Solaris retira son épée ensanglantée du corps de Vriffus. Apparemment ravis de ce meurtre, les deux orbes violets autour de la lame tournoyèrent encore plus vite. Mercutio pouvait ressentir une pression provenant de cette épée, comme si quelque chose d'une puissance inimaginable était enfermée dedans et cherchait à sortir.
- Je dois vous remercier, vous tous, déclara l'Impératrice. Je n'aurais surement pas osé attaquer Vriffus si vous ne l'aviez pas tant affaibli. Pour la peine, j'ai décidé de vous épargner.
- Ouais, se moqua Mercutio, comme si tu allais tenter de te battre contre Galatea et un Mélénis du niveau de Vriffus à la fois.
- En effet, ça ne serait pas raisonnable. Mais grâce à
Carnage et au Joyau des Mélénis, bientôt, même vous vous serez impuissants. Je vous invite à assister de loin à la naissance de la nouvelle ère de ce monde. Une ère à mon image.
Mercutio hésita à lui parler de Lunarion. Elle était arrivée vers la fin du combat, elle n'avait donc pas entendu l'aveu de Vriffus. Mais le croirait-elle si jamais il le lui disait ? Quel serait sa réaction ? Difficile à dire avec une fille aussi imprévisible qu'elle. Antyos serait peut-être en danger si Solaris savait. Mais il fallait que tout cela cesse, maintenant.
- Arrête ça maintenant, Solaris, demanda Mercutio. Maintenant que tu es à la tête suprême de l'Empire, tu peux arrêter cette guerre stupide ! Il y a eut assez de morts. On peut en finir !
- En finir ? Mais au contraire, ça vient juste de commencer. Tu crois que j'ai passé toutes ces années à servir Vriffus pour me rendre sagement une fois que je l'aurais tué ?! Non... Désormais, mon Empire verra le jour. Pas celui de Vriffus. Mais mon Empire. Mon Empire de ténèbres...
- Solaris...
Mais l'Impératrice venait de déployer entièrement ses ailes et sauta de la plateforme. Mercutio tapa du poing au sol. C'était génial ! Vriffus était mort, oui, mais pour laisser place à Solaris. Ils avaient fait tout ça pour rien.
- Ne désespère pas, Mercutio, fit Suffirv d'une voix calme. Cette fille est bien moins dangereuse que ne l'était Vriffus. Nous l'arrêterons. Je vous y aiderai.
- Mais elle va libérer le Vortex du Chaos ! Et le Joyau des Mélénis est à sa puissance maximale.
- Même libéré, il y a toujours une chance de stopper le Vortex tant qu'il n'a pas atteint sa largeur de non-retour. On a encore du temps.
- Vous avez senti cette nouvelle puissance en elle ? Murmura Galatea. Son épée seule a réussi à terrasser Vriffus. Et Dieu sait ce qu'elle pourra faire avec le Joyau en sa possession. C'est très mauvais...
- Alors ne traînons pas, conclut Suffirv. Il nous faut rentrer à votre base sur le champ, pour préparer la suite. Mais avant...
Suffirv s'avança vers le cadavre de son frère jumeau. Ce dernier commençait à se désagréger. Très bientôt, il ne resta plus qu'une fine fumée noire, ainsi qu'un Pokemon. Un Pokemon très étrange. Noir mais d'apparence mécanique, il avait aussi du jaune sur son corps, qui représentait le symbole mathématique moins. Il avait des ailes derrière son dos, une queue fourchue et des cornes de diables sur son visage peu sympathique. Sa main droite était une prise géante. Mercutio comprit qu'il s'agissait de Geminero, l'un des Pokemon des Gémeaux. Dans le même temps, Suffirv lui aussi avait commencé à se décomposer, pour devenir comme son frère une fumée, blanche dans son cas.
Le second Pokemon des Gémeaux apparut à son tour. Alors que Geminero ressemblait à un diable, Gemizuri était la représentation d'un ange. Il était blanc et jaune, avec le symbole plus sur son corps. Il avait un cerceau autour de sa tête, et un visage serein et amical. Tout comme son frère, il avait des ailes, et une prise en guise de bras gauche. Les deux fumées qui avaient été Vriffus et Suffirv se rencontrèrent et se mélangèrent, devenant grises et compactes. Un homme naquit de la fusion des deux essences. Il ressemblait beaucoup à Suffirv, si ce n'était que ses cheveux jadis blonds étaient devenus gris, que sa peau avait pali, et qu'il avait une longue cicatrice à son œil droit. L'homme ouvrit les yeux, et contempla son corps, ses mains. Puis il dit :
- Enfin. Je ne suis plus coupé en deux. Je suis moi.
