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Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 10/09/2011 à 17:03
» Dernière mise à jour le 11/09/2011 à 13:32

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Bonus (Ou l'art d'épiloguer) - L'étranger (Daniel/Fang)
Coucou, je suis venue, avec une sorte d'épilogue n°2. Il y en aura peut-être un n°3...mais ce n'est pas prévu du tout. Pour le moment, cet épilogue porte sur Daniel. Evidemment le titre n'est pas une référence au livre d'Albert Camus pour Rien. Je trouve que le personnage de Danny ressemble assez au héros du roman cité plus haut. UU

Bon, je n'ai pas eu beaucoup de retombés sur l'épilogue...Ni le dénouement...Même si ça me rend malheureuse, je me rends à l'évidence, je vous ai tués...

conscience : non la fin était juste nulle.
moi *part déprimer*

M'enfin, je suis du genre têtue, donc je continue à poster des bonus. Ces bonus vous aideront peut-être à attendre la suite de la fiction, je l'ai déjà dit, mais elle ne viendra pas tout de suite, outre le fait que je dois organiser mes idées et la chronologie (j'avais tout prévu, j'ai déjà la fin, mais tout est dans le désordre !!)...j'espère que la saison 2 arrivera en janvier 2012...Mais c'est une date, vraiment, vraiment approximative, me connaissant, ça peut être avant, comme bien après.

En tout cas, les bonus, eux, viendront, j'essaierai de vous en donner un par mois...Minimum...

Voici la liste de ceux prévus (Probablement d'autres à ajouter en cours de route, n'hésitez pas à en commander, s'ils ne dévoilent pas des moments clefs de l'intrigue, je le ferai ! Par exemple, vous voulez une histoire sur Akira Yuki comment a-t-il réussi son examen d'entrée pour devenir prof ? Demandez...J'ajouterai à la liste !)


-Passage sur l'enfance de Lucas - titre provisoire : Orages.
-Passage sur Lucas et Daniel - titre provisoire : Un trésor à chérir.
-Passage sur Gold et Silver - titre provisoire : Destins Liés, autres chemins.
-Passage sur Peter/Marion - titre provisoire : Une fille d'enfer !
-Passage sur Cristal et GOld - titre provisoire : Pas très fraternelle, comme famille !
-Passage sur Harry et Peter/Arisa - titre provisoire : La flamme des Dragons.
-Passage sur Samantha - titre provisoire : opération « vert de jalousie »
-Passage sur Gold Pierre Steven Rochard et Marc - titre provisoire : Traumatisme balayé ! Ou pas.
-Passage sur Lyn et George puis sur Lyn et Nath - titre provisoire : Chacun sa vie, Chacun son chemin.
-Passage sur la vie de Shinobu à Azuria- titre provisoire : J'aurais voulu être un artiste...(Parce que Shinobu n'a pas de bons goûts musicaux)
-Passage Lily, Akira et Shinobu avec Kain lag - titre provisoire : Faire des Hommes de vous !
-Passage sur Famille Kazamatsuri en sortie familiale - titre provisoire : Ce n'est pas les animaux qu'il faudrait enfermer au zoo.
-Passage sur Yoann - titre provisoire : 20 centimètres.
-Passage sur Akira Yuki - titre provisoire : Lily carnet de recherches, le parecool qui n'a pas dormi.
-Passage sur Yoann - titre provisoire : Le mystère du Tritosor !
-Passage Blake, Sunny et Lalie - titre provisoire : Baby Sitter Blake !
-Passage sur Lily, Akira et Shin - titre provisoire : T'es sûre que t'es une fille ?
-Passage d'Eléa et Sam - titre provisoire : Esthéticienne ou Torture.
-Passage sur Ambre - titre provisoire : Portée par la brise !
-Passage sur Richie - titre provisoire : A la croisée des Destins.
-Passage sur Ambre - titre provisoire : La loi du plus fort..
-Passage entre Gold- Silver - titre provisoire : Maladie d'amour ?
-Passage syr Christopher et Angie- titre provisoire : Le magicien professionnel !
-Passage sur Silver et Arisa - titre provisoire : Te voir heureux.
-Passage sur Lyndis - titre provisoire : Mom's song.
-Passage sur Holly -titre provisoire : Bleu et Rouge
-Passage sur Silver -titre provisoire : BS = Baby Silver !
-Passage sur Nathaniel - titre provisoire : Droit d'Asile.
-Passage sur Sho-Shezza-BErnie - titre provisoire : Sho, Sho ! Shooo les marrons !

Alors, si vous voulez des petites histoires sur un perso, dites le moi dans vos com ! Bisous !








-L'étranger -

Rhodes, terre inconnue, hostile et dangereuse, voilà comment la plupart des citoyens du continent Extérieur, définissait cette étendue désertique cuisante sous un soleil de plomb. Et pour dire la vérité, ils oubliaient encore beaucoup d'autres qualificatifs du même genre.

Parfois, entre deux dunes de sables, surgissaient des pics Onyx, dont la bave suintante, brillait sous les rayons solaires, aveuglant, bouillante. On ne trouvait pas de routes intelligemment bordée, les chauffeurs devaient se repérer entre les monts changeant aux fils et aux grès des vents malicieux. L'air, saturé de minéraux, oscillait sous la chaleur, éloignant et leurrant à la fois l'étranger, lui cachant les distances et l'emprisonnant dans son piège impitoyable qu'on nommait mirage.

