Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Coeur de Pêche de Ailes de cerise



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Ailes de cerise - Voir le profil
» Créé le 08/07/2011 à 18:51
» Dernière mise à jour le 22/07/2011 à 10:53

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre Quatrième : Le nouveau-né
Je marchais, la tête haute, le regard rivé sur mon objectif, la ville de Méanville. De temps à autres, un vent latéral m'ébranlait, tout en me portant une douce odeur saline, une odeur toute nouvelle pour moi.
Voici deux mois que j'avais quitté Janusia et ma vie avait changé du tout au tout. J'avais tellement plus confiance en moi depuis que je voyageais seule avec mon Ceandros. Lui aussi se portait mieux. Il était mieux nourri et semblait plus heureux. J'étais bien mieux dans mes vêtements roturiers que dans ces kimonos à taille unique, toujours trop grands, toujours trop beau. Quand je raconte mon histoire à mon entourage, aujourd'hui, les gens me croient irresponsable, mais depuis l'époque de mes quinze ans, celle de mon voyage, ma devise est devenue « la vie est belle tant qu'elle est simple ».
Alors, tandis que je marchais sur le pont de l'Inconnu – qui n'était à ce jour qu'un monstre d'acier luisant sous les feux conjugués du soleil et de la mer – je sentis quelque chose frémir dans la sacoche de Kinjirô. Je l'ouvris et effleurai l'œuf. Aussitôt, j'éloignai mes doigts de la coquille brûlante. Durant les deux mois qui avaient passé, l'œuf était resté froid, immobile et silencieux, si bien que j'avais commencé à douter des certitudes de Kinjirô. Cependant, à présent, l'œuf était bouillant et émettait de petits craquements secs.
Ceandros me lança un regard inquisiteur.
— C'est brûlant… Soufflai-je, troublée par la sensation qui s'installait en moi.
Une impression de chaleur, de curiosité et d'espoir. L'œuf allait-il éclore ? Et qu'allait-il en sortir ?
— Regarde Miki ! Il s'illumine ! Cria soudain le Zorua en me faisant sursauter.
En effet, l'œuf s'était littéralement allumé et il projetait des faisceaux blancs tout autour de lui. Des passants nous jetaient des regards interloqués. Certain s'arrêtèrent même pour assister à la scène.
L'œuf brilla encore quelques secondes avant de s'éteindre soudainement. Sa couleur sembla alors se dissoudre et passa du blanc à un orange vif. Puis il refroidit d'un coup et se figea, comme si rien ne s'était passé.
Je contemplais l'œuf devenu navel, hébétée. Les badauds poursuivirent leur chemin, me laissant seule, à genoux par terre. Ceandros me lécha le dos de la main avec affection.
Moi, je ne parvenais pas à défaire mon regard du globe glacial, éperdue de déception.
— Cet œuf à l'air sur le point d'éclore ! S'exclama soudain une voix cruellement familière.
Je levais le regard, le cœur battant, espérant de tous mon cœur reconnaitre le visage souriant de l'homme grâce à qui tout avait commencé.
C'était lui ! L'homme toujours suivit de son fidèle Judokrak, qui avait rendu visite à Mère trois mois plus tôt.
— Bonjour Miki-chan ! Lança-t-il avec un large sourire. Ça faisait longtemps.
Il m'aida à me relever.
— Comment connaissez-vous mon nouveau prénom ? Demandai-je, surprise.
— Eh eh, on peut dire que tu as marqué Kinjirô ! Je connais très bien ce garçon ! La dernière fois que je l'ai croisé, il m'a longuement parlé de toi !
— Kinjirô a fait ça ?
Entendre parler du garçon me retournait complètement. J'avais l'impression de flotter au-dessus des nuages.
— Oui oui ! Je suis heureux de voir que tu vas bien, ton Okiya a mis la ville sans dessus dessous pour te retrouver !
J'eu malgré moi un sourire amusé.
— Et cet œuf… C'est celui que Kinjirô t'as donné ? Je suis assez surpris qu'il n'ait pas éclot… Même si, au vu de ce qui vient de se passer, son éclosion paraît imminente !
— C'est ce que j'ai cru aussi, mais il n'en est rien.
Je poussais un soupire dépité. L'homme glissa un regard vers mon Zorua.
— C'est ton ami ?
— Oui… Il s'appelle Ceandros.
Le regard de mon interlocuteur passait de Ceandros à moi. Ce dernier, fidèle à son habitude, arborait un pelage furieusement ébouriffé et un grondement ténu montait de sa gorge.
Soudain, une question que je ne m'étais jamais posée avant vint me brûler le bout de la langue.
Je me sentais si bête de ne jamais l'avoir posée que j'hésitai à le faire.
— Excusez-moi mais… Puis-je connaître votre nom ?
L'homme me lança un regard qui se voulait enjoué.
— Je m'appelle Hatsuhiko Yamagushi.
— Yamagushi-san… Soufflai-je pour moi-même.
Je contemplai son visage. Il était d'un ovale parfait. Sa peau était marquée par de petites rides d'inquiétude, et par ailleurs, son regard – qui semblait fuir le mien – examinait chaque personne, comme s'il s'attendait à voir surgir un ennemi à tout moment.
Après un temps, il reporta son attention sur moi et déclara à voix basse :
— Miki-chan, tu vas venir avec moi, je vais t'escorter jusqu'à Maillard, tu n'es plus en sécurité sur les routes…
Mon sang ne fit qu'un tour à cette annonce. Je ne saisis pas immédiatement le sens de ces paroles. La première chose qui me vint à l'esprit fut que les recherches s'étaient étendues à la région toute entière. Mais je n'avais pas imaginé à quel point. Cependant, l'inquiétude de Yamagushi était plus due au fait que si on découvrait qu'il m'avait aidée, il risquait gros…

