Team Rocket X-Squad de Malak

Solaris, l'Impératrice des Ténèbres, entra dans le vaste jardin du palais impérial. En son centre se tenait une grande fontaine, où Solaris se rappelait s'être souvent baignée avec son frère Lunarion. Ce serait un endroit parfait pour déployer le Vortex du Chaos. Solaris n'était pas idiote. Elle savait que le Vortex, même libéré, pouvait être annulé tant qu'il n'avait pas atteint un diamètre d'exactement 384 mètres, soit à peu près la longueur du palais. Bien entendu, il fallait une énorme quantité d'énergie pour stopper une magie si noire et si puissante. Le Mélénis qui accompagnait la X-Squad n'en serait surement pas capable seul. Avec Galatea ? Ce n'était pas certain. Avec Mercutio, s'il parvenait à atteindre le même niveau que sa sœur ? Ce n'était pas encore sûr. Le moyen le plus efficace pour eux serait de puiser dans l'énergie du Joyau des Mélénis. Mais pour cela, il faudrait déjà qu'ils s'en emparent, et Solaris n'était pas disposée à le leur donner.

Mais au cas où, Solaris avait quand même placé plusieurs de ses nouveaux guerriers aux pouvoirs de Pokemon tout autour du jardin, si jamais Mercutio, Galatea ou le Mélénis s'approchaient. C'étaient eux les plus dangereux, car c'était les seuls sur qui le Vortex n'aurait aucun effet. Mais quand le Vortex attendrait les 384 mètres de diamètre, alors il ne pourrait plus être arrêté. Quoi que les jumeaux et leur allié Mélénis fassent, l'humanité et les Pokemon seraient condamnés. Solaris atteignit la fontaine, et plaça le cube de verre contenant le mini-tourbillon en son centre. Puis elle recula, et lança une attaque Dracochoc dessus. Le verre se brisa, et le Vortex du Chaos fut libéré. Il tournait sur lui-même, semblant aspirer la lumière, et grossissait lentement. L'air se rafraichit d'un coup, et bien malgré elle, Solaris eut un frisson.

- Oui. Développe-toi, Vortex du Chaos. Grandis. Sois l'instrument de mon règne ! Donne-moi un monde libre de tous ces humains ordinaires et de ces Pokemon imbéciles, sur lequel je pourrai bâtir mon nouvel empire, et porter l'étendard de la nouvelle race dominante !

- Je t'en prie, renonce à cette folie, Solaris, fit Dracoraure dans sa tête. Tu vas commettre le plus grand génocide que l'univers ait connu !

- Non, je vais tous les soulager de leurs âmes. L'âme ne sert à rien si ce n'est te faire souffrir. Tout le monde sera heureux. Tous égaux, tous insensibles. Il n'y aura plus de douleur, plus de guerre. Et ma nouvelle race et moi, nous nous développerons sur toute la planète. J'y suis arrivée, Dracoraure ! Je suis désormais une déesse !

- Non, tu es devenue le Mal, Solaris.

L'Impératrice des Ténèbres eut un petit rire amusé.

- Le Mal ? Le Bien et le Mal sont des notions bien subjectives, qui dépendent de ce que pense la majorité des gens. Peut-être mes actions sont-elles considérées comme mauvaises aujourd'hui. Demain, elles seront les bases du bien et de la justice !

- Non ! Le Mal ne pourra jamais être juste !

- Oh la ferme, tu es soûlante. Contente-toi de regarder, et remercie les cieux de partager l'esprit de la future déesse de monde !


***


Sacha ne comprenait rien. Cela faisait deux jours que les vriffiens avaient assiégé Safrania, la dernière ville libre de Kanto qu'ils leur manquaient à conquérir. Malgré toute la résistance que le gouvernement et les dresseurs avaient pu offrir, il semblait plus qu'évident que la capitale allait tomber dans quelques heures, une journée au plus. Et voilà que d'un coup, alors qu'ils s'apprêtaient à investir totalement la ville, les vriffiens étaient tout bonnement... partis. Pas un seul n'était resté. Leurs troupes, leurs vaisseaux. Rien ni personne.

