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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 15/07/2011 à 11:48
» Dernière mise à jour le 19/06/2022 à 11:45

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 28 : La nouvelle Impératrice
De retour à la base le lendemain, Mercutio flottait sur un petit nuage. Rose, le nuage, avec plein de jolis cœurs. Il s'était toujours moqué des personnes comme Galatea ou le colonel Tuno qui devenaient franchement idiots quand leurs hormones prenaient le dessus sur leurs esprits. Pourtant, même s'il ne le sentait pas, il était, en l'état actuel des choses, comme eux.

Mais bon, il avait de quoi. Il était le petit-copain de la fille la plus belle de toute la création et qui était en outre une impératrice ! Enfin, le terme de petit-copain était peut-être un peu exagéré, mais il était clair que ça marchait plutôt bien entre eux deux. Ils s'étaient déjà embrassés deux fois. Mercutio avait certes eut l'occasion d'embrasser une ou deux filles avant Solaris, mais rien qui n'égalait ce qu'il avait ressenti avec l'impératrice.

Donc, Mercutio était de retour chez lui, après avoir parfaitement réussi une mission sans perdre un seul de ses camarades, en s'étant fait une petite-amie et avec la promesse de la revoir bientôt. Durant le trajet, Galatea, Siena et Zeff avaient remarqué sa bonne humeur ambiante, et avaient mis cela sur le compte de la nourriture ; plus jamais il n'aurait à toucher du Pokemon cuit. Avant de monter voir le général, Mercutio se rendit rapidement chez Penan. Son père adoptif fut content de le revoir en forme, si ce n'était la cicatrice d'une flèche dutteliene à la poitrine.

- Tu as l'air de très bonne humeur, fiston, constata Penan.

- Mais oui je le suis, p'pa. Pourquoi ne le serais-je pas ? La vie est belle, pas vrai ?

Penan regarda son garçon avec plus d'attention.

- Tu es sûr que ça va, fils ? Tu as l'air un peu... bizarre. Comme si tu avais respiré une bonbonne pleine de gaz hilarant.

- Je me suis jamais senti aussi bien, décréta Mercutio. Bon, faut que j'aille voir le général pour le débriefing. À plus tard, papounet !

Penan, qui jamais n'avait entendu ses enfants l'appeler p'pa, encore moins papounet, commença à s'inquiéter réellement pour la santé mentale de Mercutio. Le débriefing avec Tender ne dura guère longtemps. Le général les félicita pour la réussite de leur mission ( plus Siena que les trois autres, d'ailleurs ) puis leur fit signe de filer. Il voulait attendre le retour du colonel Tuno d'une certaine mission à Elebla pour faire le point complet sur ce qui se passait dans cette région.

- Mon général, si je peux me permettre, intervint Mercutio, j'aimerais proposer à la Team Rocket une alliance avec l'Empire de Vriff sur la guerre qu'ils sont en train de mener.

Ses sœurs et Zeff furent autant surpris que le général.

- En quel honneur ? voulut-il savoir. Et en quel nom ?

- Il s'agirait juste d'entretenir de bonnes relations avec l'Impératrice pour la suite, général. Imaginez... un puissant empire comme Vriff allié de la Team Rocket !

- Nous n'avons pas pour habitude d'intervenir dans les relations politiques entre les pays, garçon, fit Tender. Pourquoi par exemple aiderions-nous Vriff et pas Duttel ? Qu'est-ce qui nous permet de juger un peuple à un autre ?

- Rien, mon général, admit Mercutio. Mais un des deux camps sortira vainqueur de cette guerre. Il serait profitable pour nous de s'allier à l'un d'eux pour le faire gagner, ainsi, le vainqueur nous sera redevable. Et à quant à savoir pourquoi Vriff à la place de Duttel, bah c'est qu'on vient juste de traiter avec Vriff et que l'Impératrice nous fait confiance.

- Mouais... fit Tender, guère convaincu. Bon, je te propose de repasser ce soir dans mon bureau pour parler de ça plus sérieusement, là j'ai du travail.

- Je vous remercie, mon général.

Puis il sortit à la suite du reste de son équipe. Tous les trois lui jetèrent des regards à la fois soupçonneux et agacés.

