Les cris de plusieurs oiseaux apparurent avec l'aube dans la forêt de Doréni. Les rayons du soleil se reflétaient sur la rosée déposée sur les feuilles des arbres, faisant du paysage verdoyant un spectacle de brillance. Une nuée de Papilusion ajouta à la beauté matinale en faisant tomber des étoiles miniatures. La vie dans toute sa splendeur faisait rayonner la forêt de Doréni toute entière.
Eryl sourit en voyant ce spectacle, tandis qu'elle rangeait son sac de couchage dans son grand sac-à-dos. Elle avait toujours vécu à proximité de la nature à Surocal, mais n'avait jamais pu observer de près quelque chose d'aussi simple mais d'aussi beau que le lever du soleil en plein cœur d'une forêt. Un voyage initiatique de dresseur valait le coup rien que pour apprécier ce genre de chose.
Eryl Sybel, jeune dresseuse de tout juste quinze ans, avait quitté son village natal il y a deux mois, après que celui-ci fut en grande partie détruit par Trutos et sa Team Cisaille. À l'époque, elle avait été la Protectrice d'Ea, un Pokemon unique dont Trutos avait voulu s'emparer. Eryl et Ea, ainsi que tous les habitants, avaient été sauvés par une organisation appelée la Team Rocket, qui avait vaincu Trutos. Enfin, c'était plutôt un Rocket en particulier qui les avait sauvés du désastre. Ce même jeune Rocket qui avait convaincu Eryl de capturer Ea et de partir vivre une aventure de dresseuse avec lui à travers la région.
Eryl pensait encore souvent à Mercutio. Elle revoyait son visage déterminé, ses cheveux bleus foncés assez longs qui fouettaient son visage en pleine action. Elle se demandait où il pouvait être et ce qu'il faisait à cet instant. Sans doute était-il en train de sauver veuves et orphelins d'un odieux personnage comme Trutos. Après tout, la Team Rocket était composée de héros qui protégeaient les gens et les Pokemon !
Quant à Eryl, elle voyageait de ville en ville, de plaine en plaine, de forêt en forêt, à travers tout Kanto, en compagnie de ses trois Pokemon, Sidérella, Feunard et Ea. N'étant jamais sortie de Surocal depuis sa naissance, Eryl avait été loin d'imaginer la grandeur de la région dans laquelle elle vivait. En un mois de marche vers l'Ouest depuis Surocal, qui se situait entre Azuria et Safrania, Eryl n'était parvenue qu'au nord du Mont Sélénite, dans une petite région boisée et tranquille.
Ici, c'était l'idéal pour attraper un nouveau Pokemon et s'entraîner. Arceus savait qu'elle en avait besoin, après la cuisante défaite qu'elle avait subi à l'arène d'Azuria. Enfin, pour son tout premier match d'arène, elle ne s'en était pas trop mal tirée, mais ce fut uniquement car Ea, son Pokemon Plante, avait été là pour sauver les meubles face aux puissants Pokemon aquatiques de la championne. Elle était parvenue à battre deux des trois Pokemon de l'arène avant de succomber. Selon la championne, elle était une très bonne dresseuse, à qui il ne manquait que de l'expérience pour devenir imbattable. Eryl ne demandait qu'à la croire. Après tout, elle avait fait quelques combats avec les dresseurs qu'elle avait croisés et en avait remporté pas mal.
Une demi-heure après avoir repris sa marche, une ombre rapide descendit d'un arbre pour atterrir non loin d'elle. Même sans Pokedex, elle le connaissait. C'était un Tengalice, un Pokemon de la couleur du tronc des arbres, avec un long nez et une chevelure drue et blanche. Etant un Pokemon Plante, il n'éveilla guère l'envie d'Eryl, qui avait déjà Ea, mais il ferait sûrement un bon adversaire pour un entrainement. Le Pokemon gigotait en poussant des cris énervés, signe que lui aussi recherchait le combat.
