Ch. 06 Mon jumeau, mes invités et ma grand-mère
Sur la route déserte fraîchement ensoleillée par les rayons du matin, les deux jumeaux faisaient office de guides pour les étrangers, alias Ethan, Audrey et Lana. C'était un temps un peu aride, où les Keunotor habituellement en quête de pieds humains à grignoter, préféraient la fraîcheur de la verdure sur les bords de la route sablée. C'était beau, c'était calme et...
- C'EST L'HISTOIRE DE LA VIIIIIIIIIIIIIIIIIIE !!!!!!!!!!!!
- Non Emi, non ! supplia Audrey.
- Elle est toujours comme ça ? demanda Ethan.
- Toujours, dit William en plissant les yeux. Ah ! Vous voyez, là-bas, c'est Verchamps !
- LE CYCLE ETEEEERRRNNEEEEEELLLLLLLLLLLEEEUUUHHHH !!!!
- Ce truc plein de marais et de Cradopaud ? ricana Lana.
- Oui, en partie, se reprit Emilie. Mais comme grand-mère est assez aisée niveau financier, on est du côté Nord-Est, donc là où il y a les plaines d'herbes !
- Et les marais... renchérit Lana.
- Mais non ! Tu verras, t'en reviendras pas. Y a même un grand étang à l'eau claire, parce qu'il est entretenu par des Ecrapince.
- 'Etang', c'est le politiquement correct pour dire 'marais'... marmonna Lana.
- Moi, j'ai hâte de voir ! sourit Audrey. Je suis sûre que c'est très joli.
Emi sourit à la rousse et toutes deux s'avancèrent en se tenant le bras. Ethan et Will s'étonnèrent.
- T'imagines on faisait ça juste parce qu'on est d'accord ? demanda Ethan.
- Mais on peut très bien ! Viens par là mon chéri !! sourit Will.
Il attrapa le coordinateur par le bras et ils dépassèrent les filles tout en roulant bien comme il faut et en laissant la main pendre à la hauteur du buste. Lana ricana et Luxray soupira, dépassé par leurs âneries. Ethan arrêta et tourna la tête vers une grande étendue d'eau.
- Oh ! Un lac !
- Oui, c'est le lac Courage, annonça Emi.
- Courage ? répéta-t-il, comme un enfant.
- C'est ce lieu qui abrite le Légendaire Créfadet. Enfin, normalement, personne ne l'a vu depuis l'assèchement du lac par la Team Galaxie.
- Ah oui, se souvint Lana, c'était quand LE grand Sacha Ketchum avait combattu le commandant Saturne !
- Encore une fan de Sacha... pesta Will.
- Oh ouiiiiii ! dit Audrey avec des cœurs dans les yeux.
- Pathétique ! souffla Ethan.
Ils entrèrent dans Verchamps. Ils n'eurent pas à le traverser car sur la gauche, se trouvait un petit chemin menant à la propriété Fabray. Les jeunes s'arrêtèrent quand même cinq minutes, pour laisser aux touristes du groupe découvrir le lieu. Beaucoup de maisons, beaucoup de Cradopaud... Et au loin, on pouvait apercevoir les marais aux Sancoki. Le paysage s'étendait assez, mais était rapidement délimité par des arbres. Une palette de verts et de bleus constituait le village.
- Je-ne-veux-pas de marais vers chez vous, supplia Lana.
- T'as un gros problèmes avec les marais toi... grommela Will.
Ils empruntèrent le sentier sur la gauche, entouré de Saules Pleureurs. Il devait faire une trentaine de mètres, et on n'avait aucunement l'impression que Verchamps contenait un tel endroit.
- Attention... sourit Emilie. TADAM !
