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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 19/07/2011 à 20:07
» Dernière mise à jour le 19/07/2011 à 20:07

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Retraite.

Sinnoh. Féli-Cité. Centre-Pokémon. Rez-de-chaussée, local 2.

Jeudi 27 Mai 2010. 06 heures 14 minutes.



¤Faucheuse, réveilles-toi.¤


La jeune femme sortit de sa torpeur pour rouvrir ses yeux, et commencer à se lever déjà du petit matelas fournit par l'infirmière dans la réserve en réponse à l'injonction du pokémon qui résonna dans sa tête, et auquel ton associé ne lui laissait déduire que comme étant de mauvaises nouvelles.


«Situation ?» Renvoya-t-elle de tête.

¤Un avis de recherche à ta description est lancé sur toute l'île. Il n'a pas encore été relayé de partout, mais cela sera bientôt le cas.¤


Cette réaction était à prévoir, mais aussi vite ? La police était déjà arrivée à la conclusion qu'il fallait émettre un avis de recherche sur toutes les ondes à une heure si peu écoutée ? Le soleil n'était même pas encore levé, et la majorité des gens devaient encore en train de dormir au moins trois quart d'heure avant de se réveiller selon l'horaire standard. A part les quelques rares personnes étant encore debout à cette heure et les patrouilles de nuit de la police de Féli-Cité, qui devaient probablement finir leur quart, personne n'était sensé écouter cette annonce avant au moins une bonne heure ; surtout qu'elle devait être reléguée au dernier plan par rapport aux évènements de l'ambassade, et dont tout le monde attendait la conclusion avec impatience.

Il faut croire que sa disparition inexpliquée dans les bois lui ayant permise de semer au nez et à la barbe ses poursuivants ne les avaient pas mis dans les meilleurs termes.


«Quelle est la description exacte de l'avis de recherche ?»

¤Identité du suspect inconnue. Genre confirmé inconnu mais soupçonné d'être de sexe féminin. Taille moyenne. Constitution moyenne. Longue chevelure entre le blond et l'argent. Dernière position connue : dans les étendues forestières s'étendant à l'extrême Est de SInnoh. L'individu est armé et extrêmement dangereux ; l'utilisation d'arme à feu est autorisée. Individu criminel classé de rang A.¤


En d'autres termes elle n'avait pratiquement rien à craindre avec si peu de critère de sélection, sauf concernant sa chevelure ; dont la couleur de sa teinte naturelle rendait difficile, pour ne pas dire impossible toute confusion avec une autre. Ce qui était un problème dont il fallait s'occuper en priorité mais dont elle n'avait ni le temps ni les moyens adéquats pour. Sauf si…


«Et l'orbe ; a-t-elle suffisamment récupérée pour permettre un changement dans les conditions d'affichage de la pigmentation capillaire ?»

¤Non.¤ Lui fut-il répondu platement. ¤Cependant c'à quoi tu penses ne pourrait pas s'appliquer même si j'avais reconstitué les facultés adéquates. Ce qui n'est pas le cas actuellement.¤

«Pourquoi cela ?»

¤Le pacte nous liant fut conclut au moment où tes conditions avaient la préséance sur les miennes, de part les restrictions édictées par le temps et l'espace. Je n'ai aucun moyen à l'heure actuel pour aller à leur encontre. Pire dans le sens où je perds de cette puissance juste régénérée pour te l'apprendre.¤

«Si je déduis correctement, c'était comme s'il était prévu dans la faille de ton emprisonnement que tu fasses justement appel à un être extérieur – aussi invraisemblablement que cela puisse paraitre – et que les avantages liés à ton pouvoir soient tous restreints pour mettre autant de bâton dans les roues que possible dans cette relation d'accord en accord ?»

Le silence qu'il lui fut rendu en retour fut plus éloquent que s'il lui avait été répondu à l'oral ou en pensée.

«Autre question pour mettre au clair les clauses n'étant pas bloquées : peux-tu percevoir mes pensées sans que répondre ne consomme de l'énergie à maintenir cette communication ?»

¤Non.¤ Lui fut-il à nouveau rendu platement. ¤Je vais faire concis : le simple fait d'entamer la moindre action avec toi, aussi quelconque pourrait-elle paraitre, brûle de mon énergie comme une feuille de papier avec un briquet. Je ne peux pas maintenir cette conversation d'avantage. Je rentamerais le dialogue lorsque j'aurais à nouveau suffisamment rétablit mon pouvoir.¤

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Le silence se fit de nouveau, cette fois-ci de manière plus concrète avec celui du local de réserve. Elle ne perdit pas de temps en commençant par plier et ranger le drap et le matelas de prêt pour les dissimuler dans le fouillis ambiant, tandis qu'elle en profitait pour rajouter en son sein son vêtement déchiré et imbibé de sang, en subtilisant à la place partie supérieure d'une tenue d'infirmier standard de couleur bleu et dissimulant comme elle pouvait sa longue chevelure dessous en rentrant le haut dans son pantalon. Elle en profita aussi pour prendre autant de fournitures médicales présentes que possible dans sa ceinture, afin de s'équiper et se préparer un minimum à ce qu'elle pourrait faire face avant d'entamer le voyage vers la prochaine étape : le chemin Rocheux.

Une fois les fournitures dérobées correctement rangées et passées en revues, de même que ses anciennes affaires celées dans le tas, ce fut au tour de sa blessure d'être passée en revue. Elle défit juste ce qu'il fallu du bandage - en règle par rapport à l'ancien – pour voir la plaie dans son épaule suturée cicatriser lentement mais sûrement grâce aux soins apportés par l'infirmière et le Leveinard, mais être encore trop irritée et rougie pour pouvoir réutiliser son bras avant au moins quelques jours. Mais c'était déjà toujours mieux que de finir exsangue ; d'autant plus qu'elle pouvait se considérer «chanceuse» de ne pas avoir attrapée la moindre infection avec une telle plaie vu les environnements traversés (mais ses concoctions n'étaient pas étrangères à cela.)

Toutefois, avec seulement à peu près quatre heures de sommeil (considérant qu'elle ne se trouvait pas dans son état optimal pour atteindre le repos nécessaires à sa récupération) il fallait faire profil bas pour éviter d'attirer l'attention ; le vol de véhicule était dès lors à exclure avec toutes les caméras surveillant les principales avenues, sous peine de mobiliser tous les effectifs principaux du QG de Féli-Cité. Malgré le fait que cette éventualité avait été initialement anticipée, et malheureusement contrée par la prise de mesure hâtive de ces derniers sur l'avis de recherche. (Ce qui était différent par rapport à la dernière fois où elle était venue ici, accomplir son contrat en étant préparée et équipée pour faire face à ces restrictions. Ce qui n'était pas le cas actuellement.)

