Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Dans l'oeil du cyclone de Orissa



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Orissa - Voir le profil
» Créé le 15/09/2011 à 10:53
» Dernière mise à jour le 19/09/2011 à 10:45

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
3 - Premiers pas
Cela faisait au moins dix bonnes minutes que Yoru courrait à perdre haleine à travers les rues de Carmin-sur-Mer. Il était presque midi et le soleil tapait fort sur ses vêtements sombres, le faisant transpirer et augmentant encore un peu plus sa mauvaise humeur. Le vent soufflait trop faiblement pour le rafraichir et ses mèches sombres lui collaient au front. La ville ressemblait d'avantage à un grand village, composé de petites maisons accolées les unes aux autres, qu'à une vraie métropole portuaire. Les bâtiments arboraient tous des crépis clairs et des toits plats et de petits murets de pierres couverts de mousse délimitaient les propriétés. Dévalant un escalier, il se surprit à envier les Goélises qui volaient vers l'horizon. Au moins, ces Pokémons étaient libres de faire ce qu'ils désiraient...

Il ralentit un peu son allure en arrivant au quartier marchand. En scrutant les enseignes des rares magasins encore ouvert à la recherche d'un vendeur de baies, il réfléchit à l'incident au Centre Pokémon. Tous ces dresseurs persuadés de pouvoir capturer un dragon aussi facilement qu'un Roucool étaient vraiment pitoyables. Même son père, pourtant champion de l'arène de Parmanie, avait échoué dans sa tentative ! Yoru s'en souvenait encore, malgré sa jeunesse à l'époque. Il faut dire que le Draco sauvage qui avait fait face son père ce jour là était impressionnant. Il avait battu un par un les Pokémons, pourtant puissants, du champion, en déchaînant la puissance des vents et de l'océan. Yoru fut fasciné et à tout jamais marqué par les pouvoirs presque mystiques de la créature, qui s'en était ensuite allée sans un regard pour les humains qui avaient osé le défier.
Il sortit de ses pensées en s'apercevant qu'il venait de dépasser une boutique qui proposait justement les baies dont il avait besoin. Il fit demi-tour et s'arrêta, stupéfait de la profusion de couleurs venant de l'étalage. Des fruits de toutes les formes étaient suspendus autour de ce qui semblait être un petit comptoir, encombré de paniers débordants d'épices et d'herbes aromatiques. Devant lui, une grande table inclinée présentait de nombreuses sortes de baies, toutes biens mûres, dont la fameuse baie Oran qu'il devait rapporter à Lily. Et 10 kilos en plus... Elle l'avait forcément fait exprès. Même elle ne pouvait avoir besoin d'autant de baies d'un seul coup. Donc elle l'avait chargé de cette mission simplement pour... Pourquoi d'ailleurs ? Pour l'énerver ? C'était réussi ! Ou alors...Sûrement pour l'éloigner le temps qu'elle éclate tous les dresseurs du Centre Pokémon ! C'est ça ! Elle ne voulait surtout pas qu'il progresse, de peur qu'il puisse la battre ! Il enrageait. Depuis quand avait-il besoin d'une nounou d'ailleurs ? Il aurait largement pu se débrouiller seul à l'arène de Parmanie, ou encore mieux accompagner son père jusqu'au plateau Indigo. Après tout, lui aussi était dresseur ! Et avec Royal, son Nidoran mâle, ils n'avaient jamais perdu un match !

Ses cagettes de baies empilées dans un petit chariot qu'il avait emprunté à la vieille tenancière de la boutique multicolore, il revenait sur ses pas tout en grommelant contre sa tutrice. Non contente de l'envoyer faire ses propres courses, Yoru avait dû payer avec son propre argent de poche ! Il était en train de se décider à la provoquer en duel, simplement pour la faire sortir de ses gonds, quand il entendit un grand bruit, semblable à une explosion. La route de pierre trembla légèrement sous ses pieds et un large nuage de poussière s'étendit lentement depuis les quais, devant lui.

- « C'est pas vrai ! Ils ont déjà commencé à affronter les Pokémons dragons sans moi ! » Il jeta un regard à son fardeau, décida que si Lily voulait récupérer ses baies entières il valait mieux qu'il ne les emmène pas avec lui dans la bataille et le tira jusqu'à un petit muret le long d'une maison qui semblait à l'abandon.

