Chapitre 1 : Simulacre
Des centaines de personnes regardaient la télévision ou écoutaient la radio tout en travaillant, tous écoutaient distraitement ne prêtant aucune oreille aux propos. Et pourtant ce jour là...
À la télévision passait une course poursuite montrant une limousine roulant à vive allure suivie par un Dracolosse sur lequel était accroché un homme, tant bien que mal. Tous les programmes nommaient les personnes à l'intérieur de ce véhicule : Pierre Oublié, Joe Taxi et le Maître de la Ligue, Peter. Et ils étaient poursuivis par le Sion ! Ce maître tueur à gage !
Pierre Oublié et Joe Taxi deux enquêteurs, les derniers survivants, qui savaient trop de choses sur ce tueur à gage. Son dernier contrat spécifiait de tuer tous les membres de la Cellule pour commencer la vraie mission. Son client n'était autre que la terrifiante Team Aqua programmant un tsunami sur Hoenn.
Des motos de la police, gyrophares allumés et sirènes retentissantes, essayaient de rattraper le retard. Mais c'était quasiment impossible tant leurs vitesses étaient élevées, et puis si la limousine freinait c'était la mort des passagers.
Soudainement, alors que toute la population suivait cette poursuite Dracolosse ralentit un peu, une fenêtre s'ouvrit d'où surgit un autre Dracolosse sur lequel était monté le Maître de la Ligue, Peter le Dracologue. Tous frémirent de peur, de peur de le voir mourir, mais non. Le Dracolosse ennemi ralentit encore un peu et visa la route un peu plus loin avec son ultralaser, alors la limousine essaya de freiner mais ce fut impossible. L'avant fut bousculé puis buta pour faire des tonneaux magistraux. Sa course finit dans un magasin, la voiture toute cabossée et pliée. C'était inimaginable que quelqu'un ait survécu. Nul besoin de regarder l'intérieur, il fallait juste sortir la limousine du magasin, enterrer les morts et soigner les blessés. Et cela c'est passé ainsi.
Officiellement Pierre Oublié et Joe Taxi étaient morts. Peter, lui pleurait en rescapé.
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Je toquai à la porte de la femme à qui j'avais un jour passé mon numéro. C'était à Carmin-Sur-Mer je m'en rappelle encore. Depuis peu je l'appelais tous les jours sans tout raconter de mes missions, mais au moins je ne lui mentais pas. Et aujourd'hui avait été convenu que j'aille la retrouver chez elle, sûrement elle comptait me dire ses sentiments et moi il faudrait que je déballe mon sac. Ça allait être désagréable néanmoins il le fallait bien. Aussi avec cet incident d'aujourd'hui je me demandais bien comment elle allait réagir.
Son nom était Zelda, Liarevasurb Zelda. Un prénom bien étrange, tout comme son nom, je vous l'accorde.
Cette dernière ouvrit la porte vêtue d'une belle robe avec plein de fleurs, quelque chose de très printanier, ainsi que son parfum qui sentait un mélange de fleurs. Ses cheveux, châtain clair, tombaient élégamment dans son dos, libres. Ses yeux bleu me dévoraient du regard. Deux grands yeux exprimants le désir de vivre et cette passion, depuis peu son regard avait changé et on disait de même du mien, du moins ce qu'avaient dit Joe Taxi et le Vétéran.
Elle m'attrapa par la cravate et m'embrassa soudainement passionnément. Je lui répondis avec maladresse. Liarevasurb me repoussa alors et me fit rentrer pour refermer la porte aussitôt.
- Euh... Écoute avant d'entamer quoi que ce soit...
Elle me plaqua contre le mur et m'embrassa encore. Cette fois-ci je pris les devant et la repoussa. Liarevasurb resta interdite et me regarda ne comprenant pas là où je voulais en venir. Je la tenais par les épaules assez fermement.
- Écoute-moi, mon métier est agent de renseignement je travaille pour les Opérations Spéciales. Ce matin on m'a déclaré mort à cause du Vétéran ou du moins comme vous le nommez le Sion. Comprends bien que tu ne dois parler de moi à personne et que cela va être dangereux de me fréquenter. Je... Je t'aime et je ne veux pas qu'il t'arrive des malheurs, et si on s'engage il va falloir qu'on vive dans le silence. Je devrais rester dans cette maison tout le temps avec du matériel pour toujours travailler, aussi des gens passeront dans cette maison. Te sens-tu prête à vivre ainsi pendant quelques temps ? Avec un homme qui met ta vie en danger ?
