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Les Trois Mondes de Raidemo



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Informations

» Auteur : Raidemo - Voir le profil
» Créé le 12/02/2007 à 10:02
» Dernière mise à jour le 12/02/2007 à 10:02

» Mots-clés :   Absence d'humains   Absence de poké balls   Aventure   Présence de poké-humains

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Le Premier Monde (Ch. 3)
Chapitre 3 : Le Mage de Saulinis

Les dernières silhouettes des montagnes d'Ophanim s'étaient lentement estompées avant de disparaître complètement dans la brume qui chevauchait la plaine terreuse. Le mur de roches abrupt qui se dressait maintenant devant leurs yeux semblait infranchissable. Les parois rocailleuses étaient formées d'une pierre dure et coupante dont le sommet disparaissait dans le ciel flou. Quelques failles parsemaient cet épais rempart, menant certainement à des cavités qui abritaient leurs hôtes : le peuple des Volants.
Assiah posa son regard hargneux sur le dragon. Celui-ci lui répondit par une mimique de surprise.
_ Que… Qu'y a-t-il ?
_ Que comptez-vous faire maintenant, gronda la renarde, comment pourrons-nous franchir ces terres ?
Sachiel se tut. Jamais il n'aurait songé que leur groupe se fût déjà agrandi au moment de franchir les Montagnes de Saulinis. Seul, il aurait pu voler et porter Flauros pour atteindre les sentiers praticables bien qu'il doutât que sa force physique ne soit suffisante. A présent, cette possibilité était à abandonner.
_ Il va falloir grimper, lâcha soudain Flauros d'un ton sec.
Sachiel se tourna vers lui pour répartir mais le monstre avait déjà commencé son ascension. Le dragon observa en silence le demi-dieu gravir les dix premiers mètres sans trop de difficulté. Son escalade sembla néanmoins ralentie par le nombre restreint de prises qui s'offrirent à lui par la suite. Cela ne servait à rien, ils n'iraient pas bien haut ainsi. Sachiel secoua la tête et s'apprêta à lancer une objection. Sa phrase ne quitta cependant pas sa gorge. Le dragon fixa avec surprise le corps de la renarde qui venait de s'élancer contre le mur de pierre. Elle resta immobile un moment, le temps que ses muscles puissants s'habituent à cette nouvelle force d'attraction. Ses griffes se détachèrent enfin de la roche pour s'enfoncer un peu plus haut dans un bruit rauque mêlé de crissements. La combattante grimpa elle aussi à grande vitesse, puis son rythme ralentit lorsqu'elle arriva quelques mètres en-dessous du niveau de Flauros.
_ Seigneur…, murmura le dragon.
Sachiel rejoignit rapidement le duo en flottant prés d'eux. Jamais il n'aurait la prestance suffisante pour arrêter ces deux êtres dont l'orgueil dépassait toute réflexion qu'ils jugeaient inutile. Le messager soupira, puis commença à prendre de l'avance pour indiquer à ses compagnons le chemin le plus sûr, les prises les moins risquées. Flauros suivait les conseils du dragon en silence. La renarde grognait dés que Sachiel s'approchait d'elle pour lui montrer la direction à prendre, mais elle finissait par le suivre, rageant moins contre l'aide du dragon que contre son exposition et la vulnérabilité de sa position.
Une heure, qui leur parut bien longue, accompagna le groupe dont la progression avait énormément ralenti. Flauros respirait bruyamment et avançait avec lenteur, grâce à des gestes qui se faisaient moins précis et sûrs. Assiah s'était arrêtée à plusieurs reprises pour souffler un air brûlant entrecoupé de spasmes rauques, puis elle repartait vivement pour tenter de rattraper son retard. Ce rythme saccadé fatiguait rapidement la renarde qui semblait à bout de force. Sachiel commençait à désespérer d'atteindre un jour les chemins où pourraient se reposer les deux monstres. De plus, la brume les avait totalement enveloppé depuis un bon moment, et le dragon ne pouvait voir à plus de deux mètres au-dessus de lui. Il se refusait pourtant à abandonner Flauros et la guerrière d'Ichim pour tenter d'aller repérer ces fameux sentiers, de peur que l'un des deux lâche prise en son absence. Un craquement se fit entendre. Sachiel se retourna, terrifié. Flauros se démena pour à son tour baisser la tête dans la direction de Assiah. La renarde tentait de rester immobile. Ses yeux clos trahissaient la peur qui s'était emparée d'elle. Son poil hérissé tressaillait tandis que ses griffes s'accrochaient désespérément à la paroi rocheuse. Elle glissait lentement, créant des chutes de gravats qui disparaissaient dans le néant nuageux qui se formait plus bas. Sachiel descendit rapidement vers elle. La guerrière ouvrit ses yeux aux couleurs discordantes qui se posèrent sur lui.
_ J… je n'ai pas besoin de ton aide, siffla-t-elle.
_ Ne dites pas n'importe quoi, riposta le dragon. Vos paroles sont absurdes !
Il eut un court moment d'hésitation avant de s'avancer vers elle. La renarde eut alors un mouvement de recul qui fit déraper ses pattes arrières. D'un geste vif et guidé par la terreur, Sachiel passa rapidement ses bras courts autour des côtes de Assiah. Le poids de la guerrière frappa le dragon, comme un coup d'une violence inouïe. Il était rare qu'il se serve de sa force physique, aussi la chute commença-t-elle pour les deux monstres.
Les pattes antérieures de Assiah s'accrochaient vainement à la rocaille, emportant avec elle de gros morceau de la cité abrupte. Sachiel, que ni griffes, ni membre caudal développé ne pouvait aider à forger un nouvel appui ne put que se servir de sa force mentale pour tenter de stopper leur descente fatale. A sa grande surprise, celle-ci prit fin brutalement, alors qu'ils n'avaient perdu qu'une vingtaine de mètres de leur parcours. Le dragon sentit enfin son cœur battre à tout rompre. Les neuf queues de la renarde battaient l'air furieusement, créant des courants chauds et des claquements insupportables. Assiah soufflait bruyamment, ses griffes toujours plantées dans la surface de pierre.
Sachiel n'avait pas sentit son pouvoir grandir d'un coup. C'était pourtant bien ses propres vagues mentales qui les maintenaient à présent en suspension, au-dessus du néant. Avec lenteur, le dragon commença à se soulever, tenant toujours la guerrière à bout de bras. Celle-ci ne dit rien, se contentant d'aider le messager en prenant à nouveau appui de ses quatre pattes sur le mur entaillé. Ils remontèrent ainsi jusqu'à l'endroit où leur chute avait débutée. Flauros avait disparut. Sachiel tourna sa tête fine et duveteuse dans toutes les directions. La peur fusa en lui à nouveau. Le monstre n'avait pas pu tomber, ils l'auraient vu ou du moins entendu. Quelques gouttes de sueur apparurent sur le corps du dragon ; peut-être dans l'effroi de sa propre chute n'avait-il pas perçut celle de Flauros. La honte et la tristesse l'envahirent. Son devoir était de protéger Flauros, pas la guerrière d'un de ces peuples barbares. La voix agressive et à nouveau confiante de Assiah rappela le dragon à la réalité présente.
_ Les Volants ont du le trouver et l'emmener avec eux.
Sachiel se figea. Cette idée ne l'avait même pas effleurée.
_ Dans ce cas tout est perdu, souffla-t-il entre ses dents.
Sa voix trahissait le regret et la tristesse.
_ Abdiel n'accepte aucun intrus sur son territoire, continua-t-il.
_ Abdiel n'est pas ici, l'interrompit la renarde.
_ Comment le savez-vous, cria Sachiel avec agacement.
Assiah grogna face au ton de son interlocuteur. Les événements dont ils avaient été les acteurs étaient déjà suffisamment honteux pour elle.
_ Le Seigneur Abdiel et ses troupes sont en ce moment sur nos terres ! Ils repoussent Zephon et les siens vers les frontières de Maht !
Le visage de Sachiel se redressa, reflétant un faible espoir.
_ Alors… il n'est peut-être pas trop tard…

