Le soldat duttelien avait l'air sceptique. Ce qui n'était pas étonnant, vu l'histoire à dormir debout que Galatea lui avait sortie. Mercutio, ses sœurs, Zeff et Fukio avaient enfilé les armures des soldats dutteliens morts lors de la bataille au village Nondisu, puis s'étaient mis immédiatement en route vers Duttelia, la capitale du royaume, là où Solaris était retenue. Ils n'avaient pas eu trop de problème pour y arriver. Ils n'avaient pas croisé d'autres soldats, si ce n'était des paysans qui leur souhaitaient bonne chance dans leur noble tâche pour le roi.
Le royaume de Duttel était assez petit et très peu urbanisé. Il était composé de plusieurs petits villages espacés de plusieurs kilomètres dans grandes plaines. Seule Duttelia était une ville digne de ce nom. Et pas qu'un peu. Ce n'était pas une mégalopole toute moderne comme Safrania, mais elle était impressionnante. La plupart de ses bâtiments, apparemment très âgés, étaient fait d'un matériau qui ressemblait presque à du marbre, ou qui en était carrément. Il y avait pas mal de monuments remarquables, dont le grand Institut Mondial de Répertoriation des Pokemon. C'était là où toutes les données et tous les écrits sur chaque Pokemon existant ou dont l'existence n'a pas encore été confirmée se trouvaient. En gros, sans doute un bon endroit pour que Mercutio commence son rêve de rechercher le Pokemon des Miracles. Mais hélas, il n'avait pas le temps de s'y arrêter aujourd'hui. Solaris avait besoin de lui.
Le palais royal, qui se tenait au centre de la ville, était un bâtiment qui faisait un peu penser à une église ; cent fois plus grand et majestueux, bien sûr. Sauf qu'aux abords des églises, on ne trouvait généralement pas toute une rangée de gardes armés de lances qui en protégeaient l'entrée. Ils s'étaient approchés de l'un d'eux et Galatea avait commencé à débiter son histoire à dormir debout. Il paraîtrait qu'ils étaient des soldats du groupe du noble chevalier Sire Djosan qui avaient été capturé par les protecteurs de Solaris, ces ignobles mercenaires de la Team Rocket, dans le but de leur soutirer des informations avec des procédés de torture des plus ignobles. Mais grâce à leur courage et à leur dévotion sans pareil pour le royaume et le roi, ils étaient parvenir à s'enfuir, tout en récoltant eux-mêmes des informations sur la Team Rocket ; informations si importantes qu'ils devaient impérativement les remettre à Sire Djosan immédiatement.
- Vous dites appartenir aux guerriers de Sire Djosan ? répéta le garde.
- Un peu, mon brave, acquiesça Galatea.
- Je ne vous ai jamais vu pourtant. Les guerriers de Sire Djosan sont bien connus.
Galatea soupira comme si elle avait en face d'elle un demeuré.
- Vous pensez que Sire Djosan a révélé le nom et le visage de chacun de ses soldats ? Nous travaillons à une mission extrêmement délicate : la capture de la princesse de Vriff ! Nous avons pour ça des hommes infiltrés partout. Nous œuvrons directement pour Son Altesse le Prince. Maintenant, laissez-nous passer, voulez-vous ? On a pas beaucoup de temps.
Comme le garde ne faisait aucun geste pour bouger, incertain quant à l'attitude à adopter, Galatea lui fit un clin d'œil et un sourire.
- Tu n'es pas repoussant comme garçon. On pourrait peut-être se voir après le service ?
Mercutio soupira. Même en territoire ennemi et en situation très grave, Galatea restait Galatea. Le jeune garde fut encore plus déboussolé.
- Euh... je ne crois pas que...
Fukio décida de prendre les choses en main, ce dont Mercutio lui fut gré.
- Ecoute petit, soit tu nous laisses passer maintenant, soit je dirai un mot à Sire Djosan et tu passeras toute ta misérable carrière militaire à défiler dans les rues pour amuser les passants. Tu as saisi ?
Mercutio devait reconnaître que Fukio savait être persuasif quand il le voulait ; c'est-à-dire tout le temps. Le garde déglutit, s'inclina rapidement et leur céda le passage.
