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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 18/06/2011 à 06:45
» Dernière mise à jour le 16/07/2011 à 00:57

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Anathème.
(Dernière partie.)



Sinnoh. Route 214, Est, Sud-est. Orée de la forêt Moussière.

Mercredi 26 Mai, 22 heures 24 minutes.



Depuis la mobilisation de la huitaine de voitures envoyées appréhender le suspect sur la ligne de tram de l'avenue Lampion, le niveau d'alerte des forces de police de la ville passa du niveau 2 au niveau 3 quand ces dernières furent littéralement retournées par le suspect qu'elles poursuivaient ; le classant par la même dans la catégorie «criminel extrêmement dangereux» qui les autorisait à faire usage plein et entier de leurs armes à feu autant que des capacités d'attaque de leurs pokémons. Les hélicoptères furent aussi mobilisés pour participer à la traque depuis le ciel, et un trio d'entre eux se dirigeaient vers la dernière position connue des deux seules voitures rescapée du carambolage s'étant lancées à la poursuite du criminel dans le secteur industriel de la ville ; avant qu'elles ne cessent d'émettre à leur tour en leur faisant perdre définitivement la trace de ce dernier. Malgré cela, d'avantage de renforts venant des quatre coins de la ville faisaient tout leur possible pour converger rapidement sur les lieux de sa dernière position connue en cherchant à boucler le secteur de la tenaille la plus large possible : tout appareil de police, fut-il volant ou terrestre, en voiture, à pied ou en pokémon devait chercher à occuper les positions reconnues comme failles par laquelle le criminel pouvait s'échapper de la ville.

Puisqu'emprunter les égouts permettaient de sortir virtuellement à n'importe quel endroit dans la ville, et que la possibilité d'utilisation d'un pokémon connaissant une capacité permettant l'exfiltration rapidement ne pouvait être écarté, les satellites de surveillance balayaient la ville à la recherche du moindre signe d'activité sismique ou psychique anormal, tandis que la majorité des effectifs présents fut scindée pour être redirigée en direction de l'entrée du Canal Azuroc et de la lisière de la forêt Moussière à la limite de la ville ; un endroit très peu, pour ne pas dire inconnu des forces de l'ordre tant l'endroit reculé ne suscitait jamais l'intérêt ou même l'attention du moindre d'entre eux. Jusqu'à cette nuit. Lorsque la demi-douzaine d'officiers les plus proches présent arrivèrent sur les lieux pour découvrir le complexe chimique à la place d'un réputé terrain vague, le rapport de la présence de ce bâtiment obtint l'attention du directeur en personne qui fit immédiatement rediriger toutes leurs forces, ainsi que leurs hélicoptères vers l'improbable complexe.

Au même moment venait alors résonner à leurs oreilles le vacarme métallique d'un fracas épouvantable venir de la direction de l'usine – un vacarme tellement bruyant et aux intonations si destructrices qu'ils entreprirent de se diriger dans l'instant sur les lieux en défonçant le portail d'entrée bloquant l'accès. Des six voitures il fut conclut que seulement deux devaient rester à l'entrée pour toujours être en mesure de contrôler l'accès au bâtiment, tandis que les quatre autres contournaient pour se diriger vers l'arrière, de là où devait indubitablement venir le bruit.

Bruit qui devint le pâle reflet d'un souvenir lorsque dans une détonation encore plus fracassante, une explosion d'une ampleur à rivaliser avec celle de l'ambassade prit l'usine dans une déflagration ravageuse ; une boule de feu semblable à un soleil miniature dévorant le toit de son éclat ravageur pour briller tel quel à illuminer la nuit d'une clarté semblable au jour l'espace d'un instant.

Heureusement à l'abri dans leurs véhicules, et devant s'estimer heureux qu'aucun d'entre eux ne fut toucher par des débris de l'usine suffisamment gros pour être considérés comme dangereux, ils activèrent à nouveau leurs sirènes pour clairement s'annoncer à cerner et prendre le contrôle des lieux en reprenant leur avancée vers l'arrière du complexe. Et de voir encore loin d'eux, sous leurs yeux interdits, une silhouette proche correspondante à celle du suspect qu'ils traquaient se rapprocher d'une vitesse stupéfiante vers le mur de béton séparant le complexe de la forêt, et que ce dernier n'explose à son tour d'une énième mais infime détonation par rapport à celle des autres, qui ouvrit un passage droit devant sur la lancée de la sombre silhouette ; aux reflets d'argent sous la lumière du brasier derrière eux.

Sans attendre d'avantage à le voir s'échapper sous leurs yeux en direction de la forêt, les quatre voitures se lancèrent immédiatement à sa poursuite en se servant de leurs véhicules tel des béliers pour pulvériser les restes de pans de murs fragilisés par la précédente détonation, mais durent s'arrêter à l'approche du terrain impraticable pour leurs voitures pour continuer en progressant à pied. Leurs compagnons à quatre pattes, de griffes et de crocs eux aussi de la partie alors que le signalement du suspect parvenait enfin à rallier le reste des alliés présent dans la ville, même en dehors, et que tous se ruent sans l'ombre d'une hésitation droit sur eux pour s'engager dans la chasse.

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Malédiction, mauvais karma, ou simple malchance ; tous des termes empiriques communs utilisés pour chercher à décrire une chaine d'altercations désavantageuses ne répondant à aucune logique et aucun contrôle dans la vie d'un être, résultant comme problèmes aggravants d'avantage une situation déjà rendue compliquée à la base. En somme, une explication facile et défaitiste servant généralement plus d'excuse que de réelle justification utilisée par tout le monde de partout pour se défaire de toute responsabilité in fortuite liée à ce genre de chaine malheureuse. Mais pour tout ce qui lui arriva à la suite, et continuer d'arriver en continu : serait-il juste de considérer cette simple justification comme excuse, ou d'admettre qu'elle subissait là la cascade de mauvaises coïncidence la plus hargneuse et inique de toute son histoire ? Une organisation clandestine sur ses traces, une championne d'arène ninja, des agents infiltrés d'une autre organisation clandestine parmi les forces de police qui la coince dans un complexe dont elle n'avait pas la moindre idée de son existence et qui se trouve à l'emplacement exact établit pour être sa porte de sortie. Rien que là cela relevait du taux de probabilité confinant à la malchance pure. Mais de surcroit, par ces mêmes sbires de police, les vrais traits de son identité avaient été mis à jour des suites d'une nouvelle réaction en chaine – dans la réaction en chaine –, de la même manière qu'ils attirèrent alors à elle toute l'attention de ses poursuivants en faisant exploser «par mégarde» la partie du complexe inconnu dans lequel elle s'était trouvée piégée… Et, malgré tout ça, tant bien que mal elle réussit encore à s'en sortir, à passer outre tous ces problèmes qu'elle rencontrait à la suite en les surpassant avec une vitesse d'adaptation inégalable.

C'est alors qu'elle réchappait de justesse d'être touchée par les flammes qu'elle fut touchée par la balle de l'arme responsable de ces mêmes flammes… Et que ses poursuivants des forces de l'ordre ne la retrouve au moment où elle parvenait finalement à atteindre les bois de la forêt.

Ces derniers la traçant inexorablement par le sang qu'elle perdait derrière elle.

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Elle courait. Malgré la fatigue musculaire incontournable dont son corps lui relayait par signal nerveux à lui crier qu'elle lui fallait du repos, renforcé en cela par la blessure qui la vidait littéralement de ses forces, elle continuait de courir. Négociant avec adresse et rapidité au travers des terrains irréguliers de roche et de bois de la forêt Moussière ; à n'avoir qu'en tête de semer ses poursuivants plus que tout autre considération. Mais à ce rythme, tant bien qu'elle avait pu récupérer l'instant où elle fut bloquée par les quatre faux flics, cela se révélait trop insuffisant et elle ne tarderait pas à tomber devant eux – bien décidés de leur part à ne plus lui accorder un seul instant de répit.

