Chapitre 3 : Dévastation factrice
_____Les cinq heures matinales sonnaient. L'inspecteur tapa légèrement la face supérieure de son réveil pour arrêter le frémissement strident qui en sortait. Il bâilla quelques secondes, regardant l'heure une deuxième fois, puis se leva d'une mine assez fatiguée, tel une personne n'ayant pas encore dormi.
_Comme à son habitude, il sortit de sa demeure et se dirigea à quelques mètres de chez lui, où se trouvait un petit préau, abritant les différents Pokémon volants. Les Roucoups, Déflaisan ou encore Libégon exerçaient là leur travail de « Transporteurs Express », qui servaient aux Volucitéens de transports assez rapides pour une modique somme de vingt pokédollars.
_Le Kecléon demanda à l'un d'entre eux lequel était apte à l'emmener au quartier où se trouvait l'imposant bâtiment, et il fût redirigé vers un somptueux Roucarnage, dont la chevelure faite de rouge et de jaune clair flottait de mouvements célestes, et brillait aux rayons du soleil.
_— __Où dois-je vous emmener, demanda poliment le taxi volant ?
_— __À la résidence policière qui se trouve dans la Grande Rue, que vous connaissez sans doute.
_— __Cela vous coûtera donc vingt pokédollars, étant donné que votre destination ne se trouve pas en dehors de Volucité.
_Après lui avoir donné l'argent nécessaire, l'oiseau lui fit signe de monter sur son dos, ce qu'il réalisa de suite. Le Kecléon était tellement léger que son véhicule ambulant n'éprouva aucun mal à le soutenir, ne serait-ce qu'un petit vacillement. Il se souleva peu à peu, laissant l'agglomération Volucitéenne se minimiser à leurs yeux, du fait de l'altitude qu'ils étaient en train d'acquérir.
_Sans prévenir, le Roucarnage piqua à toute vitesse vers la destination choisie, son client se cramponnant à lui comme il le pouvait.
~ * ~
_Après de multiples mouvements aériens très bien menés, ils arrivèrent au lieu souhaité, un immense immeuble, où le vitrage était tellement miroité que l'on ne pouvait même pas apercevoir d'en dehors l'intérieur des pièces.
_— __Vous voilà arrivé, bonne journée à vous, déclara la bête aillée, d'un ton pressé.
_D'un battement d'ailes brusque, il repartit aussitôt, laissant Kecléon seul à l'entrée de ce bâtiment dominant.
_Il se dirigea vers les deux portes vitrées qui permettaient d'accéder au rez-de-chaussée. Il introduisit sa carte policière dans une fente du mur, ce qui laissa s'échapper un léger cliquetis, et à la suite de cela, les deux battants s'ouvrirent.
_À ce moment là, quelqu'un vint immédiatement à sa rencontre :
_— __Ah, Kecléon ! Comment vas-tu aujourd'hui ?
_Kirlia se tenait devant son collègue, toujours aussi ravissante.
_— __Très bien merci. Allons au bureau, nous serons un peu plus tranquilles.
_Il répondit en laissant divulguer un petit rougissement éphémère, ce qu'elle ne remarqua pas : elle pensait juste à l'affaire en cours. Ils entamèrent leur marche pour accéder à la pièce de travail, à un rythme saccadé par plusieurs questions quotidiennes.
_Arrivés, le propriétaire de la salle dite ouvrit la porte avec la même carte que celle utilisée pour l'ouverture de l'entrée. À la grande surprise des deux compagnons, la pièce était complètement dévastée, les outils de travail s'étalaient partout dans la pièce, tous les dossiers et fiches n'étaient maintenant plus que feuilles volantes ; on aurait dit une chambre d'adolescent. Le bureau était à présent propre, du fait que tout ce qui était posé dessus se trouvait maintenant au sol : juste une enveloppe trônait sur le meuble.
_— __Kirlia, ça recommence, encore cette fichue enveloppe... Mais de là à oser l'amener ici, dans mon bureau... Un scandale ! Va demander si quelqu'un a vu un individu entrer ici. Je me charge de mettre de l'ordre dans tout ça.
