La Grande Illusion de VLCMédia

Chapitre 10: Tournée des bars


« C'est ici. » déclara Emeline

« Assure-moi que tu ne feras jamais ça avec moi… » lâcha Jules 

Nolwenn se tourna vers le jeune homme.

« Pourquoi ? Tu as des choses à cacher ? »

« Non, c'est juste que… bon, entrons… »

Jules, suivi de Nolwenn, entrebâilla la porte mais Emeline le stoppa dans son élan.

« Euh, je peux pas moi. J'ai un rendez vous… Je me suis déjà assez rendue en retard comme ça. Vous m'appelez dès que c'est terminé ? »

Jules acquiesça puis entra dans le bar, suivi de très près par l'Hoennaise.

C'était un petit bar. Modeste, propre, sympathique. On s'y sentait bien. Un groupe de travailleurs, sûrement en pause, s'était agglutiné devant le comptoir et discutait avec une serveuse. Lorsqu'il entrevit la dame, il comprit la raison de cet attroupement, ce qui le fit sourire. Il y avait aussi quelques gens, assis à des tables, soit lisant le journal, soit consultant leur téléphone portable… Un couple, dans le fond de la salle, s'embrassait avec passion, sans gêne. Quel cadre atypique. Jules fouilla une nouvelle fois la salle du regard, dans l'espoir d'y trouver le général. Aucune personne n'y ressemblait. Et Emeline qui était partie…

Après avoir questionné le barman, Jules revint vers Nolwenn qui observait les deux amoureux d'un air nostalgique.

« Il est parti en déclarant que la boisson était trop chère ici… Il doit être dans le coin, dans un autre bar. »

Pendant qu'ils marchaient, Jules s'en rendait compte, petit à petit, d'un léger détail. Ça ne lui avait pas sauté aux yeux tout de suite mais, avec le temps, il s'en rendait petit à petit compte. Depuis qu'il avait changé de veste, plus personne ne prêtait attention à lui. C'était bête et logique en soi mais lorsqu'on est habitué à être craint, c'est un détail qui ne passe pas inaperçu bien longtemps. Ça lui faisait un bien immense. Ne plus être l'objet d'attention dans la rue, la personne méprisée par une centaine de regards… Tout ça le rendait… heureux d'une certaine façon. Se sentir anonyme était quelque chose de nouveau pour lui. Quelque chose de nouveau et d'extrêmement agréable.

« Essayons ici. »

Nolwenn s'était arrêtée devant une petite brasserie. Elle invita Jules, d'un geste de la main suivi d'un hochement de tête, à aller vérifier. N'ayant trouvé personne, Jules ressortit et entraîna Nolwenn derrière lui. Son pas était rapide. Sa respiration aussi. Il serra encore un peu plus la main de l'Hoennaise. Celle-ci poussa un petit cri de surprise.

« Mais dis-moi ! Pourquoi on cours comme ça ? »

« Le patron du bar, il m'a dit que… que… rah, pas le temps ! Il faut aller plus vite ! »

La jeune femme faillit tomber suite à l'à-coup violent de Jules. Elle en avait assez de courir à droite à gauche. Mais rien à faire. Le jeune homme avait l'air déterminé.

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« Tiens, mais qui voilà ? Le vieux qui nous a fait tant chier par ses hurlements incessants. Tu vas voir vieux débris, on va te réduire en cendres. Tu n'aurais pas dû nous énerver ! »

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« Là, le voilà ! »

Acculé contre un mur et entouré de cinq loubards, le vieux général tâta sa ceinture, dans l'espoir d'y trouver une pokéball. Malgré ses yeux bandés, il pouvait deviner l'expression sadique de ses agresseurs.

Jules lâcha la main de Nolwenn et appela son Voltali. Il pointa du doigt les cinq caïds.

« Hey, pourquoi ne pas vous en prendre à quelque un de valide ? Si vous vous en prenez à un vieil aveugle, c'est que… c'est que…. vous êtes… »

Un des loubards, apparemment le leader, rit aux éclats avant de prendre la parole.

« Des monstres ? Ah ah ah ah ! Et qu'est-ce qu'on à foutre ? Mais tu as du cran, j'aimes ça. Je vais m'occuper personnellement de toi. Vous autres, tabassez-moi ce vieux shnock ! »

Répondant un mouvement de tête de Jules, Nolwenn attaqua le reste du groupe avec son Aquali. Le vieux général tenta de s'éloigner à tâtons et, après s'être suffisamment écarté, s'effondra sur les pavés. Le chef de la bande sourit.