Comment en était-elle arrivée là, au point qu'elle attire l'attention et fasse déployer malgré elle toutes les forces de police sur sa personne, qui mettait de surcroit toutes leurs ressources et énergies en œuvre pour se lancer impitoyablement à sa poursuite, alors qu'elle avait tout fait pour que cela ne soit pas le cas – à l'opposé même ? Elle ne le savait pas, ne pouvait pas le savoir. Mais savait que cela pouvait arriver. Aussi préparée qu'elle pouvait l'être, autant de manœuvres et de réaction qu'elle pouvait anticiper, de plans et de stratégies qu'elle pouvait planifier des jours, des semaines, voire des mois à l'avance : il y'aurait toujours cette infime partie de l'équation, l'inconnue, qui pouvait réduire à néant en l'espace d'un seul instant les efforts de toute une vie. Cette partie de l'algorithme appelé «existence» de laquelle ne découlait aucune forme de logique ou d'illogique en échappant à toute tentative de classification de part l'imprévisible qu'il représentait dans sa forme la plus essentielle. En ce sens, aussi talentueuse et redoutable qu'elle pouvait paraitre aux yeux de ses semblables, elle restait humaine ; avec ses limites imposées par rapport à la réalité. Et cette nuit, ses limites étaient atteintes…

Elle avait fait preuve d'intelligence, d'initiative, de ruse, de manipulation, d'esprit tactique, d'anticipation calculée, d'adaptation systématique en fonction de situation imprévu… Elle été plus loin que n'importe quel autre être humain sur terre, et – par simple constat – dépassait de très loin n'importe lequel de ses poursuivants dans autant de domaine qu'il était possible d'énoncer les principaux venant à l'esprit. Et pourtant, bien qu'elle avait menée à bien «sa» mission pour sa propre survie – n'ayant pas le choix de la mener à bien - il semblait qu'il devait qu'elle faillisse à sa tâche à subir toutes les mauvaises variantes possibles qui allaient la mener à l'échafaud.

Cela ne servait à rien de tergiverser là-dessus. Les faits se présentaient à elle dans leur forme la plus crue, elle les prenait tels qu'ils étaient sans n'en attendre rien de plus. Ses chances de survies s'amenuisaient au fur et à mesure que la distance la séparant de ses poursuivants s'écourtait, de même qu'elle pouvait rencontrer par hasard des pokémons sauvages dont elle était assurée qu'il se montrerait belliqueux à sa simple vue en pleine nuit, mais elle n'avait pas le choix à continuer de courir dans les bois. C'était sa seule chance de survie…

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La blessure représentant le plus gros problème, à lui faire perdre autant de force qu'à laisser sa trace pour ses traqueurs, elle arracha la manche du bras touché jusqu'à l'épaule - découvrant ainsi la blessure ouverte saignant abondamment. Sans s'arrêter de courir (représentant un trop gros risque - même qu'un instant), elle la plaça dans sa bouche à tenir le bout de tissu déchiré entre ses dents pour se saisir à la suite l'une de ses boucles d'oreille contenant un puissant cocktail d'antibiotique et d'antiviraux à large spectre prévu à l'avance, et se piquer avec par la pointe pour déverser intégralement son contenu d'une simple pression en plein dans la plaie ouverte. Puis elle reprit sa manche noire couverte en partie de sang pour bander la plaie en effectuant le nœud le plus serré possible.

L'hémorragie était contenue… Pour un temps seulement. Car non comptant d'avoir réussit un tir aussi improbable que de gagner dix fois de suite à la loterie, la balle s'était figée dans son épaule sans ressortir de l'autre côté. Ce qui rendait son garrot aussi temporaire et sa cicatrisation impossible qu'elle ne pouvait plus se servir de son bras gauche à plein potentiel jusqu'à ce qu'elle s'échappe et fasse en sorte de se faire oublier, afin de trouver le moyen de retirer la balle une fois plus relativement sécurité.

Ce qui n'était pas prêt d'arriver. A peine le nœud de son bandage improvisé avait-il été terminé qu'elle perçut de multiples aboiements derrière elle se rapprochant de plus en plus. Elle tourna la tête, et vit au travers des fins rayons de lumières traversant l'obscurité par les feuillages les silhouettes d'une demi-douzaine de pokémon aux allures félines se dessiner par contraste avec l'environnement nocturne. L'instant suivant ces formes agressives étaient suffisamment proche pour qu'en tournant la tête elle puisse voir leurs yeux hostiles luire dans les ombres d'une volonté prédatrice quand à l'intention de la rattraper ; leurs griffes et leurs crocs brillant aux travers des ténèbres d'un éclat menaçant.

Comprenant qu'il ne s'agissait que d'une question de seconde avant qu'elle ne subisse de plein fouet la fureur bestiale d'un déchainement élémentaire, elle porta sa main valide au fin espace de rangement de sa ceinture le plus au centre pour l'ouvrir et dévoiler son contenu : une fiole contenant un liquide aussi sirupeux et transparent que celui qui la recouvrait, mais aux effets odorant diamétralement opposés. Et s'en saisit pour la jeter violemment par terre.

La fiole se brisa à sa rencontre avec le sol ; sans qu'aucun effet notable n'en soit relevé. Mais alors que la meute de chasse à sa poursuite passa dans l'instant à l'endroit où se trouvait les restes du petit flacon et de son faible contenu répandu au sol, une odeur méphistophélique à préférer embrasser à pleine bouche le cadavre d'un Coudlangue en décomposition agressa leur odorat d'un tel impact qu'ils se stoppèrent sur le champ – et oublièrent même la traque – au profit du besoin inévitable de vider en intégralité le contenu de leur estomac. Permettant à leur proie de continuer à s'enfuir en les mettant par la même hors course.

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Quelques instants plus tard, à plusieurs dizaines de mètres en arrière, les quelques policiers parmi les premiers lancés dans la poursuite dans les bois finirent par retrouver leurs partenaires à poil en écoutant les bruits de leurs jappements répétés ; avec un haut le cœur brutal à subir le même traitement olfactif qu'eux, qui les força à s'écarter par automatisme pour ne pas renvoyer à leur tour leur déjeuner.


«Putain, mais c'est infernal !» S'étouffait l'un d'eux d'une voix nasillarde en se pinçant le nez de toutes ses forces.

Il saisit sa montre, prit d'une forte toux qu'il cherchait à contenir autant qu'il pouvait en activant les communications pour être le plus compréhensible possible.

«Contrôle : nous avons perdu sa trace ; une espèce d'odeur pestilentielle sature la zone et rend l'odora de nos pokémon complètement inutile.»

«Peuvent-ils toujours se servir de leurs capacités et participer à la poursuite ?» Leur fut-il demandé platement.

«Oui. Mais dans une forêt aussi dense en pleine nuit et sans aucun repère visuel concret, il nous est impossible de reconnaitre le secteur.»

«Les unités déployées depuis l'incident du canal sont déjà en place aux positions topographiques dans la forêt proche de la ville considérées comme incontournables, et le soutien aérien converge vers vous dans l'instant.» Fut-il rendu platement.


Comme pour confirmer ces dires, un son d'air violemment brassé leur parvint depuis le ciel de plus en plus fort. Ils relevèrent leurs têtes par réflexe, et virent les silhouettes d'une dizaine de pokémons volants obscurcies par la pleine Lune les éclairant en contraste derrière eux, et de trois hélicoptères plus loins ; à leur tête se trouvant celle somme toute commune d'un Etouraptor, et l'autre plus originale d'un Tropius.

En réponse automatique à leur arrivée, leurs montres comme celles de tous leurs alliés reçurent un signal d'appel sur toutes les fréquences.


«Début de l'opération «Nuit D'Automne».»

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Profitant du faible répit qui lui était donné pour se reposer autant qu'à analyser la situation et y dénicher les opportunités qui s'offraient à elle, elle s'était arrêtée un instant à proximité d'un arbre poussant sur une petite colline rocheuse possédant l'avantage de la dissimuler au premier regard, de la même façon qu'inversement elle pouvait voir à plusieurs dizaines de mètres à la ronde et prévenir de la progression de ses poursuivant - autant sur terre que dans le ciel malgré l'obscurité.

Après un bref mais intense balayage de la zone du regard, de l'ouïe et du toucher, à anticiper la venue de ses poursuiveurs sous toutes les coutures sans rien trouver, elle s'autorisa à se poser le dos à la souche recouverte de mousse afin de récupérer un peu. Puis fit afficher le plan de la carte sur l'écran de son pokématos tout en faisant l'inventaire de son arsenal : trois grenades flashbangs, trois fumigènes, deux «ombre», trois «sonar», deux IEM et ses dagues (dont elle en rangeait une à sa ceinture du fait que son rangement dissimulé dans sa manche n'était plus). Tout ce qui lui restait et ce qui composait les éléments principaux qui restaient à sa disposition ; sans compter ses concoctions unique de baie – dont elle venait d'utiliser le seul exemplaire d'essence de Durin fermenté en sa possession – et ses autres accessoires personnels… Autrement dit, la moindre d'entre elle représentait un atout aussi vital qu'elles devaient être utilisées avec la plus grande parcimonie.