Ils avaient pris la fuite en pleine bataille - bataille qu'ils étaient en train de gagner - pour quitter la région. Les rapports de tout Kanto étaient formels. Toutes les villes prises par les vriffiens, même les îles Sevii éloignées, avaient été abandonnées. Selon toute vraisemblance, les vriffiens étaient retournés chez eux. Mais qu'est-ce qui avait bien pu les pousser à agir ainsi ? Le jeune dresseur aurait mis sa main à couper que la Team Rocket n'y était pas étrangère. Sacha avait été content d'apprendre qu'ils avaient trouvé un moyen de s'échapper avant que l'armée des Dignitaires ne lance l'assaut contre eux. Ils avaient carrément emporté toute leur base avec eux. Eryl aussi était partie. Sacha espérait qu'elle allait bien, ainsi que Mercutio et Galatea. Pikachu, qui s'était battu dès le début lors du siège de Safrania, grimpa sur son épaule.

- Pika Chu Pika ?

- Ouais, c'est bizarre. Peut-être que c'était un jour religieux pour eux et qu'ils ont dû rentrer chez eux pour prier ?

- En tous cas, on ne va pas se plaindre, fit Régis à côté de lui. Ces crétins nous laissent tout loisir de reconstruire nos défenses partout dans Kanto.

- S'ils sont partis, c'est parce qu'ils le voulaient, pas parce qu'ils n'avaient pas le choix, répondit Sacha. Ils savent ce que ça signifie pour eux de nous laisser reprendre tout ce qu'ils ont pris. À mon avis, ils prévoient quelque chose.

- C'est aussi l'avis de Lance, mais on a pas les moyens de les poursuivre, hormis laisser Kanto sans aucune protection.

- Dans ce cas, je retourne dans l'Empire pour voir ce qu'il en est avec Dracaufeu. Je vais en parler à Lance.

Sacha s'engagea dans l'allée principale de la ville, dévastée, pour se rendre jusqu'au centre de commandement, à savoir les bureaux de la Sylphe SARL, anciennement le siège de gouvernement avant que les Dignitaires ne fuient vers Johto. Sacha essaya de ne pas trop prêter attention aux morts et aux blessés qu'il croisa, mais ce n'était pas facile. Ces deux jours de bataille avaient été terribles. Safrania, en tant que capitale de Kanto, possédait de nombreuses défenses que n'avaient pas eues les autres villes, mais elle avait aussi un gros handicap. Elle était le centre de la région, et elle était reliée aux villes d'Azuria par le nord, Lavanville par l'Est, Carmin sur Mer par le sud et Céladopole par l'Ouest.

Or, ces quatre villes avaient été prises par les vriffiens, qui avaient donc attaqué Safrania des quatre cotés à la fois. S'ils avaient tenu jusqu'à aujourd'hui, c'était grâce au général Peter Lance et à ses pouvoirs titanesques. Sacha n'avait jamais rien vu de tel, même quand il avait vu Galatea balayer des groupes entiers de vriffiens d'un simple mouvement de bras ou arrêter des météorites. Lance avait créé des tourbillons, provoqué des séismes, jeté la foudre sur les vriffiens, les avait emprisonnés dans la glace, et souvent tout à la fois. Le Maître G-Man de Dracolosse n'avait pas usurpé sa réputation.

Clément et Marion, du Conseil des 4, avaient eux aussi déployé des pouvoirs impressionnants, de même que Morgane, la championne de Safrania. Elle n'était pas officiellement une G-Man comme Lance et ses deux élèves, mais ses pouvoirs psychiques étaient trop puissants pour qu'ils ne proviennent pas de l'essence d'un Pokemon, comme les pouvoirs de Lance étaient ceux de Dracolosse, ceux de Clément de Xatu, et ceux de Marion de Noctali. D'ailleurs, en parlant du loup... Morgane était devant lui, à regarder le ciel comme si elle y voyait quelques messages secrets invisibles au commun des mortels. La championne psy était une jeune femme aux longs cheveux foncés, et portant une combinaison rouge et violette. Elle avait un visage séduisant, mais aussi quelque chose qui attirait généralement la peur sur celui qui la dévisageait, elle et ses yeux d'une froideur remarquable.

- Morgane, sais-tu où est Peter ? Demanda Sacha avec prudence.

- Sacha Ketchum... dit la maîtresse psy d'un ton absent. Dis-moi, t'intéresses-tu à l'avenir ?

- J'évite de trop songer au futur. Il faut bien vivre l'instant présent pour que notre futur se forge selon nos souhaits.