« Ah ah, c'est pathétique. Sauver un vieux croûton… Pourquoi ne pas l'aider ? Pourquoi ne pas nous laisser l'aider ? L'aider à abréger ses souffrances ? J'ai horreur du travail non fini. Ne te mets pas en travers de ma route. »

« Dommage pour toi mais il semblerait que j'ai besoin de lui… vivant. Tu n'y toucheras pas ! Voltali, Vive-attaque ! Puis Queue de fer ! »

Le loubard sortit un Capumain. Ce dernier esquiva aisément les deux attaques puis riposta avec des Météores. Voltali ne put esquiver et fut renvoyé aux pieds de son maître. Soudain, le Capumain fut violemment projeté contre le mur par un puissant jet d'eau. Nolwenn, qui avait temporairement neutralisé ses ennemis avait ordonné cette attaque. Voltali retenta une Queue de fer mais elle fut une nouvelle fois esquivée. Le singe se dressa sur sa queue dans le but de provoquer l'adversaire. Voltali mordit à l'hameçon et attaqua de façon impulsive. Le Capumain esquiva de nouveau et tenta de riposter mais il fut une nouvelle fois attaqué par Nolwenn. Cette fois ci, l'attaque Queue de fer de Voltali acheva le pokémon. Le chef recula un peu. Il avait l'air beaucoup moins fier de lui. Soudain, il se rembrunit et baissa la tête.

« Ok, t'as gagné pour cette fois. Mais si je te croise de nouveau, je te défoncerai »

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Les adversaires ayant fui, Jules et Nolwenn rappelèrent leurs pokémon L'Hoennaise regardait Jules droit dans les yeux. Puis, elle désigna d'un mouvement de tête le vieil homme. Elle voulait qu'il y aille seul. Le jeune homme acquiesça et se dirigea vers le vieux général. Il lui tendit la main pour l'aider à se relever.

« Un coup de main ? »

Le vieil homme frissonna. Devait-il encore se méfier ? Il tendit finalement sa main dans la direction de la voix. Jules l'attrapa et l'aida à se relever. Le vieil homme avala sa salive.

« Qui êtes vous ? » demanda-t-il d'une voix encore un peu tremblante.

Jules sourit. Le général avait beaucoup perdu de sa carrure depuis leur dernier combat…

« Peut importe qui je suis. Seul ce que j'ai à vous proposer compte. »

« Je vous écoute. Au passage, votre voix me dit vaguement quelque chose… On ne se serait pas déjà vu ? »

Le rythme cardiaque du jeune homme s'accéléra. L'avait-il déjà reconnu ?

« Non, je ne crois pas. Je suis venu vous proposer une alliance. »

Jules regarda autour de lui, jusqu'à tomber sur Nolwenn, les bras croisés. Personne dans les parages. Tant mieux.

« A vrai dire, j'ai besoin de votre aide. Nous montons actuellement une organisation pour lutter contre la Team Rocket. J'ai besoin de vous. »

« Comme tu peux le voir, je suis aveugle. Je te suis d'aucune utilité… »

« Je n'ai pas besoin de vos yeux, mais de votre tête. J'ai besoin de vos talents de chef des armées. Je veux que vous soyez un des grands piliers de notre groupe. »

« Ceux qui résistent à la Team Rocket n'y survivent pas. J'ai vu trop de gens mourir. J'ai moi-même failli mourir. Je ne veux pas. Je ne peux pas. »

« Et vous ne préférez pas sauver des vies ? Rendre la liberté à ce pays, stopper ce fléau ? »

Le vieil homme regarda dans ce qu'il croyait être la direction de son interlocuteur. Il porta sa main à son bandage et l'enleva. Jules recula un peu. Ses yeux… Ses pupilles… Elles étaient complètement dilatées.

« Je ne sais pas. Oui, sans doute… Mais je… »

Le vieux général garda le silence un moment puis reprit.

« D'accord. Je vous aiderai. Je ne sais pas comment mais je le ferai. »

Jules observa Nolwenn. Elle mimait un applaudissement. Le jeune homme lui sourit. Il prit le bras de son nouvel allié et le passa derrière son cou. Nolwenn suivit.