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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 13/07/2011 à 15:25
» Dernière mise à jour le 19/06/2022 à 11:37

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 27 : Le couronnement
Que fais-tu, Mercutio ?

Mercutio ne pouvait voir celui qui venait de parler, mais sa voix lui semblait familière. En dehors de cette voix, il ne se rappelait de rien. Où était-il exactement ? Il semblait flotter dans les nuages. Était-il mort ?

- Qui... qui êtes-vous ? bégaya-t-il à l'aveuglette.

La voix eut un petit rire. Mais elle était douce et ne semblait pas menaçante.

Qui je suis ? Je ne le sais pas moi-même, à vrai dire. Mais toi, je sais qui tu es, Mercutio. Es-tu si pressé de mourir ?

Le type qui parlait semblait se moquer de lui. Mercutio sentit une colère inexpliquée l'envahir.

- J'ai sauvé Solaris ! C'était elle ou moi !

Et je suppose que tu te plais à qualifier ton geste d'héroïque ou de désintéressé ?

Mercutio ne sut pas quoi répondre. Mais généralement, se prendre une flèche à la place d'une belle jeune femme était assez héroïque en soi, non ?

Tu ne l'as pas fait que pour elle, poursuivit la voix désincarné. Tu l'as fait aussi pour toi. Pour te mettre en avant. Pour te prouver quelque chose.

- C'est faux ! riposta Mercutio.

Il n'aimait pas du tout qu'une voix bizarre vienne lui faire la morale. Il ferma les yeux avec force, espérant échapper à ce type, quel qu'il soit. Quand il les rouvrit, il eut étrangement beaucoup de mal à le faire. Il ne se trouvait plus dans ce vide brumeux, mais dans une salle blanche avec des lits tout autour. Mercutio était dans l'un d'eux. Il sentit que sa poitrine lui faisait une douleur de chien et il avait du mal à respirer. Pourtant, la flèche avait disparu.

Mercutio n'était pas mécontent d'être en vie, mais il savait qu'ils n'auraient pas pu la lui retirer manuellement sans qu'il meure. Sans doute que Galatea et son Kirlia étaient passés par là. Il espérait que le Pokemon ait bien ajusté sa téléportation et qu'il ne lui ai pas enlevé un morceau d'organe en même temps que la flèche. Découvrir qu'il était vivant était sympa en soi, mais rien de comparable au bonheur et à la chaleur qui l'envahit quand il remarqua que Solaris était près de lui, endormie à son chevet, sa main dans la sienne. Rien que pour ça, ça valait le coup de se prendre une flèche.

Tu ne l'as pas fait que pour elle. Tu l'as fait aussi pour toi. Pour te mettre en avant. Pour te prouver quelque chose.

- Ah toi, la ferme, rouspéta Mercutio.

Il se dit vaguement que parler à sa tête de la sorte était peut-être autrement plus inquiétant qu'une flèche figée dans sa poitrine. En tous cas, cela suffit pour réveiller Solaris, qui, quand elle remarqua que Mercutio était réveillé et hurla de joie et se jeta sur lui pour le serrer dans ses bras. Mercutio aurait sans doute mieux apprécié la chose si Solaris ne lui écrasait pas sa poitrine blessée en bougeant comme une dingue. Il grimaça de douleur et toussa. Solaris s'écarta enfin, gênée.

- Je suis désolée ! Je suis une idiote...

- Non non, y'a pas de mal, fit Mercutio en se massant les bandages sur sa poitrine.

- J'ai eu si peur... Tu étais vraiment mal en point. Si tu étais mort, je ne sais pas ce que... je ne...

Mercutio remarqua qu'elle avait les yeux rouges et gonflés. Elle avait dû beaucoup pleurer. Il aurait dû se sentir coupable de lui avoir arraché des larmes, mais ça lui faisait plaisir au contraire.

- Bah, ricana Mercutio. Mes ennemis m'ont toujours fait des trous un peu partout. Ça ne fera qu'une autre cicatrice. Tout le monde va bien, sinon ?

- Oui. Publo est un peu fatigué de nous avoir porté pas mal de temps, mais il s'en remettra.

Mercutio essaya d'imaginer comment une gelée bleue sans organe pouvait être fatiguée.

- Où on est là ?

- À Quoshous. Une ville dans l'Empire de Vriff.