Flauros restait immobile, les bras croisés, son sourire fier. Il fixait le grand Tropius, et le dinosaure aux ailes végétales l'observait à son tour, tout aussi immobile. La large tête du monstre volant, plantée sur son cou robuste, s'abaissa légèrement pour examiner Flauros de bas en haut. Ce dernier remarqua à quel point le saurien semblait âgé ; ses mouvements étaient lents et semblaient flotter sur l'air qui les entourait comme s'il avait passé toute une vie à voguer sur les vents chauds, comme s'il les avait domestiqués. Le grand lézard prit finalement la parole de sa voix calme et profonde.
_ Pouvez-vous m'expliquer les raisons qui vous ont amenées sur nos terres ?
Le monstre humanoïde ne répondit pas, son regard se fit plus cruel et orgueilleux. Le dinosaure garda le silence quelques secondes pendant lesquelles il parut sonder l'être qui lui faisait face. Puis il reprit, d'une voix neutre à nouveau :
_ Votre corps me semble peu endurci, et votre musculature faiblement développée, et pourtant vous avez franchit les 200 mètres qui nous séparent du sol. Vous faites sûrement partie de ce peuple dont la puissance de l'esprit est nettement supérieure à la puissance physique.
Le sourire de Flauros s'élargit soudain. Son visage se redressa tandis que son regard mauve, virant au rouge, semblait reprendre vie. Le dinosaure continua de l'observer, impassible. Il remarqua alors ce tic que possédait le monstre élu : sa tête se penchait légèrement sur la droite et son sourire en coin dévoilait sa dentition lorsqu'une chose faisait naître en lui un fort intérêt, ou alors qu'il s'apprêtait à lancer une remarque cinglante à son interlocuteur. Dans le cas présent, il sembla au grand dinosaure que ce fût la première de ces propositions qui s'accorda à la mimique du monstre humanoïde.
_ Tu me parais plus malin que tes congénères.
Il désigna d'un geste de la tête les deux gardes aux ailes écaillées et aux mâchoires allongées, étendus sur le sol et complètement inconscients.
_ Ces deux imbéciles m'ont sous-estimé, reprit Flauros. Est-ce que ce sera ton cas ?
Un sourire apparut sur le visage du grand dinosaure. Les Ptera n'étaient pas, en effet, des êtres particulièrement malins, mais ils étaient forts et résistants. Pourtant, quelques secondes après leur retour dans les cavernes, ils s'étaient effondrés sous les yeux de leur proie, ce monstre gris qu'ils avaient ramené dans leurs griffes imposantes. Et l'intrus se tenait maintenant dans l'encadrure de la cavité, sa silhouette se découpant nettement sur la brume incolore qui flottait sur l'air extérieur. La voix calme du vieux Tropius reprit :
_ Je ne pense pas que vous puissiez à nouveau faire appel à toute la puissance dont vous vous êtes servi contre ces gardes.
Cette fois, ce fût l'étonnement qui prit place sur le visage de Flauros, et le dinosaure continua :
_ Votre déploiement d'énergie à cet instant était particulièrement impressionnant, mais il m'a parut incertain et complètement hors de votre contrôle.
Le ton sûr associé au regard doux et bienveillant du saurien végétal plongea le monstre humanoïde dans une stupeur plus grande encore. Comment avait-il pu savoir qu'il ne maîtrisait absolument pas ses pouvoirs, et que l'attaque qu'il avait usé contre les deux dragons préhistoriques n'était autre qu'un coup de chance, ou plutôt la conclusion de la vague d'énergie qu'il avait réussit à utiliser pour freiner la chute de Sachiel et Assiah. Autrement dit, ses puissants pouvoirs, enfouis au plus profond de son être ne daignaient se montrer que lorsqu'il ressentait une forte émotion. Une déduction bien déplaisante, songea-t-il, puisque ces instants de brutal émoi ne se présentaient que rarement à lui. Il devait à tous prix apprendre à la maîtriser, mais ce n'était pour lui pas le plus gros problème présent.
Flauros continua de fixer le Volant avec intensité. Celui-ci semblait attendre une réponse de sa part. Le monstre humanoïde sentit sa tension s'évaporer lentement. Il n'avait aucune raison de continuer à jouer à ce jeu avec le dinosaure, ce jeu qui consistait à déployer cet orgueil que lui-même trouvait ridicule, mais dont il ne pouvait se départir. Cet orgueil si humain. Ses bras se décroisèrent avant de glisser le long de ses hanches. Ses iris rougeâtres redevinrent parme, presque bleus, presque invisibles.
