détruire l'environnement des Pokémon de la forêt.
- Oh, tu es devenu soudainement intéressé par la forêt ! Je me demande pourquoi… Oh, si ! Un vieux sauvage aux cheveux rouges y habite et tu veux lui montrer que tu es concerné par ses problèmes ! C'est beau l'amour !
Moosh regarda Patty et hocha la tête.
- Oui, oui, c'est un peu ça aussi…
Patty baissa la tête d'un coup, effondrée sous le poids de la stupidité de Moosh.
- Mais ce Ministre n'a aucun respect pour cette forêt, j'en suis persuadé. Et les Pokémon qui y vivent… S'ils perdent tout ça, ils n'auront plus rien.
Patty regarda Moosh, intriguée.
- En tant que futur chef de Ligue, c'est mon devoir de protéger tout ça.
- Tu veux dire les Pokémon ?
- Non, l'équilibre. L'équilibre entre les humains et les Pokémon.
Patty acquiesça.
- Ok. Là, je te comprends mieux. Bon, tu es la force de frappe et moi le médecin… On n'est que deux…
- On pourrait demander au vieil homme !
- … le vieil homme ? Qui ça, le gros bourru en costume de pirate ?
- Oui !
- … Moosh, c'est un vieux schnok ! En plus ça m'étonnerait qu'il accepte de t'aider !
- Il l'a déjà fait ! Son message était codé, mais c'est lui qui m'a dit en quelque sorte que je devais me rendre au palais à ce moment-là, pour voir le Ministre avec ces bûcherons !
Patty regarda Moosh, blasée.
- D'accord… Eh bah on n'est pas rendus !
Quelqu'un entra. Tout le monde se tourna vers lui. Moosh et Patty le regardèrent également, surpris.
Jean Georges.
Les réceptionnistes de l'hôtel se cachèrent. Les clients firent profil bas. Moosh observait celui qu'il voulait comme homme de main.
- Toi !
- Moi ?
- Et toi !
- M… MOI ? geignit Patty.
- Dehors, tout de suite.
Moosh et Patty se regardèrent. Jean était sérieux et ferme. Et apparemment s'il voulait les emmener dehors c'était pas pour la dinette. L'homme de la forêt sortit, attendant ses deux cibles.
Moosh et Patty se levèrent. Moosh allait prendre son chocolat mais Patty l'en dissuada d'une tape sur la main.
Une fois dehors, Moosh et Patty firent face à Jean Georges et aux enfants, Santal, Evéa et Grume.
- Salut ! salua Moosh tout en montant son Doduo qui était harnaché dehors.
- Tu es obligé de faire ça ?!
- Bah, oui… sinon… bah c'est pas pareil !
- Hmph…
Moosh, Doduo et Patty firent donc face à Jean Georges.
- Bon. On va pouvoir discuter. Vous êtes toujours ici parce que vous voulez que je rejoigne votre Ligue, c'est ça ?
- Il veut, et c'est sa Ligue ! souffla Patty. Si ça ne tenait qu'à moi, on prendrait des gens qui veulent bien venir et c'est tout, mais Moosh fait une fixette sur toi !
Moosh acquiesça. Santal, Evéa et Grume regardèrent Jean qui leva les yeux au ciel.
- Je ne rejoindrai pas une Ligue ! Ma vie est ici !
- C'est pas ce qu'on a cru voir ce matin… marmonna Moosh.
Patty regarda Moosh, offusquée. « Bah vas-y, demande-lui de nous tuer aussi, crétin !! »
- … Les gens ne comprennent pas mon action, mais ça n'empêche pas mon action d'être juste. La forêt vaut plus que les villageois, et ça, les villageois ne veulent pas le comprendre.
Moosh pencha la tête, surpris.
- Ah oui ? s'étonna le jeune homme.
- C'est ce que je pense.
- Donc la forêt vaut plus que ces trois enfants ?
Jean regarda Santal, Evéa et Grume.
- C'est différent, ces enfants sont mes apprentis. Ils sont comme moi.
