Chapitre 10 : Arrivée mouvementée
En pénétrant dans l'enceinte du village, désormais entourée par cette espèce de dôme rouge transparent, et en contemplant le désastre qu'il avait provoqué, le Boss de la Team Cisaille tira un sourire sur son horrible face nimbée de cicatrices qui donna à Eryl l'envie furieuse d'en ajouter encore plus. C'était de bon matin. Les Cisailles avaient tenu parole. Personne ne s'étant manifesté pour livrer la Protectrice d'Ea, les forces de l'homme à la pince rouge avaient débarqué dans Surocal dès le lever de soleil. Quelques villageois avaient tenté de prendre la fuite, sans succès. D'autres, comme Eryl et les quelques autres dresseurs, avaient suivi le maire dans une tentative de se battre, mais ils furent bien vite surpassés et finalement terrassés par les Pokemon de la Team Cisaille.
Eryl avait rappelé ses Pokemon à temps avant qu'ils ne soient sérieusement blessés, mais d'autres n'avaient pas eu cette possibilité. Herman, un jeune dresseur de douze ans, était en train de pleurer sur la forme inerte de son Tritosor, qui avait subi de telles blessures qu'Eryl doutait qu'il survive longtemps. Les Cisailles avaient commencé à regrouper les habitants qui tentaient inutilement de se cacher. Tous frémirent devant le regard sombre et malveillant du Boss Cisaille. C'était surtout sa pince qui claquait de façon incessante qui lui donnait cet air vraiment inquiétant. Les habitants l'avaient vu participer au combat, et trancher net les membres de plusieurs Pokemon des dresseurs de Surocal.
- Je vous ai donné une dernière chance d'arranger votre cas, et voilà comment vous me remerciez ; par la fronde ? soupira Pince Rouge. Franchement... un seul petit Pokemon est-il plus important que votre village et vos vies ? Je n'aurais même rien fait à votre fameuse Protectrice si elle m'avait mené à Ea bien gentiment. Alors, où est-elle ?
Eryl retint son souffle. Le maire et son oncle David lui avaient suggéré de se déguiser avant que les Cisailles n'arrivent. Eryl avait coupé ses longs cheveux violets et les avaient teints en noir. Elle s'était totalement changée aussi ; de telle sorte que Pince Rouge ne reconnaisse pas en elle la fille qui avait défié deux de ses sbires. Pince Rouge les dévisagea tous. Il passa sur Eryl sans s'arrêter dessus, signe que son petit déguisement avait fonctionné.
- Alors, où est-elle ? répéta le Boss. Une adolescente aux cheveux violets, et qui porterait une écharpe verte. Ne me faites pas croire que vous ne la connaissez pas.
Comme personne ne répondit, le Boss poursuivit :
- Elle n'aurait pas pu quitter le village après que l'on ait placé notre champ de force. Et si elle n'est pas là, c'est qu'elle est partie bien avant qu'on arrive. Elle sait qu'on la recherche, donc elle se cache. Et je suis prêt à parier ce que vous voulez que beaucoup ici sont dans le coup et savent où elle se trouve.
Il passa entre les rangs de villageois, sa pince levée de façon menaçante.
- Vous ne dîtes rien ? Vous tenez vraiment à ce que j'use de manières peu civilisées pour vous délier la langue ?
Il s'arrêta devant un homme qui ne cessait de trembler et de gémir.
- Je vais commencer par toi, grogna Pince Rouge.
- Arrêtez, intervint le maire. Ce que vous faites est inutile. Personne ne sait où est partie Eryl. Elle a quitté elle-même le village il y a trois jours sans rien dire à personne !
Pince Rouge abandonna l'homme tremblant et pleurnichant pour se tourner vers le maire.
- Intéressant. Pourtant, plusieurs de mes hommes affirment avoir vu la fille se battre à vos côtés ces trois derniers jours, justement.
- Que voulez-vous que je vous dise ? se résigna le maire en haussant les épaules. Vos hommes se sont trompés.
