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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 21/10/2011 à 09:25
» Dernière mise à jour le 10/08/2022 à 00:02

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 60 : Au coeur de l'Empire
Dès qu'ils furent rentrés dans l'église, Herts prit aussitôt une attitude servile et craintive, comme s'il avait pénétré dans le bureau de son supérieur en pétard. C'était la première fois que Mercutio rentrait dans une église vriffienne. C'était assez flippant, à la limite du gothique. Les murs étaient noirs avec des espèces d'entailles rouges sang. Sur le plafond pendaient des chaînes rouillées, comme on en utilisait dans les salles de torture. L'intérieur était sombre bien sûr, comme dans les églises en général, mais il régnait ici une atmosphère oppressante. Tout au bout se tenait une énorme statue d'argile, qui représentait un homme debout sur un tas d'os et de cadavres. L'homme était impressionnant. Il avait un physique parfait, et ses yeux, bien que gravés dans la pierre, paraissaient presque vivants. Herts s'approchait de la statue sans la regarder, comme s'il craignait de se bruler les yeux. Mercutio demanda :

- C'est qui ?

Herts se tourna vers lui avec un regard noir, comme si il trouvait sa question offensante.

- C'est le seul et unique Dieu, Asmoth, le Très Haut !

Mercutio avait déjà entendu quelque fois le nom du fameux dieu des Vriffiens, mais il n'avait jamais entendu parler de lui avant d'arriver dans cette région. Il a pas eu autant de succès qu'Arceus dans le reste du monde. Puis un dieu humain, c'est moins vendeur qu'un Pokemon cosmique avec des anneaux dorés qui aurait carrément provoqué le Big Bang.

- Asmoth hein ? C'est le genre de dieu qui...

Sans prévenir, le poing du guerrier vriffien fusa sur le visage de Mercutio. Le jeune homme fut projeté à terre, sonné, et parvint seulement à éviter l'autre coup que Herts voulait lui donner.

- Qu'est-ce qui vous prend ?! s'exclama Mercutio, en mettant la main sur la garde de son épée.

- Le nom interdit, grogna le vriffien. Vous avez osé... Misérable pécheur !

- Je ne comprends rien de ce que vous me dites, protesta Mercutio. Qu'est-ce que j'ai fait ?

- Vous avez prononcé le nom de Dieu ! rugit Herts.

- Et alors ?

- C'est interdit, maudit infidèle !

- Vous êtes malade, s'écria Mercutio. Vous l'avez bien prononcé vous !

- Moi, j'ai la foi, j'en ai le droit ! Mais vous, vous êtes un infidèle ! Vous avez souillé le nom divin avec votre langue impure ! Vous avez profané...

- OK, OK, on se calme, fit Mercutio en levant les mains. Je m'excuse, je ne savais pas.

- Prosternez-vous à terre et implorez son pardon, immédiatement !

Mercutio s'exécuta. Il avait besoin du Vriffien, même s'il devait pour ça lécher les pieds d'une foutue statue. Herts, lui, prit son épée. Mercutio le regarda, sur ses gardes, mais le Vriffien s'entailla ses propres mains, et les plaqua au pied de la statue d'Asmoth.

- Euh... puis-je vous demander ce que vous faites ? questionna prudemment Mercutio. Pour combler mes lacunes d'infidèle, cela va de soi...

- Je fais une offrande à Dieu, répondit Herts.

Il avait dit cela comme s'il venait de ne faire rien de plus naturel que de se brosser les dents.

- En échange de mon sang, le Très Haut me guidera et me protégera dans ma noble quête, expliqua le vriffien.

- Euh... je vois...

Mercutio se disait que les dieux qui exigeaient le sang de leur fidèle en offrande ne devaient pas être bien sympathiques.

- Il faut que je le fasse, moi aussi ? demanda timidement Mercutio.

- Sûrement pas ! s'exclama Herts, la mine horrifiée. Si vous offrez à Dieu votre sang infâme d'infidèle, il vous foudroiera sur place à l'instant et vous souffrirez de mille enfers pour l'éternité !

- Ah, oui, où avais-je la tête ?

Mercutio recula jusqu'à la porte, attendit plus ou moins patiemment qu'Herts ait fini de donner de son sang à la statue et de débiter ses inepties, puis ils repartirent vers Akuneton.