- Alors on y est arrivé...

- Oui. La capitale, Akuneton, est toute proche. On y sera demain, si tu es en forme.

- Tu dois être contente de retrouver ton chez toi, fit Mercutio, lui-même pas si content que ça. Tu vas devenir Impératrice !

- Oui, mais... ces jours qu'on a passé ensemble... c'était les plus merveilleux de ma vie ! Jamais je ne me suis autant amusée !

Mercutio se surprit à se demander si par ensemble elle voulait parler de tout le monde, ou seulement d'elle et lui. Solaris se pencha un peu plus vers lui. Mercutio eut une vue parfaite sur le visage le plus beau du monde.

- Tu as tant fait pour moi, Mercutio, murmura la princesse. Plus que tu ne le devais. Je ne te remercierai jamais assez pour avoir demandé au Devin pour mon frère. Tu as gaspillé ta question pour moi...

- J'avais trop de questions pour n'en poser qu'une seule, se justifia Mercutio. Ça aurait fait plus de mal que de bien. Et puis, que serait la vie si on la connaissait d'avance ? Tu en avais plus besoin que moi.

Malgré son air modeste et sérieux, il pensait sincèrement que ce qu'il avait fait pour elle était super cool. Solaris devait penser pareil, car elle se pencha encore plus en avant et posa ses lèvres sur les siennes. Ce fut comme si les dieux de la foudre, Electhor, Raïkou et Zekrom, lui avaient balancé leurs plus puissantes attaques électriques d'un coup. Puis ensuite, ce fut comme s'il se trouvait au milieu d'un champ de fleur, avec une centaine de Pokemon qui utilisaient Doux Parfum, Aromathérapie et autres attaques destinées à engourdir l'esprit.

Mercutio ne put dire combien de temps dura le baiser. Il semblait qu'en ces moments, Dialga lui-même avait perdu la maîtrise du temps. Mais quand Solaris y mit fin en reculant, il se passa quelque chose de bizarre. Alors que Mercutio aurait dû se perdre dans la contemplation des magnifiques yeux verts de la princesse, à se demander comment il s'appelait, une image vint à son esprit. Celle d'Eryl Sybel, la jeune dresseuse qu'il avait rencontrée à Surocal lors de son combat contre Trutos.

Il ne comprenait pas pourquoi, mais le fait d'avoir embrassé Solaris ressemblait à une ignoble trahison pour Eryl. Ce qui était absurde, bien sûr ; il n'y avait rien du tout entre elle et Mercutio. Ils ne s'étaient rencontrés qu'une journée à peine et avaient trop été occupé à éviter de se faire tuer ou capturer qu'ils n'avaient pas vraiment eu le temps de faire plus connaissance. Eryl était jolie, bien sûr, mais là, Mercutio venait de se faire embrasser par, d'une, une princesse destiné à devenir Impératrice, deux, une fille plus âgée que lui, et trois, la plus belle beauté qu'il n'ait jamais vu ni imaginé. Pourquoi diable pensait-il à Eryl Sybel alors ?!

- Tu sais, commença Solaris après un silence gêné, rien ne me ferai plus plaisir que tu acceptes de rester après le couronnement.

- De... de rester ?

- Oui. De rester à Vriff. De rester avec moi.

Cette invitation prit Mercutio au dépourvu. Il n'avait jamais songé qu'une chose pareille puisse lui arriver !

- Tu pourrais devenir mon Chevalier, poursuivit Solaris, enthousiaste.

- Mais... tu as déjà Fukio. Je ne suis pas sûr qu'il le prenne bien...

- Les princes et princesses n'ont le droit qu'à un seul Chevalier, mais l'empereur ou l'impératrice peuvent en avoir tant qu'ils veulent, dit Solaris. Et tu sais, il n'est pas rare qu'un Chevalier finisse par épouser sa princesse ou son impératrice.

Mercutio se pinça discrètement pour voir s'il ne rêvait pas. Ou peut-être sa blessure le faisait halluciner en beauté. Vivre avec une fille comme Solaris devait être le rêve de tous les individus mâle de la planète, sans compter le fait que c'était la dirigeante d'un empire. Mais si Mercutio acceptait... il devrait tirer un trait sur la Team Rocket. Il ne put réfléchir plus longtemps au problème, car ses sœurs arrivèrent en trombe dans la salle, soulagées de le voir en forme. Avant qu'elles n'accaparent totalement Mercutio, Solaris lui glissa avant de sortir :

- Ce n'est pas une décision facile à prendre. Mais réfléchis-y s'il te plait. Tu me donneras ta réponse après le couronnement.