L'inventaire étant rapidement passé en revu, son attention se reporta sur la carte qui détaillait sa position actuelle par rapport à celle théorique du point d'extraction où elle devait se rendre initialement : complètement à l'opposé du petit port de la crique litorrent, situé tout au bout à l'extrême Est de Voilaroc ; là où elle avait prévu de se rendre pour prendre une petite navette faisant la liaison vers Rivamar avant de rallier dans la suite Unionpolis, puis le train Lance pour refaire tout le trajet jusqu'à Floraville en brouillant complètement les pistes. Désormais elle se trouvait à des lieux de ce dernier, à évoluer dans les vastes étendues denses et mal explorées de la forêt Moussière. Et dont la légende fantaisiste concernant cette dernière arguait qu'elle changeait complètement de topographie chaque année ; au point que tous ceux qui s'y aventuraient trop profondément ne se retrouvent perdu et piégés dans un autre monde. A errer en ces lieux inconnus et maudits jusqu'à la fin des temps. Légende ou pas, elle n'y accordait aucune attention dans la mesure où la mort, elle, n'était pas une légende, mais un sort certain qui attendait tout être vivant – la sienne assurément plus proche que celle des autres à cet instant.

Seulement, bien que cette forêt lui apporte la possibilité de semer aisément ses poursuivants, elle devait reconnaitre qu'elle n'avait aucune réelle donnée concrète la concernant sur son pokématos : aucune réelle information certifiée sur la topographie de ses recoins les plus éloignés, sur sa flore ou la faune des espèces de pokémons qu'elle pouvait éventuellement être amenée à rencontrer. Pour ne pas dire aucune information tout court. Elle n'avait pas donc d'idée précise de savoir donc à quoi devoir s'attendre. La seule certitude qu'elle avait était qu'il s'agissait de l'une des plus grandes étendues de forêt de l'ile, et que cette même lacune d'information aller immanquablement se répercuter sur ses poursuivants à entraver leur capacité à pouvoir maintenir la chasse. Ce qui, au final, était tout ce dont elle avait besoin de savoir pour choisir de continuer dans cette voie.

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Elle sortit de ses réflexions quand soudain, à la limite de sa portée auditive, elle perçut ce qu'elle reconnut immédiatement comme le bruit des palmes d'hélicoptères brassant l'air se rapprochant. Elle se mit à prendre immédiatement appui sur les creux irréguliers de l'arbre la dissimulant pour l'escalader et arriver au sommet à l'image des Capumains l'ayant attaqués lors de sa dernière collecte (bien que nettement plus discrète par rapport à eux), et commença à épier le ciel depuis le couvert épais du feuillage.

Constat le plus évident : la situation venait de s'aggraver en atteignant un nouveau pilier de développement critique. Outre la présence des trois hélicoptères qui, s'ils n'avaient certainement pas la possibilité de la repérer au travers du dense feuillage de cette forêt (même s'il faisait jour et usaient leurs scans thermiques - auxquels elle avait la parade via ses vêtements masquant sa chaleur corporelle), pouvaient toujours servir comme scout à servir de balise et de relais pour diriger inlassablement les forces au sol ; elle relevait également la présence de plusieurs humains sur des pokémons volants – l'équivalent d'au moins quatre unités -, dont une partie conséquente descendait à terre pour renforcer les effectifs auxquels elle venait récemment de se subtiliser. Elle identifia aussi ceux se trouvant sur les dos des deux pokémons les plus «originaux» de la formation comme ne pouvant être que les deux dresseurs qu'elle avait aussi croisée dans le marais ; deux dresseurs du niveau de maitre qu'elle savait ne pas pouvoir affronter en l'état actuel des choses sans être assurée de se faire capturer.

Sachant que chaque instant d'inaction passé la mettait plus en danger, et ayant déjà acquise toutes les informations principales dont elle avait besoin concernant l'état de la situation, elle délaissa sa position surélevée de l'arbre pour redescendre au sol et reprendre furtivement sa route ; en dévalant soigneusement la petite colline assez raide sur laquelle elle se trouvait pour se mettre virtuellement hors de portée de leur angle de vision derrière.

C'est alors qu'elle arrivait au bas de cette dernière qu'elle entendit nouvellement l'écho multiple de plusieurs projectiles s'apparentant à des fusées éclairantes être tirées de partout autour d'elle, à des endroit plus ou moins distants de sa position. Elle releva les yeux au ciel étoilé pour voir les nombreuses petites silhouettes des artifices pyrotechnique voleter lancinement dans la nuit en éclairant la forêt d'une teinte ocrée, à lui donner les tons semblables à ceux de la saison d'Automne. Et aussitôt, elle se mit à courir à vive allure en reconnaissant le terme associé à la tactique d'encerclement de la police portant le même nom qu'elle avait glanée en mémoire ; à chercher à mettre le plus de distance possible entre elle et la fusée la plus proche. Mais trop tard. Dans un bruit de détonation d'air étouffé ressemblant vulgairement à une succession de «pop», les fusées en suspension «éclatèrent» comme des ballons d'air pour saturer largement les zones en dessous de leur position d'une pluie de petites boules aux reflets mates ; éclatant à leur tour dans un concert de bombes à eau qui répandirent leur contenu d'encre de Queulorior sous la forme d'une fine mais énorme brume verte partout dans la zone.

Bien que s'étant écartée aussi loin qu'elle le put en ayant réagit et s'étant déplacée aussi vite que ses jambes le lui permettaient, cela ne fut pas suffisant à la mettre hors de portée à temps et en respira quelques bouffées ; à peine tout ce qu'il fallait pour que sa situation, déjà critique, n'atteigne le stade de catastrophiquement précaire. A peine quelques instants après s'être mise à couvert en se terrant dans le buisson au feuillage le plus dense qui se trouvait à portée, les parties dénudées de sa peau commencèrent à lui d'une phosphorescence verte claire qui signalait sa position dans l'obscurité aussi surement que le derrière d'un Muciole durant la saison des amours. Et, comme si cela ne suffisait pas, la ligne relevée de fumée incurvée marquant la trace de la fusée tirée la plus proche d'elle lui indiquait qu'il se trouvait un groupe de policier situé juste en avant de sa position, à probablement à peine quelques dizaines de mètres. D'ici moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, à connaitre les tenant et aboutissements des tactiques employées par la police pour les avoir étudiées dans la salle Holographique de la SCS, elle savait qu'incessamment sous peu allait se profiler à l'horizon de sa vision des bois les multiples silhouettes de policiers et de pokémons composant le groupe chargé de mener la battue des suites du déploiement de brume pour la coincer, et mettre un terme final à la poursuite en la trouvant aisément telle l'intruse luminescente qu'elle était dans l'obscurité totale de la nuit sous les feuillages.

Perdu pour perdu : elle décida de retourner la situation à son avantage en transformant les points faibles qui l'accablaient en points forts. La brume s'étant dissipée aussi rapidement qu'elle était apparut (pour ne pas gêner bêtement la vision au désavantage de ceux l'ayant provoquée), mais à être sûrs que, vu sa zone d'effet dénuée d'angle mort à avoir tout recouvert là où elle s'était répandue, le criminel devait maintenant «briller de mille-feux» devant leurs yeux, ils ne pouvaient pas penser un seul instant qu'elle puisse se débarrasser de cette «teinture intruse» avant de très nombreuse heures. Hors, en plus de cette phosphorescence dérangeante, elle était toujours recouverte de la substance poisseuse de l'usine responsable du dévoilement de ses traits naturels ; une substance collante qui attrapait facilement la terre et les feuilles là où les parties de son corps touchées entrait en contact…

Ce qu'elle s'apprêtait à faire était extrêmement risqué, et le moindre faux pas signerait son arrêt de mort – qui était de toute manière le résultat qui l'attendait au moindre faux pas de la moindre action qu'elle tenterait dans tous les cas. Mais à réfléchir rapidement au problème en retournant la situation sous toutes les coutures des dizaines de fois, en préparant respectivement dans sa main gauche quelques grenades et une fiole d'un jaune brillant, et dans sa main droite ses deux dagues (toujours gantées), elle arrivait toujours à la même conclusion : elle n'avait pas le choix. L'équation était simple et inchangée depuis le début.

C'était eux, ou elle.


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Pendant ce temps, à plusieurs dizaines de mètres en arrière. Des deux dresseurs de la ligue soutenant les efforts des forces de police dans la forêt, il était possible d'entendre pester celui sur l'Etouraptor depuis le sol malgré le bruit des hélicoptères à portée ; les nerfs mis à vif par l'inaction rageuse que lui imposait la situation.


«Nom d'un Malosse, mais pourquoi on est obligé d'attendre ?!» S'exclamait-il rageusement. «Ce type est probablement en train de se barrer loin de nous, et on lui facilite la tâche à rien foutre d'autre que de balancer des fusées éclairantes dans le vide en espérant le trouver dans cette putain de forêt d'un coup de métronome magique ?!»

«Fait pas ton gamin, Barry, c'est sérieux là. C'est pas à un bête type comme les sbires des teams auquel on a à faire : foncer dans le tas à l'aveugle ne servira à rien d'autre qu'à nous mettre en danger.» Tentait l'autre dresseur à le raisonner.

