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Le Zigzaton ondulant de eimeria



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» Auteur : eimeria - Voir le profil
» Créé le 26/05/2011 à 15:04
» Dernière mise à jour le 26/05/2011 à 15:04

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Le Zigazaton ondulant - l'histoire de Blizzi
Blizzi divague dans la neige. Il marche sans but, l'esprit embrouillé. Il est dépressif et voue une crainte et une aversion contre les bipèdes à sang chaud. Comment oublier ce jour où un groupe de trois d'entre eux a capturé ses parents alors qu'il était petit ? Il en voulait déjà à ses parents d'être petit et faible. Ses parents lui avaient raconté une histoire sur la naissance des Blizzi. Les Blizzarois, quand ils voulaient un enfant, allaient dans un sanctuaire sur la montagne, une sorte de grotte connue d'eux seuls, d'où coulaient des nombreuses stalactites. Ils en choisissaient une qu'ils cassaient délicatement à son point d'attache et ils l'emportaient avec eux. Ils façonnaient ensuite cette stalactite pour la transformer en Blizzi. C'est leur travail conjoint qui donnait naissance au Blizzi. Il avait toujours pensé que ses parents avaient fait un mauvais choix, qu'ils avaient pris une petite stalactite ou qu'ils l'avaient mal façonnée. Soudain, derrière lui, un grand bruit de verre pilé qu'on frotte le tire de ses songes. A peine le temps de se retourner, il voit un surf, et probablement un sang chaud dessus. Puis, le trou noir. Quand il se réveille, il a l'impression que son crâne est en morceaux, seulement maintenu par la peau qui l'entoure. Il a perdu de la sève, qui forme une flaque sur la neige à côte de lui. Les sels minéraux si concentrés qui circulent dans ses vaisseaux agissent comme un antigel et le fluide qui s'est échappé de sa blessure n'a pas gelé. Il arrive à se traîner sous un rocher et récupère en plantant ses racines et en léchant le rocher et en absorbant de l'eau par sa voûte plantaire. Il fulmine : son aversion pour les bipèdes se transforme en haine, avec un sentiment paroxysmique pour celui qui l'a heurté et qu'il n'a même pas vu. Dans ses cauchemars, il revoit la planche,avec un être informe juché dessus. Et cette planche, son dessin : un Zigzaton ondulant stylisé avec la patte droite effacée par l'usure du frottement sur la neige glacée. Ah, ça oui ! Il la voit bien et la reconnaîtrait entre mille. Aigri et affaibli, il continue de déambuler sans but dans la plaine gelée de Frimapic. Un jour, il se retrouve face à face avec un bipède. Il reconnaît l'attitude vue chez ceux qui avaient capturé ses parents et sait ce qui l'attend. Il est prêt à affronter son destin, et lorsque le bipède lance cet objet qui s'ouvre en libérant un éclair qui vient le frapper de plein fouet, il est résigné, mais reste debout dans un sursaut de fierté qu'il n'a pas souvenir d'avoir jamais eu. Il se retrouve alors enfermé dans un espace sombre mais pas totalement noir, de la lumière semblant filtrer à travers la paroi de sa prison, car il est bien en prison. L'atmosphère est tiède, déplaisante pour lui tellement habitué au froid. Il pense à ses parents et comprend ce qu'ils ont pu vivre, mais ne ressent pas de compassion. Il se débat, frappe les parois une, deux fois. Son angoisse diminue, est-ce lié à l'ambiance de ce lieu ? Sa haine des bipèdes, elle, ne s'effacera pas aussi facilement. Le temps s'évanouit : aucun repère. Une heure ? Un jour ? Une semaine passe ? Soudain, un flot de lumière aveuglante, le froid : ce froid qui lui fait tellement de bien. Vite il comprend : il est hors de la prison, il est dehors, dans la neige. Devant lui, un bipède. Il chante ? Il gémit ? Il ne comprend rien à ces vocalises. Son attitude n'a pas l'air agressive. Un regard rapide autour : rien pour fuir et se cacher. Tant pis, il faut fuir quand même. Il se tourne dos au bipède et se met à courir. Quelques mètres seulement et un flash le renvoie dans sa prison. Et ça recommence. Cette fois, le bipède est plus loin, il aboie toujours le même son. Si la fuite n'est pas possible, alors l'attaque. Il se rue vers lui. Mais le bipède lance quelque chose, et le flash illumine le ciel et vient envelopper le Blizzi. Il se retrouve à chaque fois dans cet espace confiné tiède qui l'écoeure. À nouveau la lumière, retour dehors. Pas de solution : ni fuite ni combat, alors quoi ? Le bipède est à distance, la neige tout autour… mais, à côté du Pokémon, une gamelle, avec un liquide brillant. Les sens en éveil, regardant le bipède immobile, il s'approche de la gamelle et effleure avec une racine le liquide. Un engrais riche en sels minéraux et cytokinines. Il plonge sa racine et absorbe avec prudence: attention au bipède ! Pas de panique, il reste immobile. Il absorbe voracement les nutriments. Le bipède vocalise doucement, d'un ton chantant. Il gémit ? Non, il a l'air plutôt heureux. Il le laisse finir puis lance son objet. Cette fois, le Pokémon observe : l'objet est petit, rond, et il s'ouvre pendant sa course dans les airs, et le flash apparaît à ce moment. Ensuite, le Pokémon se retrouve enfermé. L'objet est à l'origine de son emprisonnement, mais où est cette prison ? Et comment s'en échapper ? C'est le bipède la cause de tout ça. Il n'a pas l'air méchant, alors pourquoi le torturer ainsi ? Pourtant, il y a de bons côtés à sa situation : jamais il n'a eu de nutriments si bons et si bénéfiques : il se sent plus en forme et de meilleure humeur. Retour dehors. Cette fois, des épreuves. Courir d'abord, puis sauter, rouler. Il comprend les gestes simples et différencie les vocalises itératives du bipède pour chaque geste. Ce sont des ordres. Il lui donne des ordres ! Mais à la fin d'un exercice, il a droit à la gamelle de nutriments. Vivre ça, autant se résigner et l'accepter, il n'y a pas le choix. Au fur et à mesure des exercices, il s'améliore, il apprend à maîtriser ses attaques, il y prend plaisir et le bipède aussi apparemment. Lors d'une séance, il se donne à fond, se dépasse jusqu'à l'épuisement total. Le bipède aussi a l'air fatigué. Il s'approche du Blizzi étendu par terre, le saisit et le porte dans ses bras. Angoisse, un premier contact avec le bipède, et un contact fort ! Il se crispe, mais il est tellement fatigué qu'il se laisse aller. Que va-t-il lui faire ? Sa résignation est totale, il sait qu'il est totalement dépendant de lui : soumis, il l'est, mais ami avec un bipède, ça non, même celui-ci. Pourtant, il ne ressemble pas à ceux qui ont capturé ses parents, ni au monstre qui l'a heurté avec son surf, le laissant pour mort dans la tempête. Mais que lui veut-il ?

