Chapitre 4 : Roigada VII (Visions)
Il était une fois, dans un petit village de pêcheurs, une prospère communauté de Ramoloss et de Fladadoss. Ils vivaient dans de charmantes petites cabanes au bord de l'eau ne prêtant guère attention au monde qui les entourait. Il existait de nombreuses communautés comme celle-ci, et par conséquent, le royaume ne manqua pas de nourriture. Malgré leur air ahuri et leur regard absent, les Ramoloss étaient des êtres très intelligents et des pêcheurs d'exception.
Même si Adoun, le Flagadoss qui gouvernait ce petit village, était un chef aguerri et sage, il ne parvint pas à voir la menace arriver. En effet, il entretenait avec le clan voisin une véritable relation de confiance et il était à mille lieues de s'imaginer que les Machocs puissent les trahir un jour.
De tous les habitants, une seule âme connaissait la vérité. Mais à cause de son apparence différente, personne ne la crut. Cette personne s'appelait Ecorcia, fille d'un couple de Pskykokwaks récemment installés dans le village des Ramoloss. Un matin alors qu'elle avait passé une mauvaise nuit à cause d'un cauchemar atroce, elle descendit de sa chambre encore dans un état entre la peur et le traumatisme. Sa mère préparait soigneusement un ragoût de poisson dont le délicat fumet avait pris possession de toute la maison, chatouillant les narines de la jeune Ecorcia.
-Bonjour, ma fille ! Salua joyeusement sa maman en posant un doux regard sur elle.
-Bonjour, maman…répondit l'intéressée avec bien moins d'enthousiasme.
-Eh bien, que t'es-il arrivée ? Toi qui es si enjouée d'habitude ?
Ecorcia plongea son regard dans son bol de soupe de poisson sans pouvoir dire mot. Elle se mit à trembler de toute part. Dans un élan d'inquiétude, sa mère abandonna son tablier et vint s'asseoir près d'elle.
-Raconte-moi ce qui te fait si peur, mon enfant. Ne t'en fais pas maman est là.
La peur devenait si grande, que la jeune Psykokwak alla se réfugier en sanglots dans les doux bras que sa mère lui tendait. Elle resta ainsi à pleurer durant une bonne demi-heure, sans pouvoir faire autre chose qu'étouffer sa terreur dans l'étreinte réconfortante de sa maman en qui l'inquiétude grandissait.
-Des…des Machocs…parvint-elle à dire entre deux sanglots.
-Doucement, ma chérie, tu as tout ton temps. Susrra sa maman à son oreille.
Elles restèrent ainsi encore plusieurs dizaines de minutes, le plus gros semblait être passé, et Ecorcia ne convulsait plus de terreur.
-Des Machocs vont attaquer le village.
Un sentiment d'incrédulité s'empara de sa mère, mais elle n'en montra rien et préféra encourager sa fille à parler.
-Alors que le soleil viendra de se coucher, ils attaqueront en masse. Dirigés par un Kadabra malfaisant. Ils…ils…
La terreur refit surface et Ecorcia recommença à pleurer.
Alors que sa mère tentait tant bien que mal de la réconforter, ce que lui avait appris sa fille la plongea dans une intense reflexion.
Quelle raison pourrait pousser Kadabra à faire une chose pareille ? Etait-ce un rêve ou une réelle vision ?
-Maman…
L'intéressée interrompit ses questionnements pour poser son regard réconfortant sur la petite Ecorcia.
-Qu'y-a-t-il, mon enfant ?
-Si j'en crois mon rêve, cela se produira dans trois jours, le lendemain de mon anniversaire. Il faut prévenir de village avant qu'il ne soit trop tard !
A cet instant, quelqu'un frappa à la porte, puis entra.
-Je suis rentré ! Tonna une voix grave et puissante.
Un imposant Psykokwak fit son apparition dans l'encadrement de porte de la cuisine. Son très large bec était ébréché à plusieurs endroits. Dans son dos frétillait un immense filet dans lequel étaient prisonniers un nombre incroyable de poissons. Son regard fier et satisfait montrait qu'il était indéniablement content de sa nuit de pêche.
Mais sa joie fut de courte durée, car à la vue de la mine terrifiée de sa fille, son regard s'emplit d'une inquiétude presque exagérée. Il lâcha son filet, négligeant ses prises qui s'en échappait en sautillant frénétiquement, puis se dirigea vers sa fille d'un pas protecteur. On sentait à ses puissants muscles contractés, qu'il avait déjà envie de régler son compte à la probable personne ayant osé faire du mal à sa fille.
-Que s'est-il passé ? Ecorcia, qui a osé de dire des méchancetés ?
Il attrapa une chaise et s'installa de l'autre côté de son enfant.
-Les…Machocs…
Le grand psykokwak bondit de sa chaise, fulminant de colère.
-QUOI ?! Ces ordures t'ont fait du mal ?! Rha ! Je vais les étriper ! Je savais qu'ils n'étaient pas net !
-Calme-toi, Horn ! Ordonna sa femme, laisse-lui terminer sa phrase.
Honteux de s'être si vite emporté sans même écouter sa fille jusqu'au bout, il se rassit et écouta docilement.
-Des Machocs vont attaquer notre village, dans trois jours. Je l'ai vu dans mon rêve.
Horn bondit à nouveau de sa chaise, aussi survolté qu'un Pikachu.
-Il faut prévenir le village ! Il n'y a pas une seconde à perdre !
Sa femme, moins impulsive, lui demanda de se calmer encore.
-S'il te plait mon amour, ressaisit-toi. Il ne faut pas s'emballer. Tu sais très bien qu'ils ne nous croiront pas.
-Et tu crois que ça va m'arrêter ? Si nous ne disons rien, ils vont nous reprocher d'avoir porté le malheur sur le village en nous installant chez eux. Je ne suis pas fou, je sais que même après dix ans de bons et loyaux services, ils ne nous font pas confiance, parce que nous sommes des Psykokwaks ! Mais je vais me rendre auprès de notre « vénéré chef », et je vais lui expliquer ce que ces chers Machocs en qui il a tant confiance vont s'apprêter à faire ! Et ils pourront me cracher au visage, ils pourront m'insulter et même me lapider s'il le faut ! Mais je ne laisserais personne mettre en doute la parole de ma fille !
Tel un ouragan, il s'en fut en claquant la porte de rage.
Quelques minutes plus tard, Ecorcia resta un long moment sans rien dire, puis elle finit par demander à sa maman qui s'était remis à l'ouvrage du repas.
-Est-ce que je peux avoir une feuille et une plume ?
-Bien sûr, ma chérie. Mais que veux-tu en faire ?
-Je vais écrire une lettre à Roigada VII, lui me croira.
-Même s'il te croyait, pense-tu vraiment qu'il voyagera de si loin pour s'occuper d'un petit village tel que le nôtre ?
-Je ne sais pas, avoua-t-elle. Mais il est tout de même notre roi à tous. Et je dois essayer ! Même si je dois porter cette lettre moi-même ! Je ne reculerais devant rien ! On pourra me reprocher d'avoir échoué, pas de n'avoir rien tenté !