- Tu penses à notre rendez-vous, hein ? fit Galatea alors qu'ils rentraient dans le château.
Une fois dedans, pour la première fois depuis leur départ de Nondisu, ils ne savaient pas où aller. Il y avait des dizaines de pièces, d'escaliers et d'étages. Et les visiter un à un était le meilleur moyen de se faire remarquer. Fukio avisa une domestique qui passa à côté d'eux. Il lui prit le bras violement et la femme lâcha le plateau qu'elle portait en criant de terreur.
- Femme, fit Fukio d'un ton tranchant. Dis-moi où est gardée la princesse de Vriff.
La domestique ne semblait pas comprendre de quoi il parlait. Elle se dégagea pour s'enfuir à toute vitesse.
- Vaudrait mieux éviter ce genre de chose si on veut passer inaperçu jusqu'à qu'on ait trouvé Solaris, dit tranquillement Siena. Seuls les hommes de Djosan doivent savoir où se elle se trouve.
- Solaris a dit que le prince machin-chose agissait seul dans son enlèvement, que le roi n'était pas au courant, se rappela Mercutio. Elle doit être dans un lieu où seul le prince doit se rendre, comme ses quartiers.
Fukio hocha la tête et se précipita sur une autre servante. Et ce fut un autre plateau qui fut jeté au sol.
- Femme, dis-moi où sont les quartiers du Prince Octave ! exigea le Chevalier de Solaris.
- À... à l'avant der-der-dernier étage... me-messire, bégaya la femme. L'aile e-est.
- Bien. Si ce n'est pas ça, je reviens pour te couper en morceaux !
Il n'en fallut pas plus à la servante pour qu'elle tombe dans les pommes. Mercutio espérait que Fukio allait vite calmer son enthousiasme. Ils montèrent donc plusieurs escaliers, rencontrant souvent des domestiques, des nobles et même d'autres soldats. Ils firent en sorte de ne pas trop se faire remarquer, afin d'éviter qu'on leur pose des questions embarrassantes. À deux étages de l'avant-dernier, Mercutio s'arrêta devant un couloir. Il était vide et des mots étaient gravés à l'entrée : SALLE DU DEVIN. Mercutio se rappela de son rêve et de ce que Solaris lui avait raconté sur ce fameux Pokemon qui savait tout et qui se trouvait dans ce château. Il l'avait totalement oublié. Il savait qu'ils étaient ici pour sauver Solaris, mais cette occasion ne se représenterait pas deux fois.
- Les gars, continuez, dit-il aux autres. J'ai quelque chose à faire. Ça ne me prendra pas longtemps, je vous rejoins de suite.
- Quelque chose à faire ? répéta Zeff.
- Nous devons sauver Son Altesse, s'indigna Fukio. On vous paie pour ça. Plus rien n'a d'importance !
- Je sais, mais ma présence ne va pas vous faire défaut pour une ou deux minutes seulement ! Je vous rejoins en haut j'ai dit. Dépêchez-vous.
Personne ne bougea, le regardant comme s'il avait perdu l'esprit. Mercutio croisa le regard de Siena.
- S'il te plait, insista Mercutio. Fais-moi confiance. C'est important pour nous trois.
Mercutio avait bien évidement choisi la question qu'il allait poser. L'identité de leurs parents était plus importante que son rêve de trouver le Pokemon des Miracles. Et puis s'il le trouvait seulement en suivant les indications de quelqu'un d'autre, il aurait l'impression de tricher. Siena hocha la tête, lui donnant son accord. Mercutio se précipita dans le couloir. Il ouvrit la lourde porte qui se trouvait au bout. Et hoqueta de surprise. Ce n'était pas du tout la salle qu'il avait vue en rêve. Il n'y avait pas d'or ni d'argent, ni même de colonnes en forme de Pokemon Légendaires. Il y avait seulement un fauteuil, posé près d'une grande fenêtre. Un homme était assis dessus. Il devait avoir dans la cinquantaine, les cheveux gris argenté, des yeux bleus profonds qui brillaient d'intelligence et un visage noble et taillé à la serpe. Il leva les yeux de la fenêtre quand Mercutio déboula.
- Oops, excusez-moi, je me suis trompé de salle, fit Mercutio en reculant.