«J'ai déjà foncé dans le tas en sachant à peine dans quelle situation merdique je me retrouvais, et j'ai toujours réussis à m'en sortir à chaque fois !» Rétorqua-t-il au tac-o-tac sur le coup de la frustration.

«Jamais face à un assassin professionnel capable de mettre à terre seul une championne d'arène experte combattante sans l'aide d'un seul pokémon. Alors évite de réfléchir en solo.» Lui répliqua-t-il sèchement.


Bien qu'il se refuse à l'admettre, Brice avait raison – et pourtant lui aussi avait les nerfs. C'était d'ailleurs la principale raison pour laquelle il ne se posait pas à terre pour faire sortir son Luxray et balayer les bois via sa Clairvoyance ; bien qu'en colère, pas suffisamment bête pour agir sans réfléchir à fatiguer son pokémon pour rien en cherchant à couvrir une telle superficie boisée qu'avec ses deux seuls yeux (ce qui était la partie réservée aux policiers et à leurs nouveaux renforts qui se posaient à terre pour prendre le relais de ceux déjà présent). Surtout en voyant l'absence d'autre passager sur le dos du Tropius, à laquelle il sentit un regain de frustration le gagner en réaction.

Il pensait qu'encore quelques dizaines de minutes plus tôt, ils parcouraient encore le ciel au dessus de Voilaroc à voler à toute allure en direction du lieu où se déroulait l'affrontement entre les deux sombres acrobates ; le Tropius les guidant en avant à suivre les indications précises données par la championne de la ville. Mais lorsqu'ils parvinrent à destination, la scène du carambolage et le choc de voir le corps étendu sur le sol de la championne poison – face contre terre - leur fit comprendre aigrement qu'ils étaient arrivés trop tard.

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«Jeannine !»


Elle n'attendu pas même que le pokémon se pose à se jeter de son dos encore en vol pour atterrir athlétiquement sur la terre ferme par ses propres moyens, et de se précipiter fiévreusement vers l'endroit où la championne gisait, immobile. Heureusement elle vit qu'elle était seulement assommée. Mais sa joie fut de courte durée à se rendre compte que son bras droit était cassé, et ses balls épars autour d'elle en même temps que les dresseurs finissaient de se poser pour la rejoindre.


«Pourquoi… Pourquoi je n'arrive jamais à me trouver là quand on a besoin de moi, dans ma propre ville…» Fustigeait-elle piètrement contre elle-même.


A ce moment là Brice pensa détendre l'atmosphère à la rassurer en lui disant qu'elle ne pouvait espérer être partout à la fois dans une aussi grande ville, mais il fut interrompu par Barry à lui faire comprendre silencieusement de n'en faire rien. Le QG principal de la team Galaxie depuis laquelle ils opérèrent se trouvait à l'époque dans sa ville, à une position de plus très visible, et elle n'avait rien fait à l'époque alors qu'elle était la plus à même d'agir contre eux. Cela lui pesait encore, même après toutes ces années ; avec la scène des voitures brisées et du corps de la championne inconsciente entre ses bras, il ne fallait pas être une lumière pour comprendre qu'elle venait à réaliser pour elle que rien n'avait changé.


«Appel à toutes les patrouilles : le suspect prit en chasse se dirige vers le secteur industriel. Ordre à toutes les unités disponibles à portée de se rediriger en direction de la périphérie Est de la ville.»


Rappelés à la réalité par leurs montres toujours synchros avec la fréquence de la police, Mélina l'ignora néanmoins pour prendre l'une des balls à sa ceinture et en faire sortir le compagnon bodybuildé de son équipe ; un puissant Mackogneur qui – reconnaissant le visage de la championne poison inanimée comme l'un de ses anciens adversaires de valeur – s'empressa dans l'instant de prendre le relais de sa dresseuse à la porter de ses quatre bras. Tandis que cette dernière se retournait à l'attention de deux dresseurs.


«Je me charge de faire amener Jeanine au centre de soin le plus proche, et de prendre en charge les dégâts du carambolage en attendant l'arrivée des secours.» Reprit-elle d'un ton qui ne se discutait pas. «Le secteur industriel se trouve à l'extrême Est de la ville, et sa bordure la relie directement à la forêt Moussière : si ce criminel arrive à l'atteindre sans personne derrière lui la partie est terminée pour nous. Alors foncez.»


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Il ne leur en fallut pas plus pour remonter prestement sur leurs montures, décoller et reprendre la course à toute vitesse en direction de la forêt indiquée par la championne ; à la laisser derrière sans n'avoir même cherché un instant à argumenter avec elle. Bien qu'à savoir que d'entre eux tous, c'était bel et bien celle qui s'en trouvait la plus touchée à devoir ainsi jouer le second rôle dans sa propre ville.

Puis les minutes qui suivirent furent marquées à nouveau du sceau des flammes à assister impuissants de loin à l'explosion formidable d'un autre bâtiment situé à proximité de la forêt, continuant ainsi l'orgie macabre frappant la ville des rocs d'une mélodie funeste de destruction comme impossible à arrêter. Ils furent néanmoins pris d'un bref regain de confiance à apprendre que dans sa fuite le criminel, à la réputation commençant à le décrire comme intouchable, était blessé et était obligé désormais de se terrer à la vue des toutes les personnes rassemblées pour le capturer. Mais ils faisaient preuve de ressources insoupçonnées à pas ne réagir férocement comme les animaux acculés et échapper encore et toujours à ses poursuivants. Sauf que cette fois il était bel et bien cerné et parfaitement à leur merci, comme le leur affirmait les flics au sujet des effets de la brume de Queuloriors répandue dans la forêt à rendre cet ennemi insaisissable aussi brillant qu'un gros ver luisant ; si effectivement il se trouvait bien prit dans l'aire d'effet lors de son déclenchement. Ce que Barry doutait fortement.


«Dès qu'une vraie fusée éclairante blanche est tirée, on se rue dessus.» Lui répéta-t-il les instructions données par les policiers.

«A condition qu'elle soit tirée…» Grommela-t-il sans intention de se montrer désagréable.


Brice ne releva pas, lui aussi fortement réservé par ce dernier point. Car c'était tout ce à quoi tenait leur plan d'action : une simple fusée tirée par de simples hommes à la poursuite d'un tueur à gage professionnel dans une forêt sombre en pleine nuit.


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A moins de deux centaines de mètres plus loin dans cette même forêt. Les quelques unités de polices en faction débutèrent leurs manœuvres conformément au plan établit en menant une large battue en demi-lune inversée, telle une énorme tenaille dont la pince irait se refermer autour du cou de sa proie de toutes les directions.

De ces unités (composées de peu de membre vu l'urgence avec laquelle ils furent un brin anarchiquement remobilisés en forêt), ceux composant celle du Sud-Est – aussi la plus nombreuse – était réputés parmi leurs pairs pour être parmi les meilleurs «chasseurs» de la brigade canine. Une réputation non-surfaite. Car, à appliquer les mêmes méthodes de chasse que ces pokémons en combinaison avec l'inventivité humaine, il est avéré que dans toute l'histoire de la brigade pas un seul criminel en fuite n'a jamais pu réchapper à leurs crocs. Une source de fierté certaine que ces derniers arboraient sur leurs uniformes d'un petit blason semblable à un écu à l'image gravée d'un Arcanin au reflet flamboyant ; ce qui se comprenait dans le sens où parmi leurs partenaires pokémon se trouvait le leader faisant aussi office de mascotte dans leurs rangs : un Arcanin à la carrure particulièrement imposante qui était connu dans tout le service pour son tempérament extrêmement buté et hargneux. Pile poil le genre de caractère qu'il ne faut pas trouver sur son chemin quand on est un criminel recherché en fuite, sous peine de se voir coursé sans plus un instant de répit jusqu'à se faire attraper entre ses puissantes mâchoires.

Pour l'instant cependant, ce dernier se trouvait toujours dans sa pokéball portant sa griffe personnelle d'une queue orange touffue comme une flamme sur le dessus du dispositif de miniaturisation ; comme les trois quart restant de ses compères à poil qui étaient néanmoins prêt à l'action dès qu'ils seraient appelés. Ce qui ne manquait toutefois pas d'interpeller certains de leurs partenaires humains à trouver cette restriction forcée infondée et contre-productive.

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«Dîtes, on pourrait pas faire sortir deux autres Luxios au moins ? Parce qu'avec seulement deux d'entre eux ça va mettre des plombes à ce train là.» Finit par demander l'un d'entre eux en indiquant son propre partenaire à poil.

«Tu as entendu l'avertissement lancé par les collègues ayant perdu sa trace : il possède un truc qui a de quoi flinguer totalement ton nez au point de rendre ton petit déjeuner ; ce qui est doit être d'autant plus terrible pour nos pokémons avec leur odora super développé.» Lui renvoya un autre situé à quelques mètres de lui sur sa droite avec le sien.