- Intéressante remarque, observa Morgane. Tu restes concentré sur le présent, c'est bien. Mais vois-tu, ceux qui comme moi détiennent en eux des capacités psychiques supérieures sont constamment plongés dans l'avenir. Même si je ne le veux pas, il se présente souvent à moi sous diverses formes. Il faut une concentration extrême pour en discerner tous les aspects, et pour ne pas plonger dans la folie avec un esprit aussi rempli d'images. Sais-tu ce que je vois, quand le futur se présente à moi ?

- Non, mais je sens que tu vas me le dire...

- J'ai de nombreux flashs, de nombreuses visions. Beaucoup d'entre elles ne se réaliseront pas. Le futur est toujours en mouvement. Mais dans beaucoup d'entre elles, je te vois toi, Sacha Ketchum. Dans de nombreux futurs possibles, tu joueras un rôle central. Ton nom et ton titre traverserons les âges, tu seras à la fois adulé et haï par des générations entières.

- Génial, marmonna Sacha. Tu peux maintenant me dire où...

- Dans ces mêmes futurs, je me vois moi, à tes côtés, avec pleins d'autres, poursuivit Morgane. Mais ces images sont ternies par de nombreuses autres. Un R comme celui de la Team Rocket, mais noir et frappé d'un éclair, qui provoquera les flammes de la guerre partout dans le monde. Un individu masqué à la tête d'une armée infinie de Pokemon. Une jeune fille aux cheveux blancs et aux yeux rouges, qui se réclamera de ton nom...

- Oui, d'accord, coupa Sacha. C'est très intéressant, mais j'ai d'autre chose à faire qu'une séance de bonne aventure. Nous devons...

Aussitôt, le ciel alors dégagé, bleu et ensoleillé se noircit. Sacha leva la tête, et poussa une exclamation. Un gigantesque bâtiment était en train de survoler la ville. Sacha remarqua le R rouge sur son mur. Un petit appareil volant quitta l'un de ses hangars, pour venir se poser devant les défenseurs de Safrania, quelque peu perturbés et sur leur garde. Il y avait cinq passagers. Dont trois que Sacha connaissait. Le colonel Tuno, le roi Antyos de Duttel et Mercutio. Quand ce dernier le repéra au niveau de la foule, il sourit.

- Excusez-nous pour cette arrivée un peu remarquée. On est pas garé en zone bleue, au moins ?


***


Le général Tender venait de finir son résumé des évènements dans l'Empire au conseil des Dignitaires - ou plutôt à leurs hologrammes - et à Lance, ainsi que ce que la Team Rocket prévoyait et invitait à faire le gouvernement. Mercutio attendit aux cotés de Tuno, de Bouledisco et d'Antyos la réaction des Dignitaires. Il n'oubliait pas aussi que ces ordures qui s'étaient planqués pendant que Kanto souffrait avaient décidé de les trahir et de les livrer aux vriffiens en échange de leurs misérables vies.

- Si j'ai bien tout suivi, résuma l'un d'eux, vous prétendez avoir vaincu le Seigneur Souverain de l'Empire, mais que l'Impératrice, s'étant emparée d'un artefact magique, compte lancer sur le monde une espèce de sortilège qui décimera tous les êtres vivants de cette planète, hormis bien sûr son armée de mutants mi-Pokemon mi-humains ?

- C'est ça, dit Tender, ravi que les Dignitaires aient compris si vite.

Car étant donné leurs expressions pendant le récit, on aurait pu en douter.

- Et vous proposez donc d'unir toutes nos forces pour un assaut final sur la capitale ennemie, pour arrêter ce... Vortex du Chaos ?

- En effet. Et il faudrait partir au plus vite.

Le Dignitaire échangea un regard avec ses pairs, comme pour les inviter à apprécier une bonne blague, puis lança un petit ricanement aigrelet tout à fait insupportable.

- Eh bien, quelle histoire, c'est le moins qu'on puisse dire ! La Team Rocket nous démontre encore une fois admirablement ses talents imaginatifs.

Mercutio commença à s'échauffer.

- Monsieur le Dignitaire, insinuez-vous qu'on a inventé cette histoire de toute pièce ? Demanda-t-il en tâchant de rester maître de lui.

- Oui, Rocket, c'est précisément ce que j'insinue, répondit le Dignitaire avec tout le mépris dont il était capable.

