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Aveugle (One-Shot) de OmbreChantante



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Informations

» Auteur : OmbreChantante - Voir le profil
» Créé le 13/07/2011 à 03:47
» Dernière mise à jour le 13/07/2011 à 15:31

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Aveugle (One-Shot)
Airmure

Après chaque tempête de sable, le calme se répandait de manière que chaque grain arrêtait de souffler vingt-quatre heures durant. Seul le bruissement de mes ailes d'acier troublait ce silence d'or et d'azur. Et, comme d'accoutumé, j'appréciais ces rares moments de répit qui se présentaient à ce désert brûlant.Mais je les redoutais tout autant. Car ce sont ces instants longs et monotones qui réveillent les ardents désirs égoïstes de ces humains sans foi ni loi, qui se pensent possesseurs de tout ce qui libre. Qu'il s'agisse de vivres, de terres, du ciel ou de pokémons. Tout y passait sans exception, moi y compris. Oui, comme toute créature vivante, je possédais la capacité de me transformer en lumière si le contact venait à se faire avec l'une de ces maudites balles de capture. Je le sais, gardant d'ailleurs une bien amère expérience de ce souvenir. Je ne m'étalerait cependant pas là-dessus, la précocité de cette plaie me blessant encore trop froidement.

Vint un jour où un bipède, un nouveau que mes yeux n'eurent jamais aperçu auparavant, se balada sur mon territoire. De par son physique, il semblait assez jeune et chétif. Il en ressortait pourtant une aura de force et de puissance. Mais surtout une maturité fort en avance pour son physique.Méfiance à son égard s'imposait de mise face à lui. Le devançant de quelques mètres devant lui, une boule de picots couleur sable marquait son chemin de savants coups de griffes. Pitoyable ! Il en faudrait plus pour me prendre mon territoire. Particulièrement venant de la part de l'un de mes compatriotes à qui la liberté ne se représenterait pas de sitôt sur son chemin. Ce qui m'inquiétait le plus demeurait l'humain. Je me devais de les chasser d'ici, quoi qu'il m'en coute.

Juché sur le haut de la falaise dominante, je les observais, j'attendais le moment opportun. Celui à partir duquel je serais en mesure de déployer mas ailes afin de les attaquer. Et, en tant que chasseur, résidait ici une de mes plus grandes qualités, soit la patience. Le zénith ne montrant guère le bout de ses rayons, ils avançaient sous le rafraichissant déluge matinal, assez lentement, mais surement. Ainsi, je les surveilla de longues heures durant par le biais de mes prunelles couleur métallique sans me lasser de les voir peiner à se mouvoir dans ces terres inhospitalières et instables. Le désert brulant finirait bien par avoir raison de leur vitalité. En général, cela se déroulait ainsi pour les non-initiés voulant braver le danger à travers vents et mont abruptes. Ils se retrouvaient au dépourvu au midi du jour. Pour mon plus grand bonheur et à leur puissant désarroi. Le sable tourbillonnant égrenait le temps qu'ils leur restait sans ma présence. Je m'en délectait déjà.


Ranger

Que la chaleur ralentissait notre course... enfin, la mienne en particulier. Car, depuis mon départ, rares furent les instants où le feu céleste donna de sa personne avec autant de gratitude. Sans compter le terrain, fin et profond en même temps, qui terminait d'achever les articulations de quiconque osant s'aventurer en son piège de silence absolu. Moi-même n'échappait guère à cette terrible règle. Cette amère expérience consumait les dernières calories qui me restait quand trois coups de griffes puissants crissèrent sur une roche. Ma tête pivota vers ce son tandis que mes pieds me menèrent à mon Sablaireau qui maitrisait le terrain désertique comme aucun guide n'en serait capable. Il exécuta une attaque tranche cette fois ci, me signalant que nul danger ne rodait en ce lieu pour le moins ombragé. Tant mieux, on pourrait enfin s'arrêter et prendre une pause ensemble. Je fis les trois derniers pas qui me séparaient de ma future assise avant de me poser dessus et de souffler.

