Team Rocket X-Squad de Malak

La princesse Solaris, en plus d'être belle et gentille, possédait un sens pratique qui étonna Mercutio. Elle savait vivre à la dure. Mercutio s'était inquiété que personne n'ait songé à amener de tentes portatives ou même de sacs de couchage, mais dormir à la belle étoile à même le sol n'effraya en rien la princesse. Au contraire, elle trouvait ça terriblement amusant ; voir les étoiles au dessus de soi tandis qu'on s'abandonnait au sommeil sur l'herbe elle-même. Mercutio avait regardé le ciel nuageux sans y trouver beaucoup d'étoiles et s'inquiéta même qu'il puisse pleuvoir. Quant à l'herbe, il s'agissait plutôt de terre desséchée qui allait durer longtemps dans cette région montagneuse.

Fukio alla chasser pendant qu'ils préparaient le camp. Enfin, ils n'avaient pas grand-chose à préparer. Le Pyroli de Galatea se chargea de faire un joli feu et Zeff, dans un excès de bonté et de galanterie qui ne lui était pas familier, trouva un rocher plat pour que Solaris puisse s'asseoir dessus tandis qu'ils mangeraient. Mais pour le sourire que Solaris lui donna en retour, Mercutio aurait été prêt à aller retourner toutes les pierres du monde. Fukio revint rapidement avec trois Hoothoot qu'il avait tué. Mercutio grimaça à l'idée de manger des Pokemon. Ça ne devait pas avoir un goût différent de celui des animaux normaux, mais ça posait un problème à sa conscience de dresseur. Et puis, il aurait trouvé bizarre de manger du hibou.

Mais Solaris, elle, n'avait pas ses préjugés et dévora sa part en moins de deux. Mercutio se força à manger son demi Hoothoot un peu trop cuit. Si l'on faisait exception de son dégoût mental, ce n'était pas si mauvais. Pendant et après le repas, ils parlèrent un peu. Solaris leur parla de sa vie dans l'Empire de Vriff, tandis que Siena, Galatea et Zeff lui contaient nos coutumes à Johkan, ainsi que nos missions dans la Team Rocket. Quand ils en vinrent à leur dernière mission contre la Team Cisaille, Solaris s'adressa directement à Mercutio.

- C'est vrai ? Vous avez vraiment vaincu cet affreux individu à mains nues ?

Mercutio fit de son mieux pour ne pas trop rougir, mais ne put qu'hocher la tête pour répondre. C'était terrible, mais il n'arrivait tout simplement pas à prononcer un seul foutu mot en présence de la princesse. Elle devait sûrement le prendre pour un abruti. Zeff, lui, ne perdait pas une seule occasion. Ce rôle de faux séducteur à la Tuno ne lui allait vraiment pas et Mercutio le préférait encore en associable antipathique. Quand Fukio déclara que l'heure était venue pour Son Altesse de se coucher, tout le monde fit de même.

Siena se proposa pour prendre le premier tour de garde quand Fukio leur dit qu'il assurait lui-même la protection de la princesse tout au long de la nuit. Au moins, le chevalier pourrait un peu se reposer maintenant. Mercutio prit soin de se coucher assez loin de Solaris, mais de tel sorte qu'il puisse voir son visage tandis qu'elle dormirait. Il se dit qu'il n'y aurait pas plus belle vision pour l'accompagner dans le sommeil et lui faire faire des rêves radieux. Quelques heures plus tard, alors que le soleil n'allait pas tarder à se montrer, Zeff le réveilla pour qu'il prenne le dernier tour. Mercutio remarqua que Solaris était absente.

- Où est la princesse ? s'inquiéta-t-il.

- Partie se promener, qu'elle m'a dit, répondit Zeff.

- Et tu l'as laissé partir seule ? On est censé la protéger, je te rappelle !

- C'était une exigence de sa part, précisa Zeff.

- On s'en fiche, de ses exigences !

Mercutio disait ça, mais il était pratiquement certain que si Solaris lui demandait quelque chose en face, il n'aurait sûrement pas le cœur à lui refuser.

- Je vais la chercher.