- Quoi ? fit innocemment Mercutio.

- Tu aurais dû nous parler de ta demande, lui dit Siena avec reproche. Je suis la plus gradée de la X-Squad en l'absence du colonel. C'était à moi de lui faire part d'un truc du genre.

- Ouais, désolé. Ça m'est venu d'un coup, à vrai dire, mentit-il.

- Tu veux engager la Team Rocket dans une guerre dont elle a strictement rien à voir ? voulut savoir Galatea.

- Je pense surtout à ce que ça nous rapporterait à long terme : l'amitié d'un empire.

- Et la reconnaissance personnelle d'une certaine impératrice aussi ?

Mercutio ne tomba pas dans le piège de sa sœur.

- Ces guerres entre ces deux pays durent depuis trop longtemps, se justifia Mercutio. Solaris a raison. Il faut une victoire rapide et décisive pour rompre ce cycle de violence sans fin.

- Sauf qu'on ne sait pas grand-chose des Vriffiens, ni même des Dutteliens, contesta Siena. Nous n'avons que la version des faits de Solaris, qui n'est pas vraiment impartiale. Les Dutteliens pourraient être dans le vrai. Les Vriffiens sont peut-être les agresseurs et les méchants de l'histoire.

Mercutio fronça les sourcils.

- Tu dirais que Solaris nous a menti ? Qu'elle se serait servi de nous ?

- Non, ce n'est pas...

- Et bien, tu as raison ! Ce n'est pas ça du tout ! Solaris est honnête ! Elle a beaucoup souffert à cause des Dutteliens ! Solaris est une fille géniale !

Mercutio se rendit compte qu'il s'était un peu emporté, à en juger par les regards inquiets que ses camarades lui lancèrent.

- Je suis désolé, marmonna Mercutio. Bon, j'admets que quelques sentiments personnels pourraient un peu jouer dans ma prise de position...

- Non ?! Vraiment ? fit mine de s'étonner Galatea. Juste un petit peu alors.

- Mais je suis sûr que ce sera bénéfique à la Team Rocket ! Je ne le proposerais pas si je pensais que ce n'était pas le cas !

Siena et Galatea ne discutèrent pas plus et Zeff haussa les épaules.

- Bah, de toute façon, moi, je suis toujours partant pour le combat, alors une bonne guerre, je ne dis pas non.

Comme promis, Mercutio revint plus tard dans le bureau de Tender, seulement accompagné de Siena. Sur le seuil, les deux jeunes Rocket demeurèrent paralysés. Le général n'était pas seul. Il était debout à côté de son bureau et assis sur son fauteuil, il y avait... le Boss. Monsieur Giovanni en personne, toujours vêtu de son costume orange, son Persian ronronnant sur ses genoux.

- Ah, vous voilà, les Crust, fit Tender, rompant le silence lourd. J'ai touché un mot au Boss de votre idée d'alliance avec l'Empire de Vriff. Il aimerait entendre ce que vous avez à dire en personne.

- C'est... c'est un honneur, monsieur, balbutia Siena en s'inclinant gauchement.

Mercutio lui ne pouvait rien dire. Pourtant il allait bien devoir, s'il voulait convaincre Giovanni en personne. Mais c'était encourageant. Si le Boss était venu personnellement pour écouter Mercutio, c'était qu'il s'intéressait de toute évidence à son idée.

- Je t'écoute, Mercutio Crust, dit le Boss de sa voix posée.

- Euh... oui... euh...

Mercutio se força à déglutir et à enrichir un peu plus son vocabulaire.

- Eh bien voilà, monsieur, j'ai proposé au général Tender de s'allier avec l'Empire de Vriff et les aider à mener leur guerre contre leur ennemi, le Royaume de Duttel.

- J'avais bien compris ça, coupa le Boss. Ce que je veux, ce sont des raisons.

- Oui monsieur. Eh bien, la raison principale est le fait non négligeable d'avoir un puissant Empire comme allié personnel.