Santal, Evéa et Grume sourirent, tous fiers.
- Comme toi… Mais tu es un humain, tu n'es pas la forêt.
- En effet.
- Donc la forêt est plus importante que toi.
- Exact.
- Donc ces enfants sont moins importants que la forêt puisqu'ils sont comme toi !
Patty avait le cerveau qui fumait. Jean grimaça, la tête un peu grippée, également.
- Il est toujours comme ça ? s'étonna Jean en regardant Patty.
- Tu n'as pas idée… soupira Patty.
- On peut dire ça, oui… souffla Jean en regardant Moosh.
Moosh acquiesça.
- Et cette forêt est plus importante que toi, les enfants et tout le village !
- Voilà.
Moosh acquiesça.
- Donc… tu es comme le Ministre.
Jean Georges haussa les sourcils, abasourdi.
- QUOI ?
- Mooooooooosh… geignit Patty, apeurée.
- Tu places un ordre de priorité entre la forêt et le village. Or, Sylvebourg n'est rien sans cette forêt.
- Evidemment !
- Oui mais c'est l'équilibre entre les deux qui fait la force de cette ville, pas l'importance de l'un sur l'autre ! Le Ministre pense que ses intérêts valent mieux que le village et toi tu penses que la forêt est plus importante que le village. Et les villageois...
Moosh haussa les épaules.
- Je pense que les villageois pensent à leur ville avant de penser à la forêt. Mais ça n'est que mon avis… Enfin vu le comportement agressif des villageois ce matin…
Jean durcit son regard.
- Ce n'est pas parce que tout le monde est contre toi que tu dois t'arrêter.
Moosh regarda Jean Georges face à lui.
- Au contraire. C'est quand tout le monde est contre toi que tu dois persévérer pour faire valoir tes efforts, surtout quand tu sais que ce que tu fais est juste, asséna Jean.
Moosh acquiesça.
- Je suis sûr que le Ministre se dit la même chose.
Patty regarda Moosh, puis Jean. « Ils vont s'entretuer… »
- Pourquoi tu me compares au MINISTRE ???
- Parce que c'est pareil ! Vous vous êtes imposés à votre poste, vous voulez tous les deux garder votre position, vous êtes contestés… Enfin tu es contesté par toute la ville et le Ministre est contesté par toi… qui est contesté par toute la ville, ça fait une belle boucle, finalement…
- Ca suffit. On va se battre. Vous deux contre moi.
- Pourquoi moi ? grommela Patty.
- Tu es avec lui.
- Je savais que ça me causerait des ennuis !! soupira Patty.
Moosh acquiesça.
- Ok. Si on gagne, tu nous rejoins. Si tu gagnes, on te donnera les dernières infos qu'on a récupérées.
Patty regarda Moosh, intriguée.
- Quelles infos ?
- Oh pas grand-chose, ça concerne le Ministre ! sourit Moosh.
Jean regarda Moosh, intrigué.
- J'accepte.
- Tu aimes bien passer des pactes, hein ?
Jean Georges haussa les épaules.
- C'est comme ça que le monde fonctionne, non ? On tient les gens par des pactes…
- Pas forcément…
- Tu viens d'en faire un avec moi ! grommela Jean.
- Oui pour montrer que ça te tenait à cœur, mais on peut se lier aux gens autrement que par des pactes !
Jean vit soudainement clair dans le jeu de Moosh. « Il essaie de m'amener sur son terrain pour m'amadouer… »
- BON ! J'ai dit que je vous collerais une raclée…
Il envoya Ursaring et Massko.
- …je vais m'y coller !
- Coudlangue !
Le Pokémon apparut, tout pimpant. Patty plissa les yeux.
- Eh bah… Euh… Nanméouïe !
Le pataud Pokémon infirmier apparut.
- Ce Pokémon peut se battre ? s'étonna Jean Georges.
- Absolument pas. D'ailleurs il n'est pas professionnel pour un médecin d'avoir des capacités de combat…
- Hm. Bref. Balle Graine.
