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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 10/06/2011 à 02:03
» Dernière mise à jour le 10/06/2011 à 02:03

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Chute.
(Cinquième partie)



A une exception près, la percée du blocus avait été un succès effectif. L'araignée avait lancée son attaque en forme d'hologramme pour attirer l'attention de l'équipe en amont, de même que celle en aval quand ces derniers ont reçu le rapport de son arrivée. La flashbang s'était ensuite chargée du reste, neutralisant tout le groupe en aval aussi bien qu'en attirant le dresseur du toit comme prévu, et amorcer le contre-explosif qui prit ce dernier complètement par surprise d'une manœuvre mortelle. L'équipe en aval ne pouvait n'avoir aucune chance de ne pas entendre le bruit de la détonation et voir leur attention reportée de l'accès qu'ils occupaient vers celui de leurs collègues ; donc être déconcentrés par la diversion. Comme prévu, ce fut l'instant parfait pour attaquer. Des trois grenades à sa main, la première à être lancée dès qu'elle prit l'élan pour foncer vers l'accès fut la grenade fumigène, qui passa aux travers des espaces entre les barreaux sans difficulté pour ses capacités à la visée, suivit de très près par celle de l'autre flashbang de ses réserves. La première atterrit entre eux au milieu dans un bruit qui attira de nouveau l'attention générale, ouïe et yeux, tandis que la seconde détonait pour les désorienter strictement de la même façon que pour celle en amont ; la troisième acheva toute tentative de contre-attaque en étant la seconde grenade ombre qui réduisait à néant les chances de faire intervenir d'autres pokémon en ball qui auraient échappés aux deux premières grenade. (L'accès empêchait l'intrusion des pokémons en se basant sur leur énergie intrinsèque à toute espèce comme la base pour leur barrière. Ses grenades n'étant pas des pokémons elles passaient à travers, tout simplement.)

Incapacités, pris par défaut, incapable d'agir : c'était le moment pour frapper. Comme pour l'entrée à l'allée elle prit les barreaux de l'accès pour les tordre à mains nues, les effets de sa composition de baies encore actifs, mais ne se fatigua pas à les remettre en place comme avant pour se ruer vers le groupe de policier. Ses calcul lui avaient indiqués qu'il y'avait une chance plus que conséquente pour que, vu ses probables réflexes et ceux naturels des Notenfers, malgré le piège tendu et l'effet de surprise associé le dresseur s'en sorte (surtout s'il s'agissait effectivement de la championne, comme elle le soupçonnait au-delà de la barre des 90%. Dans le doute elle avait placée le dresseur dans la même catégorie que la championne, ce qui l'empêchait de faire toute erreur d'appréhension.) Il fallait qu'elle s'occupe de ces gêneurs des forces de l'ordre pour pouvoir s'échapper en paix avant qu'une chance de lancer une contre-attaque puisse se profiler à l'horizon ; ce dont elle put s'occuper sans réel souci. Avec les policiers de base, les pokémons composants le soutien de la brigade canine appartenaient tous effectivement à des pokémons classés canin : Lixy, Luxio, Medhyena, Caninos, Malosse, un Arcanin et, assez étonnant (car très peu répandu dans les services de police de Sinnoh) un Elecsprint.

Ce dernier fut sa cible prioritaire, principalement de part le fait qu'il était certes moins puissant offensivement que l'Arcanin, mais ce qu'il n'avait en attaque comparé à ce dernier il le compensait en une vitesse bien plus élevée ; et pour organiser une fuite parfaite, la vitesse prime sur la force comme facteur déterminant. Elle fit preuve de sa vitesse contre le pokémon Décharge en fondant sur lui pour lui saisir la tête du dos de son avant-bras gauche, poing semi-ouvert vers le haut, et affirmer sa prise de l'autre côté de sa tête avec son bras droit à la main en forme de serpe pour donner un coup de pression d'une empoigne sèche des deux côtés simultanément ; ce qui eut pour effet de provoquer un collapsus immédiat en résultant d'une absence très rapide d'oxygène par blocage des artères où la prise avait été orchestrée. S'ensuivit immédiatement l'Arcanin lorsque l'Elecsprint tomba à terre ; bien que la technique fut plus laborieuse de part le pelage conséquemment dense du mastodonte canin. Elle lui fallu porter un coup du plat de la main vers son oreille, pour donner un coup de pression direct sur l'oreille interne, en même temps que d'orchestrer une balayette sur la patte avant du même côté de son oreille ; l'obligeant à choir de force quand il perdit l'équilibre et provisoirement son sens de l'équilibre. Une simple prise de catch en l'attrapant par le coup alors qu'il tombait à mettre la même prise que l'Elecsprint en œuvre (à part qu'elle fut effectuée avec les jambes dans ce cas) et le «Légendaire» pokémon canin rejoignait son compère électrique au pays des songes. Le reste n'était alors plus qu'une formalité.

Mais, comme elle l'avait aussi prévu, l'un des (nombreux) policiers réussit à transmettre le message d'alerte via sa pokémontre malgré son état proche de celui de ses collègues ; il fut mit à terre sans comprendre ce qui lui tombait dessus (ce qui ne l'empêcha pas de crier une dernière fois avant de sombrer à son tour). Elle aurait pu se charger de leurs communications avec l'une de ses grenades IEM qui aurait flinguée tous leurs appareils électronique, mais aurait en même temps désactivée le système de l'accès sécurisé ; donnant ainsi elle-même une véritable alerte jusqu'aux services de sécurité privé connectés à ce dernier. Mais cela l'arrangeait qu'il en soit ainsi, de même que laisser ses adversaire des forces de l'ordre et de leurs pokémons en vie. Il suffit simplement de penser aux gros titres des journaux qui feront la une de demain : «Assassina de la gouvernante Tatiana Matis», suivit de ceux des semaines suivantes basés sur les débats enflammés qui auront forcément lieu «Meurtre de Tatiana Matis : complot ou trahison ?» avec en premières lignes «Une tragédie qui aurait pu être évitée. Les compétences et l'intégrité des forces de l'ordre remisent en question.» Et que pourrait répondre ces derniers ? Leur système électronique fonctionnait parfaitement au moment du drame ; techniquement ils n'avaient aucun problème pour prendre clairement les choses en main pour régler la situation. Ils ne l'ont pas fait. Que pourraient-ils bien répondre à leurs détracteurs médiatiques, qu'ils s'étaient tous intégralement fait retournés comme des amateurs par UN SEUL assassin dénué de pokémon alors qu'ils se trouvaient justement mobilisés en embuscade pour l'attraper ? Bref, non comptant de percer le blocus de leur embuscade : elle allait carrément le retourner contre eux.

Une fois les quelques policiers et pokémons restant tous mis à terre, elle n'avait plus qu'à repasser à l'initiale dernière partie de son plan (avec quelques minutes de retard sur son planning). Pour se faire rien de plus simple : il lui suffisait juste de prendre la direction Sud-Est des quartiers banlieusards et industriels de Voilaroc en bordure de la forêt Est de la route 214 ; les nombreuses ruelles et passages sombre présents dans cette partie de la ville lui offraient les meilleures couvertures possible pour une exfiltration parfaite sans que personne ne la repère. Il ne suffisait alors plus qu'à courir vers l'accès de sécurité du milieu pour acquérir la vitesse nécessaire pour remonter semi-verticalement la pente à un endroit n'étant pas prévu pour être traversé par une activité humaine, et elle pourrait disparaitre sans encombre dans les ombres…

Du moins était-ce le plan initial. Jusqu'à ce qu'en face, arrivant à une vitesse semblable à la sienne avec sa tenue aux formes d'anciennes traditions d'une époque révolue, n'apparaisse la championne de Parmanie comme elle soupçonnait qu'elle fût la dresseuse sur le toit et capable de survivre à son leurre explosif ; et que ce qu'elle avait prévu pour être une fuite discrète et organisée ne se transforme dès lors en course-poursuite effrénée dans la ville des rocs.


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Sinnoh. Voilaroc. Quartier Sud-Est Méréo-Site. Avenue Lampion, Ligne du Tram roc 21.

Mercredi 26 Mai, 22 heures 00 minutes.



Silencieux, retenant leurs souffles devant les holo-télés en vente de la vitrine d'un magasin, un amas de passants observaient les images et l'évolution de la situation de l'ambassade. Fortement inquiets du devenir de la future gouvernante et de celui de leur île, ils regardaient avec une dévotion presque religieuse la scène du spectacle irréaliste se déroulant devant leurs yeux, en priant intensément que le drame ne tourne pas au cauchemar.

Mais parmi le rassemblement, fatalement il en était qui ne pouvaient voir les informations relayés en hologramme au travers de leurs concitoyens. C'était le cas d'une mère et de ses deux enfants, rentrant des courses mais s'étant arrêtés devant la vitrine en passant proche de l'attroupement devant la vitrine du magasin, et qui écoutaient désormais aussi religieusement qu'eux les suites des informations. Au grand agacement de ses fils qui ne pouvaient voir ce qui se passait de part leurs petites tailles.



«Maman, qu'est-ce qui se passe ?» Fit le plus jeune des deux en tirant sur son manteau pour attirer son attention.

«Shhh, écoute ! C'est très important !» Lui imposa-t-elle le silence de son doigt.

«Mais je vois rien…» Rendit-il penaud devant sa réprimande.

«On pourrait pas rentrer pour voir ce qui se passe sur nôtre télé ?» Reprit l'ainé.

La remarque, loin d'être idiote (surtout en faisant remarquer le nombre de personne présents devant et les courses à bout de bras), trouva tout de même réticence à être acceptée par leur mère.

«Si on se dépêche on devrait être à la maison d'ici cinq minutes, et on ne devrait rien rater des informations.» Continua-t-il en indiquant sa propre montre afin de la convaincre.


Cédant devant les arguments raisonnables de son fils, la mère leur confia cependant les lourdes courses à leurs jeunes bras vigoureux pour faciliter la course de retour ; en prenant délicatement celui contenant les œufs dans l'intention de le donner au plus petit des deux.


«Fais-y bien attention, Mathieu, c'est très fragile.» Commençait-elle en tendant le sac.


Mais alors que ce dernier s'apprêtait à le prendre, son regard (qui s'était perdu dans l'ennui à ne rien trouver d'intéressant) fut d'un coup subjugué par quelque chose se situant derrière sa mère, vers le milieu de l'avenue.


«Maman, regarde : des gens qui courent sur la Lune !» S'exclama-t-il en pointant du doigt la direction de son regard.

Surprit par l'exclamation du petit garçon, qui attira l'attention des passants en les interrompant un instant dans leur silencieuse contemplation, la mère s'excusa brièvement avant de sermonner son fils.

«Mathieu, on ne dérange pas les gens en criant comme ça dans la-»

«Il a raison : regardez !» S'exclama l'un des passants ayant suivit du regard la direction indiquée par le petit garçon.


Tous d'un coup cessèrent leur observation pour tourner leurs regard dans la direction soulignée par l'enfant, y comprit la mère en oubliant son sermon sur le coup, et tous furent sidérés par la scène se déroulant sous leurs yeux : deux silhouettes plus agiles que des Masskos, l'une à l'apparence de ninja aux reflets violets sombre et l'autre toute de noire comme une ombre, évoluaient à une vitesse vertigineuse dans les airs. Sous l'éclat clair et brillant de la Lune à son Zénith.

Le retournement de situation brutal fit lâcher à la mère le sac de course contenant les œufs dans un bruit de coquille brisée, alors que tous continuaient d'observer estomaqués la scène s'œuvrant devant eux ; sauf le petit garçon aux yeux émerveillés par le numéro des sombres acrobates.


«Tu vois ? Je l'avais bien dis : y marchent sur la Lune !»

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Voilaroc, la ville des Roc. De part les nombreuses collines et énorme rebords rocheux à l'aspect de larges petits canyons et de montagne de sa topographie unique, l'économie marchande dans cette ville fut l'une des plus difficiles à mettre en place de par la difficulté d'évolution piétonne et véhiculée, rendue encore plus ardue par les parties accidentés de terrain et de roches dures comme l'acier qui empêchaient toute possibilité de création de tunnel à ces époques. Et l'ascension, bien évidemment la seule solution offerte, se révélait beaucoup trop fatigante – aussi bien pour les humains que les pokémons – pour être considérée comme une situation acceptable. Aussi, bien avant l'invention de l'automobile, un système de treuil marchant sur le principe de rail ascensionnel fut développé, et c'est ainsi que fut né le premier service semi-ferroviaire de l'île ; qui n'étaient au début que de vastes plates-formes prévues pour transporter de nombreuses personnes et/ou du matériel lourd pour les acheminer de l'autre côté des collines. Elles étaient actionnées et dirigées par des équipes de pokémons appartenant principalement au type combat pour leur force et leur extraordinaire endurance à la fatigue (décuplée par l'idée du challenge ainsi proposé et relevé à chaque fois seulement à la force de leurs muscles). Ce qui expliquait la spécialité traditionnelle du champion de la ville qui incarne par le type Combat le symbole de cette opiniâtreté.