- Euh... monsieur Suffirv ? Fit Galatea, hésitante.
- Je ne suis plus Suffirv, dit l'homme. De même que je ne suis plus Vriffus. Je suis les deux à la fois. Je suis Irvffus. Je suis le vrai moi.
Mercutio se méfia tout de même. Si ce gars avait en moitié du Vriffus en lui, il n'était sans doute pas la bonté incarnée. Irvffus sourit en le regardant, comme s'il avait lu ses pensées.
- Ne t'inquiète pas, jeune Mercutio. Suffirv n'aurait pas fusionné avec Vriffus s'il avait su que la partie maléfique aurait le dessus. Vriffus a été vaincu, donc c'est l'esprit de Suffirv qui contrôle ce corps. Et Geminero, qui incarne le mal dans la dualité des Gémeaux, est parti de ce corps.
Irvffus se tourna alors vers les deux Pokemon Gémeaux.
- Je suis sincèrement désolé pour vous avoir fait vivre ça durant tant d'années. J'ai été idiot, je n'aurais pas du fusionner avec vous. Vous êtes libres, désormais. Votre vie n'appartient qu'à vous.
Les deux Pokemon émirent un son étrange, qui ressemblait à un chant, puis Gemizuri brancha son bras gauche dans le bras droit de Geminero. Tout les deux se transformèrent alors en électricité, et filèrent en un flash vers les nuages.
- On sont-ils allés ? Demanda Siena.
- Ils sont partis rejoindre leur ancienne demeure, la Maison des Gémeaux, dans l'Elysium, où j'espère qu'il demeureront en paix pour longtemps, dit Irvffus. Maintenant, il nous faut nous dépêcher d'arrêter Solaris. En intégrant Vriffus en moi, j'ai maintenant accès à tout ce qu'il savait. Il avait raison de craindre la puissance de Solaris. Avec cette épée, dans laquelle est enfermée l'essence de Dracoraure, elle pourrait être capable d'anéantir la moitié du continent.
- Dracoraure ? S'étonna Djosan. Dracoraure est toujours en vie ?
- Non... et oui. Solaris a dû le manger vivant pour prendre ses pouvoirs. Cependant, son esprit, ou plus précisément, son essence, a été transférée intacte en Solaris. Vriffus en a eu peur, car c'était la première fois depuis qu'il se servait du Joyau pour voler les pouvoirs des Pokemon en les mangeant qu'un tel phénomène s'est réalisé.
- Comment ça se fait ? S'interrogea Mercutio.
- C'est parce que Dracoraure s'est volontairement laissé dévorer. Il a accepté son destin, et donc son esprit à survécu en Solaris grâce au Joyau des Mélénis.
- Pourquoi a-t-il accepté un truc pareil ?!
- Vriffus l'ignorait. En tous cas, le fait que Dracoraure se soit allié à Solaris en étant en elle a décuplé les pouvoirs de la fille. Vriffus n'a eu d'autre choix que de scinder ses pouvoirs en deux grâce au Flux. Il a enfermé la partie dans laquelle se trouvait l'essence de Dracoraure dans l'épée
Carnage, qu'il a toujours tenu hors de portée de Solaris. Maintenant qu'ils sont à nouveau réunis... c'est très inquiétant. Solaris pourrait relâcher une telle puissance contre laquelle même moi je ne pourrai peut-être pas réaliser, et...
La suite de sa phrase fut coupée par l'explosion totale de l'
Invincible, toujours stationné en vol à coté du sommet du mont. Était-ce Solaris qui avait fait ça ? Mais ce n'était pas l'impératrice qui transperça le feu, la fumée et les débris de l'explosion en volant pour rejoindre la plateforme. Ce n'était même pas un être humain. Si Mercutio lui avait donné un nom, il l'aurait appelé robot Deoxys. C'était totalement la silhouette du Pokemon extraterrestre Deoxys en sa forme vitesse, sauf qu'il était fait de métal. Deux tentacules pointues sortait de ses poignets.
- Ah la la... Encore une fois, je suis stupéfait devant l'inefficacité des humains. Ça en devient presque lassant.
L'être mécanique avait une voix tout ce qu'il y avait de plus artificiel, avec des résonnances profondes et aussi glaçantes d'une certaine façon.
