Ch. 01 Départs et Rencontres
En ce beau dimanche matin de septembre, alors que le soleil commençait timidement à sortir de sa cachette, un Pokémon s'entrainait sous l'œil avisé de sa maîtresse dans leur jardin à Céladopole.
- Luxray, Tonnerre.
Déterminé, il envoya de puissants éclairs jaunes et bleus contre un grand arbre qui prit feu à la seconde. Ses pattes s'enfoncèrent dans l'herbe, que le Pokémon ne manqua pas de cramer en électrifiant son corps entier.
- Oups déjà... murmura l'adolescente. Tu t'es grandement amélioré, j'ai sous-estimé ta puissance. Pauvre arbre.
Elle se préparait à sortir une PokéBall, lorsqu'un gros jet d'eau s'écrasa soudainement contre l'arbre et éteignit les flammes naissantes. Elle se retourna en direction de la maison, et vit sa mère accompagnée de son fidèle Akwakwak. « Raan t'es grillée ma vieille, elle va pas te rater... »
- Lana, tu m'expliques là ? demanda l'adulte accoudée à la baie vitrée de la maison.
- J'entraînais un peu Luxray avant d'aller à la Fac. C'est tout.
L'adulte croisa les bras, dubitative. Ce n'était visiblement pas la premère fois qu'un élément du jardin souffrait à cause d'une attaque Pokémonesque. Elle fixa sa fille, le regard sévère.
- Tu crois pas que tu es déjà assez entraînée avec tout ce que tu as fait hier ? Tu as nourris tes Pokémon avant de partir au fait ?
- Maman, j'ai dix-huit ans, pas quatre... Bien sûr que je les ai nourris ! La rentrée c'est demain et je dois être au top pour cette école, c'est la meilleure de tout Sinnoh, répondit Lana en rangeant sa PokéBall avec dédain.
Noémie poussa un profond soupir, blasée.
- Ton père t'amène à l'arrêt de bus de Safrania dans dix minutes. Si tu me refais griller cet arbre, ou si tes affaires ne sont pas prêtes, je t'assure que je te louperai pas !
- Oui, oui ! J'allais l'éteindre avec L...
- Pas de justification, coupa Noémie.
Lana tapota le dos de Luxray et ils rentrèrent dans la maison. Elle monta nonchalamment les escaliers afin de prendre deux grosses valises posées sur le lit de sa chambre. Ses doigts écartés rabattirent sa mèche à l'arrière de sa longue chevelure brune, afin de regarder une dernière fois son 'antre'. Une petite chambre banale, aux murs blancs, sans photos. Juste un lit, un bureau et une commode. Très éclairée, la luminosité n'était due qu'à la grande fenêtre sans rideaux. Un maigre sourire se dessina sur son visage, alors qu'elle balayait du regard son sol en parquet tout rayé. « Enfin, je me casse de Céladopole. Le rêve ! » Lana s'agenouilla auprès de son Pokémon et commença à lui parler en lui grattant le dessous de la mâchoire :
- Après tout les efforts que nos amis, toi et moi avons fait, on va enfin être récompensés en allant à la Fac des Trois Prestiges. Tu te rends compte ? C'est un peu un nouveau départ pour nous.
Luxray se frotta affectueusement contre elle, tentant de lui rappeler qu'il fallait préparer les affaires. Son doux regard jaune ne ressemblait en rien à celui dépeint dans les livres de biologie. Luxray était un Pokémon affectueux, attentif et dévoué. Son pelage était luisant, et au lieu d'inspirer crainte et menace, il donnait surtout envie d'être pris dans les bras. Lana enveloppa son Pokémon de son bras droit, puis se relevant, elle prit ses valises et descendit en titubant à l'entrée où elle rencontra son père, sirotant son café noir.
- Salut p'pa.
David releva la tête vers sa fille, laissant découvrir ses grosses lunettes aux montures noires. Il déposa le journal qu'il était en train d'éplucher et donna un coup de menton en sa direction.
- Grand jour, hein ?
- Pas spécialement, c'est demain la rentrée. Là je vais passer ma journée dans le bus pour arriver à Voilaroc. On dira donc que je vais passer une sale journée.