Les rares chemins balisés qui striaient cette immensité, cette steppe sèche et vide, menaient aux plus belles villes de la région, qu'on pouvait compter sur le doigt d'une seule main.

Samaragd, la forêt miraculée, comme un ilot de verdure, dont le feuillage des cèdres millénaires, étendait une ombre bienfaitrice. Les troncs s'enroulaient dans un nœud complexe, s'unissaient les uns aux autres, et à la fin ne devenaient plus qu'un arbre aux racines dansantes entre une rivière de sève et de rosée, à l'écorce mousseuse, gorgée d'eau, et aux milles et uns habitants. Le sable là-bas, jouait avec les feuilles, loin du grincement, ses grains paraissaient n'être plus que poussière dorée, lutins et fées espiègles veillant sur les protégés du bois. Entre les fougères, chantaient constamment les petits Pokémons insectes et plantes, se délectant de la nourriture abondante.

Dans un autre registre, on pouvait également trouver la belle et splendide Phénacit. Ville fière et riche, construite sur un éperon de roche, progressivement nivelée en étage. Ainsi, se dressait aux yeux des touristes, une montagne de marches, où s'écoulaient cascades artificielles, ruisselantes, dans une mélodie perpétuelle. Scintillant à l'aurore et au crépuscule, la cité entièrement construite en marbre taillé, se teintait parfois entièrement d'un pourpre sensuel. Tout, là-bas regorgeait d'une richesse démesurée, illustrée par le dôme entièrement de verre surplombant les demeures richement décorées et tapissées. Au centre de la ville, où convergeaient tous les chemins aqueux, pour se jeter en elle, dans une douve dorée au zénith, le marché quotidien laissait entendre ses échos et ses rires.

A côté de ses fiers centres commerciaux, gisaient ça et là, bidons villes, anciens refuges nomades et zones industrielles cruellement oubliées ou décrépies. Et là, la poudres aux yeux que l'on jetait aux étrangers, rendait brutalement aveugle. Entre les affiches arrachées, les amas de détritus pourrissant sous les rayons de plomb, survivaient le peuple de Rhodes. L'odeur rance, de pisse et de sang, on finissait par la trouver normale, la saleté, le sable d'engouffrant dans chaque aspérité, c'était presque comme de l'oxygène. Les longues arches de briques qui s'écroulaient de temps à autres, offraient abri à double tranchant aux miséreux. Les néons grésillaient et les échos de batailles, de courses poursuites et autres débandades, retentissaient constamment, nuit comme jour.

Là, se révélait le vrai visage du continent. Le plomb coulé et abandonné, les maisons à moitié détruites, que l'on réparait avec des toiles de lins usées jusqu'à la corde, jamais avec du bois, denrées trop rares, on luttait pour avoir sa part d'eau, on piétinait pour un logis les plus faibles, et surtout, on tuait.

Fang avait toujours vécu dans ce milieu là, elle s'y était traînée, tant bien que mal, et fait son nid. Elle y avait rampé, brisée, et étrangement, ce danger constant, cette ambiance morbide où les cadavres à la panse crevée se faisaient -quand ils avaient de la chance- ramasser à l'aube pour être jetés dans une fosse commune, ne l'horrifiait pas. Il était bien plus préférable et palpable que celui qui hantait chaque nuit ses cauchemars chimériques, aux allures bien trop amèrement familières.

Elle avait fini par connaître parfaitement ce milieu dans lequel elle évoluait, et à s'y fondre. Du haut de ses 15 ans, elle oscillait entre trois boulots, un le matin, dans une boutique, un l'après midi, dans un bar, qui s'étendait jusqu'aux soirs régulièrement, et pour finir, son travail de nuit, moins légal, mais bien plus lucratif, et lui avait permis de trouver un logis dans un immeuble délabré. Chambre sous les combles, froide et petite, elle y attirait les clients et y trouvait un refuge. Sa vie lui avait appris à avoir un instinct incontestable, et à savoir semer quiconque de louche dans le labyrinthe de pierre chaude qui composait sa ville.

Pourtant, cette fois, la voix au fond d'elle-même, l'avait lourdement trompée.

« Tu as une chambre, très…heu... Spéciale. Et quel drôle de bâtiment là-bas ! »

Le garçon qu'elle avait pioché, errant dans les rues à une heure tardive, ne montrait strictement aucun intérêt à son égard. Cette fois, elle avait bien peur d'être tombé sur un type « parasite » comme elle se plaisait à nommer la plèbe qui s'infiltrait dans une demeure et s'y installait, au détriment de ses véritables habitants.

Le jeune garçon, devait atteindre à grande peine la majorité, avait attiré son attention parmi les potentiels clients, de par sa propreté, et ses dents blanches, rare dans les quartiers pauvres. Ses vêtements, bien que très mal assortis, n'étaient ni reprisés, ni même abimés, dénonçant une richesse certaine. Et si sa tignasse noire, aile de cornèbre, ressemblait à un paquet de nœud, ils n'en restaient pas moins odorant de shampoing à la lavande. Ce type, qui plus est, arborait à sa ceinture, une chaine, où pendaient des pokéballs. Biens extrêmement coûteux.