«Oui mais pourquoi on doit garder les trois quart dans leurs balls et se contenter que du quart restant ?» Répliqua-t-il incrédule. «Nous sommes sept avec douze pokémons parmi les meilleurs de la brigade ; sortir la moitié d'entre eux serait plus judicieux, et on garderait un nombre plus que raisonnable en réserve.»

De loin il vit l'autre policier lui rendre un haussement d'épaule, à seulement lui répéter la même raison qui leur avait été donnée par le central sans pour autant l'approuver.

«Pour servir d'appât en faisant croire qu'on est vulnérable à n'avoir que peu de pokémons pour nous épauler.»

L'attention retourna à sa collègue de gauche avec un Goupix, bouclant ainsi la présentation du trio de tête menant la formation à l'avant des quatre autres collègues à l'arrière.

«Ah, et depuis quand t'es devenue suffisamment côté avec le central pour glaner des infos qu'on n'a pas ?» Lui renvoya-t-il d'un amical sarcasme.

«Depuis que j'ai achevée avec brio ma formation à la brigade canine avec la mention «Major».» Releva-t-elle finement la remarque. «Le central indique qu'avant d'arriver dans la forêt ce criminel était aux prises avec une championne d'arène venant d'une autre île et experte combattante comme celle de nôtre ville, ce qui ne l'a pas empêché de la battre en combat singulier – sans pokémon

Celui occupant la position la plus à droite fit une moue plus angoissée.

«Mais alors raison de plus pour ne pas se passer de nos pokémons ; comment le central peut espérer croire qu'on puisse rivaliser avec un type qui s'est fait seul une championne d'arène, alors qu'il est en cavale ?!»

«Parce qu'il est blessé.» Lui rendit-elle d'un air calme en lui sommant de chercher à adopter le même. «Il est blessé, épuisé par cette course poursuite incessante qu'on lui donne autant que par l'affrontement avec la championne. De plus elle n'avait pas fait appel à ses pokémons, croyant sans doute qu'elle pouvait régler le problème avec les patrouilles qui ont terminées malencontreusement dans le carambolage ; une grossière erreur tactique de mon point de vue. Que l'on ne va pas commettre.»

«Comment tu peux affirmer que cette championne d'arène a merdée ?» Renvoya celui du milieu d'un ton bien moins amical. «Je te rappelle qu'une partie des membres de la brigade mobilisés dans le canal aussi se sont fait avoir, et il n'y avait que la championne qui s'en soit tirée indemne.»

«Tu sais ce qu'est une flashbang ?» Rendit-elle d'un ton presque donneur de leçon.

«Evidemment !» Répliqua-t-il d'un air insulté.

«Alors tu sais qu'il suffit d'une seule d'entre elle lancée au milieu d'un groupe, humain ou pokémon, pour rendre suffisamment vulnérable pour que même une personne isolée bien entrainée puisse s'en occuper sans difficulté ; un genre de groupe semblable au nôtre qui représente une cible idéale avec si peu de pokémon pour bien plus d'humain en comparaison.»

«C'est pour ça qu'on cache nos autres pokéballs dans nos uniformes…» Comprit-il plus calmement. «Même si on se prend une flashbang comme nos trois pokémons, on peut toujours faire sortir facilement tous les autres qui en sont protégés dans leurs pokéballs ; et comme on en a les trois quart en réserve il en aura gâché une pour rien en s'exposant. Contrairement à une seule si on les sortait tous en même temps…»

«Mais on fait quoi s'il dispose de plus d'une Flashbang, sachant qu'il doit probablement en avoir déjà utilisé plusieurs ?» Reprit celui à droite.


Pour toute réponse elle lui rendit un petit sourire en coin, puis indiqua d'un léger signe de tête le plus vieux de leur collègue occupant la position principale à l'arrière. Et aussitôt son collègue comprit qu'il avait été bête de poser la question en se rappelant «quel» pokémon se trouvait entre les mains de leur chef d'escouade.


«Souriez : le gros toutou va sortir.» Releva-t-il en souriant du même ton qu'un photographe de maternelle.

«Et si vite qu'on n'aura même pas le temps d'assister au spectacle.» Continua-t-elle en soulignant subtilement la capacité phare de ce dernier qui faisait la fierté de toute la brigade.


Rien que de penser au terme «Vitesse Extrême» fit remonter le moral de celui du milieu en oubliant la taille et le problème que représentait l'obstacle boisé. Même parmi les Arcanin, rares étaient ceux capable de maitriser cette attaque. Bien qu'il fût avéré que tous pouvaient l'apprendre. Il devait falloir une sacrée dose de contrôle pour ne pas que l'atout principal de cette capacité, la vitesse, ne se retourne contre son utilisateur à ne pas savoir se diriger où il faut et comme il faut ; soit une sacrée dose de contrôle, soit une énorme dose de hargne. Et heureusement pour eux, c'était exactement comme ça que le leur se débrouillait. Il ne lâchait plus jamais son os une fois qu'il plantait ses crocs dedans ; sachant qu'il pouvait même intercepter ceux d'Ossatueur en vol et en pleine rotation, il n'hésitait jamais non plus à se battre contre ces derniers avec hargne pour garder son trophée. Une vraie teigne incapable de lâcher l'affaire une fois lancée, au plus grand damne de tous les criminels qu'ils avaient pourchassés jusqu'à présent. Celui-ci n'allait pas y faire exception.

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Soudain, à la limite de la perception extrasensorielle de leur Clairvoyance, les deux Luxio se mirent à gronder lourdement dans une direction en hauteur dans arbres, et aussitôt les mimiques détendues des visages de leurs partenaires humains passèrent à celles se préparant à l'affrontement. L'échange verbal disparut lui aussi pour faire place au langage des signes technique de leur service, alors qu'ils repositionnaient leur formation en demi-lune plus ouvertement pour approcher en tenaille l'endroit relevé par les pokémons.

Ils arrivèrent lentement à l'arbre indiqué ; entouré d'à peine quelques petits buissons (trop petits pour abriter quelque chose de plus gros que la taille d'un enfant en bas âge, ils n'y prêtèrent pas attention). Leur attention était pleinement tournée vers son feuillage excessivement dense - tellement dense qu'il ressemblait à un énorme brocoli à ne même pas apercevoir les branches – et sortirent leurs armes ; excepté pour leur taciturne chef d'escouade qui avait la main sur la ball de l'Arcanin.


«Police.» S'annonça platement l'officier du Goupix, à la gueule prête à lâcher un Feu-follet contenu entre ses crocs. «Rendez-vous et descendez de cet arbre les mains en l'air, ou nous ouvrons littéralement le feu. Vous avez dix secondes.»


Les dix secondes s'écoulèrent sans que personne ne descende de l'arbre, ou qu'aucun mouvement tout court n'en fut perçut. Elle se tourna alors d'un bref mouvement de tête vers Le Goupix qui n'attendait plus que son feu vert.


«Très bien. Nax ?»


Ayant obtenu son aval, le pokémon à l'apparence de renard cracha dans un petit cri étouffé par ses flammes de petites boules de feu d'un violet spectral en direction du feuillage pour s'y engouffrer en son sein, en passant outre l'épais manteau de feuilles sans y mettre le feu (cette attaque ne touchait que des organismes vivants développés et épargnait la végétation d'un nouveau risque d'incendie.) Rapidement des remous dans l'arbre étaient clairement perceptibles à commencer à s'agiter dans tous les sens alors que les effets maudits du Feu-follet devaient avoir trouvés leur sombre victime. Mais lorsqu'une autre dizaine de seconde plus tard des multitudes de petits cris perçants leur arrivèrent aux oreilles, ils surent immédiatement que quelque chose n'allait pas.


«Datho : Coup D'boule !» Déclara celui du milieu.


Le Luxio obtempéra à foncer droit du plat de la tête sur l'arbre pour le cogner de plein fouet. Le tronc fut parcourut entièrement d'un choc le secouant brutalement, et dans l'instant, comme des fruits mûrs durant la saison, quelques petites silhouettes végétales en forme de cocon avec une torsade sur la tête en tombèrent lourdement en émettant des cris aigus de douleur ; leur apparence principale autour de leurs yeux brillants de la même couleur que la brume utilisée précédemment sous leurs yeux sidérés.


«Des Chenitis ?!» S'exclama-t-il à la vue des pauvres pokémons insectes subissant injustement les effets rageurs du Feu-Follet.

«Mais qu'est-ce qu'ils fichent ici ; je croyais que la brume contenait un repousse qui faisait fuir tous les pokémons à la ronde pour justement éviter ce genre de bévue ?!» Releva l'autre à l'attention de leur «estimée» collègue.