Le père haussa les sourcils et acquiesça d'un ton maussade. Il but sa dernière gorgée de café avant de se lever.
- Certes. Tu n'oublies pas le trajet et les changements de bus surtout ! Là c'est le 21, après le 29 quand tu arrives à Hoenn, ensui...
- Oui papa je sais ! souffla-t-elle, agacée.
Il tiqua en donnant un coup de main dans le vide pour qu'elle cesse. Il attrapa son sac, posé à côté de lui sur une chaise du bar. La cuisine était dans la même pièce que le salon, séparé uniquement par cette table en marbre surélevée où ils avaient l'habitude de prendre le petit-déjeuner ensemble.
- Bien, bien. Bon allez 6h55, on décolle, ton bus est dans quinze minutes là-bas.
- Ah bon, j'avais oublié ! Je suis si bête.
- Ironie ? demanda-t-il, avec son habituelle grimace moqueuse.
- À peine.
- David, allez-y et dépêchez-vous ! cria Noémie de la cuisine.
Luxray sauta sur la poignée, ouvrit la porte et le père et la fille montèrent dans la voiture en partance de Safrania. Sur le trajet, ni David, ni Lana n'osaient parler, alors il n'y eu juste que le ronronnement du moteur pour faire office de bruit de fond. Elle regardait par la fenêtre, observant les passants marcher vers leur lieu de travail, les arbres plantés et droits comme des soldats. Tout paraissait sans vie. Elle se disait que le paysage entre Voilaroc et Rivamar où la Fac des Trois Prestiges était établie devait être bien plus beau. Ou alors c'était certainement parce qu'elle languissait tout cela depuis trop longtemps. Elle s'était lassée de sa ville natale, et n'attendait que de vivre quelque chose de nouveau, pour évoluer. S'entraîner sans arrêt dans son jardin avait certainement eu raison d'elle.
Arrivés à l'arrêt de bus de Safrania, à 7h03 exactement, David aida sa fille à sortir les valises. Il ouvrit péniblement le coffre abîmé, grogna comme une Tyranocif pour soulever les affaires, et les posa sur le trottoir, à l'abri de l'arrêt. Il posa ensuite ses deux mains sur les épaules de Lana, et regarda ses grands yeux bleus finement cerclés au crayon noir. À travers ses lunettes, cachant aussi les mêmes yeux, le papa tout fier sentait les larmes monter.
- Qu'Arceus m'en soit témoin, tu vas me manquer ma petite fille chérie.
- Ne t'inquiète pas, je t'appellerai. Puis ma chambre d'étudiant est très sécurisée, j'en suis sûre.
- Et ne néglige pas les cours de maths jeune fille ! s'exclama-t-il en pointant le doigt vers le ciel.
- Mais non... marmonna-t-elle, embarrassée.
Après s'être enlacés, il repartit difficilement avec sa voiture. « Bien émotif le père » songea-t-elle, en voyant qu'il avait garé la voiture quelques mètres plus loin pour vérifier que le bus arrive. Lana caressa longtemps Luxray, tranquillement assis à côté d'elle en attendant le bus, qui se montra finalement cinq minutes après. Elle était partie pour une très, très longue journée bien ennuyante.
= =
À des kilomètres de là, un vieil homme usait délicatement de son chiffon sur un œuf Pokémon. Lui, il avait fait ça toute sa vie. Il regarda l'étagère où reposaient beaucoup d'œufs en attendant d'éclore. La pièce respirait l'odeur du vieux bois. Elle était remplie d'oeufs, de pierres évolutives protégées par du verre, et de produits pour Pokémon en tous genres. Il s'extasiait sur son dur travail comme il le faisait depuis des années, puis reposa le précieux berceau de vie qu'il tenait dans les mains, quand une jeunette âgée d'à peine dix-neuf ans déboula dans la pièce et se jeta dans ses bras.
- Au revoir papyyyyy ! Tu vas beaucoup me manquer ! Dis, je peux te prendre un œuf ? Je sais que d'habitude c'est toi qui me les offres, mais là j'aimerais en prendre un, dis oui, dis oui ! demanda-t-elle, tout sourire.