Son visage devint sérieux, mais ne fut ni troublée ni choquée par ce que je lui révélai.
- J'étais au courant de quelques petites choses et j'attendais que tu me les dises. En attendant ça me convient mais aussi j'aspire à une vie tranquille. Alors on va faire une chose. À la fin de cette mission je veux que tu démissionnes.
Une boule tomba dans mon ventre. J'hochai la tête tout en me demandant ce que j'acceptai.
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- Bonjour, ma mie. Alors mes folles cascades étaient belles ? Dit Joe Taxi à sa femme assise sur le canapé regardant le reportage ainsi que son Mime Jr sur ses genoux.
Elle était grande, pleine de prestance et bien vêtue d'une belle robe satinée arrondissant ses généreuses formes maintenant un peu moins fermes qu'avant. Ses cheveux étaient une broussaille rousse voluptueuse qui attirait toujours des regards envieux.
Cette dernière leva la tête et lui dit en rigolant :
- Peut-être un peu trop monumentale, mais ça me paraît réaliste en tout cas pas mal de gens le goberont. Et maintenant ?
Le pokémon sautilla de contentement puis se jeta dans mes bras.
- Et maintenant j'ai droit à travailler ici et à rester enfermé ici. Et à travailler bien sûr par communication. Le Sion s'en va droit en enfer, je t'en ai parlé pour le projet de la Team Aqua ?
Son visage se durcit.
- Malheureusement. J'espère que le Vétéran réussira.
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Dans une ruelle de Carmin-Sur-Mer, le soir je pris mon téléphone de ma poche et composai un numéro. Celui de la Team Aqua. Une personne décrocha aussitôt.
- Bonjour, Vétéran. D'après ce que j'ai vu tu as réussi à démembrer la Cellule, c'est en train de passer sur toutes les informations du monde. Tout le monde parle de toi, le grand tueur à gage... Tu vas prendre le bateau intercontinental pour te rendre jusqu'à... Poivressel. Tu téléphoneras avant d'arriver et un homme te répondra pour aller te chercher, ensuite tu seras amené dans une des bases et tu prendras en charge de la sécurité d'un des bateaux sous-marin. Là-bas on te dira qui chercher et tu t'en contenteras, nous verrons aussi pour la somme versée et je t'y attendrai. Au revoir.
C'était dans la poche. L'opération allait commencer. Je composai un autre numéro, cette fois-ci afin de prévenir les services de renseignement Hoenniens pour leur annoncer qu'un rendez-vous aurait lieu à Poivressel et que tout c'était bien passé, ils croyaient au subterfuge. À présent Arceus seul sait où me mènera cette mission...
Là aussi la conversation fut monocorde, ces agents de Hoenn étaient bien différents de Kanto. Je gardai un agréable souvenir de Joe Taxi et de Pierre Oublié, avec eux nous avions mené ce petit scénario dans lequel ils mouraient.
Je sortis de la petite ruelle pour me rendre dans un Cours où tout au bout étaient les quais où amarrait ce bateau intercontinental. Un superbe bateau flamboyant neuf blanc et noir avec ses vitres teintées, jacuzzi à l'intérieur et piscine chauffée à l'extérieur. Tout était grandiose apparemment. Et pour mieux en profiter j'avais acheté un ticket de première classe.
Depuis mon retour sur le continent je surveillais la population d'un nouvel œil encore plus paranoïaque qu'avant, les Assassins s'ils me suivaient découvriraient ma traîtrise et ils préviendraient tout le monde pour qu'on me pourchasse. Et ils étaient connus pour leur rancune éternelle. Je n'en avais pas peur mais ma mission était sérieuse et ne concernait pas que moi, toute une population je devrais la défendre au prix de ma vie.
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Un peu avant l'heure limite de l'embarcation je me présentai vêtu dans de nouveaux vêtements plus classes. Un joli costard cravate sobre et un peu passe partout. Il fallait bien me présenter devant le Leadeur de la Team Aqua. Ce n'était autre que Marcus fils de Marco, le célèbre marin qui avait découvert la caverne FondMer grâce au sous-marin Nautilus. Ce même marin a été tué par la Team Magma qui lui en voulait à mort. Depuis le fils avait bien grandi et il réclamait vengeance et n'avait que haine pour la terre. La Haine appelle à la Haine, oui c'était comme ça depuis toujours.
