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Feuilles volantes, c'est l'automne. de Elysabeth



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Informations

» Auteur : Elysabeth - Voir le profil
» Créé le 02/10/2011 à 06:15
» Dernière mise à jour le 02/10/2011 à 06:15

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Quand tu riais...
Feuilles volantes, c'est l'automne. Quel jour nous sommes, je ne sais pas. Je ne l'ai jamais su. Je sais juste que c'est l'automne, et que les gens viennent me voir.
Et toi t'adressais-tu vraiment à moi ?
Je ne pense pas…


Te souviens-tu de tout ce temps que nous avons passé ensemble ?
J'ai aimé ces vacances, j'ai aimé le temps vécu avec toi, je t'ai aimée. Tu étais gentille et souriante. Et je t'aimais juste comme ça. Ta bonne humeur, ta joie de vivre, c'était toi. Jamais je ne t'aurais imaginée autrement.

Nous jouions à la balle. Tu avais un Korillon. Et je me souviens que ton rire ressemblait aux clochettes de ton pokemon. Il faisait chaud, et après avoir joué et ris si longtemps, nous voulions des glaces. Tu prenais toujours le même parfum, citron. Je mettais tellement de temps à choisir que tu te moquais de moi. Tu secouais ta tête et tes cheveux blonds volaient derrière toi. Finalement, tu choisissais pour moi. J'étais heureux et c'était tout. Et toi, tu riais, de ton rire de clochettes.

La fois où nous sommes allés à la plage, tu étais si belle. Le soleil se reflétait sur tes boucles dorées, et ton visage s'illuminait lorsqu'un poisson passait. J'avais trouvé des coquillages, je te les ai tous donnés, mais tu ne voulais pas que tous mes efforts finissent dans ta chambre exposés sans rien faire. Tu as couru pour aller chercher des pelles et des seaux. Tu as sorti ton Korillon, et nous avons fait un château de sable. Nous l'avions presque fini lorsque tu as trébuché et que tu es tombée sur le château. Alors que certains aurait pleuré, ou crié ou peut-être autre chose encore, toi tu riais, de ton rire de clochette.

Il y avait également le cerf-volant. Je pense que c'était la plus belle chose que tu faisais. Le cerf-volant fendait les airs tel un oiseau. Un véritable arc-en-ciel volant. Tu avais l'air si concentré lorsque les poignées de ce bout de tissu étaient dans tes mains. Tes yeux bleus brillaient encore plus qu'habituellement. Même les étoiles n'étaient pas aussi lumineuses. Tu le magnais tellement bien que tu dessinais des formes dans le ciel. L'alphabet des muets. Je voyais des lettres, des mots, des phrases éphémères, et qui paraissaient bien plus vivants que n'importe quel texte. Et lorsque je t'expliquais ça, tu disais que c'était sûrement vrai, et tu riais, de ton rire de clochettes.

Puis un jour tu m'as dit la plus belle chose de ma vie. Tu emménageais ici. Dans ce village du bout du monde, à peine connu, qui n'avait pour seule attraction qu'un petit temple dans une forêt qui n'était même pas assez grande pour s'y perdre.
Nous avons grandi, je t'ai aimé encore plus chaque jour. Nous nous voyions toute la semaine, mais lorsque que je n'étais pas avec toi, tu me manquais. Je rêvais de toi, je pensais à toi. Toute ma vie ne tournait qu'autour de toi. T'en étais-tu rendu compte ? Peut-être. Mais tu ne le montrais pas alors. Tu riais juste, de ton rire de clochettes.

Tous les ans, un bal avait lieu à côté du temple. Je n'y allais jamais, je n'avais jamais de cavalière. Mais ce n'était pas parce que personne ne voulait de moi. C'était parce que je n'aimais pas danser. Alors je disais non à toute proposition.
Mais tu m'appris à danser, et tu m'invitas. Je me suis beaucoup amusé ce bal. Et tu riais, de ton rire de clochettes.

Ce fut ton anniversaire. Je ne savais vraiment pas quoi t'offrir. J'ai cherché, et je n'ai pas trouvé. Boucles d'oreilles ? Tu n'avais pas les oreilles percées. Colliers ou bracelets ? Je ne savais pas ce que tu aimais.
Puis par un heureux hasard, par un temps pluvieux, je passais devant cette vieille boutique. Il y avait ton cerf-volant. Une réplique parfaite de notre enfance. Nous étions bien trop vieux pour y jouer maintenant, mais je l'ai pris.
Tu as ouvert le paquet, et tes yeux se sont illuminés. Et tu riais, de ton rire de clochettes.

Ce soir là, je t'ai aimé plus que tout autre jour. Tes lèvres étaient si douces, ta peau était si belle. Je sentais les feuilles des arbres sous moi. Tu étais chaude, tu étais tout ce que j'aimais en toi. Je t'ai dis que je t'aimais plus que tout au monde. Tu m'as dit qu'une vie était bien futile à aimer. Peut-être avais-tu raison, mais il était bien trop tard. Et toi, tu riais de ton rire de clochettes.

Nous avons revu le marchand de glace de notre enfance. Il allait partir à la retraite, et avait décidé de faire une tournée une dernière fois. Il nous a tout de suite reconnu. Moi le petit garçon indécis, et toi la joueuse de cerf-volant. Et une dernière fois, chez ce marchand elle prit citron, et une dernière fois elle choisit pour moi.
J'en avais partout, et toi aussi. Nous étions redevenus enfants l'espace de cette glace. Tu te levas pour aller chercher des serviettes. Tu as couru, tu t'es retourné, tu m'as crié que tu revenais. Tu as glissé, tes cheveux ont volés, tu es tombée, et tu riais de ton rire de clochettes…


Finalement, tu n'es jamais revenue.

Les cloches sonnent, c'est fini.
Et dans ces cloches si funestes, j'entends pour toi, son rire de clochettes…