Le chemin déboucha sur une immense propriété. Les mâchoires d'Audrey, Lana et Ethan se détachèrent et touchèrent le sol avec fracas (hyperbole, hein !). Un vaste terrain d'herbes couleur pomme bien taillé certainement par un jardinier payé comme un Kaimorse, logeait une sorte de petit château. Effectivement, comme l'avait dit Emilie, un étang à l'eau claire se trouvait à l'autre bout du terrain, avec à côté, un magnifique arbre de Judée au tronc très épais et emmêlé. Le château était cerclé par du sable blanc, et tout le trajet du chemin à la résidence était de ce sable. En plein milieu du terrain, une grande fontaine surplombait le tout. En pierre, le jet venait d'un Milobellus regardant vers le ciel, et enroulé comme un serpent seulement au bout. Autour, des Lanturn en pierre jetaient de l'eau sur le Milobellus central. Quant au petit château, le toit semblait être en ardoise. Les murs en pierres, de couleur ocre, dont les arêtes étaient en pierre blanche, étaient d'un côté, couverts de lièges verts et rouge sang. Beaucoup de fenêtres, et deux perrons menaient aux entrées. Non loin de ces derniers se trouvaient des statues des trois oiseaux légendaires, Artikodin, Electhor, et Sulfura. L'endroit ressemblait bêtement à une photo. Un Roserade sortit de la demeure et commença à tailler les haies avec Coupe.
- Attends... T'as toute cette place et... même pas une piscine ?! s'étonna Audrey, choquée.
- C'est une blague, vous habitez par là ? demanda Ethan.
- C'est ça que t'appelles « à l'aise financier » ? Z'êtes carrément BLINDÉS de fric ! cria Audrey.
- En même temps, ça expliquerait la chambre plus grande à la Fac, et les montres Guess de différentes couleurs de William... railla Lana.
- Mhéééé ! cria l'intéressé.
- En plus, William, c'est un prénom de bourgeois ! rit Ethan.
- Euuuuuuuh !
- Puis encore lui il s'habille bien, avec des marques et tout...
- Oui bon Lana... mamonna-t-il.
- ...alors qu'Emi, elle met toujours des trucs excentriques !
L'intéressée acquiesça, vêtue d'un bustier bleu et d'une jupe rose fushia à froufrous.
- Ben oui, c'est mon style, surtout le maquillage et les ongles !
Audrey regarda ses ongles, roses fuchsia avec des minuscules pattes de Chacripan jaunes fluo. Elle leva la tête vers son visage. Bien blonde, ses yeux bleus cerclés de noir, avec du fard à paupières rose et bleu, et du rouge à lèvres rouge.
- Ah oui, c'est ton style... répéta Audrey, amusée. C'est du maquillage Gosh, c'est ça ! pouffa-t-elle.
- On vous a pas amené ici pour que vous vous moquiez... dit Emi.
Une vieille dame sortit du château :
- Mes chéris ! Je suis tellement contente de vous revoir, ça faisait si longtemps !
- Grand-mère... s'enjoua faussement William. Ca ne fait qu'une semaine, et encore...
Emilie donna un coup de coude à son jumeau.
- SI, ça faisait LONGTEMPS ! Grand-mère, je te présente nos amis, Ethan, Lana et Audrey !
Les trois nouveaux saluèrent timidement de la main. Mme Fabray devait environner la soixantaine, et malgré sa couleur blonde platine, on distinguait ses racines grisonnantes. Le sourire radieux esquissé entre quelques rides marquant des années de rire, les yeux pétillants, des boucles d'oreilles brillantes de mille feux, cette femme apportait gaieté et excentricité au paysage. Son maquillage était assez gras au niveau des yeux, dans les violets. Disons que le style d'Emilie devait venir de là. Bien entendu, les vêtements de la vieille dame avaient dû coûter horriblement chers. Elle portait un tailleur violet 'laqué', avec des chaussures à talons de la même couleur. Ses doigts étaient ornés de bagues en tout genre, de grosses améthystes ou des discrètes en diamants. Sa voix mielleuse et un peu rauque avait l'air d'être pour Emilie comme une berceuse, la reconduisant instantanément à l'enfance.