Sauf que là quand même c'était vraiment un plan grandiose, un tsunami. Cela détruirait les trois quarts de Hoenn et une partie des côtes de Johto et même les côtes Sud de Kanto ! Quelque chose de dévastateur qui mettrait à mal toutes les régions.
- Bonjour, monsieur, veuillez me présenter votre ticket d'embarcation, me demanda un homme souriant habillé tout en rouge et noir, il me faisait marrer aussi avec son calot sur la tête.
De ma poche je sortis le ticket argenté. Il la prit et la poinçonna et me dit avec un sourire :
- Bienvenue sur le bateau Utopæ. Je vous souhaite un agréable voyage, dit-il en se courbant m'invita avec son bras à monter sur la passerelle en bois. Une personne vous guidera à votre cabine.
- Merci.
Je montai alors jusqu'au pont lustré et rayonnant tel un miroir ; le soleil tapait fort. Un homme vint me voir très bien habillé en costard cravate, un trousseau de clé dans les mains. Il souriait à tout, je n'eus pas envie de le tuer mais d'arrêter ce sourire horripilant. Je restais de marbre et me laissais guider par l'homme, tout ça sans un mot.
Nous descendîmes deux étages pour ensuite longer maintes chambres qui me semblaient assez grandes. Les couleurs étaient assez sobres pas trop tape à l'œil, mais quelque chose de discret qui me convenait très bien. En passant je vis quelques pokémons qui travaillaient.
Au bout il s'arrêta et défit une clé de son trousseau, avec il ouvrit la porte et me la tendit. C'était la dernière chambre de l'allée, la chambre trois cents.
Ce fut une chambre spacieuse et sobre qui me fut présentée.
- Des meubles en chêne le bois verni, un lit deux places avec un matelas mémoire qui se rappelle de votre corps, et lui permet de se reposer complètement, vous m'en direz des nouvelles (il me fit un clin d'œil). Une douche à l'italienne avec vibromassage, lavabo, toilette avec la nouveauté, lorsqu'on passe sa main devant le rayon ça active la chasse d'eau. Magnifique, non ? Dit-il en s'amusant à l'activer. Vous avez une armoire afin de ranger vos affaires personnelles. De quoi bouquiner pendant la traversée. Et toutes les informations sur cette dernière, n'hésitez pas à appeler un service en cas de besoin, c'est gratuit.
Il se retira. Je pris la brochure concernant la traversée et m'allongeai sur le lit.
Apparemment je devrais arriver à Poivressel dans seize jours, avec une escale de deux jours à Irisia pour le ravitaillement. Et ils avaient noté aussi des périodes où on pouvait voir de très beaux points de vus. De ça je m'en moquai mais quand même s'il y a une chose que je ne voulais pas rater c'était le départ du bateau, j'allais quitter ma région natale, ce n'était pas la première fois néanmoins c'était un rituel à chaque fois. Je jetai un coup d'œil sur l'heure des repas qui se déroulaient entre midi et quinze heure, pour le repas du soir de dix-neuf heure trente à vingt-et-une heure. J'avais le temps.
Je descendis du lit... Avec difficulté ! Mon corps était comme absorbé par le matelas et il gardait la même forme ! Je m'observai dans la glace au cas que mon costume soit froissé. Tout était très bien. Je fis couler l'eau et en versa un peu sur mon visage, j'étais comme endormi et ça me réveillerait sûrement.
Une fois dehors je vis que d'autres passagers venaient, certains en masse, d'autres des couples retraités vêtus richement arrivaient avec tous les bagages portés par des Mr. Mime qui paniquaient. Je trouvai ça pitoyable. Des enfants me contemplèrent décelant en moi une agilité étonnante et puis ils voyaient surtout mes Pokeballs attachées à une ceinture, cela fascinait toujours cette classe d'âge. Je leur souris, chose assez rare.
Je montai les marches en fer sans faire trop de bruit et au bout de l'escalier bousculai une mademoiselle vêtue d'une très belle robe noir et d'une parure magnifique rayonnante avec des saphirs, des rubis et des émeraudes, pourtant cela me paraissait discret, on ne pouvait les voir que de près.
Elle tomba sur son séant et ne fut guère gênée avec son décolleté plutôt plongeant, elle ne fut même pas frustrée envers moi. La mademoiselle me parut très nature. Le même qui m'avait conduit à ma chambre apparut pour la relever mais j'avais déjà anticipé.
Ma main était tendue.
Elle mit la sienne dans la mienne et je la tirai délicatement. Sa main était très douce.