Zeff haussa les épaules, l'air de dire « c'est toi qu'elle engueulera, après tout ». Il ne savait pas vers où elle était partie, mais ses traces de pas étaient fraîches. Mercutio les suivit jusqu'à une petite colline assez dégagée où on avait une belle vue sur le paysage alentour. Solaris se trouvait en haut de la colline, à genoux, comme si elle priait. Sa gelée bleue, Publo, était à coté. Mercutio resta un peu en retrait pour voir ce qu'elle faisait, mais elle se contenta de rester immobile, à fixer l'horizon. Mercutio s'avança enfin, heureux de constater qu'il pouvait enfin produire un son.

- Pardonnez-moi Votre Altesse, mais vous ne devriez pas être ici toute seule, dit-il.

Solaris sursauta, puis se retourna. Mercutio crut un instant que ses yeux avaient changé de couleur. Ses magnifiques yeux émeraude aux reflets dorés et ambrés étaient soudain devenus d'un violet profond et ses pupilles étaient fendues comme celle des chats. Mais une seconde plus tard, ses yeux redevinrent normaux, à tel point que Mercutio pensait avoir subi une espèce d'illusion d'optique.

- Oh, c'est vous, fit Solaris. J'ai dit à votre ami Zeff que je ne serai pas longue.

- Mon "ami" Zeff aurait dû vous accompagner, riposta Mercutio. Notre mission est de vous protéger.

- Je ne risquais rien, Publo est avec moi.

La boule de gelée bleue s'enroula autour de son bras comme pour confirmer ses dires.

- Avec tout le respect que je dois à... euh... Son Excellence Publo, je le vois mal combattre des hommes armés.

- Vraiment ? Je vous montrerai un jour, sourit Solaris.

Mercutio haussa les sourcils, cette fois tellement perplexe que le sourire de Solaris ne lui fit plus trop d'effet.

- Qu'est-ce que vous êtes venu faire ici, Altesse ?

- Appelez-moi Solaris, s'il vous plait. Et je suis venue observer le lever de soleil. Je me lève tôt chaque matin pour le voir. Je trouve que c'est le plus beau spectacle qui existe sur Terre. Pas vous ?

- Euh...

Mercutio ne voyait pas trop ce qu'il y avait de si excitant dans un lever de soleil. Puis entre le lever de soleil et Solaris, il n'y avait aucun doute sur ce que Mercutio aurait préféré admirer.

- J'aimerais rester encore un peu pour le voir, si ça ne vous ennuie pas trop, fit Solaris.

- Bien sûr. Mais permettez-moi de rester pour veiller sur vous.

Solaris lui fit un geste apaisant de la main.

- Si vous voulez, mais je doute que nous ayons quelque chose à craindre des Dutteliens si loin de leur pays.

- À quoi devrons nous attendre d'eux si jamais ils se montraient, d'ailleurs ? J'aime bien savoir qui j'affronte et comment.

- Je ne suis pas experte dans leur stratégie, il vous faudrait demander à Fukio. Mais ils n'attaquent qu'en groupes réduits, pas plus de cinq ou six. Ils n'ont pas vos armes étranges qui tirent des projectiles, tout comme nous d'ailleurs. Ils se battent à l'épée, à l'arc, et souvent avec des Pokemon.

- Je vois, fit Mercutio. Rien qui ne m'inquiète trop.

- Vous devez être confiant, après avoir vaincu quelqu'un comme ce Trutos et sa Team Cisaille ? En effet, les Dutteliens seront plus faciles à battre que des robots Pokemon.

- Dîtes, pourquoi ils voudraient s'en prendre à vous ?

- Oh, les raisons sont multiples. Déjà, ils nous haïssent cordialement, nous autres Vriffiens. Tout comme nous les haïssons, et ce depuis des siècles. Mon père était un partisan d'une entente avec nos voisins, ou du moins d'une sorte de paix relative. Je ne vois pas les choses comme lui. Il n'y aura jamais de paix entre Vriff et Duttel. La paix ne s'établira que lorsque un des deux camps aura vaincu l'autre. Le monarque de Duttel voit en moi une adversaire bien plus dangereuse que mon défunt père et entend ainsi m'empêcher d'accéder au trône. S'il m'attrape, je ne donne pas cher de ma peau. Ces Dutteliens sont tous des barbares ! Quand je serai sur le trône de Vriff, je ne connaîtrai pas la paix avant de les avoir tous vaincus !

Mercutio fut troublé d'entendre d'aussi dures paroles de la bouche d'une si belle fille.

