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Le Roi Jotho de Nanakii



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Informations

» Auteur : Nanakii - Voir le profil
» Créé le 25/05/2011 à 13:10
» Dernière mise à jour le 31/05/2011 à 11:55

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Chapitre 2 : L'Ordre des Chevaliers du Doublon
[justifyLe doux chant du violon se répandit dans toute la salle. Gardevoir faisait danser son archet sur les cordes, produisant un son aussi mélodieux que frissonnant. Derrière elle, ses amies donnaient le rythme à l'aide de tambourins aux clochettes d'argent. Les spectateurs étaient déjà conquis alors que Mélodelfe n'avait même pas encore commencé à chanter.

Gardevoir ne faisait qu'un avec son instrument, quand elle se mettait à jouer, c'est comme si le violon devenait une extension de son bras. Les notes virevoltaient, tournoyant dans les airs, et traversaient les oreilles de tous les spectateurs, déclenchant de puissantes vagues de frisson. Mais personne ne prenait autant de plaisir que Gardevoir, car c'est dans ces moments là qu'elle se sentait vivre, exister.

Elle venait de jouer les dernières notes de l'introduction, signalant à Mélodelfe que c'était à elle d'entrer en scène. Le Rythme changea, devint légèrement plus lent, mais plus appuyé. Les cordes vocales de Mélodelfe se mirent à vibrer alors qu'elle entonnait le premier couplet. Le public était en extase.

Sortant des vagues des mers déchainées
L'esprit de la mer gronde
Venant de la profondeur des marées
Il fait trembler le monde


Sa voix était sublime. Gardevoir connaissait ce chant par cœur, mais cela ne l'empêchait pas de se laisser emporter et émerveiller par la puissante mélodie de son amie. Le rythme des tambourins s'accéléra, merveilleusement maîtrisé par Fragilady et Joliflor. C'était le moment pour Gardevoir d'intensifier son jeu.

L'air de violon devenait complexe, elle jouait de plus en plus vite et à mesure qu'une grisante exaltation s'empara de son âme, l'on entendait plus qu'elle et sa frissonnante mélodie. Le décor épique était planté, et Mélodelfe pouvait à présent se lancer dans un puissant refrain.

Roi des océans ! Seigneur de toutes les mers !
Déchaine ta colère ! Force du vent du Nord !
Souverain des profondeurs ! Fais trembler la Terre !
Expire ton souffle destructeur ! Roi Léviator !


A la seconde occurrence du refrain, le public était debout et chantait. Le mot puissance prenait tout son sens à ce stade de la chanson. Les tambourins battaient un rythme infernal, Mélodelfe faisait vibrer toutes les parties de ses cordes vocales avec puissance et justesse. Mais rien n'était comparable à la symphonie éclatante de Gardevoir. Son archet virevoltait avec vélocité, l'air devenait sauvage, indomptable, comme possédé par l'esprit du Léviator lui-même.
Et le public répondait ! Il se laissa emporter dans cette intense vague et chantait avec véhémence, comme s'ils étaient le fragment de l'âme d'un Léviator.

Après ce tourbillon de ferveur, les tambourins stoppèrent net. Laissant s'exprimer le violon de Gardevoir, qui avait adopté une douce mélodie envoûtante. Une vague de sérénité et d'harmonie s'installa dans toute la salle. Personne ne l'avait remarqué, mais l'un des tambourins avait changé de main. En effet, Mélodelfe allait céder sa place à Fragilady qui allait chanter le second couplet. Sa voix était plus douce et elle était bien plus à l'aise dans les aigus. Il fallut un moment avant d'adoucir la flamme qui avait embrasée le cœur des spectateurs.

Des notes longues et paresseuses planaient au dessus du public, et Fragilady commença par une série de vocalises mélodieuses. Si la beauté et la richesse de sa voix nourrirait les plantes, un champ de fleur se serait mis à pousser autour d'elle. Après s'être échauffée la voix, elle entonna alors le second couplet.