Pince Rouge eut un sourire narquois. Puis d'un geste invisible à l'œil nu, il saisit le maire par la gorge avec sa pince. Avant qu'un seul cri n'ait pu sortir de la bouche du malheureux, où de tout autre villageois, un bruit écœurant de vertèbres brisées retentit, et le maire tomba mollement au sol, son cou formant un angle surnaturel.
Il y eut un instant de silence stupéfait et effaré, puis les villageois éclatèrent en cris de toutes sortes : peine, frayeur, colère, hystérie... Eryl n'émit pas un son, mais elle tremblait de rage. Ce bon vieux monsieur le maire, toujours gentil et toujours droit et juste, qui l'avait protégée jusqu'à la fin... C'était la première fois qu'Eryl voyait quelqu'un mourir. Elle aurait pu en être choquée, mais pour l'instant, seule la froide colère primait en elle. Elle s'avança avec hargne jusqu'au Boss des Cisailles, sans se soucier de sa sécurité.
- Idiot, lui cria-t-elle. Vous vous êtes sabordé vous-même ! Seul le maire connaissait l'endroit et la façon de trouver Ea !
- Heureusement, je ne suis pas du même avis, jeune fille, répliqua Pince Rouge. Cette Eryl connait aussi le moyen d'arriver jusqu'à Ea, vu qu'elle en est la Protectrice. Il ne me reste plus qu'à la retrouver et à la faire parler. Et pour cela, je dispose de tout un village comme otage. Je vais trouver des personnes proches de cette gamine que je ferai parler. Et si personne ne parle, je menacerais de tous vous tuer. Ça devrait faire sortir ma proie de sa cachette !
Puis il examina en profondeur cette fille rebelle qui venait de le défier de la sorte. Il sourit, et Eryl dut faire un sacré effort pour ne pas ciller devant l'horrible face de cet homme.
- Et toi, ma jolie, tu devrais la connaître, cette Eryl... Peut-être es-tu une de ses amies ? Peut-être devrais-je détacher ta tête de ce joli petit cou et la planter bien en vue dans la forêt avoisinante pour faire réfléchir cette gamine ? Qu'en dis-tu ?
Eryl resta de marbre. La peur n'avait pas sa place actuellement en elle ; seules restaient la colère et l'opiniâtreté.
- Je connais Eryl, oui, avoua-t-elle. Et je sais que vous perdez votre temps; elle ne vous livrera jamais Ea, quoi que vous fassiez.
Pince Rouge eut un ricanement qui donna à Eryl envie de vomir.
- Nous verrons bien. Je parviens toujours à mes objectifs. Et si beaucoup de sang doit couler pour ça, eh bien, qu'il en soit ainsi !
Il fit signe à ses hommes d'amener les villageois dans la mairie où ils seraient gardés prisonniers en attendant. Apogée, et son autre commandant, Célérité, se présentèrent devant lui.
- Monsieur, dit Apogée, on a peu de temps avant que les Rocket n'arrivent ici.
- Sans doute, mais nous ne sommes pas pressés. Laissons les Rocket participer à notre petit jeu que j'ai préparé en prévision de leur visite. Les nepticons sont prêts ?
- Ils ont été installé selon vos ordres, monsieur, répondit Célérité.
- Parfait. Ces chers Rockets seront surpris de nous voir posséder une telle technologie. On va les laisser réfléchir sur ce fait là, si ce n'est pas trop pour leurs cerveaux limités...
***
- Village en vue, annonça Galatea depuis le siège de pilotage. Entouré d'un espèce de dôme rouge bizarre.
Mercutio, Siena et Zeff vinrent les rejoindre, elle et le commandant Tuno dans le cockpit.
- Une sorte de champ de force ? fit Siena.
- Apparemment, acquiesça Tuno. Nos amis les Cisailles sont étrangement bien équipés pour une Team relativement récente...
Tuno pianota le code de l'appareil du général Tender, qui apparut immédiatement en hologramme dans la salle.
- Vous avez vu, mon général ? dit Tuno.
- J'ai vu. Selon mes experts, ce champ est fait uniquement pour empêcher de sortir. On procède donc comme prévu. Vous atterrissez non loin de la cible, tandis que nous les occuperons par les airs dès que vous aurez commencé l'attaque au sol. On reste en contact radio permanent.