Siena et Galatea la regardèrent partir, étonnées.

- De quoi elle parlait ? demanda Galatea.

- Oh euh... ce n'est pas important, fit Mercutio.

Mais depuis, il ne pensa plus qu'à la proposition de Solaris et de la réponse qu'il lui donnerait. De toute façon, dans les deux cas, il serait malheureux, d'une façon ou d'une autre.


***


Akuneton, berceau de l'Empire de Vriff, brillait de mille feux en ce jour bénit pour tous les Vriffiens. Tous les habitants de la capitale, si ce n'était tous les habitants de l'Empire, s'était rassemblés dans la grande avenue qui parcourait toute la ville et donnait sur le Palais Impérial. Tous attendaient l'arrivée de leur impératrice. À l'annonce de son arrivée imminente, tout avait été préparé en moins de deux. La couronne impériale, tout en or et certif de diamants, était prête, entre les mains d'un des trois Elus présents, en haut des marches du palais. Des trompettes et des tambours devaient résonner jusqu'au royaume de Duttel. En haut de chaque toit, des enfants jetaient vers la grande avenue des pétales de roses blanches.

Deux rangées de soldats encadraient de chaque côté la grande avenue, face à des milliers de gens qui se bousculaient pour voir le chariot de l'impératrice pénétrer dans la ville. Il était d'un blanc éclatant et tiré par deux Galopa resplendissants choisis uniquement pour l'occasion. Solaris, Impératrice de Vriff, siégeait devant, vêtue de sa tenue de fonction : une robe blanche brodée d'or et d'argent, avec un symbole de soleil sur le dos. Elle était tout bonnement resplendissante, telle une envoyée du ciel sur Terre. Derrière elle se tenait sa garde jusqu'au bout : son Chevalier Fukio ainsi que les quatre membres de la X-Squad. Publo n'était plus sur sa maîtresse cette fois ci ; Mercutio l'avait pris le temps de la cérémonie. L'espèce de chose gluante s'était enroulée autour de son bras et la sensation était loin d'être agréable. Mercutio se demandait comment Solaris pouvait porter cette chose à longueur de temps.

Mercutio était toujours tiraillé par une douleur profonde à la poitrine, mais il avait fait en sorte que la cérémonie se déroule aujourd'hui. Il avait l'impression que s'il restait plus longtemps avec Solaris, sa résolution fondrait comme neige au soleil. Il essayait de garder bonne figure devant tous ces gens qui les acclamaient, mais il n'avait pas l'habitude d'une telle attention. Siena et Zeff non plus, apparemment, car ils tiraient de ses tronches telles qu'on aurait cru les avoir forcés à avaler un concentré liquide du parfum de Moufflair. Galatea, elle, semblait beaucoup s'amuser à saluer la foule, plus particulièrement les jeunes hommes.

Fukio restait de marbre, comme à son habitude, regardant parfois de droite à gauche pour vérifier qu'il n'y avait pas un assassin duttelien embusqué quelque part. Enfin, Solaris était très à son aise dans son nouveau rôle. Elle restait droite et digne, avec un air royal sur son visage. La parfaite petite impératrice. Alors qu'ils étaient bientôt arrivés jusqu'aux marches du palais, Mercutio put enfin remarquer les trois vieillards qui se tenaient en haut des marches. Trois des cinq Elus, lui avait dit Solaris ; les grands sages de l'Empire de Vriff depuis des années et les protecteurs du trône impérial.

Ils étaient d'un âge si avancé qu'il en devenait difficile de le deviner, même approximativement. Mercutio s'étonna même qu'ils puissent rester debout sans flancher. Ils étaient respectivement d'une robe bleue, verte et jaune. Celui qui tenait la couronne, avec la robe verte, avait le visage tellement criblé de tâches de vieillesse qu'on en distinguait à peine les traits. Celui à la robe bleue avait le dos si vouté qu'il semblait être constamment à la perpendiculaire du reste de son corps. Quant au dernier à la robe jaune, il lui manquait un œil avait une barbe qui tombait jusqu'au sol. Tous les trois affichaient un sourire jaunâtre qui fila la chocotte à Mercutio. Assurément, ces vieux le faisaient flipper.

