Accélération
Chapitre 10 : Accélération
Je ne pus m'empêcher de rigoler, mais me retins de faire trop de bruit. Shurinosuke se rhabilla à toute allure et j'en fis de même. Nous nous recoiffâmes, et rangeâmes très rapidement la pièce. Il se mit à pianoter sur le clavier de l'ordinateur gisant sur mon bureau et j'ouvris la porte.
"Enfin tu m'ouvres cette porte ! Mais que faisiez-vous donc ? Ca fait un bout de temps que je vous attendais en bas puis comme je ne vous voyais pas descendre, je suis monté. Puis je..."
"Désolée, c'est de ma faute, je me suis endormie. Shurinosuke n'a pas voulu me réveiller, alors nous voilà."
Shintaro me dévisagea puis devint pâle. Il est vrai que, la seule personne étant au courant du fait que je puisse parler est Shurinosuke. Enfin, jusqu'à maintenant.
"Alice, mais c'est génial ça ! Tu peux reparler ! Shuri, tu as entendu ? Tu l'as entendue ?"
Shurinosuke lui sourit gentiment puis me regarda. Je lui rendis son regard et m'assit sur mon lit quelque peu en bataille.
"Il est vrai cependant que ta sieste nous aura retardé sur notre travail d'aujourd'hui. Venez, hâtons-nous, nous n'avons pas de temps à perdre. Je vais vous donner les directives."
Nous descendîmes deux étages en empruntant l'ascenseur central et sortîmes. Cet air frais me fit du bien, je respirai à pleins poumons. Shintaro s'assit sur un banc se trouvant dans la cour, et sortit d'une de ses poches une chemise, dans laquelle se trouvèrent plusieurs feuilles. Il en fit tomber quelques unes, les ramassa rapidement puis se rassit. Shurinosuke resta debout, et je m'assis en tailleur par terre.
"Bien, alors nous voici réunis aujourd'hui pour ta première mission d'exploration Alice. Celle-ci consistera à l'exploration d'un milieu qui ne t'est pas familier. Je parle de cette forêt, celle que tu peux apercevoir en regardant à ta gauche. Les premières missions étant importantes pour chacun de nous, je t'y accompagnerai... Les prochaines fois. Hélas, je dois me rendre auprès du commandant chef pour lequel je dois faire un rapport très détaillé. Disons qu'un pari perdu en est la raison... Quoi qu'il en soit, ne voulant pas et ne pouvant pas te laisser y aller seule, Shuri t'y accompagnera. Vous explorerez la forêt en quête de provisions pour notre académie. Eh oui, il faut bien que quelqu'un s'en charge, et aujourd'hui c'est vous. Ne rentrez pas trop tard, on ne sait jamais. Si j'arrive à me débarrasser de ma corvée assez rapidement, je vous rejoindrai, mais j'en doute, alors surtout, faites bien attention à..."
"Merci maman Shintaro, mais je pense qu'Alice et moi nous en sortirons très bien. Avons-nous la permission d'y aller, ô Mère aimée ?"
Je ris discrètement et me levai. Shurinosuke se mit à marcher et je me retournai. Shintaro m'observai, et je sentis de sa part de la frustration. Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas, puis accélérai le pas afin de rattraper Shurinosuke qui m'avait devancée.
Nous franchîmes le grand portail de l'académie qui s'apparentait à un portail princier et je sentis l'air me fouetter le visage avec beaucoup plus d'intensité qu'auparavant. J'avais un mauvais présage, mais je n'en dis rien à Shurinosuke, qui marchait silencieusement à ma droite. Nous ne dîmes rien jusqu'à ce que nous arrivions en face de ladite forêt.
"J'espère que tu es prête. C'est parti."
Je n'osai plus croiser son regard. Je sentais que les choses n'étaient plus les mêmes depuis tout à l'heure, et je ne savais plus où me mettre. J'avançai d'un pas décidé et il me suivit. Je ne sus pas exactement quelle sorte de nourriture nous devions chercher, mais je menai notre duo durant l'avancée. Plus nous avancions, plus l'ombre se faisait intense. Je ralentis le pas, quand je sentis un courant d'air me décoiffant légèrement venant de derrière. Je me retournai, regardant et scrutant au travers de l'obscurité mais ne vis rien. Shurinosuke m'interrogea du regard, mais je remuai la tête en guise de réponse. Nous dûmes faire deux pas avant d'être arrêtés dans notre quête par une silhouette qui m'était totalement inconnue.
Je regardai Shurinosuke mais celui-ci ne semblait pas me voir. Il était obnubilé par la présence de cette personne. Le connaissait-il ?
"Mais que vois-je ? Deux petits agneaux égarés en forêt ?"