Depuis le système s'était vu offrir de nombreuses modifications et améliorations au fil des temps, passant de plates-formes primitive à des wagons tram en règle (toujours meut à la force des bras pokémon, bien que n'en nécessitant moins qu'avant), puis ensuite par le système de tram propulsé à l'électricité (qui se passait cette fois des pokémons.) Cependant, comme témoignage de cette époque, et souvenir de cette volonté autant que le respect éprouvé envers les pokémons ayant permit le développement de la ville (sans lesquels il n'en serait rien), il subsiste la dernière des premières plates-formes proche du port permettant l'ascension des touristes vers la falaise du phare Vermillon (appelé ainsi à cause de la couleur du crépuscule se reflétant sur le corps cylindrique immaculé du phare) et qui était l'une des attractions majeures de la ville pour ces derniers ; en plus du casino et du centre commercial. Sinon le reste de la ville était intégralement parcouru des lignes du tram qui desservait sur la moindre partie et recoin de cette dernière.

Il restait cependant encore quelques exceptions à la règle. Car, bien que le principe de la propulsion électrique fût percé depuis longtemps et qu'il n'était plus nécessaire d'user du système de lignes à haute tension pour acheminer l'énergie nécessaire aux wagon-tram, désinstaller et retirer intégralement tous les câbles de l'ancien système se révélait aussi coûteux financièrement que difficile techniquement parlant. Au mieux déjà l'alimentation électrique était coupée, ce qui retirait le coût de consommation et de risques inutiles d'électrocution de pokémon volant voulant se poser dessus. Mais les principales avenues (les plus longues et plus empruntées aussi) voyaient impossible l'arrêt, même momentané, de leur fonction en vue de cette dernière mise à jour nécessaire qui provoquerait des bouchons et un chaos monstre dans la circulation –aussi bien piétonne qu'automobile. Aussi décidèrent-ils de procéder par étape, à retirer une longueur de ligne préétablie sur une avenue à la fois, avant de passer à la suivante.

Parmi celles-ci comptaient l'Avenue Lampion, située au Sud-est de la ville, et la ligne de tram 21, dont le trafic couvrait la majeur partie de ce côté de la ville. Très large. L'une des plus large de toute. L'avenue Lampion pouvait desservir un double-trafic de chaque côté de la ligne tram qui la séparait par le milieu en deux, et était assurément l'une des plus importantes de la ville en matière de circulation. Mais, par l'évènement inattendu déclenché de l'ambassade qui avait réussit à stopper à lui seul tout le trafic, l'avenue était désormais seulement empruntée par quelques rares véhicules public, et deux personnes courant sur les câbles de ce système révolu.


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A des centaines de mètres plus loin. Les renforts de la Ligue et leurs alliés dépêchés pour l'ambassade peinaient tant bien que mal à rejoindre la position de l'embuscade, au travers de l'inévitable bouchon né de l'effervescence agitant la ville avec les véhicules réquisitionnés par l'arène. Ce qui n'était pas pour améliorer la situation.


«Nom d'un chien, mais qu'est-ce qu'ils foutent à bloquer le passage en restant bêtement coincés au milieu de la route ; et en dehors de leurs bagnoles en plus ?!» S'exclama Barry depuis le véhicule de tête qui s'apparentait à un van.

«Le feu.» Répondit platement l'un des agents situés dans le même véhicule. «Aussi dangereux qu'ils savent que l'incendie représente, le feu hypnotise toujours l'homme à fixer bêtement les flammes quand il se croit à l'abri ; prit d'une forme pure de fascination morbide. Ce brasier agit sur eux comme d'une bougie pour des papillons, et attire fatalement toute l'attention ici à l'empêcher d'être retournée ailleurs.»

«Vous allez me dire que ce brasier sert de leurre ?! Mais c'est carrément une déclaration de guerre !» S'exclama la championne d'un ton proche de l'explosion.

«C'est justement pour cela que c'est un leurre !» Répliqua-t-il conscient de leur paraitre froid et méprisant. «Un assassina reste une entreprise menée majoritairement par le tueur avec discrétion et retenue en cela de ne chercher à s'en prendre qu'à la cible, excepté lors des cas où il s'agit de faire un exemple remarqué devant la population comme à Carmin-Sur-mer ; mais toujours avec le principe de dédier la mort seulement à leurs objectifs de contrat. Là ce n'est pas un bête assassina, c'est un assassina camouflé sous le couvert d'une déclaration de guerre via un acte de terrorisme si choquant que les coupables aux yeux des îles seront tout trouvés : les Teams !» S'emporta-t-il à son tour sous le coup de la pression.
«Vous comprenez ce qu'on veut vous dire concernant le tueur qu'on traque ?! Il ou elle se contre-fout totalement du coup humain, de l'impact psychologique, économique, culturel, moral ou éthique qu'elle inflige ; elle pourrait massacrer des centaines de gens et mener des pays entiers à la guerre pour exécuter son contrat, et faire passer cela pour l'œuvre d'autres criminels de manière tellement crédible que personne n'irait la soupçonner d'en être à l'œuvre !»


Alors qu'elle s'apprêta à répliquer, choquée comme ses dresseurs par la cruauté des propos qu'il tenait, leurs montres les interrompirent d'un «bip» quand elles reçurent un message passé sur la fréquence d'urgence.


«Ici Miles !» S'annonça l'agent depuis la communication de leur réseau privé. «L'embuscade à complètement avortée, et tous les policiers et leurs pokémons sont inconscients : la Faucheuse est passée au travers et s'est échappée !»

Comme si le bouchon ou l'ambassade en flamme ne représentait plus qu'un futile détail, l'attention générale passa d'un coup sur les montres.

«Quoi ?!» Fut-il exclamer à l'unisson en retour.

«Et Jeannine ?!» Répliqua immédiatement la championne d'un ton réellement inquiet.

«On a rappliqué aussi vite que possible dès qu'on a entendu une forte explosion venir de leur positon, mais aucun signe d'elle. Et elle ne répond pas sur la fréquence de sa montre.»


La jeune championne en resta interdite. Lors d'un passage à Kanto pour une occasion spéciale à Céladopole, elle en avait profitée pour enrichir son répertoire de combat en observant et affrontant celui des autres champions de cette région. Bien que proche de l'arène de la championne plante de la ville, Erika, son dévolu s'était jeté sur celle de Parmanie ; dont la réputation de spécialiste poison aux techniques ninjas de sa championne avait sut attiser sa curiosité. Et pour l'avoir affrontée sur le ring, aussi bien avec ses pokémons qu'elle-même en un contre un à l'ancienne, elle en était rapidement venu à craindre et respecter les centaines d'années de techniques martiales de sa famille ; et encore, comme elle la lui avait expliquée –sans fausse modestie-, elle l'avait affrontée à la loyale avec des techniques développées normalement pour être utilisées en traitre dans son angle mort quand elle ne devrait pas s'y attendre. Apprendre d'un coup que Jeannine pouvait s'être faite battre alors que toutes les conditions étaient à son avantage la laissait incrédule. Mais elle ne pouvait nier d'un autre côté que, si elle ne s'était pas fait avoir, elle aurait déjà fait parler d'elle avec sa pokémontre…

Pile au moment où elle en arrivait à cette douloureuse conclusion, mais avant que personne lié au réseau dans les véhicules (y comprit en dehors) ne pense à en convenir ou non, un nouvel appel –cette fois-ci sur la fréquence policière- fut intercepté par les groupes de la ligue ; un appel limite irréaliste.


«Contrôle, ici équipe de patrouille 8.» Commença ce dernier sur un ton qui reflétait parfaitement son état éberlué. «Vous n'allez pas croire ce que vous allez entendre, mais je vous assure que c'est la vérité.»

«Exprimez-vous, équipe 8.» Le somma neutralement la voix du contrôle.

«Deux personnes suspectes ont été aperçues après la coupure de l'équipe du canal sur l'avenue Lampion, et continuent encore actuellement sur celle-ci tout le long ; courant en direction de la route 214.»

«En quoi cela relèverait de quelque chose de suspect ?» Posa simplement la voix du contrôle.

«Parce que la première a une tenue ressemblant à celle d'un ninja avec une écharpe, l'autre complètement noire des pieds à la tête ; mais surtout qu'elles sont en train de courir à une vitesse hallucinante sur les câbles du tram, et sans pokémon !»

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Il n'en fallut pas plus pour comprendre de qui ils pouvaient s'agir, et encore moins pour la championne d'en faire la remarque –avec un certain rassurement.

«C'est Jeannine : y'a qu'elle qu'y puisse être capable d'un truc pareil !»

«Tailler une pointe sur des câbles de tram ? Sans déconner ?!» Fit Brice avec stupéfaction.

A peine la remarque relevée, leurs montres interceptèrent un nouvel appel de directives venant du contrôle sur la ligne policière.

«Appel à toutes les unités en patrouille : Code 22. Je répète : code 22. Ordre de mobilisation d'urgence émit par le directeur Gilbaud : tous les officiers de polices, possédant des pokémons de course et/ou en voiture de fonction, situés à proximité de l'avenue Lampion sont réquisitionnés dans l'instant sur place à la poursuite des suspects.»

La réaction ne se fit pas attendre des policiers, plutôt nombreux à répondre présent à l'appel, ni du côté de la Ligue.

«Ici Miles, on est déjà en route !»

«Nous aussi !» Continua Brice en sortant du van avec Barry, les balls de leurs alliés volant en main.

«J'ai pas de pokémon Vol, mais je ne peux pas rester ici à attendre sans rien faire pour ma ville !» Intervint la championne combat.

«Mon Tropius fera l'affaire : vas-y Zestes !»

«Flikfly, c'est l'heure d'la castagne !»


Dans un bruit proche de bulle d'eau éclatée, les formes aériennes des deux pokémons se dessinèrent dans un éclat de lumière, avant de faire apparaitre la figure fière et agressive d'un rapace et celle plus élancée d'un «petit» diplodocus doté de quatre larges ailes de feuille.


«Faites très attention. Elle s'est mise à évoluer à couvert délibérément, et ce n'est certainement pas dû à un acte irréfléchi. Nous n'avons aucune idée de ce qu'elle peut préparer, mais il est certains que ça ne présage rien de bon. Soyez prêts à tout.» Intervint fermement la directrice.


Un unanime «bien comprit» venant des agents et quelques remarques approbatives des dresseurs lui vinrent en retour. Juste avant que ces derniers ne montent les deux pokémons volant, qui décollèrent presque immédiatement pour se retrouver haut dans le ciel – sans que personne parmi la foule ne prête attention, hypnotisés par l'incendie -, et n'enclenche un brutal battement d'aile les propulsant à toute vitesse au dessus des rues de la ville.


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Pendant ce temps. Pour les rares personnes devant regarder la représentation des principales actrices de ce ballet véloce, la vitesse et la hauteur à laquelle elles se maintenaient les ferait se croire en pleine hallucination. Les deux silhouettes, celles de la ninja et l'autre de l'ombre se tenaient en respect mutuel et rivalisaient d'une vitesse et de mouvement de course strictement semblables comme deux aspects différents reflétés par un seul miroir. Aucune des deux ne semblait avoir l'ascendant sur l'autre, ne semblait chercher à le gagner ou n'essayait de ralentir sa course ou accélérer par rapport à son opposé. Comme si aucune des deux n'osait prendre l'initiative.

La vérité était tout autre. A une telle vitesse, en la maintenant aussi stricte que leur équilibre sur ces câbles juste assez larges pour réceptionner la plante de leurs pieds, leur concentration se devait d'être conservée au maximum aussi bien sur leur course qu'à surveiller son adversaire et la moindre de ses actions. Les câbles ne leur laissent qu'une marge de manœuvre extrêmement limitée, de même que leur vitesse, leur équilibre et la hauteur à maintenir strictement identique à celle de sa rivale, et la moindre manœuvre provoquée par l'une ou par l'autre pour briser définitivement ce cycle devait être placée à la perfection ; à la seule condition que son adversaire face une erreur qui lui permettrait d'en profiter. Ce qui, de part les conditions de cette course poursuite entre deux experts versés dans l'art du combat nocturne et de l'infiltration, se traduisait à un duel d'observation intense. Car en pareille situation : le premier à prendre l'initiative est en position de faiblesse.