«Et c'est le cas, mais j'en sais rien de pourquoi ils sont restés là !» Se défendit-elle de toute imputation fautive.

«Veuillez vous calmer.» Leur fut-il placidement ordonné.


Comme s'il s'agissait d'une formule magique, la dissension entre les trois officiers cessa sans autre forme de procès pour laisser passer leur chef d'escouade, qui se rapprochait en direction de l'arbre et des Chenitis. Il prit l'un d'entre eux – K.O - d'une poigne délicate mais ferme pour l'approcher de son visage, commença à le flairer au niveau de sa bouche comme un vieux chien de meute, puis récolta du doigt une infime portion d'un mélange de salive et d'un autre produit coincé à la commissure de sa petite bouche pour le porter à sa propre langue… Et en tirer un résultat plutôt surprenant.


«Du miel…»

«Du miel ?» Répéta l'un des autres officiers plus en retrait sur un air interpellé. «C'à ne ressemble pourtant pas à un arbre à miel-»


Bien qu'arrivant à un bout logique de phrase, l'interruption perçut à la fin dans la sienne interpella à leur tour ses collègues à retourner leur attention vers lui ; et d'être d'avantage apostrophés par l'image bloquée qu'ils avaient de lui à le voir le regard collé fixement sur l'arbre en question sans plus prononcer le moindre mot.


«Qu'y a-t-il ?» Lui demanda calmement son supérieur.


Le policier ne répondit pas. Interpelés devant le regard vide qu'il rendait en direction de l'arbre, ils – humains et pokémons - n'esquissèrent pas le moindre geste à voir lentement ses yeux pointer vers le ciel alors qu'il s'effondrait lentement à l'avant par terre ; une sorte d'objet à la forme d'une fine dague grisée recouverte de terre figée à l'arrière de son crâne.

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«Oh m-»


Le second policier le plus proche de lui sur sa droite n'eut même pas pu terminer son second mot : une seconde dague l'en empêcha en lui atterrissant littéralement entre les deux yeux et le tuant sur le coup.

Le temps qu'ils passent du premier corps au second corps – qui s'effondrait à peine -, seul leur supérieur avait l'expérience pour s'être déjà tournée en direction d'où le mortel poignard avait été lancé, et ne put qu'assister impuissant au sort semblable réservé à sa subordonnée ; lorsqu'une sombre silhouette recouverte de feuille et de terre se jeta du sol sur elle avec l'agilité et la discrétion d'un cobra. A lui saisir la tête de ses deux mains aussi drapées du camouflage improvisé avec les matériaux naturels alentours, et lui briser la nuque avant même d'avoir pris conscience – elle comme le Goupix – qu'elle était attaquée.

Inconsciemment il porta la main à sa ball pour faire sortir l'Arcanin le plus vite possible, son instinct lui faisant comprendre immédiatement la dangerosité de l'adversaire auquel ils avaient à faire au-delà de toute autre considération. Mais alors qu'il la tenait en main, prêt à appeler leur hargneux mais précieux atout, il vit en train de tomber devant lui comme des pomme de pin d'un arbre la forme de deux petits cylindres bizarres – l'un fin tel un bâton l'autre à la forme sombre d'un trognon de pomme -, et n'eut quand à lui-même pas pu prononcer un mot par rapport à ses subordonnés lorsque les deux grenades «ombre» et flash détonnèrent simultanément en plein milieu de leur formation.

Devenu sourd et aveugle lorsque la détonation du petit cylindre fin satura complètement ses yeux de milliers de candelas en comparaison brutale avec l'obscurité ambiante de la nuit, et ne sachant pas si l'Arcanin était sortit ou non de sa ball (l'ayant tout de même jetée rien qu'au toucher, étant déjà en main), il leva son autre bras en l'air en visant les cieux pour déclencher le petit mécanisme de tir dissimulé dans leurs uniformes de police et tirer une petite fusée éclairante qui irait incessamment sous peu rameuter tous les renforts de la forêt sur leurs positions… Du moins tenta-t-il de le faire. Ne voyant ni n'entendant rien, il reconnaissait néanmoins encore la douleur lorsqu'en levant son bras il ressentit un choc terrible le parcourir alors qu'il était violemment démit de sa position normale. Il poussa un cri en réponse à ce traitement brutal, mais il n'entendait pas même sa propre voix et doutait qu'il en soit de même pour ses subordonnés…

Sa dernière pensée alla justement à ces derniers ; à espérer qu'au moins l'un d'eux ait le salutaire réflexe d'imiter son geste à réussir là où il avait échoué. Et à être exaucé post-mortem, dans la cruelle ironie, lorsque le plus éloigné d'entre eux fit décoller de sa manche l'artifice éclairant dans un bruit de déclic magnétique qui alla tracer sa route sifflante au travers des feuillages, alors que sa propre nuque subissait le même sort que la dernière victime.


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Telle une étoile filante dans le ciel, la petite fusée au sifflement aigu détonna à l'image d'un feu d'artifice au milieu de la nuit, et de retomber lentement vers la forêt en perdant progressivement de son éclat intense à indiquer à tous les lieux du dernier massacre perpétré par leur funeste cible.

Si la fusée était à comparer à une étoile par la brillance de son éclat, les deux pokémons qui y réagirent le plus vite furent à comparer avec une comète par leurs vélocités. A peine avait-t-elle détonnée que les deux formes aérodynamique sillonnèrent le sombre éther vers le point de la forêt comme deux astres vengeurs ; leurs passagers respectifs se calant sur leurs mouvements comme les cavaliers émérites qu'ils étaient. Les balls de leurs autres compagnons en main et des dizaines d'autres personnes et pokémons animés d'une même détermination sur leurs talons.


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A peine le mécanisme de tir avait-il été enclenché qu'elle avait déjà renoncée au plan initial d'anéantir toute l'unité avant que cela n'arrive (étant un échec) pour passer directement au plan B sous le couvert fournit par ses deux grenades qui bloquaient totalement l'unité de police qu'elle avait impitoyablement entamée derrière elle : la fuite en ligne droite vers l'objectif au centre de la forêt.

Comme elle avait prévu, par constat, que la période actuelle la concernant la frappait d'une succession de concordance désavantageuse au taux de probabilité improbable (traduction : vue la déveine qui lui collait aux basques), elle savait qu'il y'avait un risque important que l'un d'entre eux puisse alerter le reste des forces à l'aide de la fusée éclairante que chaque membre de police devait avoir sur lui en cas d'altercation avec un individu dangereux de classe trois (autorisation d'utilisation des armes à feu permise). Risque renforcé par la présence des Luxios hors de leurs balls connaissant «Clairvoyance» qui pouvait la dévoiler, même sous son camouflage. Mais la particularité de cette capacité, malgré l'avantage certain qu'elle donnait à voir au travers de n'importe quel obstacle, était qu'elle ne permettait pas au pokémon de voir à travers des êtres vivants ; ce qui était logique dans le sens où il s'agissait justement d'une capacité développée pour repérer et identifier des êtres vivants – proies comme prédateurs – facilement dans la nature, sans se faire bloquer par l'environnement ambiant servant aussi bien de couvert que de gêne. Donc comment faire pour se subtiliser à la vue d'une telle capacité ?

La question se posait autrement : Qu'est-ce qu'un être vivant ? En omettant les divergences de point de vue et d'opinion basée sur des idées culturelles pour prendre un constat de fait : une plante n'est-elle pas considérée comme un organisme vivant ? Evidemment que si dans le sens où l'arbre, synonyme aussi de vie dans la culture populaire, produit l'oxygène vital que respire tout être vivant sur terre par photosynthèse ; photosynthèse qui comporte le terme «synthèse» décrivant en chimie la combinaison de corps – simples ou composés – pour obtenir des corps plus complexes. Ce que seul un organisme vivant (ou rares exceptions) est par définition capable de faire.

Mais alors si une plante est vivante, si un arbre, une fleur ou même un plant de baie est vivant, comment la capacité «Clairvoyance» peut-elle faire la différence entre une plante et un être vivant ? La réponse se trouve dans la question, dans le sens où l'on considère un être vivant «mobile» par rapport à un objet dénué de mouvement fixe ; une roche ou un arbre n'a pas de cœur qui bât, de sang parcourant rapidement ses veines, ou de muscles activant inlassablement la moindre fibre de son corps : en d'autre terme qui n'est pas parcourut par une forme continue de mouvement. Un Onix creusant peut se voir sous la terre, un Spectrum évanescent reconnaitre sa forme dans l'air. Mais la Clairvoyance ne permet pas reconnaitre avec précision une pierre dans le sol ou de la fumée de cigarette dans de la vapeur d'eau ; ou encore des feuilles et des branches recouvrant un corps immobile sous un buisson en forêt, et dont le cœur battait faiblement à moins de dix pulsations par minutes à l'aide de drogues et composés chimique induisant une forme de mort simulée trompant ses ennemis jusqu' aux yeux experts d'un médecin confirmé.

