Chapitre 4 : Le désert sans fin
La chaleur était insupportable. Cet endroit était étrange. En effet, à l'ombre des arbres, il y avait une fraicheur très agréable, même la nuit. Et quand on sortait de la forêt...
-C'est dans ces moments là où je regrette de ne pas être un Camérupt... soupira Voltic.
-Et encore, moi je marche aussi ! Oh, de l'ombre !
Ispy s'y précipita. La veille, ils s'étaient endormis à la lisière de la forêt, et le matin ils s'étaient mis en route pour franchir la dangereuse étendue de roche qui suivait. Mais ils ne s'étaient pas attendus à ce qu'il fasse si chaud.
-Qui a de l'eau ? demanda Voltic.
-Personne, répondit Ispy.
« Il fallait quand même prévoir de l'eau ! » remarqua Risla.
Ispy préféra l'ignorer, même si elle avait raison. Il aurait du faire comme un de ces Pokémon nomades qui prennent des espèces de gourdes en feuilles pour y placer de l'eau. Mais n'ayant pas l'habitude de voyager, il n'avait pas pris ces précautions.
Mais maintenant qu'il avait trouvé de l'ombre, il n'avait plus envie de réfléchir. C'était un rocher plus gros que les autres qui sortaient de la terre à la diagonale. L'espace d'ombre était mince mais suffisant. Voltic, qui était descendu du dos du Girafarig et, maintenant, à ses côtés, cherchait une fissure dans la roche où il y aurait une quelconque herbe. Mais il n'en trouva pas.
-Eh, au fait, Ispy, je me rappelle d'une chose concernant les déserts comme celui-là.
-Ah ?
« Hmm ? »
-Euh, non, je ne m'en rappelle plus.
-Pff...
Heureusement pour le Girafarig, les petites roches sur lesquelles ils marchaient n'étaient pas pointues, car il aurait eu mal aux sabots, à force. En fait ce désert était composé de cailloux puis de longues pierres allongées puis encore de plein de petits cailloux etc.
Ils finirent leur pause puis repartirent. Plus vite ce désert serait traversé et mieux ce serait.
-Il faut marcher encore longtemps ?
Le Girafarig soupira face à la question du Pokémon Electrique. C'était lui, Ispy, qui marchait, pas ce minable petit Pokémon...
« Il ferait mieux de se taire, parler fatigue. » conseilla sèchement Risla.
-Risla te dit, en quelque sorte, de te taire pour avoir moins chaud.
-Mais, j'y pense, elle ne peut pas parler avec sa bouche ?
-Non, répondit Ispy. Elle ne peut que sentir grâce à cette bouche. Je te l'ai déjà dit, en plus.
-Ah...
Ispy tourna sa tête. Voltic avait l'air déçu, il voulait probablement pouvoir parler avec Risla. Mais le Girafarig ne savait pas comment résoudre ce problème, et de toute façon, ce n'était pas la priorité. Ispy avait soif et... Miracle ! Un peu plus loin se trouvait un petit arbuste résistant aux feuilles allongées et arrondies, à moitié à l'ombre et à moitié au Soleil, couvert de rosée... Ca voulait dire qu'à certains moments, il faisait assez frais pour permettre la rosée. Le Pokémon Psy courut, bien qu'il n'était pas rapide, et lécha une feuille tellement il était assoiffé. Puis il la mordit pour en aspirer la sève qui était, il l'espérait, non toxique. Il s'abandonna à cette trouvaille et remarqua que le Soleil commençait à se coucher.
-Mais oui ! rugit presque Voltic. La nuit, dans les déserts, il fait froid : c'est le moment où on peut les traverser !
Ispy s'immobilisa. Ce Statitik avait oublié ça ? S'il leur avait dit cette précieuse information, il leur aurait été plus facile de traverser le désert !
-Voltic...
-Oui ?
-Pourquoi tu ne l'a pas dit ? Comment on peut oublier un truc pareil ?
-Euh, désolé...
Le Girafarig se remit en route, furieux. Pourtant, il savait que ce n'était pas vraiment la faute de Voltic d'avoir oublié de lui dire cette information plus tôt, mais la chaleur l'empêchait de réfléchir convenablement.
« Attendons que le Soleil se couche puis repartons. » dit calmement Risla.
« Ou... oui bien sûr. »
Il attendit donc, impatient. En effet, dès que le Soleil ait disparu à l'horizon, un froid commença à s'installer. Cela confirmait les impressions d'Ispy. Cet endroit était étrange, étrange...
Il se remit en route, encore une fois. Cette différence de température était immense ! Mais il fallait continuer. Son épuisement était gigantesque. Au milieu de la nuit, il chercha plutôt un endroit où dormir et il s'y installa. C'était un simple abri, un trou dans un rocher surélevé. Ainsi, il ne serait pas réveillé par les lueurs du jour. Un coup d'œil vers l'arrière lui apprit que Voltic était déjà endormi.
*
Ispy ouvrit les yeux. Il faisait nuit, encore. Il pensait pourtant avoir dormi longtemps.
-Tu t'es réveillé ? Tu as dormi toute la journée mais je ne t'ai pas réveillé vu la journée d'hier. Je m'excuse encore de ne pas t'avoir dit plutôt qu'il vaut mieux traverser les déserts la nuit, lui révéla Voltic.
-Eh bien, moi qui suis plutôt matinal... Mais ne t'en fais pas, c'est déjà excusé.
Le Statitik sourit légèrement. Ispy avait donc dormi toute la journée. Cela expliquait aussi qu'il ne soit plus si exténué.
-Bon, je dois y aller.
-Attends, tiens...
Le Statitik rapporta quelques feuilles devant le regard étonné d'Ispy.
-Je les ai trouvées tout à l'heure, j'ai pensé que tu allais avoir faim.
-Et tu n'as pas tort, rigola Ispy. Merci.
Une fois l'estomac rempli, enfin un petit peu, le Pokémon Long-cou sortit de son abri et se remit en marche.
« J'ai l'impression qu'il cherche à se faire pardonner même si c'est déjà fait, remarqua Risla. C'est vrai que ses remarques hier étaient quelque peu... déplacées. »
« Tu crois ? »
« Ouais. »
« Oh, regarde, des montagnes ! »
Les efforts du Girafarig allaient enfin être récompensés. Il voyait des montagnes au loin. Cette vision lui apportait du courage, ainsi qu'un peu de souvenirs, et il accéléra son rythme. Presqu'arrivés... Les montagnes se rapprochaient de plus en plus et il pouvait même apercevoir une grotte dans leur flanc. Mais si seulement les choses pouvaient arriver comme prévu... Il était à moins de cent mètres de la grotte lorsque le sol s'affaissa sous les trois protagonistes.
-AHHH ! hurla Voltic.
« Aie... » se désespéra Risla.
-Oh non, que faire ? soupira longuement Ispy tandis qu'ils tombaient tous les trois sur un matelas de sable.
Au moins, le sable avait remplacé les cailloux... L'endroit où ils se trouvaient à présent avait un sol de sable doux avec quelques petits cailloux qui avaient du certainement venir avec le Girafarig et le Statitik durant leur chute. Et, environ deux mètres plus haut, le plafond formait un cercle creux d'où provenaient les quelques rayons du Soleil naissant. Mais comment s'en sortir ? Surtout que la terre commençait à trembler et que la tête d'un Hippodocus surgit du sable pour leur lancer un regard terrifiant.
-Euh... Monsieur l'Hippodocus, où est la sortie ?
-GRAAAH !!
C'était clairement le cri d'un Pokémon non compatissant.