***


Mercutio n'était pas vraiment croyant, et cette fois plus que d'autres, il doutait sérieusement que le dieu d'Herts ait entendu ses prières de protection. Six fois qu'ils s'étaient fait arrêter en chemin par d'autres soldats vriffiens, et quatre fois qu'ils avaient dû se servir de leurs armes pour repartir. Herts semblait être une sorte de souffre-douleur pour les autres Vriffiens. À chaque fois qu'un soldat le voyait, il l'injuriait, lui crachait au visage, le traitait de pauvre pécheur et tentait de le tabasser. Tentait seulement, car à peine le soldat avait-il lancé son poing qu'il était mort sans savoir comment. Herts n'avait pas son pareil pour dégainer son épée.

Et le plus souvent, les Vriffiens qui s'amusaient à se payer sa tête remarquaient le jeune soldat inconnu à ses côtés, qui semblait ne rien savoir de la culture vriffienne. Et vu qu'il était recherché par Solaris, son visage était affiché à chaque coin de rues, avec notamment ceux du roi Antyos et du prince Octave. Enfin, pour tout dire, Mercutio serait passé plus inaperçu sans Herts à ses côtés. Pourtant, le Vriffien avait assuré Mercutio qu'il ne parviendrait jamais à parvenir jusqu'à l'Impératrice dans le palais impérial sans son aide. Pour éviter une autre dispute - car Herts refusait d'être contredit par un infidèle - Mercutio renonça à lui dire qu'il avait déjà réussi une fois.

Mais il était probable que Solaris ait fait renforcer sa sécurité maintenant. Après tout, Mercutio lui avait bien parlé des missions d'assassinats que pratiquait la Team Rocket parfois. En dépit de sa foi maladive, Herts était prêt à admettre que Solaris, qu'on prétendait messagère de Dieu, tenait ses pouvoirs d'une source autre que divine. Mercutio lui avait parlé de comment elle les avait obtenus. Herts n'avait pas vraiment été choqué ; il avait demandé si Mercutio avait un plan pour la tuer. Ne sachant rien sur les Pokemon, Mercutio lui apprit la grande faiblesse des Pokemon Dragons et Vol.

- Vous comptez attaquer l'Impératrice avec de la glace ?!

- Si sa peau est aussi résistante que celle de Dracoraure, au point que les épées ne lui fassent rien, elle doit aussi avoir les mêmes faiblesses. La glace est la seule matière, avec le pouvoir des dragons, à percer les écailles des Pokemon Dragon. Si je glace mon épée, je pourrais alors la transpercer...

Mercutio s'empêcha d'ajouter « en théorie ». Solaris avait prouvé qu'elle avait une capacité de survie bien au-delà de la normale. Qui sait quel tour elle allait lui jouer cette fois... Quand Mercutio, pour la conversation, apprit à Herts que les Elus tenaient leurs pouvoirs de la même façon que Solaris, il manqua à nouveau de se faire cogner. Si Solaris était une usurpatrice, les Elus étaient bien de nature divine, évidemment...

Mais en dehors de son agaçant fanatisme religieux et de son visage qui avait de quoi donner des cauchemars, Mercutio se surprit à penser que le Vriffien n'était pas un si mauvais bougre que ça. Il était assez ouvert, parlait facilement et riait de bon cœur. Il faisait montre aussi d'une certaine curiosité sur la civilisation et le mode de vie des gens de Kanto, bien qu'il posait ses questions avec une extrême prudence, comme si le fait seul de s'intéresser à des infidèles lui aurait valu d'être réduit en charpie par Asmoth.

Il ne manquait toutefois pas de lui signaler à chaque fois combien Mercutio et son peuple pouvaient être corrompus, maléfiques et infidèles. À tel point qu'un jour, par un temps de pluie, Mercutio avait un peu craqué. Le jeune Rocket venait d'expliquer à son allié Vriffien le fonctionnement du téléphone. Herts avait écouté patiemment jusqu'à la fin, avant de juger d'un ton catégorique que les gens de Kanto étaient totalement corrompus par le mal pour oser utiliser pareille abomination.

- C'est nous les gens maléfiques, c'est ce que vous dites ? s'énerva Mercutio. Alors que tous vos copains sont en train de saccager ma région natale, de tuer des gens innocents ?

- Ce que nous faisons est normal, riposta Herts. Cette région que vous appelez Kanto est à nous. Nous la purifions juste de sa souillure avant de nous en emparer.

