Le Roi Jotho de Nanakii

Le village était en effervescence. Alors qu'il y a quelques minutes à peine, il était aussi silencieux que la nuit. Horn ne comprenait pas ce qui se passait. Pourtant, lorsqu'il avait voulu réveiller le Conseil quand il avait vu la colonne de torche au loin, on lui avait gentiment suggéré de retourner se coucher. Mais là, tous les habitants étaient à présent réveillés et s'affairaient à ériger une défense rudimentaire contre l'assaut des Macocs. Le grand et fier Psykokwak n'en croyait pas ses yeux, Flagadoss était là, debout, tous les sens en alerte. Il transmettait des directives, donnait des conseils et galvanisait le village.
-Allez ! Equipe trois, commencez à dressez la palissade en rondins ! Nous n'avons pas une seconde à perdre ! L'ennemi est à nos portes ! Equipe deux, mettez en place la chaine de ravitaillement ! Nous ne devons manquer de rien ! Il en va de notre survie à tous !
Les Ramoloss, habituellement si calmes et décontractés, travaillaient à une allure de Taupiqueur. Malgré leur désorganisation, les défenses se mettaient e place de façon efficace.
-C'est parfait ! Continuez comme ça, mes amis ! Nous allons montrer à ces créatures de malheur de quel bois se chauffent les Ramoloss !
La foule acclama son chef et s'affaira de plus belle. Horn lui était immobile, les yeux ronds, incrédule. Il n'arrivait pas à croire ce que ses sens lui montraient. Aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait jamais vu le chef du village dans un état pareil. Habituellement si hautain et condescendant, le voilà qu'il se mélangeait au peuple, mettant la main à la pâte tout en survoltant le moral de ses sujets par sa présence et par ses encouragements. Horn alla même jusqu'à se demander s'il s'agissait de la même personne. Tout en prêtant main forte à l'élaboration d'une fortification de fortune, il observa Flagadoss. Il était si différent ce soir là, mais il n'y avait aucun doute possible car il portait exactement le même Kokiyas au bout de sa queue. Le Psykokwak en proie au doute commença à se demander s'il n'avait pas sous-estimé son chef. En effet, une situation aussi critique peut faire ressortir le meilleur, même chez les plus égoïstes.

***
Alakazam était confortablement installé dans son carrosse, à siroter un verre de jus de caratroc millésimé. Celui-ci était fait à partir de baies wilia, ses préférées. Il était allongé sur le côté et dégustait un délicieux repas, lorsque le véhicule s'arrêta et fut délicatement posé au sol par les quatre Machopeur qui le portait sur leurs épaules.
Nous ne sommes pas encore arrivés, fulmina-t-il. Pourquoi cet arrêt ?
En réponse à sa question non formulée, une petite tête grise apparut dans l'encadrement d'une des fenêtres.
-Maître, il y a un problème.
Frustré et en colère, il avait envie de jeter cet annonciateur de problème dans le plus proche canyon. Mais il n'en fit rien et sortit de son carrosse. Un petit Machoc à la peau brune lui indiqua du doigt la source du problème.
-QUOI ! ! ! !? S'indigna-t-il en constatant que le village des Ramoloss était illuminé de torches. Comment se fait-il qu'ils soient réveillés ?! Je croyais qu'ils ne craignaient aucune attaque ?
-C'est tout du moins ce que garantissait l'espion, Maître, lui rappela le petit Machoc brun.
Alakzam était furieux. Il avait envie de tout détruire autour de lui, juste pour calmer son sentiment de frustration. Mais à la place, il attrapa son subalterne par le col de son armure et le souleva du sol, le rapprochant de son visage
-Où est-il ?
Terrifié, le Machoc parvint tout de même à répondre.
-Il doit être au village cette nuit, afin de s'assurer que personne ne se réveille.
En rage il lâcha le soldat et commença à faire crépiter tout son corps. Une énergie noire et puissante émanait de ses deux mains. Ce trouillard de Métamorph n'aurait jamais eu le courage de retourner sa veste, il était bien trop faible. Il finit par se dire qu'un Ramoloss avait du se réveiller et voir la colonne de torche. Il jet un œil sur son armée en marche. Tous les Machocs ici présent étaient des combattants aguerris, ils savaient manier l'épée, l'arc et le combat à main nues. De plus ils étaient dotés d'un moral d'acier. Même préparés à cet assaut, les Ramoloss n'auront aucune chance !
-Très bien ! Si les choses doivent se dérouler de cette façon, soit ! La bataille n'en sera que plus intéressant, et l'issue plus sanglante ! A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire !
Deux heures plus tard, l'armée arriva sur la petite colline qui allait servir d'avant-poste. C'est à cet endroit que les soldats allaient déposer leur matériel, monter le campement et se préparer à l'attaque. Avant d'ordonner la mise en place de ses unités de combat, il se réfugia dans la tente de commandement et fit un dernier bilan sur sa stratégie. Deux Machopeurs avaient évolués en Mackogneur pendant le voyage, il disposait donc de véritables machines à tuer. Il les avait vu s'entraîner et avait été impressionné par la rapidité de leurs gestes et par la puissance de leurs coups. Ces deux hommes pourraient être la clé de voûte de cet assaut, mais il devait également les protéger efficacement. Il n'était pas idiot, il savait que l'ennemi concentrerait son attention sur les menaces les plus grandes. Il allait donc constituer deux bataillons. Chacun d'eux sera constitué d'un Mackogneur, de deux Machopeurs, de vingt machocs archers et cent autres armés d'épées. Les deux escadrons ainsi formés se posteront de part et d'autre du village et attaquerons en même temps les deux côtés opposés. Ces idiots de Ramoloss seront pris entre le marteau et l'enclume et seront impuissants face à son armée ! Alakazam s'imaginait ses Mackogneur, une épée dans chaque main, rependant sang et souffrance au milieu de ces ahuris insouciants. Il en frissonnait de plaisir.
-Voilà ! C'est comme ça que les choses vont se passer ! Cette victoire sera la première d'une très longue série ! Après cela, plus rien ne pourra m'arrêter, et surtout pas toi ! Septième du nom ! Et une fois que je marcherais sur ta tête d'usurpateur, je pourrais enfin récupérer cette couronne qui me revient de DROIT !!!