Massko cracha l'attaque vers Coudlangue qui supporta comme il put. Les multiples graines gênèrent le Pokémon et le firent reculer.
- Boul'Armure !
Coudlangue se gonfla, ce qui contra légèrement les graines. Jean soupira.
- Bah voyons. La défense, hein. MANIA !
Ursaring fonça vers Coudlangue. Patty claqua des doigts.
- Nanméouïe ! Rayon Simple !
Nanméouïe se tourna vers Coudlangue. Par les yeux bleus du Pokémon furent envoyés des rayons laser. Moosh haussa les sourcils.
- Pourquoi tu tires sur Coudlangue ! Il ne t'a rien fait !!
- Crétin. Pare l'attaque ennemie avec Boul'Armure !
Jean plissa les yeux. « Mince, je ne pensais pas qu'elle allait l'aider… » Lame Feuille !
Ursaring fonçait toujours, accompagné cette fois de Massko, mais les deux Pokémon visaient celui qui était face à eux. Massko se dirigeait donc vers Nanméouïe.
- Moosh !
- J'ai compris… Boul'Armure !
Moosh contra Ursaring qu'il repoussa aisément avec son corps.
- Oooooh ! s'étonna Santal.
- Ouah ! s'étonna Evéa.
- Hmm, délicieuses ces chips…
Santal et Evéa regardèrent Grume qui les regarda.
- J'ai faim !
- …
- …
Massko sauta vers Nanméouïe, toutes lames dehors.
- Attaque Abri !
- Ab…
Nanméouïe se couvrit. Massko frappa une barrière infranchissable alors que Coudlangue contenait Ursaring dans sa Mania féroce.
- …
- Je dois bien me couvrir, il est occupé !
- Tu ne sais que te défendre…
- C'est vrai, mais au moins tu ne m'as pas touché !
Coudlangue se libéra de la Mania d'Ursaring qui recula, confus.
- Ursaring !!
Le Pokémon se retourna vers Jean Georges qui lança avec habilité une baie Kika. Ursaring s'en délecta en une bouchée, échappant à la confusion.
- EEEEH ! cria Patty.
- Waoh, quel lancer ! s'étonna Moosh.
- Je vis dans la forêt depuis longtemps, je sais me servir des baies.
- C'est pas juste !! Tu n'avais pas le droit de te servir de tes baies !
- Qui l'a dit ? soupira Jean.
- Oui c'est vrai ça, qui l'a dit ? s'étonna Moosh.
Patty regarda Moosh, le poing tendu. Moosh se couvrit.
- Non, non, pitié !
« Il a peur d'elle… ?! » s'étonna Jean. « C'est pas le moment de flancher. »
- Ursaring, Martopoing ! Massko, Lame Feuille !!
Les deux Pokémon échangèrent leurs cibles. Massko se dirigea vers Coudlangue et Ursaring allait frapper Nanméouïe.
- Nanméouïe, attaque…
- Patty !
L'infirmière regarda Moosh qui allait dire quelque chose, mais finalement non, et les deux Pokémon Normaux furent vaincus facilement par Jean. Patty et les enfants s'en étonnèrent, mais pas autant que Jean.
- Moosh, crétin, il va falloir qu'on aille chez un médecin !
- Il faut admettre que nous n'étions pas de taille, Patty.
L'infirmière regarda le dresseur monté qui semblait excessivement sérieux. « Oh mon… »
Jean plissa les yeux également, intrigué derrière son air bourru traditionnel. « Il avait l'air trop sûr de lui pour perdre aussi facilement… Il l'a fait exprès. »
Patty n'en revenait toujours pas. « MOOSH a fait quelque chose SCIEMMENT dans un but PRECIS ! Bah si j'avais un bloc-notes à miracles, j'aurais de quoi le remplir ! »
- …
- Bon, je crois qu'on va être obligés de te révéler ce qu'on sait, hein, Patty.
- Tu es un comédien exécrable ! soupira l'infirmière.
