Pokémon Wars. Partie I: Battlestation de Papamastec

1.1 : Sous le feu


« Les pokémons aident les gens. Dans la vie quotidienne, ils sont d'un soutien indéfectible. »
… Il ressassait ces phrases qu'il avait lues en se demandant si cela était vraiment possible. Les Pokémons aideraient les humains ? Mais dans ce cas-là… Pourquoi s'acharnent-ils à vouloir les chasser ?

À couvert, il cogitait. Les sacs de sable pouvaient retenir bon nombre de projectiles mais ils n'étaient pas indestructibles. De l'autre côté de ce mur de sac, c'était la mort assurée. Il fallait attendre, encore… En tant qu'unité Fusilier, son rôle était de cribler de balles les ennemis s'approchant trop près. Un petit tour des grades s'impose… En bas de l'échelle de l'armée, il y a les fusiliers, bêtes soldats envoyés à tout va, pour voir si le terrain n'est pas dangereux, pour tester des nouvelles armes… de la chair à canon en somme. Comme lui. Un peu mieux gradés, les « pyros ». Ils sont armés d'un lance-flamme, idéal pour faire rôtir n'importe quel ennemi. Ensuite, les « Grenadiers » disposant, comme leur nom l'indique, d'un lance-grenade à longue portée. Enfin, dans les unités les plus importantes les « DCA », des soldats surentraînés armés d'un lance-missiles à tête chercheuse. Ces derniers ne fonctionnent que face aux ennemis volants, mais sont d'une précision plus que redoutable.

Derrière les sacs, le soldat Hazard attendait. Dans ce qui était autrefois la verdoyante forêt d'Empoigne, un camp de l'armée avait été établi. Ce dernier était disposé stratégiquement. Pour arriver à ce camp, trois routes sont possibles. Au Nord (cette zone est appelée « zone 3 »), un pont en ciment reliant les deux rives pourrissait, à moitié brisé. Il était gardé par un mur de sac de sable, derrière lequel veillaient deux Fusilier et un Bazooka. De chaque côté des sacs de sable s'élevaient un Mirador. Et au cas où, un véhicule blindé DCA scrutait le ciel en permanence. Un véhicule DCA, c'est un char habituel (avec des chenilles, quelques mitrailleuses…), mais, à la place du sempiternel canon se trouve un lance-missiles AA (Anti-Aérien). A l'ouest, un champ de mine règle avec brio le problème de surveillance. Et à l'Est, c'était la sortie de la forêt, donc pas d'ennemis à signaler de ce côté. En gros, le seul danger potentiel ne pouvait provenir que du Nord. Hazard attendait juste devant le camp, il partageait son mur de sac avec deux autres Fusiliers. Devant eux, d'autres soldats avait été disposés en ligne, ainsi que des miradors, et même un char léger. Depuis l'écoutille ouverte du char, un soldat regardait le champ de mine, au cas où. Un blindé de reco. (une jeep peu blindé armée d'une mitrailleuse, souvent envoyée en reconnaissance) faisait sa ronde entre la zone 3 et tout ce beau monde.

Toujours rien. Aucun ennemi en vue. Hazard jeta un œil aux soldats qui partageaient son mur de sacs. Ils n'avaient pas du tout l'air stressés. Au contraire, ils semblaient pressés d'en découdre. Puis, d'un coup, la jeep arriva à toute berzingue.
- La zone 3 est attaquée ! C'est des chlorobulles ! Plein de ces saloperies, une bonne centaine ! Hurla le conducteur.
Ce qui suit est généralement assez rapide, tous les militaires courent à leur poste, la piétaille, dans la boue derrière les sacs de sable, les pilotes, dans leurs chars…
La jeep repartit. Le stress s'installa dans les troupes. Pour les scientifiques, ce camp servait surtout à évaluer l'aptitude des pokémon à agir en groupe, théorie jusqu'à présent démentie.
On entendit le bruit des mitrailleuses des gardes du pont, une grosse explosion, puis plus rien.
Un militaire ricana.
-A mon avis, ça d'vait pas être que des Chlorobulle !
Le blindé de reco. surgit, en flamme, puis une boule de feu fusa à toute vitesse et explosa la jeep. Hazard serra son arme contre lui. Le tank prépara son canon. Chaque soldat vérifiait les munitions de sa mitraillette. Et enfin, ils arrivèrent. Les Chlorobulles se déplacent très lentement, mais libèrent des spores toxiques s'il y a du vent. C'est pour ça qu'ils sont très dangereux.
D'un coup, le tank tira sur les pokémons Et comme la goutte qui fait déborder le vase, tous les militaires se levèrent hors de leurs murs et tirèrent sur les ennemis. L'ambiance était au chaos. Dans un fracas épouvantable de cris, de cliquetis de douilles vides sur le sol, chacun tirait sur son adversaire. Un homme tomba paralysé par les spores… Un autre, et encore beaucoup d'autre. Dans la cohue générale personne ne remarquait les boules de feu qui fusaient de ça et là et incendiaient la forêt.