- Oui en effet, sourit l'homme. Si tu cherches le Devin, jeune homme, il n'est plus dans cette salle depuis des années. On l'a amené dans la salle la plus prestigieuse du château ; l'ancienne salle du trône.
- Je vois, dit Mercutio. Merci, et... Mais attendez, comment savez-vous que...
-... tu cherches le Devin ? Il me l'a dit, simplement. Même s'il ne veut répondre à aucune de mes questions car je ne fais pas partie des chanceux qu'il a choisis, on parle beaucoup, lui et moi. Tu es Mercutio Crust, c'est ça ? Nos armures ne te vont pas si mal.
Mercutio retint une grimace. Bien sûr, si le Devin savait tout, il savait que Mercutio allait arriver ici un jour ou l'autre. Il sortit son pistolet caché sous les plaques de son armure.
- Je suis venu sauver la princesse Solaris as Vriff, déclara-t-il.
- Bien sûr, dit l'homme comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle du monde.
- Euh... vous ne m'en empêcherez pas ?
- Quel intérêt ? J'échouerai de toute façon. Et je n'ai jamais voulu de la compagnie de la princesse Solaris en mes murs.
Mercutio mit un instant à comprendre.
- Vos murs ?
- Oui. Je suis Antyos, roi de Duttel.
***
Solaris nageait dans un cauchemar éveillé. Elle ne pouvait plus réfléchir, plus bouger. Ses yeux n'avaient plus cillé une seule fois depuis qu'elle avait croisé le regard du Pokemon du prince, le terrible Mémorios. Elle ne pouvait pas dévier son regard, et pourtant, à l'heure actuelle, c'était ce qu'elle désirait le plus. Car les yeux glacials de ce Pokemon étaient le reflet de toutes les scènes horribles et dramatiques de sa vie ; et il y en avait eu beaucoup, dont une en particulier qui n'arrêtait pas de repasser.
Solaris aurait voulu crier, mais c'était comme si elle avait oublié comment faire. Elle avait pensé pouvoir contenir le pouvoir de ce Pokemon, malgré l'inhibiteur mental qu'Octave avait placé à côté d'elle. Elle aurait pu briser ses liens si seulement Mémorios voulait bien lui accorder un instant de répit. Mais elle avait loupé le lever de soleil de ce matin et elle sentait ses forces faiblir de plus en plus. Elle ne voulait plus qu'une chose; que tout s'arrête. Que ces images arrêtent d'envahir son esprit en le réduisant en bouillie. Elle ne voulait plus qu'une chose : mourir.
Soudain, la porte des appartements du prince s'ouvrit et Mémorios quitta le regard de Solaris pour dévisager le nouveau venu. Les souvenirs que le Pokemon déclenchait en elle cessèrent d'affluer d'un coup. Le choc fut si violent, après plus d'une nuit sans bouger à regarder les yeux de ce Pokemon, que Solaris se laissa tomber contre ses chaînes, son corps ne la soulevant plus. L'homme qui venait d'arriver n'était pas Octave, mais un soldat ; un de ceux qui l'avaient capturé. Il regardait Solaris comme un chat aurait regardé une souris.
- Eh bien, voilà donc la si célèbre et si terrifiante princesse de Vriff ? Je ne suis guère impressionné.
Solaris trouva la force de répondre d'un ton royal.
- Et tu es qui, toi, pour oser me parler sur ce ton ?
Le soldat ricana.
- On a encore sa fierté, Altesse ? Grand bien vous fasse. Moi, je suis qu'un pauvre soldat de Duttel, dont toute la famille a été tuée par les vôtres. Je ne rêve que d'une seule chose depuis : me venger. Et quoi de mieux pour ça que l'héritière de l'Empire ?
- Vous comptez me tuer ? résuma Solaris. Votre prince Octave risque de ne pas aimer ça. Il voulait me garder pour lui tout seul.
- Je m'en fiche. Qu'il m'exécute après, ça m'est égal. La mort ne m'effraie pas, tant que j'aurai accompli ma vengeance.
Il sortit un couteau et se dirigea vers la princesse sans défense. Mémorios, qui devinait que quelque chose de grave se passait, quitta la pièce en courant, sans doute pour aller prévenir son maître. Le soldat plaqua son couteau sur la gorge de la princesse.