- Mais qu'est-ce que Vriff aurait à nous offrir ? Ils sont arriérés. Aucune technologie valable. Ils n'ont aucune ressource dont nous pourrions profiter. Et ne parlons pas de leurs Pokemon, qui sont à la limite de l'extinction chez eux. À choisir, aider le Royaume de Duttel me parait plus bénéfique. Eux au moins ne mangent par leurs Pokemon et ils ont des connaissances avancées en Pokemonologie. Sans compter ce fameux Devin que vous avez signalé dans votre rapport.

Les choses commençaient mal. Mercutio se voyait mal annoncer à Solaris que la Team Rocket avait décidé d'aider Duttel.

- L'Empire a de l'argent, monsieur, bien plus que Duttel, avança Mercutio. Et quand Vriff aura gagné la guerre, tout ce que Duttel a lui reviendra. Selon les dires de l'impératrice, les Dutteliens ne partagent pas leurs connaissances en Pokémonologie, encore moins leur Devin.

- Tu préconises donc qu'on aide Vriff à saccager et voler le Royaume de Duttel et qu'on s'en partage ensuite les bénéfices ? résuma Giovanni avec un rictus. J'aime cette mentalité.

Mercutio se reprit un peu.

- Je n'ai rien contre les Dutteliens, monsieur. Je ne leur veux aucun mal, encore moins les voler. Ce que je veux dire, c'est que lorsque Vriff aura gagné, il annexera Duttel et le fusionnera à lui pour la création d'un pays unifié. La paix règnera alors et tout le monde s'en portera que mieux. Ces guerres incessantes qui durent depuis des siècles sont ridicules et ne nous apporteront rien à nous.

Giovanni réfléchit un instant. Tender en profita pour demander :

- Et cette impératrice, cette Solaris ? Peut-on lui faire confiance ?

- Sans hésiter, clama Mercutio.

Mais le général s'était adressé à Siena et attendait sa réponse. Celle-ci hésita et sous le regard furieux de son frère, s'empressa de dire :

- Je pense qu'elle est fiable, mon général. Cela étant, il me semble que le trône impérial n'est pas le centre de direction de l'Empire. Ces Cinq Elus... ce sont plutôt eux qui tiennent les rênes.

- Mais Solaris a la confiance du peuple, ajouta Mercutio. C'est elle que les Vriffiens suivront, pas les Elus.

- Bon, on étudiera leur situation politique plus tard, dit Giovanni. Mais qu'en est-il de ces Dutteliens ? À quoi devrons-nous attendre si on en fait nos ennemis ?

Mercutio se força à étudier la question sérieusement.

- Je dirai qu'ils sont plus dangereux que les Vriffiens, car ils se servent de Pokemon en combat. Un de leur grand commandant, Djosan Palsambec, possède en outre un Pokemon géant qui m'était inconnu jusque-là, lequel on aura du mal à battre, je pense. Mais en dehors de ça, ils se battent qu'avec des épées et des flèches. Rien qui pourrait nous inquiéter. Même si les flèches, ça fait mal aussi... finit-il distraitement en se touchant la poitrine.

- Et si on s'allie avec Vriff, que devrons-nous leur apporter dans cette guerre ?

- Nous n'aurons même pas besoin d'envoyer nos hommes pour eux, monsieur, assura Mercutio. Il suffit que nous leur livrions des fournitures, des vivres, des médicaments et des armes. Comme je l'ai dit, les deux camps se battent à l'épée. Si nous donnons assez de puissance de feu à Vriff, il se sera occupé de Duttel sans qu'on ait à intervenir nous-même.

- Je suis contre, monsieur !

Mercutio se retourna, surpris et constata que le colonel Tuno venait d'entrer.

- Vous êtes de retour, Tuno ? fit Tender.

- Oui général, monsieur Giovanni, et je dispose d'information sur l'Empire de Vriff qu'il serait sage d'écouter avant de trinquer avec eux le verre de l'amitié.

Tuno leur parla alors de la piste qu'il avait suivie jusqu'à Vriff, avec trois agents de terrain et un dresseur qu'il avait rencontré en chemin. Il leur parla du manoir dans lequel était entreposé des centaines d'œufs identiques, tous provenant du même Pokemon, nommé Pegasa et puis de l'homme nommé Evard qui avait dévoré un des œufs.