Dans tous les cas l'infirmière devait être partie depuis un moment déjà et n'avait plus à s'en occuper pour l'instant, bien que le rôle qu'elle allait jouer pour la suite de ses opérations se révélerait crucial, et le passage en revu de son matériel d'emprunt étant terminé correctement pour la troisième fois, rien ne servait de rester d'avantage en cet endroit plus longtemps. Il n'y avait plus qu'à quitter le centre par l'accès duquel elle était entrée et se diriger vers la sortie Nord de la ville par les petites rues ni vue ni connue. En escomptant ne pas tomber encore une fois sur un énième «parfait» imprévu sur le trajet…

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Une fois ressortit du centre par l'accès de derrière sans que personne ne s'aperçoive de sa présence, elle sortit brièvement de l'impasse pour continuer l'avenue sur le même trottoir jusqu'à l'une des très nombreuses petites rues parcourant la ville de tous les côtés et menant virtuellement n'importe où à qui savait s'y repérer. De cette même rue elle bifurqua dans une nouvelle, moins bien éclairée et plus étroite ; du genre de celles qui ne sont pas généralement cherchée à être empruntée, mais qui disposait de l'avantage de ne pas permettre à des véhicules de s'y rendre non plus. Les patrouilles étaient peu nombreuses, mais pas inexistante, et compte tenu de son état ne prendre aucun risque était la meilleure décision à prendre.

Du moins lorsqu'elle tourna dans une nouvelle rue sombre pour s'enfoncer d'avantage dans le labyrinthe urbain jusqu'à l'orée le reliant à la route 204, et la voir éclairée malhabilement par l'affiche en néon d'un bar encastré dans le béton d'un mètre de profondeur dans le sol ; le genre de bar mal famé ouvert à pas d'heure dans un coin paumé d'une rue oubliée dans laquelle personne de sensé ne voudrait s'y trouver. Ce qui se confirma lorsque duquel sortirent les silhouettes de trois hommes pile au moment où elle arrivait à quelques mètres du bar en atteignant le point de non-retour ; trop avancée pour reculer, mais pas assez pour les passer sans qu'ils ne la repèrent.

Ces derniers (assurément pintés) eurent vite fait d'ailleurs de la remarquer. Mais cela ne changeait rien pour elle car, au final, tout ce qu'elle avait besoin de faire était de les éviter sans faire de vague afin de continuer de l'autre côté comme si de rien n'était ; évidemment ce qui était dans l'optique d'un idéal parfait. Mais nullement en accord avec la réalité lorsque ces derniers – plus que raisonnablement bourrés – s'amusèrent à faire une sorte de cordage humain pour lui barrer le passage…

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«Et bien alors, ch'tite demoiselle, on est perdue ?» Commença celui du milieu d'un petit sourire d'ivrogne soulignant à lui seul son degré d'alcoolémie dans le sang.

Elle n'avait vraiment pas de temps à perdre, et encore moins de secondes à leur accorder. Cependant, dans sa situation, par défaut il fallait tenter l'approche diplomatique en premier.

«Non, pas vraiment… J'ai juste empruntée cette rue pour me rendre rapidement à l'arrêt de bus Nord.» Répondit-elle calmement. «Si vous voulez m'excuser j'ai un transport à prendre, et je suis assez pressée.»

Elle fit un bref geste d'inclinaison poli à leur encontre avant de chercher à passer calmement sur leur droite, mais ces derniers se remirent à nouveau à lui bloquer le chemin.

«Vous n'allez pas nous quitter de sitôt ? Nous avons encore la nuit devant nous.» Releva-t-il en se rapprochant d'avantage.

«Sauf que nous sommes à peine à quelques minutes du lever de soleil.» Le corrigea-t-elle poliment.

«Justement alors, nous avons toute la journée devant nous ; pourquoi se presser !»


A peine finit-il de la contredire que ce dernier et ses comparses se rapprochèrent d'avantage de la jeune femme isolée, seule dans une ruelle sombre, sans défense et livrée à elle-même en face de trois hommes la surpassant d'une tête en carrure avec des impers de couleur sombre en guise de vêtement, et dont le jugement et le sens de réflexion était inhibé par la boisson… Pas besoin de réfléchir bien loin pour savoir comment ce genre de scénario devait se finir ; si l'une des actrices ne s'était pas préparée à une improvisation dans la trame.


«C'est vrai qu'il faut savoir profiter des bons moment de la vie.» Lui concéda-t-elle placidement. «Mais normalement, tout homme galant qui se respecte est sensé se présenter en premier devant une dame.»


Elle lui tendit sa main d'un geste doux et élégant pour inciter à la courtoisie ; à laquelle l'homme, bien qu'en partie ivre, se laissa prendre au jeu en commençant par répondre à l'invitation du baisemain.


«Bien sûr, où sont passées mes bonnes manière ?» Admit-il sous les petits rires ivrognes de ses comparses en se saisissant de sa main. «Je me pré-»


Il n'eut pas le temps d'entamer les présentations. A peine sa main droite effleura celle de la demoiselle qu'elle le prit de court de sa propre gauche en se saisissant avec de son petit doigt jusqu'au plat de sa main pour la forcer à tourner d'un geste rapide dans le sens inverse des aiguilles d'une montre tout en tirant sur son bras, contraignant son corps à une impossibilité anatomique de choir automatiquement à ses pieds en lui soumettant le membre sans effort, mais sans pour autant le casser.

Ses petits camarades ne s'étaient même pas arrêtés de rire à ne pas encore avoir réalisés ce qu'il se passait que la «faible» et «sans défense» demoiselle s'était avancée sur son pied gauche dans le même mouvement rotatif pour décocher un formidable coup de pied du droit à la mâchoire du second homme situé justement à la droite de celui à terre, et l'envoyer bouler en arrière d'un demi-salto sous la puissance du coup qui eut vite fait de le plonger dans l'inconscience.

Elle relâcha la contrainte qu'elle exerçait sur le premier homme pour s'en retourner pleinement sur le troisième, qui réalisait tout juste que cette nana n'allait pas se laisser faire. En ignorant la nature du danger (comme cela était prévisible d'un homme sous l'emprise de l'alcool à ne plus appréhender la nature du danger) il chercha à venger ses camarades en cherchant à décocher un coup de poing colérique mais maladroit sur cette dernière. Encore une fois, sans le moindre effort cette dernière leva calmement son bras droit de côté devant elle pour dévier le coup de poing dans le vide tout en amenant sa main gauche proche juste au dessus du niveau de son coude, puis les referma tous deux en deux poings qu'elle décocha immédiatement sous la forme d'un double contre frappant simultanément au plexus et sous la mâchoire de l'homme d'un effet semblable à deux pistons en acier d'une presse hydraulique ; l'amenant comme son précédent comparse au pays des songe alors que la redoutable contre-attaque le fit percuter le mur de la ruelle juste derrière lui par l'arrière de son crâne.

Le premier – et dernier du trio encore conscient – se releva le bras tenu pour se jeter enragé à l'assaut de la jeune femme (plutôt inconscient à ne même pas avoir réalisé que les deux autres étaient à terre). Celle-ci, qui semblait se rapprocher de lui en faisant un pas en avant, se mit en fait invraisemblablement à reculer par rapport à lui d'un mouvement qui donnait l'impression qu'elle glissait calmement en arrière sur le sol comme une image, évitant ainsi le coup de poing rageur de l'homme qui ne frappait pas à l'endroit où il avait prévu qu'elle se trouve. Elle amena ensuite son bras droit avec fluidité au dessus d'elle pour frapper d'une gifle le dessus du poing comme un serpent, puis profita dans le même temps d'avoir déstabilisée le coup de son adversaire pour lui ré-agripper le bras de sa main gauche, tirer dessus en l'amenant d'un niveau au dessus de sa tête pendant que son bras droit glissait le long du sien dans un mouvement synchro jusqu'à son cou, et donner une faible balayette du pied sur le sien pour finir de le déstabiliser entièrement, puis ensuite de sa main sous son coup relevée la paume vers la mâchoire en la lui agrippant fermement, mais sans effort, pour terminer en lui faisant cogner l'arrière de la tête contre le sol bitumé ; achevant de mettre un terme aux fastes du trio d'ivrogne avant même qu'elles ne commence.