Pour la championne, en tout cas, prendre l'initiative actuellement relevait pour elle d'un trop énorme risque pour aucune assurance de victoire. Ayant été formée à analysée et déterminer la nature d'une situation et de ses adversaires et établir la fiche analytique les concernant le plus rapidement et efficacement possible, ses premières observations sommaires sur la silhouette courant à ses côtés étaient sans appel.


«Il est dangereux…» Ne put-elle s'empêcher de penser, le ou la concernant.


Le fait qu'elle n'ait pas encore déterminé qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme suffisait déjà en soi pour décrire à quel point la silhouette lui faisant face relevait d'un véritable défi de tous les instants. Sans prendre en compte le passage de l'ambassade : les compétences, l'intelligence et le degré d'adaptation pour se sortir aussi rapidement du traquenard tendu précédemment pour elle d'une manière aussi brutale et efficace, relevait du talent pur et simple. La manière dont il ou elle avait faillit la feinter avant son ascension foudroyante dès qu'elle l'avait vue, pour se sortir du canal, fut d'une précision presque mécanique ; comme ayant anticipé le fait que la championne ait évitée son propre piège dissimulé dans son leurre. Et les foulées rapides qui suivirent dans la brève course-poursuite ayant eut lieu dans les rues de Voilaroc, avant qu'une fois passés par-dessus l'un des ponts permettant le passage piéton au dessus de la ligne tram son sombre adversaire ne saute sciemment sur les lignes pour continuer jusqu'ici ainsi tout le long, lui indiquait que sa condition physique était aussi loin d'être en reste. Tout comme les autres cartes qu'il ou elle devait garder en réserve comme atout dans sa manche.

Elle le savait ; rien qu'actuellement voir sa sombre rivale continuer la course sur son câble lui faisait comprendre à quel point elle était dangereuse. La championne, de son côté, devait légèrement pencher la tête sur le côté pour pouvoir surveiller à la fois cette «Faucheuse» et la ligne imaginaire de sa course pour ne pas tomber ; ce n'était pas le cas pour la rivale en noir qui restait intégralement la tête tournée vers l'avant, comme ne prêtant «visiblement» pas attention à la championne. Mais cette dernière n'était pas dupe, elle savait qu'elle était surveillée au moins aussi intensément par la sombre silhouette qu'elle ne la surveillait elle… Et cette «Faucheuse» l'avait prouvée, à la moindre opportunité qui se présenterait à elle ou la moindre erreur que la championne ferait : elle bondirait impitoyablement dessus. Elle s'en était tirée de justesse la dernière fois, grâce à son Nostenfer, alors qu'elle se trouvait «techniquement» en position de force. Mais là elle ne disposait plus ni de leur aide, ni du soutien de ses alliés de la ligue. Elle était et devait pour l'instant se considérer comme étant seule opposante contestant l'échappée de ce criminel.

Malgré cela, ou justement à cause de cela, elle était obligée de répartir une infime partie de la concentration nécessaire à sa surveillance et à sa course pour réfléchir à développer une quelconque stratégie ou tactique pouvant lui permettre de l'atteindre, de n'importe quelle manière. Et cela la forçait donc à prendre en compte les potentielles ouverture et opportunités qui s'offraient aussi bien à elle qu'à son adversaire… Et c'était là que cela coinçait, à ne pas saisir son plan de fuite qu'elle savait pourtant qu'il ou elle devait en avoir un solide et retors. Entre combattants furtifs, que ce soit à l'attaque ou la défense : ne pas attirer l'attention est la base des bases à connaitre et appliquer en toutes conditions. Aussi pourquoi s'était-elle ou il volontairement jeté dans cette course sur les câbles d'une grande avenue à la vue de tous, au lieu de chercher à la feinter et la semer dans les ruelles plus étroites situées à chaque détour ? C'était comme si un Migalos discret depuis le début de sa chasse se décidait d'un coup à se jeter en plein milieu d'un troupeau de Fouinettes qu'il contournait alors jusque là. C'était ce qu'il l'inquiétait : ne pas voir ce qui se profilait à l'horizon prévu par son adversaire tout en sachant que c'était forcément le cas, que ça allait arriver et se révéler surtout extrêmement mauvais pour elle…

Il y'avait autre chose qui lui occupait prodigieusement l'esprit. Maintenir un tel niveau d'exigence musculaire et de concentration sur une telle durée se révélait très épuisant, même pour elle. Cependant son adversaire devait avoir déjà une demi-heure de contraintes physique derrière depuis son passage dans l'ambassade, et sa silhouette ne semblait indiquer aucun signe de fatigue. Ce qui lui donnait vraiment l'impression d'affronter une machine. Mais la durée, bien que problématique, trouverait de toute manière sa solution littéralement au bout du chemin une fois arrivée à la fin du câble (du point de vue fataliste, sachant que la fatigue devrait les gagner bien avant.) Ce qui la gênait était de se dire que ce qu'elle faisait pour l'instant ne servirait sûrement à rien si personne ne venait la rejoindre pour lui porter assistance et lui donner l'ouverture nécessaire pour mettre son sombre reflet hors-course. Des ouvertures s'étaient déjà proposées à elle, de même que les techniques de son clan qui correspondaient plus ou moins à ce genre de situation ; qui se seraient certainement montrées très efficaces face à n'importe qui d'autre… Mais pas contre ce funeste avatar de la nuit.

De part l'arsenal qu'il ou elle devait porter sur lui, semblable sur le principe de base au sien, elle se doutait quelque part qu'il devait posséder au moins trois armes de jets tranchantes comme ses shurikens dans le lot ; suffisamment effilés pour pouvoir couper net les câbles sous leur course d'un seul lancé. C'était justement à cause de cette possibilité qu'elle n'avait pas tentée l'approche armée dans le dos : la Faucheuse aurait pu profiter de l'avance ainsi fournie par la championne pour couper son câble plus loin et la forcer soit à chuter, soit à changer de câble et l'attendre cruellement au tournant. Cette possibilité se montrait ridiculement faible dans la limite où il faudrait déjà qu'elle encaisse les shurikens (empoisonnés) sans broncher. Mais le fait était que sa famille avait aussi développée des protections contre ces même shurikens pour éviter de voir leurs propres armes retournées contre eux si jamais l'ennemi mettait la main dessus. Et vu l'image que lui donnait son sombre adversaire, semblable au sien dans le style martial, cette possibilité perdait rapidement tout statu ridicule à ses yeux si jamais elle était équipée de protections identiques. De la même manière, pour ces mêmes raisons, elle ne prenait pas elle-même l'initiative de se lancer à l'avant pour prendre de court la Faucheuse au risque de se faire damer le pion dès qu'elle la perdrait de vue lors de son accélération…

En résumé, pour l'instant elle se contentait de maintenir sa course en attendant qu'une occasion se présente. L'avantage était pour elle que dans une telle avenue ses alliés étaient certainement au fait de sa situation, et devaient déjà être en route pour la rejoindre et lui apporter leur soutien. Mais son désavantage était de fortement suspecter que tout cela ne fasse partie de son plan, et qu'elle ne fonçait juste droit dedans sans s'en douter.

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Soudain, le bruit sec et rêche à l'ouïe de nombreux crissements de pneus leur parvint depuis l'arrière de leur course, suivit instantanément de celui plus que familier et bruyant des sirènes lorsqu'une huitaine de voitures de police rejoignirent conjointement l'avenue de tous les côtés pour la remonter à la suite des deux agiles acrobates dans la ligne de rame (comme la loi les y autorisait en ce genre de cas.) Dont la première voiture, équipée d'une porte voix amplifiée dans les gyrophares, tonna de la voix plus forte que les sirènes.


«Police ! Au nom de la loi, vous êtes en état d'arrestation ! Descendez de ces câbles immédiatement et rendez-vous !»


La championne se permit un infime soupir de soulagement en son for intérieur, mais sans relâcher pour autant un seul instant son attention sur son sombre rival. Enfin des renforts, sous la forme de huit voitures qui plus est. Et elle devait suspecter que ça n'était que les patrouilles les plus proches mobilisés en urgence. Car désormais toutes les forces de police de la ville devait connaitre leur véritable adversaire, et d'avantage d'entre eux ne tarderaient pas à converger vers eux pour mettre un terme à cette macabre mascarade. Une information à laquelle elle savait que même sa sombre adversaire devait sentir sa tension augmentée en réponse à la pression que cela devait occasionner, et donc la faire risquer une erreur à son avantage.

Juste au moment où elle arriva à cette conclusion, comme prophétique, sa sombre rivale sur sa gauche tourna la tête dans la même direction en arrière pour voir par réflexe les flics rouler à vive allure sur leurs talons. Un réflexe d'un seul instant qui laissait la championne hors de son champ de vision…

Sa rivale avait commise là ce qu'elle savait être une erreur qu'elle savait ne pas voir se reproduire ; l'unique ouverture dans sa défense. C'était l'instant où jamais que la championne saisit sur le champ.

D'un geste d'une vélocité insoupçonnée, la championne de Parmanie ramena son bras droit pendu vers l'arrière à tendu en avant, paume vers le haut, alors que de sa main gauche ramenée à toute vitesse vers sa main droite elle ne fasse sortir l'un des shurikens dissimulés dans la manche par son poignet, pour enchainer tel un ressort dans le même geste à le lancer droit en direction du torse de son adversaire (l'endroit le plus large pour maximiser ses chances de toucher, bien que sa précision sans reproche et sa proximité immédiate avec son adversaire lui interdisait toute possibilité d'échec.)

Rapidement, le shuriken effilé comme un rasoir filait dans les airs tels une étoile de métal noir dans la nuit, à couvrir la distance le séparant de son infortunée cible dans sa terrible course inextricable. La championne regardait la scène comme se dérouler au ralenti, sa concentration exacerbée au-delà de ses limites à être prête à réagir à la moindre réaction de son adversaire, et à l'abattre aussi impitoyablement qu'elle avait faillit lui ôter la vie comme à son Nostenfer. Sans pourtant n'exprimer ni joie ni remord à se voir accorder justice au même titre qu'une revanche personnelle. Cependant, à voir son projectile se diriger inéluctablement vers son adversaire - nimbé d'une substance entrainant une paralysie quasi-complète au moindre effleurement – elle ne pouvait croire à cet instant précis en autre chose que sa victoire.

Jusqu'à ce que la sombre silhouette ne retourne la tête vers elle instantanément, à lui montrer les traits inexistants de son visage cagoulé.

Le mouvement, qui fut effectué en une fraction de seconde, lui apparut irréaliste. Son adversaire, qui avait la tête tournée du côté gauche, s'était comme sur détente retournée sur la droite pour lui faire complètement face de son visage inexpressif comme une machine. Une manœuvre qui normalement aurait dû lui être impossible physiquement parlant sans s'y être préparée et échauffée av…

Ce fut à partir de ce seul moment, ce seul fragment d'instant d'où elle croyait pourtant s'être passé un temps trop long pour être décrit, à être certaine de sa victoire en profitant de l'erreur de son adversaire, que la championne ne comprit que la seule en erreur n'avait été qu'elle.

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L'étoile métallique aux bords effilés continuait son implacable vol en direction de sa sombre cible, impossible à parer ou à stopper avec des moyens conventionnels pour un simple humain. Ses lignes de lame fine pouvaient trancher les métaux les plus communs comme du beurre et même entamer les plus solides comme l'acier. Sa surface recouverte d'une fiche couche de poison la rendait glissante avec la friction sous une telle rotation. L'alliage secret le composant mit au point par le clan l'ayant forgé le rendait insensible aux effets du magnétisme. Et sa forme, évidemment aérodynamique, maximisait les chances de pénétrations sur toute distance. En un mot, une fois lancé entre les mains d'un ninja : c'était le projectile pratiquement impossible à arrêter en cherchant seulement à l'encaisser. Seul subsistait l'inévitable trou en son centre pour réduire son poids (pouvant influer sur le lancer) et pouvoir permettre à son manieur de pouvoir le manipuler sans risquer de se faire blesser par sa propre arme.

Techniquement cependant, il existait trois types de défense contre un shuriken : le premier, le plus sûr, est tout simplement de se déplacer hors de la trajectoire pour l'éviter. Le second à le bloquer/dévier à l'aide d'un outil tiers ; comme une épée ou un sac pour frapper l'arme en plein vol, ou se cacher derrière un bouclier. Enfin la troisième, la plus risquée d'entre toute de part l'extrême difficulté que cela représente : l'arrêter en l'attrapant en plein vol. Ce que très peu de personne, même dans le clan Dokulis, ne possède les réflexes et les connaissances instinctives pour en réussir l'exploit en pratique. Imaginer tomber sur une personne extérieure à leur culture et tradition capable de se révéler à la hauteur de cette tâche ne lui était alors pas même venu à l'esprit, tellement cela lui apparaissait impossible.