Elle n'appela pas Feunard ; ça aurait été trop facile et elle risquait de mettre le feu à la forêt. Ni Sidérella ; en plus d'être un Pokemon Plante, Tengalice était aussi de type Ténèbres, qui aurait rapidement raison d'un Pokemon Psy comme Sidérella. Résolue à un combat plante contre plante, elle prit la Pokeball d'Ea et la lança devant Tengalice. Ea était un petit Pokemon semblable à un écureuil, de couleur verte avec un peu d'orange, aux grands yeux bleus et à la queue touffue. Ayant été sa Protectrice pendant près d'un an, Ea était aussi familier à Eryl que son propre visage, mais elle avait été stupéfaite quand, une ou deux semaines après le commencement de leur voyage, Ea s'était mis à prononcer des mots humains.
Ce Pokemon était capable de parler ! Eryl avait déjà entendu dire que certains des Pokemon Légendaires les plus puissants pouvaient aussi parler, mais seulement par télékinésie, grâce à leurs pouvoirs impressionnant. Mais non, Ea lui, arrivait à parler simplement avec sa bouche. Eryl n'avait jamais vu ça et c'était assez bizarre au premier abord. Mais elle avait fini par s'y habituer, étant fière de posséder un Pokemon aussi rare et unique. Elle lui apprenait depuis à parler normalement, à lui apprendre des mots nouveaux. Ea était un élève très doué et pouvait à présent faire des phrases compréhensibles, bien qu'incomplètes.
- Toi Eryl appeler moi, couina le petit Pokemon de sa voix aigüe et adorable aux oreilles de sa dresseuse.
- Oui Ea. Que dirais-tu d'un petit combat avant qu'on arrive à Argenta pour défier l'Arène Roche ?
Ea regarda le Tengalice qui continuait de danser sur place.
- Moi combat aimer. Mais Tengalice pas combattre vouloir.
- Ah ? Et que veut-il alors ? interrogea Eryl.
- Découvrir quelque chose. Tengalice vouloir montrer à nous.
Le Tengalice poussa quelques autres cris affolés.
- Vouloir nous suivre lui.
- Très bien, acquiesça Eryl, intriguée. Montre-nous Tengalice.
Le Pokemon les guida à travers la forêt à une vitesse qu'Eryl pouvait difficilement suivre. Quand elle rejoignit Tengalice là où il s'était arrêté, elle était couverte de feuilles et de cicatrices dues aux ronces et épines qu'elle n'a pu éviter en courant. L'endroit n'avait rien de bien exceptionnel, si ce n'était un petit espace dégagé d'où fumaient encore les restes d'un feu. Mais Tengalice désignait quelque chose non loin des cendres noircies et du charbon de bois. C'était des os. Il y en avait beaucoup, dont certains restaient attaché en grand nombre à des squelettes pratiquement entiers. Pas des squelettes humains, de toute évidence, mais de Pokemon. Eryl, à sa grande horreur, reconnut le crâne et les cornes d'un Cerfrousse, ainsi que le squelette de plusieurs Pokemon oiseaux. Nul doute que le feu de bois avait été allumé pour eux.
- Qu'est-ce... C'est horrible ! gémit-elle. Tengalice, tu sais qui a fait ça ?
Le Pokemon repartit dans une série de gestes désordonnés et de cris en désignant une autre direction.
- Des bizarres humains, traduit Ea à sa dresseuse. Tuer et manger beaucoup Pokemon ils ont. Partis vers l'ouest.
Eryl déglutit difficilement. Certes, elle n'était pas beaucoup sortie de chez elle et ne connaissait pas grand-chose des différentes habitudes de tous les gens qui habitaient la région. Mais tuer et manger des Pokemon était un acte ignoble ! Qui pouvait commettre de telles atrocités ? Surement pas un dresseur... Eryl avait peur, mais demanda quand même à Tengalice de l'amener jusqu'à ces humains bizarres. Elle voulait voir de ses propres yeux les montres responsables de cette horreur et si jamais les dénoncer plus tard à la police. Tengalice n'eut pas à les guider longtemps. Des rires gras, des voix tonnantes, résonnèrent de plus en plus fortement au fur et à mesure qu'Eryl approchait. Elle et Ea n'eurent plus qu'à se repérer aux bruits pour avancer, car Tengalice, apparemment mort de peur, ne voulait plus aller plus loin.