- Excusez-le, madame, avec ces marches on ne voit pas quand quelqu'un arrive, dit-il en se mettant à ramasser ses valises.
Elle me jaugea du regard de la tête aux pieds assez subtilement ; je rougis. L'autre était embarrassé de la scène.
- Mademoiselle s'il vous plaît, dit-elle avec un accent guindé. Mademoiselle de Jade.
Elle me tendit sa main, je la pris et baisai le dos de sa main.
- Monsieur... Sion, pour vous servir, dis-je sans sourire mais regardai toujours son visage subtil.
- Bien, nous allons continuer le chemin, mademoiselle de Jade.
Elle avait un joli minois, elle me semblait très jeune, plus jeune que moi et mâture pour son âge. Je lui donnais dans la fin de la vingtaine voire début de la trentaine. Et dans sa démarche il y avait quelque chose que j'avais trop vu et que je connaissais par cœur, mais cette fois-ci c'était différent, un petit plus troublait mon jugement. Je me promis que dès que je la reverrai je la prendrai en filature ou entrerai dans sa chambre afin de fouiller ses affaires.
Donc je me remis à marcher en direction du pont, tout en réfléchissant.
Je m'accoudai à la rambarde voyageant dans mes pensées ailleurs, c'est avec plaisir que je sentis une petite secousse et vis que la proue du bateau commençait à fendre la mer et que cette dernière léchait la coque, pour finir par être battue par l'hélice derrière.
Je regardai mélancoliquement le continent sur lequel j'étais né qui disparaissait au fur et à mesure de ma vue. Le bateau s'engageait dans une voie où le bleu régnait en maître, à part sur des rochers qui sortaient un peu voire beaucoup de l'eau sur lesquels des pokémons se relaxaient à moitié endormis, d'autres pokémons nous regardaient fixement sur leur garde.
N'ayant pas envie de m'enfermer dans ma cabine je me mis à errer sur le bateau tout en attendant le repas qui ne devrait tarder. J'espérai pendant un bref moment revoir la femme, depuis son image revenait à mon esprit. Elle m'avait vraiment tapé à l'œil. Et puis moi je lui avais donné mon nom, du moins celui de maintenant puisque mon premier je l'avais oublié et perdu. Et puis, elle, son nom de famille plus qu'explicite. Mademoiselle de Jade... Elle est de la haute société et je n'étais guère habitué à les côtoyer pourtant quelque chose en elle m'était familier. Mais quoi ?
À dessein de me changer les idées je vis une piscine intérieure et chauffée, bien que déjà elle commençait à être bondée de personnes, j'achetais un maillot de bain et un bonnet puis partis faire quelque brasses.
Une pause s'imposa, cela m'avait bien creusé le ventre. Vite fait je pris une douche pour ensuite aller manger. Malgré mes observations et ma lenteur voulue à ingurgiter de la nourriture je ne vis pas mademoiselle de Jade. Dépité je repartis dans ma cabine pour aller regarder la télévision, sur un grand écran plasma plat en haute définition... enfin un truc à la pointe de la technologie.
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Ainsi passèrent maints jours où j'étais plus ou moins enfermé ruminant les plans ou des choses que je devais connaître par cœur. Tout cela sans revoir l'autre femme dont le nom m'échappait maintenant.
Alors ce jour-ci en manque d'activité, le dernier jour avant l'arrivée à Irisia, pour m'occuper j'enquêtais sur elle recherchant à savoir où se trouvait sa cabine, tout en sachant qu'elle était dans le même couloir que moi. Pour cela je dérangeai le réceptionniste et l'obligeai à aller chercher quelque chose tandis que sans me déranger j'observai les noms des occupants des cabines espérant me rappeler son nom. Finalement je la trouvais, assez bizarrement, c'était ma voisine, mademoiselle de Jade. Sans difficulté et que personne ne me voit j'attrapai son double et m'en allai me moquant complètement du réceptionniste.
À présent que je savais que j'avais un voisin je me demandais bien pourquoi je ne l'avais vue ni entendue. Faisait-elle exprès de m'éviter ?
Pour mieux savoir je rentrai dans ma cabine et collai mon oreille contre le mur assez fin. Puis la collai sur le sol. Il ne semblait y avoir personne aussi, j'aurai du y entendre des pas mais rien... À moins qu'elle ne soit pas là. En ce cas... Autant en profiter.
Lorsque je sortis il n'y avait personne dans le couloir, tant mieux. Je verrouillai ma porte et ouvris celle de mon étrange voisine.