Chapitre 6 : Calme
Je marchai tranquillement dans la rue sur une des passerelles d'un des bateaux habitations, sauf que les appartements étaient réservés aux membres du gouvernement, des gens de la haute-sphère.
C'était une de ces nuits sans étoile où même la lune était voilée par les nuages taches d'encre dans le ciel.
Et sur les passerelles peu éclairées où il n'y avait plus personne, seul moi vagabondait faisant du bruit avec mes chaussures. Pas un Miaouss rôdait dans les environs. Etrangement calme…
Une petite brise soufflait, elle me faisait frissonner car les nuits à Hoenn n'étaient pas glaciales mais plutôt fraîches quand même. J'aurai dû apporter une veste… Non il ne fallait pas penser ainsi ! Pas de manière superficielle, je me contentai de respirer et expirer calmement pour me sentir en symbiose avec la nature.
Quelque part une porte s'ouvrit et se referma subséquemment, à un tournant de la passerelle je vis deux ombres se profiler. L'une humaine, l'autre pokémonienne au vu de sa grandeur et largeur.
Je ne m'arrêtai pas, mais ralentis juste mes pas à dessein qu'il se montre en premier pour avoir l'avantage. Je pris une pokéball qui contenait un Manngriff surentraîné et fis moins de bruits avec mes chaussures en posant d'abord la pointe des pieds.
Soudainement la il apparut et alluma sa lampe de torche pour m'aveugler, saleté de gardien ! Je lâchai ma pokéball et le pokémon intervint cassant la lampe et menaçant le pokémon de bouger grâce à ses griffes. L'homme devait avoir plus de soixante ans, l'air vieux la barbe et les cheveux grisonnants. Un fonctionnaire retraité sans aucun doute. Il leva les bras en l'air et puis demanda à son Hariyama de ne rien tenter.
- Comment ça se fait que je n'ai pas été prévenu de votre venue ? Ronchonna-t-il pour mon grand amusement.
- Parce que c'est une mission secrète dans le but de tuer la maire. Vous allez d'ailleurs m'indiquer ses appartements.
Le gardien obtempéra d'un hochement de la tête et partit tout de suite, suivi de son pokémon que Mangriff avait relâché. Il revint vers moi et se mit en marche vers le groupe avec son habituel sourire méprisant.
Le guide nous fit descendre silencieusement éteignant sa lampe, car nous pénétrions dans une rue très bien éclairée, fermée à l'extérieur et chauffée. Cette rue n'avait qu'une porte. De surcroît une porte blindée.
Le vieil home se retourna alors, il me salua de la tête et s'en alla tout en baragouinant avec son Hariyama massif, mais ne faisant aucun bruit.
À présent il ne restait que moi et Mangriff qui avait compris ce qui se tramait. À cause d'un membre de sa famille, une rebelle, ce dernier allait mourir ; quelle ironie du sort.
Je pris mon pass et l'inséra dans le port. Le voyant rouge passa au vert et il y eut un déclic. La porte s'ouvrit toute seule m'invitant à rentrer. Je ne me fis pas attendre tandis que les lumières s'allumaient dans une salle au fond.
- Qui est là ? Demanda une voix masculine ensommeillée. Veuillez décliner votre identité.
Je vis le maire dans un couloir pourvu d'un peignoir qu'il refermait. Il me vit aussi et resta interdit.
- Vous n'êtes pas sensé être en train de pourchasser des fugitifs, dont ma filleule ?
- Avec l'accord du Grand Maire vous êtes destitué de vos fonctions et êtes condamné à mort. Mangriff appliquez la sentence.
Le pokémon en question qui se cachait derrière un mur, bondit alors contre plusieurs murs laissant la trace de ses pattes, puis planta dans ses griffes dans la carotide et les retira aussitôt.
Du sang coula sur les murs, le corps s'écroula inerte les yeux révulsés.
Je rappelai Mangriff qui attendait aux pieds du cadavre et envoyai un message au Grand Maire pour lui confirmer que la mission s'était très bien déroulée.
Maintenant il fallait guetter le futur.
*
*
Un jour plutôt je me demandai ce que je faisais dans un monde qui me dépassait. Avec Lisa nous étions en pleine réunion. Deux hommes, deux simples hommes de même composition que moi avaient décidé notre avenir sans nous consulter quasiment. Et quand ils nous consultaient c'est à peine s'ils nous écoutaient.
Ces simples deux hommes avaient débattu de notre avenir en me traitant de boulet, en sous-entendu bien entendu, et leur parole s'entremêlaient ou s'éloignaient. Cela s'était passé ainsi durant deux bonnes heures.
