II De nouveaux personnages .
« Votre attention s'il vous plait. Le TGV numéro 66258, en provenance de Parmanie, et à destination de Jadielle, va entrer en gare de Safrania, voix J. Veuillez vous éloigner de la bordure du quai s'il vous plait. »
Le long train s'engouffra dans la gare et glissa en silence, tel un Séviper traquant discrètement sa proie. Océane et Brice attendirent patiemment qu'il soit complètement arrêté pour s'approcher, regardant par les vitres, espérant voir Clara. Mais la foule était trop dense, il fallut attendre que la majorité descende.
Soudain, un adorable petit Pokémon surgit de la masse d'inconnus se pressant vers les escaliers menant au hall de la gare. Il sauta dans les bras de la jeune fille qui, surprise, finit par sourire, en constatant à quel point son pelage châtain était soyeux, sans doute brossé avec soin. La créature se pelotonna contre sa poitrine, appréciant les caresses. Il la fixait de ses yeux noisette, espiègles et brillants.
Il finit par descendre pour aller taquiner le garçon, en grimpant sur son épaule droite et en lui effleurant la figure avec sa queue tout en volume, tant ses poils brun clair étaient fins.
« Arrête, ha ha ! Tu me chatouilles ! rit-il, en essayant de se protéger le nez, puisque c'était la partie la plus sensible de son visage.
- Je me demande à qui il est...on devrait continuer de chercher Clara, à mon avis, proposa l'adolescente. On tombera bien entre-temps sur le dresseur de ce Pokémon...
- Je suis d'accord, c'est ce que nous avons de mieux à faire pour l'instant, opina son ami. D'ailleurs, qu'est-ce que c'est ?
- Je ne sais pas. Mais quand on rentrera à la maison chercher ma valise, on ira demander à ton père de nous confier nos nouveaux Pokédex, rappela-t-elle.
- Coucou, les amis ! Ça faisait longtemps ! »
Les deux enfants se retournèrent, pour voir arriver une jolie petite demoiselle, l'air radieuse et pleine de vie. Elle était vêtue d'un jean bleu foncé et d'un tee-shirt mauve, comme la fourrure rayonnante d'un Mentali. D'ailleurs, les franges partant de ses épaules convergeaient toutes vers le milieu du col, attachées par une broche au niveau de la poitrine. Ce bijou était aussi étincelant et fascinant que le joyau du Pokémon Psy que le maillot semblait représenter.
Elle était chaussée de ballerines fuchsia, assorties à la fleur dans ses cheveux, un hibiscus si bien travaillé qu'on penserait qu'il s'agit d'une vraie plante. Cet accessoire était solidement fixé à ses longs cheveux lisses et bruns, retenant les quelques mèches susceptibles de dissimuler ses ravissantes prunelles chocolat, que la lumière faisait briller de mille feux.
« Clara ! Comme tu es belle ! Je serais presque jalouse ! s'enthousiasma Océane.
- Hé hé, on dirait que tu t'es mise sur ton 31 pour nous, j'ai tort ? la taquina son compagnon.
- Comment ? Tu rigoles, j'espère ? ricana l'intéressée. J'étais en retard, je me suis habillée avec ce qui me tombait sous la main ! J'ai failli louper le train ! Tiens, c'est là que tu te cachais, toi ! Viens par là, Evoli ! »
Le Pokémon, sitôt l'ordre donné, rejoignit la jeune fille qui le prit contre elle, en lui chuchotant des mots d'affection à l'oreille.
« C'est ton Pokémon ? s'étonna le garçon. Il n'a rien à voir avec nos starters...
- Eh oui, c'est un Evoli, précisa Clara. Je l'aime beaucoup, et vous verrez, il a plus d'un tour dans son sac en combat !
- Tu as déjà livré des matchs avec ? Génial, ce devait être excitant ! » se réjouit son amie.
Pour fêter leurs retrouvailles, tous trois décidèrent de se promener dans Safrania, qui est une ville magnifique, selon les touristes qui viennent y prendre du bon temps. Mais depuis quelques semaines déjà, on disait aux informations que les délits se multipliaient non seulement dans cette grande métropole, mais aussi dans celles des autres régions, même Unys qui, rappelons-le, est la plus éloignée de toutes.