- Ravie de vous rencontrer les enfants ! Entrez donc ! Ne soyez pas timides !
Ils longèrent le chemin sablonneux de la grande propriété, et s'arrêtèrent devant le Roserade qui travaillait.
- Oria, rentre donc avec nous et appelle Major s'il te plaît.
- Major, c'est un Caninos ? demanda Audrey.
La mamie ricana d'un rire enfantin.
- Major n'est pas automatiquement le nom d'un chien ! C'est tout simplement mon Majordome. Et on l'appelle Major.
- Major est très gentil, tu verras, dit Emi en faisant un clin d'œil à Audrey pour la rassurer.
Ils entrèrent dans la demeure.- Qu'est-ce que c'est que ça ?
Ethan ricana. Lana s'était bouchée les oreilles, puis retira rapidement ses mains par signe de politesse. Audrey commença se trémousser, et Emi chanta en même temps.
- Grand-mère, on t'a dit qu'on avait des invités... souffla Will.
- Mais cette musique et si chou !
- ...lante, saoulante...! s'exclama Lana.
- Bon allez, venez dans le séjour.
Le hall, de marbre blanc, rayonnait de toutes parts. Le lustre devait être en cristal, et en imposait vachement. Quant au séjour, il faisait assez ancien, style baroque Louis Xquelque chose. Dans les marrons et beiges, avec un grand piano prenant un quart de la pièce, une grande table en verre et aux bordures de couleur or du côté cuisine, et de l'autre, à côté du piano, deux canapés se regardant dans le silence le plus harmonieux.
- Télé ? sortit Ethan.
- A pas ? continua Lana.
- Dans notre chambre ! sourit Emi. Ici c'est lecture et piano, mais la télé, ça dérange.
Le majordome arriva soudainement.
- Ah Major, vous tombez bien, préparez donc à ces enfants de quoi se remplir l'estomac !
- Il n'est que neuf heures... Ne vous en faites pas, signala Lana.
- Oh mais j'insiste, vous devez bien avoir faim ?
- Moi, oui... glissa Audrey avec un sourire.
Mme Fabray opina.
- Voilà qui est bien parlé, jeune demoiselle. Major, croissants, pains au chocolat, beignets, blinis, confiture, Nutella (publicité !), jus d'orange, café et thé !
- Tout de suite.
L'homme au crâne assez dégarni, dans son costume noir partit dans la cuisine. La Grand-mère invita les jeunes à s'asseoir. Ils commencèrent à discuter.
- Comment ça se fait que vous êtes riche ? demanda Audrey.
Lana secoua la tête et la posa sur sa main, désespérée. La musique commençait à agacer William.
- C'est un héritage familial. Un trésor trouvé par mes ancêtres, je sais pas trop quoi. Et donc à la mort de mes parents, j'ai hérité de l'argent qu'ils avaient eu en revendant ce trésor. Je préfère en profiter, et je sais qu'il en reste assez pour mes petits enfants.
- Et vos parents ? demanda Ethan aux jumeaux.
- Nos parents sont morts, terminés, répondit froidement William.
- Excuse moi, vieux, dit le brun.
- Non, non.
- Mais cela n'est pas grave, mon chéri ! s'exclama Mme Fabray. Les parents étaient tout deux policiers, ils sont morts il y a cinq ans, les jeunots avaient treize ans.
- Grand-mère, ça va ! s'énerva Will.
Audrey, Ethan et Lana se rendirent compte que seule Emilie était en totale admiration envers sa grand-mère. William avait toujours eu l'air blasé les rares fois où il en parlait. Mais ils commençaient à comprendre : cette insouciance, cette ambiance innocente et enfantine, devait agacer le grand garçon.
Et en effet, William ne voulait pas qu'Emilie ne devienne comme elle.
- Mais quoi ? Il faut savoir en parler librement, je te rappelle que ton père était mon fils quand même !