Du plus profond des récifs de corail
S'élève une voix de cristal
Faisait vibrer la mer jusqu'aux entrailles
Chante une ode Boréale


La voix de Fragilady avait la pureté d'un diamant. Le public semblait charmé par son chant envoûtant. Le rythme reprit un peu de rapidité, mais les clochettes de tambourins semblaient davantage tenir de la douce caresse que d'une percussion. La voix monta encore en force et en douceur. Ce doux mélange donnait une dimension merveilleuse à la chanson, une véritable incarnation de la beauté et de l'art à l'état le plus pur.

La douce symphonie dura ainsi plus d'une heure encore. A chaque fois que le groupe faisait mine de terminer, le public lançait de puissants encouragements, poussant les musiciennes à les émerveiller d'avantage.
Alors que minuit venait de sonner, le dernier spectateur s'endormit sur sa chaise.

Le groupe, exténué s'allongea à même la scène. Gardevoir avait les membres en feu, jamais de sa vie elle n'avait joué pendant trois heures d'affilée avec une telle intensité. Elle regarda autour d'elle et vit que Joliflor avait sombré dans un sommeil profond, son tambourin encore en main. Mélodelfe et Fragilady discutaient entre elles. Quand Gardevoir s'approcha, elle fut reçue par deux sourires admiratifs.

-Tu as été magnifique, commença Mélodelfe.
-Tu as été même divine je dirais, compléta Fragilady.
Gênée, l'intéressée rougit.
-Oh, vous exagérez, dit-elle en s'asseyant à côté de ses amis.
-Pas tu tout, répliqua Mélodelfe, n'oublie pas que ce chant est de toi. Déjà aux répétitions je le trouvais merveilleux. Mais sur scène, ça en était presque magique.
-Et puis, tu as vu le public comme nous. Ton violon semblait parler tant tu le jouais bien. Tu les as transportés de joie et de bonheur.
Gardevoir n'aimait pas tellement les compliments, et ses deux amies la mettaient mal à l'aise.
-Je vous rappelle tout de même que je ne suis pas seule dans ce groupe. Vous avez toutes contribué à cette magie.
-Je suis d'accord, convint Fragilady, mais n'empêche tu as été déchainée sur scène. D'où t'es venue cette force ?
-Je ne sais pas…peut être que l'action me manque.
Mélodelfe ne semblait pas tout à fait satisfaite de sa réponse.
-Toi, tu nous cache quelque chose. L'action nous manque à toutes, et ce depuis notre retraite.
Gardevoir, qui ne savait pas mentir, finit par céder.
-La nuit dernière, j'ai eu une vision. Une vision de l'avenir.
-Ah ?? S'exclamèrent Fragilady et Mélodelfe à l'unisson.
-Dans mon rêve, je nous voyais toutes les quatre porter la cape orange et le sabre feuille. Si j'en crois ce que j'ai vu, le monde entier courra un grand danger.
Une vague de nostalgie s'empara des trois musiciennes, elles restèrent dans un silence pensant durant deux bonnes minutes. Puis Gardevoir finit par le briser.
-Après, ce peut être également une vision du passé générée par mon envie de revêtir la cape orange. Mais je dois avouer que l'idée de nous reformer pour protéger à nouveau notre monde me fait frissonner d'envie.
Ce même frisson d'envie parcourut l'échine de Mélodelfe et de Fragilady. Elles se mirent à se rappeler l'ancien temps, où l'aventure et le danger était leur quotidien.
-Vous savez, quelque part, je me dis que ça pourrait être crédible, souligna Gardevoir, car vous savez comme moi que la Prophétie de Roigada VII n'a pas encore été réalisée.
Melodelfe semblait sceptique.
-Ce vieux coquillage n'a plus toute sa tête, il ne faut pas l'oublier. Comme si Arceus allait nous confier son enfant, qui sera voué à mettre un terme à un soi-disant fléau. Je pense qu'il a bu un peu trop de jus de Caratroc le jour où il a déblatéré cette absurde prophétie.
-Oui, tu as raison, concéda Gardevoir. Je crois que c'est la nostalgie qui commence à me monter à la tête.