Sur un petit chantier entre les arbres avançaient une file d'hommes les plus horribles qu'Eryl n'ait jamais vu, et pourtant elle avait vu Trutos de très près. C'était tous de véritables colosses portant une armure rouge sang, certifs de peinture de guerre et de divers objets dont Eryl ne voulait surtout pas connaître la provenance. Ces hommes avaient des haches, des épées et des piques, certaines encore dégoulinantes de sang. La plupart avaient le crâne rasé, et d'autre des chevelures les faisant passer pour des hommes des cavernes. Beaucoup avaient des scarifications de tout genre sur le visage, les bras ou ailleurs. En les voyant, Eryl s'était cru remonter le temps de plusieurs centaines d'années, à l'époque de l'ère barbare.
C'était surtout leur regard qui terrifiait le plus Eryl. Dans leurs yeux, on lisait une férocité sans pareille, une folie égale à aucune autre et l'envie de meurtre. Il ne faisait nul doute que c'était eux qui avaient mangé des Pokemon de la forêt. Eryl fut brièvement tentée d'utiliser ses Pokemon contre eux, mais chassa très vite cette idée. Elle ne savait pas de quoi ces barbares étaient capables, ni qui ils étaient. Et elle ne pouvait qu'imaginer ce qu'ils lui feraient à elle. Les guerriers parlaient. Eryl s'approcha un peu plus derrière les arbres qui la cachaient pour entendre leur grognement.
- Sa Majesté avait raison, cette foutue région regorge de Pokemon !
- Un véritable cadeau du ciel. Et leurs filles sont pas mal non plus.
- Allons Guz, tu oserais souiller ta pureté avec une femelle impie ?
- Bah, celles d'Arval, de Conscie et de Duttel étaient des infidèles aussi. Ça ne nous a pas empêché d'en profiter, si ?
Plusieurs éclatèrent d'un rire bruyant et ragoutant. Eryl était paralysée par ce qu'elle entendait.
- Mais les hérétiques de ce pays le sont encore plus que ceux d'Elebla, selon le Seigneur Falchis. Pour eux, aucun espoir de rédemption et de salut. Seule une mort des plus douloureuses peut les purger du mal qui les habite.
- Ouais, on va leur rendre un grand service à ces chiens en les envoyant devant Dieu. Seul Lui saura les sauver des âmes noires que sont les leurs.
- Pour Sa plus grande gloire et pour celle de l'Impératrice !
Tous les guerriers reprirent cette dernière phrase en cœur et avec un enthousiasme frisant le fanatisme. Eryl n'en avait que trop entendu. Ces gens, qui venaient d'un autre pays, étaient des tueurs, des fous. Ils projetaient d'éliminer les gens de Kanto. Eryl devait absolument mettre les gens au courant. Elle devait... Mais alors qu'elle reculait sans regarder derrière, elle se prit le pied dans une racine et trébucha. Le bruit attira sans peine les barbares jusqu'à elle, leurs épées dégainées. Un immonde sourire étira leurs visages d'horreur quand ils virent qui les espionnait.
- Eh bien, eh bien, mes amis, fit celui qui devait être le chef, matez-moi un peu ce que nous avons là ! Une donzelle impie qui nous espionne ?
Les rires gras de ces barbares résonnèrent aux oreilles d'Eryl comme une sentence pour elle. Elle se sentait comme un agneau livré à une meute de loups. Le chef vit Ea à ses côtés et eut une grimace de mépris.
- Tu es un de ces dresseurs Pokemon qui habitent cette région du mal par milliers ? demanda-t-il avec dégout.
- Oui, répondit Eryl avec un semblant de défi dans la voix qui aurait pu paraître convaincant si elle n'avait pas tant tremblé.
- Eh bien, pas de chance pour toi. Nous, glorieux soldats de l'Empire de Vriff, nous méprisons ces créatures et les mangeons pour avoir force et vitalité. Quant à leurs maîtres comme toi, généralement, on les tue lentement pour qu'ils aient le temps d'apprécier le spectacle de leurs Pokemon en train d'être rôtis. Mais pour toi, la mort viendra un peu plus tard et sera accueillie comme une délivrance, après que tu sois passée entre les mains chaleureuses de mes hommes qui sont en manque notable d'affection.