- Bien reçu et à vos ordres, dit Tuno avant de couper la transmission.
Mercutio n'était que très moyennement convaincu par ce plan.
- Il nous laisse attaquer de front une centaine de sbires tout seul ?!
- Tu as les jetons, petit ? ricana Zeff. Tu peux rester ici et me laisser faire. Maintenant qu'on a enfin l'autorisation de tuer à vu, je ne vais pas m'en priver !
- Tu ne t'en es pas privé même quand on ne l'avait pas, lui rappela Mercutio en maugréant.
- Si on charge avec tous nos Pokemon devant, comme on a fait Galatea et moi quand on a attaqué la base des Cisailles, ça ne devrait pas poser de problème, dit Siena.
- Bon, et rappelez-vous ; Trutos est à moi et à moi seul !
Mercutio tenait à leur rappeler ce détail. Zeff haussa les épaules.
- Moi je m'en fiche de qui je me fais, tant qu'ils sont nombreux. Je te laisse volontiers la Pince Rouge pour m'occuper de toute sa bande.
- Tu es sûr que tu pourras t'en charger tout seul ? voulut savoir Tuno.
- Certain, certifia Mercutio. N'est-ce pas Mortali ?
Le Pokemon Spectre exprima son assentiment par un cri lugubre.
- Soit, fit le commandant. Alors c'est parti. On passe devant tandis que le reste des forces du général attend derrière. Préparez-vous à...
Soudain, une immense secousse fit tomber tout le monde à bord de l'appareil. Elle fut suivie par un bruit de tôle très inquiétant et par des grésillements électriques.
- La vache ! souffla Galatea en se relevant difficilement. C'était quoi ç...
Mercutio ne lui laissa pas le temps de terminer sa question et la tira loin du poste de pilotage quand il vit des arcs électriques en sortir violement. Bien lui en prit, car un arc plus long et plus épais que les autres alla percuter le siège où sa sœur se trouvait une seconde plus tôt, et le transperça carrément pour aller rebondir sur l'arrière de l'appareil.
- Que tout le monde recule ! ordonna Tuno.
La salle des commandes baignait dans un nuage d'électricité qui sortait de part en part de l'appareillage électronique de vol. La vitre se brisa, et tous durent s'accrocher les uns les autres pour éviter d'être emporter par l'afflux d'air. Pendant ce temps, leur appareil continuait à perdre de l'altitude.
***
Trutos baissa ses jumelles après avoir vu de loin l'explosion qui suivit le crash du petit vaisseau Rocket.
- Les nepticons sont terriblement efficaces, constata Apogée à coté de lui.
- Tels qu'on me l'a promis, acquiesça Trutos. Et nous aurons encore plus de jouets technologiques comme celui-là dès que les trois Pokemon que nous recherchons seront entre nos mains.
- Oui monsieur. Dois-je envoyer une patrouille sur le lieu du crash ?
- Je doute que quelqu'un ait survécu à ça, mais faites donc, au cas où... S'il y a des survivants, ne faites pas de prisonniers, on en a déjà assez ici.
- À vos ordres.
- Bon. Les autres Rockets hésiteront à approcher après avoir vu leur appareil de tête tomber comme une mouche. Et s'ils le font quand même, ils connaîtront le même sort. Leur seule possibilité serait de faire atterrir leur troupes au sol hors de portée du champ des nepticons, et là, nous aurons tout le loisir de nous préparer pour les accueillir.
Trutos éclata de rire puis se tourna vers Célérité.
- Comment se sentent les habitants ?
- Ils ont peur, c'est évident, monsieur. Mais aucun n'a encore parlé.
- Je vais commencer à les interroger un par un. Vous pariez sur au bout duquel j'aurai la localisation de cette gamine qui protège Ea ?
- Si c'est vous qui menez l'interrogatoire, monsieur, je parie sur le tout premier, répondit Célérité avec le plus grand sérieux.
Trutos eut un rictus amusé.
