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Le journal d'une innocente de Lutias'Kokopelli



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Informations

» Auteur : Lutias'Kokopelli - Voir le profil
» Créé le 01/11/2011 à 23:00
» Dernière mise à jour le 04/01/2012 à 21:00

» Mots-clés :   Drame

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CHAPITRE II : Tarsal, meurtrière ?
Plic …


Plic …

Plic …
Plic … Ploc !


Quatre-vingt-dix-neuf gouttes, ça suffit. J'ai pris de la terre pour boucher ce trou dans le plafond. Ma seule occupation dans cette cellule ? Regarder et compter les gouttes d'eau tomber à côté de moi, jusqu'à ce nombre : quatre-vingt-dix-neuf. Passionnant, n'est-ce pas ? Non, ce n'est pas passionnant. Et pourtant, ça fait bien trois mois que je passe mes journées à ça. Que voulez-vous que je fasse d'autre ? C'est une prison d'adultes, ici, il n'y a pas d'école. Je mourrai donc inculte ? Il faut croire. En même temps, je n'aurais pas construit une école dans une prison à leur place. A quoi bon, puisque je suis la seule enfant ici ? De l'argent jeté par les fenêtres. Pour une « meurtrière », en plus.

Meurtrière, c'est un bien grand mot pour une innocente. Oui, je suis innocente. Et pourtant, tout le monde a plus ou moins trouvé des raisons de « prouver » le contraire. La meilleure : j'étais sur les lieux du crime moins de deux secondes avant la fuite du vrai coupable. Ce n'est pas une bonne preuve ? Eh bien, non. Mais pour eux, si.

Quatre-vingt-dix-neuf, quatre-vingt-dix-neuf. Deux chiffres neuf, arithmétiquement onze fois le nombre neuf. Pourquoi ce nombre ? C'est une date. Une somme, plus exactement. Vingt et un plus douze plus soixante six. Oui, c'était en 66. Le 21 Sokuno(1), plus précisément. Le 21 Sokuno 66, j'ai vu pour la première fois cette prison, que je ne devais plus quitter.

Une autre raison pour laquelle j'ai choisi ce nombre : je n'ai jamais appris à compter plus loin que cent. Cent moins un, quatre-vingt-dix-neuf. Quatre-vingt-dix-neuf plus un, cent. Quatre-vingt-dix-neuf, cinq syllabes, dix-huit lettres séparées en quatre groupes de six, cinq, trois et quatre lettres. Presque un compte à rebours, qui aurait été parfait si l'on avait dit « Quatre-vingt-neuf-dix »

Comment, ce que je dis n'est pas intéressant ? Voulez-vous peut-être que je vous raconte les histoires que j'entends de temps en temps ? Non, vous risqueriez de ne pas pouvoir dormir, de peur de vous faire embrocher durant votre sommeil … Non, n'insistez pas. Si ces histoires me font de l'effet ? Très peu. On peut avoir peur de tout et n'importe quoi, mais généralement, lorsque ce que l'on craignait le plus est arrivé, on ne risque plus d'avoir peur de si petites choses.

En clair : lorsqu'on a vu la mort de ses parents, leurs figures mourantes, et la silhouette du coupable aux yeux rouge sang et aux dents toutes sorties, on ne risque pas de ne pas dormir à cause d'une bête histoire de poupée-Teddiursa-qui-tue-tous-ceux-qui-l'ont-obtenue-par-un-marchand-bizarroïde.
J'étais faible et timide avant. Mais c'était avant que j'aie vu.

En fait, que j'aie vu mes parents agonisants et le coupable m'importe peu. Je ne veux pas dire que je n'en ai rien à faire, loin de là ! Mais ce qui m'insupporte le plus dans cette histoire, c'est que tout le monde m'ait accusée à tort, et condamnée à rester dans cet endroit sinistre pour toute ma vie. Peut-être même que j'aurais préféré retrouver mes parents tout de suite … Mais non. Dura lex, sed lex. C'est comme ça. Je les retrouverai quand le temps aura terminé son travail.

Et, pire de tout : je n'ai plus le droit de chanter. Ou plutôt, de raconter la vérité. Cet agent de police, Arcanin, passe tous les jours devant ma cellule. Et il faut qu'il hurle à en faire trembler les murs pour me faire taire, sans aucune raison.

Avant, je croyais que le monde était beau. Avant, je croyais que le monde était parfait. Avant, je croyais que tout le monde pouvait vivre en harmonie, avant, je croyais que tout le monde pouvait s'entendre dans un monde en paix.

Rêves de petite fille.

Il a fallu que j'attende d'arriver là pour le découvrir. Quelle sotte. Innocente, inconsciente, et sotte à la fois.

Rancœur.

Est-ce parce que tout le monde me chérissait que j'aie demeuré aussi ignorante ?

Tristesse.

Est-ce parce que le monde d'avant que je regrette tant était parfait ?

Eau. Larmes.


Je ne les retiens pas. Inutile, elles reparaîtraient juste après. Arcanin vient, une fois de plus de me rembarrer. Il me regarde, d'un œil impassible. Il ne fait rien. Je ne le vois pas, mais je sais qu'il me regarde. Il ne bronchera pas, mais je m'en fiche.

Tap …

Il a bougé une de ses pattes. Mais il continue à me regarder.

Tap, tap …

Allez vous-en, je sais que c'est ce que vous voulez.

Tap, tap, tap, tap …

Il s'éloigne. Il regarde les autres cellules d'un œil furtif. Parfait.

Je viens d'avoir une idée. Puisqu'il n'aime pas mes chansons, mais que je veux tellement dévoiler la vérité, NOUS allons être servis, TOUS LES DEUX.

Notes :
1 : le 21 Sokuno correspond au 3 mars

CHAPITRE III : Mur à paroles