Fang soupira, alors que son invité, penchait la tête, admirant toujours le dôme de taules et de plastiques aux lueurs tamisées, qu'était le colisée de sa cité. Le concerné, en percevant ce son agacé, se tourna vers elle, et posa un regard profond droit sur elle. Ses deux prunelles, de couleurs dissociables, l'une aussi bleu que le ciel étoilé, l'autre aussi dur et sec que la terre marron irisées de rouge qui parcourait les steppes.

L'adolescente brune, se sentit tressaillir, devant son expression à la fois si lointaine, si peu concernée, et si poignante de compassion.

Mince, pour une fois qu'un client se révélait vachement mignon.

« Ne te laisse pas émouvoir. » Lui rappela la voix avec morgue.

Elle afficha une moue aguicheuse en retour, et s'assit sur le lit avec provocation.

Malheureusement, encore une fois ; l'invité ne perçut pas du tout le signe, il se fraya un chemin jusqu'à la télé cassée, grésillant, qui tenait précairement sur une étagère fixée à la va vite, à deux pas de la table, étrangement renversée comme pour faire barrage.

-Tu veux que je répare ta télé ? proposa-t-il gentiment.

L'adolescente brune écarquilla des yeux, et ouvrit la bouche, désabusée, ses iris d'un bleu électrique scintillants d'étonnement. Non, ce qu'elle voulait, c'était qu'il comprenne le message, fasse son affaire et qu'il la paie ! Avec un peu de chance, passer le reste de la nuit dans ses bras, puis lui dire au revoir à l'aube, ou le retrouver le lendemain soir pour le même tarif ! Qu'est-ce qu'il lui racontait lui des histoires de télés ! En plus cette machine là, elle était hantée, elle en avait hérité en même temps que la chambre, une bestiole bizarre, orange, avec un sourire sadique, donnait un coup de jus au premier qui bidouillait le cadran !

« On va pas y passer la nuit ! » Grommela le timbre familier dans un recoin de son crâne.

Et bien, si, justement !

-Ca ne sert à rien, ce truc ne marche pas. Tu n'as pas envie de faire autre chose ? Passer du temps avec moi ? Chantonna de sa voix à peine plus forte qu'un murmure, Fang.

Le garçon, jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, blasé, puis rétorqua, monocorde :

-C'est ce que je fais, je répare ta télé.

Celui-ci effleura l'engin du bout de ses doigts calleux, et un éclair parcourut la surface poli, mais rayée d'usure, de l'écran. L'image nette de la créature squatteuse s'afficha, dans un nuage de pixel, et elle ricana.
Le garçon ne sursauta pas, il se contenta d'ouvrir un peu plus les yeux, lui donnant une mine à peine plus éveillée que la seconde précédente, et révélant une tristesse éclose, latente, qu'elle n'avait pas perçu avant.

-Oh, un Motisma. S'exclama-t-il, sans même une once de surprise dans le timbre, comme imperturbable.
-Ce truc a un nom ? Ne put contenir Fang, abasourdie.

L'étranger hocha gravement de la tête, et lui adressa un sourire superficiel, comme ceux des paumés du quartier après s'être shooté avec leur dose habituelle. Et en y réfléchissant, il était probable que le garçon appartenait à la bande, vu sa tête.

-C'est un Pokémon. Electrique et Spectre, j'en ai déjà croisé un.

Fang siffla, et son regard s'étincela soudainement, sans préambule, elle rejoignit en deux pas le garçon, prenant tout de même comme bouclier une chaise à moitié carbonisée qui traînait par là. Pourtant la bestiole grinça, toisa le nouveau avec un air mélancolique, sans attaquer. L'écran s'éteignit aussitôt, signe que le Pokémon venait de s'enfuir, loin de ce regard inquisiteur. Il ne lui avait même pas envoyé la plus petite étincelle. Incroyable.

L'adolescente en resta sans voix.

-Je crois que le principal problème de cette télé est le Pokémon, si tu le captures, elle se remettra à marcher normalement. Diagnostiqua le brun.

Un silence s'imposa entre les deux, lourd, n'ayant simplement aucun lien, aucun mot à se dire. Ignorant tout l'un de l'autre. Ce fait là, dut monter à la tête du garçon –même si ça faisait une bonne heure que datait leur rencontre- et il se gratta la joue embarrassé, avant de demander :

-Heu, au fait, comment tu t'appelles ?
-Fang.
Le garçon ne parut pas interpellé par un nom si peu commun, et il répliqua simplement :

-Moi c'est Daniel.

La jeune femme haussa des épaules, consciente que certains clients, avaient besoin de se familiariser avant de se lancer. Pourtant, le garçon face à elle, après avoir appris cet indice, retourna dans son silence morne, tout en bidouillant les étagères, et les remettant en place, parfois resserrant une ou deux vis. Un vrai mécanicien.

