Prologue.
Je essuie mes mains moites de peur de rouiller cet objet divin de mes mains sales et indignes du contact avec cette sphère rouge et blanche. La sueur coule de mon front, de mes mains, de mes bras, de mes paupières caressées par ce liquide tiède, mais brûlant de joie, qu'un seul mot saurait exprimer:
Enfin.
J'aurai attendu pour l'avoir, le toucher, l'aimer, mais mon compagnon est là, près de moi et pour le serrer dans mes bras je n'aurais qu'à presser ce bouton nacrée, qui est signe, symbole, de ma réussite, de ma vie d'horreur. Il est là, bouée à laquelle je m'accroche dans cet océan de douleur de sentiment, bons comme mauvais, d'hypocrisie, de haine, de pouvoir. Je le presse, et c'est un éclair blanc qui m'aveugle encore plus que je ne l'étais déjà devant cette cascade euphorique. L'éclair vire à l'orangé, alors qu'il prend peu à peu la forme d'un doudou, petit mais à l'air tout mignon. La créature apparaît. C'est un petit être qui me sourit, avec sa tête ronde, sa petite tige rouge qui se plombe fièrement sur le haut de son crâne. Avec ses trois doigts, il remonte l'étrange tissu jaune qui entoure ses jambes. Avant de me regarder d'un air curieux, comme un nouveau né qui ouvre ses grands yeux qui contrastent parfaitement avec son minuscule corps, qui sont le symbole de cette soif d'apprentissage, de découverte, d'expérience. Je lui tends la main. Il hésite, puis dodeline sa tête avant de la poser sur mon avant-bras que je replie doucement. Mon frère, mon ami, mon fils, mon père, mon ainé, mon cadet, mon puiné. Mon Soleil vient de me serrer la première fois contre lui, dans cette cabane, certes croulante, mais qui est mon seul refuge contre cet horrible monde.