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Fire up! de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 30/07/2011 à 10:53
» Dernière mise à jour le 14/01/2013 à 23:11

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Sortir le loup de sa cage
Une alarme digne des plus grands films d'action se mit à retentir tandis que les néons s'éteignaient pour laisser l'éclairage à de magnifiques – mais inquiétantes – lampes rouges clignotantes.

« Eh bien, ce n'est pas trop tôt... » me dis-je en me levant de mon siège.

Les yeux rivés sur la caméra de surveillance des cages, je vis les grilles automatiques des cages s'élever, laissant la voie libre aux Pokémon prisonniers pour s'évader. J'imaginais sans mal le fracas assourdissant que devait produire les grilles métalliques et j'eus comme un sentiment de fierté en les voyant s'élever. Cette fierté était-elle cependant bien fondée ?

Les secondes passaient, les grilles avaient fini de s'ouvrir... et rien ne se produisait. La caméras ne filmait aucune tentative d'évasion ? Était-elle tombée en panne, l'avait-on trafiquée ou bien... n'y avait-il aucun Pokémon qui désirait s'enfuir d'ici ?

Tanya et moi échangeâmes un regard intrigué.

« Qu'est-ce qu'on fait ?
– On descend à la salle des cages. » dis-je, comme s'il s'agissait d'une évidence.

Nous nous mîmes à marcher vite. Alors que nous arrivions à une intersection dont une branche menait à l'entrée du bâtiment, je dis à mon amie :

« Je... Va récupérer ta Demolosse, on va en avoir besoin, je crois...
– Encore ?
– À quoi tu penses quand tu dis "encore" ? Non, ne dis rien, je ne veux pas le savoir, en fait. Tu penses pouvoir le faire ou tu veux que j'y aille ?
– J'y vais. » dit Tanya sur un ton sans répliques.

Alors qu'elle disparaissait de mon champ de vision, je l'interpellai :

« Tanya ?
– Quoi ?!
– Sois prudente.
– Toi aussi. » fit-elle dans un soupir.

Et elle disparut de ma vue.

***

« Sois prudente ? Qu'est-ce qu'il croit, que je vais tout faire pour me faire attraper, peut-être ? »

J'atteignis enfin la salle où j'avais laissé les agentes. Je jetai un rapide coup d'œil à l'intérieur avant d'appeler ma Pokémon : tout le monde semblait dormir.

« Pssst, Demo ! Par ici ! » chuchotai-je, espérant ne pas me faire entendre d'une agente ou pire : d'un Demolosse.

Rien à faire, cependant : ma Demolosse, après avoir relevé la tête, ne faisait rien d'autre que me fixer quoi que je fasse. Je prêtais alors l'oreille aux bruits autour de moi et ne fus plus surprise du fait que ma Pokémon ne m'obéisse pas : elle ne pouvait m'entendre avec les sanglots qui secouaient l'une des agentes. Je tournai la tête et vis une des femmes flics recroquevillée sur elle-même pleurant à chaudes larmes.

« Mon plan était-il une si bonne idée que ça ? N'était-il pas un peu trop... radical ? » me demandai-je tout à coup, rongée par le remords.

Décidée à réparer ce qui pouvait l'être, je m'approchai de la seule agente encore consciente dans la salle, c'est-à-dire celle qui sanglotait.

« Elle doit débuter dans le métier... elle a l'air jeune... et si bouleversée ! Nom d'Arceus, qu'est-ce qui m'a pris de faire ça ?! »

« Ç... Ça va ? m'enquis-je timidement, terriblement inquiète.
– Je... L'agente Jenny n'a jamais eu de rapports... encore moins pendant son service... et moi je... je...
– Ne dîtes pas ça...
– C'est pourtant la vérité, répliqua l'agente désemparée, une flamme dure dans le regard.
– Si vous voulez mon avis, la vraie agente Jenny a toujours fait en sorte que l'on sache d'elle ce qu'elle voulait ; tout ce que l'on ignore d'elle a été prévu. Vous n'avez jamais entendu dire que l'agente Jenny avait eu des rapports, apparemment, pas vrai ?
– Oui m...
– Sauf qu'une femme a besoin d'amour pour vivre. Une femme sans amour, c'est une rose sans parfum, c'est quelque chose d'inhérent à la nature féminine. On pourra dire ce qu'on veut sur l'agente Jenny, louer sa chasteté, sa virginité éternelle... je n'y croirais jamais.
– Vous parliez d'amour pas de... sexe...
– L'amour et le sexe ont pas mal de choses à voir ensemble, vous savez... Personne ne saurait le nier...
– Vous êtes sûre ?
– Certaine. Et puis, pour en revenir à l'agente Jenny, comme vous le savez, ç'a été la première femme flic... au milieu de policiers mâles. Et les mâles... enfin, il y a forcément eu des aventures par-ci par-là, que ce soit avant, après ou pendant le service...
– Vous croyez ?
– Oui. »