Soupçon impensable que cette nuit allait lui rappeler pour toujours lorsqu'elle vit sa sombre ennemie effectuer avec son bras ce qui ressemblait à s'y méprendre à la frappe d'une faux, pour intercepter son shuriken par le trou central, en plein vol, à même pas espacées de moins de deux mètres l'une de l'autre, dans une fenêtre d'opportunité de réaction inférieure à une seconde… Avec un seul doigt.


«Q-»


La stupéfaction était à la hauteur du terme. D'autant plus que sa terrible adversaire, non comptant d'avoir interceptée son arme d'une manière dont sa manieuse originelle n'arrivait pas à y croire, n'avait pas mis fin à la rotation du projectile, ni même à son geste. Tel un serpent prêt à fondre sur sa proie, son bras sombre, comme possédé d'une conscience propre, effectua dans sa continuité un mouvement de retour aussi vif que foudroyant en direction de la championne ; plus précisément son câble où il entama le cordage métallique pour s'y retrouver figé tel un pic. Juste à moins de quelques centimètres à l'avant de là où la championne posait son pied.

Sa rapidité de réaction, ses réflexes, son instinct : toutes ces informations se bousculaient furieusement dans son esprit alors qu'elles se mettaient toutes d'accord sur un point : «danger, risque de chute imminente.» La vitesse de sa course nécessitait qu'elle maintienne des foulées conséquentes sur une surface dégagée pour ne pas risquer la chute ou un risque de blessure, même mineure, pouvant réduire sa mobilité. Mais ce shuriken, pile à l'endroit où il était placé, lui apparut immédiatement comme un obstacle dangereux qu'elle ne pouvait pas éviter en effectuant une quelconque manœuvre par la droite ou la gauche sans risquer de s'y écorcher fatalement le pied et voir sa mobilité immanquablement atteinte.

N'ayant aucun autre choix – ni de toute manière pas le temps d'en trouver un autre – la championne de Parmanie prit un bref instant appui sur le pied posé juste devant le shuriken. Puis, d'une faible impulsion, effectua un léger saut qui lui permit de passer par-dessus l'obstacle inattendu sans qu'il n'ait représenté plus de problème. Si ce n'était qu'à partir de cet instant précis, alors qu'elle était brièvement en l'air, aucun de ses deux pieds n'avait prise sur le câble, et que pour effectuer ce saut elle avait ramenée ses bras vers le haut, au niveau de sa tête pour maintenir son équilibre… Ce qui ne l'empêcha pas de voir que sa sombre adversaire avait aussi effectuée un saut depuis son câble, mais de réaliser avec effroi que c'était pour se diriger droit sur elle en répercussion de sa réaction qu'elle avait attendue.

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La scène qui suivit ne dura pas plus que le temps nécessaire à en répéter la phrase. La sombre silhouette, en parfaite synchronisation avec la vitesse de la championne, s'était élancée vers cette dernière avec l'évidente mais impensable intention de l'intercepter ; devant les regards aussi médusés des policiers observant la scène depuis leurs véhicules lancés derrière en dessous à leur poursuite, que celui de la championne allant devenir contre sa volonté la première véritable humaine à subir les techniques du Panzerkunst.

L'approche était latérale, les corps de profil par rapport à l'autre. D'un mouvement d'une précision parfaitement calculée. Au moment où la Faucheuse percutait la championne avec juste la force nécessaire à la faire choir sur le côté, de sa main droite elle lui saisit l'épaule gauche en maintenant fermement sa prise sous son aisselle avec son pouce, en faisant de même de son bras gauche par-dessus le droit vers l'épaule droite de sa victime. Tout en accrochant le câble par le dessus de son pied pour ralentir de très peu leur vitesse. Avec le peu de mouvement suffisant, elle tira sur son épaule droite en poussant inversement sur l'épaule gauche, forçant ainsi la championne à devoir subir le mouvement d'une rotation qui la ferait faire «face» à leurs véhiculés poursuiveurs.

Mais la championne ne comptait certainement pas se laisser manipuler de façon aussi insultante sans réagir ; si sa noire ennemie était pleine de ressource, elle aussi. Alors qu'elle tombait en ne pouvant faire que suivre la rotation imposée par l'ennemie se trouvant dans son dos, et qui, par le maintient de point de pression avec ses pouces, l'empêchait de se servir pleinement de ses bras, elle se servit de ses jambes pour s'accrocher des pieds au câble de toutes ses forces restante ; diminuant ainsi conséquemment leur vitesse. Réduisant encore plus rapidement la distance les séparant des voitures de police…

Lorsqu'elles furent plongées en avant par la manœuvre de cette dernière, aidée en cela par le freinage brutale de la championne, la Faucheuse, toujours dans l'angle mort de son dos, passa «au dessus» de cette dernière (qui se trouvait la tête en bas à l'image d'une chauve-souris) ; cependant sans lâcher la championne des bras un seul moment. La force du freinage brutal passa alors dans la prise que maintenait cette dernière sur les articulations de ses épaules, bloquant ses bras comme des lianes dont elle se servit pour amortir autant sa descente qu'elle se balançait avec en glissant de ses épaules le long de ses membres, comme deux trapézistes dans un ballet aérien dont l'une était utilisée par l'autre. Elle passa de ses épaules à ses arrières bras. De ses arrières bras à ses avant-bras. Et enfin de ses avant-bras à son véritable objectif : ses poignets.

A l'approche rapide de ces derniers, la pression exercée par ses doigts s'intensifia le long de la ligne imaginaire des veines des avant-bras de la championne, dans l'espace du rangement secret interne stockant ses shurikens, dont elle en fit sortir par la force de la glissade un de chacune de ses mains (blessant la championne au passage en lui éraflant les paumes avec ces derniers). Pour continuer le long de ses doigts en subtilisant ses armes de jet, et finalement la lâcher pour atterrir d'un léger demi-tour sur le sol plane entre les deux rames de rail de la ligne 21 du tram. A quelques mètres à peine des voitures de police qui roulaient vers elle à toute vitesse.

Ces derniers, littéralement abasourdis par l'aspect purement suicidaire de la manœuvre, cherchèrent par réflexe à éviter le contact mortel avec la criminelle, qui restait aux yeux des lois humaines et de la physique un être de chair et de sang ; en commençant par la voiture de tête qui commença à dévier sur la gauche… En laissant apparaitre clairement aux yeux de leur sombre adversaire les pneus avant et arrière de son flanc droit.

D'un geste d'une technicité à en friser la sorcellerie, la sombre silhouette lança les deux shurikens subtilisés à un intervalle espacé calculé entre les deux en direction du pneu avant de la voiture de tête. Le premier projectile étoilé perça et pénétra le pneu jusqu'à la jante sans effort, la différence de hauteur dû à la l'éclatement soudain du pneu de l'avant par rapport à l'arrière avec la vitesse se répercuta sur un virage plus forcé du véhicule sur la gauche. Puis le second donna le coup de grâce en pénétrant de même que le premier dans le pneu arrière, de sorte que la voiture, emportée par son élan alors que ses jantes à nues rencontraient les bords inégaux des rails par rapport à la route, se mit à effectuer un tonneau magistral ; dans lequel les autres voitures, confinées dans le couloir réservé au tram, ne purent que percuter de plein fouet dans un carambolage terrible de métal et de carrosserie tordues. Devant les regards horrifiés des policiers subissant le génie tactique de leur sombre ennemie, et celui de la championne, toujours accrochée précairement au câble, à devoir observer la scène se déroulant devant elle. Interdite de voir ses innocents alliés réduits à l'état de blessés piégés dans les épaves de leurs propres véhicules – à cause de ses propres armes .

Tandis qu'elle assistait impuissante à la fuite de leur ennemie dans les rues de la ville, seulement poursuivie par les deux seules voitures ayant réchappées au crash et qu'elle ne les voit disparaitre de sa vue, elle sentit lentement ses forces l'abandonner alors qu'elle comprenait avec effarement que les effets de son paralysant se retournait fatalement contre elle-même – malgré son immunité - sans ne pouvoir rien faire pour l'en empêcher… Et lâcher fatalement le câble. Elle effectua une faible rotation pour chercher à protéger sa tête et réduire les dommages de l'impact alors qu'elle chutait lourdement, mais qui, d'une inévitable mauvaise réception, se brisa le bras droit en s'affalant douloureusement sur le sol ; et de ne ressentir en lieux et place de sa douleur qu'un intense sentiment d'échec à la vue des balls de ses pokémons éparpillées dans sa chute autour d'elle.


«Je suis désolée…» Leur adressa-t-elle d'une voix rongée par le regret. Se sachant vaincue. Et de ne plus rien faire d'autre que d'attendre les secours comme la simple humaine qu'elle se révélait être. En versant une larme avant de fermer les yeux.


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N'ayant désormais plus la championne au trousse, sa marge de manœuvre avait d'un coup regagnée presque totalement son statu d'antan ; même avec la présence résiliente des deux voitures restantes toujours collées à ses arrières.

En fait, cela se passait même mieux qu'elle ne l'avait prévu. Les grenades ombres sont d'une efficacité redoutable face à des dresseurs de pokémon dénués de la moindre compétence de combat (et efficace par défaut à les priver du soutien que représente leurs équipes de pokémons) ; mais d'un autre côté ne dispose que d'un effet limité dans le temps. Ce qui voulait dire que si la championne connaissait leur limite durant laquelle l'effet reste actif (comme elle soupçonnait que cela soit le cas pour des ninjas d'avoir une connaissance approfondie sur l'armement en général), elle devait alors aussi connaitre l'infime timing durant lequel elle pouvait alors faire sortir ses pokémons dès qu'ils s'estompaient (les effets de ces grenades ne se cumulant pas). Et affronter des toiles de Migalos ou les attaques toxique de ses pokémons poison en fuite étaient tout ce dont elle se passait volontiers ; sans parler de ses alliés de cette organisation secrète grâce à qui l'embuscade fut montée.

C'était d'ailleurs à cause de la menace que représentaient ces derniers qu'elle fut forcée à «s'aventurer» ainsi à découvert. Mais elle s'était adaptée à la situation en la reprenant mieux que le plan initial : la championne n'avait pas usée de la fonction de communication de sa montre, ce qui signifiait qu'elle devait probablement avoir été rendue hors-circuit en résulte de l'action de son araignée (sinon elle ne se serait pas privée de s'en servir.) Incapable d'alerter ses alliés et privée du soutien de ses pokémons, il devenait alors bien plus facile de la gérer. Bien qu'elle restait une experte combattante spécialisée dans la connaissance et l'utilisation des poisons. Pour réduire encore plus la menace qu'elle représentait, il suffisait alors plus qu'à l'amener sur un terrain découvert à la vue de tous comme une avenue remplit – même qu'en partie – de passants. L'utilisation de poison à rayon d'action large était donc immédiatement prohibée, au risque de contaminer une personne innocente par accident, de même que la plus grosse majorité de son armement caché à cause de la course sur les câbles qu'elle lui fut imposée, et qui drainait à elle seule en continue une part substantielle de sa concentration.

De plus, en se trouvant à découvert alors que jusqu'à présent elle opérait en toute discrétion, elle savait que la championne gaspillerait encore plus de sa concentration à chercher à comprendre son modèle opératoire tout en espérant – avec fondement – l'arrivée rapide de renfort dans une avenue aussi grosse où une telle escapade passait difficilement inaperçue. Et elle avait vu parfaitement juste ; car une fois que les voitures des renforts en question qu'elle devait espérer recevoir furent arrivées, elle se sentit automatiquement soulagée et sa garde s'était perceptiblement relâchée. Il n'y avait plus qu'à apporter la touche finale sur une erreur d'attention feintée en tournant la tête en arrière du mauvais côté, et la championne s'était empressée de mordre à l'appât.

Et ce que ne savait pas la championne de Parmanie à propos de son adversaire lorsque qu'elle la blessa sciemment avec ses propres shurikens, c'est que ces mêmes blessures servaient de leurre à lui faire croire, incrédule, qu'elle avait été paralysée par la substance enduite sur ces derniers (un ninja spécialisé en poison sans arme de jet enduit de poison est comme un dresseur avec des pokéballs dénuées de pokémon.) Alors qu'en fait ses mains gantées de noir étaient, à l'image de ses shurikens, eux aussi recouvert d'une concoction fabriquée à partir de baie entrainant la paralysie qui s'infiltrait dans le corps par simple contact avec la peau. Discret, insidieux, efficace et ne laissant de trace (à ne pas en chercher en ne soupçonnant même pas l'existence d'un poison qu'elle ne connaitrait pas.)