- Ah bravo, vous nous avez totalement percé à jour ! S'exclama Mercutio. Nous passons effectivement le plus clair de notre temps vautrés sur de confortables matelas à imaginer des histoires de fin du monde !

- Mercutio... l'avertit Tuno.

Le jeune homme tint sa langue, mais bouillait intérieurement de colère. Qui étaient ces types qui avaient abandonné leur peuple pour douter ainsi de leur parole !?

- Ils disent la vérité, assura le roi Antyos aux Dignitaires fantomatiques.

- Sauf votre respect, Votre Majesté, la parole d'un allié de la Team Rocket ne nous convaincra pas plus, riposta sèchement un autre Dignitaire.

Celui-là, Mercutio le connaissait pour avoir vu son visage plusieurs fois à la télé. C'était Jeremy Cowen, sans doute le type le plus riche du monde, directeur de la Sylphe SARL, la multinationale qui créait diverses technologies adaptées sur les Pokemon, dont essentiellement les Pokeball.

- Pourquoi nous mentiraient-ils ? Demanda sagement Lance aux Dignitaires.

- Pourquoi ? Répéta celui qui semblait être le chef. Je vous pensais plus avisé que ça question stratégique, général ! Ça me parait évident. Ils comptent nous attirer loin de Kanto avec une histoire à dormir debout, pour que pendant ce temps ils s'emparent de notre région qui n'aura plus aucune défense !

Mercutio secoua la tête, trop effaré pour protester.

- Nan mais c'que tu dis, mec, c'est des bullshit, intervint Bouledisco. The world va droit dans le mur, les mecs, si vous ne vous bougez pas l'fion ! Les ténèbres éternelles, le chaos, c'est pas cool tout ça si on veut un bon groove...

- C'est stupide et paranoïaque, s'énerva Tender. On ira avec vous à Akuneton, en première ligne, on ne sera pas ailleurs en train de comploter pour prendre Kanto !

- Et qu'est-ce qui nous dit que votre vénéré chef ne se trouve pas en train de rameuter vos forces d'Hoenn ou Sinnoh pour débarquer ici pendant que vous serez à Vriff avec nous pour donner le change ? Insista le Dignitaire.

- Moi je le dis.

Mercutio faillit s'étrangler de stupeur, comme toutes les personnes présentes. Monsieur Giovanni, le Boss, venait d'arriver, accompagné de sa garde d'élite et de l'Agent 009. Les Dignitaires, et même Lance, n'en crurent pas leurs yeux. Cela faisait des années qu'ils tentaient de trouver la moindre petite preuve liant cet illustre homme d'affaire à la Team Rocket pour pouvoir l'arrêter, et voilà qu'il se présentait d'un coup devant eux, comme chef attitré de la Team Rocket.

- Mon... Monsieur, bredouilla Tender, que faites-vous là ?!

- Je suis venu rassurer nos amis du gouvernement, général, répondit tranquillement Giovanni. Je veux bien qu'ils comprennent que le sort du monde va se jouer, et qu'il serait dommage de perdre la partie à cause de nos petites... rivalités. Je ne prépare aucune armée d'invasion de quoi que ce soit. Et pour le prouver, je vais, durant l'assaut contre la capitale de l'Empire des Ténèbres, rester à côté du général Lance pendant toute l'opération, un peu comme un otage en somme, si jamais pendant ce temps des troupes de la Team Rocket s'avisent d'attaquer quoi que ce soit en traître.

Mercutio était sûr que les Dignitaires n'avaient rien compris du discours de Giovanni, ni même qu'ils aient écouté. Ils continuaient à le dévisager intensément, comme s'ils doutaient qu'il soit vraiment là. Plusieurs d'entre eux tournaient leur tête vers Lance, puis revenaient à Giovanni. À l'évidence, ils étaient à deux doigts d'ordonner au Maître G-Man de capturer Giovanni sur le champ.

- C'est pour moi une preuve de bonne foi suffisante, dit Peter Lance. Team Rocket, moi et mes hommes seront à vos côtés face à l'Impératrice des Ténèbres.

- Général ! Houspilla le porte-parole des Dignitaires. Il me semble que c'est nous ici qui donnons les ordres ! Nous vous ordonnons donc de capturer le chef de la Team Rocket et ses séides, immédiatement, pour qu'ils soient jugés !