En allant vers le Centre Pokémon afin de prendre le Poké-Téléporteur pour rentrer à Azuria, les trois enfants empruntèrent un raccourci peu fréquenté. Les bâtiments étaient trop grands pour que le soleil puisse apparaître, aussi la ruelle, en plus d'être étroite et humide, était très sombre. Une odeur désagréable irritait les narines, rendant cet endroit plutôt inquiétant.
« Nous...nous étions obligés de passer par là ? gémit Clara, cramponnée au bras d'Océane.
- C'est sûr que ce n'est pas très rassurant, mais avec Brice, on a l'habitude de couper par cette rue. Il ne s'y passe jamais rien, ne t'en fais pas, assura celle-ci.
- Bien, si tu le dis... » souffla l'autre jeune fille.
Pourtant, elle se sentait épiée. Mais elle garda ses doutes pour elle, ne voulant pas paraître trop poltronne. Malheureusement, elle n'avait pas tort. Sur le toit d'un des immeubles, un homme les observait, un sourire en coin, sa longue veste noire ondulant tel un spectre maléfique.
« ...ce devrait être des proies faciles...il n'y a que la gamine du centre qui possède une Poké-Ball... »
« Mais qui est-ce ?
- Il est complètement fou !
- Comment est-il grimpé là-haut ?
- Il ne va pas sauter, j'espère !
- Vous avez vu ses habits ?
- Je rêve ou il a une épée ?
- C'est du cosplay ? »
Perché sur le toit du sylphe SARL, un jeune homme d'environ 17 ans observait la ville, sans répondre aux cris d'exclamation de la foule en dessous. Il était vêtu d'un tee-shirt manches longues d'un bleu profond, et d'un pantalon large de cette même couleur, que le vent faisait onduler doucement. Mais d'étranges runes décoraient le tout, comme des marques mystiques. Elles semblaient étinceler sous les rayons solaires.
Il avait mis son écharpe de manière à ce qu'elle remonte jusqu'à l'arête de son nez. Elle était d'un rouge puissant, intimidant, rappelant la couleur du sang. Elle aussi était parcourue de signes intrigants, mais plus complexes encore.
Contrairement à sa tenue qui battait l'air à cause de l'alizé, ses cheveux noirs restaient parfaitement immobiles, coiffés vers l'arrière de façon rebelle, mais gardant cependant une certaine discipline, car le tout convergeait dans une seule direction, formant une pointe.
Quelques mèches encadraient son visage, rehaussant la pâleur de sa peau. Une autre, plus grosse, partant du milieu de la ligne d'implantation des cheveux, retombait sur le côté gauche, cachant légèrement son œil. On pouvait, par ailleurs, remarquer la singularité de la couleur de ses prunelles, d'un vermeil plus vif et pénétrant encore que l'étoffe enroulée autour de son cou.
Un fourreau était maintenu attaché dans son dos par de fines lanières azures, dégageant une mystérieuse aura. Il était impossible de voir la lame, mais la garde, d'un bleu céruléen, semblait avoir été travaillée avec soin, notamment les fins symboles opalins luisant à la lumière.
« ...la présence néfaste qui planait sur cette ville...elle m'a échappée... J'aurais dû être plus vigilant, à présent, il faut que je la retrouve et que je l'élimine, pour la mettre hors d'état de nuire. Cependant, je me demande ce qui l'a poussé à se montrer au grand jour. Peut-être que nos prévisions sont erronées, et qu'ils vont passer à l'action plus tôt... Quoi qu'il en soit, il va être plus difficile de m'en débarrasser discrètement... » songea-t-il.
Il s'approcha du rebord, tandis que les passants commençaient à crier de surprise.
« Il va tomber, cet espèce de dingue ! »
Il s'élança. Mais au lieu de s'écraser au sol, il se posa avec souplesse sur la cheminée d'une maison voisine, et il s'éloigna rapidement, sautant toujours de toits en toits, feintant d'ignorer les moues ébahies des promeneurs en contrebas.
Car il était vrai qu'en plus de surprendre en se déplaçant ainsi, son agilité ne pouvait que forcer l'admiration, surtout celle des demoiselles qui se retournaient sur son passage. Le jeune homme se dit, amusé :
« Ah la la, ce que j'aime être le centre d'attention... »
Soudain, son sourire disparut. Il l'avait retrouvé. L'homme au manteau noir. Il était en dessous de lui, menaçant trois enfants.
« Je dois l'arrêter immédiatement. »
Sans la moindre hésitation, il sauta, la poignée de son arme brilla de mille reflets opalins quand il passa devant le soleil, aussi élégamment qu'un Léopardus