En résumé elle avait développée en improvisation une tactique pour s'affranchir de la menace que représentait un tel champion, et elle avait parfaitement réussie de bout en bout. Elle pouvait même l'en remercier quelque part, car sans elle il aurait été plus difficile de se débarrasser aussi des policiers lancés à leurs trousses ; du moins pas avec la même efficacité et la conséquence de leurs effets sur leur moral dans les jours à venir.

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Aussi échauffée et entrainée qu'elle soit à maintenir un tel niveau athlétique en de telles conditions, la sombre silhouette poursuivit par les deux voitures rescapées de sa brève mais brutale curée était parfaitement consciente qu'elle ne pouvait rivaliser en endurance avec des véhicules comme les leurs dédiés aux poursuites de ce genre ; de même qu'elle ne pourrait pas continuer à courir ainsi indéfiniment. Elle avait beau avoir prise une drogue augmentant fortement le taux de globules rouge pour doper drastiquement son alimentation en oxygène, de même qu'elle fluidifiait d'avantage la circulation pour éviter tout risque de Caillaux dans le sang, elle ne pouvait penser semer ses poursuivants en se basant sur les critères de ses compétences physique en comparaison avec ceux d'une véritable machine de fer insensible à la fatigue. Mais, aussi avantageuse que soit la vitesse et l'endurance de leurs voitures, leur maniabilité était à des centaines d'années lumière incomparable avec la sienne ; surtout dans un environnement aussi restreint que les ruelles et les terrains des entrepôts composant la majeure partie du quartier industriel. Dans lequel elle les attirait de manière immanquable dans ses filets.

Bien sûr elle pouvait régler le problème qu'ils représentaient très rapidement d'un simple double-lancé de grenade IEM et Ombre pour les laisser sur le carreau. Seulement elle ne disposait que d'un nombre très limité de ces dernières, et ne pouvait se permettre d'en gâcher même une seule sur des policiers qu'elle tenait déjà parfaitement bien en respect ; et sèmerait définitivement une fois arrivée en orée de la forêt dans laquelle ils ne pourraient pas la suivre. A la plus grande exaspération de ces derniers qui, bien que faisant tout leur possible pour la rattraper, étaient forcés à ne pas utiliser toute leur vitesse à chaque fois qu'elle prenait un virage aussi improbable que soudain ; à ne pas se retrouver fatalement dans le décor comme des abrutis alors que la frustration arrivait à son paroxysme à se voir ainsi être baladés par leur adversaire comme de vulgaires touristes.

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«Putain, mais met la gomme, elle va nous semer !» S'exclama le copilote du véhicule de tête.

«Et nous écraser droit dans un putain de mur lorsqu'il prendra un autre putain de virage en nous feintant comme des cons ? Non merci !» Répliqua son coéquipier au volant du véhicule.


Alors que son collègue s'apprêta à vociférer une insulte venant du cœur, il en fut ironiquement empêché par la silhouette responsable de tous ses maux qui prit à nouveau l'un de ces «putains de virages» brutaux sur la droite visant à les envoyer valdingué dans le décors, que son collègue, aux réflexes réactifs poussés dans leurs retranchements, parvint à leur faire effectuer de peu au véhicule en continuant dans une rue plus étroite sur une seule file ; encore et toujours à la poursuite de cet ennemi qui se révélait de plus en plus insupportable qu'il en était insaisissable.


«Bordel de putain de nom de dieu de merde, mais d'où il sort ce type ?!» Ragea dans le com le copilote du véhicule de queue s'acharnant à tout faire pour rester dans la course.

«Aucune idée ; mais à chaque fois qu'on est sur le point de le rattraper il change de direction au dernier moment, et résultat on perd tout le temps dépensé à le rattraper dans le virage pour pas se manger le coin de la rue - alors qu'on a l'avantage de la vitesse ! Il fait aussi chier qu'un foutu Simabriaz à pas rester en place !» Renvoya celui de tête sur le même ton.

«Il tourne encore à gauche !»


A peine furent-ils avertis par le pilote de tête que ce dernier vira brutalement dans la direction énoncée (son copilote étouffant un nouveau juron) ; à vainement chercher à suivre ce véritable démon de la course, mais incapables d'abandonner.


«On va pas te lâcher… j'te jure qu'on te lâchera pas…» Râla celui de tête d'un ton mélangeant menace et désir de vengeance.


Comme s'il l'avait entendu, pour se moquer et le tourner en ridicule, le sombre avatar effectua un nouveau virage brutal sur la droite pour les faire pénétrer dans une ruelle encore plus étroite que la précédente ; ne le faisant cette fois-ci pas se retenir de finalement vociférer le juron qu'il renâclait depuis le début de cette course poursuite infernale (malheureusement censurée par la sirène des gyrophares hurlants sur les toitures de leurs véhicules.)


«Merde, il se dirige vers le quartier industriel !» S'exclama le copilote de queue.

«Même pas en rêve !» Répliqua férocement le pilote de tête.


A peine avait-il répliqué que le criminel poursuivit effectua un nouveau virage brutal sur le droite. Cependant ce dernier l'avait parfaitement prévu, vu que la rue dans laquelle il tournait était la seule possibilité restante qui s'offrait à lui, et prit cette fois-ci le virage beaucoup plus efficacement que les précédentes fois en conservant mieux sa vitesse. Pour se rendre compte que la ruelle dans laquelle il venait de s'engager, bien qu'étroite au point qu'il leur était presque impossible de manœuvrer, était en continue sur toute la longueur - sans aucun virage possible.

A peine cette information lui arriva au cerveau que le policier écrasa son pied de toutes ses forces sur le champignon – le moteur poussant un vrombissement rageur en réponse à l'accélération qu'il prenait -, et rattrapait à une vitesse croissante la sombre silhouette, qui était de plus en plus illuminée au fur et à mesure que l'écart en lui et la voiture se rétrécissait dangereusement.


«Bordel, mais t'es cinglé ou quoi ?!» S'écria le second pilote à la vue de sa brutale accélération.

«On n'arrive bientôt à la sortie de la rue : s'il arrive au bout il va encore nous semer !» Se défendit-il ardemment, le pied toujours sur l'accélérateur.

«Mais on doit l'attraper en vie, pas le tuer !»

«T'inquiète, j'en ai pas l'intention.» Répliqua-t-il d'un sourire narquois à l'approche imminente avec le criminel. «Je nous mets juste à portée, et Armand baisse la vitre du capot pour balancer nos pokéballs et faire apparaitre nos p'tits amis sur ce dernier, tout droit prêt à lui faire sa fête !»


Comme déjà préparée à la manœuvre, le doigt tendu paré à appuyer sur le bouton, ce dernier récupérait en l'autre main les balls de leurs partenaires situés dans la boite à gant en les faisant grossir toutes les deux. N'attendant plus que son signal, un sourire aussi narquois que le sien sur les lèvres à l'idée de rendre justice pour leurs collègues et le sort que cette enflure leur a réservé… Jusqu'à ce que l'enflure en question, le criminel, ne s'arrête tout d'un coup, à quelques mètres du bout de la rue, pour se retourner vers eux calmement. Sans n'esquisser plus un geste. Comme prêt à faire «face à son destin» de la manière la plus lâche et macabre qui soit ; devant les regards horriblement surpris des policiers.


«FREINE !!!»


Sans même l'avoir attendu (étant simplement le comble de l'évidence) le pilote avait déjà délaissé la pédale d'accélération pour écraser celle de freinage de tout son poids. Le vrombissement du moteur laissa place au crissement rêche et strident des pneus frittant furieusement sur le bitume alors que le véhicule freinait abruptement et que ses suspensions, soumises à la contrainte de la poussée inertielle, ne faisaient surélever ses roues arrière pour chercher à encaisser brutalement le changement de vitesse. Mais malgré cela ils arrivaient trop vite. Et l'impact semblait inévitable…

Mais c'est alors qu'ils étaient sur le point de rentrer mortellement dans le sombre avatar, que ce dernier exécuta un saut prodigieux à se propulser haut sur un mur, et écarta les jambes dans un grand écart le maintenant en suspension à plusieurs mètres du sol, bien au-delà des voitures. Totalement à l'abri. Devant les yeux estomaqués des policiers en leur sein réalisant, impuissants, le piège grossier dans lequel il venait de tomber, lorsque la voiture de queue – elle aussi prise dans l'engrenage malgré elle – n'eut d'autre choix que de percuter celle de tête de plein fouet dans un fracas de bruit de tôle tordues et de verre brisé. Sous le regard indifférent de la sombre acrobate au dessus d'eux constatant la réussite de son plan. Avant de ramener ses jambes pour atterrir posément sur le sol, puis de quitter à grandes enjambées la rue étroite dans laquelle étaient coincés ses pitoyables poursuiveurs en prenant la direction opposée.

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Désormais débarrassée de tous ses poursuivants, sans qu'aucun d'entre eux n'ait plus les moyens de la localiser ou de relayer sa position à d'éventuels renforts, elle pouvait reprendre méthodiquement la dernière partie de son plan, l'exfiltration ; qui s'était révélée au final la plus retord d'entre toutes. Mais finalement amenée à réussir.

Après quelques détours supplémentaires dans d'autres petites rues semblables à celle ayant piégée ses derniers poursuiveurs, elle arriva finalement au point de passage souligné par la carte de son pokématos qui indiquait la dernière rue à prendre avant de déboucher, comme prévu, sur les installations industrielles et les usines du secteur de la ville dédié à la production. Et en tête le passage lui servant de porte de sortie : le terrain vague le plus au Sud-Est de la ville, à sa périphérie, et relié directement à la forêt entourant la ville par l'Est ; celui dont aucune entreprise n'en cherchait à en acquérir la propriété de par son emplacement situé justement trop à proximité de cette dernière, et donc du risque non négligeable d'invasion de pokémons nuisibles pouvant atteindre au bon fonctionnement de l'usine qui serait construite là en question ; en plus d'être flanqué de part et d'autre de grandes pentes rocheuses caractéristiques de la ville, lui donnant la forme d'une cuvette naturelle particulièrement inadaptée à la circulation de transport routier (ce qui était un besoin incontournable vu son emplacement très éloigné par rapport aux routes les plus proches). Tout ce qu'il restait alors à faire était de tourner au coin de la rue puis de piquer un sprint droit vers l'étendue forestière…

Sauf qu'une fois tournée au coin de la rue, à la place de tomber sur un terrain complètement vague uniquement entouré de mur en tôle rouillés bourré de trous se trouvait une sorte de complexe-usine. Entouré de toute part d'un intense grillage recouvert de barbelés par-dessus des murs en béton armé, et d'un unique et énorme double portail d'accès métallique orné de deux petit boules noires suspendues de part et d'autre en guise de caméra... Un complexe aussi neuf qu'il avait l'air d'être laissé à l'abandon… Mais surtout qui n'était pas sensé se trouver là.

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=Peu importait le nombre de fois que je comparais les données de mon pokématos avec celles semblables que j'avais en mémoire, à la recherche de la moindre possibilité d'erreur d'interprétation da la moindre minuscule donnée pouvant conduire à une telle erreur d'appréciation, la conclusion revenait toujours la même et sans appel : il était impossible qu'un complexe pareil puisse se trouver à cet emplacement sans qu'il n'ait été relevé et fiché en mémoire par les satellites orbitant à des dizaines de milliers de kilomètres au dessus du ciel ; auxquels -même sans la SCS – il était facile d'accéder aux données recueillies dans le réseau publique des archives de la ville.