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Les trois hommes étaient neutralisés, mais en vie. Elle s'était arrangée pour qu'ils ne soient pas en mesure de décrire ce qui leur était arrivé avant au moins plusieurs heures, mais savait que le trauma associé à la raclée ainsi collée les ferait consciemment se rappeler du tout malgré les effets secondaires liés à l'alcool ; surtout qu'elle en profitait pour dépouiller le premier de son imperméable d'un vert kaki idéal pour se fondre dans le schéma de couleur naturel de la forêt. Avec un vol et une bagarre à son actif juste quelques après son arrivée et son départ du centre pokémon, en comptant la poursuite de Voilaroc, elle était certaine que la Ligue et la police iraient faire immédiatement le rapprochement. Finalement sa rencontre «fortuite» avec ces messieurs allait se révéler plus payante que si elle les avait évitée ; transformant ce qui s'apparentait à de la malchance à court terme en un coup de génie à long terme.

Jusqu'à ce que la porte du bar ne s'ouvre pour laisser passer les différentes personnes restantes dans le bar, attirées par l'agitation provoquée par la bagarre, et ne tombent sur le spectacle des trois hommes à terre et de leur – certaine – agresseur qui achevait de les dépouiller de leurs biens ; semblant alors réduire le coup de génie en un insipide coup dans l'eau.

Mais avant que la moindre d'entre elle n'agisse à faire en sorte qu'il en soit ainsi, l'anonyme silhouette s'était déjà subtilisée à leur vue en fuyant et disparaissant dans les ombres de la ruelle là où la frêle lumière fade des néons ne prétendait à s'aventurer. Ne laissant derrière elle dans la mémoire de ces derniers que l'image kaki sombre d'un fluet reflet platiné.

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Sans plus d'avantager rencontrer de gêneur sur sa route, bien qu'elle savait qu'il n'était plus encore une énième fois qu'une question de temps avant qu'elle ne mobilise l'attention de toutes les forces de police de la ville (juste le temps relatif qu'ils ne viennent à confirmer et prendre en compte ce qui apparaitrait en premier lieu comme la divagation générale d'une bande d'ivrogne), elle n'eut aucun mal à atteindre finalement la sortie Nord de la ville faisant la liaison vers celle des fleurs par la route 204. Seulement, même si elle avait été dans ses meilleures conditions, atteindre le chemin Rocheux à pied mettrait au bas mot facilement plusieurs heures, pour ne pas dire une dizaine ; délais qu'il fallait encore allonger en rajoutant le concept d'éviter toute rencontre avec d'autres personnes et – dans l'idéal – des pokémons sauvages.

L'imperméable vert kaki subtilisé lui donnait une bonne couverture visuelle pour évoluer dans les bois, ce qui lui donnait déjà un bon avantage. Mais sans repousse elle aurait tant mieux fait de prendre une tenue de clown fluorescente que ça n'aurait rien changé pour l'odorat des pokémons sauvage ; parfaitement aptes à la détecter avec sa plaie encore fraiche qui agissait plus sûrement qu'une balise la marquant à la trace. L'idée de voler une voiture ou un véhicule banal pour réduire d'un coup ces problèmes liés au trajet lui revint en proposition, surtout qu'à cette heure personne ne verrait l'infraction et ne se rendrait compte de rien avant un moment, mais elle était toujours exclue sur la contrainte du principe de base : que ferait-elle ensuite du véhicule ? Bien sûr elle pouvait l'abandonner dans un coin perdu des bois avant de se diriger vers son repaire, mais le simple fait de le délaisser induirait l'indice que c'était parce qu'elle n'en avait plus besoin en atteignant une cachette proche ; Floraville et le Chemin Rocheux n'étant alors que les deux seules pistes offertes en proposition. De plus, pratiquement tous les modèles de voiture actuels sont dotés d'un système de repérage satellite encastré directement dans le véhicule qui permet justement de le retrouver en prévision de pareil incident. Hors elle n'avait ni le temps, et surtout pas les moyens pour craquer ce système avec aucune ressource à disposition. C'était de surcroit sans compter sur l'antivol qui s'activerait au moindre signe détectant une intrusion en déclenchant un bruit de tous les diables, et qui aurait mieux fait de rameuter les flics plus sûrement que si elle se rendait directement dans un poste de police.

Cette raison s'appliquait aussi alors à l'auto-stop : une auto-stoppeuse à moins de six heures du matin avec une chevelure correspondante à celle listée sur l'avis de recherche ? Deux choix s'offraient alors à elle : soit inventer une belle histoire bien cohérente pour convaincre son chauffeur qu'elle n'était pas dangereuse, que toute cette histoire n'était qu'un coup monté et le supplier de faire comme s'il n'avait rien vu, bien qu'il lui était alors incapable d'oublier la direction dans laquelle elle se dirigeait à forcément suivre la sienne (à condition qu'en plus il accepte d'écouter – sans voir son visage) ; soit elle se contentait directement de le maitriser pour lui subtiliser le contrôle de son propre véhicule, pour se retrouver alors avec ce qui s'apparentait à une forme d'otage sur les bras. Ce qui aurait été moins problématique en volant une voiture…

De tout cependant il n'y avait qu'un seul détail entravant la moindre de ses alternatives de plan, mais le détail qu'elle ne pouvait en aucun cas ignorer le concernant : la système d'autodestruction de la SCS s'activerait directement en arrivant par le chemin Rocheux plutôt que par l'accès secret de sa maison, conformément à sa programmation, et avec sa blessure entrant en contradiction avec ses conditions d'emploi c'était l'explosion assurée si elle ne s'identifiait pas.

Mais elle avait prévue toutes ces éventualités, tout ce scénario bien longtemps à l'avance ; en fait depuis le moment même où elle s'était installée dans la ville fleur. Anticipant dès le premier contrat après son installation qu'un jour elle puisse être acculée dans une situation proche de désespérée au point que la couverture de son identité puisse être percée. Et aujourd'hui était ce jour… Mais elle lui fallait d'abord s'en assurer.


«Giratina, as-tu suffisamment récupéré pour influencer sur les conditions de reconnaissance de la SCS ?»


Le silence qu'elle obtint en retour fut plus significatif que l'écho d'une réponse directe. Cela lui donnait alors la confirmation qu'elle ne lui restait qu'une seule solution, tandis qu'elle se dirigeait vers l'avenue bitumée menant à la route 204 pour interpeler un véhicule par auto-stop.

Cynthia Luna allait disparaitre de la circulation.