- Maintenant, meurs, princesse maudite !
Mais avant de joindre le geste à la parole, il recula d'un seul coup quand Solaris venait de relever la tête, montrant ses yeux, soudain devenus violets et scindés en deux par une fine pupille verticale.
- Qu'est-ce...
- Pauvre fou insignifiant, dit Solaris d'une voix qui avait elle aussi changée, pour devenir plus forte et résonnante. Il y a des pouvoirs en ce monde auxquels quelqu'un comme toi devrait éviter de se frotter.
Le beau visage de la princesse avait changé. Il brillait d'une aura à la fois sombre et lumineuse et ses cheveux blonds voletaient comme portés par un vent inexistant. Un sourire étira ses lèvres, rendant le tout proprement terrifiant. Le cri du soldat résonna longtemps dans la pièce, avant de s'éteindre définitivement.
***
Mercutio dévisagea le roi de Duttel. Son ennemi. L'ennemi de Solaris. Pourtant, il n'avait pas l'air particulièrement menaçant. Il continuait de sourire aimablement à Mercutio.
- Est-ce que tu vas me tuer pour ta princesse, mon garçon ?
Mercutio se rendit compte qu'il tenait toujours son arme. Il la rangea.
- Non. Elle ne m'a pas payé pour ça. Je suis désolé qu'on ait du tuer plusieurs de vos soldats quand ils nous ont attaqués. Nous la Team Rocket, nous n'avons rien contre vous, Majesté, et nous nous fichons de votre guerre avec l'Empire de Vriff. C'est juste que l'Empire nous a payés pour ramener Solaris chez elle saine et sauve, et c'est-ce que nous ferons, quel qu'en soit le prix !
- Je vois, dit le roi Antyos. Tu ne connais donc pas la raison de ce conflit entre Solaris et moi, alors ? Regarde en haut.
Le roi désigna une grande tapisserie. Elle représentait un Pokemon. À première vue, il ressemblait à un Draco. Sauf qu'il était plus long, qu'il avait une espèce d'orbe au-dessus de la tête et du bout de sa queue, et surtout, qu'il possédait des ailes d'ange. Il avait aussi une espèce d'anneau doré autour du cou, et des yeux violets aux pupilles fendues que Mercutio pensait déjà avoir vu quelque part sans se rappeler où.
- C'est qui ? demanda Mercutio, intéressé.
- Dracoraure, dit Antyos. Le Pokemon mythique qui fut longtemps vénéré par mon peuple. C'était le protecteur de notre royaume. Un Draco femelle qui a été exposé à la Pierre Eclat source ; celle d'où proviennent toutes les autres.
- Et il est où, maintenant ?
- Demande à ton amie vriffienne, mon garçon, soupira le roi. Dracoraure nous fut volé par l'Empire de Vriff. Les Vriffiens n'ont jamais voulu reconnaître que c'est eux qui l'avait pris, alors que les preuves étaient accablantes. Il y a peu de chance qu'il soit en vie maintenant, connaissant leurs appétits.
Mercutio trouva révoltant qu'un Pokemon aussi beau ait servi de repas à des Vriffiens.
- Solaris a reconnu que son peuple l'avait pris, fit Mercutio. Elle m'a dit que c'est ça qui a provoqué votre longue guerre entre vos deux pays.
- Nous ne parlons pas de la même chose, Mercutio, ni de la même époque. Ce dont quoi la princesse parlait, c'était d'un des deux Pokemon légendaires de Duttel il y a des siècles et des siècles. Les Pegasa. Le Pegasa femelle a été capturé par des hommes de l'Empire de Vriff, ce qui a en effet mis le feu aux poudres entre nous. Mais c'était il y a longtemps. Dracoraure fut volé il y a une cinquantaine d'années, peu après ma naissance.
- Et pourquoi vous me dites tout ça ? Si les Vriffiens ne veulent pas le reconnaître, c'est aussi peut-être parce que vous ne voulez pas reconnaître avoir enlevé le frère de Solaris.
Pendant un instant, Antyos eut réellement l'air surpris par cette déclaration. Mais Mercutio n'eut pas le temps de s'attarder là-dessus, car une véritable clameur était parvenue des étages précédents.