Il inspira très longuement, pour contrôler son calme, et apaiser son coeur durement éprouvé par sa petite-fille. Il se tourna vers elle. Ses habits courts mais loin d'être provocants étaient toujours aussi visibles. Son bustier rouge la mettait en valeur, et bien qu'il n'ait eu son mot à dire, il pensait bien qu'elle était trop jeune pour ressembler si tôt à une séductrice. Il la sermonna pour sa demande.
- Audrey, je t'en ai offert deux déjà !
- Oui, quand j'avais douze ans et l'année dernière, waouh quelle générosité, allez assure ! débita-t-elle.
- Quelle outrecuidance ma petite fille. C'est bien vrai que les roux sont les créatures du mal.
- Pardon ?! Maman est rousse comme moi, alors ne dis pas ça !
- Mais elle, elle est gentille. C'est bien parce que je t'aime et que tu pars, alors prends donc.
Audrey balaya d'un regard la très grande pension dans laquelle elle avait grandi. Ses yeux verts émeraude ne tardèrent pas à se stopper sur un œuf rose a points beiges. Elle le montra à son grand-père qui accepta. Ce dernier sourit quand même de voir les pommettes parsemées de discrètes tâches de rousseurs d'Audrey rougir d'excitation. Elle le salua plus tranquillement qu'à son arrivé et mis l'œuf dans une couveuse. Elle rejoignit la pièce centrale les bras chargés où quelques personnes discutaient avec sa mère. Audrey l'enlaça en signe d'au revoir.
- Pense à embrasser Lucas et Nancy de ma part quand tu les verras !
Elle quitta la pension avec sa couveuse et grimpa dans sa petite voiture à toute berzingue. Sa mère n'eut même pas le temps de répondre quoi que ce soit. Audrey n'en avait pas besoin, elle était indépendante mais n'aimait pas les séparations. Elle entra dans Lavandia, longea la route Nord, afin d'arriver à Poivressel. Elle pouvait apercevoir foule de Pokémon tels des Posipi et Negapi, ou des Dynavolt. Si elle levait la tête, elle verrait la piste cyclable, fréquentée par de nombreux gaillards prétentieux. Elle aurait bien pris son vélo, mais là, il ne fallait absolument pas être en retard pour un si grand voyage. Elle se gara sur le parking du marché de Poivressel où de nombreux commerçants étaient établis, et courut avec ses bagages jusqu'au ferry. Les bruits des enfants se coursant avec des ballons, les vendeurs de baies hurlant de s'approcher, les gens du cirque effectuant des sauts périlleux à quelques mètres du marché : toute cette ambiance sonore et visuelle allait tout de même lui manquer. Elle présenta son ticket, haletante, alors que le bateau s'apprêtait à quitter les lieux.
"Votre attention s'il vous plait ! Le ferry de Poivressel en direction de Frimapic passant par Nénucrique et Rivamar s'apprête à partir ! Le ferry de Poivr..."
- Kaï haï ! Mon bateau !
Juste à temps, Audrey réussit à s'engouffrer dans l'engin nautique. Elle traversa le pont et pénétra à l'intérieur par une porte annexe, et tomba directement dans les longs couloirs. Elle se mit à chercher une cabine pour se poser, déjà fatiguée par sa frayeur. Elle quittait elle aussi sa région d'origine, Hoenn, pour Sinnoh.
= =
- Allez dégage, tu vas être en retard.
- Ok. Salut.
Pas un regard. Il laissa l'homme devant la télé. Gras et négligé, ce dernier mangeait des chips qui tombaient en miettes sur son ventre nu. Le jeune homme, quant à lui, sortit de sa petite maison perchée en bois, dans la ville de Cimetronelle, descendit les escaliers et partit vers l'est, en direction de Nénucrique. Il se traînait un peu, alors qu'il était vraiment soulagé de partir de cet endroit. « Je vais pas leur manquer, c'est déjà ça. Mais j'aurais au moins aimé te regarder dans les yeux avant de partir, papa. » Il passa devant le lac à l'eau cristalline, qu'il contourna grassement en plissant les yeux. Il se remit à fixer le sol, sans observer autour de lui la végétation qui l'entourait, sans remarquer les flaques d'eau où barbotaient des Marill. Sans relever la tête, son gros sac à dos posé sur une seule épaule, il percuta un type d'une grande carrure, d'une trentaine d'année.