- T'es qui, toi ? Demanda Mercutio.
- Ou plutôt, t'es quoi ? Corrigea Zeff.
Le robot se tourna vers eux, comme surpris que des êtres si peu évolués puissent lui poser une question.
- Qui suis-je ? Que suis-je ? Voilà des questions auxquelles les humains n'auront jamais de réponse. Des questions qu'ils n'ont même pas le droit de poser.
Puis il se tourna vers Irvffus, qui s'était paralysé depuis l'arrivée du robot.
- Peut-être reste-t-il un peu de Vriffus en toi, Mélénis ? Fit-il. Si c'est le cas, sache que ton échec dans notre plan n'est que partie remise. Au final, ce monde nous appartiendra. Ça a été décidé par des puissances qui vous dépassent. Préoccupez-vous donc de votre Solaris, réglez vos petites histoires entre humains. Et tremblez de peur en sachant que nous ne serons jamais bien loin, patients, et œuvrant pour la fin de tout les êtres vivants de cette planète.
Puis, à une vitesse incalculable pour le cerveau humain, il décolla, ne laissant qu'une vague trainée rougeâtre à son envol, avant d'être devenu invisible une seconde plus tard.
***
Dans l'une des nombreuses salles de banquet du palais d'Akenuton, les Seigneurs Ues, Falchis et Jyskon tentaient d'oublier leur désespoir par la nourriture et la boisson. Mais même le meilleur civet de Cerfrousse leur parut insipide en sachant qu'ils ne pourraient bientôt plus en manger.
- Il nous faudrait absolument parler au Seigneur Vriffus, insista Ues. Je suis certain qu'il pourra trouver un moyen de retarder l'échéance !
- Et pourquoi le ferait-il ? Se rembrunit Jyskon. Nous avons échoué à nous emparer de Kanto dans les temps, nous avons laissé le Pegasa femelle s'enfuir et être tué, et de plus, Evard est déjà mort. L'honneur des Elus est sali à jamais.
- C'est juste, approuva Falchis. Le Seigneur Vriffus n'est pas connu pour son sens du pardon.
Ues arracha une cuisse de l'Etouraptor grillé devant lui et la brandit, agacé, devant Falchis.
- C'est facile pour vous de dire ça, Falchis ! On ne vous a pas trop vu sur le champ de bataille !
- Le Seigneur Vriffus m'avait ordonné de demeurer à l'Empire pour continuer à diriger notre Eglise. L'aide de Dieu nous est d'autant plus indispensable en ces temps de guerre.
- Vous semblez prendre très bien le fait qu'on ne va pas tarder à mourir, Falchis, observa Jyskon.
L'Elu à la toge bleue haussa les épaules.
- La vie n'est qu'une grande illusion. La vérité réside en la mort, qui rend tous les hommes égaux. Je n'ai pas peur de rejoindre notre Seigneur, car je sais qu'il m'accueillera à sa droite pour toutes ces années durant lesquelles je l'ai si bien servi.
- Oh je vous en prie ! S'énerva Ues. Ne me dîtes pas que vous avez fini par gober vos propres salades ? La religion que nous a ordonné de pratiquer le Seigneur Vriffus n'est qu'une énorme farce pour pouvoir disposer de milliers de soldats prêts à se battre jusqu'au bout et ne craignant pas la mort.
- Mais le grand Asmoth existe bel et bien, et ses pouvoirs sont incommensurables, dignes d'un dieu, dignes d'être vénérés.
Ils furent coupés dans leur discussion par un garde impérial qui entra dans la salle, sous le regard outragé des Elus.
- Pardonnez-moi, mes seigneurs, mais Sa Majesté vous fait mander immédiatement dans la salle du trône.
Les Elus, même Falchis, ne cachèrent pas leur indignation.
- Sa Majesté nous fait mander ? Répéta Ues, furieux. Ce n'est pas l'Impératrice qui peut nous faire mander, mais nous qui exigeons de la voir !
- Qu'est-ce qui se passe, avec cette fille ? Soupira Falchis.
- Elle attrape la grosse tête, car elle sait qu'elle vivra désormais bien plus longtemps que nous, soupira Jyskon.
- Quand bien même l'avons-nous nommée pour diriger l'Empire en l'absence du Seigneur Vriffus, elle ne doit pas oublier le respect qu'elle nous doit, gronda Ues à l'adresse du soldat. Allez lui dire cela !