***
Quand Galatea, Siena, Zeff et Fukio retrouvèrent la princesse, elle était pratiquement inconsciente dans les quartiers du prince, où on aurait dit qu'une bombe venait d'exploser. Tout était sans dessus dessous. Solaris était pleine de sang, mais vivante. Ce qui n'était pas le cas du soldat duttelien qui était là aussi. Enfin, on reconnaissait que c'était un soldat duttelien grâce à son armure, car le reste n'était pas identifiable. C'était comme si chacune de ses veines et de ses organes avaient explosé de l'intérieur et ce n'était franchement pas beau à voir. Fukio se précipita vers Solaris. Il découpa les liens qui la retenaient prisonnière avec son épée et la reçut dans ses bras quand elle s'écroula.
- Votre Altesse !
- Fukio... murmura-t-elle. Tu es venu...
- Qu'est-ce qui s'est passé ici ? questionna Siena.
- On a pas le temps, il faut nous tirer, fit Galatea en entendant les bruits de pas qui courraient vers eux.
Fukio et Zeff aidèrent Solaris à se remettre sur pied et la soulevèrent à moitié pour la faire bouger. Siena avait appelé son Hariyama et lui avait ordonné de faire un trou dans le plafond. Juste avant que les soldats dutteliens n'arrivent dans la salle, Galatea avait appelé son Kirlia et lui avait demandé de les téléporter à l'étage au-dessus.
- Comment on va faire pour s'échapper ? demanda Galatea. Tout le château est au courant de notre présence et ils ont dû refermer les portes !
- Sur le toit, dit faiblement Solaris. On peut s'échapper par là...
Les trois Rocket ne virent pas trop comment, mais de toute façon, ils n'avaient pas d'autre idée. En chemin, ils faillirent percuter Mercutio qui arrivait du sens inverse.
- Solaris ! s'écria-t-il en la voyant pleine de sang. Tu vas bien ? Qu'est-ce que...
- Plus tard, Mercutio, l'arrêta la princesse. Il nous faut rejoindre le toit !
Sur le chemin du dernier étage, ils croisèrent et affrontèrent plusieurs Dutteliens en armes qui tentèrent de leur barrer la route. À l'arrivée du dernier escalier pour le toit, Solaris leur fit signe de s'arrêter.
- Attendez ! Mercutio, le Devin est tout à côté, dans la salle du trône, dit-elle. C'est peut-être ta seule chance ?
- Quel chance ? Quel devin ? De quoi vous parlez ? s'étonna Galatea.
Mercutio fut touché que Solaris pense à ça en une telle situation. C'était vraiment une fille géniale.
- Très bien. On ne mettra pas longtemps.
Solaris et Mercutio partirent vers la salle du trône. En pestant, les autres les suivirent. Cette fois, c'était bien la salle que Mercutio avait vue dans son rêve. Il y avait bien un Pokemon au centre de la pièce, enfermé dans un dôme transparent. Et il le connaissait. C'était un Xatu, un Pokemon de type Vol et Psy. Sauf qu'ils étaient généralement d'une couleur verte foncé. Celui-là était d'un vert clair qui tirait plutôt vers le doré. Un Pokemon Chromatique. Mercutio s'approcha avec un respect craintif pour ce Pokemon. Le Xatu le dévisagea, puis sa voix se fit entendre dans la salle alors qu'il n'avait pas ouvert le bec.
-
Mercutio Crust. Ainsi tu es venu.- Tu m'as invité, dit Mercutio.
-
C'est exact. Je dois rencontrer ceux qui sont promis à un destin hors du commun pour leur accorder le don du savoir. Tel est ma mission, moi qui fut jadis béni par Provideum, Pokemon de la Destiné, qui m'a accordé une partie de son don de visions des évènements passés ou à venir. Alors pose ta question. N'importe laquelle, qu'elle ait trait au passé, au présent ou au futur. Je te répondrai. Prends garde toutefois ; ce doit être une question bien précise qui possède une réponse bien précise. Ne gaspille pas ta chance.Mercutio savait déjà ce qu'il aurait aimé demander. Qui était son père, dont il ne savait absolument rien. Quant à sa mère, il savait seulement qu'elle avait servi la Team Rocket en son temps, mais qu'elle était morte jeune. Mais de cette question découlait des milliers d'autres. Comment sa mère était-elle morte ? Penan n'avait jamais voulu en parler. Où était son père ? Était-il mort lui aussi, ou avait-il abandonné ses enfants ? Savoir seulement qui ils étaient ne lui aurait pas apporté grand-chose.