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A quelques centaines de mètres de là. Au commissariat de police principal de Féli-cité situé à proximité du centre-ville. L'un des deux membres en fonction de nuit affectés à la surveillance routière, appréciait modérément le café tiède de sa tasse en lisant les dernières tendances féminines d'un magazine de mode (principalement les photos des mannequins ; plus qu'attrayantes). Par réflexe barbant il leva un instant son nez de sa revue «culturelle» pour regarder le tableau digital ornant la pièce qui retraçait l'activité de la ville en temps réel, et bailler un bon coup en remarquant – comme d'habitude – que rien d'anormal ne s'y déroulait, et que tout était encore plongé dans un calme plat.

Ce boulot était l'antithèse même de la définition «éreintant» dans le dictionnaire, mais à l'opposé la plus parfaite pour le terme «ennuyant». Officier à son poste de nuit était d'une monotonie telle qu'il avait l'impression tous les jours (plutôt toutes les nuits) qu'il était comme un film documentaire sur la vie des Parecool qu'on rembobinerait pour regarder au ralenti encore une fois, à l'infini… C'était pas comme s'il s'en plaignait ; plus calme comme boulot avec des conditions de travail aussi pépères, tu meurs. Mais le désavantage était qu'à force de rester assis tout le temps devant cette console, les ankyloses, crampes et autres membres engourdis prenaient vite fait de transformer cette surveillance reposante en un vrai calvaire. D'ailleurs l'une d'elle venait de se réveiller, et l'envie de se dégourdir les jambes lui tenaillait l'esprit à cette simple idée.

Il délaissa un instant son magazine sur sa chaise afin de se lever et s'étirer un bon coup… Puis il quitta la salle du service de surveillance pour commencer à se diriger vers le poste d'accueil (prenant en même temps sa tasse à en profiter pour la remplir d'un café décent et chaud.) Il arriva rapidement à ce dernier, et suffisamment proche pour entendre que certaines de ses collègues étaient en pleine activité, et traitaient un appel qu'ils n'avaient pas l'air de prendre au sérieux.

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«Qu'est-ce qui s'passe ?» Demanda-t-il en même temps qu'il s'avançait en direction du coin où se situait la cafetière.

«Une bagarre entre ivrogne qui aurait éclatée juste en dehors d'un bar il y'a quelques minutes.» Lui fut-il répondu brièvement par celui tenant la communication.

«Y'a un bar encore ouvert à cette heure ; et des gens trouvant le moyen de s'y bourrer la gueule avant même que le soleil se lève ?» Releva-t-il vraiment surprit.

Un autre collègue prenant lui aussi son café se permit de reprendre en émettant un petit rire.

«Et encore tu sais pas la meilleure. D'après le tenancier qui passe l'appel, les trois gars qui sont sortis de son bar se sont fait agresser par un inconnu qui les aurait tous mis à terre à lui tout seul quelques secondes après le début de la bagarre, pour ensuite avoir juste le temps de l'apercevoir dépouiller l'un d'eux de son manteau avant de disparaitre comme une ombre.»

Celui de surveillance sourit un instant en appréciant le contact réchauffant de sa tasse dans ses mains.

«Voilà le risque à courir pour se gorger la poire dès potron minet. C'à dégénère directement en bagarre et après ça invente des excuses pas possibles auprès de la police pour se décharger de toute responsabilité.» Fit-il en buvant goulument dans sa tasse. «Et après, histoire de faire carrément dans le gros bobard bien sympa, ils vont même dire qu'ils se sont fait maitriser par un surhomme dénué du moindre pokémon.»

Son collègue à proximité se retourna d'un coup vers lui d'un regard aussi outrageusement surprit que provocateur.

«Nan, comment t'as deviné ?! C'est dingue ! T'ex extralucide, un truc dans le genre ?»

Il se contenta juste de boire son café en prenant la pose cool du beau gosse afin de se prêter au jeu.

«Je devine même qu'il devait avoir un signe distinctif invraisemblable qui nous ferait immanquablement le repérer dans la rue si on devait le croiser ; genre crête de Pijako de couleur psychédélique ou bodybuilder à l'apparence de Mackogneur.»

L'autre policier mima outrageusement un signe de prière en se prosternant du haut du corps figurativement devant lui.

«Par tous les saints mais comment fait-il pour savoir qu'il possèderait une chevelure blonde à la limite de l'argent fantaisiste ; d'où vient une telle omniscience ?»

D'une dernière mimique théâtrale, celui de surveillance se donna une voix plus grave comme pour «trôner» au milieu des mortels.

«Les voies du seigneur sont impénétrables…» Il reprit sa tasse pour boire religieusement dedans. «Sauf avec un bon café.»


Les officiers dans la pièce se concertèrent d'un petit rire qui fut accueillit chaleureusement à l'approche de la fin du service de nuit. Jusqu'à ce qu'à haute voix, retransmit intégralement dans le système de haut-parleur du poste, sur la fréquence d'appel prioritaire, ne soit relayé un message dont le contenu fit immédiatement retomber l'ambiance dans un climat plus sombre.


«Message d'alerte à l'attention de toutes les offices de police de l'archipel : un avis de recherche général est émit à l'encontre d'un individu suspecté d'être en relation directe avec les attentas récents de l'ambassade à Voilaroc. Identité précise inconnue. Genre inconnu mais soupçonné d'être de sexe féminin. De taille moyenne et de constitution moyenne. Caractéristique particulière : possède une couleur de cheveux tirant proche du blond platine vers l'argent. Dernière position connue avant disparition complète : dans les étendues forestières s'étendant à l'extrémité Est de Sinnoh. L'individu est armé et extrêmement dangereux ; autorisation d'utilisation d'arme à feu accordée. Individu criminel classé de rang A.»


A l'élocution du terme «rang A», parmi les plus élevés servant à décrire la dangerosité d'un criminel comme devant mobiliser à lui seul n'importe quel effectif de police disponible à n'importe quel instant, et l'évocation du critère particulier correspondant exactement à celle de l'individu dans l'appel relevant l'altercation courte et brutale du bar proche de la sortie Nord de la ville, le calme poste d'accueil de la police fut parcourut par l'effervescence d'un branle-bas de combat général. Celui de surveillance en oublia son café pour s'en retourner immédiatement à son poste, tandis que l'autre qui se trouvait à ses côtés en faisait de même pour reprendre les communications et actualiser l'information d'urgence à la chaine de radio et de télé de la ville en top priorité, et par extension à tous les autres services de sécurité de l'île.

La chasse reprenait.


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Au même instant, à même pas quelques kilomètres de là sur la partie bitumée de la route 204, un petit camion de transport réfrigérant, délivrant la livraison de poisson frais depuis Joliberges à tout l'Ouest de l'île, suivait tranquillement son trajet quotidien en premier vers la ville fleur qui recevait toujours l'arrivage le plus frais sur le planning de son fournisseur, malgré sa commande systématiquement la plus modeste.

Cette modestie n'était pas un problème du point de vue du chauffeur du camion, au contraire même un très bon avantage. A Floraville, comme tout le monde connaissait pratiquement tout le monde, il était depuis bien longtemps devenu le livreur attitré du poissonnier de la ville avec qui il s'entendait très bien à lui livrer toujours dans les meilleurs délais le meilleur poisson possible ; ce que ce dernier lui rendait par ses relations proches avec les boulangers de la ville par une boite de «Cookielicot» toujours bien fournie. Le genre de petit plaisir sain – et gratuit – qui lui donne la pêche pour continuer de bonne humeur toute la journée.

