Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Sanction [One-Shot] de Salomon



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Salomon - Voir le profil
» Créé le 10/06/2011 à 14:32
» Dernière mise à jour le 15/06/2011 à 15:09

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Sanction
XIXe Siècle

Il était à peine dix heures ce matin-là. La rosée perlait encore sur les feuilles de Ceribou, Mystherbe et autres Héliatronc. L'air était frais, sans pour autant être froid. À travers le brouillard, on pouvait apercevoir la terrifiante silhouette du monstre. Cela devait avoir lieu sur la place publique, recouverte de pavés, encore tâchés du sang des précédents exécutés. On avait fait monter une estrade, faite d'un bois foncé, d'où ressortaient des pointes rouillées d'une taille équivalente à une épine de Cacturne. Tout le monde était au courant de ce qui se passerait ce jour-là. On appelait cela une Pokéxécution, l'exécution d'un pokémon par un autre, sans matériel ni artifices. Tout le monde savait quelles atrocités auraient lieu. Mais tout le monde était au rendez-vous. Ils voulaient tous assister au "spectacle". Chacun voulait se faire sa propre opinion sur ce qui allait se passer.


Il arriva, au bras de ses bourreaux. Il grimpa alors les quelques marches de l'estrade sur laquelle aurait lieu "la chose". On le fit asseoir. On lui demanda alors s'il avait un dernier mot, une dernière prière, un dernier adieu à exprimer. Il se contenta de répondre "On m'a fait plus de mal que je n'en ai fait. N'oubliez jamais cela."
On apporta le panier, destiné à recevoir sa tête. Le brouillard s'était dissipé. On pouvait à présent clairement apercevoir le monstre. Il était doté de longues cornes courbés, formant un arc de cercle au-dessus de sa terrible tête, tête qui ne faisait qu'un avec son corps. Ces deux instruments de torture étaient eux, recouverts d'épines teintées de rouge, surement à cause du sang de leurs victimes. Cela devait être sa trois ou quatrième exécution de la matinée. Il n'était pourtant que dix heures. Il se pencha alors sur le côté. Ses cornes encerclèrent la tête du malheureux. Et d'un coup d'un seul, il sépara sa tête du reste de son corps. En seulement un quart de seconde, il avait de nouveau pris la vie. On se contenta de recouvrir sa dépouille d'un linge blanc, avant de l'évacuer. La place se vidait peu à peu. Certains pokémon furent choqués, d'autres disaient que ce n'était que justice. Et la vie reprit son cours normal. Chacun retourna à ses occupations, à son travail. Mais pourquoi cela avait-il eu lieu ? Pourquoi ce pokémon avait il été si sévèrement puni ?


Pourquoi ? ...
Qu'a t-il pu faire pour mériter ça ? ...



C'est près de six mois auparavant qu'avait eu lieu "le crime" du condamné. Il vivait alors dans une petite maison de campagne, une maison modeste, mais chaleureuse. Les vitres étaient recouvertes de buée, et la chaleur de la cheminée suffisait à réchauffer la petite demeure faite de pierre. La saison était froide, et les ressources venaient à manquer. On manquait de bois pour la cheminée; de nourriture pour les enfants ; de couvertures pour se blottir lors des nuits de blizzard. Toute la famille vivait mal cette situation, mais, qu'y avait-il à faire ? C'est lorsque l'un des enfants tomba gravement malade, qu'il se décida à commettre son geste. Un geste certes pas irréparable, ni même injustifiable, mais tout de même illégal. Il avait décidé de voler. Voler de la nourriture, pour les siens. Pas pour lui, oh non, il pouvait très bien survivre sans s'alimenter, mais il ne pouvait survivre en regardant ses proches souffrir, chaque seconde, de chaque minute ... de chaque jour. Cette idée lui était insupportable.
Il le fit. Mais, comme pourchassé par la malchance, par cette poisse qui le poursuivait, il se fit prendre. La main dans le sac, au sens propre du terme. On le lyncha alors. On le roua de coups, d'attaques en tout genres. Il se défendit, et blessa alors l'un de ses assaillants. Il ne voulait pourtant faire de mal à personne. Son destin était d'ores et déjà scellé.

C'est du moins ce que dit l'histoire ...

Les gardes Galeking arrivèrent, et le jetèrent au cachot. S'en suivit un procès, pour vol, coups et blessures, et bien d'autres charges injustifiées. On le condamna à la peine capitale. Sa pauvre femme était brisée. Lui, s'accomodait bien à cette idée. Il n'avait pas peur de mourir, ni même de souffir. Sa seule crainte était de ne pas pouvoir être présent pour ses enfants, de ne pas les voir grandir, de ne plus jamais pouvoir les serrer dans ses bras. Il passa les six mois suivants dans les cachots, sous la ville. Dormant à même le sol, recouvert d'un simple drap, pas plus épais qu'un pétale de Rosélia. Mais encore une fois, il s'en moquait. Ses enfants, qu'il allait laisser orphelins occupaient ses pensées jours et nuits. Il s'en voulait terriblement de les laisser sans père ; ils n'avaient déjà plus ni nourriture ni couvertures, qu'allaient-ils devenir sans père ? Ces questions torturaient son esprit.


Que vont-ils devenir ? ...
Seront-ils bons, ou choisiront-ils une mauvaise voie, comme leur père ?...



Le jour se levait, et il savait que l'on viendrait le chercher. Il n'était ni triste, ni inquiet, mais plutôt soulagé. Soulagé de s'envoler vers un monde forcément meilleur. La dernière pensée qu'il eu concernait sa famille. Il se revoyait, assis autour du feu, son fils dans ses bras, la chaleur du foyer - ni trop intense, ni trop peu - lui caressant le visage. Ces moments-là étaient les plus beaux de sa vie, et il se plaisait à penser qu'il les revivrait éternellement. Il espérait aussi que le futur soit meilleur pour les générations à venir ; pas seulement pour ses enfants, mais aussi pour les enfants de ces derniers, et ainsi de suite ... Juste avant de mourir, il sentit la douce odeur des poffins de son épouse. Puis, il ferma les yeux ...

... à jamais.



Ce fut le dernier condamné à mort. Peu de temps après, on s'aperçut que tout ce qui avait pu être dit à son sujet n'était qu'un tissu de mensonges. Il n'avait en effet jamais riposté face à ses agresseurs lors de son crime. Cette mort injustifiée fît prendre conscience à tous, que la peine de mort est définitive, qu'il n'y a ni retour en arrière possible, ni possibilité de l'effacer. De nombreux pokémon innocents ont ainsi été exécutés, pour un crime qu'ils n'avaient pas commis. À ce jour, on dénombre plus de 300 pokémon condamnés à la peine capitale, à tort.



XXe Siècle
Personne ne sait de quel pokémon il s'agissait. Ni de l'endroit où cela eu lieu.
On l'appelle à présent "Damnatus", mot latin signifiant "le condamné". Un père qui aura pensé à sa famille, à ses enfants, jusqu'à son dernier soupir. Un exemple pour nous tous. Et, à ce jour, je suis fier ...


... d'être son fils.