Le fait était bien là, un complexe se trouvait bien bâti à cet emplacement ; datant même d'au moins plusieurs mois vu l'état de dégradation apparent sur les murs de béton. Mais cela n'en restait pas moins incohérent… Comment pouvais-je être passée littéralement à côté de cet énorme et relativement récent complexe ? C'était comme de cacher le Mont Couronné dans un nuage ; il faudrait le plus énorme cumulonimbus bas de l'histoire de la terre pour réussir ce tour de passe-passe. Métaphore mise à part, à moins de disposer de ressources inépuisables, de contacts au plus haut niveau et d'un accès direct aux archives du système général recensant les constructions sur l'île, il était impossible qu'un tel complexe puisse avoir été construit sans que la période de construction précédant sa mise en service n'ait été relevée par personne… Il n'y avait qu'une seule organisation au monde qui pouvait s'offrir un tel caprice…=

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Reprenant neutralement sa marche, elle arriva juste au devant de l'accès principal (devant le regard vide et inanimé des caméras désactivées) et fit prendre une photo du logo dessus effacé volontairement en grande partie avec son pokématos, qui s'appliqua immédiatement à rétablir son aspect originel. Pour lui afficher le rendu final sous la forme imagée d'une Pokéball, séparée en moitié par une ligne verticale au lieu d'une pokéball traditionnelle, et disposant d'un petit espace sur la droite à l'image d'un «C». Le symbole employé par les entreprises affiliées au Consortium…

Mais qu'elles pouvaient-être les activités menée par ces derniers dans ce complexe pour le délaisser à l'abandon, à ce qui devait – grand maximum – être moins de six mois après sa construction ? C'à n'était pas dans les habitudes du Consortium de jeter l'argent par les fenêtres inutilement. C'à n'était pas non plus comme si cela importait pour elle ; contrairement aux forces de la ville qui se mobilisaient en force pour sa capture. Il lui fallait d'abord terminer son escapade en semant définitivement ses poursuivants en ralliant la forêt située de l'autre côté. Le complexe pouvait attendre. Désaffecté comme il l'était, revenir ultérieurement enquêter dessus une fois l'agitation de la ville passée se révèlerait aussi aisé que potentiellement productif. Avec le Consortium, mieux vaut toujours garder un bon atout dans sa manche autant qu'un coup d'avance.


«Il est là !»


Du réflexe identique à celui effectué face à la championne, elle se retourna en arrière pour faire face et voir au loin de là où elle venait se tenir un homme en uniforme bleu foncé, une arme de poing serrée dans sa main et la pointant du doigt avec l'autre, et d'un Malosse se tenir à ses côtés qui aboyait fortement en sa direction. Il fut rapidement rejoint par trois autres hommes en tenues semblables et de trois autres pokémons, en la présence d'un Magby, d'un Lixy et d'un Elekid ; tous parés à lancer une attaque.

Mais ils n'en n'eurent pas l'occasion de les lancer alors qu'elle s'était déjà élancée à l'assaut du portail en grimpant dessus ; l'escaladant par de le coin à l'interstice entre la double porte de métal et le mur de béton tel un Arcko. Pour arriver rapidement au sommet (heureusement dénué de barbelés) et se laisser tomber de l'autre côté, à l'entrée du complexe. Juste à temps. Car à peine avait-elle passée le rebord que le bruit d'impact d'un projectile métallique résonnant dans le blindage du portail lui parvint, de même que celui d'un coup de feu tiré depuis la direction d'où se trouvaient les policiers.


«Merde, il est entré dans le complexe. Ouvrez la porte !»


Bien qu'en fuite à courir droit dans ces installations industrielles, pour mieux semer ses poursuivants en trouvant la sortie vers la forêt de l'autre côté (ou de s'en créer une avec le reste de l'arsenal à sa disposition), elle fut interpellée par la dernière partie de la phrase déclarée par le «policier» ; tout autant que par sa présence et celle de ses collègues qui ne pouvait que la faire se pencher intensivement sur ce problème. L'aspect quelque peu déchiré de leurs vêtements, ainsi que des tâches d'une couleur plus foncée résultant des égratignures d'un choc récent s'y trouvant, lui indiquait qu'il devait s'agir des policiers dans les deux voitures à sa poursuite. Mais comment pouvaient-ils lavoir retrouvés aussi rapidement ? Même si l'odorat des Malosses et des Lixy est vraiment très développé, sa tenue était recouverte d'une concoction de baie Palma qui neutralisait complètement toute trace de son odeur corporelle. Ils ne pouvaient pas l'avoir pistés jusqu'ici avec ces pokémons canins, encore moins avec le Magby ou l'Elekid. Mais le fait était qu'ils étaient bien là ; et qu'il se passait avec le portail laissé derrière elle exactement comme ce qu'ils voulaient qu'il soit, lorsqu'elle l'entendit s'ouvrir dans un lourd glissement métallique pour les laisser passer à sa poursuite. Les deux pokémons canins en tête aboyant à ses trousses alors qu'elle pénétrait dans le complexe.

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Premier qualificatif lui arrivant en tête pour catégoriser ce complexe : énorme. A première vue il devait remplir facilement les 8/10 du terrain vague sur lequel il était construit. Le complexe semblait aussi dédié au traitement de produit chimique ; tandis qu'elle voyait de nombreuses cuves et autres tuyaux parsemés les lieux de toutes part, peu importait là où elle posait le regard. Mais, ironiquement avec les deux pokémon sur ses talons, elle ne sentait aucune odeur inhabituelle venir de la partie dans laquelle elle se trouvait ; qui ressemblait dans sa forme à celle de la raffinerie (normalement le lieu principal où devait converger le plus d'activité chimique, et donc de trace de relent d'odeur venant de ces derniers.) Cette «usine» lui apparaissait de plus en plus suspecte à correspondre à tout sauf aux standards du genre ; surtout en sachant que ses poursuivants prétendus «flics» semblaient avoir un lien direct avec. Pourquoi diable de faux flics, ou des flics corrompus iraient à connaitre l'existence de ce complexe, et en auraient même les accès relatifs permettant d'y entrer ? Elle ne le savait pas, et ne pouvait que spéculer. Mais les faits étaient là : ils sortaient leurs armes et s'en servaient contre elle depuis qu'elle avait approchée les lieux, alors qu'ils s'étaient «retenus» lors de leur précédente course-poursuite avec leurs voitures. L'ordre donné devait être de la capturer en vie, mais le fait était que maintenant ce n'était plus du tout leur priorité.

Un autre bémol se présentait aussi à elle. En tant qu'assassin expérimenté et isolé, les couverts et possibilités d'approche pour tendre des embuscades et autres pièges qui s'offraient dans un tel complexe étaient proportionnelle à sa capacité d'adaptation. Mais cela ne pouvait fonctionner avec les types lancés à sa traque. Car la condition indispensable à l'élaboration d'une embuscade tenait autant à l'opportunité de temps pour la mettre en place que la connaissance du terrain ; si l'ennemi connaissait aussi bien le terrain qu'elle s'y adaptait, ses propres tactiques pourraient se retourner contre elle. Surtout qu'en sachant que pour ouvrir la double-porte il fallait qu'elle soit alimentée en énergie – plus que ce qu'un petit Elekid pouvait fournir. Cela signifiait que quelque part, relié au circuit interne du complexe, devait toujours se trouver un générateur ou une source d'énergie quelconque en état de délivrer tout le courant nécessaire à la réactivation des systèmes des lieux ; y comprit l'éclairage. Hors une fois l'éclairage rétablit, ses possibilités d'approches se réduisaient encore d'avantage…

Chaque chose devant venir en son temps, sa principale préoccupation était de trouver la sortie. Mais celle arrivant en tête par rapport à la situation était de s'occuper des deux pots de colle qu'elle avait au train. Un Malosse, un Lixy, un Magby et un Elekid ; du Feu, Ténèbres et de l'Electrik de classe basique. Rien de fondamentalement compliqué à s'occuper. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle allait les prendre à la légère pour autant. Les Malosses sont réputés pour être d'excellents chasseurs en meute, très organisés, et opérant avec une approche méthodique implacable pour abattre leurs proies –quand bien même plus grosses qu'elles – et, généralement, quand cette dernière se trouvait piégée là où ils l'attiraient, il était déjà trop tard. Cependant celui-ci était impulsif à la courser sans arrêt et opérait loin de ce qu'il pouvait considérer comme le reste de sa «meute» et ses leaders, ce qui était très contradictoire avec les caractéristiques de son modèle opératoire habituel. Ce qui l'amenait à se poser une nouvelle question : pourquoi et comment ses actuels adversaires pouvaient – même en partie – être à la charge d'un tel endroit avec des pokémons inexpérimentés ? Qui dans le Consortium pouvait faire appel à des flics corrompus pour surveiller l'une de ses installations «illégales» au fort risque de se faire doubler par ces derniers s'ils venaient à vendre l'information de son existence au marché noir.

Encore plusieurs réponses lui parvenait à l'esprit, mais une seule arrivait en tête en prenant en compte toutes les données se présentant à elle : Rising Sun. Avoir des membres infiltrés partout dans toutes les agences potentiellement intéressantes se révélait un jeu d'enfant pour une telle organisation disposant de nombreux contacts dans tous les domaines qui soient. Encore plus avec celui dont tout tournait justement autour récemment… Matis…

Une chose était certaine le concernant, lui et sa fille : jamais un assassina ne s'était révélé aussi retord que celui là. Comble de l'ironie, c'était aussi le premier qu'elle prenait entièrement pour son propre compte, de même que le premier qu'elle était obligée d'être amenée à réussir pour assurer directement sa survie ; survie en répit qui n'allait pas durer si elle ne trouvait pas une sortie rapidement pour rallier la forêt au plus vite.

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Elle prit un nouveau détour dans un énième couloir s'apparentant de plus en plus ressemblant avec le dédale de l'ambassade d'où elle sortait d'encore il y'a peu. Puis enchaina avec une grande double-porte à battant sur sa gauche, pour pénétrer dans une énorme pièce équipée de six grosses cuves boulonnées aux murs de part et d'autre sur sa gauche et sa droite, reliées en ça et là par des tuyaux de métal qui traversaient la pièce dans un circuit compliqué de croisement et de décroisement, dont trois tuyaux principaux plus gros que les autres, et suspendus à plusieurs mètres du sol par des chaines, parcouraient la pièce pour se rejoindre en son centre dans un seul tuyau central qui se terminait en son bout dans une boucle fermée de forme rectangulaire parcourue de trois ouvertures en forme d'alcôve, servant à desservir ou récupérer le contenu dans les réservoirs de camions adaptés au transport de produit chimique. Ce qui révélait sa fonction d'entrepôt ; vide actuellement.

Cela, plus le fait qu'au bout de la pièce se trouvait l'énorme volet fermant l'accès par lequel les transports devaient venir se garer, autour duquel se trouvaient aussi deux portes bien plus modestes servant au passage piéton. En desservant droit vers l'extérieur du complexe, et ainsi de la forêt ; bien plus tôt qu'elle n'avait envisagée à le trouver. Mais pas moins avantageux.

Puis, alors qu'elle arrivait au milieu de la pièce, à sa suite pénétrèrent à leur tour les quatre pokémons de ses poursuiveurs -mais sans leurs dresseurs. Sachant qu'avec la cacophonie de multiples cris que les pokémons poussaient ils n'allaient pas tarder à arriver, c'était là, alors qu'ils étaient tous rassemblés au même endroit, à vouloir se battre sans les instructions de leurs maitres qu'ils se révélaient les plus vulnérables… Une occasion qui ne se refusait pas.

Un peu plus en avant du milieu de la pièce, elle s'arrêta subitement. Comme mise sur pause. Puis effectua un très lent demi-tour sur sa position pour faire face à ses «petits» adversaires, sans bouger de sa position, ou d'esquisser le moindre geste ou prise de posture de combat. Juste debout à afficher un regard et une posture parfaitement représentative de sa condition mentale par rapport à eux : totalement neutre. Mais comme si cela n'avait même pas été pris en compte par ces derniers, ils continuaient de se ruer droit vers elle ; en commençant par le plus hargneux et véloce d'entre eux, le Malosse, qui bondit d'une charge en plein sur la sombre silhouette, toutes griffes et crocs dehors.

Avant de se prendre un fulgurant coup de pied sur le côté du crâne qui l'intercepta brutalement en l'air - sans même l'avoir vu venir – et qui l'expédia impitoyablement sur le côté ; à s'écraser sur le sol et rouler sur plusieurs mètres avant de finalement s'arrêter en percutant violemment le mur. N'esquissant plus le moindre geste. Complètement inerte. Sous les yeux médusés des trois pokémons restant qui interrompirent immédiatement leur charge, et celui indifférent de l'humain ayant envoyé valdinguer leur semblable d'espèce comme un vulgaire sac de sable ; la jambe gauche toujours tendue pile à l'endroit où elle avait frappée de plein fouet le crâne du pokémon Sombre par la pointe du pied. Comme la frappe d'une faux par sa pointe.