- Grrrr, grogna-t-il.
- Les parents d'Emi et Will, suivaient de nombreuses enquêtes, leur voiture a été retrouvée dans un ravin, mais...
- ASSEZ ! tonitrua Will.
Il se leva brusquement, sous le regard inquiet d'Emilie, et le regard étonné des autres. Il emprunta un escalier blanc, dans le hall, et monta dans sa chambre. (La musique étant répétitive, je vous invite à l'arrêter ^^) On entendit un craquement, que Luxray sentit apparament plus fort, et grogna.
- Je crois que mon petit-fils n'a pas envie que notre vie soit déballée. Emilie, conduis donc ces jeunes gens dans votre chambre avec la nourriture que vous apporte Major.
En effet, Major arriva avec de succulents croissants à l'odeur envoutante.
- Vous savez pertinemment que William est un jeune homme taciturne, si je puis me permettre, argua-il, comme pour remettre en place sa patronne.
- Major, le jour où votre Roucool vous ramènera des lingots d'or à la place de Chenipan à moitié mangés, vous pourrez me donner la leçon car vous n'aurez plus de salaire.
- Message reçu, dit-il en souriant.
- Merci Major, sourit également Emi.
Il disparut à la porte d'entrée. Emilie prit ses trois invités et les emmena dans la chambre. Ils montèrent l'escalier en colimaçon et pénétrèrent dans la pièce. Une grande chambre bleue Majorelle, avec une fenêtre arquée en face de la porte. Les deux lits étaient très espacés, et deux bureaux - tout deux en vrac – se trouvaient en face de ces derniers. William était allongé sur son lit, Demolosse et Linéon avec lui.
- Il s'allonge toujours...
- ...quand il est énervé, termina Lana.
- Oui ! sourit Emilie. Allez gros tas de viande, lève toi !
- Parle moi meilleur !
- Quel français surdéveloppé, dit Ethan, étonné.
- J'en ai marre qu'elle soit si gamine... Je t'interdis de devenir comme elle, Emi !
- Non, promis... chuchota-t-elle.
- Bon si on mangeait ? Après on ira dehors, c'est peut être mieux, je me sens un peu de trop dans la maison... décréta Lana.
- Bonne idée.
Ils se rassasièrent donc avec les aliments procurés par Major, et même Demolosse, Linéon et Luxray en eurent droit. Audrey décida de sortir l'œuf sous couveuse, qui attira direct l'attention d'Emilie.
- Oh, moi je dis c'est pour demain !
- Moi aussi, sourit Audrey. J'ai hâte de voir ce que ce sera !
- Un Pichu ? dit Will.
- Un Germignon ? ajouta Emi.
- Un Korillon ? renchérit Ethan.
- Un Solochi ? surenchérit Lana.
- Un Pyronille ?
Tous regardèrent Audrey.
- Bah quoi, c'est toujours beau de rêver...
= =
Début d'aprèm. Audrey, Emilie, Ethan, Lana et William s'étaient rendus à l'extérieur depuis déjà un moment. Quand ils étaient arrivés dehors, Major avait sorti un Lokhlass dans le petit lac aux Ecrapince, ce qui avait réjouit Lana. Elle avait sorti le sien par la suite, et tout deux semblaient vivre d'amour et d'eau fraîche. Sa Lokhlass n'avait quasiment jamais rencontré d'autre Lokhlass, et c'était comme si elle était revigorée. « Tant mieux, pensa Lana, parce qu'avec tout les problèmes qui me tombent sous le nez... » Audrey, Emi et Will avaient laissé Lokhlass jouer et étaient partis s'entraîner à une vingtaine de mètres. Lana surveillait son Pokémon et Ethan était resté.
- Comment ça va ? demanda-t-il pour parler.
- Ca va. Et toi ?
- Je... vais bien.
- Tu as l'air soucieux depuis hier après midi.