Les éclats de rire reprirent, accentués par une étincelle de désir dans leurs regards de fous. Eryl n'avait pas besoin qu'on lui fasse un dessin sur ce qui l'attendait, mais en dépit de sa peur et de son dégout, elle n'allait pas se laisser faire. Ea se plaça devant elle comme pour la protéger, puis Eryl appela ses deux autres Pokemon, Sidérella et Feunard et tant pis si elle mettait le feu à la forêt. Elle préférait devenir incendiaire plutôt que fille de joie pour ces brutes. Les Vriffiens se mirent en position d'attaque devant leurs adversaires. D'emblée de jeu, Eryl ordonna à Sidérella d'utiliser son attaque Choc Mental, qui déstabilisa l'ensemble du groupe, puis de continuer avec Psyko. Un par un, les soldats barbares s'élevèrent du sol, faisant des pirouettes dans les airs et allèrent s'écraser contre eux-mêmes ou contre des arbres.
Feunard sauta pour éviter deux des soldats qui se précipitaient sur lui, leur longue lance au-devant. Dans son saut, il carbonisa les deux soldats. Mais quand il retomba, il allait subir l'attaque d'un guerrier qui l'attendait avec son épée sans l'intervention d'Ea, qui utilisa son attaque Ecosphère sur le Vriffien, qui pour le compte fut propulsé loin derrière. Une hache fusa vers Ea, avant d'être stoppée par l'attaque Psyko de Sidérella et renvoyée à son expéditeur qui en perdit surement la vie. Eryl avait conscience que ses Pokemon étaient en train de tuer ces hommes. Donc la responsable, c'était elle.
Pour la première fois de sa vie, elle avait du sang sur les mains. Mais elle en éprouva peu de remords pour l'instant. Ces hommes étaient des tueurs, des violeurs de la pire espèce et des mangeurs de Pokemon ; ils ne manqueraient pas à grande monde. Puis, en fin de compte, c'était soi eux soi Eryl. Comprenant qu'ils ne gagneraient pas contre les trois Pokemon, les Vriffiens changèrent de tactique et s'en prirent plutôt directement à leur dresseuse. Ea, Feunard et Sidérella les interceptèrent, mais l'un d'eux parvint à passer, à plaquer Eryl contre le sol et à lui mettre sa lame rouillée sous la gorge.
- Vous arrêtez maintenant, les Pokemon ! s'écria-t-il, triomphant. Une seule attaque de plus, et vous retrouverez votre copine en morceaux !
Le poids de ce géant portant une lourde armure sur elle causa à Eryl une grande souffrance, mais ce n'était rien à côté de l'horreur de se savoir immobilisée par ce malade, de sentir son souffle immonde près de son visage. Elle avait l'impression qu'elle allait perdre la tête et se débattre comme une folle pour se délivrer, même si ses efforts n'auraient servi à rien face à cet homme qui devait faire le triple de son poids. Ea, Feunard et Sidérella ne purent rien faire d'autre que d'abandonner le combat. Pour un Pokemon, la vie de son dresseur passait avant toute chose, quelque soit la situation et le contexte. Pourtant, qu'ils se rendent n'aurait rien changé à long terme, si ce n'était plus de souffrance pour eux et aussi pour Eryl. Cette dernière aurait voulu leur crier de ne pas se soucier d'elle et de continuer à se battre, mais son souffle était momentanément coupé par le colosse sur sa poitrine. Le Vriffien se pencha un peu plus vers elle.
- Bien. Et maintenant, garce du diable, tu vas comprendre ce qu'il en coûte à ceux de ton espèce de défier ceux qui vont vous apporter la lumière divine !
Mais Eryl ne sut jamais ce qu'il lui en coûterait car il y eu un bruit d'aile, un happement et la jeune fille sentit le poids du soldat disparaître d'elle, tandis que ce même soldat avait été ramené sur le reste de ces camarades par un Pokemon volant. Eryl n'en avait jamais vu de pareil. Il avait des ailes, certes, mais ne ressemblait pas du tout à un oiseau. Il avait la peau rugueuse et grise, comme de la pierre, une tête allongée assez terrifiante et une queue qui se terminait en pique.
