La rencontre
Chapitre 3 - La rencontre
« C'est lourd, se plaignait un des porteurs. Qu'est-ce qu'ils ont bien pu mettre là-dedans ?
Le pauvre était chargé d'amener la caisse où Naïla s'était cachée dans la cuisine. C'était son travail mais il n'avait jamais du porter une caisse aussi lourde de toute sa carrière. Un instant, il fut tenté de regarder dedans et il demanda à ses compagnons :
« Eh les gars, on regarde ce qu'ils ont fourré dans ces caisses ?
« Idiot, regarde c'est marqué noir sur blanc : Nourriture, lui répondit un autre. A moins que tu ne saches pas la signification de ce mot ? Questionna-t-il railleur.
Le porteur infortuné baissa la tête, honteux et poursuivit son travail. Il grimpa lentement en haut du ponton qui avait été installé et entra dans une grande cuisine où un espace de stockage avait été spécialement aménagé. Il y entra et déposa sa caisse, non pas sans peine. Ah, ce qu'il avait mal au dos. Ah, ce qu'il avait hâte de terminer ce travail ennuyeux et fatiguant pour aller retrouver sa pauvre mère qui était malade. Le porteur ressortit et continua sa tâche fastidieuse. A minuit environ, lorsque toutes les caisses furent rentrée, un homme sortit du paquebot et distribua les enveloppes qui contenait la paie et l'heure de rendez-vous pour la prochaine séance de transport de caisse. Le porteur qui avait transporté Naïla s'esquiva rapidement car les batailles pour avoir un peu plus de sous étaient courantes. Il arriva rapidement au chevet de sa mère.
Naïla se réveilla en sursaut en s'apercevant qu'elle était ballotée dans tout les sens. Elle vit Kio qui tendait l'oreille et elle fit pareil. La jeune fille réussi à saisir quelques mots.
« Jupiter ... demandé ... chambre ... fils. »
Elle se demandait bien ce que cela pouvait signifier mais à la voix de la personne qui avait prononcé ces mots, ça ressemblait beaucoup à un ordre. La caisse ou elle se trouvait fut posée par terre et l'on donna un coup de pied dedans. Bientôt les voix s'éloignèrent mais Naïla n'osa pas sortir pour autant. Elle tenta quand même de jeter un coup d'oeuil en soulevant le haut de la caisse. Un papier tomba et Naïla put voir ou elle se trouvait. Elle était dans une grande chambre avec un ordinateur, un lit, et une salle de bain brillante. Des bruits d'eau sortait de la douche, et une silhouette était visible derrière le rideau. Ce devait être un bateau de croisière et dans cette chambre devait loger un riche pensionnaire. Elle prit la lettre qui était tombée à terre et lut :
« Pour toi Neil,
Je t'ai envoyé une caisse d'ananas car c'est saint et que tu dois bien grandir, pour pouvoir plus tard, bien servir le boss. J'ai joint la vidéo que tu pourras visionner sur ton ordinateur. Je ne reviendrai pas tout de suite, j'ai encore des choses à faire et le bateau part demain matin.
A bientôt, Jupiter. »
Naïla se demandait ce que ça pouvait bien signifier. Elle avait comprit qu'un père donnait des ananas à quelqu'un qui semblait être son fils. Il avait aussi rapporté une vidéo. Il avait également dit qu'il ne reviendrai pas dans l'immédiat. L'idée de Naïla qui croyait être sur un bateau de croisière sombra aussitôt. Elle ne savait pas sur quoi elle s'était embarqué et elle allait partir demain matin. Mais cela semblait mieux que de rester dans une grotte à geler. D'ailleurs Naïla avait trop chaud pour la première fois de sa vie. Elle qui n'avait connu que la morsure du froid, cela lui faisait très bizarre. Beaucoup trop bizarre. Pourtant, ça n'était pas désagréable. Soudain, le bruit qu'émettait la douche cessa et une jambe poilue apparut. La jeune fille eut l'air surprise puis elle détourna les yeux, consciente de ce qui allait suivre. Des bruits sourds émanaient de la salle de bains et quand Naïla osa enfin regarder, elle distingua nettement une silhouette masculine. Malheureusement, le visage était masqué par la porte légèrement fermée. Elle regretta de devoir cohabiter avec un homme, et qui plus est un homme qui ne semblait pas commode. Elle hésita longuement avant de se décider à sortir de la caisse. Elle ne voulait aucunement qu'il la voie en train de l'épier, et elle devait se trouver des habits. Enfin, des habits, elle en avaient, mais il lui fallait des habits respectables. Si quiconque la croisait en robe de feuillage, elle serait expulsée du bateau sans ménagement. Et le prénommé Neil allait sûrement vouloir déguster un ananas. Il ouvrirait donc la caisse, et la verrait dans une position pas très honorable. Et s'il trouvait son farfuret ? Elle en mourrait de chagrin. Naïla prit son courage à deux mains, souleva le couvercle et sortit un pied. Elle vérifia que Neil ne voyait rien et elle sauta furtivement hors de la caisse. Naïla repéra une armoire qui semblait assez grande pour l'accueillir puis elle tira Kio, toujours endormi, par le bras pour l'amener à elle. Elle ouvrit discrètement la porte, en essayant de faire le moins de bruit, puis un sourire béat s'afficha sur son visage. L'armoire était remplie de photo d'une femme magnifique. Elle avait les cheveux bruns et de jolies lèvres fines. Parfois, un petit garçon souriant apparaissait également sur la photo. Sur une des images, une grande femme aux yeux bleus étaient bras dessus bras dessous avec la femme aux cheveux bruns, et elles souriaient comme si c'était le plus bel instant de leur vie. Naïla fut touchée. Elle se glissa dans l'armoire avec précaution pour ne rien endommager et elle prit Kio sur ses genoux, puis elle ferma doucement la porte de l'armoire. Elle se cala dans un coin puis elle regarda longuement Kio dormir dans ses bras.