- De quel droit ?

- De droit divin, infidèle. Notre dieu nous a donné cette terre. Il nous a ordonné d'y apporter la Vérité !

Mercutio secoua la tête de dépit.

- Désolé, je n'accepte pas ça. Vous ne pouvez pas justifier les crimes innommables que vous commettez par quelque chose de totalement infondé et improuvable...

- Doutez-vous de l'existence de Dieu ? demanda Herts, plus étonné qu'en colère.

- Je ne prétends pas assimiler votre religion, et je n'en ai aucune envie, répondit Mercutio. Cela étant, je respecte toutes les croyances. Si vous pensez que la vie ne vaut rien, que vous devez être tous égaux dans la souffrance, la servitude, la misère et la mort, ça vous regarde. Mais vous devez aussi accepter que d'autres que vous pensent différemment, et qu'eux aussi ont le droit de vivre leur foi comme ils l'entendent. Que diriez-vous si d'un coup, tout un pays débarquait chez vous, clamant que leur dieu leur a ordonné de tous vous exterminer ?

- Nous les exterminerions avant, tout simplement, dit Herts. La force est une des rares vérités en ce monde, Mercutio Crust. Parce que nous, Empire de Vriff, nous sommes forts, et que notre foi l'est encore plus, nous prédominons sur vous, faibles infidèles, qui pensez à tort qu'essayer de vivre dans le bonheur est la solution. C'est une ignominie ! La vie est si courte, si éphémère. La seule vérité est la mort. C'est elle qui triomphe toujours ! En vous tuant, nous vous rendons service. Nous vous délivrons d'une vie courte et portant le sceau de l'abomination pour une mort éternelle au côté de Dieu !

- Vous avez tort, rétorqua Mercutio. La vie est plus importante que la mort.

- La mort met fin à la vie.

- Mais il ne peut y avoir de mort là où il n'y a pas eu de vie.

Herts sembla réfléchir à cette phrase, puis secoua la tête.

- On n'arrivera à rien de la sorte...

- Non c'est vrai, admit Mercutio. Nos visions radicalement opposées ne nous permettent pas de nous entendre. Pourtant, je ne pense pas que vous soyez foncièrement mauvais. Vous êtes né au mauvais endroit, et vous avez eu une mauvaise éducation, c'est tout. Comme sans doute beaucoup de Vriffiens. Pourtant, on ne se laissera pas faire. On défendra nos vies et nos maisons, et au final, nous l'emporterons !

Herts haussa les épaules.

- Grand bien vous fasse. Je ne pense pas vivre jusque-là de toute façon. Laissons tomber la métaphysique et tenons-nous en à notre mission.

- Ça me va, acquiesça Mercutio.

Depuis, ils ne parlèrent plus de religion ou d'idéologie, si ce n'était qu'Herts trouvait effarant qu'il n'y ait aucun roi ou empereur dans leur pays. La démocratie était un mot que les gens d'Elebla ne connaissaient pas encore, et Mercutio n'essaya même pas de lui expliquer. Le Vriffien aurait sans doute trouvé hilarant que le chef d'un pays accède au pouvoir en raison de sa popularité auprès du peuple.

Un soir, alors qu'ils étaient assez éloignés de toutes patrouilles vriffiennes, Mercutio laissa un peu sortir son Mortali, ainsi que le Kirlia et le Pyroli de Galatea. Ce fut pour Herts la toute première fois qu'il voyait un Pokemon de près en dehors de son assiette. Il fallut un bon moment à Mercutio pour le convaincre que les Pokemon n'étaient pas des créatures du diable et qu'il ne risquait pas la damnation éternelle s'il revenait s'asseoir auprès d'eux. Le lendemain, ils arrivèrent aux portes d'Akenuton, enfin. Mercutio avait l'estomac retourné par l'appréhension. Serait-ce ici qu'il se débarrasserait une fois pour toute de Solaris. Reverrait-il sa sœur ? Ou alors périrait-il ici, à des lieux de ses amis et de son pays ?

- Ne détournez pas le regard du palais, lui dit Herts à voix basse tandis qu'ils pénétraient dans la ville. Marchez avec détermination, comme si vous aviez quelque chose de précis à faire.

Mercutio suivit ses conseils, et personne ne les interpella jusqu'aux marches du palais impérial. Herts l'amena vers une ruelle quasi-déserte à droite de l'énorme édifice.