Le redémarrage brutal de sa faible circulation à l'état frénétique de course ne se fit d'ailleurs pas sans l'aide d'autres produits dopant, ayant finie par épuiser ses boucles d'oreille au point qu'elle ne lui en restait plus que deux. Malheureusement la soudaine reprise d'activité sabota par la même l'entreprise de son corps à cicatriser la blessure de son bras, qui profita de son état parfaitement calme pour mener sa régénération sous les meilleurs hospices ; sa blessure s'était rouverte à peine alors qu'elle commençait à se refermer – bien plus vite qu'un humain normal. Et la douleur – à laquelle elle était sourde à réagir – lui indiquait que son état interne s'était encore aggravé à s'être de surcroit servit de force de son membre blessé. Saignant à nouveau au travers du bandage improvisé.

Mais rien n'y faisait. Peu importait ce que son corps subissait ou lui faisait subir – fut-il en bien ou en mal – elle n'y réagissait pas. Elle le connaissait sous toutes les coutures à s'en servir telle la machine qu'il était, et à le pousser volontairement dans ses derniers retranchements quand la situation l'exigeait. Comme maintenant. Et il répondait à son contrôle à chaque fois pour une seule et simple raison : survivre. Hors sans elle pour le guider, il était mort. Comme dans l'état actuel des choses lorsque derrière eux furent perçus les bruits rapide de course de pokémon canins bien plus redoutables que ceux de ses précédents poursuivants, et dont elle reconnut sans peine malgré la distance les échos caractéristiques d'un Luxray et d'un Elecsprint alors qu'un autre bruit plus faible venant d'en face lui indiquait qu'elle approchait d'un petit court d'eau qui séparait cette partie de la forêt de son objectif principal.

Un obstacle qu'elle savait ne pas pouvoir contourner, à devoir le traverser à découvert. Le terrain plat composé de galets lissés par le flot tranquille allant devenir la pièce de la représentation la plus brutale du spectacle de sa survie.


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Elle sortit de la pénombre des bois pour se retrouver sous le plein éclat de la lune, sa silhouette recouverte de branches et de feuilles lui donnant l'apparence d'un avatar sylvestre de mauvais augure. Ses longues foulées félines clapotaient sans un bruit à déranger de manière inaudible le bruit de l'eau qui courait entre les cailloux ; excepté lorsqu'elle laissa tomber derrière elle un objet dans l'eau sur son chemin qui alla se coincer entre quelques galets. Ce qui provoqua un petit «plouf» suffisamment fort pour le considérer comme les trois coups de bâton annonçant l'acte à jouer.

Le rideau s'ouvrant alors en apothéose quand les deux dresseurs sur les pokémons aux allures fières et féroces arrivèrent en trombe à sa suite, à sortir des bois à leur tour pour atterrir dans un éclat d'eau animal et poser les premiers vers du dernier acte de cette comédie macabre.

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[ Ambiance ]

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«Dashlight : Cage-Eclair !»


Des deux dresseurs, celui sur l'Elecsprint fut le premier à engager les hostilités. Voyant leur adversaire traverser une étendue d'eau à pied, et étant quand à eux immunisés comme les pokémons Electrik qu'ils étaient, celui Décharge vit sa crinière en pic crépiter d'électricité statique à passer un court instant à se charger, puis de libérer son attaque incapacitante par ses pattes dans le lit d'eau à foudroyer tout ce qui le touchait en contact. De près comme de loin. Mais la sombre apparence feuillée n'y prêta pas un regard à continuer rapidement sa course, sans n'avoir été même qu'un peu ralentie.


«Vêtements isolants.» Comprit-il en pestant entre ses dents.

«Croit pas un instant que tu vas t'en tirer !» Cria Barry à l'encontre de l'indifférente silhouette. «Farsight : Vive-attaque !»

«Dash !»


D'une formidable détente synchronisée le pokémon Décharge et Brilloeil s'élancèrent rapidement chacun de leur côté sur leur adversaire ; leur approche rapide ponctuée tout le long par une déferlante d'éclats d'eau résonnant tel un tonnerre aquatique alors qu'il prenait respectivement chacun un de ses flancs pour le prendre en tenaille. Chacun d'eux aussi, en pensant à la même chose, porta sa main au reste de ses balls pour faire participer tous les membres de leurs équipe à l'action et mettre un terme expéditif à cette mauvaise farce. Cependant, lorsqu'ils appuyèrent sur le bouton de grossissement de ces dernières dans l'intention de faire sortir leurs résidents, elles furent muettes à ne pas répondre à la moindre de leur exigence. Complètement inactives.

Ils n'eurent pas le temps de se demander ce qu'il se passait que leur ennemie finit par faire jouer de ses cartes à son tour. Sans pour autant se retourner, la silhouette leva de manière bien visible son bras dans un mouvement de lancé évident tourné vers l'arrière, à balancer ce qui ressemblait à une sorte de petit cylindre aux reflets métalliques sous la clarté de la Lune ; dont le dresseur d'Hoenn en déduisit qu'il devait être de nature dangereuse.


«Dashlight : Etincelle !» Lui somma-t-il pressement en pointant l'objet en l'air.


Obligé ainsi de s'interrompre dans sa course pour lancer son attaque avec précision (pour une si petite cible), le pokémon chargea de nouveau rapidement son énergie par sa crinière pour relâcher cette fois-ci son attaque par la gueule : une boule d'électricité concentrée qui alla faucher de plein fouet le petit artifice en plein air sans qu'il n'ait eu le temps d'effectuer la moindre action.

De son côté le pokémon au dresseur tête-brûlé de Sinnoh n'avait pas ralentit un seul instant sa course à toujours se ruer inflexiblement sur l'apparence camouflé du sombre personnage responsable de tous les maux de son île ; confiant que ses arrières impulsives étaient assurée par son partenaire d'Hoenn. Mais alors qu'il était sur le point de l'atteindre, arrivant à pleine vitesse en n'étant à peine encore à moins d'une dizaine de mètres de distance de lui, des deux bras ce dernier jeta violemment dans l'eau ce qu'il eut à peine le temps d'apercevoir être deux autres cylindres semblables à celui balancé en l'air ; dans l'instant suivant le mécanisme de ces deux grenades s'activèrent pour libérer presque instantanément un épais rideau de fumée gris, dans lequel disparut leur anonyme adversaire lorsqu'il fonça en son sein malgré tout pour ne faucher rien d'autre que l'air.


«Clairvoyance !»


Les yeux du Luxray se dorèrent pour marquer l'utilisation de sa capacité à voir au travers de tout obstacle, y comprit cette fumée, et de s'en rire comme d'une mauvaise blague. Mais ce fut à sa plus grande interpellation qu'il ne trouva pas des yeux la trace de celui qu'il pourchassait, et qui se trouvait encore devant lui quelques instants plus tôt. Du moins ne trouvait-il rien en face de lui, l'endroit logique par où il devait continuer de courir pour s'échapper. Quand soudain une douleur effroyable comme il n'en avait jamais vécue dans toute sa vie rayonna dans son corps entier et le fit s'écrouler sur le côté, comme son dresseur qui s'écrasa douloureusement sur le sol irrégulier de cailloux d'un bref cri – aussi bien de douleur que de surprise à ne pas comprendre ce qu'il se passait.

Etant à proximité de son Luxray à l'entendre gargariser et l'eau alentour parcourue de remous alors qu'il était prit de spasme, il comprit que son pokémon était toujours en vie mais venait de prendre extrêmement cher. Il se demanda un instant comment un simple humain pouvait mettre son Luxray dans cet état aussi efficacement sans pokémon à disposition, et l'instant d'après il fut parcourut d'un relent de colère égal au frisson d'effroi lui parcourant l'échine à déduire la réponse ; le frisson parcourant plus précisément à l'entrejambe : la fierté tout autant que le point le plus sensible de tout male sur cette terre. Mais aussi à comprendre que leur adversaire les avait trompés en profitant du fait qu'ils croyaient qu'ils continuaient à l'avant pour passer dans l'angle mort de leurs dos.


«Brice, il est encore là !» S'écria-t-il à l'attention de l'autre dresseur toujours en dehors du rideau de fumée. «T'occupe pas de moi et balance tes Météores !»

«Dash !»


Ce dernier, ne sachant pas dans quel état se trouvaient leurs deux alliés, s'exécuta pourtant à voir une nouvelle fois sa crinière être parcourue de vifs arcs électriques, qui prirent la forme de nombreuses étoiles avant d'être décochées à filer comme telle à l'aveugle dans le rideau de fumée. Ce faisant, par leur nombre, ces dernières le dissipèrent en partie, mais suffisamment pour découvrir qu'à l'intérieur de ce dernier ne résidait plus que les deux corps à terre bien qu'en vie du Luxray et de son dresseur ; du criminel il ne restait au loin que la silhouette, déjà prête à entrer dans l'autre partie de la forêt.


