Chapitre 2 - Rubys et Jack
Il arrive enfin aux abords de la place. Il y voit une magnifique fontaine ovale, en son centre, une amphore de presque un mètre cinquante de haut à trois orifices permet l'écoulement de l'eau. Des têtes de pokemon sont dessinées dessus. S'il ne se trompe pas, elles représentent des pokemon de type acier, sûrement dû à la présence d'une arène de ce type dans cette bourgade. La place n'est pas immense, mais très agréable, avec quelques bancs et quelques points d'ombre entourés de magnifiques arbres en fleur.
Il commence alors à demander aux gens des alentours s'ils connaissent un endroit avec des chercheurs ou des savants qui pourraient l'aider à régler une « question d'ordre scientifique ». Après plusieurs échecs, il aperçoit une très belle femme assise sur le rebord de la fontaine.
Elle a les jambes croisées, le regard enrobé de lunette, plongé dans un livre, dont le titre est « La fusion des mondes ». Sur son épaule droite, un Capumain dort paisiblement. Stéphane remarque qu'elle a de beaux cheveux noirs, ruisselant vers ses épaules où ils s'arrêtent en de fines mèches plus claires. Elle porte une blouse blanche cachant ses jambes dénudées par une petite jupe bleue.
Stéphane s'approche espérant enfin trouver une personne qui peut lui venir en aide. Il essaie de l'accoster sans trop la déranger, en se positionnant de manière à ne pas couper la lumière du soleil sur son livre. Elle le sent arriver, et tout en relevant la tête, elle remet une mèche de cheveux en place puis dit :
- Bonjour, puis-je vous aider ?
- Heu, bonjour madame, excusez-moi de vous déranger, j'aimerais savoir si vous êtes une scientifique ou une chercheuse car j'ai une question très particulière ? demande-t-il un peu confus.
- Effectivement, je fais bien parti de ce milieu. Mais dites-moi, c'est tout à fait inédit ce type d'approche, s'amuse-t-elle en se levant.
Ses yeux noisette lui lancent un regard quelque peu coquin. Son sourire montre bien ce qu'elle pense. Elle croit qu'il tente de la draguer. D'ailleurs, elle a l'air plutôt intéressée et cela gêne un peu Stéphane. Le Capumain lui, émerge de son repos et saute au sol au moment où elle se lève. Il se met alors entre lui et sa maitresse.
- Capumain, reste sage. Pardonnez-le, il n'apprécie guère lorsque je suis aborder, affirme-elle en rougissant. Ne t'en fais pas tout va bien, va m'attendre au labo tu veux bien ? lui demande la demoiselle en se retournant vers son ami pokemon.
Elle passe la main sur la tête de son Capumain. Il acquiesce, mais la situation n'a pas l'air de lui plaire. Il finit tout de même par partir de son plein gré.
- Je, euh, non désolé je ne cherche pas à vous courtiser, même si effectivement, vous êtes très belle, reprend-il visiblement perturbé par la jeune femme. En fait j'ai vraiment une question importante et je pense que lorsque je vous l'aurais posé, vous allez me prendre pour un dingue, finit-il par lâcher.
La jeune femme, change de posture et reprends doucement un air un peu plus sérieux mais agréable :
- Très bien, je comprends, dit-elle apparemment déçue. Néanmoins, je vous écoute, nous verrons bien si je vous prends pour un fou, ou si je peux vous aider, affirme-t-elle sur un ton légèrement moqueur mais curieux.
- Voilà, continue Stéphane, c'est un peu compliqué. Je ne sais par où commencer
- Par le commencement, coupe-t-elle en souriant, ça sera déjà bien.
- Ok, alors voilà…
Et il entama son récit. Il lui expliqua alors le plus de choses possibles, en détaillant chaque partie de sa journée. Il fut coupé maintes fois par son interlocutrice qui visiblement, après une période de doute sur sa santé mentale, semblait comme aspirée par ses mots. Après deux heures de discussions, il conclut :
- Voilà mon histoire. Alors ça peut paraître fou, mais je vous assure que c'est la vérité.
- Je vous crois n'ayez crainte. Il n'est pas possible de mentir avec autant de détails et de précision, place-t-elle avec excitation. Venez avec moi, je vais vous présenter la personne idéale pour répondre à votre question et peut-être vous ramener « chez vous ».
Elle siffle cette dernière phrase comme un air de chanson en prenant la main de Stéphane. Il la trouve magnifique, malgré leur vingt centimètres de différence, il se dégage d'elle beaucoup de charisme. Elle semble franche et joyeuse, plein malice et de curiosité dans son regard rempli de douceur. Mais il sait aussi qu'il n'est que de passage, et marié en plus. Il réorganise alors ses pensées et revient à son niveau. Il commence :
- Au fait, ça fait deux heures qu'on parle, mais je ne me suis toujours pas présenté. Je m'appelle Stéphane, Stéphane Glate.
- Je me nomme Rubys, Rubys Kante. Enchantée de vous connaitre, monsieur « l'extra-terrestre dimensionnel », lance-t-elle dans un petit rire enfantin.
- Mais tout le plaisir est pour moi, très chère, dit-il sur un ton humoristique.
Elle lui sourit et ne put retenir un petit rire très proche de celui d'une petite fille, très mignon.
Ils continuent de discuter pendant dix bonnes minutes avant d'arriver devant un petit bâtiment carré sans étage, sur lequel figure les inscriptions « Laboratoire de recherche sur les Pokemon et sur l'infini dimensionnel ». Stéphane trouve ce nom très original et le fait remarquer à son accompagnatrice :
- C'est pas banal comme nom de labo ça.
- Comment peux-tu le savoir, tu n'es là que depuis peu, ici cela est peut-être usuel, fit-elle en souriant avec un petit air faussement innocent.