- Pourquoi les détestez-vous tant ?

- Nos peuples se haïssent depuis des temps immémoriaux. C'est comme ça.

- J'ai bien compris. Mais pourquoi ?

- C'est stupide, mais peu se rappellent encore de la raison. C'était une histoire de Pokemon. Duttel possédait deux Pokemon légendaires que son peuple vénérait. Or, un de mes ancêtres a attrapé l'un de ces deux Pokemon, ce qui fut considéré comme une hérésie par les Dutteliens. Ces barbares ont massacré des villages entiers de notre Empire pour ça. C'est comme ça que la guerre a éclaté et qu'elle existe toujours.

- Je vois, dit Mercutio. Mais c'était il y a longtemps vous avez dit. Peut-être serait-il temps pour vos deux peuples de tourner la page. Ce n'est pas parce que vos pères et leurs pères avant eux se sont massacrés que vous devez faire la même chose. Si personne ne fait rien, votre conflit continuera éternellement.

- Oh que non, l'assura Solaris. Car dès lors que je serai impératrice, j'écraserai une fois pour toute Duttel et je l'annexerai à mon territoire. Je ne pourrai jamais pardonner aux Dutteliens ce qu'ils m'ont fait. Ils ont enlevé mon petit frère, quand j'étais enfant. Je ne l'ai plus jamais revu et j'ignore s'il est mort ou enfermé quelque part. Duttel n'a jamais voulu reconnaître l'avoir.

Mercutio garda le silence un moment, ne sachant trop quoi dire, puis comme le soleil commençait à pointer au bout d'une montagne, il dit :

- Je comprends. J'espère que cette guerre sera la dernière alors et qu'elle se finisse vite pour que la paix soit rétablie dans votre région.

- Ne vous inquiétez pas, dit Solaris. Je n'en ai sans doute pas l'air comme ça, mais je ne suis pas qu'une petite princesse gâtée qui a grandi dans la soie. Je ferai ce qui est le mieux pour mon peuple.

Quand la lumière du soleil éclaira le visage de Solaris, cette dernière respira un grand coup et ferma les yeux, comme si cette aurore revitalisait tout son corps après des mois de marche. Puis elle observa Mercutio, comme si elle venait seulement de se rendre compte de sa présence.

- C'est la première fois en presque une journée qu'on parle, vous et moi. Vous n'avez pas ouvert la bouche tout hier. Ai-je fait ou dit quelque chose qui vous a contrarié ?

- Non non, pas du tout ! s'afolla Mercutio. C'est juste que... euh... je suis d'un naturel assez timide. Et vous, vous êtes une princesse... et, si je puis me permettre, d'une beauté quasi-surnaturelle.

Solaris ricana, mais n'avait pas l'air flattée.

- Oui, on me dit souvent ce genre de chose.

- C'est que c'est forcément vrai.

- Sans doute. Mais la beauté physique est bien peu de chose, en fin de compte...

Elle soupira, comme si elle regrettait quelque chose. Puis revint à Mercutio.

- Il n'y a aucune raison de mettre des distances avec moi, Mercutio. Je suis comme vous, je suis une humaine, qui doit seulement avoir trois ou quatre ans de différence avec vous. D'ailleurs, j'aimerais beaucoup qu'on se tutoie, si ça ne vous dérange pas. Je sais que je suis en quelque sorte votre cliente, mais j'aimerais bien devenir amie avec chacun et chacune d'entre vous.

Mercutio s'étonna de constater comment la princesse était quelqu'un de simple, avec qui, si l'on faisait exempt de sa beauté, il n'était pas plus difficile de parler qu'avec ses sœurs, par exemple. C'était à lui de faire un effort pour se décoincer un peu.

- On fait comme ça... Solaris, répondit Mercutio non sans contentement.

Le jeune homme savoura longtemps la tête que tira Zeff quand il le vit avec Solaris rentrer au campement, riant aux éclats après une longue conversation. Rien que pour ça, ça avait valu le coup d'avoir eu un peu de rouge aux joues. Après le petit déjeuner, dont Mercutio se dispensa ( c'était un Fouinar que Fukio avait réussi à prendre à un piège ), ils reprirent la route. Ils eurent encore pas mal de conversations avec Solaris et Mercutio fut heureux d'y participer. La princesse s'intéressait énormément à leur région, en premier lieu car elle abondait de Pokemon de toutes sortes. À l'en croire, les Pokemon commençaient à manquer dans la région d'Elabla.