- Je vois ce que vous voulez dire. Mais peut-être ces bouseux ne connaissent pas tous où se cache cette Eryl. Mais quoi qu'il en soit, je pense que ça ira assez vite.
Il fit claquer sa pince tandis qu'il s'éloignait d'un pas menaçant en ricanant.
***
Mercutio contempla les restes encore en flammes de leur appareil.
- Dommage, dit-il. J'aurais bien aimé le garder, c'est vrai qu'il était classe.
- Ça aurait été encore plus dommage si on était resté à l'intérieur, fit Tuno. Jolie réaction, Galatea.
- Merci monsieur, fit la jeune fille en rappelant son Kirlia, qui les avait téléporté deux secondes avant le crash.
Siena se releva en s'époussetant.
- C'était quoi ça ? Une panne ?
- Ça serait une insulte à l'ingénierie Rocket, dit Tuno. Non, je pense qu'il s'agit d'une contre-mesure de la Team Cisaille, comme un brouilleur électronique, ou un champ électromagnétique, bien que j'en ai jamais vu d'aussi puissant.
- Si c'est le cas, ça veut dire que les forces du général Tender ne peuvent pas s'approcher sous peine de finir comme nous ? s'inquiéta Galatea.
- C'est cela, acquiesça le commandant. Une situation quelque peu embêtante.
- Il nous faut trouver cet appareil des Cisailles et le détruire, décréta Mercutio. La radio fonctionne ?
Siena, en charge de la radio, essaya de contacter le général, mais ne reçut que des parasites en réponse.
- Le champ des Cisaille, ou quoi que ce soit d'autre, doit brouiller les communications, affirma Tuno. Mais Tender n'est pas idiot. Il nous a vu nous crasher sans raison, et ne prendra pas le risque de faire approcher qui que ce soit.
- Mais s'il nous croit morts ? avança Galatea.
- Il attendra quand même un certain temps avant de nous porter officiellement disparus. On a le temps de faire ce que Mercutio a dit.
Zeff les interrompit en faisant un geste vers l'est. Plusieurs sbires Cisailles, avec leurs Pokemon au dehors, arrivaient sur eux. Ils étaient menés par un visage familier : le commandant Apogée. Celui-ci leur fit un sourire amusé.
- Encore vous ? J'aurais imaginé qu'après la défaite humiliante que vous a fait subir le Boss, vous auriez abandonné.
- C'est bien mal nous connaître que de penser ça, riposta Mercutio en pointant son arme.
Apogée ne se départit pas de sa nonchalance.
- Inutile de me viser ainsi, petit. Aucune arme à feu ne fonctionne ici.
Mercutio fut perplexe. Il tira en l'air pour prouver les dires du Cisaille. Rien ne se passa. Un champ électromagnétique qui faisait dérailler l'électronique, c'était une chose. Mais empêcher un pistolet de tirer ? C'était plus de la technologie à ce stade, mais de la magie...
- Bon, très bien, se reprit Mercutio. Alors réglons ça aux Pokemon.
Encore une fois, ils étaient clairement en sous-nombre. Cinq contre au moins une vingtaine. Mais cette fois, ils avaient le commandant avec lui, et son Pokemon surpuissant, Crimenombre.
- J'aurais bien aimé, fit Apogée. Hélas, mon chef m'a explicitement ordonné de vous supprimer. Je crains de devoir obéir.
- Ça change quoi ? demanda Siena. Pour nous atteindre avec vos Pokemon, il vous faudra d'abord passer sur les nôtres.
- Assurément. Ce que je voulais vous dire, c'était de ne pas vous attendre à ce genre de combat que vous appelez... attendez, je recherche le terme employé... loyal, c'est ça ?
Zeff venait de perdre patience et venait d'appeler son Scalproie. Mercutio, qui n'avait pas rappelé Mortali dans sa Pokeball depuis le trajet, lui fit signe de rejoindre le combat. Siena appela son Givrali et Galatea son Pyroli. Cela faisait longtemps, songea Mercutio, que les trois anciens Evoli que leur avait offert le commandant Penan le jour de leurs dix ans se retrouvaient pour se battre côte à côte. Penan leur avait dit qu'ils provenaient d'une même couvée, et qu'ils avaient grandi ensemble.