Il aurait pu demander aussi si le Pokemon des Miracles existait bel et bien, ou où il se cachait. Il aurait pu demander s'il monterait en grade dans la Team Rocket ? S'il allait se marier ? Quels seraient les noms de ses enfants ? Quand mourrait-il ? Les questions se bousculaient dans son esprit, sans qu'aucune ne sorte. Après tout, voulait-il vraiment connaître sa vie à l'avance ? Qui y'avait-il d'intéressant à la vivre si on savait comment elle allait se passer ? Il regarda Solaris à côté de lui, qui examinait le Xatu Chromatique d'un œil presque extatique. Alors il sut ce qu'il allait demander.
- Je veux savoir, dit-il lentement et clairement, si le frère de Solaris, Lunarion, est vivant.
Le regard que Solaris lui lança valait son pesant de cacahuètes. D'abord surpris à l'extrême, il se mua vite en un regard de gratitude éternelle. Puis elle se tourna vers le Pokemon, attendant la réponse avec impatience.
-
Oui, dit simplement le Xatu.
Il semblait qu'un énorme poids venait de quitter les épaules de Solaris et Mercutio sut qu'il ne regretterait pas sa question. Il aurait voulu demander où il était, mais il savait que ça n'aurait servi à rien. Il n'avait droit qu'à une seule question. Mais au moins, Solaris était fixée maintenant. Elle pourrait pleinement passer sa vie à le chercher avec l'espoir qui l'accompagnerait, car elle savait maintenant qu'il était vivant.
- Allez, on part maintenant, décréta Mercutio.
Personne ne fit de commentaire sur ce qu'il venait de se passer, mais Fukio lança à Mercutio un regard empreint de respect et d'approbation. Mais quand ils montèrent sur le toit, ils furent cernés par Djosan, le prince Octave et son étrange Pokemon, et une vingtaine de soldats avec leurs Pokemon.
- Vous n'irez nulle part, déclara Octave.
- MERCUTIO CRUST ! s'écria Djosan de sa voix habituelle. Par mes aïeux, que vous eussiez bien du culot de venir nous narguer dans notre propre château et de venir libérer la fille que nous avons mis tant d'efforts à capturer !
Mercutio regarda Solaris d'un air interrogateur.
- C'est quoi la suite maintenant ? Pourquoi on est monté jusqu'ici ?
Solaris lui sourit et lui montra Publo, toujours accroché à son bras et désigna d'un signe de la tête le vide derrière eux. Mercutio comprit à peu près le message et n'en fut pas ravi. Mais il se résigna.
- Désolé Djosan, dit Mercutio. Mais vous ne nous aurez pas aujourd'hui. À plus.
Et sur ce, sa main dans celle de Solaris, il sauta du toit. Leurs amis furent aussi stupéfaits que les dutteliens. Alors qu'ils chutaient, Publo changea de forme pour ressembler à une plaque. Il se positionna sous Solaris et Mercutio et devint solide. Tel un tapis volant, il prit de l'altitude et remonta vers le toit, ses deux passagers dessus. Mercutio faillit éclater de rire quand il vit l'expression de Djosan. Les autres étaient eux aussi un peu perturbés, mais ne se firent pas prier pour sauter à leur tour sur Publo. Puis ce dernier, en un beau virage, commença à s'éloigner du château à toute vitesse, sous les tirs de flèches des Dutteliens.
Mercutio commença à croire qu'ils allaient s'en tirer, mais quand ils commencèrent à être hors de portée des flèches ennemies, sa chance tourna. L'une d'entre elles, peut-être la dernière tirée, se précipita droit sur Solaris. Mercutio la vit comme au ralenti. Sans réfléchir, il se jeta sur Solaris. La flèche se figea sans son propre dos et la pointe ressortit de l'autre côté de sa poitrine. Très mauvais, ça... Mercutio ressentit une terrible douleur paralysante tandis que Solaris criait son nom à côté de lui. Il se sentit chuter dans les ténèbres.
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Image de Dracoraure :