- Tout cela m'a l'air tiré d'un mauvais scénario de film d'horreur, commenta Tender.

- C'était pas beau à voir, en effet, convint Tuno. Mais le plus inquiétant était que les hommes là-bas appelaient ce type qui a mangé l'œuf Seigneur. Ça doit être un haut dirigeant de l'Empire, ou un de leur noble. Tout l'Empire est peut-être impliqué dans cette affaire.

Mercutio ne voulait rien dire, car ça amenuiserait les chances de s'allier à Vriff, mais il avait reconnu le nom de Pegasa. C'était l'un des deux Pokemon qui avaient été capturés par Vriff au tout début de l'inimitié qui liait l'Empire à Duttel. Le Pegasa femelle, dont la capture avait déclenché cette série de guerres. Ainsi Vriff l'avait conservé... Mercutio avait aussi reconnu la description de ce Seigneur Evard. Très vieux, vêtu d'une robe rouge... ça devait être un des Elus.

- Peut-être est-ce seulement un traître de l'Empire, dit Mercutio. Ou un politicien qui cache son jeu. Et puis, on sait déjà qu'ils mangent les Pokemon. Qu'ils mangent aussi leurs œufs ne devrait pas nous étonner outre mesure. Ils ont des traditions bizarres.

- Il ne s'agissait pas d'un simple gourmet qui voulait gouter à un œuf de choix, protesta Tuno. Ils en font un véritable trafic. Ce Pokemon, Pegasa, est emprisonné à une machine qui l'oblige à pondre plusieurs fois par jour ! Et pourquoi mangeraient-ils des œufs non fécondés ? Pourquoi ne font-ils pas se reproduire ce Pokemon s'ils veulent en faire un élevage ?

Mercutio connaissait la réponse, bien sûr. Car les Vriffiens n'avaient que le Pegasa femelle et pas le mâle.

- J'ai vu ce qui s'est passé quand ce type a mangé l'œuf, poursuivit Tuno. Il s'est mis à briller et on aurait dit qu'il se sentait comme plus fort. Il y a quelque chose de mauvais dans tout ça... Rien que la façon dont ils traitent ce Pokemon est mauvaise !

Mercutio ne pouvait pas prétendre sincèrement le contraire, pourtant il en voulait à Tuno d'avoir sorti cette histoire alors qu'il s'apprêtait à convaincre les autres de s'allier à Solaris.

- Pourquoi n'avez-vous pas arrêté tout ce bazar et pris l'un des œufs pour qu'on l'étudie, colonel ? demanda Giovanni.

- Il m'a semblé judicieux de ne rien tenter tant qu'on en savait pas plus et surtout pendant qu'on avait un contrat avec l'Empire de Vriff.

- Et ce dresseur ? Ce Sacha dont le nom ne m'est hélas pas inconnu ? Vous l'avez laissé partir après qu'il ait vu les mêmes choses que vous ?

- Il en savait plus que nous avant de voir tout ça, répondit Tuno. Et il me semblait intègre. Il a dit qu'il continuerait de surveiller les Vriffiens et même qu'il me contacterait s'il découvrait autre chose. Il n'a guère de sympathie pour nous, mais il sait qu'il ne pourra résoudre cette affaire sans la Team Rocket.

Giovanni se tourna vers Mercutio.

- Nous devons en savoir plus sur tout ça. La X-Squad retournera à l'Empire pour questionner Solaris sur ce qu'on a appris.

- Je parlerai à Solaris de tout ça, promit Mercutio. Mais ça serait louche qu'on revienne juste pour lui poser des questions. Si on lui amenait... des cadeaux en plus, ça serait mieux.

- Tu continues à vouloir soutenir Vriff après ce qu'on a entendu, gamin ?

- Ecoutez, je ne demande pas qu'on gagne leur guerre pour eux. On peut juste par exemple leur envoyer quelques armes et des vivres, en disant qu'on réfléchit sérieusement à s'allier à eux. Et entre temps, j'interrogerai Solaris. Si on découvre quoi que ce soit d'inquiétant, on peut rompre immédiatement l'alliance.