Tout cela pour finalement aboutir à nous congédier pour qu'on se repose, et que demain on nous annonce notre futur. Le plus étonnant dans tout ça fut que notre chambre était notre bateau, faute de place d'après un homme.
Moi j'étais levé depuis un bon bout de temps, l'esprit torturé ou révolté ? Je l'ignorais mais mon sommeil avait été mauvais. Je n'arrivais pas à comprendre Lisa qui dormait à poings fermés. Quand j'avais quitté le lit un beau sourire flottait sur son visage.
J'étais adossé à la rambarde fixant le lointain horizon rose dont le soleil perçait timidement les nuages pour rendre la mer brillante.
Je me sentais comme oppressé dans cette grotte, j'aspirais aux grands espaces. Vivement que nous sortions de cet endroit que je trouvais un peu glauque avec son plafond inégal tout en roche, dont j'avais la mauvaise impression qu'il allait tomber sur nos têtes.
Des bras me recouvrirent le torse et la tête de Lisa se cala sur mon épaule.
Je souris en voyant le drap qu'elle avait traîné depuis la chambre. Elle était recouverte par ce dernier telle une mariée faisant traîner sa longue robe.
J'embrassai sa tête et reposai ma tête contre la sienne écoutant sa respiration calme.
- Tu as mal dormi, non ? S'enquit-elle d'une voix douce.
- En effet, ça m'a énervé que deux hommes décident notre futur, sans qu'ils nous écoutent réellement.
Silence, quelque peu brisé par le ressac perpétuel. Nous entendions de vagues cris émanant de derrière nous.
- Sache, mon cher prince de la couette, que s'ils nous veulent c'est déjà bon signe. Nous aurons sûrement un bon poste, je devrai remercier mon oncle pour ça, rigola-t-elle amèrement.
- Ce que je n'arrive pas à comprendre aussi c'est en quoi ça importe que ton oncle soit maire de Nouvelle-Algatia.
- Mon oncle n'a que deux choix à faire dans ce cas. Comme je nuis à son image soit il renie la branche de cette famille toutefois le peuple sera informé, c'est là le point négatif ; soit il demande à ce qu'on me prenne en chasse à dessein qu'on me remette sur le bon sens. Or, il a fait ce choix là.
- Mais pour eux tu es encore plus dangereuse, donc tu serais une tare, je le vois ainsi moi.
- S'ils me protègent non, et cela va nuire à l'image tout entier du gouvernement qu'un maire a une filleule rebelle. Cela peut montrer que même des membres de la haute société vont voir la Résistance.
J'embrassai sa tête pour lui dire qu'elle avait raison et lui conseillai d'aller s'habiller plutôt que de rester blottie dans le drap.
Aussi quand elle se retira une chaleur s'en alla et le froid me recouvra tel un drap invisible. Je frissonnai et me retournai pour rentrer. J'aperçus un homme sur le bateau-mère qui me pointa du doigt et cria :
- Dans une heure à la réunion, en prenant le même ascenseur.
Puis il s'en alla tandis que moi je me marquai au fer les mots prononcés dans ma mémoire. À l'intérieur je l'annonçai à Lisa qui s'habillait dans l'ancienne chambre de Beren.
Pour occuper l'une heure nous inspectâmes mieux le bateau pour trouver des cachettes ou trouver simplement le manuel. Ce dernier ne fut pas trouvé, mais découvert après des fouilles archéologique dans un placard qui débordait d'objets insolites. Ainsi nous pûmes faire d'autres fouilles avec amusement jusqu'à que vienne l'heure x.
Sans attendre et avec une certaine précipitation nous effectuâmes le même trajet qu'hier soir.
Cette fois-ci nous vîmes mieux le grand espace où des travailleurs et des pokémons s'agitaient sans cesse, courant quasiment. Une fois nous faillîmes même être renversés.
En bas, dans la salle rien avait changé. Les deux hommes toujours attablés et impassibles, sauf peut-être l'un d'eux qui se trémoussait sur sa chaise l'air mal à l'aise.
Nous prîmes la liberté de nous asseoir et attendîmes ; la main de Lisa était dans la mienne, je la sentais stressée.
- Bonjour d'abord. Donc, nous nous sommes concertés, surtout depuis la nouvelle et le mieux que l'on ait trouvé c'est que vous rejoignez une flotte qui irait aider le soulèvement des bagnes sur terre. Les pirates se chargeront de votre sécurité durant une partie du voyage. Euh… toute mes condoléances pour votre oncle, déclara celui qui se trémoussait, ce dernier se leva et serra la main de Lisa.
- Pardon ?