Chapitre 8 : La Montagne
Ce ne fut que le soir qu'elle trouva une tenue convenable, selon elle.
C'était une un jean noir avec un maillot de corps blanc, tout ça sous la marque de Armani. Je n'ai même pas osé regarder le prix des vêtements. Elle me remercia en me faisant un bisou puis m'annonça que ce soir nous mangerions encore dans un restaurant mais cette fois-ci beaucoup plus huppé. Et elle réglerait l'addition. Je me contentai de ne rien dire et la laissai faire si elle avait envie de se ruiner c'est elle que ça regardait.
Après le bon restaurant qui ne me cala pas vraiment, c'était plus des mets raffinés que de la nourriture qui remplissait ton ventre. De même que l'ambiance ne me plut guère, trop de gens parlaient bien ce qui m'horripilait ainsi que leur petit accent. Desiresilefh vit bien que je finis la soirée ruminant d'arrière pensée avec une envie meurtrière, si elle n'était pas là je serais revenu pour tous les tuer.
Donc elle choisit d'écourter la soirée et nous mangeâmes finalement une glace à l'italienne dont elle me disait le plus grand bien, elle me choisit les parfums et nous la dégustâmes pendant que nous marchions sur les quais illuminés par mille réverbères bleus marines. Tel un couple, c'était sûrement ainsi qu'on nous voyait.
Finalement nous nous couchâmes à minuit, heure peu raisonnable je le reconnais.
Le matin je me levai tôt la tête dans un brouillard tandis qu'elle toute guillerette me tendit un ticket pour un aller à Poivressel. Une traversée qui devrait durer une matinée et on partirait le matin à huit précises.
- Active-toi donc.
*
*
- Ainsi nous voilà déjà arrivé, dis-je en regardant en l'air les cendres tomber du ciel.
Un ciel, certes, noir et explicite et de la cendre blanche et poudreuse tombait en continue. Avec Guillaume nous étions sur le télésiège les pieds posés sur une rambarde et une barre de sécurité rabattue. Et le télésiège brinquebalant je flippais plutôt, tandis que Guillaume sifflait tranquillement n'arrêtant pas de gigoter. Moi aussi je bougeai un peu, seulement c'était pour voir la vue qui était vraiment sublime, si j'avais mon appareil photo…
Je l'entendis plusieurs fois racler sa gorge avec finesse et cracher pour me dire aussitôt assez bêtement :
- On est haut quand même.
- Non, tu crois, lançai-je retenant un haut de cœur.
Nous montâmes encore, le télésiège encore plus brinquebalant puisqu'à chaque passage sur ces sortes de piliers qui te faisaient reprendre de la vitesse ça nous secouaient. Jusqu'à parvenir au sommet de la montagne qui n'était qu'un plateau où se prélassaient des gens en groupes, tout seul ou en couple. Tous convergeaient vers le cratère ouvert d'où une fumée provenait.
- Depuis quand il est en activité ? Demandai-je alarmé.
- Parfois ça lui prend au volcan de cracher de la fumée mais ne t'en fais pas, tous les scientifiques sont d'accord pour dire qu'il n'y aura plus aucune éruption. Bon prépare-toi.
Un homme appuya sur un bouton et le télésiège ralentit ce qui nous permit de nous lever et de dégager de la piste, subséquemment il réactiva la vitesse. Tandis que nous commencions à nous diriger vers Vermilava un homme en costard vint vers nous.
- Monsieur l'Assassin et Oublié ?
- C'est bien nous, intervint Guillaume intrigué.
- Le Leader aimerait vous voir. Suivez-moi.
Il ouvrit la marche pour nous faire descendre un étroit sentier avec plein de cailloux sur lesquels on aurait pu se rompre le cou. C'est maintes fois avec les bras que m'équilibrai tant bien que mal. Les deux autres semblaient tout à leur aise se déplaçant comme un Evoli avec ces pas feutrés.
Finalement il enleva de la terre après peu que nous eûmes quitté le chemin et le sol était en faite une trappe en fer qu'il souleva sans mal. Je jetai un regard et ne vit qu'un trou noir avec des barreaux en fer soudés au mur qui servaient d'échelles. L'agent commença à descendre et nous le suivîmes, Guillaume impavide mais moi avec appréhension.