Giovanni se tourna vers Tender, qui haussa les épaules. Puis vers Tuno.

- Votre avis sur cette proposition, colonel ?

Mercutio dévisagea intensément son chef.

- Je vous demande de me faire confiance, colonel, dit-il avec force. Je suis certain à cent pour cent que Solaris est quelqu'un de bien. Si ce que vous avez vu est le coup d'un des Elus ou d'un noble corrompu, elle nous aidera à l'arrêter.

Tuno finit par hocher la tête.

- Bien, je te fais confiance, Mercutio. Tu peux retourner là-bas avec les autres, en prenant deux ou trois caisses d'armes et de matériel.

- Merci beaucoup monsieur, fit Mercutio. Je ne vous décevrai pas et Solaris non plus !

- Je l'espère...


***


- Et c'est ainsi, Votre Majesté, que ce conclut mon exposé.

Solaris, sur son trône, se retint de bailler. Elle avait oublié combien la politique et la guerre pouvaient être rasoirs. Surtout que le général Epini, le commandant en chef des armées de l'Empire, avait la voix idéale pour concurrencer le chant d'un Rondoudou. Solaris se redressa et essaya d'y voir plus clair sur la carte d'Epini qui représentait son plan d'attaque du Royaume de Duttel. À côté de son trône, il y avait Fukio, bien sûr, qui ne la quittait pas même quand elle allait faire ses besoins. Et il y avait Némélia, une jeune fille de huit ans aux boucles rousses, que Solaris ne quittait jamais, elle. Cette gamine était la clé de voute de son plan. Et puis, derrière le général, se tenait le Seigneur Jyskon. Le général, un grand homme aux cheveux blonds impeccablement coiffé, et avec une cicatrice qui partait de l'arcade sourcilière gauche jusqu'au menton, attendait anxieusement la réaction de son impératrice.

- Si j'ai bien tout compris, résuma Solaris, vous nous proposez de masser nos forces sur la frontière petit à petit, en attendant d'être assez nombreux pour envahir Duttelia d'un coup ? Et entre temps, nous attaquerions diverses petites villes du royaume pour occuper nos ennemis ?

- C'est tout à fait ça, Votre Majesté, approuva Epini, ravi qu'elle ait compris si vite.

- C'est inacceptable, trancha Solaris.

Le général jeta un coup d'œil surpris au Seigneur Jyskon, puis revint à l'impératrice.

- Votre Majesté ?

- Cela prendrait bien trop de temps, général, fit l'impératrice. Revoyez tous vos plans.

- M-mais...

Il se tassa sur lui-même quand le regard de Solaris, devenu rapidement violet avec ses pupilles fendues, se posa sur lui, comme s'il décortiquait son âme.

- Général, reprit Solaris d'un ton très calme qui fit frémir Epini. Quels mots ne comprenez-vous pas dans « revoyez tous vos plans » ?

Epini chercha un quelconque secours chez le Seigneur Jyskon et chez Fukio, mais les deux restèrent impassibles. Le général déglutit et fit :

- Majesté, sauf votre respect, c'est là la solution la moins couteuse en temps comme en moyen. Nous ne pouvons oser prendre Duttel tant que 70% de nos forces ne seront pas réunies à leur frontière. Et nous ne pourrons pas réunir nos forces si nous les avançons toutes d'un seul coup. Ce serait très visible et les Dutteliens auront tôt fait de nous arrêter avec leurs Pokemon.

- C'est très simple dans ce cas, dit Solaris. Il nous faut acheminer l'essentiel de nos troupes dans des endroits où les Dutteliens ne suspecteront rien.

Elle se leva de son trône et alla jusqu'à la carte du général.

- Comme ici, montra-t-elle, et ici.

Epini blêmit en voyant les cibles de l'impératrice.

- Mais Votre Majesté ! Ce sont les états de Conscie et d'Arval ! Ils sont neutres et pacifistes depuis la nuit des temps !

- Il n'y a pas de gens « neutres » dans ce monde, général, riposta Solaris. Il n'y a que ceux qui sont avec moi et ceux qui sont contre moi.