Mercutio mit la main sur son pistolet, son autre sur la garde de son épée, et s'ouvrit au Flux. L'Agent 009 Domino caressa ses tulipes noires à sa ceinture, attendant un seul geste de Lance pour les lancer. Mais le G-Man ne fit rien.

- Je refuse cet ordre, déclara-t-il calmement aux Dignitaires.

Mercutio se retint alors de rire devant la tronche que tiraient les Dignitaires.

- Général, devons-nous vous rappeler que vous avez jurez allégeance au gouvernement de Johkan, et par conséquent, à nous ?

- Non, il n'est guère besoin de me le rappeler. J'ai en effet juré d'obéir au gouvernement et de mener ses hommes si le pays était menacé. Mais ce n'est plus le cas désormais, non ? Vous ne prenez pas cette menace d'Empire des Ténèbres et de Vortex du Chaos au sérieux, et les vriffiens ont quitté nos terres. Donc selon vous, plus rien ne menace Johkan. Par conséquent, je n'ai plus à vous obéir, messieurs. À moins que vous m'ordonniez de partir pour Akuneton avec mes hommes sur le champ pour combattre auprès de nos alliés de circonstance ?

Après le choc de la surprise passée, les Dignitaires se gonflèrent de colère et d'indignation.

- Vous nous paierez ça, Lance...

- Je m'en souviendrai. En attendant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai un monde à sauver.

Puis sans autre forme de procès, il coupa la transmission des Dignitaires.

- Allons-y messieurs, fit-il en se tournant vers les Rocket. Que nous faudra-t-il ?

- Tout ce qu'on peut avoir, Maître Lance, répondit Giovanni. L'Impératrice Solaris a réuni toutes ses forces dans sa capitale, et les a transformées en des personnes comme elle ou les Elus, à pouvoir utiliser des attaques de Pokemon. Son but est seulement de protéger le Vortex du Chaos jusqu'à qu'il soit trop gros pour qu'on puisse l'arrêter. Alors, elle aura gagné, même si vous vainquez son armée.

- Combien de temps avons-nous ? Demanda Lance.

- Nous l'ignorons, car nous ne pouvons prévoir la vitesse à laquelle le Vortex grandira. Cela dépendra de la puissance que Solaris y aura mise, grâce à son Joyau des Mélénis. Mais notre... source nous a informé que le point de non-retour du Vortex est de 384 mètres exactement.

Leur source était bien sûr nul autre que Suffirv. Ou Irvffus, comme il fallait l'appeler désormais. Le Mélénis était d'ailleurs un de leurs éléments indispensables pour cette bataille, avec Galatea. Eux seuls seraient capables d'arrêter le Vortex du Chaos et de résister à ses effets. Enfin, Mercutio aussi était censé pouvoir y résister, mais son emprise sur le Flux était encore bien trop faible pour qu'il puisse espérer arrêter un truc pareil. Au pire, il pourrait encore une fois prêter son Flux à Galatea. Mais il avait un peu plus progressé. Il arrivait désormais à faire léviter de petits objets ou de les attirer jusqu'à lui, et même de lancer de petits chocs de Flux.

Selon Galatea, c'était les bases des Second et Troisième Niveaux. Une fois qu'il aurait bien acquis le truc, il ne lui manquerait plus que savoir maîtriser sa puissance pour faire des phénomènes encore plus puissants que ceux de sa sœur jumelle. Aussi, il avait essayé d'entrer en contact avec la voix qui venait lui rendre compagnie parfois ; son père, selon Irvffus. Mais ce dernier s'était montré anormalement discret. Sans doute que maintenant que ses enfants connaissaient la vérité, il avait les jetons de se présenter à nouveau à eux. Et il avait raison, Mercutio ne l'aurait pas manqué !

Giovanni avait laissé Bouledisco décider du plan d'attaque. Galatea serait aux commandes de la base pour la faire voler, bien sûr, jusqu'à qu'elle la fasse atterrir carrément dans la ville impériale, libérant alors dessus la totalité des engins Rocket. La base devrait être pratiquement vide, c'est-à-dire que tous ceux qui ne pilotaient pas des appareils ou des machines devraient se rendre jusqu'à Akuneton à dos de Pokemon volants. Comme la base avait une allure plus lente, elle partit en premier, avec à son bord Galatea, Giovanni, Lance, Tender, Bouledisco et Irvffus, ainsi que l'ensemble des forces du général Lance.