Un petit rituel quotidien qui n'avait jamais changé depuis des mois. A l'exception notable d'aujourd'hui ; où il avait accepté de s'arrêter un instant sur son planning à la sortie proche de Féli-Cité pour faire monter un auto-stoppeur dans son camion. En temps normal il ne l'aurait peut-être sans doute pas fait (un camion de réfrigération n'étant généralement pas plébiscité à ce genre de léger imprévu). Mais le métier de routier le laissait parfois un peu seul, et, en mettant brièvement de côté son Machoc l'accompagnant et l'aidant dans son service, il n'avait que rarement l'occasion de discuter avec quelqu'un d'autre sur le trajet. Alors il changea d'avis dans ses habitudes. Puis surtout qu'il lui avait été donné l'opportunité présente de discuter avec une auto-stoppeuse…

La discussion s'était naturellement tournée sur la spécialité du chauffeur, histoire ironiquement de «réchauffer» l'ambiance et poser de bonnes bases (en commençant par un «qu'est-ce qui pourrait pousser une jeune femme à faire de l'auto-stop à un camion réfrigérant ?») et avait rapidement déviée des questions logiques de base par la répartie plus que bienvenue de cette dernière («y'avait bien un de boucherie qui était passé avant, mais il disait ne jamais prendre avec lui de la viande plus fraiche que celle dans ses stocks.) Sachant parfois les petites piques de rivalité entre les poissonniers et les bouchers au sujet de la fraicheur de leurs produits, croiser la route d'une personne connaissant ce genre de petites rivalités comme lui rendait le trajet plus «vivant».

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«Et vous avez des poissonniers, par hasard, dans vos connaissances ?»

«Euh… Est-ce qu'une belle-grande-tante à la face de Barbicha compte ?»

La réaction du chauffeur ne se fit pas attendre à éclater d'un rire bref mais franc en imaginant la tête d'un pareil parent s'il en avait un.

«Possible !» Lui répondit-il d'un air amusé. «Mais, contrairement à mon collègue boucher, moi je ne prends jamais de la viande de poisson moins fraiche que celle dans mes stocks.»


Le bref «zut» renvoyé par la demoiselle le fit sourire de nouveau. Puis de se rendre compte, qu'à force de parler d'un sujet qui tournait autour de lui, il fallait retourner la conversation à un point plus basique pour ne laisser sa «compagne de voyage» avoir l'impression qu'il l'oubliait pour ne se concentrer que sur lui.


«Et sinon, pour revenir vers vous, qu'est-ce qui vous motive à faire de l'auto-stop en direction de Floraville dès le petit matin ?»

Le retour sur la jeune femme ne lui donna pas l'impression d'avoir prit la meilleure décision, même si l'initiative partait d'un bon sentiment, lorsqu'il vit cette dernière esquisser un petit sourire dépité.

«Un impondérable de dernière minute.» Commença-t-elle d'un ton se voulant rassurant quand à sa situation. «Le genre d'impondérable qui vous oblige à réagir rapidement en laissant tout ce que vous faisiez de côté ; quitte à oublier vos clés de voiture par la même occasion.»

«Oulà, c'est grave à ce point là ?»

«Réaction coup de tête.» Se contenta-t-elle de répondre d'une légère mimique gênée. «Mais ne m'en voulez pas si je ne vous donne pas la raison exacte. J'espère juste que les choses s'arrangeront une fois à Vestigion.»

«Donc, vous vous rendez à Vestigion ?»

Il y'eut comme un curieux moment d'hésitation perçut de la part de la demoiselle ; comme si le fait d'avoir révélée sa destination lui avait échappée par défaut alors qu'elle ne le voulait pas.

«Oui. Il y'a quelqu'un là bas qui pourrait m'aider concernant mes problèmes.» Finit-elle par répondre. «J'aurais préférée garder cela pour moi une fois arrivée à Floraville, pour prendre un autre stop et continuer jusque là bas sans m'arrêter.»

«Mais pourquoi ? Vestigion est sur mon chemin après Floraville, et c'est pas sûr que vous trouviez quelqu'un qui accepte de vous emmener jusqu'à la ville avant plusieurs heures, au moins.» Souligna-t-il plus soucieusement.

«Là encore, ne m'en veuillez pas si je ne souhaite pas vous répondre, malgré la gentillesse que vous avez eu de bien vouloir me laisser monter. Désolée…»


La conversation s'arrêta pour laisser tomber l'ambiance dans un silence incommode, seulement interrompu par le ronflement ténu du moteur et le sombre défilement du paysage sous la pâle lumière de l'aube se dessinant à l'horizon.

Puis quand au goût du chauffeur, le silence dura suffisamment longtemps pour arriver au stade de l'insupportable, il chercha à entamer de nouveau le dialogue sans empiéter sur sa vie privée.


«Et si nous mettions la radio ?» Proposa-t-il aimablement.


La demoiselle acquiesça d'un signe de tête qu'il interpréta à la limite du contrit, et c'est presque avec soulagement qu'il activa cette dernière d'une brève pression sur la commande derrière son volant pour écouter une petite musique d'ambiance. Au début, à entendre la demoiselle lentement fredonner la musique de son côté il crû que cet incommodant passage avait été laissé derrière. Jusqu'à ce que la radio ne grésille pour changer automatiquement de station en réponse à une intervention extérieure au programme.


«Nous interrompons nôtre programme pour un flash d'information spéciale…»

«Un flash à six heures du mat' ?» Ne put-il s'empêcher d'élever surprit en réaction, avant d'écouter la suite.

«… Un avis de recherche est émit à l'encontre d'un individu suspecté d'association avec les attentas de l'ambassade de Voilaroc sur toute l'archipel. L'identité précise de ce dernier est inconnue. Mais est suspectée d'être une femme. Plutôt jeune. De taille moyenne et de constitution moyenne…»

«Comme 70% de la population féminine de Sinnoh…» Ne put-il à nouveau s'empêcher d'élever comme sarcasme, jusqu'à la suite.

«… Et posséderait comme critère distinctif, selon la police, une longue chevelure d'un blond platine tirant vers l'argent...»


Le chauffeur commença à perdre de ses couleurs. A défaut de la longueur, qu'il la voyait comme dissimulée sous son manteau, la couleur de cheveux correspondait exactement à celle de la personne se trouvant à côté de lui ; bien que cette dernière restait d'un silence et d'un stoïcisme complet. Mais l'annonce ne s'arrêtait pas là.


«… Aux dernières nouvelles, l'individu aurait été localisée à Féli-Cité où il s'en serait prit à trois hommes à la sortie d'un bar, et aurait volé le contenu de leurs portefeuille et le manteau de couleur vert kaki de l'un d'entre eux avant de disparaitre en direction de la route 204. Si jamais vous deviez relever des points de concordance avec une personne dans la population : n'engagez l'individu sous aucun prétexte. Nous répétons : ne l'engagez sous aucun prétexte. L'individu est armé et extrêmement dangereux. Appelez immédiatement la police dans les plus brefs délais après confirmation…»

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A nouveau le silence, encore seulement interrompu par le bruit ronflant du moteur, mais nettement plus angoissant que le dernier alors que le chauffeur, prit soudain d'une certaine suée d'appréhension, faisait tout son possible pour ne pas retourner la tête en direction de son insoupçonnée passagère. Puis, alors que cette dernière s'en trouvait toujours enfoncée dans son mutisme, d'un réflexe aussi stupide que panique, il appuya d'un coup sur la pédale de frein qui fit décélérer brutalement le véhicule, avant d'aller se saisir immédiatement de la pokéball accrochée à sa ceinture pour en appeler à son partenaire musclé contenu dedans ; qui se matérialisa tant bien que mal dans l'espace séparant la jeune femme du chauffeur.