Le duo de Galopa s'arrêta devant les hautes marches du palais. Mercutio descendit en premier, pour prendre la main de l'impératrice et l'aider à descendre. Puis cette dernière monta les marches calmement, très digne, tandis que tout autour d'elle, de nombreux nobles et hommes politique de l'Empire s'inclinaient respectueusement. Quand elle arriva devant les trois Elus, cette fois, ce fut elle qui s'inclina, ce qui surprit Mercutio. Ces types-là avaient-ils plus de pouvoir que le dirigeant de l'Empire ? L'Elu à la robe jaune s'avança et prit Solaris dans ses bras comme sa propre fille.

- La noble fille de Vriff daigne revenir parmi ses sujets, fit-il d'une voix aussi rauque que son visage.

- Toutes mes excuses, Seigneur Jyskon, dit Solaris. J'ai manqué à mon devoir...

- Ne t'inquiète pas, ma fille, fit l'Elu à la robe bleue. Tu es là, c'est ce qui compte.

- Merci, Seigneur Falchis.

Les deux Elus s'écartèrent pour permettre à l'autre, celui à la robe verte, qui tenait la couronne, d'approcher. Solaris se mit à genoux devant lui. Mercutio et les autres hésitèrent à en faire de même, mais vu que Fukio restait debout, ils ne bougèrent pas.

- Es-tu prête, Solaris, fille d'Asbalkan, à prendre la place de ton père à la tête de notre puissant pays ? demanda l'Elu d'un ton fort et cérémonieux. Es-tu prête à abandonner tout désir personnel pour donner toute ta personne au service de ton Empire et de ses citoyens ? Es-tu prête à endosser le rôle de l'épée de la justice face à nos ennemis de Duttel, et de tous les autres, où qu'ils soient dans le monde ? Es-tu prête à régner sur notre pays au nom de notre dieu tout puissant, le grand Asmoth ?

- Je le suis, Seigneur Ues.

Ues abaissa la couronne impériale sur la tête de Solaris.

- Ainsi donc, moi, Seigneur Ues, je parle au nom des cinq Elus de Vriff et du divin Asmoth, et je te déclare Impératrice Solaris. Gloire à toi. Gloire à ton règne.

Alors, tandis que Solaris se releva, la couronne bien visible sur sa tête, les trois Elus s'agenouillèrent à leur tour. Toute la foule massée fit de même, ainsi que les soldats. Cette fois, Mercutio ne regarda même pas Fukio et s'agenouilla immédiatement. Comme mue par une nouvelle force d'autorité, la voix de Solaris résonna à travers toute la ville, s'adressant à son peuple.

- Mon père, l'Empereur Asbalkan, était un homme de paix. Il détestait la souffrance sous toutes ses formes et ne voulait que le meilleur pour son peuple. Je l'honorerai toujours, de même que je me rappellerai de lui comme d'un père aimant. Mais le temps de la paix est révolu. Les Dutteliens ne croient pas à la paix et ignorent la définition de ce mot. Pour sauver notre empire de l'extinction, il nous faudra vaincre une fois pour toute nos ennemis. Ce n'est que lorsque le Royaume de Duttel aura abdiqué totalement que nous pourrons vivre en paix, dans un empire fort et puissant, uni sous le regard de d'Asmoth. Ainsi, mon premier acte en tant que nouvelle dirigeante de l'Empire est le suivant : je déclare solennellement un état de guerre imminent avec le Royaume de Duttel et tous ceux qui pourraient le soutenir. Mais je vous l'assure ; ça sera notre dernière guerre !

La foule hurla son assentiment d'une même voix, en louant le courage et la détermination de Solaris. Mercutio fut impressionné par la passion qu'elle avait mise dans ce simple petit discours. C'était comme Giovanni. Ce genre de personne pouvait vous pousser à aller défier Arceus en personne armé d'un tire-bouchon. C'étaient là les vrais chefs, ceux pour qui on allait combattre et mourir la joie au ventre. Solaris était née pour commander.