Il se mordilla les lèvres. « Il est quand même trop beau... » pensa-t-elle pour la première fois.
- On peut juste discuter tranquillement tout les deux ?
- Tu regrettes de m'avoir raconté ton passé ? s'inquiéta-t-elle.
- Non. En rien, c'est vrai que sur le coup je me suis étonné de te l'avoir dit si précipitamment. Mais je ne le regrette pas du tout.
- Bien, dit-elle avec un sourire rassuré.
Autour du lac, il y avait une rambarde en pierre blanche, où Ethan et Lana s'étaient appuyés tout en regardant les deux Lokhlass...
- Erm, tournons la tête, toussota Ethan.
- Je ne l'ai pas éduquée comme ça ! ricana Lana, interloquée par son Pokémon. Ca sent l'œuf ça !
- Peut être, peut être pas ! En tout cas, tu éduques très bien tes Pokémon. Ton Luxray est magnifique et paraît très puissant.
A côté d'Audrey, Luxray, couché, se léchait doucement la patte avant, tout en jetant quelque coups d'œil derrière lui, pour surveiller les deux bruns.
- J'ai rencontré Luxray à cinq ans. Mes parents ne voulaient pas que j'ai de Pokémon avant le Pokémon que nous donnait l'école.
Ethan la regarda, conscient que venant de Lana, se confier paraissait s'humilier.
- Un jour, je suis allée dans une petite forêt près de Céladopole avec Matt, mon meilleur ami, et j'ai vu un chasseur tirer sur un grand Luxray. J'ai crié et le chasseur est parti sans prendre sa cagnotte. Je voulais pas que le Pokémon meure alors j'ai couru très très vite. Luxray était en sang et toussotait ; en fin de vie.
- Ton Luxray ? Purée il s'est sacrément remis alors !
- Mais non, bêta... c'était sa mère. J'ai tourné la tête et j'ai vu un petit Lixy assis sagement devant sa maman. Il a commencé à humer l'air et à pleurer. Jamais je n'avais vu un Pokémon pleurer, alors j'ai pleuré avec lui. Matt n'était pas avec moi, il coursait les Balignon, dit-elle, chagrinée. Lixy était badigeonné de sang tellement il s'était collé à sa mère. Après j'ai mis des grandes branches sur la maman Luxray, qui était morte et j'ai caressé Lixy. Il y a eu comme... une osmose. Mais je devais rentrer alors je suis partie. Il m'a suivie. Il était trop chou.
- Mais tes parents ne voulaient pas ?
- Non. Donc je l'ai caché pendant trois ans dans un trou d'un grand arbre dans mon jardin. Il y restait tranquillement, c'était sa cabane, tu vois.
Ethan opina.
- Bref, au bout de trois ans, ma mère faisait le tour du jardin pour virer les Chenipotte, et elle est tombée dessus. Après des longues heures de bataille, à huit ans, j'ai enfermé mon premier Pokémon.
- Je comprends. Tu as dit à la Fac que tu l'as eu à cinq ans, et c'est juste. Même s'il n'était pas dans une PokéBall, il était avec toi, pour toi.
- Oui, sourit-elle en essuyant une larme.
Audrey entraînait son Givrali contre le Musteflott de Will. Winnie, le Teddiursa d'Emi, observait tout, alors qu'il plongeait sa patte dans un pot de miel tout en se faisant brosser par sa dresseuse.
- Tu veux devenir boulimique ??? s'étonna Emi tant il était gourmand.
- Laisse-le faire, pour une fois qu'il ne se prive pas ! s'exclama Will. Musteflott, Surf et Vent Glace !
- Voilà, ça c'est une bonne combinaison ! le félicita Audrey. Eclats Glace et Ball'Ombre.
La vague glacée allait s'abattre sur Givrali qui contra aisément avec sa combinaison. Elle fendit la glace à coup de boules d'énergie Spectre percées en plusieurs morceaux par les éclats de glace.