- Comment comptez-vous agir pour arriver jusqu'à l'Impératrice ? demanda le Vriffien.

- Je pensais que vous aviez un plan, s'écria Mercutio, indigné. Vous m'avez cassé les oreilles pendant plusieurs jours en me répétant que je n'aurai aucune chance sans vous !

- Et c'est le cas. Pénétrer dans le palais est déjà difficile, même pour moi. Mais arriver seul dans les appartements royaux est simplement impossible. Comment auriez-vous procédé si vous aviez été seul ?

- Comme je fais toujours, répondit sombrement le Rocket. En improvisant.

Herts soupira d'exaspération.

- Je peux vous faire rentrer à l'intérieur, mais c'est tout.

- Savez-vous où est la chambre de Solaris ? Les gardes qui la protègent, ce genre de choses...

- Les quartiers impériaux sont tout en haut, au nord-est. Vous n'y arriverez pas sans rencontrer au moins une vingtaine de gardes avant.

- Y'a-t-il un balcon dans la chambre de Solaris ? Qu'on peut voir de dehors ?

Herts réfléchit.

- Oui, en effet. Mais vous n'espérez quand même pas escalader le palais ?!

- Non, j'ai plus rapide et plus discret. Ecoutez, je vais me téléporter en haut grâce à Kirlia. Il faut que personne ne me voie, donc pour ça, j'aurai besoin de vous.

- Qu'attendez-vous de moi ?

- Une diversion, au moment où je me téléporterai.

- Pourquoi ne pas le faire ici, où personne ne vous verra ? demanda Herts.

- Parce qu'il faut que Kirlia ait une vue directe sur l'endroit, sinon la téléportation sera imprécise et je risque de me matérialiser dans le mur. Faite le plus de boucan possible. Genre trouvez-vous un soldat que vous n'aimez pas et tuez-le. Tenez, prenez ça.

Mercutio lui tendit son pistolet. Herts recula comme s'il s'agissait d'une gigantesque araignée venimeuse.

- De la technologie ! glapit-il. Abomination !

- Oh allez, s'impatienta Mercutio. C'est la meilleure façon de faire du bruit. Utiliser une arme impie dans la cité impériale provoquera un beau remous.

- Mais vous ne comprenez pas ! protesta Herts, le visage livide. Dieu ne me méprise pas, je le sais, mais si je me souille ainsi, il aura toutes les raisons de me rejeter !

- Ne vous a-t-il pas autorisé à vous allier à un infidèle comme moi pour votre vengeance ? En quoi utiliser une de mes armes est-il plus grave ?

Très à contrecœur, Herts empoigna l'arme, qu'il tint le plus loin possible de sa vue. Mercutio lui apprit rapidement comment tirer.

- Quand je me serai téléporté et que je serai caché dans les appartements de Solaris, je renverrai Kirlia vers vous. Il vous téléportera hors de la ville, pour que vous puissiez vous cacher. On se retrouve sous le pont qu'on a traversé avant de rejoindre Akuneton.

- Et comment comptez-vous sortir du palais si vous n'avez plus votre Pokemon ni votre arme impie ?

Mercutio fit un vague geste de la main.

- Sortir est toujours plus facile qu'entrer. Je me débrouillerai.

- Et votre sœur ?

- Une fois Solaris morte, je la chercherai, si elle est là. Allons-y.

Ils revinrent vers le palais, et Herts montra à Mercutio le balcon des appartements de Solaris. Au moment où Herts s'apprêtait à s'éloigner pour provoquer la diversion, un soldat vriffien qui sortait du palais s'arrêta devant eux :

- Tiens, Herts ? Que fais-tu là, misérable rejeté de Dieu ?

Herts se tourna calmement vers le nouveau venu.

- Je rentre faire mon rapport sur la traque de l'infidèle Mercutio Crust, Dumoyons. Et je ne suis pas un rejeté de Dieu.

- Ton visage délabré prouve pourtant le contraire, riposta le nommé Dumoyons. Asmoth fait ressortir la laideur intérieure des pécheurs comme toi. Tu ne...

