Chapitre 1 : Une lettre mystérieuse
_— __Allez ! Embarquez-le à la prison d'Entrelasque et le plus vite possible !
_L'inspecteur Kécleon se tenait là et s'adressait très clairement à ses deux sous-fifres, une paire de Mackogneur imposants, ceux-ci emmenaient le coupable à son nouveau logis grillagé. Il était plutôt fier d'avoir résolu son affaire qui contenait beaucoup d'ambiguïtés : il allait enfin être en vacances.
_D'ailleurs, sa destination était la majestueuse ville d'Algatia, une magnifique île bordée par la mer et où le soleil brillait en toute sa splendeur, à Hoenn. Il avait commandé et payé ce voyage à l'avance, au prix d'environ vingt mille pokédollars, pour être sûr d'en profiter au maximum avec son fils, un Sablaireau, qui, bien qu'ayant atteint sa majorité, aimait passer de bons moments avec son père.
_Depuis que sa mère était décédée, il vivait en couple avec une Lainergie qui, malgré leur type, s'entendaient merveilleusement bien.
_Cette affaire résolue, traitant du meurtre d'un Négapi, lui avait donné du fil à retordre, mais il a finalement trouvé l'assassin qui n'était autre qu'un Noctali, un ancien ami à lui qui lui en avait voulu pour une affaire d'amour. L'amour est meurtrier, comme il le disait si bien.
_Le chef de la police de Volucité était affalé sur son siège, subissant son dernier jour tel une personne en attente d'être guillotinée, regardant toutes les minutes son motif en zigzag bordeaux de son corps. Son vert devenait quelque peu rougeâtre du fait de la chaleur imminente qui se tenait dans la pièce, qui était insupportable. Mais lui, il n'en tenait aucunement compte, il pensait juste aux agréables nuitées qu'il allait passer à « l'Hôtel de la Rive » de sa destination favorite.
_Soudain, ses songes furent dispersés par un bruit sourd venant de la porte de marbre :
_— __Entrez, je vous prie, lâcha le commissaire encore tout abasourdi de cette arrivée opportuniste.
_La poignée s'enclencha, et la personne qui demandait à pénétrer dans le bureau du Kécleon fit son apparition.
_C'était un Dracolosse assez robuste, qui portait un sac brun en bandoulière, dont on pouvait apercevoir certaines enveloppes blanches, quelques unes ayant des motifs assez colorés, qui dépassaient de celui-ci. C'était le postier de la ville, livrant très rapidement le courrier grâce à son exceptionnel maîtrise de Vitesse Extrême, et la plupart des résidents le connaissait, autant professionnellement que intimement :
_— __C'est pour votre courrier, monsieur Kécleon. Le voici, comme d'habitude, à 14 heures et demi !
_Le dragon ailé, qui parlait d'un ton très calme, bien qu'enjoué, déposa délicatement les quelques lettres sur le bureau du commissaire.
_Celui-ci le remercia d'un léger vacillement de la tête, et comme à son habitude, le facteur repartit aussitôt, laissant son client regarder attentivement son courrier. Il le feuilleta et ne trouva pas de choses intéressantes, il y avait surtout des prospectus : « Marché Grodoudou », « Toujours, toujours là pour moi. Merci Ceribou ! » ou encore « Lundi aura lieu sur la Grande Place un concert gratuit d'un groupe connu ! ».
_Mais lorsque il s'apprêta à jeter ses papiers sans importances, une enveloppe, qui s'était sûrement glissée à l'intérieur d'une publicité, tomba à terre.
_Le Pokémon de type changeant la ramassa, et regarda qui en était l'envoyeur : « Anonyme ». Cela attira sa curiosité. Il la saisit à sa base et déchira lentement l'ouverture pour enfin accéder à son contenu.
_Il en sortit un papier blanchâtre plié en quatre, et l'ouvrit :
Bourrasque des vents,
Cyclone de feuilles,
De son allure enténébrée,
Il mourra ce soir.
_Il se rassit sur sa chaise bureautique et lut plus attentivement ce texte, écrit à la main avec de belles lettres calligraphiées, intrigué par ces quelques mots.