-Mais qu'est-ce que tu fais à la fin ?! Bafouilla perdue Fang.
-Je répare. Répondit aussitôt Daniel avec un aplomb branlant. –Que veux-tu que je fasse d'autre ?
-Bah, enfin, je veux que tu me jette sur le lit et tu me dessapes avant de…

Et là, Fang s'engagea dans un exposé des plus crûs et des plus terre-à-terre sur le thème de la reproduction, qui se doit d'être censuré pour ne point heurter les esprits. Et la voix au fond de sa tête, ses oreilles sifflantes à causes des propos de la gamine, marmonna, cynique « Mais qu'est-ce que j'ai raté avec toi ? ». Remarque qu'elle ignora.

A la fin de ce discours, qui laissa l'adolescente le souffle court, les joues empourprées, Daniel, à peine ébranlé, pencha la tête sur le côté et lâcha grave :

-Ah.

Un long silence solennel s'installa entre eux, marquant une profonde réflexion de la part de l'interlocuteur de la jeune fille. Puis, d'un coup, avec une mine digne d'un caninos battue, le jeune adulte bredouilla, malheureux :

-Chuis obligé ?

Qui cloua littéralement sur place l'adolescente. Celle-là, cligna des yeux, la bouche ouverte, et dévisagea longuement le jeune en face d'elle. Force était de reconnaître, qu'il devait dire la vérité vu sa mine peu emballée, à croire qu'elle venait de le priver de friandise ! Ah non, pas de comparaison grivoise dans sa propre tête, ça faisait vraiment trop pitié ça !

« Pique-lui son fric tout de suite, et on en parle plus ! » Tonna la voix dans son crâne.

Non, elle ne pouvait pas faire ça, c'était du vol, de un, bon d'accord, elle n'était plus à un délit près, mais quand même, elle avait un minimum de moral dans certains domaines. De deux, elle était chez elle, quel voleur serait assez stupide pour voler un type, en plein milieu de sa planque, sans autre cachette dans sa manche ?

Pour s'en dissuader, elle se massa les tempes avec une patience, que malheureusement, elle n'avait guère, puis mielleuse, elle souffla :

-Je comprends pas. Okay, je suis pas super jolie, mais quand même !

Silence de la part de son interlocuteur, et qui ne dit mot, consent.

« …Pas d'état d'âme ! Choure-lui son fric ! »

Fang dut mettre toute sa volonté pour ne pas obéir cette fois, et de ce fait, ce fut sans commune douceur, ou même grâce qu'elle aboya de sa voix cassée à son invité :

-Mais qu'est-ce que tu foutais dans le quartier alors si tu voulais pas m'allonger ?!
-Je cherchais Shezza, mon employeur. Elle était poursuivie par les flics, et je l'ai perdue dans le dédale. Et je sais pas où Bernie et Sho sont garés avec le vann.
-Mais pourquoi tu m'as suivie alors ?!
-Tu avais l'air de savoir où tu allais.

Fang en resta les bas ballants, puis, après un moment de réflexion, durant lequel Daniel parut particulièrement intéressé par une tâche juste à droite de l'ampoule à nue pendante au plafond, elle lâcha :

-Donc dans ta logique, si j'avais été un tueur en série qui savait où j'allais, tu m'aurais suivi pareil ?

La réponse siffla aussi net.

-Oui.

Ce à quoi il crut bon d'ajouter avec un sourire innocent qui sonnait affreusement faux :

-Mais t'es pas un tueur en série, non ?

Silence de plomb.

-Non ?
-Je t'avoue là, que je retiens quelques pulsions meurtrières à ton égard. Maugréa Fang, sentant la colère sourde, et surtout, la frustration, gronder en elle.
-Tu es fâchée ?

Elle leva la tête vers l'étranger, qui arborait dès à présent une bouille de gamin désolé, tout simplement, insupportable ! Insurmontable. Son agacement fondit brutalement, comme une glace en plein zénith à Pyrite. Fang camoufla un sifflement de résignation, d'abandon, elle-même surprise. De toute façon, cela ne servait à rien de s'exciter avec les simples d'esprits ou les retardés, ça ne menait nulle part, sauf dans une profonde folie douce. Cependant, l'adolescente s'y noyait déjà lentement, depuis des années.

Avec gémissement, faussement vaincue, elle s'affala sur le sol, et grommela :

-Han, bon, va falloir que je trouve un autre client alors…

Elle ouvrit un œil, pour voir la réaction de son 'invité', celui-ci pencha simplement la tête, comme ne saisissant pas tout à fait ce que cette phrase impliquait.

'Laisse tomber, je crois que c'est peine perdue avec lui, même avec le chantage affectif ' Lui souffla la voix.

Malheureusement, si sa réhabilitation dans cette ville, avait bien appris une chose à Fang, c'était la persévérance, jusqu'à un point presque extrême. Elle était décidée, il faisait trop noir dehors pour aller pêcher un nouveau pigeon, elle arnaquerait celui qu'elle avait sous la main, c'était moins dangereux, même si pour cela elle devait l'extorquer, lui vriller le cœur, lui inspirer la plus pathétique des pitiés.

-Je me demande quel genre de mec je vais trouver à cette heure là…Hum, généralement, il n'y a que des gros tas bourrés et pervers, maintenant…Je vais peut être en prendre deux, et leur faire un tarif de groupe. Ce sera plus lucratif. Je vais pas beaucoup dormir…

Toujours aucune réaction.