Comme quand Mercutio se battait aux cotés de ses sœurs, Mortali avait sa force décuplée quand il était avec ses anciens compagnons de couvée. Enfin, un compagnon et une compagne ; le Givrali de Siena étant une femelle. Comme le commandant Tuno ne faisait aucun geste pour sortir sa Pokeball, Mercutio et ses sœurs le fixèrent de façon perplexe. Zeff avait quant à lui commencé le combat alors qu'aucun Cisaille n'avaient encore sorti de Pokemon.
- Qu'est-ce que vous attendez, commandant ? le pressa Mercutio.
- Que vous vous occupiez de ces gars là tous seuls, répondit Tuno, l'air de rien. Vous êtes mes subordonnés. Je vais m'asseoir et regarder. J'interviendrai s'il le faut, mais évitez de me faire faire trop d'efforts sous peine que vos talents de dresseurs ne baissent dans mon estime.
Puis faisant suivre le geste à la parole, il s'assit sur l'herbe et croisa les bras derrière sa tête. Mercutio pesta contre la fainéantise chronique de Tuno. Il avait découvert ce trait de caractère en peu de temps depuis son intégration dans la X-Squad. Tuno était un Rocket compétant, intelligent, sympathique et un incroyable dresseur. Mais il était d'une paresse sans égale, rechignant toujours à la tâche et les reléguant à ses subordonnés, et était un véritable coureur de jupon.
Ça avait été une surprise pour Mercutio qui ne l'imaginait pas du tout comme ça, surtout après que Tuno ait repoussé les agaçantes et répétées tentatives de dragues de Galatea, mais il fallait croire que le commandant aimait seulement les femmes plus mûres. Mercutio se rappelait encore de la fois où Tuno s'était couvert de ridicule devant le capitaine Farell de l'unité de recherche et de développement des armes ; une femme fort belle mais d'une froideur qui faisait passer Siena pour une joyeuse drille.
Les Cisailles, pressés par l'attaque surprise du Scalproie de Zeff, venaient de sortir leurs Pokemon. Tous leurs Pokemon, apparemment, car il devait y en avoir une bonne cinquantaine, la plupart insectes, mais Mercutio repéra aussi quelques Pokemon normal, aciers et plante ; leurs points communs étant des griffes ou des pinces meurtrières. C'était visiblement le trip de la Team Cisaille, les trucs qui tranchaient. Sans doute vouaient-ils tous un culte à Trutos et à sa pince de Cisayox.
- Cinquante contre quatre... fit Mercutio à ses sœurs. Notre cher commandant n'aura même pas à lever le petit doigt.
- On appelle pas nos autres Pokemon ? demanda Galatea.
- Allons frangine, tu nous insultes là ! Tu devrais parfaitement t'en sortir avec Pyroli seulement. La plupart de ces Pokemon craignent le feu. Une ou deux Surchauffe comme tu sais si bien les faire, et le tour sera joué. Siena et moi nous nous chargerons du reste.
- Peut-être même qu'on aura rien à faire, ajouta Siena.
Mercutio reporta son regard sur le combat. Zeff, et son seul Scalproie, aussi improbable que cela paraisse, réussissaient à tenir tête à tous ces Pokemon à la fois. Apparemment, Scalproie avait lancé une ou deux Danse-lame pour augmenter son attaque, s'il arrivait à mettre K.O d'un coup chaque Pokemon qui venait sur lui. De plus, sa rapidité était effrayante ; pourtant, Mercutio n'avait jamais entendu dire que ce genre de Pokemon était aussi rapide. Apogée semblait voir que la situation ne tournait pas à son avantage, car il ordonna aux Pokemon :
- Laissez tomber ce Scalproie ! Attaquez les dresseurs ! Tuez-les !