_Qu'est-ce que cela voulait bien dire ? Et surtout, qui, soi-disant, mourra ce soir ? Cette lettre envahit son esprit de questions, laissant à part ses songes agréables. Comme il disait : « La vie des personnes passe avant tout ! ». Il espérait juste que cela ne soit pas un début d'une affaire policière, sous peine d'abandon de sa destination paradisiaque.
_Soudain, il courut en direction de sa propre porte, qu'il ouvrit comme un voleur, et regarda de fond en comble le long couloir, puis il vociféra :
_— __Dracolosse ! Non, pas toi, le facteur ! Viens voir s'il te plaît.
_Tout le personnel se retourna, pour examiner qui demeurait l'auteur de ce brouhaha vocal. Plusieurs employés étaient toujours en train de travailler, comme par exemple un Flobio qui se trouvait à l'entrée de la salle des affaires classées.
_Celui qui était concerné par l'appel vint de suite dans le bureau du policier, dont ses murs étaient teintés d'un bleu virant presque au turquoise et dont son centre était meublé d'un magnifique bureau de couleur sombre, caché par une pile de papiers, empilés correctement et classés comme il le fallait, près à être délaissés en ces moment de vacances :
_— __Est-ce que je pourrais savoir qui t'as donné cette lettre à poster ?
_En posant sa question assez sèchement, d'un air affolé, il lui montra ladite lettre en la pointant du doigt, dont on voyait maintenant la déchirure du haut de celle-ci causée par son ouverture, faisant allusion à des vaguelettes de papier.
_— __Je suis désolé mais c'est mes frères qui s'occupent de récupérer le courrier des autres Pokémon de la ville. Mon travail est juste de le distribuer, c'est tout. Pourquoi ?
_Sa réponse déçu aussitôt le récepteur du courrier, qui fit grise mine. Il continua à penser à ses quatre petites phrases qu'il avait reçu, essayant de savoir ce qui se cachait derrière celles-ci. C'était surtout le verbe « mourir » qui l'apeurait.
_— __Ce n'est pas grave. Cette lettre est étrange et est anonyme, voilà la raison de ma question. Tu peux continuer ta distribution, merci quand même, déclara-t-il d'un ton désespéré.
_Le Pokémon marin repartit, franchissant pour la énième fois le seuil de la porte de cette pièce.
_L'inspecteur regarda sa montre : il était déjà 15 heures. Plus que quelques heures et il allait être libre. Algatia, le rêve, son fils. Cependant, ce qu'il venait de se passer le tracassait. Mais tout compte fait, peut-être que ce n'était qu'une provocation et que cela n'avait aucune importance, peut-être était-ce tout à fait banal.
_Il se remit à ses occupations de dernier jour, c'est à dire souhaiter deux bonnes semaines à ceux qui allaient partir, classer un peu les dossier... Il attendait impatiemment 18 heures sonnantes.
~ * ~
_Il faisait nuit, l'astre nocturne dominait le ciel étoilé, qui était bleuté mélancoliquement. La ville de Volucité était d'un silence improbable, et plus aucune personne ne se trouvait dans ses différentes rues. La brise d'air caressait le feuillage des quelques êtres verts qui étaient asphyxiés par la pollution, où parfois, les Hoothoot et autres oiseaux sans foyer y demeuraient, parlant entre eux et fixant les immenses immeubles imposants de toutes les allées urbaines.
_— __Non, laissez-moi ! S'il vous plaît, aidez-moi !
_Une femme criait, en vain. La Tengalice avait peur, écoutant les bruits de pas sourds faisant craquer le parquet, se rapprochant petit à petit de la salle où elle se cachait. Aucune sortie n'était possible, de là ou elle se trouvait. Les craquements se rapprochaient de plus en plus.
_Une forme se dessina dans la pénombre de la pièce, muette. Elle ne disait plus rien, plus en souffle, elle espérait que personne ne la remarque. Puis, l'individu s'avança vers elle, d'une marche plutôt lente. Elle essayait de se défendre, mais rien y faisait, comme si ses attaques n'avaient aucun effet. Au contraire, elle s'affaiblissait elle-même,et non sa cible qu'on ne pouvait voir du fait de l'obscurité de la salle.
_D'un mouvement rapide, il sortit ses griffes aiguisées...