«Dashlight : Vive-attaque !»


La réaction ne se fit pas attendre et le véloce Elecsprint s'élançait déjà rageusement en direction de cet innommable adversaire ; la colère redoublant de frustration à n'être pas même considéré comme une menace par ce dernier pour être ignoré aussi ouvertement. Via sa formidable charge, son sillage traçait derrière lui une ligne droite d'eau fracassée s'écartant par la force des éléments sous son passage. D'aucune goutte, d'aucun éclat n'osant s'interposer entre lui et sa proie sur laquelle il fondait à l'image d'éclair qu'il inspirait être.

Cette dernière parvint à atteindre les premiers bords rocheux secs de l'autre rive, mais lui posait déjà la patte sur le dernier bord humide le précédant ; ralentissant imperceptiblement sa vitesse juste ce qu'il fallait pour ne pas briser ce tenace adversaire toujours à la fragile constitution humaine comme une vulgaire brindille. Mais lorsqu'il s'apprêta à la percuter, son propre dresseur s'accrochant d'avantage à lui pour se préparer au choc, la silhouette de feuilles et de branches prit un soudain et extrêmement rapide appui sur sa jambe droite, puis se projeta avec sur un second petit rocher sur le côté plus en avant pour prendre un second appui dessus tout aussi rapide que le premier, et effectua part ce dernier un saut en salto inversée sur elle-même qui la propulsa juste au dessus de la crinière du pokémon Décharge - à s'être calée sur sa vitesse – pour atterrir en position accroupie sur son dos. Juste derrière son dresseur (dos à lui aussi).

Ce dernier, se rendant compte immédiatement du danger, ne perdit pas même une seconde à être sidéré par la manœuvre purement acrobatique du mortel ennemi pour répliquer immédiatement du bras gauche d'un large coup de coude la visant au niveau théorique des côtés… Qui passa dans le vide. Le contre, qui avait été parfaitement anticipé par l'intruse cavalière, ne fit que brasser l'air lorsque cette dernière cessa d'être en position accroupie pour laisser ses jambes glisser le long des flancs de la monture en se laissant souplement tendre sur le côté droit comme une gymnaste en plein étirement ; ce qui laissa passer le coup comme la fluide fumée évitant le marteau.

Alors qu'elle évitait le coup, dans le même temps elle relevait son propre bras gauche avec grâce à suivre le mouvement pour porter son avant-bras gauche comme une barre d'acier sous son cou en passant sous son aisselle droite ; ce qui avec l'inertie du coup toujours en action contribua à provoquer un déséquilibre simple mais inexorable auquel le dresseur ne put se soustraire. Et le fit chuter de son propre pokémon – toujours en course – pour le faire atterrir durement contre la souche d'un arbre, en s'étant servit imparablement de sa propre force contre lui-même (même avec un bras privé de ses pleines capacités.)

Avant même que le pokémon se rende compte du sort de son dresseur, toujours calée dans le mouvement contre-rotatif induit par la brève tentative avortée de ce dernier, elle raffermit la prise de sa jambe droite sur le flanc arrière du pokémon au détriment de sa jambe gauche. Ce qui, dans sa position, contribua à déséquilibrer à son tour le pokémon sprinteur en gênant violemment d'un coup les mouvements de sa patte arrière gauche ; menaçant de les faire chuter tous les deux alors qu'il perdait inéluctablement le contrôle de ses propres membres. Sauf qu'à l'instant précédant la chute, ayant dédit la prise de sa jambe gauche sur son flanc droit au profit de l'opposé, elle ramena cette dernière fléchie sur son dos comme un ressort pour s'en servir comme telle à s'éjecter de sa précaire monture d'un nouveau saut acrobate. Confortant une dernière fois la manœuvre déséquilibrante du pokémon d'un dernier élan inertiel. Avant d'atterrir habilement sur le sol de nouveau boisé à contempler au contraire le pauvre animal percuter violemment le tronc d'un arbre de plein fouet à ne pouvoir l'éviter. Et s'écrouler inerte à terre, K.O, à n'avoir prévu sa rencontre brutale avec ce dernier.

A peine son dernier adversaire était-il au sol que les bruits de dizaines d'autres pokémon canin secondés par ceux des palmes d'hélico les accompagnants lui parvinrent à ses oreilles, et la força de nouveau à fuir. A s'enfoncer de plus en plus profondément dans les bois pour parvenir à son objectif : le centre le plus boisé de la forêt.

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Elle courait à en perdre haleine. Ses adversaires sur ses talons ne la lâchaient plus d'une seule semelle. Les effets dopant de ses drogues saturant son organisme fatigué arrivaient au bout de leurs promesses ; sa dernière boucle d'oreille contenant la dernière dose de sa concoction maison tout juste utilisée. Sa seule grenade IEM avait été utilisée à rendre inutilisable tous leurs appareils électriques, aussi bien leurs communications que leurs torches. Mais leurs hélicoptères, trop hauts pour être affectés, continuaient inlassablement de leur apporter tout le soutien lumineux qu'il fallait grâce à leurs projecteurs surpuissants ; et pas un seul de ses poursuivant n'était décidée à lâcher l'affaire un seul instant malgré qu'elle ait réussit – toujours en fuite – à se débarrasser encore de nombre d'entre eux grâce à deux de ses trois grenades «sonar». Rien ne semblait les arrêter ; continuant de se renforcer ironiquement dans la course là où elle perdait d'avantage de ses forces dans l'ordre logique des choses. Son sort semblant sceller…

Mais toujours rien ne l'empêchait de courir. La douleur était une information, la fatigue une information, son état physique comme celui de ses adversaires une information. Et elle n'était que la somme des données de ces mêmes informations qu'elle analysait. Rien de plus. S'il fallait qu'elle s'arrête cela ne sera que lorsque que son cœur arrête de battre par lui-même à ne pouvoir encaisser un tel traitement bien au-delà de ses limites – déjà extraordinaire – où qu'un évènement tiers s'en charge en fauchant ses jambes.

Elle fuyait. Elle se battait pour survivre ; ne prétendant à rien d'autre. Elle tuait, massacrait, brutalisait, torturait, manipulait et corrompait tout ce qui se mettait sur son chemin entre elle et ce but. Peu importait les moyens : elle se les donnait sans la moindre restriction pour parvenir à ses fins. Ses fins ne se limitant au final qu'au but de la volonté animant son existence : rien. Elle n'avait rien : pas de mémoire, pas de sentiment, pas d'aspiration, pas de but, pas de limite ; elle n'attendait rien de la vie, rien de la mort, rien de l'existence, rien de cette fuite comme rien de sa capture… Strictement rien… Elle ne se contentait que de se limiter au plan qu'elle avait établit depuis le début de cette nuit : fuir sans s'arrêter jusqu'à son prochain objectif, ou mourir en essayant. Rien de plus. Rien de moins.

Elle continuait de fuir. Les aboiements des formes canine et cris des silhouettes humains se rapprochant de plus en plus, tout comme le bruit des hélicos scrutant inlassablement les bois de leurs projecteurs aveuglant perçant difficilement le feuillage de plus en plus dense de la forêt au fur et à mesure qu'elle s'y enfonçait de plus en plus profondément ; les défiant de l'y suivre jusqu'au bout.

Puis sa course ne put finalement empêchée d'être ralentie lorsqu'elle arriva à un point où la densité des feuillages et des buissons était telle qu'elle ne pouvait plus y courir librement. A s'y enfoncer encore plus profondément à l'aveugle alors qu'elle n'y voyait même plus à un mètre ; les bruits des chiens se rapprochant de plus en plus. Elle brassait adroitement de son bras valide le véritable océan de verdure qui lui barrait la route, sans jamais pourtant sembler y trouver une sortie ; comme destinée à s'y noyer sous la masse de feuille dans laquelle ne filtrait presque plus la moindre lumière. Devenant de plus en plus sombre et dense à mesure qu'elle s'y enfonçait… Jusqu'au point où plus le moindre éclat de lumière ne lui parvint. Les ténèbres les plus complètes se faisant et l'entourant de toute part autour d'elle. Avant de finalement trouver du bout des doigts une absence de résistance lui indiquant une sortie probable, par laquelle elle parvint finalement à sortir de l'océan de jade sombre pour retourner sur un terrain plus praticable et découvert d'une plaine boisée parcourue de hautes herbes. Le ciel étoilé parfaitement visible au dessus de sa tête duquel elle pouvait apercevoir parfaitement la Lune, et seulement que la Lune…

Les bruits de la chasse ayant disparus…