La jeune policière essuya ses larmes du revers de la main avant de me demander :

« Je... je peux vous serrer dans mes bras ? »

Était-ce un piège ou bien... Non. Elle avait besoin de réconfort. J'acquiesçai lentement puis je pris la jeune femme dans mes bras et la berçai. Une fois consolée, je lui murmurai à l'oreille :

« Et puis, ce n'est pas la peine de s'en faire pour si peu ; ça m'étonnerait qu'on vous ait pénétré...
– À part quelques... museaux et une ou deux queues – des vraies, hein ? –, rien n'est entré, c'est vrai...
– Je suis désolée, je ne voulais pas... m'empressai-je de m'excuser, me demandant si la jeune femme plaisantait ou non.
– Est-ce que... vous avez déjà fait l'amour ? m'interrompit l'autre.
– Pourquoi cette question ? questionnai-je en rougissant.
– J'aimerais savoir ce que ça fait... comparer avec... ce que je viens de vivre.
– Vous aurez bien le temps de comparer en vivant cette expérience par vous-même... »

Je me défis de l'étreinte de la jeune policière.

« Qu'est-ce que vous allez faire ? s'enquit cette dernière alors que je me levai.
– Attraper celui – ou celle – qui nous cause tant de troubles et qui a déclenché l'alarme. Restez ici, on viendra vous chercher.
– Je ne comptai pas bouger, je suis... comme paralysée.
– Alors dormez, vous devez en avoir besoin...
– Il est vrai qu'après... »

J'ignorai la suite, ne voulant pas connaître les détails de la cause de son état actuel et me dirigeai silencieusement vers ma Pokémon en prenant bien soin de ne marcher sur aucun membre. Je la pris dans mes bras et lui chuchotai à l'oreille :

« Toi, tu as des choses à m'apprendre en matière de séduction... »

Je quittai la salle sans un regard en arrière pour gagner l'entrepôt des cages à l'entrée duquel Clément m'attendait...

***

« Ah, tu es là ? Tu en as mis du temps, tu n'as pas eu trop d'ennuis ? »

Tanya resta silencieuse.

« Tout va bien ? m'inquiétai-je. Tu as le teint livide...
– Je... oui, non, ça va aller, je vais m'asseoir quelques instants et... reprendre un peu de contenance... »

J'acquiesçai et masquai momentanément mon inquiétude pour me concentrer sur mon objectif : faire bouger ces Pokémon de là. Je m'approchai de Tanya qui était encore debout puis me saisis de son Demolosse que je déposai à terre.

« Écoute-moi bien... commençai-je en m'accroupissant pour être à la hauteur de la Pokémon de mon amie, afin de la fixer dans les yeux.
– Demo, elle s'appelle Demo.
– Écoute-moi bien, Demo, repris-je en remerciant d'un regard Tanya qui s'était enfin assise. Il faut absolument que tu leur fasses comprendre à tout prix qu'il faut sortir d'ici ! »

La Demolosse ne bougea pas d'un millimètre ; ses yeux cependant avaient dévié leur regard pour quelqu'un par-dessus mon épaule : il s'était posé sur Tanya.

« Fais ce qu'il dit... » entendis-je murmurer Tanya.

Son Pokémon se tourna alors vers les cages ouvertes d'où aucun Pokémon n'était encore sorti.

« Demo, Demo, Demolosse ! »

Un brouhaha de cris Pokémon s'éleva en réponse à ces hurlements. Brouhaha qui s'éteignit bientôt après un... cri plus imposant que les autres. Un silence presque pesant s'installa, ponctué de bruits de pas presque assourdissants. Une silhouette de plus en plus imposante se frayait un chemin parmi les Pokémon enfermés dans sa cage. Lorsqu'elle ne fut plus qu'à une vingtaine de mètres de moi, je reconnus un Mammochon.

« Mammo, Mammochon ! fit celui-ci, une fois à quelques mètres de Demolosse.
– Demo, Demolosse ! »

Je tournai légèrement la tête pour regarder Tanya mais celle-ci semblait aussi désemparée que moi. Je regardai avec plus d'attention l'imposant Mammochon et découvrit ici et là quelques rubans. Je compris instantanément pourquoi tous ces Pokémon restaient là : ils tenaient à leurs dresseurs. Je m'approchai du Demolosse de Tanya, et, me tenant à ses côtés, dit d'une voix forte :

« Vous tenez à vos dresseurs ? Allez donc les retrouver ! Vous ne méritez pas d'être en cage, dans un hangar si sale, obscur, si mal éclairé ! N'avez-vous donc jamais rêvé de vertes praires, depuis que vous êtes ici ? De forêts chatoyantes ? De cavernes en roche ? D'eau naturelle ? De ciel ? De soleil ? D'un peu d'espace ? »

Bien que je ne parle pas Pokémon, je sentis des murmures d'approbation s'élever de toute part, des rumeurs se propager.