Neil, quand à lui, prenait son temps dans sa salle de bain. Il s'aspergeait de déodorant, se brossait les dents plusieurs fois, admirait ses abdominaux... Son père lui disait souvent qu'il valait mieux être beau et Neil suivait son conseil à la lettre. Il n'entendit rien lorsque Naïla se glissa dans son armoire. Même s'il était minuit, il continuait à batifoler devant son miroir. Drôle de manie. Une demi heure plus tard, environ, il ressortit et s'installa dans son lit. Il ne vit pas l'oeuil inquisiteur de Naïla le scruter, guettant le moment propice pour sortir de la chambre. Le jeune homme ne tarda pas à s'endormir et quand Naïla fut sûr qu'elle ne le réveillerait pas, elle sortit discrètement de l'armoire. Kio s'était réveillé et marchait à pas de loup derrière elle. Lorsqu'il s'apprêtèrent à passer le pas de la porte, Naïla buta contre un objet froid en faisant un grand bruit qui réveilla Neil en sursaut.
« Un intrus dans ma chambre, un intrus dans ma chambre, beugla-t-il.
Naïla lui sauta dessus et mit sa main sur sa bouche pour l'empêcher d'ameuter tout le bateau.
« Je vais tout expliquer, chuchota-t-elle. Ne me renvoie pas à l'enfer, je t'en supplie.
Les yeux de Neil s'étaient légèrement habitué à l'obscurité et il était émerveillé par la beauté de Naïla. Il hocha la tête. La fille se leva et alla fermer la porte. Elle ordonna à Kio de rester dans l'ombre. Enfin, elle retourna auprès de Neil et s'assit à ses côtés sur le lit. Il la regardait d'un air soumis.
« Je m'appelle Naïla, dit la jeune fille. Je me suis embarquée sur ce bateau car je mourrais de froid chez moi. J'habitais dans une grotte. Je n'ai plus de parent.
Et sur ces mots Naïla se mit à pleurer silencieusement en se rendant compte de la portée de son acte. Elle s'était embarquée sur un bateau qui lui semblait hostile, ne sachant même pas la destination finale. Elle se jura que si elle restait en bonne santé et vivait heureuse elle vénérerait Arceus pour toujours. Neil sembla aussi se rendre compte que malgré sa beauté, Naïla n'avait rien à faire dans sa chambre. Et encore moins sur ce bateau. Un bruit de cheminée se fit entendre et le bateau commença à tanguer doucement. Les deux adolescents restèrent muets quelques minutes puis Naïla sentit son ventre remuer. Son visage prit une jolie teinte verdâtre et Neil jugea plus prudent de la guider à la salle de bain. Il savait que la naupathie causait des dégâts irréparables lorsqu'elle sortait. En plus les femmes de ménage n'étaient pas en service à cette heure là. Il ouvrit la cuvette de ses toilettes personnelles et sortit de la pièce. Naïla toussa, cracha puis elle finit par réussir à évacuer ce qu'elle devait. Une fois ceci fait, elle se sentit un peu mieux mais son ventre la tiraillait toujours. Mais cette fois, la raison était différente ; Naïla avait simplement faim. Quand à Neil, il se demandait ce qu'il devait faire. Il était sous le charme de Naïla, oui, mais il savait ce qu'en général les intrus venaient faire chez lui. L'espionner, le kidnapper pour une rançon, essayer d'assassiner le boss ... la liste était longue, très longue. Mais Naïla n'avait pas l'air d'une de ces nombreuses personnes qui en voulaient à son père ou au boss. Et il la croyait quand elle lui disait qu'elle n'avait pas de parent, ni de foyer. Il ressentait même une pointe de tristesse. Il décida de la cacher encore cette nuit et de discuter avec elle pour essayer de déterminer ses véritables intentions. Si au matin, elle avait toujours l'air inoffensive, il lui demanderai d'intégrer l'équipage. Naïla revint bientôt s'asseoir à ses côtés. Il prit la parole :
« Est-ce que ça va ?
Elle hocha la tête en jetant des regards furtifs vers l'endroit où était dissimulé Kio. Neil trouva ça bizarre mais il passa outre.
« S'il te plaît, Naïla, raconte moi pourquoi tu es là ?
Elle lui expliqua ses hivers, l'attitude des gens de Frimapic, la faim et le froid qu'elle ressentait en se réveillant. Neil buvait ses paroles mais ne comprenait pas un traiter mot de ce qu'elle disait. Il finit par s'endormir et Naïla se glissa dans l'armoire, en prenant Kio sur ses genoux. Alors que Naïla tentait d'entrer elle aussi aux pays des songes, Neil qui y était déjà rêvait d'elle ou plutôt d'eux. Enlacé au bord d'un lac, ils s'éloignaient main dans la main mais tout à coup, Jupiter surgissait, prenait Naïla et l'emmenait chez le boss qui sortait ses affaires de chirurgien pour dépecer la jolie peau douce de la jeune fille. Neil se réveilla en sursaut. Il se frotta les yeux et regarda attentivement dans sa chambre. Il ne vit pas Naïla et pensa avoir rêvé. Cela aurait été incroyable qu'une jeune fille apparaisse dans sa chambre, pourquoi avait-il cru une chose pareille ? Il se tourna et replongea dans ses couvertures.