Ce nouveau venu gardait les Vriffiens en respect avec sa gueule certif de dents terriblement longues et tranchantes. Quelqu'un descendit de son dos. C'était un jeune homme aux cheveux châtains foncés en bataille, une tenue qui aurait été un croisement entre celle d'un dresseur et celle d'un scientifique et avait un médaillon vert autour du cou. Eryl lui trouva immédiatement beaucoup d'allure. Il dévisagea les Vriffiens d'un air méprisant et colérique.
- Qui t'es, toi, sale infidèle ?! brailla l'un d'entre eux.
- Vous n'avez pas à savoir mon nom, dit le jeune homme d'une voix totalement maîtrisée et confiante. Quittez ces lieux immédiatement ! Vous perturbez l'harmonie des Pokemon !
Ce jeune homme toisait les Vriffiens à seulement quelques mètres d'eux. Eryl avait envie de lui crier de reculer, étant donné que les piques de ces sauvages étaient très longues.
- L'harmonie des Pokemon ? répéta un Vriffien avec l'air de celui qui n'avait jamais entendu parler d'une telle chose. On va t'en foutre de l'harmonie, mécréant !
Ils foncèrent sur lui en un bel ensemble avec des cris de guerre. Loin d'être impressionné, le jeune homme fit un geste nonchalant de la main et aussitôt, son Pokemon volant, d'un seul coup de sa large et longue queue, fit repartir les Vriffiens dans l'autre direction. Puis le dresseur se tourna vers Eryl, et l'aida à se relever.
- Est-ce que ça va ? Ils t'ont fait du mal ?
- Non... ça va... me-merci... balbutia-t-elle.
- Il faut filer. Ces gars-là ne se baladent jamais sans renfort dans le secteur. Rappelle tes Pokemon et monte.
Eryl fit ce qu'il lui dit, grimpa non sans crainte sur le dos du Pokemon volant, derrière le dresseur. Elle n'aimait pas vraiment l'altitude, mais elle préférait de loin se trouver à mille pieds au-dessus du sol qu'une minute de plus avec ces barbares. Le Pokemon décolla brusquement et Eryl dut s'accrocher aux épaules du dresseur pour conserver son équilibre. Quand ils prirent de l'altitude et que le vol du Pokemon se stabilisa, Eryl n'enleva pas ses mains pour autant, pour se rassurer.
- Pauvre idiote, fit brusquement le jeune homme en tournant la tête vers elle. Qu'est-ce que tu faisais si loin vers le nord ?
- Quoi ?
- Tu ne regardes pas l'actualité ? De part et d'autre de la partie nord de Kanto, des légions entières de ces gars-là ne cessent d'arriver depuis quelques jours. Leur passe-temps favori est de massacrer les innocents et de manger les Pokemon !
Ce qui expliquait à Eryl pourquoi elle avait eu l'impression de se trouver si seule ces derniers jours.
- Je l'avais remarqué, se défendit-elle. Mais je n'en savais rien ! Je ne connais même pas ces hommes ! Qui sont-ils enfin ?
- Des soldats d'une région au nord, expliqua le dresseur. Une région où se trouve un Empire qui la contrôle désormais entièrement. L'Empire de Vriff.
- Mais que viennent-ils faire ici ? Que nous veulent-ils ?
- Tu ne les as pas entendus ? Ils veulent notre région pour eux, nos Pokemon pour dîner et nos morts pour assouvir la soif de sang de leur dieu. Sans même nous déclarer la guerre, ils se sont mis à envahir Kanto, prenant et détruisant villages après villages.
- Mais on les laisse faire ? Comment ça se fait que personne ne les arrête ? s'indigna Eryl.
- Les villages qu'ils ont détruits sont trop loin du centre de Kanto pour que les Dignitaires ne s'y intéressent, répondit le jeune homme. Pourtant, ils devraient. Ces malades ne vont pas s'arrêter.
Eryl resta silencieuse un moment, réfléchissant à ce qu'elle venait d'entendre. Le monde était bien effrayant s'il accueillait en son sein des individus comme les Vriffiens. Elle prit alors conscience de quelque chose. Sans l'intervention de ce dresseur inconnu, elle serait morte à l'heure qui l'est, ou pire. En pleine action, elle n'avait pas pensé à ça, elle s'était plutôt concentrée sur comment survivre, mais maintenant qu'elle y songeait, elle se dit qu'elle avait échappé à la mort de très peu. C'en était effrayant.