- Hé Ethan ! C'est la rentrée demain ?
- Oui, je vais à Nénucrique pour prendre le ferry ! répondit-il.
- Le ferry ? Qu'est-ce que tu attends, il va arriver bientôt !
- Je sais mec, je sais... dit-il en retournant la tête vers son village, nostalgique.
Il le salua d'une main, et se décida finalement à presser le pas. À Cimetronelle, tout le monde se connaissait bien. Et tout le monde connaissait bien Ethan... Bizarrement, il regretterait au moins ça. Le fait qu'il pouvait saluer tout le monde, parce que tout le village était assez soudé. C'était l'ambiance des petites communautés. Enfin, La Fac des Trois Prestiges, à côté, c'est le paradis. Il sortit une brochure qu'il se mit à relire pour au moins la vingtième fois tout en marchant, pétri d'excitation plutôt bien canalisée.
- "Veuillez vous présenter le lundi 5 septembre pour la rentrée scolaire à 9h00. Pour ceux qui réservent un logement, ils devront arriver le dimanche 4 avant 20 heures. Auparavant, les examens d'entrée sont obligatoires et débuteront le 18 juillet jusqu'au 31 juillet, afin de voir vos compétences et si vous méritez votre place." Héhé, moi je l'ai méritée ! "Pour accéder à cette Fac, vous devez posséder au minimum trois Pokémon. Vous choisirez votre spécialisation entre les trois enseignements qui ont fait la marque de cet établissement : Combat, Coordination, ou Elevage. (CCE)" Oui donc pour moi Coordination ... "Vous aurez dans votre emploi du temps les trois matières, avec en option spécialisée, celle que vous aurez cochée dans le formulaire ci-joint à donner lors de l'examen d'entrée."
Ethan s'arrêta de lire et releva la tête avant d'apercevoir le Parc Safari. Il réalisa qu'il abusait un peu de marcher à un rythme si lent, et se décida à courir un peu, histoire de se remettre en forme. Il rangea expressément sa brochure et entama une longue course, pour arriver à Nénucrique. Il balayait d'un revers de main les hautes herbes, esquivait les arbres de baies, sautait pour éviter les Polichombr qui rasaient le sol, et criait ses excuses aux différents dresseurs voulant l'accoster pour un match.
Lorsqu'il arriva à la fin de la longue route, il aperçut le panneau « BIENVENUE À NÉNUCRIQUE ». Le grand brun regarda au loin vers la mer, et vit le ferry arriver. Il avait le temps, l'embarquement commencerait dans quelques minutes, le temps pour lui de traverser la ville. Il reprit son souffle, lassé, et se remit à marcher. Malgré sa carrure musclée, ses bras gonflés du à l'escalade qui était de rigueur à Cimetronelle, la marche n'était pas sa tasse de thé. « Pense à ceux qui font le marathon d'Unys, pense à eux... » Il regarda de loin la grande bâtisse destinée aux concours Pokémon, d'un rouge cramoisi qui ne passait pas inaperçu, ainsi que toutes les petites maisons de briques blanches. C'était tellement différent de chez lui où pour dormir, il fallait grimper dans les arbres. Il ne connaissait pas tellement autre chose que le contact permanent avec la nature. Néanmoins, ce qui l'attira le plus était le moyen de transport qui l'attendait. Le ferry était très imposant et sa couleur blanc cassé contrastait avec le bleu azuré de la mer Nénucriquérienne. Il enjamba une petite marche une fois au port pour se retrouver face à une charmante femme blonde.
- Ticket, s'il vous plaît.
Il fouilla maladroitement sa poche, et sortit le papier tout froissé.
- Merci. Votre cabine est la 105 B. En raison de travaux sur le terrain de combat, les affrontements sont interdits pour le voyage, mais vous pourrez lâcher vos Pokémon.
- Oh non... Moi qui voulais m'entraîner.
