Chapitre 1 : Fugue
Ce jour-là je fêtais les un ans du massacre et de mon insertion en service psychiatrique. Un an et tout restait intact, sauf mon corps qui avait changé. Mon visage était devenu cadavérique, celui d'une femme qui n'a plus rien à perdre. Tel demeurait mon état d'esprit inflexible.
Au fond je souhaitais la mort de ce Sion comme ils disaient aux médias. Et je bouillonnais d'envie de m'échapper de cet asile. Seule lucide ici je repoussai qui que se soit. Très vite tout le monde mon besoin de solitude, dans leur regard je déclenchai la pitié. Pour la supprimer j'avais tabassé une malade mentale, dans leur regard maintenant je déclenchai le ressentiment. J'en jouissais même.
Durant le dernier mois écoulé mon objectif avait été de m'évader de ce lieu. Pour cela j'avais subtilisé un scalpel dans l'infirmerie que j'avais trouvé au fond d'un placard poussiéreux, ensuite le pass, simple carte électrique qui ouvrait toutes les portes.
Ce petit matériel je l'avais entreposé sous mon matelas.
Ce jour-là je les portais sur moi, et armée d'une bonne part de courage.
Puis par une porte que j'ouvris avec le pass, j'avais bien entendu vérifié que personne n'était dans le couloir, je tournai la page du repos. Ainsi que les autres pages, je n'avais plus le choix. Mon repos serait quand je me serai vengé.
Une fois dehors un vent me souffla dessus ranimant d'anciens sentiments oubliés. Une larme naquit et fut aussitôt essuyée avec rage. Je n'étais plus la Sandra faible d'autrefois.
Un bruit résonna vague bruit que je reconnus, il me fit sourire, je partis d'une traite vers la ville, des immeubles à l'horizon et un chemin de terre y menant. Je ne devrai pas me tromper, normalement.
Par logique je me mis à marcher sur le bord du côté de la broussaille de la végétation dense. Ce simple réflexe me coûta car des voitures partirent en direction de ma destination. Normalement la police devait être au courant et devait attendre que je vienne en ville pour me cueillir. Ils faisaient ainsi pour tous, mais moi…
Je marchai de côté quand j'entendis enfin, ce vrombissement de voiture qui approchait. Je l'attendais depuis ma décision. Un frisson me parcourut l'échine tant j'angoissais, mais il fallait bien commencer. Tout a un début.
Alors qu'elle approchait je me jetai vers elle et la ratai, ce qui était prévu, toutefois ma cible s'arrêta difficilement, sur la terre battue.
Deux infirmiers sortirent précipitamment en alerte et choqués.
Tous deux ne comprirent pas quand eut droit au scalpel planté dans la carotide et l'autre je le tenais fermement plaqué contre le sol, il essayait d'atteindre ses pokeballs à sa ceinture.
- Mais… Enfin… Balbutia-t-il avant que je l'assomme en lui coupant le souffle.
Je le jetai par terre et lui donna un coup au sternum. Son comparse, lui, bien mort baigné dans son propre sang avec cette expression bien choquée. Et bien évidemment je sortis les deux hommes de la route à dessein de les enfoncer dans la forêt. Par la même occasion j'arrachai un peu d'herbes pour les cacher et les confondre.
Je revins sur la route pour prendre la voiture, une citadine basique blanche avec le strict minimum pour être bien. Radio, régulateur de vitesse, G.P.S., tableau de bord électronique tactile. Que de beaux accessoires qui ont dus coûter bien chers.
Au départ j'eus un peu de mal à la conduire, car la route était cahoteuse puis très vite je pris quelques vieux réflexes et me sentis bien dedans. Je n'avais plus aucune difficulté. À un moment où j'avais failli m'enfoncer dans un arbre j'avais freiné au maximum pour m'arrêter pile poile devant encore sur la route battue. Derrière j'avais entendu des pokéballs roulées alors je souris et attrapées les deux objets circulaires blanc et rouges. Il y avait même aussi une tenue de civile ! Décidément j'avais vraiment de la chance. Je me dévêtis de la chemise blanche et le pantalon, avec répugnance je vis mon propre corps trop chétif et plus de traits féminins attirants, j'enfilais alors un jean noir basique sans effet de style et un maillot de corps rouge. C'était toujours ça pour me mêler parmi la foule.
Puis je repris la route en faisant en reculant puis me mettant droit. Alors les prémices de la ville apparurent. Des hameaux çà et là ainsi qu'une route en goudron, surtout il y avait ce panneau qui indiquait la ville où j'étais. Safrania. En la voyant j'eus une peur soudaine, il y avait tant de gratte-ciels et il y avait des rues bondées de monde ! Il ne valait pas mieux que je les approche sinon…
Je n'étais même pas dans le centre-ville que des gens se retournaient étonnés, il est vrai que les villes étaient plus piétonnes que véhicules. Mais aussi seuls les riches et fonctionnaires se permettaient ce luxe. Car c'en était un, sinon certaines personnes achetaient une moto, comme les policiers.