En parlant de Pokemon, Zeff décida qu'il commençait à s'ennuyer à marcher ainsi sans rien faire et s'en alla un peu plus loin hors du sentier pour trouver quelques Pokemon sauvages à affronter. Mercutio préférait mille fois plus la compagnie de Solaris à celle de Zeff, mais en fin d'après-midi, il dut avouer que lui aussi trouvait le temps long et décida de rejoindre son partenaire, dont on entendait au loin le bruit de ses combats. Zeff était en train de finir d'affronter un Rhinoféros. Son Scalproie n'avait même pas besoin des ordres de son dresseur pour le battre.

- Tu triches, fit Mercutio quand le grand Pokemon roc se fut effondré, K.O. Tu choisis des Pokemon sur lesquels tu as l'avantage du type.

- Je prends ceux que je vois, riposta Zeff, peu importe leur type. J'ai affronté un Camerupt y'a une heure et son type Feu et Sol n'a pas empêché Scalproie de lui mettre une raclée. Le type de Pokemon, on s'en fout quand on est un bon dresseur. Tu devrais savoir ça.

- T'as pas tort, le type importe peu quand on connaît bien son affaire, approuva Mercutio. Sachant cela, je te propose un petit match.

Il tira la Pokeball de son Mortali et la pointa vers Zeff d'une façon sans équivoque. Depuis qu'il faisait partie de la X-Squad, Mercutio n'avait jamais encore affronté Zeff aux Pokemon. Ce dernier trouvait toujours une façon de se dérober. Peut-être avait-il peur de perdre ? Mais ça, ça ne ressemblait pas trop à Zeff. Le Rocket aux cheveux blonds eut un soupir méprisant.

- Tu comptes faire quoi avec ton Spectre contre mon Pokemon Ténèbres, pauvre gland ?

- Allons, ne disais-tu pas y'a dix secondes que le type de Pokemon ne comptait pas quand on savait se battre ?

- Si, mais il apporte toujours un avantage quand les adversaires sont au même niveau de compétence.

Mercutio haussa les sourcils de surprise. Ainsi, Zeff avouait qu'il était son égal en combat Pokemon ? Intéressant.

- Eh bah alors tout beigne, vu que je te suis bien supérieur. Ça rétablira un peu l'équilibre, répliqua-t-il.

Mercutio se permettait de crâner, pourtant il n'était pas certain de l'issue de ce match. Zeff était fort ; il devait pratiquement arriver à son propre niveau. Et puis, Mortali n'était pas très bon en défense physique. Or, Scalproie, lui, avait fait de l'attaque physique son domaine de prédilection et de plus, il était de type Ténèbres, type que Mortali craignait. Cela étant, Mortali était bien plus rapide que Scalproie et ce dernier pouvait avoir toute la puissance d'attaque qu'il voulait ; ça ne servirait à rien si il n'arrivait pas à toucher Mortali. Et enfin, Scalproie avait peut-être une bonne défense étant donné son type Acier, mais sa défense spéciale était loin d'être parfaite. Or Mortali n'avait que des attaques spéciales. Donc au final, c'était un peu au premier qui touchait l'autre. Zeff avait dû faire dans sa tête les mêmes déductions et releva finalement le défi.

- Très bien morveux. Et puisqu'on est que tous les deux, entre hommes, on va ajouter un petit truc pour pimenter ce combat.

Mercutio eut un demi-sourire. Il pensait savoir de quoi il s'agissait, vu qu'il avait eu la même idée.

- Je t'écoute.

- Le perdant laissera au gagnant le champ libre concernant cette chère princesse, si tu vois ce que je veux dire.

- Tu envisagerais donc de suivre la petite mission supplémentaire du général, comme quoi s'attacher à Solaris serait bénéfique à la Team Rocket.

- Un truc comme ça, ouais, si ce n'est que je m'en fous un peu de la Team sur ce coup là. Je fais ça pour moi seul.

- Fort bien, mais si Solaris préfère le perdant au gagnant ?

- Eh bien il en sera ainsi, dit Zeff en haussant les épaules. Je ne prends jamais les filles de force, contrairement au combat et à la victoire.