Le pauvre messager fut prit de court par la réponse.
- Euh... mes seigneurs, je penses qu'elle insiste, et...
Il termina sa phrase dans un cri, quand Jyskon lui envoya toute sa foudre et le transforma en masse noire et fumante au sol.
- Allons, Jyskon, le rabroua Falchis. Vous savez que j'ai horreur de l'odeur de la chair humaine brûlée ! Vous m'avez coupé l'appétit.
- J'irai quand même voir Sa Majesté, dit Ues, pour lui dire ma façon de penser.
- Pourquoi ne pas le faire immédiatement, Seigneur Ues ?
Solaris venait d'arriver,
Carnage en main, contemplant les Elus avec un intérêt poli. Elle portait une nouvelle cape, totalement noire, avec en guise de broche à son cou un objet que les Elus ne purent que reconnaître : le Joyau des Mélénis.
- Que... commença Jyskon.
- Où avez-vous eu ça ?! S'exclama Ues.
- Je l'ai pris sur le cadavre encore chaud du Seigneur Vriffus, bien sûr.
Solaris s'avança vers les Elus médusés.
- Oui, Vriffus est mort de ma main. Maintenant messieurs, un nouvel ordre va voir le jour. Vous, vous n'en ferez pas partie, si ce n'est en tant que serviteurs pour ma personne. Vous avez fait votre temps, mes seigneurs, et je vous conseille de passer le peu qu'il vous reste à me servir.
- De l'impudence, grogna Ues. Vous n'auriez pas pu tuer Vriffus ! C'est impossible !
- Impossible ? Ce mot n'existe pas pour moi tant que je détiens
Carnage. Et il existera encore moins maintenant que je possède aussi le Joyau. Ecoutez-moi, voilà ce qui est désormais prévu. Je serai la dirigeante incontestée et toute puissante de cet empire que je vais réformer totalement. Notre nation ne sera plus contrôlée dans l'ombre par un homme ayant si peu d'intérêt pour elle, ni par de vieux débris gâteux si éloignés de la réalité, et encore moins par l'être même pas vivant avec qui vous avez passé alliance !
Les Elus, surpris que Solaris en sache tant, ne surent momentanément pas quoi répondre.
- Pensiez-vous que je l'ignorais, mes seigneurs ? Vriffus et vous, vous vous êtes alliés à ce représentant d'une caste mécanique. Sauf que Vriffus ne vous a pas tout dit à son sujet, ni de ses plans. Vous ne comptiez pas pour eux. Ils allaient utiliser le Vortex du Chaos et vous balayer comme tout les autres êtres vivants de cette planète !
- Mensonge, beugla Ues. Le Vortex du Chaos n'aurait eu aucun effet sur nous, les Elus !
- C'est ce que Vriffus vous a dit. En réalité, il pensait le contraire. Mais il avait tort. Son vortex n'aurait en effet rien fait sur les gens comme nous. C'est pourquoi à partir de maintenant, tous les soldats, tous les civils de l'Empire, devront utiliser le Joyau pour devenir eux aussi comme nous. Je créerai une race d'humains évoluée sur laquelle je régnerai une fois que le Vortex aura réduit à l'état de corps vides tous les autres êtres vivants !
C'en était trop pour les Elus. Ues se leva et protesta âprement.
- C'est une hérésie ! Il ne peut y avoir d'autres personnes comme nous ! Nous sommes les Elus ! Nous avons été choisi par le Seigneur Vriffus pour transcender les autres. Si vous accordez ces mêmes pouvoirs à tout le monde...
- Vous n'aurez plus rien de plus qu'eux, en effet, termina Solaris. Vous ne serez que trois vieux ordinaires parmi les autres. Mais c'est ainsi que ce sera. Vriffus était un fou. Il voulait que tous les humains et les Pokemon disparaissent pour livrer le monde à ses fameux alliés non vivants, pour ensuite qu'il devienne comme eux. Sur qui alors gouverneraient-ils ? Non, mon Empire sera un empire mondial, un peuple aux pouvoirs de Pokemon qui rivalisera avec les Mélénis de jadis. Et nous nous servirons des humains normaux qui auront été privés de leurs âmes par le Vortex du Chaos comme esclaves. Toute la réserve de Pokemon de ce monde sera à nous, et grâce à mon Joyau, nous augmenterons nos pouvoirs au fur et à mesure que nous les dévorerons. Et moi, on me vénèrera comme la déesse que je serai devenue !