Personne n'irait chercher ça ici, se dit-il. Et, sans un regard en arrière, Yoru empoigna sa pokéball et fonça vers le port.

********************************
La première chose qu'elle vit en ouvrant les yeux, ce fut le ciel. D'un bleu profond, orné de petits nuages cotonneux.

Mignon.

Elle se demanda ce qu'elle faisait là. Elle n'avait pas le souvenir de s'être allongée. Elle se dit qu'elle n'avait vraiment pas le temps pour de telles futilités.

Ensuite, le son. Ce fut comme si ses oreilles se débouchaient d'un coup. Comme la fois où, petite, elle avait assisté à l'entrainement du Roucarnage de son père. Même en plaçant ses mains tout contre ses oreilles, elle avait tremblé de tout son corps quand le grand oiseau avait passé le mur du son dans un « bang » sonore.
D'un coup l'avait assaillit les cris, les pleurs, les hurlements des Pokémons, les appels à l'aide... Quelque chose avait dû se produire. Elle ferma les yeux. Elle n'arrivait pas à se souvenir où elle était. Mais des gens semblaient avoir besoin d'aide.

Enfin, la douleur. Un courant électrique qui lui traversa l'abdomen et remonta jusqu'aux cervicales, qui lui crispa le moindre de ses muscles, qui lui fit planter ses ongles dans ses paumes. Elle poussa un cri silencieux et se mordit la langue. Le goût du sang dans sa bouche fut comme un électrochoc. Elle se redressa d'un coup, pour plaquer une main sur son ventre tout en étouffant un gémissement. Elle était blessée. Ça attendra.

- « Etoile ?

Des gravats, partout. Parfois, une silhouette qui se mouvait dans le nuage de poussière créé par l'effondrement du bâtiment. Des gens qui appelaient, d'autres qui fouillaient les décombres. Une vision de guerre, un second électrochoc : Le Centre Pokémon avait été attaqué. Alors que tous les dresseurs du coin étaient rassemblés à l'intérieur. Au moins une centaine de personnes, plus les employés du Centre et sans compter les Pokémons. Désormais, tous enterrés sous des kilos de décombres. Et pas de traces d'Etoile.

- Etoile ? ETOILE ?!

Elle essaya de se mettre debout. Peine perdu. Son genou droit avait enflé de sorte que sa jambe ne pouvait plus la soutenir.

Génial. Tordu. Comme si j'avais besoin de ça.

Assise dans les décombres, sa jambe droite étendue devant elle, ses mains plaquées sur la blessure de son ventre, elle se mit à réfléchir. Ou du moins essaya. Son cerveau refusait de démarrer, faisant tourner en boucle devant ses yeux les quelques secondes juste avant l'accident. L'agitation dans le Centre Pokémon, la nervosité d'Etoile, mais surtout son regard paniqué quand elle avait, d'un coup de patte, poussée Lily sous le comptoir le plus proche. Comme si elle avait sentie qu'il allait ce produire quelque chose, et qu'il fallait à tout prix qu'elle abrite sa dresseuse. Comme si, malgré l'urgence de la situation, elle avait crue bon de la protéger, au détriment d'elle-même...
Lily secoua la tête. Il fallait absolument qu'elle la retrouve. Ne serait ce que pour lui dire que ce qu'elle avait fait était complètement stupide et inconscient.

- Mademoiselle ? Tout va bien ? L'apostropha alors un homme qui essayait tant bien que mal de s'approcher d'elle en enjambant les gravats.

Oh, oui, tout baigne, je ne me suis jamais sentie aussi bien...crétin.

- Vous n'avez pas vu un Kangourex ? Répondit-elle en ravalant sa critique. C'est une grande femelle avec une cicatrice en forme d'étoile sur le front.

L'homme avait réussi à s'accroupir près d'elle, et semblait plus intéressé par ses blessures que par ce qu'elle racontait. Il était petit, les chevaux gris en broussaille et saignait d'une entaille à la joue. Son costume trois-pièces était déchiré et couvert de poussière, et Lily se dit qu'il devait lui aussi se trouver dans le Centre Pokémon au moment de l'effondrement.