Le peu de policiers que je vis me suivirent des yeux quand je passai cherchant la sortie de ce dédale peuplé. Je vis des gens assis sur des escaliers vêtus pauvrement leur visage tendu, certains me lancèrent des pierres en proférant des injures, d'autres détalèrent pour rentrer dans ces grands immeubles. Souvent dans les informations il y avait cet arrière plan et les gens parlaient d'insécurité ou d'économe souterraine, je n'eus pas peur mais restée méfiante. Et là ce fut le drame quand je fus consciente d'une chose : je m'étais perdue, il n'y avait aucun panneau et on ne voyait rien à part ces immeubles dressés.
Je me mis à paniquer accélérant ma vitesse mais voyant toujours ce regroupement de jeunes criards.
Le danger se montra quand je finis bloquée en sandwich par deux groupes, un à l'arrière l'autre devant. Cette fois-ci je crus bien que c'était la fin de tout. Pourtant, pourtant un homme âgé descendit les escaliers d'un sourire rayonnant. Coupe de cheveux impeccable, bien rasé, vêtu d'un costard neuf sans pliure.
Il leur parla et tous se dispersèrent très vite.
Je fus tentée d'appuyer sur l'accélérateur, toutefois l'homme ne semblait pas n'importe qui avec ses airs. Et il m'intriguait aussi.
Il entra dans la voiture d'une traite sans rien demander, il semblait sourire à tout.
- Bonjour mademoiselle. Vous vous nommez bien… Sandra ? ( Sans que je puisse répondre il enchaîna : ) Oui, vous avez toujours cette tête que l'on passe en ce moment à la télévision, bien que vous n'ayez pas les mêmes habits. Tout le monde est à votre recherche suite à votre fuite ? Vous savez pourquoi ? Et bien c'est parce que vous auriez des pulsions meurtrières à cause de ce que vous avez vécu, il y a quelques années ? Vous vous rappelez ? Mais, nous, la Team Rocket nous ne sommes pas de cet avis, nous sommes contre votre enfermement. Je pense que le Boss aimerait vous parler concernant votre futur au sein de cette Team, il ajouta à sa tirade d'un clin d'œil : il a une dent contre lui…
- C'est d'accord, mais si ça me plaît pas je m'en vais quand je veux.
- Comme vous voulez. Je vais mettre là où est la cache du Boss sur le G.P.S., comme ça il vous guidera.
- Comment vous nommez-vous ? Et pourquoi s'intéresser à moi ?
- Appelez-moi Admin et le Boss saura répondre à votre deuxième question.
Je trouvais ça bizarre quand même qu'un grand groupe de voleurs s'intéressent à moi, surtout après quelques minutes après être sortie.
Après qu'il ait fait la configuration, je me mis à suivre le instructions dictées par cette voix féminine lointaine. D'après ce qui était indiqué il y avait du chemin à parcourir, surtout qu'on se dirigeait vers Celadopole Centre. Une ville pour les riches et les activités étaient réservés à cette classe.
À un moment donné du voyage son téléphone sonna, brisant le silence instauré.
- Allô… D'accord il faut accélérer au plus vite… On approche de la sortie à Safrania, ce n'est pas encore bouclé ?... Parfait. Au revoir ( il raccrocha ). Les deux cadavres ont été retrouvés tués par vous, la police a retrouvé vos empreintes ; elle a signalé la voiture et va boucler tout Safrania. Vous n'êtes pas passée inaperçue en ville. Accélérez pour votre survie.
Sans hésiter j'appuyai sur l'accélérateur à fond et le véhicule fit un bond en avant.
En passant je vis toutes les têtes se retourner à mon passage, des gens durent se jeter sur le bas-côté craignant de se faire écraser. Soudainement dans la ville en arrière retentirent les sirènes de la police, je jetai un dernier coup d'œil dans le rétroviseur. Ils étaient vraiment loin.
Nous sortîmes enfin de la ville.
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- Chéri, c'est pour toi, m'appela ma femme.
- Qui c'est ? Chuchotai-je en prenant le combiné.
- Un ancien collègue à toi.
- Allô… Ah ! Joe Taxi comment allez-vous ? Quelle bonne surprise de vous entendre… Non, pourquoi ? Que se passe-t-il ? Vous me semblez paniqué… Bien sûr du jour où le Vétéran a tué les professeurs et il n'est resté vivant que cette pauvre femme devenue folle, elle a été même internée… Donc elle s'est évadée et j'imagine qu'elle cherche à se venger… Oui, je lui dirai.
Je raccrochai et regardai Liarevasurb qui m'observait de ses yeux anxieux se rongeant le pouce, elle avait deviné pratiquement tout et cela la tracassait.
- Qu'est-ce qui se passe ? Il y a un nouveau Sion qui a repris le flambeau du Sion ?