Mais quelque chose le mit mal à l'aise en contemplant les nombreux sujets de Solaris qui scandaient leur assentiment pour la guerre. Il l'avait déjà remarqué depuis qu'il était dans la capitale : les Vriffiens, dans leur grande majorité, avaient l'air d'hommes brutaux, couverts de cicatrices ou de tatouages. La plupart étaient entièrement chauves, ou bien avec des barbes et une chevelure hirsutes. Il y avait rarement de juste milieux. Et ce qu'il lu dans leurs yeux en ce moment l'inquiéta. Ce n'était pas un simple enthousiasme à enfin mettre un terme à des siècles de guerre froide, mais une envie quasi-animale de sang.


***


Le plus dur pour Mercutio fut la suite : le grand banquet organisé en l'honneur de la nouvelle impératrice. C'était en quelque sorte la table des horreurs pour tous ceux qui n'étaient pas Vriffiens. Mercutio s'obligea à s'y asseoir, par respect et pour amitié envers Solaris, qui avait tenu à l'avoir près d'elle. Cela étant, à peine jetait-il un coup d'œil au divers mets sur la table qu'il avait des crampes à l'estomac telles qu'il devait vite détourner le regard sous peine de se donner en spectacle en vomissant sur la robe de l'Impératrice.

Laisser son assiette vide aurait été une insulte envers les Vriffiens. Mercutio avait été prêt à faire un effort et à grignoter quelque morceaux de viande rouge de Pokemon, mais certainement pas des Neounoeuf bouillis, des Mygavolt frits, des sorbets de Blizzaroi et encore moins le truc qui mijotait dans une immense casserole avec une odeur affreuse et qui, selon les paroles des autres convives, était un ragout de Sepiatroce. Galatea, assise à sa gauche, goutait de tout elle ; elle avait bien de la chance.

- Tu ne peux pas me faire passer ce qui a l'air le moins ragoutant, que je mange un peu, pour la forme ? lui murmura Mercutio.

- Hum ? fit-elle alors qu'elle était en train de manger un truc jaune que Mercutio ne voulait même pas connaître. Tu veux quoi ? Tout est bon ici.

- Mouais... on va essayer de rester simple. Y'a pas simplement de la viande cuite, comme on mangeait quand on accompagnait Solaris ?

- Je crois qu'il y a une langue d'Excelangue bien grillée...

- Non, sans façon, dit tout de suite Mercutio.

- Ou des Ouisticram sauce barbecue. J'en ai mangé un, c'était délicieux !

Sauf qu'après un rapide coup d'œil, les Ouisticram étaient entiers. Mercutio réprima un hoquet de dégoût.

- Comment tu fais pour manger ça toi ? s'indigna Mercutio.

- Bah quoi ? Ils sont morts. Autant les manger, que leurs morts aient servi à quelque chose.

Mercutio s'indigna encore plus quand il vit, quelques sièges plus loin, que Siena et Zeff mangeaient eux aussi de tout, l'air curieux.

- Y'a vraiment pas quelque chose de... moins horrible ? supplia Mercutio.

Galatea examina l'immense table avec plus d'attention.

- Comme viande que tu accepterais de manger, je ne vois pas, dit-elle, mais il y a, il me semble, un Octillery en sauce. Ça doit être comme le calmar.

- Du moment qu'il n'y a pas la tête avec... grimaça Mercutio.

Finalement, Mercutio arriva à le manger en s'imaginant qu'il mangeait bien du calmar et pas un Octillery et ça s'avéra assez bon. Par contre, il n'osa pas toucher à un seul dessert. C'était même trop horrible de penser à ce que ça pouvait être. Même Galatea fit la moue en voyant les plats. Vers la fin du repas, Mercutio se rendit compte que Solaris avait quitté la table. Il la chercha du regard dans cette grande pièce du palais impérial quand un homme vint à sa rencontre. C'était un des Elus, celui à la robe verte et au visage de lépreux.

- Vous êtes Mercutio Crust ?

- Euh... oui, seigneur, fit Mercutio en tâchant de ne pas trop fixer son visage horrible.

- Sa Majesté vous demande. Elle est au mausolée impérial. Venez, je vous conduis.

Mercutio se leva de table, avec un certain soulagement à l'idée de ne plus voir ni sentir les plats qui restaient encore. Ceci dit, il se doutait de ce que pourquoi Solaris l'avait fait mander et se prépara à cette rencontre qu'il redoutait.

