« Eh, mais … Qu'est-ce que tu fais ?! Arrête tout de suite ! Qui c'est qui va broncher après ?! Chinchidou, bien sûr ! »
Elle se retourne, me regarde d'un air innocent, puis retourne à son occupation. Non mais, de quoi je me mêle ?! C'est vrai, Chinchidou, la nettoyeuse-qui-passe-toutes-les-Saint-Glinglin déteste quand on salit ce qu'elle nettoie. Alors que cette petite écrive sur les murs …
« Vous ne voulez pas de bruit, et je n'ai ni papier ni crayon. Alors, si j'ai quelque chose à dire, je n'ai plus le choix » répliqua calmement cette petite peste.
Je me tournai de manière à pouvoir lire ce qu'elle écrivait. Enfin, quand je dis écrire, c'est plutôt
graver avec un caillou fraîchement déterré. C'était plus de la saleté, mais un vrai massacre !!!
…
Ce … Ces inscriptions … Elles me disent quelque chose, je les ai déjà vues ou entendues …
… Je … Un air dans ma tête ? Non, c'est juste cette petite peste qui chantonne en gravant. Mais c'est …
… Mais suis-je bête, j'aurais dû m'en douter. Cette fameuse chanson bizarre …
« Parce que ça ne te suffit plus de chanter, maintenant ?! »
Elle s'arrête de graver.
Elle se retourne.
Elle me regarde du même air que tout-à-l'heure.
« Si je n'ai pas le droit de chanter, j'ai le droit de m'exprimer autrement, Monsieur Arcanin. Notre village reste une démocratie, d'après mes souvenirs. Mais si cela a changé, je ne peux que l'ignorer, puisque je n'ai pas accès à l'actualité. »
Comment ? Alors elle ignore que nous vivons presque une dictature ?! Je demeure interdit, et elle le remarque rapidement.
« Vous l'ignoriez, Monsieur Arcanin ? »
***Il a tourné les talons. Moi, je continue. Il ne m'a pas dit que c'était interdit, alors pourquoi arrêter ?
Voilà bien trois mois maintenant,
Bien trois mois que je ne les vois,
Mes amis d'autrefois …
Trois mois qu'il n'y a plus de blanc.
Et on m'a tout pris :
Tout pris en un éclair.
Foyer, honneur, vérité, pour la vie.
Noir, cage, barreaux m'ont emportée,
Emportée loin d'mes rêves.
Pourquoi donc y étais-je quand
Quand cela s'est produit ?
Il avait des yeux couleur sang,
Un regard perçant, du rouge
Qui sortait de sa bouche.
Horrible monstre qui as ruiné ma vie,
C'est toi que je châtie
C'est à toi que j'en veux.
Si je pouvais je t'étranglerais
Si je pouvais je t'assassinerais
Comme tu l'as fait à mon coeur.
Pourquoi donc t'acharnais tu
Sur mes parents perdus ?
Plic …
Plic, plic …CHAPITRE IV : Éclaircie