«Non, attendez ! Ce n'est pas ce que vous croyez !»

«Davod : maitrise-là !»


Le petit pokémon musclé, d'abord un brin largué par la situation inhabituelle, eut vite fait de réagir à l'état de panique dont était affligé son compagnon chauffeur à l'égard de la passagère. Il se dirigea immédiatement sur cette dernière pour la maitriser aisément du revers de sa main sous son cou ; peu encline de son côté à vouloir mettre à l'épreuve son tranchant martial, en étant même dans un état visiblement proche de celui du chauffeur.


«Je vous jure que c'est pas ce que vous croyez ; je ne suis même pas armée !» Se défendait-elle comme elle pouvait en levant ses mains sous la menace exercée par le pokémon.

«Davod, vérifie.» Renvoya-t-il brièvement au petit mais redoutable pokémon.


Ce dernier obtempéra et commença à fouiller la demoiselle de son autre main, sans la quitter un seul instant des yeux. D'une seule main il palpa la moindre poche, interne et externe, de son manteau pour en tirer le contenu compacté d'une seule poche sous la forme d'une grossière petite liasse de billet pliée à la va-vite, qu'il déposa au dessus de la boite à gant.


«Et vous allez me dire que vous n'avez pas eu le temps de prendre vôtre portefeuille, mais que ça ne vous a pas empêchée de prendre l'argent contenu dedans ?» Reprit-il d'un ton bien moins enclin à la conversation.

«Ecoutez-moi : si vous appelez la police vous serez aussi mort que moi, comme vôtre Machoc !»


La menace interpella l'homme dans son geste alors qu'il était sur le point de composer le numéro de la police sur sa pokémontre ; presqu'autant par le ton suppliant avec lequel elle cherchait à le convaincre que la menace contenue dans l'avertissement.


«Les attentas de Voilaroc se sont déroulés il y'a à peine moins de dix heures et la ville de situe à des centaines de kilomètres d'ici, par delà la frontière montagneuse du Mont Couronné, et je n'ai pas le moindre pokémon sur moi : comment j'aurais pu être à deux endroits à la fois ?!»

«Et cette liasse de billet et ce manteau, ils sont tombés du ciel ?» Réfuta-t-il fermement.

«C'est vrai que je me suis battue avec ces hommes et que j'en ai profité pour voler certains de leurs effets. Mais c'était eux qui s'en ont pris d'abord à moi ; pas l'inverse !» Admit-elle sur le même ton.

«Ben voyons !» Renvoya-t-il incrédule.

«M'enfin ils sont sortis d'un bar à six heures du matin ; vous croyez que c'était pour boire le thé ?!» Répliqua-t-elle sur le même ton.

Pour la première fois depuis le début et le changement brutal de la conversation, le chauffeur ne trouva pas de quoi répondre. Ce qui donna une ouverture à cette dernière.

«Ecoutez, je ne suis absolument pas dangereuse, ni pour vous ou vôtre Machoc ; il pourrait même me briser le cou sans effort et sans que je ne puisse espérer me défendre. Alors que de mon côté j'ai même pas quoique ce soit pouvant me servir d'arme. S'il vous plait, laissez-moi au moins vous expliquer avant d'appeler la police, je vous en prie !» Reprit-elle à désespérément chercher de le convaincre.

Ce dernier, raisonnablement toujours pas convaincu, décida cependant d'accorder une chance à la jeune femme tenue en respect par le Machoc.

«Alors expliquez-vous, et vous avez intérêt à ne pas me prendre pour un con.» L'avertit-il à la limite du furieux.

«Déjà, vous devez savoir que si je ne voulais pas vous révéler où je me dirigeais c'était autant pour assurer ma sécurité que la vôtre.» Commença-t-elle à essayant de faire preuve de calme. «Ensuite, je ne tiens absolument pas à me moquer de vous, mais c'est très important que vous répondiez à cette question : savez-vous sur quel modèle de bâtiment est construit l'ambassade ?»

«J'ai la tête de quelqu'un qui s'intéresse à l'architecture civile ?» Contra-t-il sèchement.

«Dans tous les cas vous auriez perdu, parce que l'ambassade a été construite sur des plans dessinés par des architecte militaire ; c'est une forteresse. Au sens strict du terme.» L'informa-t-elle sérieusement.

«Et alors ?» Renvoya-t-il la main posée sur sa pokémontre, lui rappelant ses conditions pour ne pas qu'il l'utilise.

«Et alors ?!» Répliqua-t-elle sidérée à ne pas voir l'évidence. «L'ambassade est réputée pour être le bâtiment civile le plus sécurisé de l'île ; même devant la Ligue ! Y'a des centaines de gardes parcourant ses couloirs, occupant le moindre poste de surveillance. Un système de sécurité à la pointe de la technologie qui a lui seul a coûté facilement le tiers du prix de la construction totale, qui se chiffre en plusieurs centaines de millions - même au-delà. Et des critères de surveillance pour seulement approcher l'entrée sont plus stricts et paranoïaques que celui de chirurgiens vérifiant d'être débarrassés du moindre germe avant d'entrer dans une salle d'opération stérile. Comment croyez-vous qu'un attenta à l'explosif a-t-il pu éclater en plein dans une place-forte pareille sans de l'aide en interne ?»


Le silence se fit à nouveau dans le véhicule (bien total cette fois ; le moteur étant coupé à l'arrêt), tandis que l'homme peinait à comprendre où la «criminelle» voulait en venir ; de la même manière que l'infirmière l'ayant sommairement soignée avant lui. D'ailleurs la jeune femme «osa» montrer sa ceinture avec une seule main, l'autre toujours tendue à la vue du Machoc, pour montrer les quelques fournitures médicales qui se trouvaient rangées dedans.


«Je suis détective privée. J'enquêtais sur une possible implication en interne des forces de police dans l'assassina du gouverneur Matis à la demande d'un client qui a tenu à garder l'anonymat, qui soupçonnait que les tueurs auraient pu obtenir des informations concernant la logistique et la sécurité des gardes le protégeant dans sa villa à l'aide d'une taupe.» Reprit-elle encore légèrement stressée, mais le plus sérieusement possible.
«Mes investigations m'ont menées malgré moi bien plus loin que je ne le pensais, et m'ont révélées des choses dont je n'aurais jamais soupçonnée un jour la nature : plus de la moitié des effectifs de la police ont un jour touchés un pot de vin ou ont fermés sciemment les yeux sur des activités délictueuses entrant de près ou de loin en rapport avec le Consortium, en falsifiant ou en éffaçant littéralement toute trace de rapport les impliquant dans une quelconque affaire compromettante, même infime : Tous ceux qui se trouvent parmi les échelons les plus élevés de la hiérarchie sont compromis. Et l'armée n'est pas épargnée, loin de là.»