_Le commissaire était furieux. Il avança éperdument vers le milieu de la salle, ramassant au passage les différents objets et dossiers qui se trouvaient à terre. Il regarda plus précisément la lettre qui était déposée : Anonyme.
_Il la déchiqueta, comme la première, et la lut :
_— __ « J'espère ne pas avoir créé de multiples dégâts dans la pièce, il fallait bien que tu la lises.
Pourquoi j'ai fait ça ? Mais tu comprendras bientôt.
Avec Colère, tu le découvriras, et de ses membres ailés ensanglantés, tu t'interrogeras... »
_— __Kirlia ! Vite !
_Il se précipita vers la sortie, en appelant sa partenaire de travail sans cesser. Voyant que la situation était assez grave et que le teint du commissaire était assez aggravé, elle se téléporta directement vers lui :
_— __Oui ? Qu'est-ce que la lettre t'a révélé ?
_— __Lis ça !
_Le Kecléon donna la lettre à sa collègue, qui la prit délicatement. Sérieuse, elle la lut sans émettre le moindre son. Après sa lecture attentive, elle s'exclama :
_— __Deux lettres en trois jours ! C'est un peu forcé... Mais que veut dire sa dernière phrase ?
_— __Je n'en sais rien du tout, répondit le chef de sa section.
_A l'instant même où les mots sortirent de sa bouche, le grand Simiabraz ouvrit la porte dans un fracas sans pareil. Il était comme inquiet, triste, dépité.
_Suite à une longue expiration, comme s'il avait réalisé un marathon d'une centaine de kilomètres, il vociféra :
_— __Venez voir !
_Les deux employés de la Police, intrigués par l'étrange attitude de leur chef qui ne disait pas un mot, le suivirent à grands pas. Ils descendirent les marches carrelées, essayant vainement de rattraper le Pokémon magmatique qui était déjà loin devant eux, courant à une vitesse fulgurante. Ils arrivèrent à la sortie, où les deux portes de verre s'ouvrirent, laissant apparaître un amas de personnes, tel un immense cercle humain.
_Le monstre de feu se fraya un passage dans la foule, Kirlia et Kecléon faisant de même. Petit à petit, une silhouette pouvait se distinguer, se mêlant aux diverses têtes et autres bras qui s'agitaient en tout sens.
_Arrivés au centre de l'émeute, ils découvrirent un monstre d'un jaune orangé plutôt blafard étalé sur le sol, ses ailes étant rouges de sang. Ce liquide bordeaux dégoulinait sur tout le corps inerte du Dracolosse, le couvrant presque entièrement.
_— __Voilà notre postier... Il va trop loin, maintenant. De là à s'attaquer à notre cher Dracolosse, soupira Simiabraz, affligé.
_Une odeur macabre s'exhalait du corps de l'ancien postier. Les différents policiers faisaient signe aux passants et aux curieux de s'éloigner le plus rapidement de ce qui attirait tous les regards.
_Précipitamment, la Pokémon psy se rua sur leur grand patron pour lui demander, effarée :
_— __Non, pas lui... Quand cela c'est-il produit ? Il y a eu des témoins ?
_— __Ce qui est étrange, c'est que personne ne l'a vu, alors qu'ici, beaucoup de monde sillonne les rues, hasarda-t-il.
_L'inspecteur Kecleon, ne les écoutant presque pas, examinait le cadavre du dragon, en prenant le soin de bien tout regarder. Il tournait autour, toujours en analysant la scène, puis inversait quelques fois brusquement sa direction, comme s'il avait vu un détail important, ce qui n'était malheureusement qu'un leurre.
_Quatre minutes venaient de s'écouler, pendant lesquelles il n'avait pas quitté des yeux son objet d'étude une seule seconde.
_Soudain, il les leva, puis s'écria d'un air mesquin :
_— __Je connais maintenant beaucoup d'informations sur notre cher coupable...