_ C'est vrai, même si je le voulais je ne pourrais pas réutiliser cette attaque.
A nouveau sa tête se pencha sur le côté, mais aucun orgueil ne se reflétait sur son visage, juste une infime sensation de tristesse.
_ Mais si c'est le combat que tu veux, sache que j'ai tout de même la possibilité de rester un adversaire de poids.
Le sourire du dinosaure s'éclaircit. Il secoua lentement la tête.
_ Un tel combat n'aurait pas de sens, dit-il en s'approchant du monstre gris, son pas lourd résonnant dans la cavité.
A cet instant, une voix résonna derrière Flauros, attirant son attention et celle du saurien imposant.
_ Seigneur Flauros !
L'être à qui ce cri de soulagement était destiné se retourna vivement, découvrant le jeune dragon, portant toujours la guerrière du Feu, se poser rapidement sur le sentier de roche qui passait devant l'ouverture de la caverne. La renarde grogna aussitôt, en apercevant le dinosaure. Sa fourrure argentée se hérissa et son corps s'abaissa sur ses membres musclés, dans une position d'attaque. Sachiel (comme à son habitude, remarqua Flauros en soupirant) s'était à nouveau laissé envahir par la panique face à ce nouvel adversaire. Assiah était prête à bondir lorsque le monstre humanoïde se dressa face à elle. Il ne la gratifia pas d'un regard, ne distinguant pas ainsi celui, meurtrier, que lui lança la renarde. Le demi-dieu se contenta de fixer le dragon d'un air décidé.
_ Un nouvel allié… ne serait pas de refus n'est-ce pas ?
Les yeux de Sachiel s'écarquillèrent sous l'effet de la surprise. Un Volant en tant qu'allié ? Il n'y pensait pas ! Les Volants faisaient partie des peuples les plus dangereux, et ils étaient entièrement dévoués à Asmo. Au même titre que les hommes de Baal, les habitants de Saulinis étaient des brutes sans pitié. Pourtant Flauros semblait sûr de lui. Il n'attendit pas la réponse du dragon, qui n'aurait de toute façon pas su quoi dire, et se retourna vers le vieux dinosaure. Celui-ci semblait de toute évidence attendre une explication de sa part. Le monstre humanoïde laissa apparaître un nouveau sourire. Une chose venait de s'imposer à son esprit, il ne l'avait pas remarqué avant. Il n'était pas tout à fait sûr de pouvoir en tirer parti, mais il avait la certitude que cela déconcerterait le Volant. Depuis son réveil, tous les monstres qu'il avait croisés, même s'ils faisaient partie de peuples différents, se comprenaient entre eux. Ils avaient donc mis au point un langage universel dont lui-même avait rapidement saisi le sens. Mais qu'en était-il de leur vrai langage ? Dans le monde d'où il venait, chaque peuple (enfin, chaque type de monstres devrait-il dire) possédait son propre langage. Les humains qui l'avaient créé n'avaient (heureusement ?) pas omis de faire ingérer à son cerveau tous ces différents modes de communication. Il allait maintenant savoir si cette expérience de plus allait pouvoir lui être bénéfique…
Sachiel tressaillit en entendant soudain le demi-dieu s'adresser au vieux dinosaure dans une langue inconnue. Une stupeur brutale apparut sur le visage de ce dernier. Il écouta le monstre humanoïde sans dire un mot, tandis que le dragon et la guerrière d'Ichim observaient leur compagnon en essayant de déchiffrer les paroles qui lui échappaient. Il se tut enfin, après plusieurs minutes, et fixa le Volant dans l'attente visible d'une réaction. Un silence lourd s'installa dans la cavité durant un temps qu'aucun d'eux ne put définir. Un soupir long, comme entendu, s'échappa de la gorge du saurien qui baissa légèrement la tête, les yeux clos. Il les rouvrit pour les poser sur Flauros et reprit :
_ Vous semblez bien renseigné sur la culture de nos anciens, et vous maîtrisez notre dialecte originel, mais… je ne sais pas si je dois vous faire confiance… ou me méfier de telles connaissances. Cependant…
La suite de sa phrase se termina sur des mots roulants, semblables à ceux que Flauros avait utilisés auparavant, et qui rappelèrent au dragon l'accent si particulier qu'avait l'empereur Asmo. Sachiel fixa son protéger qui répondit à nouveau dans la langue du Volant ; il semblait bien décidé à faire flancher le saurien ailé.