À ce moment, tous les Pokemon qui restaient se dispersèrent pour charger sur les triplés Crust. Siena réagit en ordonnant à son Givrali un Laser Glace qui créa un mur de glace entre les jeunes Rockets et leurs assaillants, qui s'écrasèrent dessus. Les trois évolutions d'Evoli, sans attendre les ordres de leurs dresseurs, sautèrent le mur de glace pour se trouver devant le groupe de Pokemon ennemis désemparés. Et derrière eux revenait Scalproie. Les triplés entendirent les bruits du combat, mais ne virent rien à cause du mur de glace. Le temps qu'ils l'aient contourné - dix secondes - le combat était déjà terminé, et pas un Pokemon des Cisailles n'étaient debout.Les sbires Cisailles semblaient avoir reçu le ciel sur la tête.
- Tous nos Pokemon...
- À quatre seulement !
- Merde, mais qui sont ces types ?!
Apogée était furieux. Se faire battre de la sorte ! Et qu'allait-il dire au Boss maintenant ?
- Nous nous reverrons, Rockets. Comptez-y ! leur cria-t-il avant d'ordonner le repli.
Mercutio ouvrit grands les yeux quand il vit que les Cisailles étaient partis sans leurs Pokemon.
- Ces idiots ont oublié leurs Pokemon !
- Non, ils ne les ont pas oublié, fit le commandant Tuno en se levant. Ils les ont juste abandonnés. Dans la logique de quelqu'un comme Trutos, des Pokemon qui perdent sont des Pokemon faibles, qu'il faut changer.
Mercutio fut outré.
- Sa logique est débile. Ce ne sont pas les Pokemon qui sont faibles, mais leurs imbéciles de dresseurs qui les dirigent... si on peut appeler ça des dresseurs.
- Il faut se dépêcher, leur signala Zeff. Maintenant qu'ils savent que nous sommes là, ils ne vont pas laisser leur engin qui brouille les appareils électroniques et les armes sans gardes. Bien que je doute que ça change quelque chose...
Mercutio acquiesça distraitement de la tête, toujours sans quitter le groupe de Pokemon blessés.
- Mais eux ? On ne peut pas les laisser là comme ça...
- Tu viendrais en aide aux Pokemon de l'ennemi ? ironisa Zeff.
- Ces Pokemon sont plus à plaindre d'avoir eu de pareils dresseurs qu'à châtier.
- Tout ira bien pour eux, dit Tuno. Ils ne sont pas trop gravement blessés. Quand il seront remis, ils reviendront à l'état sauvage, ce qui est mieux pour eux. Allez, en route !
Ils arrivèrent peu après devant l'entrée du village, indiquée par ce dôme d'énergie rouge qui l'entourait, produit par deux canons bizarres qui se trouvaient sur deux appareils volants des Cisailles posés sur le toit des plus haut bâtiments du village. Si leur brouillage magnétique empêchait même les armes de fonctionner, il semblait ne pas avoir d'effet sur ce champ d'énergie. Tuno les fit s'arrêter.
- Voilà le plan, commença-t-il. On va se séparer en deux groupes. Un devra trouver ce qui génère le brouillage électromagnétique et le détruire pour permettre à nos forces d'arriver. L'autre groupe sera chargé de trouver le Pokemon Ea que les Cisailles recherchent. Pour cela, il devra pénétrer dans le village pour récolter des informations auprès des habitants.
- Brillant, dit Mercutio. Sauf que si quelqu'un rentre dans le village, il ne pourra pas ressortir à cause de ce champ rouge.
- Il faudra seulement détruire les appareils qui le génèrent, et le tour sera joué.
- Ça rameutera tous les Cisailles du coin sur nous, mais admettons. Je me charge de trouver le Pokemon. Et je ne veux pas de lui avec moi cette fois, termina Mercutio en désignant Zeff du doigt.
- C'est tant mieux, car je ressens pareil pour toi, répliqua celui-ci.
- Je vais avec Mercutio, dit Siena.
- Parfait, déclara Tuno. Alors Zeff et Galatea, avec moi pour détruire le champ électromagnétique. Siena, passe-moi la radio. Dès que ce sera fait, j'avertirai le général. Et on attaquera Trutos tous ensemble. Rappelez-vous que normalement, vos armes devraient refonctionner dès que le champ sera détruit. Comme celles des Cisailles. Maintenant, place à l'unité X-Squad !