-Bien entendu, tu peux toujours t'inviter dans la partie, après tout, je ne vais pas te jeter dehors, tu te ferais tuer, ou mettre en cellule de dégrisement avec ta tête… ! Je ne suis pas insensible, tu peux rester jusqu'à demain. Si tu ne me déranges pas dans mon boulot.

Rien, que dalle, nada, à peine un 'merci', sans soulagement ou émotion. Ce type était construit en quoi, au juste, en granit ? Mais elle l'aurait, oh, ça, elle s'en faisait la promesse, elle le ferait céder !

Déterminée, Fang se remit sur ses jambes, cachant une grimace de douleur, quand ses articulations en payèrent le prix. Maudits jours sans. Mais elle feignit la santé, repoussa le malaise, à chaque inspiration, elle s'encourageait, et avalait la suivante qui semblait inaccessible la seconde d'avant. Avec une mine hautaine, elle tâcha de se diriger jusqu'à la porte, et attrapa la poignée.

-Tu es obligée de faire ça ?

Voilà, elle avait gagné. Fang s'autorisa un sourire maigre. Les hommes, tous les mêmes. Pourtant, lorsqu'elle se tourna vers son interlocuteur, rétorquant un :

-Il faut bien que je trouve un client, j'ai besoin d'argent pour vivre, tu sais !

Elle ne croisa dans son regard, ni compassion, ni dignité purement masculine, ni même orgueil du sexe fort, qui poussait les plus réticents à se sacrifier pour 'préserver' la pauvre enfant qu'elle était de ces pervers qui rodaient dans les rues. Juste un constat, une incompréhension naïve face à une situation pareille.

-Si tu as besoin d'argent, je peux te payer. Dans ce cas, tu ne seras pas obligé de faire ça alors que tu te sens pas bien.

Cette fois là, la jeune fille vacilla d'étonnement, aussi blanche qu'un cachet d'aspirine. Comment avait-il percé à jour son jeu, alors qu'elle parvenait à travailler, à faire son service, heure après heure, sans que les clients ou ses collègues ne saisissent le moindre changement dans son attitude… ? Elle secoua négativement la tête, par pur réflexe, pour chasser le drôle de sentiment qui montait en elle.

-Non ? Bafouilla Daniel, perdu, déboussolé, face à ce refus.

Mince, il avait pris son geste pour une négation, Fang s'en mordit les lèvres, et le cœur battant, les joues s'imprégnant d'une chaleur de feu, elle s'enrailla le gosier en bredouillant précipitamment :

-N-Non, je veux dire, non, je peux pas te laisser me payer sans que je ne fasse rien ! Je veux dire, je…je veux pas la charité, je…Je…

Elle s'enfonçait. C'était bien sa veine, bien sûr qu'elle voulait la charité, elle disait n'importe quoi : elle qui voyait un salaire gratuit à porté, elle n'arrivait pas à le saisir, tout cela parce que, pour une fois, une rare fois…On se montrait gentil à son égard.

Elle avait connu beaucoup de compassions différentes, comme la gérante des orphelins de pyrites, qui voyait en chaque nouveau bambin brisé, un part d'elle-même, et espérait en aidant un peu bander ses propres plaies, désinfecter ses maux mal cicatrisés. Elle avait goûté à la pitié des adultes, la contemplant de haut, elle, la gamine des rues, réduite à vendre sa vertu pour survivre. Mais que valait la vertu, quand on était mort ? Ce genre de façon de penser lui filait la nausée.

« Arrête de t'éparpiller, et concentre-toi sur l'argent » Somma la voix au fond d'elle.

Fang se raidit, les poings serrés. Oui, rien d'autre ne comptait, cette semaine, elle voulait manger de la viande fraiche, pas un bouillon de restes, déniché un peu partout, et principalement au restaurant dans lequel elle travaillait. Pas le temps de faire la mijaurée, elle avait besoin de cet argent. Plus que lui en tout cas.

Résolue, elle leva les yeux vers l'étranger, prête à se rectifier, à nier bec et ongles ses derniers mots, quitte à se heurter à un mur d'avarice, mais elle se pétrifia de nouveau. Daniel la regardait avec une mine mélancolique, un rictus triste. Il hocha simplement de la tête, et souffla :

-Je peux comprendre que tu ne veuilles pas de la charité. Une de mes amies était exactement comme toi.

Son regard se figea sur un fantôme, pour se ternir, se parer du voile sombre du passé.

-Mais je ne veux passer mes nuits qu'avec une seule fille, et ce n'est pas toi. Avoua-t-il sans détour.

Fang chuta, sa poitrine l'étreignant malgré tout pour cette répulsion à son égard.

-Dans ce cas, que puis-je faire pour mériter mon salaire, si tu refuses de m'allonger ? Demanda-t-elle ; hagarde.

Daniel, parut songeur, quelques secondes, il posa un doigt sur ses lèvres, en pleine réflexion, et sa frimousse se peignit à nouveau de la palette de la mélancolie. Fang tressaillit d'une angoisse mal contrôlée quand il émit un « Oh » signe qu'il venait de dégotter son vœu. Pourtant, quand le garçon murmura ce qu'il désirait, ce n'était en rien ce à quoi elle s'était préparée à affronter :

-Est-ce que tu peux rire ?