Ces révélations étaient si grosses et assommantes par ce qu'elles représentaient que l'homme n'arrivait absolument pas à le croire ; et faillit même finir par contacter la police en réaction par une telle histoire invraisemblable… Jusqu'à ce que la «criminelle» ne se défasse de son manteau volé, et ne révèle par-dessous le vêtement d'infirmer subtilisé la même blessure toute juste traitée par l'infirmière, quelques heures plus tôt.

A cette vue il retint son doigt d'appuyer sur la commande de sa montre, tout comme son pokémon la tension de son bras à reconnaitre que la blessure était toute sauf factice et sentir au pouls de l'humaine, du revers de sa main appuyant toujours sur son cou, qu'elle ne mentait pas.


«Je n'ai pas d'arme, pas de pokémon, la blessure est fraiche et nous nous situons à plusieurs centaines de kilomètres de Voilaroc.» Se répéta-t-elle platement. «Comment aurais-je déjà pu couvrir une telle distance pour arriver à Féli-Cité sans pokémon ? De même, pourquoi irais-je me rendre blessée dans la ville où se situe le quartier général de la police à Sinnoh ; si je ne m'étais pas justement faite tirée dessus là bas ? Et sinon, en imaginant que j'aurais reçu l'aide d'un complice possédant un pokémon pour répondre à ces deux questions : pourquoi ne me serais-je pas rendue directement à Vestigion ?»


Plus elle développait ses arguments, et plus la prise du pokémon sur son cou et de la poigne de l'homme sur sa montre se détendait. Elle parlait avec calme, exposait clairement la situation en essayant de se montrer la plus vraisemblablement crédible, tout en révélant un air, un ton et une posture fatiguée sur son siège qui trahissait sans peine qu'elle non plus n'arrivait pourtant pas à croire ce qu'elle avait trouvée, mais qui se devait d'admettre la réalité des faits.


«Je ne voulais pas vous dire que je me dirigeais à Vestigion de peur d'impliquer quelqu'un d'autre dans toute cette histoire...»

«Quelqu'un d'autre ?» Releva-t-il d'un vague reflet d'interpellation, l'histoire n'arrivant toujours pas à lui être rendue digeste.

«La personne qui a traitée ma blessure et laissée prendre ces fournitures.» Confirma-t-elle en relevant sa manche et remettre le manteau. «Rien qu'à l'apparence du vêtement vous déduisez qu'il s'agissait d'une personne travaillant au centre pokémon de la ville. Elle m'a aidée en me cachant et me traitant sans que ses collègues ne l'apprennent, et a acceptée de m'aider en livrant ces informations à la ligue alors qu'elle coure le risque de finir dans leurs collimateurs. J'ai une dette envers cette personne, mais tout ce que je lui ai probablement rendu en retour est de ruiner ses chances de continuer sa paisible vie dans le centre en la mettant en danger pour une histoire dans laquelle elle ne devait pas se retrouver embarquée ; je ne tenais pas à recommencer avec vous...»

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Il fallu un instant de plus au chauffeur pour admettre tout ce qui lui avait été révélé alors que le Machoc avait déjà cessé de menacer la jeune femme en retirant sa main de sous son cou, sans qu'elle ne baisse de son côté totalement les bras pour confirmer qu'elle était sincère.


«Excusez-moi… vous êtes routier depuis combien de temps ?» Reprit-elle plus posément à son attention.

«C'à fait trois ans.» Répondit-il un peu surprit par la question.

«Et ça fait longtemps que vous empruntez cet itinéraire de livraison ?»

«Bientôt deux ; mais où voulez-vous en venir ?» Reprenait-il à ne pas comprendre où déviait la conversation.

«A vôtre avis, basé sur vôtre expérience, à combien de kilomètres se situe-t-on de Floraville ?»

«On n'y sera pas avant une bonne heure et demie en reprenant comme tout à l'heure.» Lui répondit-il impartialement.

«Alors, laissez-moi descendre ici.»

L'homme ne put s'empêcher de lui faire des grands yeux, comme le Machoc, en la voyant détacher sa ceinture pour se préparer à faire comme elle disait et continuer le voyage à pied.

«Mais c'est encore à des dizaines de kilomètres ; en pleine nuit, avec vôtre blessure et les pokémons sauvages alors que vous n'en possédez pas un seul, vous y risquerez vôtre peau !» S'exclamait-il consterné à la manœuvre purement suicidaire.

«C'à n'est pas comme si j'avais le choix…» Lui répondit-elle platement.


Alors qu'il la regardait descendre du camion sans rien faire, sans savoir comment réagir, le Machoc se tourna vers lui à savoir s'il tenait réellement à la laisser partir sans rien faire – lui aussi pédalant autant dans la semoule que son compagnon de travail quand à savoir quelle décision prendre. Puis le déclic se fit finalement.


«Attendez, je peux toujours vous amener à proximité de Floraville et vous lâcher à l'approche de sa périphérie ; ce serait nettement moins dangereux que d'aller affronter les pokémons sauvages rien qu'avec sa chance.»

La proposition, bien que sensée, n'obtenue de la part de la jeune femme qu'un bref signe négatif de la tête.

«Le temps que nous arrivions à Floraville les gens seront pour la plupart levés, et certainement au fait de l'avis de recherche une fois qu'il sera rediffusé à une heure de meilleure écoute. Si une seule personne, pour n'importe quelle raison, voit le camion assurant la livraison de poisson s'arrêter sur la route pour déposer quelqu'un en dehors de la ville, alors que son dernier point de passage était Féli-Cité, le rapprochement se fera immédiatement et vous serez à vôtre tour dans leurs collimateurs ; même si vous ne savez strictement rien de concret, ni n'avez la moindre preuve matérielle permettant de certifier mon histoire. Croyez-moi, ce ne sont pas le genre de personne qui acceptent de faire dans la dentelle ou courir le moindre risque avec un civil lambda, quand c'est plus simple de «régler le problème» discrètement de manière définitive…»


Le chauffeur ne put s'empêcher de déglutir difficilement à cette remarque d'une précision cynique égale au ton dépité mais sérieux avec lequel elle fut formulée. Mais elle prit tout de même le temps de chercher à le convaincre de ne pas s'inquiéter.


«Personne d'autre ne se trouve sur cette route et personne ne m'a vue monter dans vôtre véhicule. Vous continuez vôtre trajet pour délivrer vôtre poisson comme si de rien n'était, en continuant vôtre chemin quotidien, et si l'on vous le demande vous n'avez croisé personne sur la route, comme à l'accoutumé. De cette manière vous ne risquez rien, et strictement rien ne peut-être attenté contre vous.»

Effectivement, exposé ainsi ils étaient hors de danger – lui et son Machoc. Mais une légère boule se fit quand à savoir ce qu'il adviendrait de son côté.

«Mais… Et vous ?» Ne put-il s'empêcher de demander, en partie confus mais concerné à son égard.

«Ne vous inquiétez pas ; je n'ai pas réussie à m'en tirer jusqu'à présent pour décider de plonger au devant de pokémons sauvages. Je vais simplement continuer de longer la route jusqu'à Floraville, en me cachant dans les buissons dès qu'un autre véhicule se présente, et avec un peu de chance je joindrais la ville fleur avant dix heures et demi. Mais vous, vous devez rester en dehors de tout ça.» L'avertit-elle platement.