- Désolée monsieur, dit-elle en affichant un sourire hypocritement professionnel. Bon voyage !
- Ouais merci, marmonna Ethan, énervé.
Il marmonna à propos des scènes de Coordination manquantes dans les lieux publics, qui étaient moins privilégiées que les terrains de Combat. Il aimait combattre, mais la Coordination le passionnait. Pour aller dans sa cabine, Ethan passa par le hall principal. Des animations en tout genre, des vendeurs de figurines, des stands de nourriture japonaise occupaient la place dans un brouhaha ahurissant. Les gens affluaient vers des Pokémon de cirque ou se ruaient vers un stand de sushis, poussant impoliment ceux qui entravaient leur passage. " Ça pue la richesse ici..." Il attarda son regard sur une étiquette indiquant le prix d'une figurine de Feunard, à 30 PokéDollars. Le jeune homme déglutit, et dépassa la foule à grandes enjambées, décidé à quitter cet endroit qui lui faisait déjà mal à la tête. Il y avait des lumières de partout, notamment des grands lustres en verre qui scintillaient. Quittant le hall, il chercha la cabine 105 B. Même dans les couloirs du ferry, ça grouillait de monde, et il se doutait que certains se rendaient au même endroit que lui. La Fac des Trois Prestiges était tant réputée qu'elle regroupait des élèves des cinq régions. En passant les clefs dans la serrure, quelqu'un lui rentra dedans.
- Pardon.
- C'est rien, répondit Ethan.
Audrey lui adressa un sourire en coin de séductrice, et il se contenta de hocher la tête timidement. Il secoua ses cheveux bruns, gêné, avant d'entrer dans sa cabine, et bien refermer derrière.
- Maaah, quel beau gosse, souffla la rousse en s'éventant.
= =
- Tu veux un gâteau ?
- Non.
- Tu veux ma console ?
- Non.
- Tu veux mon doudou ?
- Tu veux me LÂCHER ? s'impatienta Lana.
- ...
Le petit garçon à côté d'elle se tut.
- On t'a déjà dit que t'étais méchante ? demanda l'enfant.
- Et toi, on te le dit que t'es chiant ?
- Oui, mais moi j'ai huit ans. Et t'as pas répondu à ma question.
- Oui on me le dit souvent, surtout quand j'égorge les enfants de huit ans qui posent tout le temps des questions.
- Berk ! Tu vas me tuer ?
- Hm... Ca ne saurait tarder... répondit-elle avec un étrange sourire en se rapprochant de lui.
- Pourtant t'es jolie euh...
Et Lana sourit à tant de naïveté. Oui, elle s'ennuyait vraiment.
= =
Non loin de cette Fac dont les mérites sont tant vantés, se trouve Verchamps, un village pluvieux, bordé par les marais et notoirement célèbre pour son champion d'arène Lovis le Teigneux.
- Où tu as mis mes croquettes PV+ et ma thèse, bon sang ?
- Mais j'en sais rien moi, tu vois pas que je suis avec Linéon, là ! Linéon, Griffe Ombre !
Le Pokémon effectua un coup de griffes acérées sur un pauvre coussin où des traces spectres jaillirent en très grande quantité.
- Ouais, c'est vraiment mieux ça, acquiesça le jeune homme blond.
- William ! Cherche avec moi !
- Bon tu me laisses, tes trucs d'élevages c'est pas pour moi !
Emilie s'assit bruyamment sur son lit, les bras croisés, visiblement très vexée.
- Rien à faire. Moi je déteste me battre et pourtant je t'aide à t'entraîner.
- Oui mais se battre, c'est essentiel, Emilie. D'ailleurs, pour les examens d'entrée à la Fac, c'est des combats qu'on a dû faire en premier. Après il y a eu la coordination et l'élevage. Même sur nos bulletins scolaire, au collège et lycée, le coefficient premier, c'est celui de 'Dressage et Combat ', après 'Usage Artistique des Attaques' et 'Pratique en Elevage' en seconde place.
- Raaah tu m'énerves ! Ne dénigre pas l'élevage ! Sans ça, tu n'aurais pas la nourriture de qualité que grand-mère achète à tes Pokémon !