- Vous avez bien œuvré, vous et votre équipe, lui dit l'Elu en l'amenant dans un tunnel sombre sous le palais. Tel que nous l'avons convenu, nous verserons le reste du paiement à votre organisation pour votre travail.

- Euh... merci.

L'Elu - qui s'appelait, Mercutio croyait se souvenir, Ues - ouvrit une porte de pierre qui donna dans une salle poussiéreuse qui était éclairée seulement par quelques torches. Mercutio se rendit compte que c'était un tombeau. Il y avait plusieurs tombes, décorées d'une statue de l'homme ou de la femme qu'elles renfermaient.

- C'est ici que tous les empereurs et les impératrices de Vriff connaissent le repos éternel, le renseigna Ues. Sa Majesté est venue parler à son père, l'ancien empereur. Elle vous attend.

Ues montra une tombe toute récente un peu plus loin, avec la statue d'un vieil homme digne au visage doux. Mercutio se dit que le père de Solaris devait être mort très vieux et se demanda quel âge il avait lorsqu'il avait eu sa fille. L'âge d'être son grand-père, sans aucun doute. Mercutio marcha respectueusement entre les tombes des anciens dirigeants de l'Empire, jusqu'à l'impératrice actuelle, qui était agenouillée devant la tombe de son père, les mains croisées.

- Je n'étais pas d'accord avec sa politique, dit Solaris en l'entendant arriver et sans se retourner. Je l'ai toujours considéré comme trop faible face aux Dutteliens. Je le dis avec honte, il y a des jours où j'attendais sa mort avec impatience, pour que je puisse remettre de l'ordre dans tous ce qu'il avait fait. Mais aujourd'hui... je le regrette. Il était ma seule famille. Et je n'ai pas pu lui dire adieu...

- Et ta mère ? demanda Mercutio. Elle est encore en vie ?

- J'en sais rien, dit Solaris d'une voix soudain devenue plus dure. Ma mère était une folle, une lâche et une traitresse. Elle a trahi sa propre famille pour se réfugier chez les Dutteliens. Elle a même essayé de m'enlever et de m'amener avec elle. Mon père était assez absent, il ne pouvait s'occuper trop de moi, même si c'était un bon père. Alors j'ai grandi entouré par mes servantes et mes chevaliers. Mais les cinq Elus ont été gentils ; ils se sont toujours bien occupés de moi. Enfin, maintenant que je suis impératrice, j'espère pouvoir rapidement me fonder ma propre famille...

Elle avait dit cela d'un ton anodin, mais Mercutio perçut bien le sous-entendu. Il prit sa respiration, s'avança et dit :

- Je ne peux pas rester, Solaris. Je suis désolé.

Et il l'était réellement. Il ne savait pas grand-chose sur ce qui s'appelait l'amour entre un garçon et une fille, mais il pensait aimer Solaris. Même sans compter son incroyable beauté, il adorait être avec elle. Mais il ne pouvait pas sacrifier ses sœurs, son père adoptif et sa place dans la Team Rocket pour une fille. Tender ne serait pas d'accord, vu qu'il les avait encouragé à tenter de devenir Empereur, mais c'était comme ça. Et aussi, s'il restait ici, il perdrait rapidement du poids si tous les dîners étaient comme celui de ce soir. Solaris se retourna et lui fit un pauvre sourire.

- Je m'en doutais, bien sûr. Je le savais quand je t'ai proposé ça. Tu es un aventurier, un héros. Mais je voulais quand même tenter le coup...

- Mais on se reverra, lui promit Mercutio. Dès que je serai rentré, je tâcherai de convaincre mes supérieurs de vous aider dans votre guerre contre Duttel.

- C'est vrai ? Tu ferais ça ?

- Ce serait bête de ne pas profiter de nos bonnes relations non ? Et puis, une guerre se doit toujours de se finir très vite. Si la Team Rocket vous aide, vous gagnerez plus rapidement et avec moins de morts pour les deux camps.

- Ce... ce serait génial. Merci, Mercutio.

Ils se prirent dans les bras et se serrèrent longtemps.

- Si on m'y autorise, je reviendrai personnellement pour t'aider, dit Mercutio. Et s'y on m'autorise pas... bah je viendrai quand même.

Comme pour sceller ce pacte, ils s'embrassèrent longuement sous le regard figé de l'Empereur Asbalkan.