Soudain, sans prévenir, Herts prit le pistolet de Mercutio et tira deux fois sur Dumoyons, provoquant plusieurs cris de panique autour. Mercutio jura. Herts était censé faire diversion, oui, mais pas aussi près de lui ! Il s'éloigna en courant tandis qu'Herts avait pris pour cible un autre soldat vriffien. La foule hurlait de peur et courrait dans tous les sens. Les soldats partis pour intercepter Herts furent incapables de se diriger dans cette masse. Personne ne remarqua Mercutio qui venait d'appeler Kirlia, puis qui avait disparu dans un flash de lumière quelques secondes plus tard. Quand Mercutio rouvrit les yeux, il était sur le balcon de Solaris, en train d'observer le chaos sur la place en bas. Il se baissa rapidement pour éviter d'être vu, et rampa jusqu'au mur de la chambre.

- Vas-y Kirlia, dit-il en chuchotant. Amène Herts où on a dit !

Le petit Pokemon chantonna pour signifier son accord, et disparut dans une trainée lumineuse. Mercutio ignorait si Solaris était là ou pas. Il sortit son épée Livédia, et s'en servit comme d'un miroir pour observer l'intérieur de la chambre sans bouger. Il ne semblait y avoir personne. Mercutio se précipita à l'intérieur. Il pouvait dire que Solaris aimait son luxe. C'était censé être une chambre, mais Mercutio doutait qu'elle fut plus petite que la grande salle de banquet dans laquelle ils avaient mangé le jour du couronnement de Solaris.

De fines colonnades d'or soutenaient un plafond qui semblait être du cristal. Le lit était assez grand pour y faire rentrer facilement cinq personnes, et la partie salle de bain correspondait plus à une espèce de piscine de luxe. Il y avait une tiare posée sur une des nombreuses tables. Elle y avait tellement de diamants que la regarder faisait mal aux yeux. Mercutio songea avec amusement que rien qu'avec ça, il pourrait quitter la Team Rocket et vivre des jours heureux pour le restant de sa vie dans une maison luxueuse au bord de la mer.

Sur le mur juste en face du grand lit étaient posés trois tableaux. Le plus grand représentait un jeune garçon en qui Mercutio reconnut Lunarion, le frère disparu de Solaris. Il s'en rappelait car Solaris lui avait montré une photo de lui, qu'elle gardait toujours sous son soutien-gorge. C'était un enfant d'environ cinq ans, aux cheveux argentés et aux yeux bleus rieurs mais aussi empreints d'une intelligence et d'une profondeur inhabituelles pour un garçon de son âge. En l'observant de plus près, Mercutio lui trouva un air familier, comme s'il l'avait déjà rencontré quelque part. Ce qui était absurde, bien sûr ; ce tableau datait d'il y a près de cinquante ans...

Le portrait de droite représentait encore Lunarion, cette fois dans une tenue princière très riche et siégeant sur les genoux d'un homme qui devait être son père, l'ancien empereur Asbalkan. Le dernier enfin montrait toute la famille impériale. L'Empereur Asbalkan tenait une épaule de sa femme, que Mercutio n'avait jamais vue. La mère de Solaris partageait nombre de ses traits avec sa fille, dont sa magnifique chevelure blonde et ses yeux d'un vert surprenant. Enfin, les deux enfants du couple impérial se trouvaient au bas du portrait. Solaris, pas plus âgée que huit ou neuf ans, tenait la main de son petit frère en souriant amplement.

Mercutio se sentit bizarre en la voyant ainsi peinte, si jeune, si innocente, si aimante, et si éloignée de la personne maléfique qu'elle allait devenir. Cette vision fit revenir en lui les anciens remords qu'il éprouvait à l'idée de la tuer. Il y avait une chose sur quoi il n'avait pas encore de réponse. Est-ce que du temps où Mercutio et le reste de la X-Squad protégeaient Solaris des Dutteliens, l'ancienne princesse avait-elle joué la comédie en faisant semblant d'être gentille ? Mercutio l'avait côtoyée de près, durant leur courts moments ensemble, desquels il se souvenait avec une étrange nostalgie. Ces quelques baisers volés et passionnés, qui avaient mis tant de baume au cœur de Mercutio. Les mots tendres que Solaris lui avait dits. Tout ça... avait-il été une autre de ses manipulations ? N'était-ce que du vent ?

Ça ne l'était pas pour moi en tout cas, songea Mercutio avec tristesse.