Les trois Elus restèrent sans voix devant une telle vision apocalyptique.
- Et vous, mes anciens seigneurs, poursuivit l'Impératrice, il ne reste pour vous que deux options. Vivre le temps qu'il vous reste comme de simples membres de mon empire parmi tant d'autres, ou rejoindre sur l'heure votre Dieu Asmoth.
- C'est inacceptable ! Rugit Ues. Nous sommes les Elus ! Toi, tu n'es qu'une foutue gamine gâtée à qui nous avons bien voulu accorder quelques pouvoirs pour donner le change au peuple ! Tu n'es rien, Solaris as Vriff ! Nous, nous sommes...
Solaris ne sut jamais ce que les Elus étaient, car d'un geste, elle commanda à l'un des orbes violets de Carnage, qui fila vers l'Elu tempêtant. Il lui passa au travers du corps, une fois, deux fois, trois fois, avant que la peau d'Ues ne vire au violet, que tout son corps ne devienne instable, et qu'il explose en renversant la table des Elus. Quand la fumée fut dissipée, il ne restait que d'Ues quelques morceaux indéfinissables. Solaris se tourna ensuite aimablement vers les deux autres, qui étaient restés paralysés de terreur.
- Le Seigneur Ues a fait son choix. Quel sera le votre, Falchis, Jyskon ?
Les deux anciens Elus n'hésitèrent pas longtemps. D'un geste commun, ils s'agenouillèrent devant l'Impératrice.
- Nous vous servirons en tout, Votre Majesté, marmonna Falchis.
- Sage décision. J'ai besoin de vous pour m'aider à préparer mon projet. Falchis, vous allez rassembler tous les soldats que vous pourrez trouver, tous les habitants de la cité, du plus jeune bébé au plus vieux vieillard, et vous allez passer le mot aux autres cités de l'Empire. Je veux que tous se présentent au palais, pour qu'ils puissent acquérir les pouvoirs d'un Pokemon. Quant à vous Jyskon, vous allez ordonner à toutes nos forces à Kanto de revenir immédiatement pour faire pareil. Egalement, je veux que les caravanes de Pokemon que nous avons capturés là-bas soient acheminées au plus vite à la capitale. Nous allons avoir besoin de beaucoup, beaucoup de nourriture. Ah et aussi, préparez la capitale à l'état de siège.
- L'é... l'état de siège, Votre Majesté ?
- Oui. Je connais bien les infidèles et leur détermination. Ils viendront, c'est obligé, et tenteront de contrer le Vortex du Chaos. C'est pour cela que je veux que tous nos hommes reviennent. Face à notre immense armée, qui sera renforcée par les pouvoirs de Pokemon que je lui donnerai grâce au Joyau, ils ne pourront jamais espérer nous vaincre !
Falchis prit la parole avec extrêmement de prudence.
- Pardonnez-moi, Votre Majesté, je ne remets pas vos commandements en doutes, c'est juste que... vous allez forcer de jeunes enfants à manger un Pokemon encore vivant ?
Solaris éclata de rire.
- Que vos sentiments sont admirables, Falchis. Dommage que vous n'ayez pas eu les mêmes il y a des années concernant Dracoraure. Oui, tout le monde devra devenir comme nous. C'est la seule alternative à l'oubli. Soit ils deviennent des surhumains aux pouvoirs des Pokemon, soient des esclaves sans âme une fois que le Vortex du Chaos aura fait son œuvre. Maintenant, partez exécuter mes ordres. Il faut que je m'adresse à nos hommes.
Une heure plus tard, Solaris sortit de son balcon face à la foule rassemblée en bas. Tous ces soldats avaient dévoré leur premier Pokemon avec le Joyau des Mélénis, et tous possédaient désormais leurs pouvoirs, comme Solaris. Et ils en étaient ravis. Ravis de pouvoir enfin maîtriser des pouvoirs qui pour eux étaient de nature divine.
- Mes fidèles sujets, s'exclama Solaris. Vriffus est mort. De ma main. C'était un imposteur qui ne recherchait que la ruine de cet empire pour ses propres intérêts. Comme vous le savez maintenant, il accordait des pouvoirs grâce à un objet magique qui se trouve désormais en ma possession. Vriffus n'a pas partagé ce pouvoir avec vous, si ce n'est avec les quatre autres Elus. Mais maintenant, c'est fini. Vous tous, citoyens de mon empire, vous deviendrez mes égaux. Nous bâtirons un immense empire sur les ruines de ce monde. Pas un empire à l'image de Vriffus. Mais un nouvel empire, destiné à durer éternellement. Nous serons l'Empire des Ténèbres !