- Vous avez de la chance, je suis médecin. Enfin, disons que j'ai étudié la médecine il y a longtemps. Maintenant je suis plus du genre chercheur, vous voyez, moi j'étudie les bactéries. Ça paraît ennuyeux à mourir comme ça, mais je vous assure que c'est vraiment passionnant. Tenez, pas plus tard qu'hier, dans mon labo à Céladopole...

Il continua à parler tandis qu'il fabriquait une sorte d'attelle avec des morceaux de bois et du tissu trouvé dans les décombres. Ses mains tremblaient, mais ses gestes étaient précis ; il fixa deux petites planches de part et d'autre de la jambe de Lily, et entoura le tout de bandes de tissus. Il enleva et déchira lui-même sa veste, et serra les nœuds de tel sorte qu'aucun ne soit en contact avec le genou douloureux.
La jeune fille le laissa faire. Elle commençait à être légèrement agacée par ses babillages incessants, mais se dit que cela devait être sa façon à lui d'évacuer la tension. Elle jeta un regard inquiet autour d'elle pour se rendre compte que plusieurs personnes semblaient venir aider les gens blessés ou bloqués dans les décombres. Certains dresseurs avaient appelés leurs Pokémons, et ceux-ci aidaient à retrouver la trace des personnes enfouies ou bien à soulever des pans de murs, tandis que les Pokémons eau se chargeaient d'éteindre les petits incendies qui s'étaient déclarés suite à l'effondrement du bâtiment. Mais nul part elle n'aperçut la silhouette familière d'Etoile...

L'homme se redressa soudain, essuya le sang sur sa joue avec un lambeau de ce qui avait dû être une belle chemise en soie, et lui tandis sa main. Lily hésita, puis l'attrapa et se hissa sur ses jambes. Elle posa doucement le pied droit au sol et fut surprise de ne ressentir qu'une légère douleur. Elle grimaça cependant en se tenant le ventre, et le scientifique s'en aperçu.

- Ça va ? Je ne peux pas faire grand-chose pour votre blessure à l'abdomen, mais ça ne m'a pas l'air profond. Vous voulez mon bras ?

Elle secoua la tête et ignora ses questions. Elle avait bien le temps de s'inquiéter pour elle plus tard. Elle prit cependant appui sur lui et profita de l'interruption de son monologue pour l'interroger.

- S'il vous plaît, dites-moi : avez-vous vu un Kangourex dans le coin ?

L'homme écarquilla les yeux et la regarda comme s'il s'adressait à une folle.

- Evidemment ! Tout le monde l'a vu ! D'ailleurs vous avez vraiment de la chance d'être encore entière alors que vous deviez être toute proche !

- Hein ? Pourquoi ?

- Mais parce que c'est ce Pokémon qui est responsable de l'attaque! »

********************************
La tempête avait finalement cessé. Les gros nuages noirs avaient peu à peu cédé la place au ciel bleu, et les oiseaux reprenaient leurs chants de plus belle. Les arbres s'égouttaient et les rayons du soleil se réfléchissaient sur les flaques d'eau, de sorte qu'il fallait plisser les yeux pour soutenir ce spectacle. Dans le village, les toits scintillaient des reflets des gouttes d'eau et les gouttières se vidaient, tandis que les gens sortaient timidement de chez eux afin de partir à la recherche de leurs meubles de jardins, balayés par l'orage. Les odeurs d'eau et d'herbe mouillée chatouillaient les narines, pourtant le garçon qui parcourait les rues d'un pas vif ne s'en intéressait pas. Il n'avait pas remarqué non plus l'arc-en-ciel qui se détachait nettement sur le ciel encore sombre, pas plus que la volée de Pokémons oiseaux qui s'égailla dans un concert de piaillements à son approche. A vrai dire, il n'en avait que faire pour le moment.
Will fronça les sourcils pour la énième fois depuis qu'il avait quitté le Centre Pokémon. A la fin de l'orage, il s'était décider à parcourir le village à la recherche de possibles traces qui le mèneraient à son voleur. Et il avait fait chou blanc. Le vent et la pluie, balayant tout sur leur passage, avaient parfaitement couvert sa fuite.
Il s'écroula sur un banc encore humide, et se prit la tête entre les mains. Au dessus de lui, les larges feuilles d'un érable s'égouttaient, faisant tomber par intermittence de grosses gouttes froides dans son dos et sur ses épaules. Mais il ne s'en préoccupait pas ; Il avait perdu son appareil photo. Son précieux outil de travail. Et, comme si cela ne suffisait pas, il ne pourrait jamais démonter la véracité de ce qu'il avait vu en forêt le matin même. Ce petit Goupix et sa mère avaient paru si irréels...
S'il avait eu des Pokémons, il aurait peu être pu faire quelque chose... Quoique, seul un Pokémon très bien entraîné et vraiment doué aurait eu une chance de percevoir l'odeur du voleur dans cette tempête... Comme un Medhyena par exemple, on dit qu'ils peuvent retrouver la trace de leur proie sur des kilomètres et pendant des jours... Ou bien...