Il est impossible, pendant la bataille, de préciser qui gagne. Tout se passe généralement très vite. Hazard allait exploser un Chlorobulle lorsque son arme fit le « clic clic » caractéristique, montrant que le nombre de ses munitions s'élevait à zéro. Il rechargea son arme, et visa le pokémon plante. Un coup. Deux coups. Le bulbe vivant explosa dans une gerbe de sang en éclaboussant un peu Hazard.

A ce moment précis, il vit, plus en hauteur, comme un dragon rouge qui passait rapidement. Il tenait le responsable des boules de feu qui incendiaient la forêt.
- Là-haut ! 'Y a des Dracaufeu ! Vite ! Hurla-t-il pour se faire entendre des unités DCA.
Justement, ces derniers ne rechignèrent pas à la tâche, et en quelques secondes, une bonne dizaine de soldats surentraînés armèrent leur lance-missiles. Ces derniers constituaient la dernière technologie en niveau d'arme, étant faciles à recharger et capables de tirer jusqu'à 4 missiles en même temps.

D'un coup, le silence se fit. Hazard, jusque là occupé à regarder le ciel pour repérer le Dracaufeu, vit l'étendue de la bataille. Le bilan était plutôt…positif ? D'accord, tous les Chlorobulles s'étaient vus réduits en purée verte, mais les deux premières lignes avaient été annihilées ! Et un des deux miradors brûlait même…

Une ombre passa sur le sol. Le propriétaires de cette ombre n'échappa pas aux DCA, et ils lâchèrent leurs missiles sur le Dracaufeu que se croyait invincible. Le dragon rouge fit un tonneau, et évita quelques projectiles. Il passa en rase motte et attaqua un soldat à l'aide de ses griffes. Ce dernier fut pratiquement décapité. Le pokémon retenta l'expérience avec Hazard, mais il eut le bon réflexe de s'aplatir par terre. Le Dracaufeu serait bien retourner trancher du soldat si il n'avait pas senti une douleur dans les ailes. Les missiles avaient fait mouche. Les projectiles explosèrent en touchant le dragon, projetant des morceaux de chair et de membres un peu partout.

Ce qu'il restait de corps au Pokémon s'écrasa par terre, dans une flaque de liquide rouge.
Les soldats se levèrent petit à petit, et d'un cri commun, ils célébrèrent leur victoire.
Hazard aussi faisait partie de la fête, et tous ces soldats avaient beau être aspergés de sang, ou plein de boue, le seul fait d'être encore en vie leur donnait la force de continuer.
Car, ils le savaient tous, tôt ou tard, la guerre se finira.

Dans un laboratoire de l'armée par contre, l'ambiance était moins à la fête. Un scientifique aux cheveux mauves, les joues creuses, portant des lunettes de soleils noires et âgé d'une bonne soixantaine râlait avec ses confrères.
- C'est flagrant ! Criait l'un
- Cela va de soi ! Disait un autre.
Dans cette cohue d'affirmation abusive, une grosse veine apparaissait sur le front du scientifique aux cheveux teints mauves. Il intima le silence puis commença.
- Alors… D'après le bataille qui a eu lieu aujourd'hui, nous pouvons presque affirmer que les Pokémon, même si ils sont de races différentes, sont capables de créer une stratégie ! C'est incroyable !
Un autre homme en blouse blanche n'était pas très convaincu.
- Mais… Yann, c'est peut-être incroyable pour toi, mais pour l'armée, ça va être bien pire qu'une mauvaise nouvelle !
Le dénommé Yann lui jeta un regard noir de derrière ses lunettes, mais lui-même devait l'admettre.
Il avait raison.