Très vite j'eus peur, les murs au départ peu accueillant et une descente quasiment sans lumière mais l'ambiance changea progressivement. Une chaleur nous engloba pour nous relaxer et des lumières nous permettaient de voir mieux. Le sol se présenta à nous au bout de quelques minutes de descente. C'était de la moquette très sale et à vrai dire les taches je ne voulais pas savoir toutes leur origine. De même que l'odeur entêtante brassée par des ventilateurs. Encore une fois les deux hommes restèrent hermétiques à cet environnement et continuèrent d'avancer imperturbable, sans même lever les yeux ou détourner leur regard droit. Moi à l'inverse je faisais une grimace et étudiais les lieux.
Encore une fois il y eut un changement d'ambiance quand nous passâmes un sas, cette fois ce fut radical. L'air, le sol tout était propre et sentait bon. Sur les murs il y avait une fresque retraçant un peu la vie de Groudron, malgré qu'on arpente maints couloirs nous ne croisâmes aucune personne jusqu'à qu'on atteigne le bureau du Leader. Facile à deviner puisqu'il y avait un petit écriteau l'annonçant.
L'agent nous laissa entrer puis il entra à son tour refermant la porte.
Le bureau du Leader était ressemblant à celui de Joe Taxi, un tableau où était de profil Groudron poussant un cri la gueule grande ouverte, autour de lui la terre se soulevait et se brisait en morceau, le magma se précipitait dans les vides. Cela démontrait la puissance redoutée du pokémon légendaire. Une fois il avait été réveillé et une fois un cataclysme a failli être.
Le reste ce n'était qu'un long bureau en bois avec plein de rangements, un ordinateur portable ouvert ronronnant discrètement et des feuilles un peu étalées sur le bureau. Et le Leader trônait sur son siège en cuir aux accoudoirs en bois. Une petite barbichette et peu de cheveux sur la tête, si l'on ajoutait ses rides l'image même du terrible chef de la Team était brisée. Il avait bien piètre allure, surtout avec son manteau à col remonté qui ne lui allait pas. Un manteau noir et rouge avec les trois montagnes comme symbole.
- Bien le bonjour, commença-t-il les coudes sur le bureau et les mains jointes. Je voudrais vous toucher deux mots à propos de la mission qu'est la vôtre. D'abord chaque organisme contre la politique de la Team Aqua a envoyé un homme pour la mission, je vais en faire de même. Un de mes hommes, un espion, va vous suivre. C'est celui qui a la bombe en ce moment, il est en train de la trafiquer dans la base. Malgré tout je suis un peu contre de redonner la bombe, on ne sait pas s'ils sont capables de détecter de découvrir qu'on l'a retouchée. Ce que je propose c'est qu'on la cache dans notre base et que l'affaire se pose, comme ça ils auront un échec de la mission et le Vétéran ne courra pas de danger. Tout le monde pourra dormir tranquillement.
Avant que Guillaume puisse répondre je pris l'initiative :
- Le problème c'est que moi je dois me justifier devant mes supérieurs et qu'ils seront remontés s'ils apprennent que la bombe est entre vos mains. Et puis je n'ai pas une confiance aveugle en tout le monde, je pense que tout le partage mon avis.
- En effet, confirma Guillaume. Si je dis que la bombe est avec vous on me tuera. Le mieux est qu'on leur donne et qu'eux portent le chapeau, ça arrangera tout le monde je pense.
- Très bien, souffla le Leader en fermant les yeux. Nous trafiquons la bombe et nous la redonnons comme ça tout le monde pourra les accuser. Et tous vos supérieurs feront un feu de joie.
- Monsieur, comprenez bien que la police va en faire parler dans les médias et la vindicte populaire les invectivera. Vous serez complètement oublié dans les médias ainsi que les Assassins, quoi que vous fassiez. Tout le monde aura l'œil sur la Team Aqua.
- Oui, oui c'est bon je ne suis pas idiot. Maintenant va chercher mon espion.
L'agent partit et pendant ce temps nous restâmes debout, silencieux, mal l'aise. J'essayai de guetter le retour de l'autre et quand j'entendis la poignée je me retournai ainsi que Guillaume.
Un homme attifé d'un jean et d'un maillot de corps avec une coupe répandue entra avec un sourire idiot et des yeux pétillants de joie. Il semblait peu musclé et ne correspondait pas aux habituels espions que l'on trouvait.