La fraicheur de l'ombre apaisait mes douloureuses épaules desquelles je retira mon sac à dos. J'en sortit une bouteille à laquelle je ne bu qu'une gorgée unique. Je savais que la traversée serait longue et qu'il ne fallait pas à ce que je m'attende à me désaltérer à ma guise. Il me devait pourtant d'aller de l'avant, je devais réussir la mission que l'on m'avait confié. L'échec n'est pas chose permise lorsque l'on est un Pokémon Ranger. Remettant l'eau à sa place initiale, je m'étira les membres un par un. Encore quelques minutes de repos et je reprendrais la route sous ce lourd soleil... enfin, c'est ce que je croyais. Provenant de mon dos, Sablaireau me mit en garde d'un danger imminent. Je me mis immédiatement d'aplombs sur mes appuis, l'ouïe aux aguets. En effet, je constata que quelque chose approchais, malgré le fait que je ne pu le distinguer. Seul le son cristallin d'une lame fendant l'air parvint à mes oreilles. L'ennemi possédait donc la capacité de voler.


Sablaireau

Mon ami - il ne cesse de répéter qu'il n'est pas mon maitre - leva sa main droite vers le ciel, ce qui signifiait que je ne devait intervenir qu'en cas d'urgence. Il détestait se servir de moi lorsqu'il portait son costume rouge, il préférait me préserver au maximum. Je détestais ces situations qui me donnaient l'impression de n'être qu'un spectateur à son spectacle. Il possédait cependant cette capacité à s'adapter à n'importe quel terrain, quelle que soit la situation. Et ces vallées ensablées ne faisaient pas exception. A bonne vitesse, l'Airmure repéré peu de temps avant volait en direction de mon compagnon. Par le biais d'un magnifique bond, celui ci esquiva le bec acéré à la dernière seconde. Cette danse sauvage dura encore quelques minutes, ce dont il avait l'habitude à force de la répéter.

A aucune de ses prises il n'eut à utiliser son drôle d'objet qui servait à capturer l'un des nôtres. Il répétait souvent que la confiance ne devait et ne pouvait s'acquérir par le biais de la technologie, mais uniquement par la patience et le temps. Personnellement, je ne me vois pas tomber en amitié avec sa console, ce qui n'a pas l'air d'être l'avis de Patron, son chef de clan. Il m'a expliqué à plus d'une reprise que si il n'avait pas possédé d'aussi bonnes qualités, cela aurait fait longtemps qu'il ne serais membre de son clan. De mon côté, c'est parce que j'ai fait équipe avec cet humain que je ne suis plus jamais retourné dans le mien.

Je continuais à observer le combat. Bien que je ne sache pas quoi, quelque chose clochait avec cet oiseau. Bien que son regard hurlait une haine profonde, il se calmait petit à petit. Ces réactions antagonistes furent compléter par la respiration saccadée et haletante de l'humain. Et je finis par comprendre : l'Airmure fatiguait mon ami, il gagnait du temps afin que la chaleur en est raison à sa place. Elle ne comprenait donc absolument rien, la cervelle de Poichigeon ! Je ne pouvais le laisser agoniser ainsi alors que le terrain se prêtait de moins en moins à sa condition physique. Je me mis à courir en sa direction sans aucune discrétion, ce qui lui valu un sursaut et un geste de sa main que j'ignorai. Je m'interposa entre lui et son assaillant qui se posa au sol à la simple vue de ma personne. Le bras de mon compagnon sombra dans le sable, suivi de la masse de son corps. Il me murmura un bref "Merci", comprenant que je venais sans doute de lui sauver la vie. Mais la bataille était loin d'être terminée. Il fallait que je fasse comprendre une chose importante à mon locuteur désormais. Et au plus vite.