Le dialogue des deux monstres dura plusieurs heures. Sachiel s'était posé à l'entrée de la grotte et observait la brume grisâtre se muer en silence sur le sentier étroit. Assiah, allongée aux côtés du dragon, se contentait de grogner à intervalles réguliers, en réponse aux gargouillements de son estomac affamé. Aucun Volant ne s'était aventuré par ici, ce qui éveilla la méfiance du messager. Son regard dévia vers les deux corps toujours inertes des reptiles préhistoriques ; ils ne s'étaient pas réveillés, mais leur souffle lent et silencieux trahissait les dernières bribes de vie qui les habitaient encore. Sachiel releva soudain les yeux en se rendant compte que le silence régnait maintenant dans la grotte. Il se retourna pour voir l'énorme saurien hocher la tête face à Flauros. Celui-ci afficha son éternel sourire satisfait avant de se retourner vers le dragon et la renarde qui s'était elle aussi redressée.
_ Parfait, clama-t-il. Nous voilà avec un allié qui connaît bien ces terres.
_ Comment ? grogna Assiah. Pourquoi devrions-nous lui faire confiance ?
_ Parce que j'en ai décidé ainsi, répondit le demi dieu avec un regard condescendant.
_ Mais… Seigneur ! tenta Sachiel.
_ Et alors ? Je suis un dieu, oui ou non ? C'est moi qui suis censé mener cette quête, et j'ai décidé de faire confiance au gros lézard !
Assiah émit un grondement de désaccord face au ton méprisant de l'humanoïde et finit par se détourner, blessée dans sa fierté. Le dragon messager n'ajouta rien et baissa les yeux en signe de soumission. Flauros hocha la tête, puis se tourna à nouveau vers le grand saurien. Celui-ci s'avança et salua les deux êtres qui ne lui accordaient pas encore leur confiance.
_ Je suis Sandalphon, Mage de Saulinis.