Et sans même le savoir, naturellement, elle hocha de la tête, sans se poser davantage de questions. Ignorant qu'elle passerait ici là, en petit comité, dans son appartement froid et sale qu'elle côtoyait d'habitude sans même y faire attention, la meilleure soirée de sa vie.

Fang avait oublié, ce geste instinctif, ce hoquet, qui monte sournoisement, tord les tripes et étire les lèvres jusqu'à en faire mal, jusqu'à ce que le souffle manque, jusqu'à ce que le visage lui-même, tout contorsionné, en pleurs de calvaire, continue d'en redemander, euphorique. Le rire. Manie étrange, elle en avait usé, de ces faux semblants, de sourires charmeurs, mais cela n'avait rien à voir avec celui qui la secouait en cet instant.

Irrémédiablement, fatalement, le son si joyeux tira des souvenirs similaires, bien enterrés au fond de sa mémoire, au détour de son cœur, bien caché pour ne plus jamais les voir. Et pourtant, alors qu'ils hantaient ces cauchemars, qu'ils la tourmentaient sadiquement, se moquant de son malheur, se riant de ses ennuis, se vantant de cette époque sereine, insouciante, du temps où elle avait une famille, une vie, un bonheur…reflet de toute cette mélancolie sadiquement sournoise, stagnant en elle. Cette fois-ci, ils ne lui firent rien.

-Allez, cette fois j'ai gagné, tu ne peux pas avoir un plus beau jeu que le mien !
-Probablement.
-Allez montre !
-C'est contre les règles.
-Ce que tu as l'air sûr de toi, tu as forcément un bon jeu.
-Probablement.
-Tu es sûr que tu sais jouer.
-Je crois.
-Roh c'est bon j'me couche, allez montre ce que t'as, j'abandonne !

Daniel posa ses cartes sur la table sans autres formes de procès, et Fang explosa de rire, les larmes aux yeux.

-Oh non, c'est pas possible, comment tu m'as bluffé, t'as rien ! Pas même une petite paire ! J'avais une quinte flush ! Rah !

Le jeune adulte lui offrit un sourire de circonstance, ni heureux de gagner, ni déçu. Il avait une telle nonchalance, une attitude si lancinante, comme suppliante. Fang avait déjà vu ce genre de regard, celle des gamins, qui se relève après un affront, qui voit leur corps disloqué, humilié, et qui, par mécanisme, par simple instinct de survie, se relève, ramasse leurs biens, leurs vêtements, et vivent. Vivent alors que leur cœur est brisé, alors qu'ils n'aspirent qu'à son arrêt total. Une pause, une fin à cette agonie, un signe que tout ce qu'ils endurent n'est qu'un immense cauchemar. Un cauchemar qu'ils refusent d'imaginer permanent, mais qu'ils ne peuvent nier, malgré toute leur mauvaise foi.

Oui. Ce regard, elle le connaissait parfaitement.

C'était celui des agonisants, des personnes en sursit, qui espèrent se terrer dans un coin, et disparaitre. Ceux qui craignent les regards, les jugements, ceux qui ne savent même plus ce en quoi ils croient. Celui des brisés, qui se voyaient abandonnés, avec les pièces de leur puzzle, de leur être, éparpillés, manquants de pièces parfois, et qui se devait de tout réassembler, alors que l'envie leur en manquait.

-Daniel…Murmura-t-elle, doucement.

Le concerné leva le nez vers elle, et arqua un sourcil curieux. Fang lui offrit un merveilleux sourire, elle ne se croyait même pas capable d'arborer un jour une telle expression.

Elle ignorait si elle était jolie, elle supposait qu'elle devait posséder quelques attraits sensuels, mais à sa vue, elle ne possédait rien digne d'intérêt, d'admiration, comme ces grandes dames, celles dont la prestance auréole leur corps, où leur simple présence rend heureux.

Mais en cet instant, elle désira, elle souhaita de tout son être, être aussi belle que l'une de ces demoiselles, à l'aura transcendante, tandis qu'elle murmurait simplement à son bienfaiteur :

-Rit un peu toi aussi.

Daniel écarquilla légèrement des yeux, puis, lentement, doucement, il se détendit, et ses lèvres s'étirèrent douloureusement.

Ils lancèrent des vis sur la télé de Motisma, objets non identifiés que le Pokémon arrêtait en pleine course, pour leur renvoyer avec fureur. Ils se cachèrent derrière la table pour survivre à cette colère électrisante, Fang hilare, Daniel sceptique quant à leur survie – en toute ironie-. Ils établirent patiemment un château de cartes, comme deux gros gamins, puis, Fang, après un excès de frustration, se fit un plaisir de le détruire avec violence, ce foutu paquet de papiers qui veut pas tenir tout seul.

Puis, quand le sommeil les gagna, aussi lourd qu'une chape de plomb, Daniel s'enroula dans une couverture de laine, et s'installa au sol, à côté du lit, et elle lui demanda de lui conter ses voyages, de lui décrire les paysages qui existaient derrière l'horizon montagneux du désert.