- Bonjour, lança-t-il à tout le monde. Je suis Barddack.
- C'est mon espion personnel et s'il meurt vous mourrez également, ce dernier me rendra un rapport pour me valider que tout le monde respecte les conditions. Et comme c'est mon espion personnel vous vous doutez bien qu'il est efficace et non une gêne. Barddack est au courant de tout, vous pouvez disposer.
- Je vais vous montrer le chemin, dit Barddack nous ouvrant la porte.
Nous fîmes le retour en moins de temps qu'à l'aller, nous parlâmes peu ouverts à ce nouveau membre si joyeux de faire notre connaissance et de travailler avec nous.
- Et la bombe ? Demandai-je alors que nous étions en train de monter l'échelle.
- Elle est trafiquée et un agent la transporte en ce moment, je vais vous mener jusqu'au point où le Vétéran et cet Admin vont se rencontrer. D'ailleurs ce dernier a atteint Lavandia hier, il est en chemin pour venir jusqu'au Mont Chimnée et il est accompagné d'une belle demoiselle. Ce serait Desiresilefh de Jade.
- Oh mon Arceus… Se lamenta Guillaume avec désespoir. Pitié pas elle. Dis-moi que tu mens Baddarck.
- Désolé mais non, je ne mens pas. C'est une connaissance ?
- Malheureusement, une fois j'ai signé un contrat pour sa sécurité enfin du moins mes supérieurs moi j'ai été obligé de m'y rendre alors que je chassai un agent secret par simple plaisir.
Je déglutis.
- Moi aussi j'aime bien le faire, mais après je n'ai pas la permission de tuer, j'ai juste le droit de faire peur…
- Pourriez-vous discuter de vos hobbies une autre fois ou alors un hobbies où les agents secrets n'y sont pas.
- J'en ai pas, grommela Guillaume. Pour m'amuser faut toujours qu'il y ait un petit agent secret, ils se croient souvent intouchables.
- Tout à fait d'accord, me désespéra Barddack. Sans les agents secrets nous ne serions rien, heureusement que vous êtes là je vous remercie que vous existiez.
- C'est clair, qu'est-ce que vous seriez sans nous ? Et Guillaume si tu nous disais comment elle est femme ? Desiresilefh ?
- C'est Darkrai mais en femme, vous la voyez même dans vos rêves en train de vous crier dessus, jamais contente et toujours en train de vous houspiller. Mais peut-être a-t-elle changé, lorsque je travaillais pour elle les rumeurs disaient que son mari l'avait mise enceinte. Pendant ce temps elle aurait été très remontée contre lui. J'espère que jamais vous n'aurez à le rencontrer lui, son mari, c'est Giratina lui. Et surtout un vrai fanatique, tu l'es toi, Barddack ?
- Bof, je savais pas quoi faire de ma vie donc j'ai choisi d'être espion pour cette Team. C'était un pari avec un ami aussi.
- Drôle de pari, commentai-je. Et ton ami il devait faire quoi ?
- Il devait faire pipi sur le Maître de la Ligue, mais il n'a pas réussi et est mort maintenant, tant pis pour lui. Ah enfin la sortie ! S'exclama Barddack qui poussa la plaque d'une main.
La lumière s'engouffra retranchant la pénombre au fond de ce tunnel. La lumière fit mal aux yeux donc je mis une main devant mes yeux à dessein d'atténuer la différence de luminosité.
Une fois à la surface j'ouvris complètement les yeux. Cela me semblait incroyable mais le paysage n'avait pas changé, toujours les mêmes cendres qui tombaient et les pokémons se baladant discrètement.
- Alors on fait quoi à présent ? Demandai-je à Barddack qui remettait la plaque en place.
- Ce qu'on fait ? C'est très simple, on se rend là où le Vétéran et sa petite dame vont aller pour qu'on puisse observer les scènes qui vont suivre et nous devrons écouter attentivement ce qu'ils vont dire. Si nous savons quelle est la suite de leur chemin ou où est leur bateau nous pouvons être sûrs d'avoir un coup d'avance sur eux. Ce qui ne sera pas plus mal. Allez suivez-moi.