William sortit de sa ceinture sa PokéBall, soupirant.
- Linéon, reviens. Ok, ok j'arrête. Alors cherche tes trucs toute seule Emilie.
- Pourquoi tu m'appelles Emilie !? s'étonna la blonde.
- Parce que tu m'as appelé William !!
- Pardon Will !
- Ok Emi, sourit-il.
Emilie poussa son jumeau en ricanant.
- Tu penses que c'est une bonne idée d'avoir pris un logement là-bas ? demanda-t-elle.
- Ben ouais pourquoi ?
- Je sais pas, j'espère juste que grand-mère ne sentira pas seule...
- Mais non, pense à toi un peu Emi, t'imagines faire Verchamps-Fac matin et soir ? Laisse tomber, moi je veux pas, dit Will.
- Oui ça aurait été trop fatiguant...
- Bon moi mes affaires sont prêtes. Et toi ?
- Oui il me manque juste... AH ! Ben la voilà ma thèse, et mes croquettes !
- Une chose en moins pour laquelle tu me saouleras plus...
- Wiiiill !!
= =
« Bon allez dernière ligne droite avant Voilaroc ! »
- Bonjour monsieur, voilà 3 Pokédollars.
- Merci bien. Veuillez rentrer votre Luxray dans sa PokéBall, je vous prie.
- Rrrrr.
On lui demandait à chaque bus, alors Lana s'était résignée maintenant. Mais elle détestait rentrer Luxray. Le grognement surprit tellement le chauffeur qu'il écarquilla les yeux. Ça peut paraître puéril de la part de Lana, mais il n'en n'est rien. Et elle aime autant ses autres Pokémon. Seulement depuis le temps, ça l'énervait un peu que le monde préfère savoir les Pokémon dans leur PokéBall dans chaque situation. Dans le bus 45, qui était parti de Joliberges, elle était maintenant devant le Mont Couronné, imposante montagne d'où émane une multitudes de légendes. « Arceus, Dialga, Palkia... Si vous étiez vraiment là... Ce serait marrant de vous rencontrer. » Le sommet était parfaitement blanc, couronné de neige. Le reste de la montagne qui prenait racine dans la terre éclatait d'une couleur argentée assez improbable. La roche par endroits était enveloppée de neige. Les sapins obstruèrent la vue au bout de quelques secondes. Puis ça ne fut que ça : des sapins et encore des sapins, une autoroute déserte, et le ciel parsemé de nuages gris.
- « Arrêt : Unionpolis. »
« Encore Bonville et c'est bon, courage Lana ! » pensa la jeune femme, au bout du bout.
= =
« Votre attention s'il vous plaît. Le ferry de Poivressel est arrivée à Rivamar. Prochaine destination : Frimapic. »
- Yes ! Je suis libre ! clama Audrey.
Elle quitta le ferry précipitamment comme une bonne partie des passagers. Visiblement, peu étaient de ceux qui se rendaient à Frimapic. Elle serrait bien sa couveuse contre elle, de peur de la faire tomber. Elle se dirigea vers la sortie de Rivamar et vit qu'environ une centaine de personnes faisait de même. Elle aperçut au loin le beau brun aux yeux verts qu'elle avait tamponné précédemment. « Mais c'est qu'on est pas mal à aller la Fac des Trois Prestiges, dis donc ! Mais personne ne se doute que la meilleure, c'est moi ! Celle qui maîtrise le mieux l'Usage Artistique des Attaques, va tous vous flanquer votre raclée comme il se doit ! » Son sourire trahissait son sérieux, euphorique à l'idée de montrer ses talents. Ils empruntèrent la route Nord qui allait vers Voilaroc. Et de là, on pouvait la voir, la Fac.
Ethan écarquilla les yeux au vu de la grande bâtisse au loin. De forme circulaire, les murs en bois d'un marron caramel surplombés d'un toit gris visible de très loin, c'était une merveille d'architecture. De grandes fenêtres décoraient les fondations, apportant de la convivialité et un style très moderne. Beaucoup de végétation, d'arbres de baies, de palmiers, ainsi qu'un chemin d'eau donnaient plus de vie à l'endroit. La Fac était comme en juillet, mais depuis que les vacances d'été étaient passées, Ethan en avait oublié à quel point elle était impressionnante. « Oh je vais passer une année de fou ! » pensa-t-il en souriant.