- Cette Secte n'existe plus puisque le dernier maître n'a pas transmis son savoir et les documents ont été déclarés Secret d'État. Non, c'est une de ses victimes qui réclame une certaine justice.
- Mais ça ne te concerne plus, Pierre, ses histoires, les truands et tout ce milieu ne te concernent plus. Tu m'as promis, geignit-elle en faisant la moue.
Je lui souris tendrement. Qu'est-ce qu'elle pouvait être belle avec ses cheveux noisettes, son teint de peau toujours pâle, ses yeux bleus azurs emplis d'amour, son nez fin et ses lèvres aux proportions idéales. Sa façon de s'habiller toujours classe que j'appréciais tant. Surtout sa bonne humeur qu'elle me donnait sans cesse à moi un homme qui avait été froid toute sa vie.
- La seule chose que j'ai à faire est d'aller voir le Vétéran et l'avertir du danger.
Elle me regarda sceptique et ajouta :
- Fais attention, chéri.
- Ne t'inquiète pas.
Je lui déposai un bisou et partis vers la sortie.
- Achète le pain et le journal en passant par le bourg, s'il te plait.
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J'arrivais devant la belle maison blanche et bleue bien entretenue avec une boîte aux lettres au nom de M. Sion. Le gazon était bien tondu, sur le côté était de la lavande dégageant une bonne odeur. Il y avait aussi des rosiers avec leurs pétales rouges sang sur lesquels était penché un homme pourvu d'un tablier et des gants. Avec son pokémon Insécateur il coupait des branches et les mettait de côté.
Je reconnaissais mal l'ancien tueur à gage recherché par tous les services de renseignement et la police ; c'était derrière lui que j'avais couru au péril de ma vie pendant plusieurs mois. Finalement un jour nous l'eûmes avec Joe Taxi et il participa à une opération qui lui permis de faire comprendre son envie de se poser. Après la longue opération la justice lui offrit une nouvelle vie, toutefois sous ma garde et sur cette île. Depuis il disparut en tant que légende surnommé l'Assassin aux Mille Meurtres.
- Tu comptes rester planter là pendant combien de temps encore ? Me réveilla-t-il d'un ton bourru. Mon ami comment vas-tu ?
- Sa va tranquillement. Tu dois connaître le même ennui lorsqu'on a plus rien à faire. Elles sont très belles.
- Merci, si tu veux prends en pour ta femme, t'as qu'à demander à Insécateur. Je dois reconnaître que ne plus être en cavale me manque en plus je ne saurais même plus tuer ! Je pense que mes pokémons ne voudraient plus le faire.
- Je le fusillai du regard, mais au fond je savais qu'il rigolait il me taquinait ainsi souvent.
- Si tu peux me faire un beau bouquet Insécateur aucun problème. Et arrête avec ça, nous avons réussi à te faire oublier de pas mal de personnes qui t'en voulaient. Si tu recommençais je pense que l'État te tuerait.
- Déjà à l'époque on voulait me tuer car vous ne saviez pas comment m'arrêter. Va poser le pain et le journal sur la table là-bas.
Je le fis et pris la liberté de m'asseoir sur une chaise en plastique face à la mer écoutant son chant mélancolique. Le bout de terrain offert par la justice comprenait aussi une petiote plage avec un sable blanc et la mer non-polluée était azur. En plein milieu de la plage était une tombe qui contenait Tortank mort par maladie il y a quelques années, son plus fidèle pokémon.
Il passa devant moi tenant le bouquet de roses très beau coupé par Insécateur qui se dorait au soleil. Le Vétéran partit à l'intérieur et mit du papier pour que je le transporte mieux, ensuite il le déposa juste en face de moi et s'assit pour souffler.
- Quel bon vent t'amène ? Je me doute que ce n'est pas une visite de courtoisie, sinon ta femme serait là. D'ailleurs elle va bien ?
- Oui, très bien même. M. Taxi m'a contacté tout à l'heure. Tu te rappelles de quand tu avais lâché Voltali sur des gens à Bourg-Palette et qu'il était devenu fou ?
Une expression de tristesse passa fugacement.
- J'y repense que trop souvent. Pourquoi ?
- Une personne en était sortie survivante, celle-ci avait tué Voltali. Elle était devenue folle avec tout ce qu'elle avait vu. Récemment cette victime a fugué de son centre psychiatrique et a tué déjà deux personnes.
- C'est bon j'ai compris le reste. La vengeance c'est ça qu'elle cherche ?
- Sûrement et elle a ses raisons, non ?
- Tu veux que je te dise quoi ? S'énerva le Vétéran son corps soudainement crispé. Excuse-moi d'avoir tué toutes ces personnes pour de l'argent et par passion du métier. La page est tournée maintenant et le monde a changé. Seuls les Teams sont maintenant restées, pis la Team Aqua a réussi son coups d'État à Hoenn !