« Hé bien allez retrouver vos dresseurs ! Je vous promets de tout faire pour que vous ayez chacun votre paradis au lieu de ce... lieu d'oubli ! Si jamais j'échouais, alors je ferais en sorte que plus jamais personne ne vienne vous déranger, que vous soyez en paix chaque jour que vous passerez ici. Marché conclu ? »

Cette fois-ci, de véritables cris de joie éclatèrent au grand jour.

« Alors dépêchez-vous de sortir d'ici, allez retrouver vos dresseurs ! »

Dans des bruits de sabots, d'ailes, de nageoire, tous les Pokémon sans exception commencèrent à fuir ; quant à moi, je restai complètement ébahi par les Pokémon Eau qui volaient dans les airs... jusqu'à ce que je réalise que les Pokémon Psy les aidaient à s'évader en les faisant nager dans les airs.

***

Dans ce flot continu de Pokémon à la recherche de leurs dresseurs, je ne voyais plus que ma Demolosse. Nous avions mené notre mission à bien, Clément et moi ; à présent, nous n'aurions plus de repos tant que nous n'aurions pas la certitude d'être absolument tranquilles. Ma Demolosse et moi nous toisâmes intensément du regard. Nous pensions à la même chose : qu'allait-il advenir d'elle, à présent ? Je m'approchai à quatre pattes de ce Pokémon si lointain pendant toutes ces années et à présent si proche puis lui murmurai en baissant les yeux :

« Je... je suis consciente de n'avoir jamais fait une dresseuse exemplaire ou même une simple amie, à tes yeux... Je n'ai réalisé que trop tard qu'un Pokémon était comme un être humain, qu'il demandait de l'attention et... et de l'amour. J'en suis profondément désolée... Je ne voulais pas... »

Ma Demolosse glissa son museau sous mon menton et le releva, ce qui me fit également relever la tête et les yeux. Je ne détectai nulle trace de haine dans ses yeux si sauvages...

« Enfin, repris-je, décontenancée, l'heure est venue de nous séparer... c'est ce qu'il y a de mieux pour toi... vis ta vie comme tu le souhaites... va et retourne à l'état sauvage, si ça te chante... ça ne devrait pas être trop difficile pour toi, tu ne l'as jamais vraiment quittée... à cause de moi... par ma faute... je te demande pardon... »

Une langue humide me lécha le visage.

« Allez, pars ! ordonnai-je, émue aux larmes. Nous n'avons que trop tardé... allez, file ! »

La Demolosse bondit au-dessus de moi et, juste avant de pénétrer dans le flot de Pokémon qui continuait sa progression, elle me lança un regard perçant qui me bouleversa au plus profond de moi-même.

***

Lorsque tous les Pokémon eurent évacué le hangar, je cherchai Tanya du regard. Celle-ci était à genoux, le regard dans le vague. Elle semblait anéantie. Je me précipitai vers elle puis m'accroupis juste en face d'elle. Ses yeux n'avaient pas réagi à mes mouvements.

« Ta... Tanya ? » murmurai-je timidement.

L'interpellée posa enfin les yeux sur moi. Était-ce moi ou bien son teint avait encore pâli ? Et... ses yeux ? Pourquoi avaient-ils... perdu tant d'éclat ? Un hurlement me parvint de l'entrée du hangar ; je levai la tête pour apercevoir leur source. C'était Demo. Nos regards se croisèrent l'espace d'un instant. Pourquoi donc avais-je la forte impression que le sien disait : « Prends soin d'elle ! » ? Je réalisai alors qu'elle nous quittait. Je reportai mon attention sur Tanya qui avait les larmes aux yeux. Après une brève hésitation, je la pris dans mes bras et la serrai avec tendresse. La jeune femme prononça enfin quelques mots...

« Clé... Clément... je... je me sens si... seule.
– Non, tu n'es pas seule. Je suis là. Calme-toi, ça va aller.
– Dis... dis-moi, Clément...
– Oui ?
– Ces mots que tu... que tu as prononcés... tu les pensais... vraiment ? Tu comptes réellement leur... construire un habitat digne de ce nom ?
– Je compte tout faire pour y arriver. Hélas, pour le moment, nous avons d'autres soucis, tu ne penses pas ?
– Tu as raison... » fit Tanya en se défaisant de mon étreinte et en reniflant bruyamment.

Nous nous relevâmes, nous assurâmes que le hangar était complètement vide puis échangeâmes un long regard.

« Que fait-on, à présent ? me demanda Tanya.
– Qu'avait-on prévu initialement ?
– La fuite.
– Alors on s'enfuit. »