- Nos traités ancestraux sont très clairs, Majesté, protesta le général. Ces deux pays sont assurés d'aucune invasion ou prise de pouvoir de l'Empire ou du Royaume de Vriff. Nous ne pouvons les envahir !

- Qui a signé ces traités, général ? Je doute que ce soit moi. Je ne suis aucunement tenue par la parole donnée d'un de mes crétins d'ancêtres. L'ambition de l'Empire de Vriff est de dominer entièrement toute la région d'Elebla. Pour cela, il nous faudra tôt ou tard ces deux pays. Et vaut toujours mieux tôt que tard. Et comme vous le dites si bien, ces gens sont pacifistes. Ça ne devrait pas trop poser de problème à nos troupes pour s'emparer de leurs ridicules pays.

- Mais nous...

- Il suffit, général, coupa le Seigneur Jyskon. Fais ce que te demande ton impératrice ! Sa Majesté a entièrement raison. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps et des potentiels territoires en plus pour quelques traités dépassés.

Ce n'était pas du tout du gout d'Epini, mais il fut obligé de s'incliner et de marmonner :

- Mes plus profondes excuses, Votre Majesté. Bien sûr, je ferai selon vos désirs.

- Alors ne perdez plus de temps, ordonna Solaris. Envoyez vos troupes prendre possession de ces deux pays. S'ils résistent d'une quelconque façon, même par les mots, faites des exemples. Nul ne saurait défier mon autorité ; que tout le monde le sache !

Le général hocha frénétiquement la tête, comme si l'idée de défier l'autorité de l'impératrice était quelque chose d'absolument monstrueux.

- Oh et j'y pense, ajouta Solaris. Assigne-moi une division ; quand l'invasion d'Arval aura commencé, je me rendrai en personne dans la ville de Nondisu pour l'annexer.

- Vous-même, Votre Majesté ?!

- Oui. J'ai... une promesse à tenir.

Elle n'en dit pas plus et se contenta de sourire. Ce qu'Epini trouva très inquiétant.

- Euh... comme vous voudrez, Votre Majesté...

- Que j'aime entendre cette phrase. Oui, c'est comme je le veux. Le monde entier devra être comme je le veux !

Elle se tourna vers la petite Némélia, qui se braqua comme si le seul regard de Solaris lui faisait mal.

- Qu'en penses-tu, ma chérie ?

- O-oui, Votre Majesté. Tout doit être comme vous voulez...

- Bien. Et tu sais aussi le sort qui est réservé à ceux qui font pas ce que je veux ?

Des larmes apparurent à la surface des yeux oranges de la petite fille.

- Oui, Majesté. Je le sais...

- Ta pauvre maman aussi le sait. Elle compte sur toi, ma chérie.

- Pi-pitié... Majesté. Ne faites pas de mal à ma maman ! Je ferai tout ce que vous voudrez !

Epini était perturbé par ce spectacle lamentable et il n'avait qu'un seul désir ; s'éloigner au plus vite de cette impératrice psychotique. Solaris caressa la tête de Némélia d'un air compatissant, qui aurait bien marché sans son rictus amusé sur les lèvres.

- J'en suis contente, ma chérie. Je tiens toujours mes promesses, tu le sais. Quand tu auras fait ce que j'attends de toi, ta maman et toi pourraient continuer à mener votre belle vie d'avant.

Puis elle se rassit sur son trône.

- Sortez-tous, ordonna-t-elle. J'ai besoin de réfléchir.

Chacun s'inclina et sortit rapidement, sauf le Seigneur Jyskon qui resta là, un sourire amusé sur son visage dévasté par la vieillesse.

- Impressionnant, mon enfant, dit-il. Tu as vite appris les rouages du pouvoir et de l'obéissance imposée. Tu es terrifiante.

- Je suis ce que vous avez fait de moi, vous et vos amis, Seigneur Jyskon, répliqua sèchement Solaris. Veuillez me laisser seule un moment, s'il vous plait.

Jyskon s'inclina ironiquement et quitta la salle. Solaris, désormais seule, plongea ses yeux sur la carte de la région d'Elebla, se demandant si son frère Lunarion se trouvait quelque part entre ces traits.