Les filles discutèrent encore quelques heures avant de se séparer à l'entrée de la salle des fêtes. Gardevoir prit le chemin de sa maison, à la lumière de la lune, tout en repensant à cette conversation. Pour sûr qu'elle avait envie de revivre de palpitantes aventures, évidemment qu'elle rêvait de revêtir sa célèbre Cape Vermillon. Mais elles et ses amies avaient déjà délivré le monde de nombreux fléaux, et elles n'étaient plus toutes jeunes. Alors qu'elle traversait un petit bois orchestré par le chant des Hoothoot et des norarfangs, elle se remémora la Prophétie de Roigada VII.

Un être animé par la soif de sang
Vêtu de vêtement d'acier
Sèmera la mort et la destruction
Il assèchera les rivières
Il assassinera les arbres
Il asservira les âmes
Le monde perdra son équilibre
Arceus perdra ses plaques créatrices
La colère de Dialga perturbera le temps
La rage de Palkia bouleversera l'espace
L'Emotion, le Savoir et la Volonté disparaitront
Laissant le monde dans un chaos destructeur
Gouverné par ces êtres vêtus d'acier.
Mais les Fines Lames du Doublon
Feront chanter leurs épées
Formeront le dernier Fils d'Arceus
Qui conduira l'armée du Roi
A la rencontre du fléau
Et délivrera le monde
De ces créatures à la carapace d'acier.


Gardevoir frissonna. Cette prophétie était terrifiante, et elle n'avait pas du tout envie d'envisager l'existence de ces monstres d'acier. Alors qu'elle sortit du bois, elle put voir sa maison grâce à la sépulcrale lumière de la pleine lune. Contente à l'idée de retrouver son lit douillet elle s'engagea d'un pas soutenu vers sa petite résidence. Quand elle passa le portail, son sang se figea.

Un petit berceau se tenait devant la porte d'entrée.

Pourquoi a-t-on abandonné un enfant ici ? Pourquoi chez elle ? Elle tremblait de peur. Un milliers de questions fusèrent dans son esprit, à tel point qu'elle en eut mal à la tête. Le plus dur pour elle était d'essayer de ne pas faire le lien entre ce curieux évènement et la prophétie. Elle était tiraillée par plusieurs émotions contradictoires. Elle était si perturbée que l'espace d'un instant, elle ne savait plus ce qu'elle désirait vraiment.

Elle fut tirée de sa confusion par un cri venant du berceau. Elle se précipita alors vers celui-ci et en sortit le bébé qui pleurait à présent.
Il était magnifique. Son pelage était bleu et noir, ses yeux rouges brillaient. Son museau garni d'une truffe noire lui donnait un air canin. Gardevoir, émue par ce petit être fragile le serra dans ses bras jusqu'à ce qu'il s'endorme dans cette étreinte maternelle. Elle resta assise sur le palier de la porte une heure durant, le berçant tendrement. Alors qu'elle recommença à réfléchir, elle aperçut une feuille de papier au fond du berceau. Elle l'attrapa d'une main en maintenant le petit contre elle de l'autre. Ce qu'elle redoutait et espérait arriva. Le petit carré de papier arborait le symbole de la genèse, l'empreinte d'Arceus.

Gardevoir se leva, entra dans sa maison. Elle monta dans sa chambre et y coucha le petit qui dormait paisiblement, puis elle se dirigea vers son armoire. Quand on en ouvrait les deux grandes portes, on y trouvait la garde-robe tout à fait classique de Gardevoir. Mais ce jour-là, elle concentra son énergie psychique et l'armoire glissa très lentement, révélant ainsi une mystérieuse porte. Un grand sentiment de détermination s'empara de Gardevoir lorsqu'elle attrapa la poignée. L'entée secrète donnait sur un escalier de pierre menant au sous-sol.
Faire demi-tour lui était impossible à présent. Arceus lui avait confié son enfant. Elle savait à présent qu'elle devra revêtir la Cape Vermillon, porter le Sabre Feuille et reformer le lustre de son ordre.

Les Chevaliers de L'Ordre du Doublon étaient sur le point de respirer les cendres régénératrices de Ho-oh.[/justify]