L'homme, n'ayant nullement le désir de finir enterré dans un coin perdu de l'île avec une balle logée dans le crâne, prit parfaitement en considération l'avertissement lancé par la jeune femme en la laissant partir sur le bas côté de la route, tandis qu'il redémarrait son véhicule pour reprendre son trajet ; en appuyant d'avantage sur le champignon afin de rattraper son «retard». Par réflexe, en se sentant en partie concerné à l'égard de la jeune femme qui s'était montrée très loin de la description faite par la police, à la décrier comme une criminelle avide de sang en faisant à l'inverse le maximum pour ne pas l'impliquer dans son histoire, il tourna un instant la tête dans son rétroviseur pour chercher d'un dernier regard la silhouette de l'anonyme demoiselle devant se refléter à la lumière de ses arrières phares, avant qu'il ne la perde de vue dans la nuit.

Et ne constater qu'avec interdiction qu'elle s'était évaporée dans le noir. Disparue comme une ombre.


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Sinnoh. Route 204. Dans les méandres labyrinthiques du chemin Rocheux.

Jeudi 27 Mai 2010. 10 heures 44 minutes.



Contrairement aux estimations initiales, l'arrivée au point d'entrée de la grotte en passant par les bois s'effectua sans la moindre encombre, ni ne fondamentalement croiser le moindre problème concernant la faune locale (il y'eut éventuellement quelques pokémons rencontrés sur le chemin, mais rien de vraiment notable.) Le prolongement du trajet dans la cavité rocheuse s'en était quand à lui légèrement compliqué en la présence immanquable des rétifs Nosferaptis et Racailloux peuplant les alentours des accès de la grotte, mais avait rapidement fait de devenir de plus en plus «aisé» au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait de plus en plus loin dans le dédale rocheux (une fois pénétrée dans son territoire gardé par ses mécanismes de sécurité en suivant le seul chemin sûr qu'elle avait délibérément inclut lors de son établissement.) Pour finalement entrer de plein pied dans son repaire.

Automatiquement, en réaction à sa présence humaine aux capteurs du repaire, étant arrivée par le passage secondaire en accord avec les principes de sa programmation, sans un bruit la console principale de la SCS s'était activée d'urgence en cessant brutalement sa mise à jour pour faire défiler son compte à rebours.


«Raid On the City, Knock out Evil Tusks.»


En réponse à l'injonction formulée activant la forme d'un protocole de contre-sécurité implémenté dans les tréfonds de ses directives principales, le compte à rebours se figea un instant pour reprendre à partir de «29 :59 :99». Ne laissant ainsi à la jeune femme plus que la chance d'une seule tentative de certifier son identité avant l'autodestruction finale de tout le repaire, ou lui accorder le temps de s'échapper selon le plan secondaire établit ; ce qui était sa condition en ce jour.

Elle ne perdit pas une seconde. A peine avait-elle déclenchée l'activation du dernier protocole qu'elle accourait déjà dans les passages du petit labyrinthe reliant son repaire à sa propriété de Floraville. Elle n'avait moins qu'une heure pour «faire ses valises» avant que tout ne soit réduit en cendre.

Le temps pressait. Elle n'avait pas le temps de faire de détour et arriva directement par l'entrée de la cave et de la serre contenant les différentes baies en développement. Sa première étape fut immédiatement d'aller chercher les concoctions de baie Babiri qu'elle gardait dans un petit local secret justement pour ce genre de situation, et bientôt la plaie de sa blessure n'était plus qu'une donnée obsolète sauvegardée en mémoire. La seconde fut de récupérer ses effets de maitresse des baies avec la technologie associée et de vider autant qu'elle pouvait du maximum de variété de baies différentes dans ses capsules (et de graines concernant celles ne s'étant pas suffisamment développées.) Enfin quelques vêtements, repousses standards et tout le strict nécessaire inhérent à cette entreprise de retraite préparée en vue de rejoindre sa retraite secondaire dans les étendues enneigées de la route 217.

Une fois tout le nécessaire de départ pressement conclut et vérifié, il ne lui restait plus qu'un dernier objet à prendre avant de quitter définitivement Floraville et parfaire la scène jusqu'au bout pour le dernier acte de son rôle fantoche.

Elle fit un rapide compte-tenu du temps qu'il lui restait de mémoire : moins de cinq minutes. Cela allait être juste, mais parfaitement dans le timing.

Elle se rendit à pas rapides mais furtif comme une ombre dans sa chambre au second étage pour s'en diriger vers la petite comme de nuit, située juste à côté de son lit, l'ouvrir, et retirer les deux boucles d'oreilles en bois ouvragés à la senteur imperceptible que lui avait offerte la championne de Vestigion pour les ranger dans sa poche. Les dernières pièces pour parfaire l'échiquier étaient en main…

Puis, sans plus n'attendre d'avantage, sachant que toutes les pièces étaient en place, elle repartit à grand pas de loup au rez-de-chaussée pour prendre la seconde sortie de sa demeure donnant sur le jardin extérieur, là où poussaient les plants destinés aux pokémons sauvages à proximité. Elle ouvrit la porte pour s'en extraire d'un bon en direction de la forêt, toujours sans un bruit, et se précipiter à vive allure pour disparaitre sans équivoque purement et simplement dans les feuillages. S'évaporant littéralement dans la nature comme une ombre.

Juste avant que le compte à rebours affiché sur la console de la SCS n'atteigne finalement le zéro fatidique, et que la terre ne gronde l'espace d'un seul instant ; juste l'instant final lorsque la charge équivalente à des centaines de kilos d'explosifs n'atteigne le dernier stade critique, et que la déflagration phénoménale liée à la réaction en chaine ne s'engouffre précisément dans chaque couloir, chaque corridor de pierre des tréfonds de la grotte sculpté de façon non-naturelle par sa dernière résidente, pour remonter telle une salamandre vengeresse jusqu'à sa demeure de briques et de bois dans un éclat de feu et de foudre aveuglant.

L'explosion fut terrible. La violence du choc et l'ampleur de la détonation n'avait d'égale que sa soudaineté, et la vitesse avec laquelle elle s'était déclenchée avant de disparaitre tel un coup de tonnerre. Les vitres volèrent en éclats si infimes qu'il en ressemblait à de la poussière d'étoile, les façades et le toit de tuiles et de bois furent soufflés d'un coup comme une vulgaire feuille de papier, et l'ensemble de la demeure fut happée dans l'instant par les flammes dévorantes pour ne laisser que cendre poussière de son ancienne gloire passée.

De la maison de la maitresse des baies il ne restait plus rien. Le symbole qui faisait la fierté récemment renouvelée de la ville fleur n'était plus, réduit à néant dans le feu par celle qui représentait l'incarnation vivante à qui avait été légué ce symbole, de ses propres mains. Tranchant ainsi définitivement le dernier lien visible à la lumière qui la reliait à ses semblables du jour… L'instigatrice de la mascarade emportant avec elle les dernières et ultimes lignes du texte qu'elle ne récitera jamais pour clore la pièce. Sans jeter un seul dernier regard au monde de lumière qu'elle laissait derrière elle afin de s'enfoncer dans les ténèbres…

… Pour ne plus jamais en revenir.



[A suivre.]