Le plafond décrépit de son studio, sembla s'illuminer peu à peu, à mesure de ces récits, pour que les volutes obscures de la nuit se mélangent paisiblement à celle de son imagination, pour s'embrasser, s'y amuser, s'y complaire, dansant au rythme des sons, chantant d'autres légendes que les siennes. Les ténèbres devinrent presque attirantes de ce mystère, de ces rêves aux gouts étrangers.

Après un moment à admirer le vide, laissant libre court à ses interprétations de cet « Extérieur », Fang roula sur le côté, et passa un bras hors du matelas, pour effleurer la tignasse graisseuse de Daniel, assoupi. Ses doigts effleurèrent son front moite, s'entortillèrent dans ses mèches, comme pour s'assurer de sa réalité physique, de cet ange camouflé dans le noir, ce déchu bienfaiteur.

L'étranger fit une moue dans son sommeil, et il entrouvrit un œil, à demi comateux. Sa prunelle marron-boue scruta les alentours, hagarde, puis se posèrent sur Fang, pour y demeurer. Daniel plissa les paupières, et ses lèvres s'ornèrent d'un sourire lumineux, à la fois purulent de souffrance insupportable, et regorgeant d'un soulagement sans limite. L'adolescente sentit ses entrailles frétiller en elle.

« Eléa… »

Daniel referma les yeux, emporté par son songe éveillé, et il se recroquevilla sur lui-même dans un sanglot à peine audible.

Le cœur de Fang se gonfla de ce qu'elle nomma compassion, et de tristesse, elle retira sa main, pour la ramener auprès d'elle.

Alors, c'était donc le nom de la seule femme avec qui Daniel désirait passer ses nuits. Qu'était-elle advenue ? Que faisait-elle, alors que ce garçon si gentil, se languissait d'elle, incapable de sourire, même avec une autre ? Comment pouvait-elle l'ignorer, alors qu'il apportait, à elle, à une orpheline oubliée du monde, un peu de bonheur, sans parvenir lui-même à en garder un peu pour son compte ? Avait-elle seulement conscience, que le seul sourire sincère qu'il avait arboré de la toute la soirée, lui était entièrement dédié, en même temps que cette supplique agonisante, tremblante de douleur ?

Fang ne le savait pas. Et elle ne désirait pas le savoir. Elle ne connaissait que trop bien toute l'hypocrisie, l'égoïsme humain. Elle ne voulait pas assister à un autre exemple ce soir. Ce soir, elle souhaitait juste rire.

« Hey…Dark… ? » Hasarda-t-elle, dans le silence nocturne.

Aucun son ne lui répondit, mais elle sourit de cette présence.

« Est-ce que tu pourrais lui épargner quelques cauchemars, juste cette nuit… ? Que cette nuit, il fasse un beau rêve… ? »

Grognement perdu dans la pénombre, Fang sourit, et elle se tourna de nouveau vers son invité. Celui-ci, détendu, laissa tomber une larme durant sa léthargie, alors qu'il murmurait, à nouveau, encore, et encore, ce même nom. Mais cette fois, il ne paraissait plus en souffrir, juste, le retrouver, le savourer, l'étreindre, et l'aimer.

Fang rigola une dernière fois, puis elle ferma les paupières. Demain serait un beau jour.

Raté. Totalement raté.

Comment pouvait-elle se tromper à ce point des fois ? Non seulement, ce matin n'était pas un beau jour, une chaleur suffocante s'était instauré pendant son sommeil, comme un étau, autour d'eux…Mais en plus elle subissait un nouveau jour « sans » ! Le quatrième d'affilée !

Fang camoufla un juron furieux.

Pour couronner le tout, il s'en allait.

Daniel se tenait déjà, dans un coin de la pièce, bien réveillé, ses affaires prêtes, sur le pas de la porte. Il aida d'une main Fang à se relever, victime de malaises matinaux. Après un dernier coup d'œil au studio, il lança un au revoir en direction de la télé, qui répondit en grésillant tristement, puis tourna des talons. La jeune adolescente sur ses pas.

Ils firent le chemin du retour, dans le silence le plus total, la tête basse.

Seulement, une fois arrivé au carrefour central de Pyrite, il fallut bien se séparer. Fang jeta un regard sur Daniel, qui fouillait la rue du regard, à la recherche de ses compagnons perdu la veille, probablement…Et elle se mordit la lèvre inférieure. Elle détestait décidément les adieux.

-Bon ! S'exclama-t-elle sur un ton superficiel, tâchant de ni croiser le regard si envoutant de son bienfaiteur, ni de prononcer les mots tabous sur le ton déraillé qui commençait déjà à lui racler le fond du gosier.

Daniel se tourna vers elle, et il hocha de la tête, simplement.

-Au revoir alors.

Fang se crispa davantage, et elle plissa les paupières jusqu'à en avoir mal, pour fermer les yeux, pour ne pas admirer la scène, pour ne pas vivre ça, en un sens. Pourtant, à sa grande surprise, on lui glissa un objet froid, métallique dans la paume. Elle sursauta et réouvrit malencontrueusement le regard. Daniel lui offrit un sourire désolé.