- Hé Will, regarde, y a pleins de jeunes là-bas, ils doivent être de notre promo !
- Non tu crois ?
- Allez cours, faut qu'on les rejoigne !!! s'excita Emilie.
- Excuse-moi, mais moi je n'ai pas des valises roulantes ok ?!
- Ben fallait y penser ! Allez, bouge !
Les deux jumeaux accélèrent afin de rejoindre l'attroupement qui allait vers la Fac. Ils ne tenaient absolument pas à se perdre, c'est pourquoi ils étaient collés l'un à l'autre. Lorsqu'ils arrivèrent tous devant la porte, Lana venant de Voilaroc se glissa elle aussi dans le troupeau pour pouvoir se faire attribuer sa chambre.
L'intérieur était très design. On croirait plus à un hôtel à première vue. Mais en réalité, c'était juste le hall. Le reste ressemblait véritablement à un bâtiment scolaire. Quelques élèves s'assirent sur les chaises clouées au mur, et sortirent leurs Pokémon, pour leur faire prendre l'air. Ethan sortit un Togekiss, et lui donna quelques friandises. Audrey un Symbios, et commença à jouer avec, alors que Will et Emilie se contentèrent de regarder les dresseurs autour d'eux.
- Si je sors mes bébés, ils vont avoir peur du monde... s'inquiéta Emilie.
- Et ben les sors pas.
- Pourquoi tu ne sors pas Demolosse ?
- Parce qu'elle va vouloir se battre.
- Mais non, allez, laisse la s'aérer les patounes, la ouaf ouaf !
- Emi, tu me dépasses... soupira Will.
Il sortit le chien des enfers, qui grogna de satisfaction à la vue de potentiels adversaires.
- Quelle guerrière ! Bon chienchien ! s'enjoua Emi.
- T'as fini ?? Tu me fais honte là !
- Hé désolée d'être ta jumelle. En plus on va devoir partager la chambre toute l'année qui va suivre !
- Hooooon... Pourquoi...
Non loin, Lana sortit un Evoli, qu'elle prit dans ses bras.
- Alors la cadette de l'équipe ? La forme ?
Le renard tout joyeux acquiesça en aboyant.
- Maintenant que ça fait un an qu'on s'entraîne ensemble, va falloir qu'on bosse ton évolution hein ! Tu vas m'être très importante dans l'équipe, Evoli.
Pendant qu'elle parlait, la pendule en haut du bureau d'accueil afficha les vingt heures. Une petite séquence musicale cliché se fit entendre, laissant place à une femme à l'air strict qui pénétra dans le hall de par la droite. Sur la porte d'où elle était sortie était écrit « Administration ». Elle portait un tailleur noir et une chemise blanche, et ses cheveux noirs coupés en carré avec la frange lui allaient parfaitement. Un rouge à lèvres bien rouge lui embellissait ses lèvres. 35 ans à tout casser. Sa sévérité n'en était pas moins qu'un atout de charme.
- Je vous souhaite la bienvenue, jeunes dresseurs. Je suis Nina Elview, la Co-Directrice de cet établissement. Si vous êtes ici, c'est que vous avez passé l'épreuve des examens. Épreuve pourtant compliquée, vous avez dû le constater. C'est aussi parce que vous aurez au long de l'année, un logement attitré. Si vous êtes tous présents, vous devez être à peu près cent cinquante. Et demain, une autre centaine se rajoutera. Cinq classes de cinquante élèves seront formées. Vous aurez votre emploi du temps demain, comme tous les autres élèves. Bien, procédons à l'appel pour les logements.
Et c'est ainsi que débuta une longue liste de dresseurs. Chacun rappela ses Pokémon afin de gagner de la place dans le grand Hall. Lana, Ethan, William, Emilie, et Audrey regardaient dans la salle et attendaient patiemment.