Il se leva d'un bond. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Il se précipita vers le Centre Pokémon, sans plus se préoccuper de sauter les flaques d'eau. Il entra en trombe dans le bâtiment, pour la seconde fois de la journée, sans pour autant réveiller le Noarfang encore endormi sur son perchoir. Toujours au pas de course, il traversa le grand salon et grimpa les marches de l'escalier quatre à quatre jusqu'à l'étage. Arrivé au premier, il inspecta rapidement chaque pièce jusqu'à celle qui abritait la petite bibliothèque, où Stone dormait paisiblement sur une pile de coussins. Des livres de médecine Pokémon s'empilaient jusqu'au plafond et des papiers chiffonnés s'étalaient un peu partout, signe qu'il entrait dans le domaine de sa sœur. On pouvait admirer une bonne partie de la vallée par la large fenêtre, même si pour le moment les rideaux épais étaient tirés et masquaient le soleil. Une grande table, occupée principalement par des livres et un ordinateur portable éteint, complétait la pièce.
Will entra doucement et s'approcha du Pokémon endormi.

- « Stone ? Tu dors ?

Question stupide. Il avait dû l'entendre depuis son entrée fracassante dans le hall. Néanmoins, le Mangriff ne daigna même pas ouvrir les yeux. Il se contenta de pousser un soupir et de se rouler un peu plus en boule.

- Allez Stone, s'il te plait, j'ai vraiment besoin de toi...

Le pokémon ouvrit les yeux et braqua ses pupilles verticales sur le jeune garçon qui osait troubler son précieux sommeil. Il lui jeta un regard noir, puis agita ses griffes. Will essaya de ne pas ciller et lui raconta les événements de la journée. Il insista sur le fait qu'un Pokémon était très probablement entré dans le bâtiment par effraction, histoire d'aiguiser sa curiosité, mais celui-ci ne fit cependant aucun signe signifiant qu'il s'intéressait un tant soit peu à ce qu'on lui exposait. Will se demanda comment persuader Stone de l'aider. Il était évident que la créature n'en avait aucune envie et il se voyait mal commencer à lui donner des ordres. Il s'affala au sol, dos contre la pile de coussins, et soupira.

- Je sais que je ne me suis jamais vraiment occupé de toi, Stone. Mais je sais aussi que tu peux y arriver, parce que papa te considérais comme le meilleur de son équipe.

Il jeta discrètement un œil au Pokémon, qui s'était légèrement redressé et tendait les oreilles vers lui.

- Et puis, ce n'est pas comme si c'était très difficile... Poursuivit-il. Je te demande juste de me conduire au Pokémon qui m'a volé mon appareil. Mais si tu te sens trop fatigué pour ce genre de mission...Faut avouer que tu n'es plus tout jeune...Je pourrais peut-être emprunter le Pokémon du voisin, tu sais, le Seviper...

Quitte ou double.

Stone se dressa d'un bond sur ses pattes en position d'attaque, tous les muscles tendus et gronda. Ses poils étaient encore ébouriffés par sa sieste, ce qui lui donna un air encore plus impressionnant. Il regarda Will droit dans les yeux, puis sauta à bas de ses coussins pour se précipiter vers la porte.

- Hé ! Stone, attend-moi quand même ! » S'étonna le garçon avec un sourire aux lèvres. Décidemment, ce Pokémon possédait le même caractère que son père...