- Merci pour tout à l'heure, dit Eryl avec sincérité. Si tu n'étais pas arrivé, je...
- Oui, tu as eu de la chance que je passais dans le coin pour voir où en étaient ces types dans leur invasion. Ce genre d'ordures a une conscience et une morale si limitées que s'en prendre à de jeunes filles comme toi est un de leur hobby préféré.
- Merci, répéta Eryl.
- Pas de quoi. C'est quoi ton nom ? D'où tu viens ?
- Je m'appelle Eryl Sybel. Je viens d'un village appelé Surocal, non loin de Lavanville.
- Je connais, affirma le dresseur. C'est pas là où est censé résider un Pokemon assez rare nommé Ea ?
- Euh... si.
- En voilà un que j'aimerais bien rencontrer et étudier un peu, avoua-t-il, enthousiaste.
Eryl pensait que ça pourrait s'arranger, étant donné qu'elle lui devait la vie.
- Et toi, qui es-tu ? demanda-t-elle.
- Ah excuse-moi. Régis Chen, pour te servir. Ou professeur Chen en public.
- Tu es professeur ?!
Eryl n'avait jamais vu ni entendu parler d'un professeur aussi jeune. Régis devait avoir la vingtaine à tout casser...
- Ouais, enfin, j'essaye. Je suis plus assistant que professeur, pour l'instant. En ce moment, j'aide mon grand-père - un vrai professeur lui - dans ses recherches. Je suis aussi dresseur, à mes heures perdues... Bon Eryl, où veux-tu que je te dépose ?
- Oh euh... eh bien, j'allais à Argenta, mais si tu me dis que le nord de Kanto s'apprête à être envahi...
- Ouais, vaut mieux éviter, même si je ne pense pas que ces barbares iraient attaquer une ville comme Argenta de suite. Je descends à Jadielle pour faire mon rapport à mon grand-père.
- Ça sera parfait, lui certifia Eryl. J'aimerais beaucoup voir ton grand-père aussi ! Le nom du professeur Chen est connu même dans un trou paumé comme Surocal.
- Il n'habite pas à Jadielle, mais ça peut s'arranger. Tu es dresseuse depuis longtemps ?
- Quatre ans. Mais j'ai commencé mon voyage il y a très peu.
- Tu n'as donc pas de Pokedex alors. Mon grand-père pourra t'en passer un.
- Ce serait super, oui, acquiesça Eryl avec enthousiasme.
Elle avait toujours rêvé de pouvoir posséder l'un de ces engins super-sophistiqués. Le Pokemon de Régis, qui s'appelait Ptera, se posa dans la ville de Jadielle. Elle n'était pas bien grande comparé à d'autre comme Safrania ou Céladopole, pourtant, elle était considérée comme l'une des plus importantes de la région, entre autre parce qu'elle était le point de passage vers le Plateau Indigo, siège de la Ligue Pokemon.
- Il faut que je passe à l'arène pour prendre deux trois trucs. Puisque tu dois rencontrer mon grand-père, on va carrément aller le voir chez lui à Bourg-Palette.
- Tu connais le champion d'arène ? fit Eryl, impressionné.
- Vaguement, admit-il avec un sourire. C'est moi.
Il fallut un certain temps pour que cette information arrive jusqu'au cerveau d'Eryl.
- Tu es professeur et champion à la fois ?!
- Comme je l'ai dit, je suis pas un professeur à temps plein. Puisque je compte rester un peu de temps ici, j'ai repris la direction de l'arène qui est en manque de champion depuis un certain temps. Juste pour m'occuper durant mon temps libre, tu vois ?
Eryl voyait, oui. Elle voyait que Régis Chen, non content d'être le petit-fils d'un chercheur célèbre, était quelqu'un de très important et de compétant dans plein de domaines. Tout comme Mercutio. Elle se demandait si c'était son destin de se faire constamment sauver la vie par de beaux garçons doués et si forts. C'était assez déconcertant, mais pas vraiment désagréable, se dit-elle avec un léger sourire.