Les entraînements continuent, et le bipède devient de plus en plus familier : il le tapote, le caresse. C'est assez déplaisant, mais après il y a la bonne gamelle de nutriments, alors Blizzi accepte résigné. Ce bipède ne correspond pas à l'idée qu'il avait de cette espèce. Ils ne seraient donc pas tous violents, ou alors celui-ci cache son jeu ? Néanmoins, il le garde toujours en prison en dehors des exercices. Cette prison moite et tiède toujours aussi insupportable pour une créature de glace comme lui. Jusqu'au jour où, au sortir de sa cellule, la lumière est moins forte, elle vacille. À nouveau la crainte : devant lui, une chose que les siens lui ont appris à considérer comme une ennemie : la flamme dansante d'un feu. Et autour, un milieu clos. Pas de neige, pas le froid revigorant. Une prison de rondins de bois. Non, pas une prison, le bipède est là aussi ; ou alors il est également prisonnier en dehors des exercices ?

Le bipède s'étend devant le feu et tire le Pokémon vers lui. Il le caresse en vocalisant doucement. En caressant sa tête, il touche la cicatrice laissée par le surf du monstre qui a tenté de le tuer. Car il en est convaincu, le bipède qui l'a renversé voulait le tuer. Blizzi sursaute, les miettes d'os n'étant pas totalement ressoudées. Le bipède semble étonné, et ausculte minutieusement et délicatement le scalp du Pokémon. Il s'arrête, le teint livide, puis son visage s'illumine. Il se redresse brusquement sur ses jambes. Il sort de la cellule en rondins. Ce n'est donc pas une prison, il peut en sortir quand il le veut. Il n'est donc pas dans la même situation : il est libre, lui, et c'est le geôlier ! Quand il réapparaît, il tient une planche dans les mains, une planche avec un dessin gravé dessus. Et ce dessin, Blizzi le reconnaît immédiatement. Il ne pourra jamais l'oublier, c'est celui du Zigzaton qu'il a vu lorsqu'il a été heurté par le surf. La seule chose distincte qui s'est gravée dans son esprit, au sens figuré et presque au sens propre. « Non !! Le monstre, c'est lui ! C'est ce bipède qui a failli me tuer. Et maintenant, il m'a capturé, domestiqué, mais pourquoi ? C'est un cauchemar. Je dois faire quelque chose. Je ne peux pas rester ici. Fuir. C'est ça. Le passage qu'il a emprunté. Qu'y a-t-il derrière cette porte ? Je ne sais pas, mais ce ne sera jamais pire qu'ici. Partir, quitter cet enfer de tiédeur, fuir ! »

Blizzi se jette sur la porte, l'ouvre maladroitement et franchit le seuil à toute allure. Ouf, l'extérieur, le froid, la forêt juste en face. Courir, fuir dans la nuit. L'entraînement va lui servir. Prendre un rythme pour ne pas s'essouffler, et s'éloigner le plus loin possible, sans jamais s'arrêter.

Dans sa course nocturne, il repense à cette tiédeur si désagréable, qui l'a toujours mis mal à l'aise, qui lui donnait la nausée. À l'idée de ne plus la ressentir, comprenant qu'il la quitte à jamais, des larmes de glace chargée de sels minéraux coulent de ses globes oculaires, formant des stalactites aux reflets irisés, les plus belles qu'un Blizzaroi ait pu voir. Et lui, il ne les voit pas, elles se brisent et se reforment alors qu'il s'enfonce au milieu de la nuit …