- Quel gentilhomme tu es... Allons-y !

Mercutio lança sa Pokeball, faisant apparaître Mortali dans un flash aveuglant. Le Pokemon ne s'étonna pas de son adversaire. Il avait été entraîné à combattre quelque soit l'ennemi, après tout. Un peu comme eux. Mercutio laissa Zeff débuter l'engagement. Quand le but était d'esquiver les attaques adverses en attendant une ouverture, attaquer en premier n'était pas conseillé. Mais Zeff surprit Mercutio en commençant par une attaque Reflet.

Mercutio n'avait pas prévu ça. Connaissant Zeff et son amour pour l'ultra-violence, il aurait imaginé que son Scalproie possédait toute une panoplie d'attaques physiques plus puissantes les unes que les autres, mais pas d'attaques de stratégie comme Reflet ! Voilà qui était embêtant. Scalproie avait fait apparaître cinq doublures en plus de lui. Si Mortali s'avisait d'en attaquer une seule et si ce n'était pas la bonne, le vrai Scalproie contre-attaquerait immédiatement et le match serait sans doute terminé. Comme Mercutio ne se décidait pas sur la marche à suivre, Zeff poussa à son avantage.

- Attaque Tranche-nuit !

Les six Scalproie, dans un même mouvement, firent scintiller leurs bras tranchants en noir, puis détalèrent vers Mortali à une vitesse stupéfiante. Scalproie n'était naturellement pas bien rapide, mais une fois l'attaque Tranche-nuit préparée, c'est à peine si on pouvait le distinguer quand il bougeait. Une des solutions d'esquive pour Mortali aurait été de lancer Lance-Flamme sur le sol, empêchant Scalproie, qui craignait le feu, de s'approcher jusqu'à lui. Le problème, c'était que bien que sec et aride, le sol possédait encore quelque verdure, et Mercutio n'avait pas vraiment envie de provoquer un incendie. Il opta donc plutôt pour la glace.

- Attaque Laser-Glace sur le sol !

Le laser glacé prit le sol autour de Mortali plus vite que Scalproie n'arrivait. Les six Scalproie se lançaient vers lui tous sur un angle différent. Un seul était le vrai et grâce au sol gelé, Mortali parvint à entendre le bruit de ses pieds métalliques sur la glace. Seul le vrai pouvait faire du bruit en courant. Mortali sut donc de quel coté il arrivait et n'eut pas grand mal à esquiver. Mais dès que Mercutio s'apprêta à répliquer, il entendit un bruit de chute suivi par une exclamation de surprise et de douleur. Il se retourna pour voir avec surprise et horreur Solaris qui venait de perdre l'équilibre sous l'effet du sol gelé et tomber par terre. Mercutio fit signe à Zeff d'arrêter le combat, puis étant le plus près de Solaris ( un coup de chance pour lui ) il se précipita.

- Aïe aïe aïe, maugréa la princesse.

- Vous... est-ce que tu vas bien ? s'inquiéta Mercutio en l'aidant à se relever. Je suis désolé, je ne pensais pas que tu viendrais en plein milieu d'un combat.

- C'est sa faute, s'exclama Zeff en montrant Mercutio du doigt. C'est lui qui a fait apparaître toute cette glace !

Mercutio lui lança un regard assassin.

- Non non, c'est la mienne, s'excusa Solaris. Je m'étais trop approchée et quand la glace est apparue, j'ai été surprise. Ce n'est pas grave, je n'ai rien. Juste les fesses un peu endolories. Il ne fallait pas arrêter votre combat pour ça.

Mercutio s'inquiéta de savoir quand Solaris était arrivée pour les regarder. Zeff devait s'inquiéter de la même chose. Et si elle était là depuis le début et qu'elle avait entendu leur... pari ? Solaris ne fit aucune remarque, mais se dépêcha de quitter le sol gelé, comme si le touché de la glace lui était insupportable.

- Vous aviez l'air très doué, poursuivit-elle. J'étais curieuse ; je n'ai jamais l'occasion d'observer des combats Pokemon.

- Vraiment ? Pourquoi cela ? demanda Mercutio.

- Eh bien, il n'y a aucun dresseur de Pokemon dans l'Empire de Vriff. Nous ne les faisons pas combattre, nous les élevons.