-Je crois que c'est assez rare ici…J'en ai mis deux, pour que tu puisses en utiliser une pour ton propre compte. Comme pour capturer ce Motisma chez toi…Et la chaine…c'est pour pas que tu te les fasses voler…

Fang n'osa y croire, pourtant, entre ses doigts, elle sentait la froideur du métal, et sa douceur polie, elle pouvait même caresser les pourtours décoratifs ornant la sphère si précieuse, bordé entre les maillons glacés de la chaine en acier. Deux pokéballs. Il lui donnait en guise de paiement deux pokéballs.

Le temps qu'elle se remette de ses émotions, qu'elle relève la tête, pour aboyer un merci, un peu trop débordant, sincère…Il avait disparu. Plus personne ne se tenait devant elle. Fang crut voir la tignasse aile de cornèbre, non loin, se faire choper par une dame bien roulée, et puissante, et se faire enlacer par une sorte de pile électrique blonde, à grand renfort de cris de joie, mais ce fut trop fugace, trop indistinct, lointain, pour qu'elle n'en soit certaine.

Pourtant, elle tenait entre ses mains, la preuve formelle, de sa réalité.

Doucement, Fang leva les yeux vers le colisée, qui la défiait de sa grandeur, et son regard bleu électrique pétilla d'ambition.

« Dark… » Murmura-t-elle, presque sur un ton solennel.

La bise lui répondit, faisant virevolter les grains du désert dans le vide, tel d'invisibles danseurs, des fantômes fugaces des récits de Daniel, dont le garçon lui-même paraissait s'en être extirpé. Peut-être, d'ailleurs, furent-ils les seuls à percevoir la promesse muette, déterminée, de l'adolescente en cet instant.

« J'partirai d'ici, bientôt »

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

A quelques mètres de là, au détour d'une ruelle sombre, Daniel se faisait traîner sans douceur, un bras musclé enroulé autour de son cou, il concentrait toutes ses forces pour respirer. Shezza, ne montrait décidément aucune compassion. Sho, le petit blondinet, trottinait sur leur sillage et ricanait allégrement.

-Non mais sérieux gamin ! Tu crois quoi ? Ta mère t'a jamais dit, que quand on est perdu on reste sur place !

Daniel se figea.

-Il pouvait pas on avait les flics aux trousses ! On l'aurait récupéré en cellule ! Ou même pas du tout ! Rit Sho.
-Bah, ouais ! Au moins j'aurais su où que j'l'aurai abandonné ! Patin ! J'ai cru qu'Bernie allait appeler son frère Marcel et me massacrer pour t'avoir paumé !
-Il fait peur le Marcel ! C'est pas un sorcier, mais presque ! approuva le petit, sans quitter sa mine guillerette, ce qui n'aidait pas du tout son propos.
-Mais non couillon, c'est le nom de l'émission où il bosse ça ! S'exaspéra Shezza.

Soudain, un rire leur parvint, s'éleva. Shezza et Sho se figèrent, et par habitude ; ils regardèrent tout autour d'eux, puis entre eux, à la recherche du bruit. Quelle ne fut pas leur surprise, de voir, que ce son provenait ni plus ni moins de Daniel ! Qui ricanait bien gentiment, timidement.

-OH PU-PATIN !

La brune et le blond reculèrent d'un bond, les prunelles écarquillées.

-Maman, il rit ! Il est bizarre !
-Ne m'appelle pas maman ! –La réplique fut suivie de l'habituel coup sur le crâne- Je vaaiiiis me faire engueuler par Bernie le petit a pris des produits illicites !
-Déjà qu'il avait l'air shooté.
-Maintenant voilà qu'il l'est.

Mais Daniel secoua la tête et bien que son rire se calmât, il garda un léger sourire sur les lèvres.

-Je vais bien. Les rassura-t-il.

Il haussa des épaules.

-J'ai juste fait un beau rêve cette nuit.

Un de ceux que l'on souhaite refaire indéfiniment, jusqu'à le connaître par cœur.

Ses compagnons de route, plus pragmatiques –et certains à présent que l'autre s'était drogué- arquèrent un sourcil, synchrones. Ils n'étaient peut-être pas liés par le sang, mais ils étaient définitivement, mère et fils dans leur attitude.

-Mouais. C'est ça. Un beau rêve.

Un beau trip plutôt.

Shezza haussa des épaules, et tourna des talons, mais Sho, lui, s'approcha de Daniel, et passa un bras sur son épaule, pour lui envoyer une expression joyeuse. Ses yeux pétillèrent de joie, alors qu'il lui envoyait enjoué :

-Tu sais quoi ? C'est la première fois que je te vois sourire ! Je veux dire, un vrai sourire quoi !

Daniel sursauta, et grimaça, son cœur se serrant. Alors que Sho se précipitait dans les pas de sa « mère », le brun, lui, se retourna avant d'emboiter le pas. Une légère brise lui caressa le dos, comme pour le réconforter, ses doigts se serrèrent sur la lanière de son sac, son regard se perdant dans l'immensité du ciel de Rhodes.

-Merci.

Il avait toujours cru, tout relativement, aux esprits, et autres superstitions, mais petit à petit, seul, il apprenait à être plus sur de lui, de ses choix, de ce qu'il ressentait. Et aujourd'hui, il en avait la certitude, elle l'avait aidé.

Il sourit mélancoliquement, le poids de l'absence lui broyant les entrailles.
Mais, peut-être, finalement, se faisait-il simplement quelques illusions…