Stéphane resta sans voix devant la répartie et l'exactitude des mots qu'elle venait de prononcer. Elle s'avance vers l'entrée et pénètre par les portes principales qui s'ouvrent sur son passage. Le bâtiment ne paie pas de mine, mais il a l'air costaud, bien qu'un peu vieillissant. Néanmoins, il est bien entretenu et le petit morceau de gazon présent à l'entrée le prouve bien.
- Bon, tu me suis ? insiste Rubys en passant la tête pour ouvrir les portes principales.
Stéphane se réveille de sa torpeur remonte les yeux vers Rubys et répond :
- Oui, oui, pardon je suis à toi, euh enfin, j'arrive !
Le bâtiment à l'air plus grand vu de l'intérieur et cela surprend quelque peu Stéphane. Il ne s'attendait pas à une telle organisation. Pas de salle, pas de mur, pas même de poteau. Toutes les séparations des différents « services » sont faites soit par des machines ou par des bureaux soit par des vides savamment aménagés. Tout est organisé à la perfection et tout le monde travaille dans la bonne humeur.
De petite pancarte sur les machines désigne les services : « Pokemon légendaires – Giratina, Palkia, Dialga », « Pokemon à pouvoir dimensionnel », etc… pleins de noms qui intriguent notre voyageur. Le duo s'arrête à un petit bureau en forme de L, très bien rangé avec la pancarte intitulé « Les failles dimensionnelles ». C'est peut-être le seul bureau qui possède une pancarte dans laquelle le mot Pokemon n'est pas cité. Et ça éveille la curiosité de Stéphane.
Le bureau est pour le moment inhabité, mais on voit quelle genre de personne travail ici : affaires ordonnées, cadre photos très nombreux mais néanmoins bien agencés, un cahier de note ouvert très détaillé, avec schéma, mais un bureau de couleur jaune poussin, avec des touches rouge sang, comme dessinées à l'éponge. Très spécial comme déco selon lui.
- Voici le bureau d'un de mes collègues, et ami, le professeur Jack Fisler. Il est souvent en mouvement dans le laboratoire, donc nous allons devoir nous assoir pour l'attendre, il devrait repasser dans d'ici quelques minutes, il aime marcher quand il réfléchit, raconte Rubys.
Elle semble très attachée à lui, comme une fille à son père, elle parle de lui avec admiration. Il apparait qu'elle a suivi un cursus scolaire semblable à Jack pour pouvoir le suivre mais Stéphane ne connais pas encore précisément le domaine de spécialisation de Rubys.
Rubys se penche vers Stéphane qui vient de s'assoir à ses côtés pour attendre le professeur et lui murmure à l'oreille :
- Je tiens à m'excuser pour tout à l'heure, de penser que tu me courtisais, mais tu sais…
- Ce n'est pas grave, je t'en veux pas, tu es très belle et c'est tout à fait normal que tu penses qu'on te drague, quand on te voit on a envie de, enfin je veux dire que, balbutia-il en rougissant.
- Hi hi ! gloussa-t-elle, C'est dommage que tu sois marié tu sais…
Elle prononça cette phrase comme on demande permission pour faire une bêtise, Stéphane se sent un peu bête. C'est la première fois qu'il se fait draguer ouvertement de cette façon, et même si cela ne lui déplait pas, ça le met un peu dans l'embarras.
Soudain, le Capumain de Rubys arrive derrière eux et saute sur la tête de Stéphane, tentant de lui griffer le visage. Surpris, Stéphane se lève brusquement et penche la tête vers l'avant pour faire tomber son assaillant. Après quelques secondes, Capumain lâche prise et se met au pied de Rubys avec un petit grognement de dissuasion.
- Capumain ! Ne t'ai-je pas dit de te calmer, il ne me fera aucun mal ! s'énerva Rubys, en se penchant vers son compagnon.
- Capu ! Capumain ! Main, main, capu ! rétorqua le Capumain.
- Là n'est pas le problème ! Et personnellement je le trouve mignon ! continua-t-elle.
Cette dernière phrase fut accompagnée d'un rougissement des pommettes. Elle mit ses mains jointes devant sa bouche, comme espérant que les mots qui venaient d'en sortir n'atteindraient pas le principal concerné.
Stéphane, fut autant surpris par ces mots que par le fait qu'elle comprenne parfaitement son pokemon. Il est vrai que dans son monde il n'a pas l'habitude de leur parler, juste de leur donner des « ordres ». Même s'il avait deviné les grandes lignes de ce que voulait dire Capumain, il n'a pas eu la même compréhension que sa dresseuse.
- Ecoute Stéphane, je, hésite-t-elle visiblement très embarrassée, ce dont je voulais discuter c'est…
- Ne t'en fait pas. Même si c'est une première pour moi, je comprends, moi aussi je te trouve très… mignonne et, enfin, tu connais ma situation et je ne veux pas que tu sois déçue ou blessée, coupe-t-il hésitant. Je… on en reparlera plus tard tu veux bien ?
Elle acquiesce.
- Oui c'est certainement mieux ainsi.
- Alors, je suis attendu, annonce une voix derrière nos amis. Ha, Rubys, quelle personnes nous amènes-tu ? Cela assez rare de ta part ! dit-il amusé.
Stéphane et Rubys se retournent à l'annonce de cette arrivée. Ce qu'ils voient, c'est un homme d'un certain âge, les cheveux noir d'ébène, à la barbe grisonnante mais bien taillée. Il n'est guère plus grand que Rubys, mais un charisme certain se dégage de ces yeux noirs et de son physique plutôt dur, malgré une gentillesse apparente dans sa voix. Sa blouse touche presque le sol et ses mains à peine ridées bougent tellement qu'elles racontent une histoire à elles seules.