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Le journal d'une innocente de Lutias'Kokopelli



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Informations

» Auteur : Lutias'Kokopelli - Voir le profil
» Créé le 14/12/2011 à 17:42
» Dernière mise à jour le 14/12/2011 à 17:42

» Mots-clés :   Drame

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Epilogue
Un, un, huit, neuf, deux, sept. Code bon.

Comme d'habitude. Ça fait bientôt onze ans que je suis dans cette prison, je ne risque pas de l'oublier, ce code d'accès. Ronde dans les couloirs pour observer l'activité de chaque prisonnier. Habituel.

Je passe devant la cellule de « la peste ». Une fois de plus, je prie Arceus pour qu'elle ne chante pas, sûrement en vain …

Tiens, non. C'est étrange, elle a toujours chanté depuis qu'elle avait composé cette ritournelle … Je me tourne vers la cellule.

… Oh, Arceus …

Des pas retentissent et brisent le silence de la prison.

« Chef, chef !!! »

Je n'arrivais pas à continuer ma phrase, à la fois essoufflé et apeuré par ce que je venais de voir.

« Eh bien ? s'impatienta l'Arcanin. Que se passe-t-il pour que tu coures comme ça ?
- … La petite pes… Je veux dire, la tarsal, là …
- Tarsal ? La fille de l'ancien maire ?
- Oui ! Elle … elle …
- Elle quoi ? Elle s'est évadée une deuxième fois ?! »

Je n'en pouvais plus, je n'arrivais pas malgré moi à lui dire ce qui était arrivé, encore sous le choc.

« Alors ?! C'est que je n'ai pas tout mon temps !
- ELLE BAIGNE DANS SON SANG, DANS SA CELLULE !
- Oh Arceus !! » s'écrie-t-il avant de quitter son bureau. Pensant mieux faire que de rester là à l'attendre, je le suis.



« C'est étrange, elle n'a pas pu se faire ça à elle-même, c'est impossible … dis-je.
- Elle n'a pas de blessures à l'extérieur, visiblement. Ça, c'est l'œuvre d'une attaque psychique, réplique-t-il. Apparemment, comme tu l'as dit, elle n'en est pas l'auteur, malgré son type. Dans ce cas, l'assassin peut être n'importe qui d'autre, qui connait ce genre d'attaques.
- Oui, c'est clair.
- Bon, je te laisse, c'est que j'ai d'autres choses à faire, moi … »

J'ai voulu protester, mais ça ne servirait à rien, sauf à se prendre des réprimandes. Bon, eh bien me voilà seul avec un cadavre … Charmant.

Un détail me fait subitement sursauter. Le carnet que je lui avais offert, où est-il ?
Je le cherche des yeux, puis entre dans la cellule et commence à fouiller. Je le trouve enfin, dans un coin. Il est ouvert, avec le crayon dessus. Apparemment, elle n'a pas écrit que sa chanson, c'est quasiment tout un roman !

Je feuillette. Il y a des dates, parfois. Donc c'est une sorte de « journal intime ». Ça m'embête de lire les données intimes des autres, mais c'est un peu le seul espoir de trouver des indices … Bah, si je ne lis que le dernier jour, voire les derniers instants, ça me suffira peut-être …

20 Shuuka 66
Les jours ont passé depuis mon arrestation, mon évasion échouée et mon cadeau. Exactement cent jours après mon arrestation. Puisque je passerai ma vie entière ici, il fallait bien que ça arrive un jour. Je continue d'écrire dans ce carnet, quatorze heures sur vingt-quatre en moyenne, car il faut bien consacrer dix heures à la nuit. Du nouveau ? Raïchu nous a quittés depuis longtemps, Corboss hier. Dracaufeu les a rejoints il y a deux heures. Il m'a caressé la tête à travers les barreaux tendrement avant de partir. Chacun des trois avait pensé à moi avant de partir. Je ne pense pas qu'ils m'oublieront. Cependant, ils n'ont prévenu personne de mon injustice.


Une injustice ? Quelle injustice ? Peut-être qu'elle en parlera plus tard.

En tout cas, tout est redevenu vraiment monotone depuis. Les gouttes prennent des siècles à tomber, et je ne peux plus les compter. L'astre du jour est grisâtre, les arbres et les baies également. Je ne les vois qu'à travers mon imagination et le petit trou dans le plafond de ma cellule, mais ça me suffit pour constater ces changements.
Silence de mort dans la cantine. Purée de Shuuka, habituel de la floraison. Midi trente. Retour dans les cellules. Silence et noir. Arcanin me rembarre pour la énième fois.