Mercutio savait qu'il n'aurait pas pu vivre dans un pays sans aucun dresseur Pokemon, ce qui le refroidit un peu dans son doux rêve un peu fou de faire la cour à Solaris pour l'épouser.

- Vous n'êtes que des éleveurs ?

- Nous les chassons encore un peu, mais il y en a plus beaucoup, hélas...

Mercutio et Zeff froncèrent les sourcils d'incompréhension.

- Euh... les chasser ?

Mais Solaris s'était approché pour observer Mortali et Scalproie de plus près.

- Ah, un Pokemon Spectre et un autre Acier ? Dommage... Ils font parties des types que je n'aime pas beaucoup.

- Et pourquoi ça ? s'étonna Mercutio.

- Eh bien, parce que c'est des types de Pokemon qu'on ne peut pas manger, fit la princesse, comme si c'était l'évidence même.

Mercutio échangea un regard avec Zeff, qui paraissait tout aussi stupéfait.

- Pardon ?! Manger les... Mais qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Solaris le regarda comme si il était devenu fou.

- Eh ben oui. On ne peut pas manger de Pokemon spectres, vu qu'ils sont immatériels. Et manger de l'acier, c'est pas terrible, même bien cuisiné.

Mercutio se demanda si elle se fichait d'eux, mais elle semblait être sérieuse. Il comprit avec un frisson dans le dos de quoi elle voulait parler quand elle disait que son peuple élevait et chassait les Pokemon. Mercutio prit sa respiration, et choisit les mots qu'il fallait.

- Excuse-nous, Solaris, mais sans vouloir vous offenser, toi et ton peuple... euh... nous, nous ne mangeons pas les Pokemon.

- Vraiment ? s'étonna Solaris. Mais hier soir, vous avez bien mangé les Hoothoot.

- C'est différent. Je pensais que c'était exceptionnel car on avait rien d'autre ! Je... tu veux dire que vous mangez souvent des Pokemon ?

- Nous ne mangeons que des Pokemon, leur apprit la princesse. Et de toute sorte. Enfin, nous ne mangeons pas les Spectres et les Aciers, comme j'ai dit. Les roches non plus, évidement. Et nous évitons certains Pokemon Poisons qui pourraient être dangereux pour la santé.

Mercutio déglutit, tout en réprimant son envie de vomir.

- Ça a l'air de te choquer... murmura Solaris comme si elle venait de dire une obscénité.

- Eh bien... un peu oui, avoua Mercutio.

- Les Pokemon sont des animaux pourtant.

- Désolé, mais non. Les Pokemon ont une conscience. Ils sont intelligents. Ils ne valent pas moins que nous. Nous les humains, nous avons même été crée par un Pokemon. Arceus, le Créateur.

- Et ils sont sacrément utiles, pour nous humains, ajouta Zeff. Les utiliser, oui, mais les manger... c'est du gâchis. Pourquoi vous ne mangez pas de simples animaux. Il doit bien y en avoir aussi chez vous ?

- Bien sûr, mais c'est dans nos traditions de ne manger que du Pokemon. C'est aussi dans notre religion. Notre dieu Asmoth nous a fait savoir qu'en les mangeant, nous acquérons leur force et leur vitalité.

Mercutio trouvait cela plus que stupide, mais son père lui avait toujours appris à respecter les opinions et les religions des autres, même si on ne les approuvait pas. Il ne dit rien et se contenta de hausser les épaules. Non, décidément, ça ne lui disait plus rien de vivre dans cet empire. Même pour les beaux yeux de Solaris, il n'allait pas changer son régime alimentaire. Il songea aussi à cette histoire de Pokemon Légendaire attrapé qui provoqua la guerre entre Vriffiens et Dutteliens. Si les Vriffiens avaient carrément mangé le Pokemon Légendaire, il comprenait que les Dutelliens l'aient plutôt mal pris...

- Nous ne fonctionnons pas comme vous, conclut Solaris. Mais nous n'allons pas cesser de devenir amis pour ça, hein ?

- Euh... non non, bien sûr que non, bredouilla Mercutio face au regard larmoyant de la princesse.

- J'en suis heureuse, sourit Solaris. Et ne vous inquiétez pas. Je mange des Pokemon, mais je ne toucherai jamais aux vôtres, ni à aucun qui appartienne à quelqu'un.

Encore heureux, songea Mercutio.