- Bon, tu m'apprends les combinaisons, et moi je t'apprends à gérer ta puissance dans les bons moments, parce que c'est pas assez fluide tout ça, dit William en rappelant Musteflott.
- Ca me va. Symbios est le dernier de l'équipe alors je veux bien que tu m'aides, dit-elle avec un grand sourire.
- C'est quoi ce sourire de dragueuse ? dit-il en ricanant.
- C'est ce que c'est !
- Contente toi d'être toi-même et de pas flirter avec tout les mecs, et y aura des chances qu'il se passe quelque chose. Je suis pas un bouche trou parce qu'Ethan t'a jetée, dit-il clairement.
- Compris.
« On m'a jamais parlée comme ça... C'est qu'Ethan et Will sont des grands hommes ! » songea-t-elle en souriant.
- Pourquoi tu souris ? demanda Emi.
- Parce que je me sens bien !
Elles se regardèrent, le visage frais et content, et Audrey suivit Will pour s'entraîner. Emi sortit l'œuf d'Audrey et commença à s'en occuper.
= =
19h. Le soleil commençait à tomber, emmenant avec lui ses rayons lumineux. Il s'était caché derrière un nuage, comme ayant honte de cacher son départ. Le ciel était orangé, Ethan et Lana étaient encore dans le jardin. Audrey, Emi et Will étaient partis sur l'ordi, afin que Will montre ses perles de Youtube.
Ethan stressait de plus en plus. Ca se voyait tellement. Lana n'était pas dupe.
- Ethan... dit-elle avec un ton de maman impatiente.
- Tu veux qu'on marche ?
- Pourquoi pas, on a qu'à explorer derrière les saules pleureurs.
Ils quittèrent la demeure et s'élancèrent dans leur marche en silence. Au bout de cinq minutes, ils découvrirent une plaine cabossée, donnant vue sur le Lac Courage. Ils s'assirent et observèrent le paysage. Lana vit qu'il tenait la poche de son short blanc bien contre lui.
- Parle, je stresse.
- Je sais tout Lana.
- Quoi, tout ?
- TOUT.
Il semblait se métamorphoser. Passer d'un homme adorable et inquiet à un totalement désemparé et énervé.
- Tu comptais le dire quand Lana ?? Garder ça pour toi ?
- Non... Ne me dis pas que...
- Ta lettre. Tes mails même.
- Quoi ? T'AS FOUILLE MES MAILS ?!
- T'étais partie ! Je sentais que tu cachais quelque chose. Je veux t'aider, tu comprends ? Je veux que ça aille dans un double sens...
On aurait dit qu'il contenait un spasme ou une crise d'angoisse, il plissa les yeux, força le poing, puis redevint comme avant alors que Lana respirait comme elle pouvait.
- Je t'ai fait confiance en te laissant les clefs ! Je suis juste allée chercher Evoli, et toi, tu as : fouillé dans mon appart et embrassé la rousse ?
- Euh... oui.
- Bon bon bon... D'abord, la lettre, se calma Lana. La lettre, c'est un secret, tu le vois il y a écrit – elle prit la lettre entre ses mains – « Ne parlez pas de ceci. » C'EST CLAIR CA, NON ?
- Calme-toi... dit-il, pour s'apaiser lui-même aussi.
- J'ai eu cette lettre en arrivant au studio, elle était sur la table. Enveloppe blanche.
- D'accord. Mais tu te rends compte que tu vas avoir des ennuis ? C'est dit « Prenez soin de vous... en attendant ».
- Oui bon Ethan merci je sais lire, je sais avoir peur quand il faut aussi !
- Et tes mails, on en parle ?
Lana pâlit soudain.- C'est du passé. Je dois aller de l'avant.
- Le mail date d'il y a trois semaine...
Elle inspira longuement, sentant qu'un poids énorme lui tombait dessus progressivement. La bulle se refermait, et pour la première fois de sa vie, elle allait parler. Elle força l'expression de son visage, l'humiliation, la peur.