Les jambes humaines étaient au bas mot trois à quatre fois plus puissantes que les bras, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Ainsi même un coup de poing d'homme ne pouvait prétendre à rivaliser avec le coup de pied d'une femme, en termes de puissance brute. Seulement, en prenant et se basant sur les critères physiques de base pour établir une comparaison des caractéristiques musculaires entre les deux genres, l'avantage brut des jambes allaient toujours en faveur de l'homme si la femme n'était pas soit entrainée, soit n'ayant pas développée la masse musculaire de ces dernières au-delà de la moyenne. Il y'avait cependant une exception, une méthode permettant de passer outre la conclusion précitée en surpassant toutes les limites de critère physique établit. Elle consistait en pratique à adopter un modèle de détente proche à celui du swing de golf qui, sans avoir besoin d'énormément de force, permettait de porter un coup, selon un angle d'approche correct, capable d'envoyer la balle à des centaines de mètres de distance ; bien plus qu'il n'était possible de le faire à la force brute de ses bras, même additionnés. A adapter et maitriser ce concept aux jambes en situation réelle, et même une adolescente de 17 ans pouvait briser le bras d'un Gravalanch en ses points sensibles s'il ne le parait pas correctement.

Autant dire que même à trois, pour un Lixy, un Elekid et un Magby, réaliser toute l'étendue de ce concept en application allait cruellement se faire dans la douleur.

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Le premier à subir cette douleur fut d'ailleurs ce dernier. Alors qu'ils voyaient leur ennemi humain ramener lentement son pied au sol en étant encore toujours sous le choc d'avoir vu le Malosse s'être fait éjecté comme un rien, ils ne purent absolument pas se préparer à la soudaine et extrême accélération que prit la silhouette en leur direction une fois le pied reposé au sol ; à foncer droit sur l'Elekid situé au milieu. Ce dernier vit les deux antennes au dessus de sa tête être parcourue d'un vif éclair bleu alors qu'il chargeait en urgence ses batteries pour se préparer à recevoir le coup porté par l'humain, et à lui décharger fatalement une terrible Etincelle qui allait le faire regretter de s'en être prit à lui – pour rien. Au dernier moment, alors qu'il était sur le point de frapper et lui aussi avec sa décharge électrique, l'humain en noir disparut de sa vue en mettant toute sa force dans son pied droit pour se déporter de tout son poids sur sa droite, à enchainer en le repassant intégralement dans le pied gauche pour s'en servir d'appui telle une tornade dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, alors qu'elle arrivait déjà sur le Magby – complètement pris par surprise – pour lui décocher un nouveau formidable coup de pied droit en plein milieu du front ; qui avec la rotation et sa taille plus petite que l'humain se retrouva propulsé en l'air comme une balle de golf. Mais était déjà rendu inconscient par la force du coup accumulée par la rotation avant même le décollage en règle.

L'Elekid fut le suivant, avant même que le Magby ne touche le sol. L'humain l'ayant feinté à la perfection, il déchargea l'énergie accumulée de son Etincelle dans le vide et se retrouvait désormais en sous-alimentation. Complètement vulnérable. A la hâte il chercha à faire des moulinets rapides de ses bras pour recharger même qu'un peu ses batteries ; mais son adversaire était beaucoup trop rapide et ne lui laissait pas la moindre chance. A peine le pied ayant servit au double Knock Out des deux type Feu posé à nouveau à terre qu'il fut à nouveau servit pour lui redonner une terrifiante accélération l'amenant directement sur lui. S'ensuivit alors une charge en prétendant vouloir lui donner un coup direct à la tête en lui faisant croire que cela allait venir de la droite en fléchissant sa jambe gauche, le pied gauche fermement ancré dans le sol, qu'il chercha à éviter en ramenant ses bras devant son visage comme une garde de boxe, plus vouté vers l'avant pour encaisser le coup de plein fouet sans broncher ; la double-feinte se révéla douloureusement à lui lorsque toute la force accumulée dans la jambe gauche passa dans la droite, fermement ancré dans le sol, à effectuer une rotation dans le sens inverse des aiguilles d'une montre en se servant se sa jambe gauche comme d'un contrepoids, qui en rasant le sol dans le mouvement fit effectuer une terrible balayette au pokémon à la rencontre violente de ses talons avec celui de l'humain - si terrible qu'il en tournait sur lui-même, suspendu en l'air. Avant qu'elle ne fasse revenir sa jambe par-dessus sa tête en continuité dans le mouvement – totalement tendue dans un grand écart vertical – avant d'abattre son pied telle une guillotine de tout son poids sur le pokémon Electrique dans un unique bruit de fracas aussi lourd que s'il avait s'agit d'un boulet de démolition ; faisant même apparaitre des fissures en dessous du pauvre pokémon là où l'impact s'était révélé le plus brutal.

Il ne restait plus que le Lixy. Mais celui-ci, ayant assisté impuissant à la débâcle (pour ne pas dire l'exécution) pure et simple de ses trois semblables, et réalisant l'abysse de niveau qui le séparait du monstre lui faisant face avait perdu toute détermination à continuer le combat, et se mettait plutôt à reculer lentement de lui - tremblant comme une feuille morte.

Malheureusement pour lui la pitié n'existait pas pour cet avatar de mort, qui réduisit la distance les séparant en un éclair pour se retrouver juste en face de lui, à le dominer de toute la hauteur de sa sombre présence. Le Lixy poussa un cri de terreur en même temps que l'étoile au bout de sa queue brillait en réaction pour lancer en réflexe de panique une attaque électrique. Mais alors qu'il n'était même pas encore prêt à la lancer (un infime délai de chargement était pourtant tout ce qu'il lui fallait), l'humain tout de noir était déjà passé derrière lui - sans qu'il ne l'ait vu - pour lui prendre la queue dans sa main gauche d'une poigne de fer ; sans subir les effets d'une électrocution grâce à la matière isolante de ses gants (au plus grand désarroi du petit pokémon comprenant qu'il était sans défense). Puis de tirer dessus sans ménagement à le faire voltiger en l'air en lui lâchant la queue comme une vulgaire peluche… Et de lui ressaisir fermement la tête avec sa main droite, en pleine rotation aérienne, pour lui fracasser la tête directement sur le sol.

Le tout s'étant passé en l'espace de moins d'une trentaine de secondes.

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Le problème du quatuor de pokémon étant réglé, la partie course de la fuite pouvait reprendre. Elle délaissa le corps du Lixy, tout aussi inerte que celui des trois autres bestioles, pour s'en rediriger rapidement vers la porte menant à l'extérieur la plus proche de sa position, et de constater avec neutralité –en plus d'être renforcée- qu'elle était équipée d'un digicode ; code qu'elle ne pouvait chercher à craquer en l'absence de courant servant à alimenter la serrure électronique… (Ironie de plus parmi tant d'autre, la seule serrure sur laquelle elle bloquait en était une désactivée.) Ce qui se révélait d'autant plus problématique qu'il n'y avait aucune autre issue ; à part la verrière triangulaire au dessus sur le toit qui laissait filtrer l'éclat de la Lune. Seule source de lumière éclairant les lieux de sa pâle lueur nocturne.


«On dirait que c'est la fin du chemin.» Fut-il relevé narquoisement dans son dos.


Se retournant lentement en direction de l'entrée par où elle avait pénétrée les lieux, elle fit face aux quatre hommes en uniforme de police qui braquaient fermement leurs armes sur elle, alors que les lumières de l'entrepôt s'activait sur injonction des ces derniers ; qui, voyant l'état dans lequel se trouvait leurs pokémons, approchaient lentement mais précautionneusement dans sa direction, en restant à bonne distance de sa sombre silhouette révélée sous l'éclairage de la pièce.


«Vous avez foutu un sacré bordel, en plus de nous avoir fait suer tel des porcs. Mais c'est terminé.» Reprit celui du milieu de gauche dont la voix correspondait à celle de la précédente déclaration. «Manque de pot pour vous que cette usine soit plus importante que vôtre capture, et nous d'être chargés de sa surveillance. Vous vous seriez dirigés vers n'importe quel autre usine ou complexe qu'on ne vous y aurait pas suivit. Dommage…»


Voilà comment ils avaient pu la remonter aussi aisément : une nouvelle concordance de facteurs imprévus donnant lieu à l'échelle de probabilité classant le phénomène dans la case «coïncidence malheureuse». Mais malgré cela, et la menace que représentait les quatre armes braquées fermement sur lui, le sombre avatar ne prononçait pas un mot, ni même n'esquissait le moindre geste.


«Je ne sais foutrement pas comment un type comme vous a réussit à nous flamber l'ambassade - sûrement pas seul en tout cas - mais je ne peux pas dire que ça n'envoi pas du lourd.» Continuait-il de manière plus détendu, s'autorisant même à sourire.


Le voilà commençant à s'aventurer sur un terrain plus dangereux, sans réellement s'en rendre compte ; probablement trop relâché de croire l'avoir à sa merci. Tant mieux pour elle. Mais cela restait toujours insuffisant. Il fallait qu'elle se créer une ouverture ; pour cela rien de mieux que d'engager la conversation en s'adaptant à son adversaire.


«En êtes-vous si sûr ?» Leur renvoya-t-elle en faisant prendre à sa voix un ton plus grave pour faire croire être un homme.

La réplique fit rire le policier de part son évidente ineptie.

«Si j'en suis sûr ? Vous avez incendiés l'ambassade comme un énorme baba au rhum flambé !» Exclama-t-il amusé. «Avec ça on peut être sûr que ça ne va pas être oublié de sitôt par les habitants de l'île ; encore moins de Voilaroc.»

«De la même manière qu'avec les habitants de Verchamp lors de vôtre opération foirée dans les marais ?»

Le rire mourut dans sa gorge, de la même manière que son sourire disparut de ses lèvres au profit d'une expression stupéfiée.

«Croyiez-vous vraiment que personne ne soit réellement au courant de vôtre existence, en dehors de vôtre «petite» organisation, Rising Sun ?» Releva-t-*il* neutralement d'un évident sarcasme.

L'expression stupéfiée du policier se mit à virer lentement à une mimique de contrariété prononcée.

«Vous… Vous auriez mieux fait de garder vôtre bouche fermée.» Rendit-il gravement en pointant d'avantage son arme vers lui.

«Et vous avez très mal choisit vôtre camp.» Renvoya-t-*il* à l'opposé de façon complètement neutre. «A vôtre avis : qui la population de l'île va accuser d'être les responsables de cet attenta une fois la mort de la gouvernante Matis rendue publique ?»


Comme d'un coup les expressions contrariées des policiers s'évaporèrent de nouveau au profit d'expressions figées de stupeur. Mais la mauvaise stupeur. Celle qui fait réaliser avec horreur l'étendue macabre de la situation dans laquelle ils se trouvaient jetés et piégés malgré eux.


«C'est vrai qu'après la débâcle dans les marais vôtre petite organisation a été repoussée totalement de Sinnoh. Mais ça la population ne le sait pas, et croit toujours qu'il reste encore des poches cachées sur l'île. En une telle occasion, rien de mieux que de monter un attenta terroriste en profitant de vôtre affaiblissement pour tuer la principale opposante au reste du parti gouvernemental, et reporter toute la faute sur vous.» Continua-t-*il* d'un ton frisant sciemment la limite perceptible du sarcasme.
«Un excellent plan, je dois l'admettre. Même si je me contrefous de savoir pourquoi je le fais. Seul l'argent compte ; et il faut reconnaitre que le Consortium paye très bien…»

Les bras tendus tenant les armes furent parcourus de tremblement parfaitement perceptible, alors que la stupeur laissait place à des visages profondément aigri aux traits tirés par la colère.

«Comment avez-vous osés faire ça…»Lui fut-il râler par l'autre «policier» à sa gauche.

«De la même manière que vous avez «osés» vous en prendre à l'ancienne maitresse de l'île en cherchant à la faire tuer par ses propres pokémons.» Renvoya-t-il calmement. «A la différence que moi j'ai réussis, que vous n'allez pas pouvoir tourner cela à vôtre avantage comme vous le pensiez pour récupérer Sinnoh. Et surtout que je vais toucher un max de pognon pour ça...»

«Sale fils de pute !»

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Cédant à la rage sous l'effet de ses provocations, le flic raffermit fortement sa prise sur son arme en la visant dans l'intention évidente de lui tirer dessus ; ce qui était exactement ce qu'elle avait cherchée à obtenir comme réaction de sa part.

Les balles d'un pistolet sont extrêmement rapides, tellement rapide qu'il était impossible pour un être humain – même avec des réflexes aussi aiguisés que les siens - de les éviter une fois tirées et lancées dans leur trajectoire. Mais sous l'effet de la colère, les bras sont prit de tremblement, le taux de précision chute dramatiquement, et le tireur doit compenser la visée rendue hasardeuse au même titre qu'il doit subconsciemment gérer ses émotions pour ne pas appuyer impulsivement sur la gâchette, à ne pas être sûr de faire mouche au risque d'envoyer sa balle dans le décor. De même, sous l'impulsion de la colère, les traits et les expressions de son visage et de son corps en entier décrivent tel un livre ouvert l'instant exact durant lequel il cède à sa rage pour appuyer sur la détente ; instant à prévoir la trajectoire du tir à l'avance, et l'anticiper pour l'éviter sans difficulté. La faille principale et inévitable des armes à feu reposant sur leur caractéristique de tirer uniquement en ligne droite. Il ne suffisait alors qu'à sortir de cette ligne droite à chaque fois avant qu'elle ne soit tracée, et même le projectile le plus rapide de l'univers ne pourrait alors prétendre à atteindre sa cible si elle l'évitait avant même qu'il fut tiré.