Les hommes exprimèrent leur joie et leur férocité, et dans un parfait ensemble, ils s'agenouillèrent devant leur maîtresse. Les « Gloire à Solaris » retentirent pendant longtemps aux travers de tout Akuneton.
- C'était fantastique, Votre Majesté, dit une voix derrière son dos. J'ai toujours rêvé de ce jour.
- Fukio ! Tu es revenu de Kanto.
Son Chevalier baissa la tête.
- Dès que j'ai su que vous aviez pris la tête de l'Empire car le Seigneur Vriffus était introuvable, je me suis dit que c'était l'instant. Mais je n'ai pas eu le temps de revenir que vous aviez déjà tué Vriffus et fait de son empire l'Empire idéal dont nous rêvions. Ma vie est à vous, Votre Grandeur !
- Bien, Fukio, tu me seras utile. Pour l'instant, tu vas organiser le rassemblement des civils pour leur transformation. Ensuite, je veux que tu prépares les défenses de la cité. Les infidèles ne vont surement pas tarder. Il va falloir les accueillir !
Quand tous les soldats de la cité et des alentours eurent dévorés à tour de rôle leurs Pokemon avec le Joyau des Mélénis en main pour aspirer leurs pouvoirs, ce fut le tour des civils. Beaucoup ne parurent pas ravis quand les soldats les poussèrent sans façon devant le Pokemon attaché et poussant des cris de détresses. On leur mit le Joyau des Mélénis en main, et on les força à dévorer le Pokemon. Beaucoup d'enfants pleurèrent devant ce qu'on leur obligeait de faire. Le bruit de leurs pleurs furent couvert par les cris de douleurs et d'horreur des Pokemon impuissants qui étaient en train de se faire manger. Quand quelqu'un hésitait trop à « passer à table », les soldats le tuait sans ménagement et poussèrent le suivant dans la file.
Les gens pleuraient de dégout, les Pokemon hurlaient, les soldats riaient aux éclats, le bruit de la mastication et du sang qui s'écoulait inépuisablement ne s'arrêtait jamais plus de dix secondes. C'était le comble de l'horreur partout dans la cité impériale d'Akuneton, mais l'Impératrice des Ténèbres s'était assise sur un siège sur son balcon, contemplant le spectacle avec une fascination malsaine. Elle se rappelait soudain ce qu'elle avait ressenti elle, quand elle avait mangé Dracoraure. Ce souvenir fit justement refluer l'esprit du défunt Pokemon dans sa tête.
-
Pourquoi fais-tu tout ça, Solaris ? C'est cette même horreur que nous avons juré de combattre, et toi tu l'encourages à un niveau encore plus grand !- C'est un grand service que je rends à ces gens, au contraire, répondit Solaris à sa seconde conscience. C'est l'évolution, Dracoraure. Je les fortifie en les rendant comme nous.
-
Pour nous, c'était différent, et tu le sais. J'avais accepté en mon âme et conscience, et notre pacte de sang a fait survivre une partie de moi en toi. Il n'y aura rien de ce genre avec tous ces gens en bas.- Quelques remords et quelques Pokemon sont un bien piètre prix à payer pour l'édification de mon nouvel empire éternel et tout puissant, rétorqua Solaris.
-
Nous avions jurés de nous venger. De nous venger de l'Empire de Vriff. Pas de le porter à une forme encore plus ignoble ! - Celui dont nous devions nous venger était Vriffus, et il est mort. Les deux derniers Elus le suivront dans peu de temps. Je les garde un peu pour le moment car ils me seront utiles. Quant à l'Empire de Vriff, nous nous sommes déjà vengé de lui, Dracoraure. Il n'existe plus. Il n'y a plus que l'Empire des Ténèbres, désormais.
Dracoraure garda le silence un moment, puis dit :
-
Tu as bien changé, Solaris. Tu n'es plus la petite fille si gentille et si pure avec qui j'ai juré de changer le monde en bien...- SILENCE ! Je vais changer le monde, n'en doute pas. Mais les Pokemon et les humains ne sont pas égaux. Tu n'es pas mon égal, Dracoraure. N'oublie jamais cela. Tu n'es rien ! Rien qu'une voix dans ma tête.
-
Oui... rien qu'une voix dans ta tête...************
Image de Gemizuri et Geminero