- C'était un Kraboss.
- Hein ?
Elle sentait les larmes monter. Pourquoi elle avait envie de lui dire ? C'était peut être trop lourd à porter, tout simplement. Mais elle savait qu'en parlant de la lettre, déjà elle le mettait en danger. Mais son secret le plus lourd, le plus infâme, allait sortir, pour une personne qu'elle ne connaissait que depuis quelques jours, mais qu'elle semblait connaître depuis des années. Lana remonta son débardeur à la hauteur du nombril, où Ethan put voir la cicatrice sur sa hanche.
- Avant mes 14 ans, j'avais pleins d'amies. Puis un jour, un gars s'était installé dans ma rue, il avait deux ans de plus que moi.
- Ce gars qui t'envoie pleins de mails ?
- Oui. Il a utilisé ses Pokémon comme des armes de guerre, à me frapper, pour que je sois plus vulnérable... Il est invincible. Son Kraboss m'a lancé une Pince Masse à mes 15ans.
- Non mais attends, plus vulnérable... Pour quoi ?
Lana ne répondit pas. Ethan comprit.
- Han c'est pas vrai... s'écria-t-il.
- Et crois-moi, je sais ce que c'est que d'être sauvée par un Pokémon.
- Ton Jungko t'a sauvée ?
- Non pas lui, je l'ai rencontré dans la forêt.
Elle parlait normalement, seulement ses larmes la trahissaient. « Elle a du courage elle aussi... On a tous des histoires de dingues... » Lana sortit Lucario.
- Tu m'avais présenté ton Carapagos, moi je te présente mon Lucario.
Ethan tendit la main pour le saluer, et Lucario la prit et la secoua, connaissant les manies des humains.
- Les Lucario sont des Pokémon rares, réputés pour ressentir les émotions des humains à des kilomètres... c'est pour ça que tu en as un ; il a senti.
- Oui. Lucario est arrivé en courant et il lui a planté une bonne Aurasphère.
Lucario se mit au garde à vous, fier de lui.
- Il t'a fait ça qu'une fois, ce...
Ethan chercha dans sa mémoire le nom qu'il avait vu dans ses mails.
- ... Axel ?
- Si c'était pas tout les jours, c'était dans ses eaux-là.
Il déglutit.
- J'ai pas été violée, Ethan.
- Oh... Abusée ?
- Voilà.
Ethan la regarda avec insistance. « Elle ment. »
- Et à partir de ce jour-là, j'ai toujours eu du mal à me lier avec quelqu'un. C'est... comme ça.
- Mais les amis sont là pour aider Lana.
- Pour moi, ce sont les Pokémon les plus aptes, les plus innocents.
- C'est vrai. Mais les humains pensent comme toi, ça peut être aussi intérressant de te confier à eux, comme tu l'as fait avec moi, sourit Ethan, gêné de la conversation aussi.
- Je dérange les humains en leur disant. Bon, on se contentera de cette discussion, qui nous met hyper mal à l'aise tout les deux, hein ? argua-t-elle les yeux humides.
Elle tourna la tête vers le lac. Il était beau. L'eau scintillait et des Ecayon en sortaient de temps en temps. Au milieu, une grotte, banale, en forme d'igloo, rocailleuse. « C'est marrant, on a tout les deux été sauvés par des Pokémon. On ne serait rien sans eux. »
- Tu m'en aurais parlé si je t'avais raconté mon histoire ?
- Non, admit-elle.
- Alors j'ai bien fait !
- Ne rêve pas, tu risques d'avoir des problèmes. Encore heureux que tu ne le rencontrera jamais parce que...
- Je le défoncerais, ouais !
- Surtout parce que s'il l'apprend, je sais pas de quoi il sera capable.