- Fabray William... et Fabray Emilie ! cria Nina
- Oui, c'est nous ! s'exclama Will.
Ils se levèrent et se dirigèrent vers le bureau d'accueil sous le regard amusé d'Audrey. « Oh Arceus, des jumeaux blonds, ça doit donner !!! » Lana procéda à un rapide examen psychologique comme elle faisait depuis le début de l'appel. « Lui, c'est le gars mignon et perspicace et elle, vu son look un peu excentrique, elle doit être intéressante, mais pompante. » Ethan se contentait de se ronger les ongles et attendait son tour.
- Vous partagez votre logement vous alors c'est ça ? demanda un bonhomme assis à l'ordinateur au bureau.
Les jumeaux acquiescèrent avec enthousiasme.
- Bien. C'est le studio 37. Voici une carte pour vous repérer, la clef, les logements sont à l'étage.
- Merci !
Emilie tira William par le bras et le traîna vers l'escalier au fond de la pièce.
- Alors d'après la carte, chuchota Emilie pour ne pas déranger l'appel, le réfectoire est au milieu du cercle. À droite du Hall, c'est l'Administration, et à sa gauche c'est la salle d'Histoire. Après dans l'ordre, à côté de l'Histoire, c'est la salle de Maths, le bloc Coordination, le bloc Combat, et le bloc Elevage !
- Qui rejoint donc l'Administration, et la boucle est bouclée ! Mais pour le moment on s'en fout, j'ai envie de voir le studio...
- Oh et t'as vu, y des terrains dehors aussi et une piscine pour les Pokémon aquatiques !
- Emi !
- D'accord, on y va, dit Emi en grimpant l'escalier en colimaçon.
La Co-Directrice continuait d'appeler les noms et d'observer les jeunes dresseurs.
- Leiser Audrey !
La rousse aux cheveux mi-longs et légèrement ondulés se leva, claquant ses talons contre la moquette blanche, faisant tourner des têtes masculines sur son passage. Au bureau d'accueil, elle saisit la carte.
- C'est le studio 58. Voilà la clef. Les logements sont à l'étage. Bon séjour.
- Thanks ! dit-elle avec un large sourire.
Elle se dirigea à sa porte, et commença à s'installer. « Elle doit péter plus haut que sa raie celle-là... » pensa Lana, vaguement dégoutée.
- Meelow Ethan !
- Ah enfin !
Il se leva rapidement, prit son sac, et même scénario. Clef 62, carte, bon séjour. Lana ne fit aucun rapport de psy et se contenta simplement de le fixer des yeux. Longtemps. Ethan partit à l'étage, longea un couloir et croisa Audrey.
- Tiens c'est toi la fille du ferry ?!
- Oui ! Tu m'as reconnue hein ? C'est marrant on est à côté en plus, dit-elle avec un clin d'œil.
- Ouais c'est... cool ! ricana Ethan, embêté.
- J'ai hâte de faire connaissance avec toi ! T'as pris quoi, comme Spécialisation ??
- Coordination.
- Woah ! Moi aussi, ça va être super, tu auras le privilège de te mesurer à MOI !
- Ouais ouais...
Juste à côté, à la chambre 65, Lana enfonça sa clef tout en observant les deux jeunes discuter. Elle découvrit un petit studio, où sur la droite se trouvait son canapé-lit. À gauche une petite cuisine et au fond, une porte avec la salle de bain. Le strict minimum mais relativement confortable. Les couleurs étaient aussi ternes que dans sa propre chambre, alors elle ne se sentait pas dépaysée. Luxray s'était apparament déjà habitué au canapé. Elle jeta ses affaires à côté de celui-ci, et s'approcha de la cuisine, dans l'espoir de trouver des pâtes. Mais quelque chose attira son regard. Elle remarqua sur sa table à manger une lettre avec un sceau bordeau qu'elle ouvrit, interloquée.
« Première de votre promotion en combat ? J'ai des plans pour vous...
Cette Fac n'est pas l'infrastructure que vous croyez. Ne parlez pas de ceci.
Je vous recontacterai bientôt. Prenez soin de vous...
...En attendant. OS. »
Lana frissonna. « C'est quoi cette histoire ??! »