Nous remontâmes le sentier pour revenir sur le vrai chemin bien tracé et débroussaillé, là les cendres ne s'accumulaient pas. Nous vîmes quelques dresseurs passer les yeux en l'air habitués à arpenter les chemins ou d'autres plus débutants fixant bien le terrain pour ne pas se rompre le cou bêtement.
Nous traversâmes la ville Vermilava pour manger un petit peu jusqu'à que Barddack remarque l'heure et nous expliqua par un geste qu'il fallait se dépêcher au plus vite. Entre deux bouchées il déclara :
- L'Admin a déjà dû être pisté aux alentours.
Les autres s'en allèrent tandis que moi je payais l'addition en liquide. À vrai non je déposai une liasse de billets et m'en allai aussi sans attendre. Très vite je les repérai marchant d'un pas rapide et nerveux puis soudainement s'arrêtant comme si l'éclair les avait frappés. D'un pas lent silencieux je les approchai jusqu'à atteindre leur niveau et reconnus le Vétéran avec une femme. Elle était belle, fallait le reconnaître.
Quant au Vétéran ses cheveux avaient un peu poussé mais plus que ça, toujours les mêmes traits et le regard alerte qui suivait un homme en costard portant la mallette avec une certaine nervosité. Il ne cessait de jeter des coups d'œil aux alentours, pourtant son traqueur était derrière lui accompagné de sa belle femme.
Une femme plutôt grande aux longs et lisses cheveux noirs comme le charbon et une frange barrant son front partant sur la droite. Elle était vêtue simplement, mais si l'on regardait de près elle était attifée de vêtements d'une grande marque. Armani. Ce serait donc elle l'héritière de la forêt de Jade.
- Alors ? murmurai-je. Comment ça se passe ?
- L'Admin sait qu'il a été repéré donc normalement on est reparti pour aller sur des chemins pas défraîchis et peu utilisés. Seulement je crains qu'il ait compris qu'il n'en sortira pas vivant de cette mission. Mais c'est ce que nous avions décidé avec le Leader. Nous n'espérions pas qu'il vive plus longtemps, au pire je l'achèverai.
Je fis la grimace et me demandai quelle attitude adoptée. Barddack me jeta un coup d'œil et me sourit :
- T'es un bon flic, mon gars.
Les deux hommes sourirent tandis que moi je fis la grimace, j'étais le seul à ne pas avoir tué dans le groupe. Ne me demandez pas pourquoi mais je me sentais mal à l'aise comme s'ils allaient me sauter dessus et me couper en morceau avec leur pokémon.
Nous continuâmes à suivre, assez en retraits, les trois. Dont l'Admin commençait à vraiment paniquer et s'il n'aurait pas été sur une piste encore utilisée et arpentée par des dresseurs il aurait déjà pris les jambes à son cou. Du moins je le devinai à son visage tendu. Il devait connaître la suite.
L'Admin vira soudainement pour s'enfoncer dans une forêt de conifères les branches pleins de cendres. Cette fois-ci ce fut la bonne car le Vétéran et Desiresilefh coururent vers lui. Un cri de pokémon retentit brisant le silence de la forêt. Des pokémons oiseaux s'envolèrent vers les cieux piaillant. Tandis que nous, nous étions couchés par terre en rampant nous pûmes entendre leur conversion et même mieux ! voir ce qu'ils faisaient.
Un Insécateur était les lames en sang roulant d'abord sur les courbes puis gouttant. Le pokémon observait le mort étendu par terre avec son sang imprégnant le sol. Il tourna la tête et avec une de ses lames il embrocha le mort qui poussa un cri faisant un mal fou aux oreilles.
Je me bouchai les oreilles et fermai les yeux, comme un enfant voyant une scène trop terrifiante.
- C'est bon ouvre les yeux, chuchota Guillaume qui souriait devant la scène qui se déroulait.
- Idiot de pokémon ! Vitupéra le Vétéran. Tu ne vois pas qu'il était à ses derniers instants de vie, il mourait là et toi tu lui enfonces une lame en plein dans le cœur. Qu'est-ce qui t'a traversé la tête ? En plus avec son cri ça va attirer les personnes. Alors, Desiresilefh ?
- C'est bon, sourit-elle. C'est la bombe et en parfait état. Nous pouvons retourner au bateau-mère. D'après ce que j'ai compris il nous attend dans les environs d'Atalanpolis. C'est parti.