Furieux contre lui-même, il se secoua la tête. Qu'importait le passé maintenant ? Il devait faire ce qu'il devait faire. Solaris pouvait se pointer d'un moment à l'autre, et Mercutio devait être prêt ! Il appela son Mortali, et lui ordonna de lancer Laser-Glace sur son épée. Puis il se positionna derrière la porte d'entrée qui le cacherait quand elle s'ouvrira. Il demanda aussi à Mortali de se placer sous le lit, au cas où. Et ils attendirent. Le soleil commençait à se coucher. Plus de deux heures s'étaient écoulées, et Mercutio commençait à ne plus sentir ses jambes à force de rester immobile. La glace qui recouvrait son épée était en train de fondre, et Mercutio dut demander à Mortali d'ajouter une nouvelle couche. Juste au moment où Mortali rentrait sous le lit, la porte s'ouvrit.

Mercutio serra encore plus fort la garde de Livédia pour s'empêcher de trembler. Solaris entra sans regarder en arrière, puis referma la porte, offrant son invité surprise à sa vue. Tandis qu'il abattait son épée sur sa poitrine, Mercutio pouvait lire à la fois la surprise dans les yeux violets de l'Impératrice, dont les pupilles s'étirèrent encore plus sous l'effet de la peur. L'épée de glace traversa les vêtements de Solaris, mais n'alla pas plus loin. Mercutio en fut cloué d'effroi. C'était impossible ! La peau de dragon n'était pas protégée contre la glace ! Pourquoi ?!

Solaris se reprit vite de sa surprise et recula vivement de l'épée. Mercutio appela Mortali, mais à peine sortait-il de sous le lit que Solaris l'atteignit déjà avec une de ses attaques dragons surpuissantes, qui détruisit tout le lit en même temps qu'elle mit Mortali hors de combat. Avec l'énergie du désespoir, Mercutio retenta un autre coup d'épée, cette fois à la gorge. Mais il n'en eut pas l'occasion. Une force invisible et puissante propulsa Mercutio contre le mur de la chambre, lui faisant lâcher son épée sous le choc.

- Mercutio, dit Solaris. Tu étais bien plus beau avec les cheveux longs.

- Comment... réussit à prononcer le jeune homme.

- Tu te demandes pourquoi ton attaque n'a rien donné ? Pourtant, tu as judicieusement utilisé la glace. Tu as trouvé que c'était ce que je craignais le plus ? C'est vrai, tu as raison. Normalement, ton épée aurait dû me transpercer. Et si tu m'avais visé au visage ou à la gorge la première fois, je serai sans doute morte maintenant. J'ai été trop négligente, je dois l'avouer. J'aurai dû me protéger totalement.

Comme explication, elle arracha une partie de sa tenue noire, montrant ce qu'il y avait en dessous. Sur toute la surface de sa peau se trouvait un liquide bleu coagulé, qui bougeait faiblement, comme de la gelée.

- Publo... fit Mercutio.

Il avait totalement oublié la chose gluante qui servait d'animal de compagnie et de protection à Solaris.

- Oui, répondit-elle. Publo ne me sert pas à me protéger des épées, des flèches ou des balles. Ma peau de type dragon y arrive toute seule. Publo a été créé spécialement pour moi par les Elus, pour me protéger de mon unique et seul point faible. Il est fait pour repousser la glace sous toutes ses formes. Pensais-tu que je n'avais pas conscience qu'un de mes ennemis, surtout un dresseur comme toi, pourrait trouver ma faiblesse et l'exploiter ?

Mercutio se sentit très bête d'un coup. Bien sûr que Solaris connaissait sa propre faiblesse, et bien sûr qu'elle avait eu le temps pendant toutes ses années de vie d'y remédier. Voilà qu'il était dans la mouise, d'un coup. Bon, après tout, c'était une habitude pour lui.

- Où est Galatea ? demanda Mercutio.

Un soupçon de colère passa sur le beau visage de Solaris.

- Avec le Seigneur Vriffus. Tu veux la voir ?

- J'aimerai oui, avoua Mercutio. Si tu comptes me tuer, je voudrais bien revoir ma sœur une dernière fois avant.

Solaris eut un sourire amusé.

- Parce que je t'aime bien, je vais réaliser ton souhait. Allons voir le Seigneur Vriffus. Il a sans doute hâte de te rencontrer. Et ne crains rien, je doute être celle qui te tuera. Tu auras bien plus à craindre de la part du Seigneur Souverain et même de ta chère sœur...