- J'approuve… soupira Santal.
- Oh que oui… marmonna Evéa.
- Chomp… Hm ! Miom…
Santal et Evéa regardèrent Grume qui leva la main, découvert.
- Coupable…
- Quelles sont ces informations ? Et tu ne m'as pas battu donc je ne te rejoins pas, on est bien d'accord.
- … ah bah oui !
- Je me disais que tu ne pouvais pas y avoir pensé… soupira Patty. Un miracle par jour c'est déjà beaucoup…
Moosh recommença à déprimer. Patty soupira.
- Moosh…
- Oui, pardon. Oui, euh, le projet du Ministre c'est de couper les arbres. Il a reçu des bûcherons ce matin, peu après votre altercation.
Jean s'étonna.
- Et aussi il a un Roucarnage !
- … Le Gloupti était un leurre… marmonna Jean.
- Je le soupçonne hautement d'avoir mis ce combat en scène pour se présenter en victime devant la population ! admit Patty.
- Tout comme Moosh vient de mettre en scène ce combat pour que je parle avec lui… marmonna Jean.
Moosh haussa les sourcils.
- Ah, j'avais même pas fait le lien !
- Tu comprendras donc que je te trouve quelque peu hypocrite…
Moosh acquiesça, embarrassé. Patty hocha la tête.
- Au contraire, tout concorde.
Jean, Moosh, Santal, Evéa et Grume se regardèrent et regardèrent Patty.
- Tout le monde est sur le même plan. Tout le monde ruse de la même façon. C'est le principe d'une guerre, elle oppose des parties aux enjeux équivalents.
Interrogation multiple de tout le monde. Patty leva les yeux au ciel.
- VOUS PENSEZ LA MEME CHOSE ! Jean Georges, tu veux sauver cette forêt, Moosh, tu veux préserver l'équilibre entre humains et Pokémon… ALLIEZ-VOUS !
Jean et Moosh se regardèrent. Moosh fit son plus beau sourire. Jean plissa les yeux, méfiant. Santal, Evéa et Grume regardèrent Jean puis Moosh. Patty semblait attendre.
- … Non ! lâchèrent les deux au bout d'un moment.
- QUOAAAAAAAAAAAAAAH !!! cria Patty.
- Ooooh… geignirent les trois enfants.
- MAIS POURQUOAH ???
- C'est une ruse pour que je rejoigne votre ligue ! grommela Jean Georges.
- Et moi je veux faire ça tout seul ! soupira Moosh.
- COMMENT CA TOUT SEUL ?!
- Ca m'a mis en colère de voir à quel point cet homme se moquait de perturber la faune de la forêt… de priver autant de Pokémon de leur habitat… et du coup plus j'y réfléchis plus c'est une affaire personnelle !
Jean Georges regarda Moosh et acquiesça.
- Très bien, je m'allie à vous pour chasser cette ordure de Ministre de Sylvebourg.
- Ok, cool ! sourit Moosh.
- Mais une fois qu'il est vaincu, tu pars et je reste ici !
- Comme tu veux… soupira Moosh, déçu.
- Bon.
Patty les regarda tous les deux et secoua la tête en se frictionnant le visage avec ses deux mains.
- Des crétins… ce sont deux gros crétins…
- Bon. Allons à mon arbre pour discuter d'un plan… On sera à l'abri des oreilles indiscrètes.
Jean, Santal, Evéa, Grume, Moosh et Patty se dirigèrent vers la forêt.
***
Le Ministre observait par sa fenêtre. Des hautes fenêtres de son palais, il voyait Jean Georges et le garçon au Doduo.
« Tout cela sent mauvais… »
- Biverdam, Timber !!
Le Garde et le Majordome approchèrent du Ministre Jack Lumber.
- Maître ?
- Que pouvons-nous faire pour vous ?
- … Nous allons devoir agir dès demain.
- Bien, maître.
- Compris.
- Quelque chose me dit que c'est à nous de prendre l'initiative… marmonna le Ministre.