Narrateur

A l'apogée de sa puissance, le soleil ne pouvait qu'observer les curieux évènements qui se déroulaient dans ce mystérieux désert. Se tenant face à face, un Sablaireau et un Airmure plongeaient leur regard dans celui de l'autre. Derrière le quadrupède reposait un jeune homme allongé, visage fatigué et face contre terre. Le volatile semblait être surpris qu'un Pokémon veuille à tout prix rester aux cotés d'un humain, et pire encore, lui sauver la vie. Pour toute réponse, l'animal couleur sable colla ses paupières l'une contre l'autre avant de se mettre en position de combat. Il savait que ses sens possédaient le même niveau que celui du jeune homme qu'il accompagnait, il ne serait donc pas en danger. Cependant, l'Airmure fit vibrer ses ailes, lui permettant de décoller ses serres du sol. Cela était loin d'être à son gout et il comptait bien le faire comprendre. C'est ainsi qu'il se précipita de manière foudroyante sur le Sablaireau... qui l'esquiva au dernier moment. Il réitéra ces mouvements plusieurs fois d'affilé, sans résultat. La boule d'épines le repérait par le son métallique que fournissait les ailes sur le coussin d'air, il savait qu'il ne pourrait être défait de cette façon.

Mais cette situation ne pouvait guère durer plus longtemps. Le Sablaireau découvrit son regard, laissant apercevoir une détermination glaciale. Ce que ne manqua pas l'oiseau qui commença à faire du sur-place. Son adversaire préparait quelque chose, il le sentait. Cette pensée se confirma par une attaque météore qui, malgré son déplacement soudain, le toucha de plein fouet. La belette du désert possédait des sens aiguisés et possédait de ce fait la capacité d'anticiper les mouvements du prédateur, qui percuta le sol avec violence.


Airmure

Je ne pouvais me résoudre à le croire. Comment ce simple traitre à son espèce pouvait-il me défaire avec autant de facilités ? Il n'aurait pas dû me mettre hors combat avec une attaque aussi banale alors que je suis le maitre de ces lieux. Ma tête pivota en sa direction : il s'occupait de l'humain comme s'il s'agissait de son frère, de l'un des siens. Il le soignait et le protégeait du mieux qu'il pouvait. La vue de cette contre nature ne me fut supportable que peu de temps. Déployant le peu de force qu'il me restait, je tenta de me redresser sur toute ma hauteur. La tentative échoua lamentablement. Leurs esquives répétitives commençaient donc déja à se ressentir. Mes ailes ne pourraient donc plus jamais glisser sur l'air brulant de mon territoire. Il allait me mettre dans l'une de ces maudites balles de capture à tout jamais. Allongeant mon cou dans cet océan doré, je me résigna finalement à accepter mon destin. Un hurlement profond et déchirant jailli de mon bec et je sombra dans la brume de Mushana (je l'ai entendu dire par un humain).

A mon réveil, quelle ne fut ma surprise de voir qu'aucune prison ne rodait autour de moi.. Bien au contraire, j'apercevais la beauté nocturne de mon domaine, quel que soit le coin où se posait mes pupilles. Seul un coin paraissait inhabituel : l'humain se reposait, adossé à un rocher de bonne taille me cachant de sa vue, le Sablaireau dormant à ses pieds. Ne voulant guère rester plus de temps en sa compagnie, je me posa sur mes deux serres avec plus de facilité que je ne l'espérais. A ce moment, un éclat de voix provenant de leur direction m'intima de ne plus bouger si je voulais recouvrer mes forces rapidement. Conseil que je m'empressai de ne pas écouter. Et mes pattes cédèrent à nouveau, sous le rire de mon geôlier. Se mettant en position debout, il franchit rapidement les rares mètres qui le séparait de moi. Pris de panique, je me débattis dans tous les sens, tentant de prendre la fuite dans un ultime effort vain. Ma tête se retourna dans sa direction et je croisa son regard avec surprise.

Entre ses deux mains jointes trônait une baie, mais je ne la remarqua que bien plus tard. Son compagnon l'aidait à transporter diverses fioles auquel je ne fit pas attention. Seule l'aura émanant du jeune garçon me fascinait. Je compris que toutes ces faiblesses représentaient sa force. Loin de lui l'idée de faire de moi l'un des siens, il ne faisait que voyager. Il ne pouvait donc pas savoir ce que je représentait auprès des autres humains. Il ne possédait pas la capacité de voir le monde extérieur de ses deux fentes mais du reste de ses sens. Il était aveugle de ses yeux et pourtant, je m'étais moi même laissé aveuglé par la haine. Vide est l'émotion qui ressortait de ses pupilles. Néant est la profondeur qui jaillissait de son regard. Blanc est la couleur qui représentait son âme.