***

Nous arrivâmes à Méanville le soir même. J'avais les jambes endolories par la marche sur la route, courte mais accidenté qui s'étendait entre la ville et le pont de l'Inconnu. Yamagushi m'imposait un rythme bien plus soutenu que ne l'était le mien. Ceandros gémissait à chaque pas et boitait sérieusement : il avait un caillou coincé entre les coussinets, cependant, sa fierté démesurée l'empêchait de demander de faire une pause pour le retirer.
Méanville était une ville superbe, toute en couleur et en lumière. Le ciel se teintait d'orange et déjà toutes les enseignes brillaient de mille feux. Les battements réguliers d'instruments frappés résonnaient dans les rues fourmillantes d'activité.
Au bout d'un temps, Yamagushi-san se stoppa devant une belle et grand maison en bois et en pierre. Il m'intima de rester sur le perron, retira ses chaussure et entra sans un mot de plus.
Ceandros s'effondra sur le sol, les pattes raides, et resta un long moment ainsi étendu sur les flancs, haletant. Quand il fut un peu remis, il se redressa et retira d'un coup de dent le caillou de sa patte. Je le regardais du coin de l'œil, guettant un appel à l'aide parfois dissimulé, tout en frottant assidument la coquille orange de l'œuf. Je ne m'arrêtai que lorsque la lumière de l'enseigne de la maison ne se reflète sur sa surface.
Je levai les yeux, intriguée. Cependant, je ne savais pas assez bien lire pour décrypter les kanjis. Je ne reconnus que celui qui signifiait « eau ».
Yamagushi mit longtemps avant de ressortir et Ceandros et moi nous ennuyions ferme. Lorsqu'enfin il réapparut, je me relevai si brusquement que ma tête me tourna. J'avais presque réussi à m'endormir, adossée à un poteau, tant j'étais exténuée.
— Yamagushi-san que…
Je fus interrompue par une lumière si vive que nous fermâmes les yeux. Je sentis une pression brûlant traverser mes vêtements. D'instinct je lâchai la sacoche qui contenait l'œuf.
Elle tomba à terre et le globe roula vers les marches qui rejoignaient la rue. Ceandros bondit juste à temps pour le repousser, et se brûla le museau. Malgré l'éclat blanc qui émanait de l'œuf, nous vîmes tous clairement la coquille se zébrer de fissures noires. Les lézardes s'agrandirent dans un craquement retentissant avant qu'un ridicule petit « Ploc » ne résonne.
J'éclatai de rire tant la scène me parut comique. A ce moment, la lumière avait gagné une telle intensité qu'il nous était devenu impossible d'ouvrir les yeux. Enfin, l'étrange bruit se fit à nouveau entendre et l'éclat se dissipa aussi vite qu'il s'était allumé. Je clignais des yeux plusieurs fois, tant d'aveuglement que d'ahurissement. L'œuf avait éclot ! Au milieu des éclats de la coquille était assis un petit Pokémon orange et rouge, avec une forme de V sur le front, aux yeux bleus éclatants
— Eh ! S'exclama Yamagushi-san. C'est un Victini, j'en avais entendu parler mais je n'en avais jamais vu !
— Vraiment ?
— Miki-chan, il est enfin éclot ! S'écria Ceandros en reniflant le nouveau-né.
Je m'approchai et tendis une main vers le Victini. Celui-ci la renifla avec curiosité.
— Il n'a pas peur. Observa la Zorua.
Il passa doucement sa langue au sommet du crâne du Pokémon rouge.
— Miki, trouve-lui un nom ! Allez !
Je fermai les yeux et creusai dans ma mémoire à la recherche d'un prénom qui lui irait bien.
— Je peux réfléchir ?
— Je suppose que oui ! Fit Ceandros en riant.
— En attendant… J'ai réservé deux chambre dans cette auberge, que diriez-vous d'un bon repas et d'une bonne nuit de sommeil !
C'était donc ça, une auberge ! J'approuvais avec un soulagement indescriptible et suivis mon compagnon, Victini et Ceandros sur mes talons.
Ce ne fut que tard dans la nuit, étendue dans un futon chaud et bercée par la respiration paisible des deux Pokémon que je me rendis enfin compte que Yamagushi-san avait compris Ceandros.
***