Dernière fois, oui …

Mes yeux cessent de luire, je prends le carnet, l'ouvre à la première page et le lis. Tous mes souvenirs. Nuit. J'ai fini de lire mon récit. Ma vie. Je suis seule. Raïchu, Dracaufeu et Corboss me manquent. Ils sont loin. Peut-être m'ont-ils oubliée.

Peut-être bien, peut-être pas.

Non, c'est impossible. Nous avons passé trop de bons moments ensemble, ils ne peuvent pas m'oublier, comme je ne les oublierai pas. Mes yeux brillent à nouveau. J'écris tout ce que j'avais pensé jusqu'à maintenant. Pourquoi j'écris ? Je ne sais pas. Qui voudrait lire le journal intime d'une « meurtrière » ?

Moi, peut-être ?

Personne. Pourtant j'écris. Pour qui ? Pourquoi ? Pour moi, peut-être. Après tout, quelqu'un l'a lu, ce récit. Moi. Pour me souvenir. Pour ne pas oublier. Ah, ça, non, je n'oublierai pas. Après tout, mes amis sont toujours là. Dans mon cœur, dans ma mémoire, dans ce carnet.

Pas faux.

Il y a du bruit dehors. Quelqu'un ? Qui ? Je ne sais pas. Mais cette silhouette m'est familière. Branette ?

Qui c'est, Branette ? Un ancien ami ?

« Oui, c'est moi, dit-il comme s'il avait lu dans mes pensées.
- Cela faisait longtemps …
- C'est vrai. »
Silence. Doux silence.
« Pourquoi es-tu venu ?
- Pour mieux voir les feuilles mortes, marmonne-t-il.
- Suis-je sotte. Tu voulais me dire quelque chose ?
- En effet. »
Je prépare mon crayon. Aucun de ses mots ne doit m'échapper. Il tend sa bouche vers le trou dans le plafond. J'approche mon oreille. Il parle.


Et alors, qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Il dit que … Non, impossible.

Quoi ? Que dit-il enfin ?! Que c'est lui qui t'a tué ?!

Je, je ne peux pas le croire … Non, il ne peut pas avoir tué mes parents, pas lui, PAS LUI !

… Je … ne comprends pas. Comment ça, c'est quoi cette histoire ?!

Il brille d'une lueur rouge sang, se transforme. Ce n'est plus Branette.

Alors, qui est-ce ?

C'est … Le monstre que j'avais reconnu le soir de mon arrestation, alors qu'il s'enfuyait !

Alors tu étais innocente depuis le début ?!

« Oui, c'est moi qui les ai tués, pour simplement prendre leur succession.
- Et … Et Branette ?
- Branette n'a jamais existé ! C'était moi depuis le début !
- Tu es un monstre … Je vais tout dire ! TOUT !
- Peut-être … Oh, mais j'oubliais, les morts ne parlent pas ! »
Ses yeux brillent d'un rouge sang. J'ai peur. J'ai froid. J'ai … mal …


Mais enfin, c'est impossible, elle a tout inventé ou …
Le texte s'arrête là. Le dernier mot, « mal », était déjà estropié de son « l ». Je n'aurais jamais imaginé que les derniers mots d'un agonisant pourraient être une trace écrite, surtout comme ça.

Tout est clair, maintenant. L'affaire qui avait été résolue en une heure à peine, à quatre heures du matin, avait été très mal conclue. On était complètement à côté de la plaque.

Je ferme le livre, le prends et l'emmène au bureau d'Arcanin. Il y a des choses à revoir sur un certain dossier, que nous allons probablement rouvrir, alors qu'il n'aurait peut-être pour le bien de quelqu'un jamais dû l'être.

***
Chers habitants d'Arlimeo,
N'oubliez surtout pas la magnifique République instaurée il y a des siècles, et encore moins la dictature qui l'a suivie. Rassurez-vous, la République gagne toujours, et notre victoire a duré moins d'une année. Année de souffrance, cependant, pour une pauvre innocente, qui nous regarde certainement depuis les cieux, dans un repos que je lui souhaite bon. Chers amis, cette simple statue que l'ancienne dictature aurait probablement couverte d'ordures représente cette jeune innocente, qui a plus ou moins donné sa vie pour la conservation de notre bien-aimée République. Que cette statue demeure aussi longtemps que notre mémoire gardera ce souvenir !
Arcanin, Maire de la contrée d'Arlimeo