Mercutio et les autres avaient le temps de ratisser chaque mètre carré de Kanto pour convaincre le moindre petit Pokemon de les aider. Ils devaient aussi se rendre dans les villes libérées pour demander aux champions d'arènes et aux dresseurs de venir avec eux. Tous les dresseurs présents appelèrent un Pokemon Vol et montèrent dessus. Siena partagea le Tropius d'Octave, tandis qu'Antyos monta en croupe du Gueriaigle de Djosan. Sacha prit derrière lui Ondine d'Azuria. Mercutio fit signe à Eryl, seule, de le rejoindre sur Pegasa. Elle sourit de plaisir et s'accrocha à sa taille plus que de nécessaire.

- Hinnnhannnn ! Hennit Pegasa. Encore une joli meuf sur mon dos !

- Reste concentré, le sermonna Mercutio. On va à Akuneton, pour la bataille finale contre les vriffiens.

- Yeah ! On va les démonter !

Il s'envola en premier, et tout le monde le suivit. Une centaine de Pokemon volants, menés par le majestueux Pegasa, parcoururent Kanto pendant une journée. Ils s'arrêtèrent de ville en ville, pour recruter des volontaires, qu'ils soient humains ou Pokemon. En plus de la totalité des champions d'arènes, d'autres dresseurs aussi forts les rejoignirent. Le Conseil des 4 au grand complet. D'anciennes Elites telles qu'Olga et Agatha. Le professeur Chen, sur son puissant Dracolosse. Des Génies Extrêmes du Battle Frontier de Kanto. Et même deux champions d'arène de Johto, Albert et Mortimer.

Leur nombre grandissait d'heure en heure. Une véritable armée était en train de se former. De dresseurs, de leurs Pokemon et de Pokemon sauvages. Et même de Pokemon légendaires. Les trois oiseaux de légende, Artikodin, Electhor et Sulfura, s'étaient joints à eux. Mercutio ne cessait de tourner l'œil de leur côté, toujours émerveillé par leur beauté sans égale et tiraillé par l'envie de saisir une de ses Pokeball pour les capturer sur le champ. Ils étaient partis de Safrania avec une centaine de dresseurs, et environ le triple de Pokemon. Ils étaient maintenant près de sept cent dresseurs, et plus de cinq milles Pokemon, en comptant les sauvages qui s'étaient joints à eux. Mercutio n'avait jamais vu pareil rassemblement de toute sa vie. Eryl non plus, à en juger par son souffle qui se bloqua dans sa gorge quand elle se tourna pour observer l'armée qui les suivait, elle, Mercutio et Pegasa.

- C'est incroyable, l'entendit-il souffler à voix basse.

Mercutio tourna la tête vers Octave, Sacha et Djosan, qui menaient l'armée à ses côtés, sur leurs Pokemon respectifs.

- Il est temps d'y aller ?

- Oui, allons-y, fit Sacha. On va en finir une fois pour toute avec ces vriffiens !

- Ce ne sont plus des vriffiens, l'informa Octave. L'Empire de Vriff n'existe plus désormais. C'est l'Empire des Ténèbres.

- Comment faut-il donc que nous les nommassions en ce cas ? Questionna Djosan. Les ténébreux ?

- On se fiche de leur nom, on va juste les exploser, affirma avec force Régis Chen qui chevauchait son Ptera avec Erika de Céladopole en croupe.

- C'est parti alors, en route pour l'Empire des Ténèbres ! Cria Mercutio à tout le monde, du moins ceux qui étaient assez proches pour l'entendre.

D'un seul mouvement, l'ensemble des Pokemon tourna vers le nord, là où se préparait la plus grande bataille de ce siècle.

- Ça a commencé, Sire, s'exclama Djosan à son roi derrière. C'est la dernière épreuve de notre royaume, ce pourquoi on a lutté pendant des siècles !

- Oui, Djosan, c'est la fin, acquiesça Antyos.

Ni Mercutio ni Djosan ne le virent en train de sortir une lettre de la poche de son manteau royal. Il l'ouvrit, la regarda des yeux un moment, hésita, puis la froissa et la jeta dans le vide. Les derniers mots de cette lettre que personne ne lirait étaient : « Je te remercie du fond du cœur, grande sœur ».