Le lendemain matin, j'étais réveillée aux aurores. Le ciel était encore rose pâle et quelques oiseaux sifflotaient derrière ma fenêtre. Ceandros dormait encore, étendu sur le ventre, les pattes formants une étoile singulière.
Victini était debout. Il examinait la pièce très attentivement, touchant du bout des doigts chaque objet. Soudain, je me souvins du nom que je lui avais trouvé la veille avant de m'endormir:

"Sakasû"

Le prénom caressa mes lèvres lorsque que je le prononçai pour la première fois. A voix basse d'abord, puis plus haut. Le Victini sursauta et braqua ses yeux brillant sur moi.
— Sakasû ! Répétai-je. Sakasû, ça te plait ?
Il me fixa longuement, je retenais mon souffle. Puis il opina lentement, un minuscule sourire aux lèvres. Je soupirai.
— Ça me plait bien aussi ! Dit soudain la voix ensommeillée de Ceandros.
Le Pokémon se leva, bailla à s'en décrocher la mâchoire et étira un à un chacun de ses membres.
Il donna un coup de pattes amicale et à la fois rassurant au fraichement nommé Sakasû.
— Tu peux faire confiance à Miki-chan ! Lui murmura-t-il. Elle est ma meilleure amie !
Sakasû acquiesça. Il semblait radieux maintenant que Ceandros était réveillé.
— Je suppose qu'il est… unique en son genre, n'est-ce pas ? Demandai-je à mon Zorua
— Oui ! Comme chaque individu à travers le monde !


***

Nous repartîmes après un petit-déjeuner qui s'avéra être le bienvenu pour Sakasû. La veille, il avait passé trop de temps à examiner la nourriture pour en manger.
Ensuite Yamagushi Hatsuhiko-san remplit un sac de toile de nourriture en conserve. Je lui demandais pourquoi tant de précaution mais il refusa de me répondre. J'eu l'explication très rapidement. La route qui ralliait Méanville à Volucité était en réalité un immense désert balayé par le sable.

Cœur de Pêche, Chapitre Quatrième/Fin