« C'est tellement bizarre. Elle pleure sans pleurer » pensa-t-il en la regardant. Il l'attrapa avec son bras et l'attira à elle. Ils restèrent comme ça pendant une bonne dizaine de minutes. Ils ne parlèrent pas, se contentèrent de penser à leur histoire. Pourquoi avait-elle réussit à en parler si vite ? Elle ne lui en voulait même plus. Dans un sens, sa confession revenait peut être à lui dire « merci ». Quant à lui, il se rappelait des parents de William et Emi, des siens, et de la vie de Lana. Pourquoi tant d'injustices juste pour quatre personnes ? Ils étaient bien là, tout les deux. Lana n'avait pas envie de partir, de ré-affronter la vie ; Ethan s'engagea mentalement à veiller sur elle. Toujours.
= =
- Bon, mes petits mignons ! commença Emi. Avec Will, on va rester chez grand-mère pour le week end, et on reviendra lundi matin !
Ils étaient tous les cinq, devant la porte de la grande maison.
- Euh, t'as décidé ça quand, Emi ? s'étonna son frère.
- Là. Parce que j'aime cette maison !
- Ben moi j'ai pas envie, restes y toute seule !
- Roh, t'es lourd William.
- Dis toi qu'il faudrait tout de même que tu t'entraînes un peu, Emi, rappela Ethan.
- C'est pas chez ta mamie que ça se fera ! ajouta Lana, depuis calmée.
- Mais les amis... geignit-elle.
- En plus, l'œuf doit éclore demain ! s'enjoua Audrey.
Les yeux d'Emilie brillèrent.
- D'accord !! J'ARRIVE !
- Ca y est, Audrey connaît le fonctionnement de ta sœur, sourit le brun au blond.
- Elles ont passé toute l'aprèm ensemble, on dirait les meilleures amies du monde, t'sais...
- Ben tant mieux, dit Lana, contente pour elles.
Emi réapparut enfin dans l'encadrement de la porte centrale, suivie de Mme Fabray. Après lui avoir souhaité une bonne soirée, les cinq étudiants partirent en direction de leur Fac.
= =
Un Pokémon qui les avait suivis pendant tout ce temps, pensa qu'il avait enfin retiré suffisamment d'informations. Il dépassa les cinq humains qui marchaient tranquillement, en courant, invisible aux yeux de tous. Au fur et à mesure qu'il avançait dans sa course, son camouflage disparaissait doucement. Ce grand Pokémon, vert, aux yeux globuleux, entra dans la Fac et rejoignit son maître, dans la salle de Combat.
- Ah te voilà ! Je pensais devoir t'attendre toute la journée, Kecleon !
Kecleon tendit le microphone à Ricky Fontes, qui l'appuya contre son oreille tout en écoutant. Il passait certaines séquences, mais stoppa en entendant la conversation autour de la table le matin, dans la chambre, et sur la plaine. Il écarquilla soudain les yeux et se saisit de son téléphone, sous les airs triomphant de son Pokémon.
- Kecleon, tu es un boss.
Il composa rapidement un numéro.
- Ici Ricky. Elle a parlé.
La voix de l'autre côté du combiné jura et répondit :
- Pas le choix, ça pouvait arriver. Demain, réunion avec tout le groupe. Un nouveau arrive. Le Maître l'amène lui-même.
Ricky déglutit.
- J'aime pas les nouveaux. Et le Maître va encore me faire des remarques.
- Cesse de geindre, tu as fait du bon boulot, il le saura. Grâce à toi, je pense qu'on passera à l'étape supérieure. Nous avons acquis la Miséricorde.
- Yes ! s'extasia-t-il.
- A demain.
= =
Dans leur studio, Will était allongé sur le ventre, sur son lit et Emi préparait à manger.
- Dis Will, tu penses qu'on devrait le dire aux autres ?
- De quoi ? demanda-t-il.
- Que la mort de nos parents à un rapport avec cette Fac...
Il regarda dans le vide, pensif, et répondit.
- Non, Emilie, pas maintenant non...