Mais alors qu'il s'apprêta à tirer de son arme en pressant la détente, à laquelle elle se préparait en fléchissant juste ce qu'il fallait les jambes et rabattre sa main droite vers sa ceinture, le flic du début à ses côtés l'en empêcha en relevant au dernier moment son arme vers le ciel alors que le coup de feu retenti tel un écho dans les couloirs vides du complexe, et que la balle ne parte en l'air en perçant l'une des vitres de la verrière pour se perdre dans le ciel nocturne.


«Tu bouges pas !» Le somma l'un des deux policiers restant qui ne l'avait pas lâché des yeux un seul instant du regard avec son arme.


Obéissant en se conformant à la sommation du flic, elle cessa sa manœuvre en défléchissant les jambes pour retourner à sa posture normale, et délaisser de sa main sa ceinture, palme ouverte et doigts écartés pour montrer qu'elle n'avait rien n'eut le temps de prendre en main… Selon leur champ de vision.

Tandis qu'elle obéissait de son côté, «sauvée» par l'intervention inopinée du premier flic, le second interrompu dans son élan s'en retourna hargneusement contre lui.


«Pourquoi tu m'as bloqué : j'allais lui coller un pruneau dans les yeux à ce connard !» Lui criait-il rageusement dessus.

«Par ce que ça n'est qu'un exécutant, mais qu'il possède des informations qui se révèleraient vitales pour nous ; que tu nous aurais fait perdre si je ne t'avais pas retenu.» Lui renvoya-t-il platement en lui relâchant le bras, en se retournant vers *lui*.
«Surtout qu'il a l'air d'avoir la langue suffisamment bien pendue pour pouvoir se mettre à table. Il suffira juste de lui coller une balle dans chaque membre pour éviter qu'il nous fasse un coup de pute, et le maintenir en vie juste assez longtemps pour tirer tout ce qu'on veut savoir de lui.»

Le second policier se mit à regagner lentement son calme en affichant un léger sourire vengeur.

«D'accord… Mais laisse-moi la première balle.»

«A ta guise.»


Alors qu'ils repositionnaient leur armes pour ajuster leurs visées dans l'axe de la sombre silhouette, à n'attendre que leur collègue se décide à envoyer le top départ, il en était de même avec cette dernière qui surveillait avec une intensité maximale les lignes de son visage et les impulsions finement perceptible de ses muscles sous sa peau en vue d'anticiper sa réaction et le tir de son arme ; la petite grenade flashbang coincée dans la paume de sa main prêt à l'emploi. Tout aller se jouer dans l'espace d'une seule seconde, durant laquelle un seul vainqueur sortirait vivant.

Mais alors qu'il s'apprêtait à tirer, et elle d'esquiver, un bruit grinçant de métal tordu attira leur attention par-dessus leur tête, vers le tuyau central et la chaine le tenant suspendu - l'une des mailles éclatée en partie par le passage de la balle tirée par le flic – et le voir commencer à vaciller dangereusement sous son poids. Avant que, sans prévenir, il ne céda d'un coup en tombant lourdement en direction du sol vers l'avant, par la boucle entrainée par sa forme d'épuisette sous son poids en prenant la fonction d'un énorme bélier, pour percuter de plein fouet le volet de garage de l'entrepôt et ouvrir une faille en son sein dans un vacarme tonitruant.

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Dès lors que la menace de la chute du circuit de tuyaux fermé au dessus de leurs tête fut perçu, les cinq protagonistes s'activèrent à s'élancer hors de portée de la masse métallique dégringolant du ciel qui menaçait de les écraser en se précipitant à couvert ; elle la première, la plus directement menacée de part sa position avant eux, et qui avait déjà réagit à l'entente du bruit de torsion métallique en se déportant à couvert sur sa gauche. Malheureusement, comme ne faisant partie d'un seul tout dans une structure semblable à celle d'un château de carte, lorsque le tuyau central, la colonne vertébrale du circuit s'effondra, il entraina immédiatement à sa suite la boucle, dont les parties fixées par les jointures sautèrent pour déverser en trombe le contenu liquide qui subsistait à l'intérieur sur toute la longueur, et qui s'abattit en partie inexorablement sur elle à la recouvrir d'un liquide visqueux – curieusement transparent et inodore – des pieds à la tête.

L'épaisseur du liquide était tel, qu'étant recouverte sur le visage protégé par sa cagoule, il lui était rendu incapable de pouvoir respirer et devait le retirer si elle ne voulait pas mourir d'asphyxie. Mais cela signifiait qu'elle laissait une chance à ses adversaires de voir son identité. Peu importait : entre être assurée de mourir par manque d'oxygène et risquer de dévoiler son identité à des faux flics qui devaient encore être sonnés par le capharnaüm des tuyaux, la question ne se posait pas.

D'un geste ferme et rapide elle arracha sa cagoule noire d'un coup pour dévoiler à nouveau son visage à l'air libre, sa longue chevelure noire mate dévoilée ; emportée dans le mouvement alors que l'épais liquide collant avait pénétrer au travers du tissu de son masque anonyme pour se répandre dans ses cheveux, et le long de sa colonne. Et de ranger la cagoule immédiatement dans l'une des poches de son manteau en se préparant à lancer la flash toujours dans sa main droite ; bien décidée à profiter de cette imprévu qui lui avait rouvert en grandes les portes pour son échappée. Seulement la petite grenade était aussi recouverte en partie de l'étrange substance qui la rendait aussi collante que glissante au toucher, et conserver la prise en main se révélait d'autant plus délicat que ses cheveux gênaient fortement sa vision en se collant entre eux pour former un véritable rideau de toison opaque devant ses yeux.

Elle raffermit sa prise rapidement sur son petit explosif en compensant le liquide dans sa main sans problème. De même qu'elle prit le rideau de cheveux de l'autre pour les écarter en grand de sa vue, désormais parfaitement préparée à lancer son attaque maintenant qu'elle voyait que les quatre policiers étendus par terre, aussi recouverts de liquide qu'elle sur le sol rendu glissant, avaient presque tous perdus leurs armes dans la confusion ; excepté celui qu'elle avait rendue délibérément le plus colérique par ses provocations, et qui tenait toujours fermement son arme en main en s'essuyant les yeux de l'autre. Mais alors qu'elle s'apprêtait à lancer sa grenade dans sa direction (représentant la menace la plus immédiate pour elle à cet instant), le regard qu'il lui porta une fois sa vue débarrassée du produit la fit retenir sciemment son coup en comprenant qu'il n'était pas naturel ; à le regarder d'une expression figée, interdite de stupéfaction alors que les conditions ne s'y prêtaient absolument pas.

Immédiatement elle songea à ce qu'un énième imprévu sous la forme d'un intrus de dernière minute se présente dans son dos, par l'ouverture créée inopinément par la chute du circuit fermé. Mais l'angle de vision du flic ne coïncidait pas avec l'axe de la faille dans le volet, et ne la visait qu'elle directement. Peu importait pour elle dans la limite où, décontenancé comme il était, il se révélait une cible d'autant plus facile à s'occuper. Bien que cela ne restait pas logique pour elle de le voir réagir ainsi… Jusqu'à l'entente des mots qu'il prononça à son encontre.


«C'est quoi cette couleur… ?»


A la simple mention du mot «couleur» une case d'alerte primaire s'alluma dans son cerveau. Elle délaissa de côté sa grenade en retardant son attaque pour porter à nouveau sa main gantée de noir à ses cheveux pour les faire glisser entre ses doigts, à les lisser pour les dégorger et les débarrasser de cette substance collante. Et réaliser de manière complètement neutre qu'au lieu d'être transparent, le liquide découlant de sa main avait la même couleur que la teinte colorant ses cheveux… A regarder dans sa main, sous l'éclairage artificiel de l'entrepôt et celui naturel de la lune, la longue mèche de cheveux étant retournée à sa couleur originelle : un intense blond platiné à la limite de l'argent ; tout comme ses cils. Eux aussi touchés par la substance à la composition proche des diluants qui les purifiait de leur fausse teinte détériorante, coulant de ses yeux comme des larmes le long de ses joues pour révéler l'éclat de leur véritable nature.


«Une femme… ?»


La conclusion de l'homme à la vue de ce qu'elle savait n'avoir pu voir d'elle que sa chevelure, rendu encore plus hébété à la vue de sa véritable apparence en oubliant qu'il était armé, la fit immédiatement saisir la chance qui s'offrait à elle. Prenant sa petite grenade bien en main, elle la dégoupilla d'un doigt pour l'envoyer d'un mouvement sec du bras en plein sur l'homme qui détonna juste en face de lui dans une explosion de son et lumière aveuglante (alors qu'elle s'en était elle-même abritée en fermant ses propres yeux et ses bouchant les oreilles.)

Alors que les quatre hommes subissaient les effets assourdissants de sa grenade (l'explosion de milliers de décibels pouvant affecter toute ouïe présente à plus d'une dizaine de mètre à la ronde), elle pu percevoir de son côté, en se dirigeant rapidement vers la sortie ouverte par la faille, le bruit de plusieurs sirènes de police résonner de plus en plus fort. Comme se rapprochant du complexe… La situation évoluait de mal en pis alors qu'elle comprenait que des renforts devaient être mobilisés en masse dans la forêt, en réponse à son échappée de l'avenue en direction du quartier industriel. Ce qu'elle avait bien prévu avec les quatre flics incapacités à terre quand ils étaient à sa poursuite en voiture ; mais pas qu'ils lui posent autant de problèmes jusque là. Et là son timing avait dangereusement dépassé depuis longtemps la limite qu'elle s'était fixée.

Elle ne pouvait absolument plus se permettre la moindre pause. Le volet bloquant son avancée lui était désormais ouvert par le bélier de tuyaux entrainés dans leur chute, et sa porte de sortie lui était ouverte pour lui permettre de s'échapper finalement en courant vers l'énorme étendue forestière. Une fois dedans, plus rien ne l'empêcherait de disparaitre «proprement» dans la nature (sans mauvais jeu de mot.) Mais avant de courir, encore fallait-il sortir de l'énorme trainée répandue de ce liquide transparent qui maculait le sol dans une énorme flaque. Pour se faire elle se rapprocha des mêmes tuyaux désassemblés rendus épars lors de la chute pour s'en servir comme de rambarde pour l'amener hors de l'entrepôt en tirant dessus.

Mais alors qu'elle arrivait dehors, le bruit d'un clic aussi familier qu'alarmant lui parvint à l'oreille, auquel elle n'attendit pas un instant à vérifier son appartenance en se retournant qu'elle choisit à la place de piquer son sprint en direction de la forêt. Juste à temps. Car lorsque le flic, rendu fou furieux par l'aveuglement brutal de la flashbang, reprit son arme nimbée de substance poisseuse en visant dans sa direction «éventuelle», en se basant sur ses souvenirs de sensation récents comme point de repère, pour tirer une seule et unique balle dans sa direction ; l'étincelle de feu née du principe de la détente au moment de l'impact se propagea immédiatement sur toute surface proche au contact avec la substance aussi poisseuse que fortement inflammable. En commençant par le tireur en l'immolant instantanément par le feu sur tout le corps. Puis d'enchainer avec ses trois autres infortunés collègues en se ruant sur eux tels des salamandres de feu vengeresses ; les faisant tous hurler et se tordre de douleur dans une terrible agonie. Pour finir par se répandre par les ouvertures dans tuyaux désassemblés pour remonter jusque dans chacune des six cuves situées de chaque côté de l'entrepôt. Et à l'image d'une parodie macabre faire tout exploser dans une détonation aussi fracassante que celle de l'ambassade ; une énorme boule de feu s'envolant dans le ciel tel un mini-soleil et venant d'indiquer avec la même évidence leur position en attirant tous les regards du secteur.

Tandis qu'elle profitait de l'instant durant lequel tous les regards étaient attirés vers le ciel à utiliser sa dernière bille d'explosif sur le mur bétonné à l'arrière du complexe, pour s'enfuir par la voie de terre en courant à pleine vitesse dans la forêt…

Sa fuite marquée derrière elle d'une trace de liquide sirupeux aux reflets en partie transparents. En partie noirs. Et en partie rouges…



[A suivre.]